Grand Quartier général (Empire allemand)

quartier général politique et militaire de l'Empire allemand

Le Grand Quartier général (Großes Hauptquartier) était le centre de commandement des forces armées allemandes de 1870 à 1919. Il était composé des différentes armes (marine, aviation, infanterie) et de personnalités politiques de l'Empire allemand et de la confédération de l'Allemagne du Nord.

Paul von Hindenburg (à gauche), le kaiser Guillaume II (au milieu) et Erich Ludendorff (à droite) au château de Pszczyna.

Membres importants

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À partir de 1915

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À partir de 1916 ou 1917

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Officiers du Grand Quartier Général peu après l’armistice et le transfert du Commandement de l’Armée de Spa à Cassel.

Histoire

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Le Grand quartier général est créé pendant la guerre franco-allemande pour rassembler les représentants politiques et militaires de la Prusse afin d'y prendre les décisions majeures[7]. Au départ, les princes allemands s’y réunissent en tant que commandants de leurs contingents et de leurs armées. La présence du roi Guillaume Ier sur le champ de bataille va de soi pour ce monarque qui, selon son éducation et sa carrière professionnelle, est avant tout un officier et un soldat[8].

Première Guerre mondiale

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Eugenio Pacelli devant le Quartier général après une audience avec l'empereur, 1917.

En août 1914, son but est de concentrer les plus hautes compétences militaires et politiques entre les mains de l’empereur en tant que commandant suprême et chef de l’État, et donc aussi d’assurer l’uniformité de la politique et de la guerre. Il change de siège plusieurs fois pendant la guerre 1914-1918[8]. En août 1914, il se trouve à Berlin puis à Coblence. En septembre, il est à Charleville-Mézières près du front ouest. En avril 1915, il est transféré au château de Pleß pour mener l'offensive contre l'Empire Russe. En février 1916, il retourne à Charleville-Mézières, et en août à Pleß. Du 2 janvier 1917 au 8 mars 1918, le Grand Quartier général est installé dans le Parkhotel Kurhaus à Bad Kreuznach et à Bad Münster am Stein-Ebernburg. L’empereur réside au château de Bad Homburg. Il accueille Eugenio Pacelli le 29 juin 1917 au grand quartier général.

Le déclin

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Le Grand quartier général est déplacé à Spa pour l'offensive de printemps 1918, qui est un échec pour l'Allemagne. À Spa, l’Empereur réside dans le château de La Fraineuse de l’industriel belge Peltzer[9]. Les représentants allemands et autrichiens s'y rendent pour les conférences de Spa. Le Grand Quartier Général se rend compte que la guerre ne peut plus être gagnée à l'ouest. Néanmoins, le commandement suprême de l’armée met en garde contre des négociations de paix hâtives et, compte tenu de la supériorité des forces alliées, qui sont constamment renforcées, mieux approvisionnées et de plus en plus équipées de chars, abandonne à contrecœur un terrain qui n’est plus tenable. Le 29 septembre 1918, le Conseil de la Couronne tient une réunion de crise au Grand Quartier général de Spa, à laquelle assistent l’empereur Guillaume II, le maréchal Hindenburg et le général Ludendorff, ainsi que le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Richard von Kühlmann, l’amiral Paul von Hintze, et le chancelier du Reich Georg von Hertling, représentant le gouvernement impérial. L’empereur Guillaume nomme un chancelier par intérim, le prince Max de Bade, qui doit former un nouveau gouvernement et conclure immédiatement un armistice. Sur l’insistance de Ludendorff, le chancelier envoie une demande de négociations aux Américains le jour de la formation du gouvernement, le 3 octobre 1918. De cette façon, l’armée a transféré la responsabilité au gouvernement civil. La réunion du Conseil privé du 29 septembre est également décrite comme le « début de la fin de l’Empire allemand »[10].

