Hortense Spillers

professeure d'université américaine

Hortense J. Spillers (née en ) est une critique littéraire africaine-américaine, spécialiste du féminisme noir et titulaire de la chaire Gertrude Conaway Vanderbilt à l'Université Vanderbilt. Spécialiste de la diaspora africaine, elle est connue pour ses essais sur la littérature africaine-américaine, rassemblés dans Black, White, and In Color : Essays on American Literature and Culture, publié par les Presses de l'université de Chicago en 2003, et Comparative American Identities : Race, Sex, and Nationality in the Modern Text, une collection éditée par Spillers et publiée par Routledge en 1991.

Hortense Spillers
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Œuvres principales
  • « Mama's Baby, Papa's Maybe. An American Grammar Book »
  • Black, White, and in Color

Biographie modifier

Spillers a obtenu sa licence de l'Université de Memphis en 1964, sa maîtrise en 1966 et son doctorat en 1974 en littérature anglaise à l'Université Brandeis. À l'Université de Memphis, elle est DJ pour la station de radio noire WDIA[1]. Elle a occupé des postes au Haverford College, au Wellesley College, à l'Université Emory et à l'Université Cornell[2]. Son travail a été récompensé par des prix des Fondations Rockefeller et Ford[3]. En 2013, elle a été la rédactrice fondatrice de la revue scientifique The A-Line Journal: A Journal of Progressive Commentary[4].

Travail critique modifier

Spillers est surtout connue pour son essai scientifique de 1987 « Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book », l'un des essais les plus cités dans les études littéraires africaines-américaines[5]. L'essai est considéré comme particulièrement important dans le domaine de l'afro-pessimisme, car bon nombre des théoriciens les plus éminents de ce mouvement – Frank Wilderson III, Saidiya Hartman et Calvin L. Warren – s'appuient sur les idées de Spillers tout au long de leurs travaux[6],[7]. Malgré cela, Spillers ne s’identifie pas comme afro-pessimiste. L'essai rassemble l'engagement de Spillers dans les études africaines-américaines, la théorie féministe, la sémiotique et les études culturelles pour articuler une théorie de la construction du genre féminin africain-américain[8].

Dans un entretien de 2006 intitulé « Whatcha Gonna Do?—Revisiting Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book » (où Spillers est interviewée par Saidiya Hartman, Farah Jasmine Griffin, Jennifer L. Morgan et Shelly Eversley), la théoricienne revient sur son processus d’écriture. Avec ses intervieweuses, elles examinent ensemble l’impact sismique de l’essai sur le vocabulaire conceptuel disponible pour les générations suivantes de chercheurs féministes noirs. Elle déclare qu'elle a écrit « Mama's Baby, Papa's Maybe » avec un sentiment de désespoir, à un moment de l’histoire où l’importance des femmes noires dans la théorie critique était niée[9].

En 2003, Spillers publie le livre Black, White, and in Color, un recueil d'essais publiés au cours de sa carrière. Certains d'entre eux ont été inspirés par la conférence du Barnard Center de 1982, appelée « Conférence sur le sexe » [10]. Spillers a assisté à cette conférence et a été frappée par le manque de représentation de la sexualité des femmes noires et par la manière dont la domination de la blanchité dans les espaces féministes conduisait à des hiérarchies, dans les objets de la lutte féministe et dans la représentation de la sexualité. Ainsi, un chapitre important du livre de Spillers, intitulé « Interstices : A Small Drama of Words », réexamine la caractérisation néfaste des femmes noires dans la littérature et dans la société en général[11]. Elle aborde ces sujets à travers une lentille grammaticale et se réapproprie le terme « interstices » d'une expression tirée des sciences de l'informatique pour l'appliquer à une description des défauts de notre langage moderne qui laisse, métaphoriquement, certaines choses « passer entre les mailles du filet ». Elle relève ainsi les problèmes soulevés par des mots tels que « féminisme » et « femme » et souligne le pouvoir que procure la capacité de parler. Spillers soutient que la sexualité des femmes noires est mal décrite dans le discours en raison des institutions de la suprématie blanche.

