Herbert Hill (militant)

Herbert Hill, né le à Brooklyn dans la ville de New York et mort le à Madison dans l'État du Wisconsin, est un essayiste, journaliste, directeur de publication et syndicaliste américain connu pour ses actions en faveur des droits des Afro-Américains aux États-Unis.

Herbert Hill
Description de cette image, également commentée ci-après
Hill en 1956
Naissance
Brooklyn, New York.
Décès (à 80 ans)
Madison dans l'État du Wisconsin
Diplôme
Bachelor of Arts
Activité principale
enseignant
Autres activités
journaliste, essayiste
Formation

Université de New York

New School for Social Research

Herbert Hill fut le directeur de la branche syndicat de la National Association for the Advancement of Colored People pendant des décennies et un contributeur régulier du magazine New Politics (journal) (en) ainsi que l'auteur de plusieurs essais.

Herbert Hill est professeur titulaire de la chaire Evjue-Bascom d’études afro-américaines et de relations industrielles à l’ Université du Wisconsin-Madison, puis professeur émérite.

Herbert Hill mène plusieurs actions de lobbying auprès des syndicats pour qu'ils mettent fin à la ségrégation et mettent sérieusement en œuvre des mesures qui intégreraient les Afro-Américains sur le marché du travail.

Herbert HilIl est également connu pour sa conviction selon laquelle les syndicats américains ont minimisé l’histoire du racisme dans leurs rangs, avant et après l’ère Jim Crow.

Les premières années

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Herbert Hill est né dans une famille juive le 24 janvier 1924, à Brooklyn, New York. Après avoir achevé ses études secondaires il est accepté par l'université de New York où il obtient un Bachelor of Arts en 1945, il poursuit ses études universitaires à la New School for Social Research de 1946 à 1948 où il suit les cours de la théoricienne politique, Hannah Arendt.

Hill (troisième à partir de la gauche) avec ses collègues dirigeants de la NAACP, Henry L. Moon, Roy Wilkins et Thurgood Marshall

Militantisme

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Dans les années 1940, Hill est membre du Parti socialiste des travailleurs. En 1951, il est nommé directeur du travail de la NAACP, où il travaille jusqu'en 1977, date à laquelle il part pour un poste de professeur à l'Université du Wisconsin-Madison. Il critique vivement la pratique du népotisme dans de nombreux syndicats, qui consiste à embaucher des membres de la famille de leurs membres. Hill a critiqué les pratiques en matière de relations de travail dans de nombreuses industries, y compris l’industrie cinématographique, ainsi que les progrès de l’administration Kennedy sur les questions d’égalité raciale sur le lieu de travail. Parmi les syndicats qu'il critique pour leur bilan en matière d'égalité raciale figurent l'International Ladies Garment Workers Union, les United Auto Workers, la United Federation of Teachers (en) et le syndicat des métallurgistes l'United Steelworkers of America, ainsi que l'AFL-CIO elle-même.

Hill s’est particulièrement opposé à la position de l’AFL-CIO selon laquelle le Titre VII de la loi sur les droits civils de 1964 ne devrait pas interférer avec les systèmes d’ancienneté existants. Il est également un fervent partisan de la discrimination positive. Selon l'historien du travail Nelson Lichtenstein (en), le juge de la Cour suprême Thurgood Marshall a un jour décrit Hill comme « le meilleur avocat spécialisé dans les salons de coiffure aux États-Unis ».

Il a également organisé des piquets de grève pour sensibiliser à la discrimination raciale dans le secteur de la construction. Sa conduite était si controversée que certains syndicats ont menacé de retenir le financement de la NAACP à moins que Hill ne soit renvoyé, mais la direction de la NAACP sous Roy Wilkins a soutenu Hill.

Hill a publié plus d'une centaine d'articles dans des revues, des anthologies et des journaux et était également connu pour ses polémiques contre l'historien du travail Herbert Gutman (en) ainsi que pour ses débats dans le magazine New Politics avec le dirigeant syndical Albert Shanker (en) et Nelson Lichtenstein, universitaire et biographe de Walter Reuther. Hill s'est montré particulièrement virulent contre le soutien de Liechtenstein à Reuther, accusé de racisme, et contre les activités de l'UAW visant à trahir le mouvement des droits civiques.

Il a également été consultant auprès de la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi et des Nations Unies.