Après le retour à Berlin et l’accord sur les réformes d’Octobre comprenant la transformation du système de gouvernement en monarchie parlementaire, le Kaiser rencontre à nouveau Hindenburg et Ludendorff le 26 octobre 1918 au palais de Bellevue et destitue ce dernier à la demande du nouveau gouvernement du Reich, car il s’oppose à la démocratisation exigée par les Américains comme condition d’un armistice. L’ordre de retrait de la marine impériale le 24 octobre, qui déclenche la révolte des marins à Kiel quelques jours plus tard, s’inscrit dans cette stratégie de « bataille finale » développée par Ludendorff. Pour lui succéder, Hindenburg choisit le général Wilhelm Groener. Le 29 octobre 1918, contre l’avis pressant du chancelier, l’empereur s’enfuit au Grand Quartier Général de Spa, échappant ainsi à la clarification de la question de plus en plus urgente du trône[11]. En conséquence, l’inquiétude du public au sujet d’un coup d’État accroit[12]. Au quartier général, l’empereur Guillaume voit les derniers jours de la guerre et le déclenchement de la révolution de novembre. Groener lance alors un ultimatum au gouvernement du Reich pour qu’il soumette une demande d’armistice.

22 novembre 1918 : Une voiture allemande avec un drapeau blanc quitte le terrain de l’ancien quartier général de Spa où la Commission allemande d’armistice a déjà élu domicile.

Le 9 novembre, Guillaume informe le chancelier qu’il souhaite renoncer à la couronne impériale, mais rester roi de Prusse[13]. Cependant, le télégramme n’arrive à Berlin que vers midi, lorsque le chancelier du Reich annonce la renonciation de Guillaume aux deux couronnes. Parce que l’expansion des conseils d’ouvriers et de soldats dans toute l’Allemagne menace de créer un vide de pouvoir au sommet de l’État, Max de Bade cède par la suite son poste à Friedrich Ebert.  Entre-temps, un conseil de soldats a également été formé dans le Grand Quartier Général, et le Commandement de l’Armée n’a pas de troupes prêtes à être déployées contre le nouveau gouvernement. Le 10 novembre, Guillaume se rend de Spa à la frontière voisine avec les Pays-Bas et demande l’asile à la reine Wilhelmine. L'armistice avec l'Entente est signé le 11 novembre. L'abdication formelle de l'empereur n'a lieu que le 28 novembre puis le dernier prince allemand Guillaume de Wurtemberg renonce au pouvoir 2 jours plus tard[14].

Après l’armistice et la fuite de l’Empereur, la Commission allemande d’armistice (de) s’installe sur le site de l’ancien quartier général allemand. Le commandement de l’armée est transféré à Cassel-Wilhelmshöhe, où il reste jusqu’au 11 février 1919. Pour la dernière fois, le quartier général est finalement transféré à Kołobrzeg. Un bataillon du régiment de grenadiers n° 5 y est transféré pour protéger l’OHL avec les citoyens de la ville en tant que Freikorps Hindenburg[15]. Le Grand Quartier général est dissous le 3 juillet 1919[12].