En outre, Spillers affirme que les femmes noires occupent une position unique entre les hommes noirs et les femmes blanches, souvent obligées de choisir entre ces identités, ce qui les empêchent d'agir de manière satisfaisante sur leur genre ou sur leur sexe. Spillers problématise l'adversité aggravée à laquelle les femmes noires sont confrontées avec la citation suivante :

« Les femmes noires sont les baleines échouées de l'univers sexuel, silencieuses, invisibles, inactives, elles sont encore dans l'attente de leur verbe. Leurs expériences sexuelles sont représentées, mais pas souvent par elles-mêmes ; et quand elles le font, c'est souvent par la voix reconnaissable du blues et de ses accents romancés. »

Bien qu'ils soient historiquement égaux aux yeux de l'environnement hégémonique et patriarcal blanc, Spillers soutient que les hommes et les femmes noirs sont en effet différents parce que les hommes noirs ont toujours la possibilité d'agir sur leur sexe alors que les femmes sont soumises au « paradoxe du non-être ». Ce paradoxe décrit comment les sexualités des femmes noires ne sont jamais validées, ce qui les empêche de sympathiser avec les femmes blanches sur la base du sexe, ce dont Spiller donne un exemple en commentant l'oeuvre Dinner Party de l'artiste blanche américaine Judy Chicago et sa représentation du vagin des femmes noires.[11]

Parallèles avec d’autres chercheuses féministes noires modifier

Le travaille de Spillers a été référencé à plusieurs reprises par le groupe féministe noir influent The Combahee River Collective. Dans une interview entre Beverly Guy-Sheftall et Barbara Smith, Smith cite diverses chercheuses qui « ont pu se retrouver pendant cette période » dans les salons. Parmi la liste, Spillers est incluse[12]. Smith, qui est considérée comme l'une des « personnes qui sont devenues de véritables piliers de la construction des études sur les femmes noires dans leurs domaines particuliers », affirme qu'elle, Spillers et d'autres femmes noires notables de l'époque ont formé ce qui était connu sous le nom de African-American Female Intelligence Society of Boston.

Travaux modifier

Livres modifier

  • Black, White, and in Color: Essays on American Literature and Culture. Chicago: University of Chicago Press, 2003.
  • Comparative American Identities: Race, Sex, and Nationality in the Modern Text. New York: Routledge, 1991.
  • (With Marjorie Pryse) Conjuring: Black Women, Fiction, and Literary Tradition. Bloomington: Indiana University Press, 1985.

Articles modifier

  • "Born Again': Faulkner and the Second Birth", Fifty Years after Faulkner, edited by Jay Watson and Ann J. Abadie, University Press of Mississippi, JACKSON, 2016, pp. 57–78.
  • "Art Talk and the Uses of History". Small Axe, vol. 19 no. 3, 2015, p. 175–185[13].
  • "Views of the East Wing: On Michelle Obama". Communication and Critical/Cultural Studies, 6:3, 307–310, 2009[14].
  • "'Whatcha Gonna Do?': Revisiting 'Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book': A Conversation with Hortense Spillers, Saidiya Hartman, Farah Jasmine Griffin, Shelly Eversley, & Jennifer L. Morgan". Women's Studies Quarterly, vol. 35, no. 1/2, 2007, pp. 299–309[15].
  • "'Twentieth-Century Literature's' Andrew J. Kappel Prize in Literary Criticism, 2007". Twentieth Century Literature, vol. 53, no. 2, 2007, pp. vi–x.,[16]
  • "The Idea of Black Culture". CR: The New Centennial Review, vol. 6, no. 3, 2006, pp. 7–28[17].
  • "A Tale of Three Zoras: Barbara Johnson and Black Women Writers". Diacritics, vol. 34, no. 1, 2004, pp. 94–97[18].
  • "Topographical Topics: Faulknerian Space". The Mississippi Quarterly, vol. 57, no. 4, 2004, pp. 535–568[19].
  • "Travelling with Faulkner". Critical Quarterly, 45: 8–17, 2003[20].
  • "'All the Things You Could Be by Now, If Sigmund Freud's Wife Was Your Mother': Psychoanalysis and Race". Boundary 2, vol. 23, no. 3, 1996, pp. 75–141[21].
  • "The Crisis of the Negro Intellectual: A Post-Date". Boundary 2, vol. 21, no. 3, 1994, pp. 65–116[22].
  • "Moving on Down the Line". American Quarterly, vol. 40, no. 1, 1988, pp. 83–109. JSTOR, www.jstor.org/stable/2713143.
  • "Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book". Diacritics, vol. 17, no. 2, 1987, pp. 65–81[23].
  • "'An Order of Constancy': Notes on Brooks and the Feminine". The Centennial Review, vol. 29, no. 2, 1985, pp. 223–248[24].
  • "A Hateful Passion, a Lost Love". Feminist Studies, vol. 9, no. 2, 1983, pp. 293–323[25].
  • "Formalism Comes to Harlem", Black American Literature Forum, vol. 16, no. 2, 1982, pp. 58–63[26].
  • "The Works of Ralph Ellison". PMLA, vol. 95, no. 1, 1980, pp. 107–109[27].
  • "A Day in ihe Life of Civil Rights". The Black Scholar, vol. 9, no. 8/9, 1978, pp. 20–27[28].
  • "Ellison's 'Usable Past': Toward a Theory of Myth". Interpretations, vol. 9, no. 1, 1977, pp. 53–69[29].
  • "A Lament". The Black Scholar, vol. 8, no. 5, 1977, pp. 12–16[30].
  • ": SECOND PRIZE-The Black Scholar Essay Contest: MARTIN LUTHER KING AND THE STYLE OF THE BLACK SERMON". The Black Scholar, vol. 3, no. 1, 1971, pp. 14–27[31].

