Henriette Renan

femme de lettres et sœur d'Ernest Renan
Henriette Renan
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 50 ans)
AmchitVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Pseudonyme
Emma du GuindyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Fratrie

Noémie Cornélie Henriette Renan, dite Henriette Renann, est une femme de lettres française née le à Tréguier et morte à Amchit (Liban) le .

Biographie modifier

Henriette Renan est la sœur de l'homme de lettres et philosophe français Ernest Renan[1]. Née à Tréguier comme lui dans une famille de pêcheurs, elle demeure dans la grande maison acquise par leur grand-père. Leur père, capitaine d'un petit navire et républicain convaincu, a épousé la fille de commerçants royalistes de la ville voisine de Lannion. Leur mère n'est qu'à moitié bretonne, ses ancêtres paternels étant venus de Bordeaux. Appartenant à une famille catholique, Henriette poursuit sa scolarité chez des religieuses bretonnes, et bénéficie en outre de l'instruction dispensée par une érudite trégorroise[1]. Henriette a dix-sept ans lorsque leur père meurt et devient cheffe morale de la famille. Elle s'occupe alors de son frère de douze ans son cadet. À défaut de rentrer dans les Ordres faute de dot, Henriette décide de devenir maitresse des écoles. Tentant en vain d'ouvrir une école pour filles à Tréguier, Henriette Renan se résigne à rejoindre Paris pour y être professeure et se retrouve à la direction des études d'une maison d'éducation. À Paris, elle se lie d'amitié avec Sophie Ulliac[2], et prend en charge l'éducation des enfants d'une famille de notables polonais avec qui elle voyage en Europe. Pendant dix ans elle part à Vienne où elle est l'institutrice du comte Zamoyski[3]. Lors de ses voyages, elle collabore à certaines revues, sous des pseudonymes variés dont celui d'Emma du Guindy, en écrivant par exemple pour Le Journal des jeunes personnes alors dirigée par Sophie Ulliac (1846-1857)[1],[4]. Indépendante financièrement, Henriette entretient sa mère, paie les études de son frère et termine de régler les dettes de leur père[3].

De 1860 à 1861, Ernest Renan effectue une mission archéologique au Liban et en Syrie. Il séjourne avec son épouse Cornélie et sa sœur Henriette dans la demeure de Zakhia Chalhoub el-Kallab et son fils Abdallah Zakhia el Kallab, famille de notables maronites d’Amchit (région de Byblos) dont les ancêtres ont été anoblis par le Sultan ottoman et ayant fondé le premier hôpital au Liban (hôpital Saint-Michel d’Amchit)[5]. D'une santé fragile[6], c’est à Amchit qu’Henriette Renan meurt d'une crise de paludisme le [7]. Elle est enterrée dans le caveau de Michaël Tobia Kallab, à Amchit, près de l’Église Notre-Dame[6],[8],[9].

Sépulture de Henriette RENAN, Amchit, Liban

« Te souviens-tu, du sein de Dieu où tu reposes, de ces longues journées de Ghazir, où, seul avec toi, j'écrivais ces pages inspirées par les lieux que nous avions visités ensemble ? Silencieuse à côté de moi, tu relisais chaque feuille et la recopiais sitôt écrite, pendant que la mer, les villages, les ravins, les montagnes se déroulaient à nos pieds. Quand l'accablante lumière avait fait place à l'innombrable armée des étoiles, tes questions fines et délicates, tes doutes discrets, me ramenaient à l'objet sublime de nos communes pensées. Tu me dis un jour que ce livre-ci tu l'aimerais, d'abord parce qu'il avait été fait avec toi, et aussi parce qu'il te plaisait. Si parfois tu craignais pour lui les étroits jugements de l'homme frivole, toujours tu fus persuadée que les âmes vraiment religieuses finiraient par s'y plaire. Au milieu de ces douces méditations, la mort nous frappa tous les deux de son aile ; le sommeil de la fièvre nous prit à la même heure ; je me réveillai seul !… Tu dors maintenant dans la terre d'Adonis, près de la sainte Byblos et des eaux sacrées où les femmes des mystères antiques venaient mêler leurs larmes. Révèle-moi, ô bon génie, à moi que tu aimais, ces vérités qui dominent la mort, empêchent de la craindre et la font presque aimer. »"À l'âme pure de ma sœur Henriette, morte à Byblos, le 24 septembre 1861" in Vie de Jésus par Ernest Renan

