Houle (géomorphologie)
Houle, ou plus rarement goule[réf. nécessaire], est le nom donné aux cavités, en particulier dans les rochers au bord de la mer ou dans les berges au bord des rivières[1] et aux cavernes, aux grottes dans les falaises de la côte normande, des Îles de la Manche et la côte nord de Haute-Bretagne. Un folklore important est associé à ces lieux en raison de la présence supposée des fées des houles, des Fions et des Jetins.
Étymologie
modifierIl s'agit d'un mot normand à l'origine qui s'est aussi diffusé dans les régions limitrophes[2] que l'on trouve dans les différents dictionnaires ayant trait à ce dialecte[1]. Selon Joret, dans son Dictionnaire du patois du Bessin, hōle, houōle à le sens de « creux où se cache le poisson » , ensuite pour Jean Fleury in Patois de la Hague, il s'agit d'« un trou, une caverne, surtout dans les rochers ». Dans Maze, Dictionnaire du patois du Havre, le terme a le sens de « cavité où se retirent les poissons » que l'on trouve dans les différents dictionnaires ayant trait au dialecte normand. Selon Charles Joret dans son Dictionnaire du patois du Bessin, hōle, houōle à « le sens de creux où se cache le poisson », ensuite pour Fleury in Patois de la Hague, il s'agit « d'un trou, d'une caverne, surtout dans les rochers ». Dans Maze, Dictionnaire du patois du Havre, le terme a le sens de « cavité où se retirent les poissons »[1].
On rencontre également les formes huole et hul. Le mot normand est issu de l'ancien scandinave hol « cavité » et qui se perpétue dans les langues scandinaves modernes : norvégien dialectal hol, suédois hål et danois hul[1].
Le sens de houle comme « mouvement ondulatoire de la mer » n'est pas attesté avant le XVe siècle, puis seulement au XVIIIe siècle comme « vagues que la mer pousse les unes contre les autres »[1].
Le dialecte normand connait de nombreux dérivés : ahouolo « séjourner » (en parlant des poissons) dans les cavités des rochers (la Hague), houlet « araignée de mer », « tourteau » (Cotentin, pays de Caux), houlin « araignée de mer » (ouest du Cotentin) et crabe de houle (pays de Caux).
Ce mot a pu se confondre avec le vieux scandinave hola « trou (dans la terre) » (cf. norvégien hola « trou ») et qui partage le même radical hol-. Il a donné houle également, par exemple dans le patois guernesiais et surtout son dérivé en -ette : houlette qui signifie « terrier » dans les divers patois normands. On compte également de nombreux dérivés (se) houler « s'exciter à l'entrée d'un terrier (en parlant des lapins) », se déhouler « sortir avec peine de son lit ou de son trou » (pays de Caux).
Dans la toponymie normande, on rencontre fréquemment le radical hol- dans des composés, mais aussi sous sa forme romanisée avec l'article défini, comme en témoignent : le Delle-du-Houl (Calvados, Argouges), la Houle (lieux-dits à Granville, à Guilberville, à Écalles-Alix, les Houles (lieux-dits à Hacqueville et à Saint-Aubin-de-Scellon, la Houlle (lieu-dit à Saint-Quentin-sur-le-Homme), les Houlles (lieux-dits à Roullours, à Tournebu, à Fresney-le-Puceux, à Damville et à Thiberville), etc.[3].
Il existe aussi quelques exemples sur la côte nord de la Bretagne, liés à l'influence normande sur le gallo : la Houle à Cancale ou le port de la Houle Causseul, à Saint-Jacut[4].
Description
modifierLes descriptions des houles insistent sur les illusions qui y règnent, grâce à ces êtres féeriques réputés y habiter[5],[6]. Une houle à l'entrée minuscule peut abriter un véritable Autre Monde[7]. Cette associations avec le folklore féerique pourrait provenir du fait que le mica qui en tapisse certaines les fait briller comme de l'or, selon Edgar MacCulloch[8]. La plus grande et belle de ces houles en Haute-Bretagne serait celle de Poulifée à Plévenon, qui est richement meublée et recèle même une chapelle[9]. Les houles sont imaginées gigantesques, ainsi celle de Chêlin serait longue de cinquante kilomètres, permettant d'atteindre la ville de Lamballe[10].
Notes et références
modifier- Elisabeth Ridel, Les Vikings et les mots : L'apport de l'ancien scandinave à la langue française, éditions errance, Paris, 2009, p. 231.
- Site du CNRTL étymologie du mot houle [1]
- Jean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie. Dictionnaire des toponymes d'origine scandinave en Normandie, éditions OREP, 2009 (ISBN 978-2-915762-89-1), p. 70-71.
- « Port de la Houle Causseul », Glad - portail des patrimoines de Bretagne (consulté le )
- [2]
- Houles et trous des fées dans le Cotentin et les Îles anglo-normandes [3]
- Morvan 1999, p. 154
- Edgar MacCulloch, « Le folklore de Guernesey », Revue des traditions populaires, t. IV, , p. 103
- Morvan 1999, p. 155
- Morvan 1999, p. 156
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- [Morvan 1999] Françoise Morvan, La douce vie des fées des eaux, Arles, Actes Sud, , 339 p. (ISBN 2-7427-2406-0 et 9782742724062)
- [Sébillot 1881] Paul Sébillot, Littérature orale de la Haute-Bretagne, Maisonneuve, , 400 p. (lire en ligne)