Campagne de l'ILGWU

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L’une des campagnes les plus importantes menées par Hill fut sa campagne contre les pratiques discriminatoires de l'International Ladies' Garment Workers' Union - ILGWU). Malgré le fait que l'ILGWU ait coopéré avec la NAACP en matière de déségrégation des sections locales des syndicats dans le Sud, jusqu'au début des années 1960, il n'y avait toujours pas de dirigeants ou de membres du conseil exécutif afro-américains ou portoricains dans l'ILGWU de son siège à New York. L'ILGWU revêtait une importance particulière en raison de son rôle majeur au sein du Liberal Party of New York (en) . Hill a joué un rôle clé dans le traitement d'une plainte contre la section locale 10 de l'ILGWU d'un tailleur afro-américain, Ernest Holmes, qui avait été empêché à plusieurs reprises d'adhérer au syndicat des tailleurs, recevant ainsi des salaires inférieurs et se voyant refuser les avantages en matière de santé et de bien-être associés à l'adhésion au syndicat. Hill a affirmé que l'ILGWU cantonnait les travailleurs afro-américains et portoricains à des emplois mal rémunérés. En 1962, la Commission des droits de l’homme de l’État de New York a conclu que la section locale 10 avait violé la loi anti-discrimination de l’État. En réponse, l'ILGWU a lancé une campagne de relations publiques dénonçant un caractère partisan de la commission nommée par les Républicains et n'a pas fait grand-chose pour résoudre le problème. Dans un article publié dans New Politics, Gus Taylor, un dirigeant important de l'ILGWU, a tenté de montrer qu'il y avait des Afro-Américains et des Portoricains au sein du syndicat. Adam Clayton Powell Jr. a convoqué des témoins au sein de la commission de l'éducation et du travail de la Chambre sur les pratiques de l'ILGWU en 1962. Herbert Hill a témoigné lors des audiences, critiquant David Dubinsky (en) pour sa gouvernance de l'ILGWU. Même si Hill était juif, des allégations d'antisémitisme ont été formulées à l'encontre des critiques de l'ILGWU par la NAACP. Les changements au sein de l’ILGWU ne se sont produits que lentement, surtout après le départ à la retraite de Dubinsky en 1966.

Informateur présumé du FBI

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Une étude publiée dans Labor History par l'historien Christopher Phelps soutient que Herbert Hill était un informateur du FBI sur les socialistes qu'il connaissait dans les années 1940. Des documents entre des responsables de haut niveau du FBI faisaient référence à un sujet masculin portant un nom de famille court et expurgé à New York qui était un « membre du SWP pendant la période 1943-1949 », période pendant laquelle Hill appartenait au Socialist Workers Party (SWP), et qui en 1962 était « actuellement employé par la NAACP en tant que responsable des relations de travail », alors qu'il n'y avait aucun autre responsable du travail à la NAACP. Selon un recueil de « notes de service, faisant partie du programme de contre-espionnage du FBI (COINTELPRO) visant à perturber la solidarité avec le mouvement militant Monroe, il est fait référence à plusieurs reprises à Hill fournissant des informations sur ses anciens camarades du SWP, auquel il appartenait dans les années 1940 », selon certains historiens.

Les documents du FBI indiquent que le sujet a été « contacté à plusieurs reprises par des agents de New York et s'est montré coopératif » et a fourni « des informations sur des individus qui étaient dans le SWP pendant la période où il en était membre ». D'autres responsables éminents de la NAACP, déclare Phelps, dont Thurgood Marshall, Walter White et Roy Wilkins sont connus pour avoir coopéré avec le FBI dans ses actions contre le Civil Rights Congress (en) et le Parti communiste des États-Unis d'Amérique.

Cependant, la portée de ces allégations contre Herbert Hill a été minimisée par un certain nombre d’universitaires[1].

Herbert Hill meurt le 21 août 2004 à Madison, dans le Wisconsin, après une longue maladie. Son décès a été annoncé par l'université du Wisconsin, où il était professeur émérite d'études afro-américaines. Son épouse Mary Lydon meurt en 2001[2].

