Ibn Kabar

prêtre copte et écrivain

Al-Shaykh al-Mu'taman Shams al-Riyâsah ibn al-Shaykh al-Akmal al-As'ad Abû al-Barakât ibn Kabar, ou plus brièvement Abû al-Barakât ibn Kabar (parfois transcrit Ibn Kubr), est un prêtre de l'Église copte, écrivain de langue arabe, mort en 1324.

Ibn Kabar
Biographie
Naissance
Décès
Activités

Éléments biographiques modifier

Il fut secrétaire du ministre et historien musulman Baybars al-Manșûrî[1], qu'il aurait aidé à rédiger son grand ouvrage Zubdat al-fikra[2]. En 1300, il fut ordonné prêtre sous le nom de Barsum[3], et fut affecté à la Mu'allaqah, prestigieuse église copte du Vieux Caire[4]. Nombre de ses sermons en prose arabe rimée ont été conservés. Il échappa à la persécution des chrétiens coptes qui eut lieu en 1321, et mourut peu après.

Œuvre modifier

Il est principalement connu pour deux ouvrages :

  • Al-Sullam al-kabir (La Grande Échelle) est un lexique bohaïrique-arabe, très utilisé et conservé en de nombreux manuscrits. Édité à Rome en 1643, avec une traduction latine, par Athanasius Kircher (Lingua Ægyptiaca restituta, d'après un manuscrit rapporté par Pietro Della Valle), il a joué un rôle important dans la connaissance de la langue copte en Occident.
  • Mișbâḥ al-ẓulma wa-îḍâḥ al-khidma (La Lampe des ténèbres et l'illumination du service) est une encyclopédie ecclésiastique composée de vingt-quatre chapitres de différentes longueurs répartis en deux grandes parties : la première (ch. 1 à 6) est consacrée à des matières dogmatiques ou canoniques (ch. 1-2 : théologie ; ch. 3-4 : histoire sainte ; ch. 5 : droit canon ; ch. 6 : exégèse biblique) ; la dernière (ch. 8-24) concerne d'un point de vue liturgique et pratique les fonctions exercées par les différentes catégories du clergé. Entre les deux est intercalé le précieux chapitre 7, unique en son genre dans la littérature copte : intitulé D'éminents chrétiens et leurs écrits, c'est un catalogue des livres chrétiens (des différentes Églises) disponibles à l'époque en langue arabe (par traduction, du grec, du syriaque ou du copte, ou non), depuis les Pères de l'Église jusqu'aux théologiens arabophones récents.

Éditions modifier

  • Wilhelm Riedel (éd.), « Der Katalog der christlichen Schriften in arabischer Sprache von Abū l-Barakāt », Nachrichten der kgl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, philologisch-hist. Klasse 5, 1902, p. 635-706.
  • Eugène Tisserant, « Le calendrier d'Abû l-Barakât » (texte arabe et traduction française), coll. Patrologia Orientalis, n° 49 (t. 10, fasc. 3), Paris, Firmin-Didot, 1915, p. 247-286.
  • Louis Villecourt, Eugène Tisserant, Gaston Wiet (éds.), Livre de la lampe des ténèbres et de l'exposition (lumineuse) du service (de l'Église) (texte arabe et traduction française), coll. Patrologia Orientalis, n° 99 (t. 20, fasc. 4), Paris, Firmin-Didot, 1929.
  • Samir Khalil Samir (éd.), Ibn Kabar, Abû al-Barakât. Mișbâḥ al-ẓulma fī iḑâḥ al-khidma, 2 vol., Le Caire, Maktabat al-Karuz, 1971-1998.

Bibliographie modifier

  • Eugène Tisserant, Louis Villecourt, Gaston Wiet, « Recherches sur la personnalité et la vie d'Abul Barakat Ibn Kubr », Revue de l'Orient chrétien XXII, 1921-22, p. 373-394.
  • Samir Khalil Samir, « L'encyclopédie liturgique d'Ibn Kabar († 1324) et son apologie d'usages coptes », in H.-J. Feulner, E. Velkovska et R. F. Taft (dir.), Crossroad of Cultures. Studies in liturgy and patristics in honor of Gabriele Winkler (Orientalia Christiana Analecta 260), Rome, 2000, p. 619-655.

Notes et références modifier

  1. Rukn al-Dîn Baybars al-Manșûrî (v. 1247-1325), dawâdâr (responsable de chancellerie), puis nâ'ib al-salțana (premier ministre) sous le sultan mamelouk An-Nâsir Muhammad ben Qalâ'ûn, auteur notamment d'un grand ouvrage historiographique intitulé Zubdat al-fikra fi ta'rîkh al-hijra (Quintessence de la pensée dans l'histoire islamique), chronique du monde musulman de l'origine jusqu'à son époque, et d'un autre intitulé Al-Tuḥfa al-mulûkiyya, histoire du sultanat des Mamelouks jusqu'en 1311.
  2. Suivant le biographe al-Șafadî († 1363), repris entre autres par Ahmad al-Maqrîzî. En tout cas il a rédigé un résumé de cette chronique, intitulé Mukhtâr al-akhbâr, conservé avec des lacunes dans un manuscrit de la Bibliothèque ambrosienne de Milan (manquent la partie consacrée aux Fatimides, et la fin à partir de 1302).
  3. D'après un ermite copte qui vivait alors dans la région du Caire, saint Barsum le Nu († 28 août 1317).
  4. Cette église, construite entre le Ve et le VIIe siècle sur les bastions de l'ancienne forteresse de Babylone d'Égypte, fut entre le milieu du XIe et le début du XIVe siècle le lieu de l'élection et de l'intronisation du patriarche copte. La résidence patriarcale se trouvait à côté. Des synodes s'y tinrent, et plusieurs patriarches y furent enterrés. D'après le témoignage d'Ibn Kabar lui-même, elle fut fermée par les autorités musulmanes à peu près à l'époque de son ordination, et rouverte peu après sur l'intervention de l'empereur byzantin.

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