Références

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  1. (de) Gustav Bachmann, Admiral Gustav Bachmann: Lebenserinnerungen und Tagebuch 1915, vol. 3 : Schriften zur Marinegeschichte, Hardback, (ISBN 978-3-506-79542-7, DOI 10.30965/9783657795420), p. 92
  2. Gerhard P. Groß 2022, p. 3
  3. (de) Holger Afflerbach, Falkenhayn: Politisches Denken und Handeln im Kaiserreich, Walter de Gruyter, (ISBN 978-3-486-82982-2, lire en ligne), p. 373
  4. (de) Karl-Heinz Janßen, « Der Wechsel in der Oberste Heeresleitung 1916 », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, no 4,‎ , p. 346 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  5. « Hugo Freiherr von Freytag-Loringhoven », sur archive.wikiwix.com (consulté le )
  6. (de) Peter Broucek, « Der k. u. k. Delegierte im Deutschen Großen Hauptquartier Generalmajor Alois Klepsch-Kloth von Roden und seine Berichterstattung 1915/16 », Militaergeschichtliche Zeitschrift, vol. 15, no 1,‎ , p. 111-113 (ISSN 2196-6850, DOI 10.1524/mgzs.1974.15.1.109, lire en ligne, consulté le )
  7. Irene Strenge: Spa im Ersten Weltkrieg (1914–1918). S. 13.
  8. a et b Archives fédérales Internet - Le Grand Siège de Sa Majesté l'Empereur et Roi [lire en ligne]
  9. (de) Kurt Otterski, Anderthalb Jahre im Großen Hauptquartier. In: Corpszeitung der Altmärker-Masuren, 1978/1979, p. 1616-1619
  10. Reinhard Sturm: Vom Kaiserreich zur Republik 1918/19. In: Weimarer Republik. Bundeszentrale für politische Bildung, 23. Dezember 2011, abgerufen am 28. Juni 2021.
  11. Eugen Mayer: Skizzen aus dem Leben der Weimarer Republik. Duncker & Humblot, Berlin 1962, S. 53.
  12. a et b Deutsche Revolution. In: Bastian Eich u. a. (Red.), Manfred Görtemaker u. a. (Fachberater): Deutsche Geschichten. Bundeszentrale für politische Bildung, Berlin o. J., S. 1–4, Abruf im Juni 2021.
  13. Henning Steinhöfel: General Groener über seine Übereinkunft mit Friedrich Ebert [Ebert-Groener-Pakt], 9. November 1918, In: 100(0) Schlüsseldokumente zur deutschen Geschichte im 20. Jahrhundert. Onlineprojekt der Bayerischen Staatsbibliothek, Abruf im Juni 2021.
  14. Lois internes du Wurtemberg - Abdication du roi
  15. (de) Johannes Voelker, Geschichte der Stadt Kolberg. Unter Benutzung der einschlägigen Geschichtswerke von Riemann und Stroewer, Leichlingen, , p. 60

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (de) Hermann Cron, Geschichte des Deutschen Heeres im Weltkriege 1914–1918, Berlin, Militärverlag Karl Siegesmund, , p. 3-7.
  • (de) Gerhard P. Groß, Zentrum für Militärgeschichte der Bundeswehr, Das Große Hauptquartier im Ersten Weltkrieg, vol. 24, de Gruyter, (ISBN 978-3-110-78000-0).
  • (de) Walther Hubatsch, « Großes Hauptquartier 1914/18 : Zur Geschichte einer deutschen Führungseinrichtung », Ostdeutsche Wissenschaft, no 5,‎ , p. 422-461.
  • (de) Ernst Rudolf Huber, Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789, vol. 5 : Weltkrieg, Revolution und Reichserneuerung. 1914–1919, Stuttgart, Kohlhammer, (ISBN 3-170-01055-7), p. 197-198.
  • (de) Markus Pöhlmann, « Hauptquartiere », dans Gerhard Hirschfeld, Enzyklopädie Erster Weltkrieg, Paderborn, Schöningh, (ISBN 3-506-73913-1), p. 544-546.
  • (de) Irene Strenge, Spa im Ersten Weltkrieg (1914–1918). Lazarett und Großes Hauptquartier. Deutsche Besatzungspolitik in Belgien, Wurtzbourg, Königshausen & Neumann, (ISBN 978-3-826-03693-4), p. 115-137.
  • (de) Eduard Friedrich, Das Grosse Hauptquartier und die deutschen Operationen im Feldzuge 1870 bis zur Schlacht von Sedan. (lire en ligne)
  • (de) Edmund Marhefka, Der Waffenstillstand 1918–1919. Das Dokumentenmaterial der Waffenstillstandsverhandlungen von Compiègne, Spa, Trier und Brüssel. Notenwechsel, Verhandlungsprotokolle, Verträge, Gesamttätigkeitsbericht. 3 volumes, Berlin, Deutsche Verlagsgesellschaft für Politik und Geschichte,
  • Jacques Meyer, Le 11 novembre, Paris, Hachette,

Liens externes

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  • Great Spa towns of Europe - History [lire en ligne]
  • Archives fédérales Internet - Le Grand Siège de Sa Majesté l'Empereur et Roi [lire en ligne]
  • Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis [lire en ligne]

Articles connexes

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