Œuvres

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  • Soon, One Morning : New Writing by American Negroes, 1940-1962, New York, Knopf (réimpr. 1966, 1969, 1972) (1re éd. 1963), 648 p. (OCLC 500577195, LCCN 62015567, lire en ligne),
  • Anger, and Beyond : The Negro Writer in the United States., New York, Harper & Row (réimpr. 1968) (1re éd. 1966), 264 p. (ISBN 9780060118921, OCLC 10474028, lire en ligne),
  • Black Labor and the American Legal System : Race, Work, and the Law, Madison, Wisconsin, University of Wisconsin Press (réimpr. 1985) (1re éd. 1977), 455 p. (ISBN 9780299105945, OCLC 603883638),
  • Race in America : The Struggle for Equality, Madison, Wisconsin, University of Wisconsin Press, , 416 p. (ISBN 9780299134242, OCLC 27034467),

Articles

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  • « Recent Effects of Racial Conflict on Southern Industrial Development », The Phylon Quarterly, vol. 20, no 4,‎ dernier trimestre 1959, p. 319-326 (8 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Racism Within Organized Labor: A Report of Five Years of the AFL-CIO, 1955- 1960 », The Journal of Negro Education, vol. 30, no 2,‎ , p. 109-118 (10 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Racial Discrimination in the Nation's Apprenticeship Training Programs », Phylon (1960-), vol. 23, no 3,‎ , p. 215-224 (10 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Unions and the Negro Community », ILR Review, vol. 17, no 4,‎ , p. 619-621 (3 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Racial Inequality in Employment: The Patterns of Discrimination », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, no 357,‎ , p. 30-47 (18 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Employment, Manpower Training and the Black Worker », The Journal of Negro Education, vol. 38, no 3,‎ , p. 204-217 (14 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « The Equal Employment Opportunity Acts of 1964 and 1972: A Critical Analysis of the Legislative History and Administration of the Law », Industrial Relations Law Journal, vol. 2, no 1,‎ , p. 1-96 (96 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « The Postponent of Economic Equality », The Black Scholar, vol. 9, no 1,‎ , p. 18-23 (6 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Myth-Making as Labor History: Herbert Gutman and the United Mine Workers of America », International Journal of Politics, Culture, and Society, vol. 2, no 2,‎ , p. 132-200 (69 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « Rejoinder to Symposium on "Myth-Making as Labor History: Herbert Gutman and the United Mine Workers of America" », International Journal of Politics, Culture, and Society, vol. 2, no 4,‎ , p. 587-595 (9 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « The CIA in National and International Labor Movements », International Journal of Politics, Culture, and Society, vol. 6, no 3,‎ , p. 405-407 (3 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « The Importance of Race in American Labor History », International Journal of Politics, Culture, and Society, vol. 9, no 2,‎ , p. 317-343 (27 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • « The Problem of Race in American Labor History », Reviews in American History, vol. 24, no 2,‎ , p. 189-208 (20 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),

Notes et références

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  1. (en-US) Trevor Griffey, « Was Herbert Hill, NAACP's Labor Secretary, an FBI informer? », sur The Labor and Working-Class History Association (LAWCHA), (consulté le )
  2. (en-US) Barbara Wolff, « Herbert Hill, link between civil rights, labor issues, dead at 80 », News (publié par l'université du Wisconsin à Madison),‎ (lire en ligne)

Pour approfondir

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Bibliographie

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Rapport du FBI

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  • (en-US) Federal Bureau of Investigation, Herbert Hill (lire en ligne),

Notices dans des encyclopédies ou des livres de références

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  • (en-US) Suzanne Michele Bourgoin (dir.), Encyclopedia of World Biography, vol. 7 : Grimke-Howells, Detroit, Michigan, Gale Research, , 542 p. (ISBN 9780787622213, lire en ligne), p. 387-388,
  • (en-US) John A. Garraty (dir.), Mark C. Carnes (dir.) et Christopher Phelps (rédacteur), American National Biography, vol. 10 : Handerson- Hofman, New York, Oxford University Press, USA (réimpr. 1999, 2018) (1re éd. 1990) (lire en ligne),
  • (en-US) :R. Kent Rasmussen (dir.), The African American Encyclopedia, vol. 5 : Hil-Lee, New York, Marshall Cavendish, , 1496 p. (ISBN 9780761472155, OCLC 44587901, lire en ligne), p. 1197,

Articles anglophones

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  • Steven Greenhouse, « Herbert Hill, a Voice Against Discrimination, Dies at 80 », The New York Times,‎ , Section A, Page 13 (lire en ligne Accès payant),

Liens externes

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