Nouvelles lettres intimes 1846-1850

Henriette Renan a toujours exercé une très grande influence sur la vie de son frère, jouant à la fois le rôle de mère, de sœur, de confidente et de conseillère[6].

Travaux modifier

Très intéressée par la nature et l'art, elle a été plus qu'une secrétaire pour les travaux sur l'histoire de l'art réalisés par son frère. Ernest Renan put s'appuyer sur les recherches en histoire de l'art faites par sa sœur, et sur ses nombreuses relectures et critiques de ses propres écrits[6]. Elle-même possédait un style d'écriture simple et épuré.

Œuvres modifier

  • Souvenirs et Impressions, Pologne, Rome, Allemagne, voyage en Syrie. Publié avec des notes par Henri Moncel. Introduction par Mary Duclaux, 1930.
  • Correspondance intime, 1842-1845.
  • Nouvelles lettres intimes, 1846-1850, 1923.

Notes et références modifier

  1. a b et c Léon Dubreuil, « Henriette Renan fut-elle incrédule ? », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 70, no 2,‎ , p. 176–188 (DOI 10.3406/abpo.1963.2185, lire en ligne, consulté le )
  2. Léon Dubreuil, « Une amie d'Henriette Renan, Sophie Ulliac-Trémadeure », Annales de Bretagne, vol. 66, no 2,‎ , p. 197–229 (ISSN 0003-391X, DOI 10.3406/abpo.1959.2078, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b « Henriette Renan, sœur du célèbre écrivain, sortie de l'oubli », sur Le Télégramme, (consulté le )
  4. Léon Dubreuil, « Henriette Renan fut-elle incrédule ? », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 70, no 2,‎ , p. 176–188 (DOI 10.3406/abpo.1963.2185, lire en ligne, consulté le )
  5. « Au Pays du Levant - Le tombeau d'Henriette Renan », sur lechatdugrenier.com (consulté le )
  6. a b c et d « HENRIETTE RENAN », sur Revue Des Deux Mondes (consulté le )
  7. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, LIBAN 2018 Carnet Petit Futé, Petit Futé, (ISBN 979-10-331-8320-4, lire en ligne)
  8. « Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche », sur Gallica, (consulté le )
  9. Henry Laurens, Ernest Renan. La science, la religion, la République, Éditions Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-7563-2, lire en ligne)

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Ernest Renan, Henriette Renan : pour ceux qui l'ont connue, , 77 p. (lire en ligne) Opuscule tiré à 100 exemplaires destiné au départ exclusivement à l'entourage de l'auteur.
  • Ernest Renan, Ma sœur Henriette, (lire en ligne)
  • Charles le Goffic, « Une déracinée : Henriette Renan », L'âme bretonne, 1re série,‎ (lire en ligne)
  • Maurice Barrès, Une enquête aux pays du Levant, vol. 1 : Alexandrie, Beyrouth, le Liban, le tombeau d'Henriette Renan, une soirée avec les bacchantes…, Plon-Nourrit,
  • Victor Giraud, « Henriette Renan », Revue des Deux-mondes,‎ (lire en ligne)
  • Victor Giraud, Sœurs de grands hommes : Jacqueline Pascal, Lucile de Chateaubriand, Henriette Renan, G. Crès, , 216 p.
  • Breda Cigoj Leben, Ernest Renan et sa sœur Henriette : contribution à une meilleure intelligence de la personnalité morale de Renan, , 102 p.
  • Eva Stankovitch, Henriette Renan, d'enseignante à éducatrice, journaliste et écrivain. Thèse de doctorat.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier