Histoire du Bangladesh

étude et narration du passé du Bangladesh

Le Bangladesh, État créé en 1971, s'étend sur l'ancien Pakistan oriental, province du Pakistan dont l'unité était avant tout religieuse : sa population était majoritairement musulmane. Le Pakistan lui-même avait été créé en 1947 après la fin du dominion britannique sur le territoire indien.

Carte plate du Bangladesh
Art bouddhiste du XIe siècle, Art de l’Inde du XIe siècle, Art de la période Pala, Bouddhisme en Inde (Musée Guimet), Statues du Bouddha de l’Inde

Pour la période antérieure à 1947, voir Histoire de l'Inde.

Vers l'indépendance

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Jusqu'en 1947, le territoire du Bangladesh fait partie de l'Union Indienne : préhistoire de l'Inde, histoire de l'Inde.

De 1947 à 1971, l'histoire du Bangladesh se confond avec celle du Pakistan, dont il est une province orientale, séparée de 1600 km des quatre autres provinces constituant le Pakistan occidental : histoire du Pakistan.

Naissance du Bangladesh

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De 1946 à 1970, plusieurs facteurs conduisent à la naissance du Bangladesh.

À cette époque, les Bengalîs sont réticents quant à la création du Pakistan et à la partition. La ligue musulmane a encore peu d'influence au Bengale jusqu'aux années 1940. En 1946, le grand massacre de Calcutta[1] est l'expression et le début d'une série de violences entre les hindous et musulmans, qui va rendre la partition inéluctable. Ces violences ont déjà commencé dans les années 1920. Aux élections de 1946, la ligue musulmane emporte la majorité au Bengale, et les Bengalîs se rallient à la ligue.

En 1970, le cyclone de Bhola dévaste la côte du Pakistan oriental ; le gouvernement réagit lentement. La colère de la population bengalî grandit quand Mujibur Rahman, dont la Ligue Awami a gagné une majorité au Parlement aux élections de la même année[2], est empêché d'entrer en fonction. Après avoir mis en scène des pourparlers avec Mujibur, le président Yahya Khan le fait arrêter la nuit du 25 mars 1971, et lance l'Opération Searchlight[3], une attaque militaire soutenue sur le Pakistan oriental. Les méthodes employées sont sanglantes et causent de nombreuses morts civils[4]. Parmi les cibles les plus importantes se trouvent des intellectuels et des Hindous.

Environ dix millions de réfugiés fuient en Inde[5]. Les estimations du nombre de morts vont de 3 à 30 millions de personnes[6],[7].

La plupart des leaders de la Ligue Awami quittent le pays et installent un gouvernement en exil à Calcutta, en Inde. Cette guerre, qui devient la guerre de libération du Bangladesh, dure neuf mois. Le guérilla Mukti Bahini et les troupes bengalîes sont finalement aidés par les Forces armées indiennes en . Sous le commandement du lieutenant général Jagjit Singh Aurora, l'Armée de terre indienne prend une victoire décisive sur les Pakistanais le , faisant plus de 90 000 prisonniers de guerre[8] pendant ce qui est nommé la troisième guerre indo-pakistanaise.

Le Bangladesh devient indépendant le . Peu après, le , le nouveau pays change officiellement de nom et la nouvelle constitution est adoptée le (voir Sheikh Mujibur Rahman). Après son indépendance le Bangladesh devient une démocratie parlementaire avec Mujib comme premier ministre. Lors des élections parlementaires de 1973, la Ligue Awami gagne la majorité absolue. Une famine emporte le pays en 1973 et 1974. Début 1975 voit le début d'un gouvernement socialiste à parti unique mené par Mujib et le BAKSAL. Le Mujib et sa famille sont assassinés par des officiers [9].

Une série de coups d'État et contre-coups-d'État dans les trois mois suivants culminent avec la montée au pouvoir du général Ziaur Rahman (« Zia »), qui réinstalle le système politique précédent à plusieurs partis et fonde le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP). Zia est assassiné en 1981 par des militaires[9]. Le nouveau chef d'État est le général Hossain Mohammad Ershad, qui monte au pouvoir dans un coup d'État exsangue en 1982 et y reste jusqu'en 1990 quand il est forcé de démissionner sous la pression de donateurs occidentaux à la suite d'un changement majeur en politique internationale après la fin de la Guerre froide. Depuis lors, le Bangladesh est à nouveau une démocratie parlementaire. La veuve de Zia, Khaleda Zia, mène le BNP à une victoire parlementaire dans les élections générales de 1991 et devient la première femme Premier ministre dans l'histoire du pays. Toutefois, la Ligue Awami, menée par Sheikh Hasina, l'une des filles de Mujib ayant survécu à l'assassinat, prend le pouvoir aux élections suivantes en 1996. Elle le perd en faveur du BNP en 2001. Khaleda Zia est aujourd'hui en prison, soupçonnées de corruption.

