Jane Eyre (film, 2011)

film britannique de Cary Fukunaga
Jane Eyre
Description de cette image, également commentée ci-après
les jardins de Haddon Hall, un des lieux de tournage
Titre original Jane Eyre
Réalisation Cary Joji Fukunaga
Scénario Moira Buffini
Acteurs principaux
Sociétés de production BBC Films
Ruby Films
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre drame romantique
Durée 120 minutes
Sortie 2011

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Jane Eyre est un film britannique sorti en 2011, réalisé par Cary Joji Fukunaga, selon un scénario de Moira Buffini d'après le roman éponyme de Charlotte Brontë publié en octobre 1847, avec Michael Fassbender dans le rôle de Rochester et Mia Wasikowska dans celui de la « pauvre, obscure, laide et petite » Jane Eyre. Cette version à l'atmosphère gothique met en relief le désir d'émancipation de l'héroïne.

Synopsis modifier

Le spectateur découvre une jeune femme fuyant sur une lande oppressante. A bout de forces, elle va être recueillie par un jeune pasteur et ses deux sœurs. La jeune femme prétend s'appeler Jane Eliott, elle semble hantée par son passé. Le pasteur St John Rivers et ses sœurs respectent son secret ; le pasteur va l'aider en lui trouvant un travail d'institutrice.

De nombreux flash-back éclairent peu à peu le destin de la jeune femme. Le spectateur découvre son enfance d'orpheline, maltraitée par sa tante et ses cousins, puis placée dans un internat, Lowood, où punitions physiques et privations sont la coutume. La jeune Jane s'y lie d'amitié avec une autre fillette qui meurt, emportée par la tuberculose.

À dix-neuf ans, Jane quitte l'école de Lowood pour devenir préceptrice de la petite Adèle, à Thornfield Hall, un château ancien, isolé. Elle s'acquitte avec efficacité de sa tâche de préceptrice mais s'ennuie. Lorsqu'elle rencontre le maître des lieux, Mr Rochester, ils confrontent leur caractère et Jane affirme sa liberté de parole malgré son statut d'employée. Elle assiste à plusieurs phénomènes étranges (incendie, blessure d'un visiteur, bruits la nuit dans le château). Sa discrétion, sa loyauté et sa liberté gagnent le cœur de Rochester. Alors que celui-ci semble courtiser une de ses invitées, Blanche Ingram, c'est à Jane qu'il fera sa demande en mariage. Celle-ci accepte malgré la différence de classe sociale. L'intendante Mrs Fairfax la met cependant en garde.

Au moment où le prêtre s'apprête à les unir dans une petite chapelle, un homme surgit et s'oppose au mariage. Il s'agit de l'homme de loi de Richard Mason, le visiteur blessé, frère de la femme de Mr Rochester, Bertha Antoinetta Mason, devenue folle. C'est elle qui vit dans une pièce secrète, elle qu'on entend la nuit, elle qui a mis le feu à la chambre de Rochester, elle qui a mordu au sang son frère venu la voir. Rochester supplie Jane de rester ; elle refuse, ne pouvant supporter son mensonge, refusant de s'abaisser à vivre comme cela. Au petit matin du lendemain, Jane s'enfuit à travers la lande.

Recueillie par St John Rivers et ses sœurs, son amour pour Rochester la hante. St John qui a percé le secret de son identité lui apprend qu'elle hérite d'un oncle. En remerciement de leur aide, elle partage son héritage avec les Rivers et leur demande de la considérer comme leur sœur[n 1]. St John va partir aux Indes comme missionnaire, il lui propose de l'accompagner, comme épouse, elle pourra alors utiliser son don pour le dessin et la peinture. Jane refuse car, si elle aime St John comme un frère, elle ne veut pas d'un mariage sans amour. Croyant entendre crier « Jane ! » dans les rafales de vent, elle retourne à Thornfield. Arrivée sur place, elle constate que le château n'est plus qu'une ruine brûlée. Mrs Fairfax la surprend errant dans les décombres noircis, lui apprend l'incendie provoqué par Bertha et la mort de celle-ci[n 2]. Jane rejoint Mr Rochester, assis, prostré, sous l'arbre de sa demande en mariage ; il est aveugle, diminué ; le couple se retrouve et s'étreint.

