L'ictus est le sommet rythmique du pied ; il frappe la partie du pied appelée arsis, par différence avec la thesis, partie du pied qui ne reçoit pas l’ictus[1]. Il est à l'origine (latin ictus, du verbe icĕre) une notion de métrique antique, qui désigne en latin les frappements de mains ou de pieds utilisés pour orchestrer le battement de la mesure dans le vers antique, et en français l'accent marqué d'une syllabe, d'une note soulignant le rythme. Voici comment le définit Louis Havet[2] dans le vers épique : « le demi-pied fort est celui qui porte le temps marqué et sur lequel la voix appuie ».

Poésie modifier

On distinguera tout d'abord ictus métrique d'un pied, intensif, et réalisation expressive du récitant. L’ictus métrique ne correspond pas forcément non plus à l’accent naturel fortement mélodique du mot, ni en grec ni en latin ; on appelle « homodyne » le mot dans lequel ictus et accent concordent, se renforçant l’un l’autre, et « hétérodyne » le mot dans lequel ils divergent en une sorte de contrepoint[3].

  • Exemple d'homodynie parfaite dans un vers phérécratien (ou phérécratéen) :

| — — — ∪ ∪ — — |
gráto Pýrrha sub ántro[4]
soit, en grasseyant les syllabes porteuses de l'accent de mot et en marquant les ictus de jaune :
| — | ∪ ∪ | — |

| — — — — — — — — — ∪ ∪ — — |
spársis hástis lóngis cámpus spléndet et hórret[5]
soit, en grasseyant les syllabes porteuses de l'accent de mot et en marquant les ictus de jaune :
| — | — | — | — | ∪ ∪ | — |

  • Exemple d'homodynie globale dans un hendécasyllabe sapphique (l'ictus du spondée deuxième ne correspond pas à un accent de mot) :

| — ∪ — — — ∪ ∪ — — — ∪ — — |
óderit cure et ara lénto[6]
soit, en grasseyant les syllabes porteuses de l'accent de mot et en marquant les ictus de jaune :
| ∪ | — | ∪ ∪ | ∪ | — |

| — — — — — — — — — ∪ ∪ — ∪ |
hastati spargunt hastas ; fit ferreus imber[7]
soit, en grasseyant les syllabes porteuses de l'accent de mot et en marquant les ictus de jaune :
| | | | | ∪ ∪ | ∪ |

Chant grégorien modifier

Ictus est aussi un terme utilisé en chant grégorien dans l'ancienne théorie rythmique grégorienne, de nos jours déconseillée à la suite des études sémiologiques.

Notes et références modifier

  1. Martin Litchfield West (Greek Metre, Oxford, 1982) recommande néanmoins de ne plus parler que d'ictus, et de délaisser les termes arsis et thesis (en) (Martin Drury in The Cambridge History of Classical Literature, vol. 1 part 2, 1986, p. 203).
  2. Cours élémentaire de métrique grecque et latine, 4e édition, 1896, § 1.
  3. Q. F. Jackson, Accentual Symmetry in Virgil, Oxford, 1939, p. 15 ; José González Vázquez, "Homodinia y heterodinia en el hexámetro virgiliano y la lengua hablada de la época", p. 227-229 in Juan Higueras Maldonado (dir.), Actas del I Congreso Andaluz de Estudios Clásicos (Jaén, 9-12 décembre 1981), Jaén, Instituto de Estudios Giennenses, 1982.
  4. Horace, Odes, livre I, ode 5, vers 3.
  5. Ennius, Varia, 14V.
  6. Horace, Odes, livre II, ode 16, v. 26.
  7. Ennius, Annales, v. 284.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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