Recensions

  • "Review: Kinship and Resemblances: Women on Women". Feminist Studies, vol. 11, no. 1, 1985, pp. 111–125[32].
  • "Review: Lorraine Hansberry: Art of Thunder, Vision of Light. Special Issue of Freedomways". Signs, vol. 6, no. 3, 1981, pp. 526–527[33].
  • "Review: 'GET YOUR ASS IN THE WATER AND SWIM LIKE ME': NARRATIVE POETRY FROM BLACK ORAL TRADITION by Bruce Jackson". The Black Scholar, vol. 7, no. 5, 1976, pp. 44–46[34].
  • "Review: Black Popular Culture. by Michele Wallace, Gina Dent; Black Macho and the Myth of the Superwoman. by Michele Wallace; Invisibility Blues--From Pop to Theory by Michele Wallace". African American Review, vol. 29, no. 1, 1995, pp. 123–126[35].

Références modifier

  1. « Hortense Spillers: Gertrude Conaway Vanderbilt Professor », English Department, Vanderbilt University (consulté le )
  2. « Meet the Director », Issues in Critical Investigation, Vanderbilt University
  3. Miriam DeCosta-Willis, Notable Black Memphians, Cambria Press, (ISBN 9781621968634, lire en ligne), p. 286
  4. Hortense Spillers, The A-Line Journal, Department of English • Vanderbilt University, (lire en ligne)
  5. A Companion to African American Literature, Wiley, (ISBN 9781444323481, lire en ligne), p. 414
  6. Wilderson III, « Social Death and Narrative Aporia in 12 Years a Slave », Black Camera, vol. 7, no 1,‎ , p. 134 (ISSN 1536-3155, DOI 10.2979/blackcamera.7.1.134, S2CID 146246389, lire en ligne)
  7. Spillers, Hartman, Griffin et Eversley, « 'Whatcha Gonna Do?': Revisiting 'Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book': A Conversation with Hortense Spillers, Saidiya Hartman, Farah Jasmine Griffin, Shelly Eversley, & Jennifer L. Morgan », Women's Studies Quarterly, vol. 35, nos 1/2,‎ , p. 299–309 (ISSN 0732-1562, JSTOR 27649677, lire en ligne)
  8. Encyclopedia of Feminist Literary Theory, Routledge, (ISBN 9780203874448, lire en ligne), p. 543
  9. Spillers, « Whatcha Gonna Do?: Revisiting "Mama's Baby, Papa's Maybe": An American Grammar Book », Feminist Press at CUNY, vol. 35, nos 1/2,‎ , p. 299–309
  10. « Sex Conference, 1982 | Finding Aids », collections.barnard.edu (consulté le )
  11. a et b Print.
  12. Barbara Smith, Ain't Gonna Let Nobody Turn Me around: Forty Years of Movement Building with Barbara Smith, SUNY Press, (ISBN 9781438451145, lire en ligne)
  13. Spillers, « Art Talk and the Uses of History », Small Axe, vol. 19, no 3,‎ , p. 175–185 (DOI 10.1215/07990537-3341765, S2CID 146282642, lire en ligne)
  14. Spillers, « Views of the East Wing: On Michelle Obama », Communication and Critical/Cultural Studies, vol. 6, no 3,‎ , p. 307–310 (DOI 10.1080/14791420903063703, S2CID 143980309)
  15. Spillers, Hartman, Griffin et Eversley, « 'Whatcha Gonna Do?': Revisiting "Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book": A Conversation with Hortense Spillers, Saidiya Hartman, Farah Jasmine Griffin, Shelly Eversley, & Jennifer L. Morgan », Women's Studies Quarterly, vol. 35, nos 1/2,‎ , p. 299–309 (JSTOR 27649677, lire en ligne)
  16. Spillers, « 'Twentieth-Century Literature's' Andrew J. Kappel Prize in Literary Criticism, 2007 », Twentieth Century Literature, vol. 53, no 2,‎ , vi–x (JSTOR 20479801, lire en ligne)