Période védique (1500-500)

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Magadha et autres Mahajanapadas dans la période post-védique
Empire maurya, vers 250

Le delta du Gange (deltas du Gange et du Brahmapoutre) couvre environ 100 000 000 km2 et héberge en 2024 près de 300 millions d'habitants (pour 45 millions vers 1901), dans les États actuels d'Inde et du Bangladesh. Une partie des cours et bassins de ces deux fleuves constitue le territoire du Bangladesh, dont le golfe du Bengale forme un aboutissement.

Durant la période pré-védique (20000-1500), la région est approchée et fréquentée par des populations parlant des langues austroasiatiques, des langues tibéto-birmanes, puis par des peuples dravidiens et enfin par des peuples indo-aryens (migrations indo-iraniennes (2000-1000)).

Durant la période védique (1500-500), la région du Bengale est connue pour avoir abrité les royaumes Anga (Āṅgeyas), Vanga (peut-être le futur Gangaridai des géographes gréco-romains, avec le port fluvial de Sonargaon), Pundravardhana (en) (Pundra), Varendra (en), Suhma (en), Harikela (en), et une partie des mieux documentés empires de Magadha (de 1750 à +550, ou 684-350), et de Nanda (345-322).

Parmi les dynasties de Maghada : Brihadratha, Pradyota (822?-684), Haryanka (684-424), Shishunaga (430-345), Nanda (345-322), Maurya (321-185), Shunga (185-73), Kanva (72-22).

L'histoire ancienne du Bengale (en) est à compléter par celle de l'Assam (en) (royaume de Davaka (en)) (900?-550?), royaume de Kamarupa (350-1140)) et de l'Est du Bangladesh (divisions de Chittagong et de Sylhet) (royaume de Samatata (250-1150)), mais encore par celle des autres États de l'Inde du Nord-Est (Sikkim, Arunachal Pradesh, Assam, Manipur, Meghalaya, Mizoram, Nagaland, Tripura) et des États indiens voisins du Bengale-Occidental, Bihar et Jharkhand (2000).

Périodes classique et médiévale

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Indosphère (en), vers 625
Grande région, vers 1041
Carte britannique du royaume de Taraf (province de Sylhet)

Période coloniale (européenne)

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Présence portugaise

XXe siècle

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XXIe siècle

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Sheikh Hasina avec le Premier ministre indien Narendra Modi en 2018.

Aînée des cinq enfants du fondateur et premier président du Bangladesh, Sheikh Mujibur Rahman, Sheikh Hasina est cheffe de l'opposition de 1986 à 1990 et de 1991 à 1995, puis Première ministre de 1996 à 2001. Elle dirige la Ligue Awami (AL) depuis 1981.

La journée du , 465 bombes de faible puissance ont explosé presque simultanément dans la quasi-totalité des principales villes et localités du pays causant 2 morts et des centaines de blessés. Ces attaques, provenant de groupes islamistes, sont de plus en plus fréquentes et visent en majeure partie des établissements gouvernementaux.

Du 20 mai au , 1,8 million d’ouvriers du textile et de la confection, dont 90 % de femmes, se sont engagés dans une série de grèves massives et simultanées à Dacca (Dhâkhâ). Ce sont différents centres industriels qui ont été touchés de façon répétée par cette vague de grèves, qui a pris un caractère de violence permanent du fait de la répression d’une férocité inouïe à laquelle s’est livré le pouvoir bengali. Trois ouvriers ont été tués, trois mille autres blessés par balles, et plusieurs milliers emprisonnés. Des dizaines de milliers d’ouvriers s’étaient mobilisés dans un mouvement de grève, qui s’est répandu comme une traînée de poudre, pour protester contre les salaires et les conditions de travail : 15 euros mensuels, pas de congés, pas d’hygiène, viols des ouvrières, etc. Parties d’une usine de Sripur, dans la banlieue de la capitale, des émeutes se sont propagées vers Dacca, entraînant la fermeture de centaines de manufactures. Les forces de répression policières, militaires et paramilitaires, ont tenté d’enfermer les ouvriers dans certaines usines (où l’eau potable avait été coupée !). La violence des affrontements entre les ouvriers et les forces de l’ordre a été telle que 14 usines ont été brûlées et plusieurs centaines saccagées.