  17. Spillers, « The Idea of Black Culture », Cr: The New Centennial Review, vol. 6, no 3,‎ , p. 7–28 (DOI 10.1353/ncr.2007.0022, JSTOR 41949535, S2CID 144008921)
  18. Spillers, « A Tale of Three Zoras: Barbara Johnson and Black Women Writers », Diacritics, vol. 34, no 1,‎ , p. 94–97 (DOI 10.1353/dia.2006.0026, JSTOR 3805836, S2CID 170511124)
  19. Spillers, « Topographical Topics », The Mississippi Quarterly, vol. 57, no 4,‎ , p. 535–568 (JSTOR 26466996)
  20. Spillers, « Travelling with Faulkner », Critical Quarterly, vol. 45, no 4,‎ , p. 8–17 (DOI 10.1046/j.0011-1562.2003.00525.x)
  21. Spillers, « 'All the Things You Could be by Now, if Sigmund Freud's Wife Was Your Mother': Psychoanalysis and Race », Boundary 2, vol. 23, no 3,‎ , p. 75–141 (DOI 10.2307/303639, JSTOR 303639)
  22. Spillers, « The Crisis of the Negro Intellectual: A Post-Date », Boundary 2, vol. 21, no 3,‎ , p. 65–116 (DOI 10.2307/303601, JSTOR 303601)
  23. Spillers, « Mama's Baby, Papa's Maybe: An American Grammar Book », Diacritics, vol. 17, no 2,‎ , p. 65–81 (DOI 10.2307/464747, JSTOR 464747)
  24. Spillers, « 'An Order of Constancy': Notes on Brooks and the Feminine », The Centennial Review, vol. 29, no 2,‎ , p. 223–248 (JSTOR 23739209)
  25. Spillers, « A Hateful Passion, a Lost Love », Feminist Studies, vol. 9, no 2,‎ , p. 293–323 (DOI 10.2307/3177494, JSTOR 3177494)
  26. Spillers, « Formalism Comes to Harlem », Black American Literature Forum, vol. 16, no 2,‎ , p. 58–63 (DOI 10.2307/2904137, JSTOR 2904137, S2CID 125243493)
  27. Spillers, Low et Blake, « The Works of Ralph Ellison », PMLA, vol. 95, no 1,‎ , p. 107–109 (DOI 10.2307/461738, JSTOR 461738, S2CID 251027294)
  28. Spillers, « A Day in the Life of Civil Rights », The Black Scholar, vol. 9, nos 8/9,‎ , p. 20–27 (DOI 10.1080/00064246.1978.11414014, JSTOR 41067859)
  29. Spillers, « Ellison's "Usable Past": Toward a Theory of Myth », Interpretations, vol. 9, no 1,‎ , p. 53–69 (JSTOR 23240431)
  30. Spillers, « A Lament », The Black Scholar, vol. 8, no 5,‎ , p. 12–16 (DOI 10.1080/00064246.1977.11413888, JSTOR 41066909)
  31. Spillers, « SECOND PRIZE-The Black Scholar Essay Contest: MARTIN LUTHER KING AND THE STYLE OF THE BLACK SERMON », The Black Scholar, vol. 3, no 1,‎ , p. 14–27 (DOI 10.1080/00064246.1971.11431184, JSTOR 41203668)
  32. Spillers, « Kinship and Resemblances: Women on Women », Feminist Studies, vol. 11, no 1,‎ , p. 111–125 (DOI 10.2307/3180138, JSTOR 3180138)
  33. Spillers, « Reviewed work: 'Lorraine Hansberry: Art of Thunder, Vision of Light', Special Issue of 'Freedomways'. Vol. 19, No. 4 (1979), Jean Carey Bond », Signs, vol. 6, no 3,‎ , p. 526–527 (DOI 10.1086/493824, JSTOR 3173763)
  34. Spillers, « Reviewed work: 'GET YOUR ASS IN THE WATER AND SWIM LIKE ME': NARRATIVE POETRY FROM BLACK ORAL TRADITION, Bruce Jackson », The Black Scholar, vol. 7, no 5,‎ , p. 44–46 (JSTOR 41066452)
  35. Spillers, « Reviewed work: Black Popular Culture., Michele Wallace, Gina Dent; Black Macho and the Myth of the Superwoman., Michele Wallace; Invisibility Blues--From Pop to Theory., Michele Wallace », African American Review, vol. 29, no 1,‎ , p. 123–126 (DOI 10.2307/3042438, JSTOR 3042438)

Liens externes modifier