Le , à la suite de violences considérables, un gouvernement par intérim est installé pour prendre en charge les prochaines élections. Le pays souffre d'une corruption intense[10], du désordre et de la violence politiquement motivée. Le nouveau gouvernement par intérim a fait de déraciner la corruption de tous les niveaux du gouvernement sa priorité. À cette fin, beaucoup d'hommes et femmes politiques et fonctionnaires ainsi que membres des partis politiques se sont vu arrêtés pour corruption. Le gouvernement dit être en train de préparer le terrain pour les élections fin 2008.

En 2008, Sheikh Hasina redevient Première ministre avec une victoire écrasante. En , elle est reconduite comme Première ministre pour un troisième mandat, à la suite d'une élection sans opposition, car celle-ci a été boycottée par l'opposition et critiquée par les observateurs internationaux.

À partir de 2015, le pays voit surgir une recrudescence de crimes et d'attentats islamistes[11]. Pour essayer d'y mettre un terme, le premier ministre Sheikh Hasina demande à la cour suprême de mettre à l'examen la constitutionnalité du statut de religion officielle octroyé à l'islam en 1988[12].

Sheikh Hasina remporte un quatrième mandat en , puis un cinquième en 2024 à la suite d'élections toutes marquées par la violence et critiquée par l'opposition comme truquées. Elle est, avec un total de vingt années passées à la tête du gouvernement, la Première ministre ayant occupé le poste le plus longtemps dans l'histoire du Bangladesh.

En août 2024, après la dissolution du Parlement et la fuite de la Première ministre[13], la présidence bangladaise annonce que le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus allait diriger un gouvernement intérimaire[14]. En proie à une crise politique, le pays est également le théâtre d’attaques visant des minorités religieuses : des commerces et des maisons appartenant à des hindous sont pris pour cible par des manifestants. Le média indien The Print rapporte des attaques ayant visé au moins deux temples hindous. La maison d’un musicien hindou célèbre, Rahul Ananda, est également incendiée[15]. Les heurts entre opposants à la Première ministre, les forces de l’ordre et les partisans du parti au pouvoir font au moins 300 morts, les forces de l’ordre tirant à balles réelles[16].

Galerie

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Notes et références

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  1. https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/en/document/calcutta-riots-1946.html
  2. Baxter, pages 78-79
  3. (en) Siddiq Salik ; Witness to Surrender ; Oxford University Press ; 1978 ; (ISBN 0195772644)
  4. (en) Case Study: Genocide in Bangladesh, 1971; Gendercide Watch
  5. (en) R. LaPorte ; « Pakistan in 1971: The Disintegration of a Nation » ; Asian Survey ; 12 (2) ; 1972 ; pages 97-108
  6. (en) Matthew White ; Death Tolls for the Major Wars and Atrocities of the Twentieth Century: Bangladesh ; novembre 2005
  7. (en) The Bangali Genocide, 1971 ; Virtual Bangladesh
  8. (en) S. Burke ; « The Postwar Diplomacy of the Indo-Pakistani War of 1971 » ; Asian Survey ; 13 (11) ; 1973 ; pages 1036-1049
  9. a et b (en) A. Mascarenhas ; Bangladesh: A Legacy of Blood ; Holder & Stoughton ; Londres ; 1986 ; (ISBN 034039420X)
  10. (en) Waliur Rahman ; Bangladesh tops most corrupt list ; BBC News ; 18 octobre 2005
  11. Jean-Luc Racine, « Le péril djihadiste gagne le Bangladesh : Sur les braises de la guerre d’indépendance de 1971 », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne).
  12. Ian Hamel, Le Bangladesh pourrait abandonner l'islam comme religion d'État, Le Point, 9 mars 2016.
  13. « Sheikh Hasina, la Dame de fer du Bangladesh devenue bête noire des manifestants », sur France 24, (consulté le )
  14. Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus dirigera le gouvernement intérimaire, lapresse.ca, 6 août 2024
  15. Pierre Hardy et Fleur Martinho, Violences au Bangladesh : pourquoi le sort des minorités suscite l’inquiétude, leparisien.fr, 6 août 2024
  16. Bangladesh : Au moins 300 morts depuis le début des manifestations contre le pouvoir, 20minutes.fr, 5 août 2024

Annexes

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Bibliographie

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  • (en) Syedur Rahman, Historical Dictionary of Bangladesh, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), 510 p. (ISBN 9780810874534)

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Articles connexes

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Lien externe

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