Fiche technique modifier

le réalisateur (ici en 2009)

Distribution modifier

Mia Wasikowska
Michael Fassbender

Production modifier

Casting modifier

En , on a appris que Mia Wasikowska jouerait le rôle-titre, et que Michael Fassbender tiendrait celui de Rochester[3],[4]. À la différence de nombreuses versions filmées précédentes, le choix s'est cette fois-ci porté sur une actrice proche de l'âge de l'héroïne du roman[5]. Cary Fukunaga a souligné que Mia Wasikowska serait capable de traduire l'intelligence et le sens de l'observation de son regard, tout en parvenant à ne pas jouer de son physique, comme il convient à la discrétion de son personnage[6].

La participation de Mia Wasikowska est une conséquence de son rôle dans Alice au pays des merveilles, qui l'a poussée à lire quelques classiques, dont To Kill a Mockingbird de Harper Lee, 1984 de George Orwell et Jane Eyre ; c'est la lecture des premiers chapitres du livre qui la pousse à se proposer pour le rôle[7].

Pour le rôle de Rochester, le metteur en scène a affirmé que, s'il admettait que certains acteurs pouvaient avoir un physique plus conforme au héros du roman, il était convaincu que Michael Fassbender avait la personnalité qui convenait au personnage[6]. Jamie Bell, Judi Dench, Sally Hawkins, Imogen Poots, Holliday Grainger et Tamzin Merchant ont également rejoint la distribution du film[8],[9].

Tournage modifier

Les landes de Longshaw
Château de Broughton (entrée)

Le tournage débuta le et s'acheva vers la mi-mai[10],[11]. Comme pour d'autres adaptations de Jane Eyre, la plupart des différents lieux de tournage se trouvent entre Stoke-on-Trent et Sheffield dans le parc national de Peak District et les Derbyshire Dales : en particulier Stanage Edge, la vallée d'Edale (l'école de filles où Jane enseigne), White Edge Lodge dans les landes de Longshaw (la maison de St John Rivers), les bois de Chatsworth House (pour la première rencontre de Jane et Rochester, provoquant la chute de son cheval), Haddon Hall et Wingfield Manor (en) (Thornfield Hall), le village de Froggatt. Il faut y ajouter le château de Broughton dans l'Oxfordshire (l'école de Lowood) et Wrotham Park dans le Hertfordshire, qui figure Gateshead House, la demeure de la famille Reed[12].

Dario Marianelli, qui a remporté l'Oscar de la meilleure musique de film en 2008, a composé la musique[13], et Michael O'Connor choisit des costumes du milieu des années 1840 (date de l'écriture du roman), bien que l'action soit plutôt située à la fin des années 1830[14]. Fukunaga trouvait que les tenues féminines des années 1830, avec leurs manches gigot (comme celle que porte Mrs Reed, la tante de Jane, dans le flashback) « étaient tout simplement horribles. Les femmes ressemblaient à des gâteaux de mariage » (« the clothing style of the '30s was just awful. Every woman looked like a wedding cake »). On décida cependant de laisser certains personnages (comme Mrs Fairfax) avec des tenues démodées[15].

Pour représenter Thornfield Hall le Location manager (chercheur des sites) Giles Edleston, visita une soixantaine de châteaux mais en revint finalement à Haddon Hall (intérieurs et extérieurs), qui avait déjà servi pour deux adaptations de Jane Eyre : le film de Franco Zeffirelli en 1996 et la mini-série de la BBC en 2006[16],[17]. Broughton Castle, qui figure la sinistre école de Lowood[18], fournit aussi quelques intérieurs pour Thornfield Hall, et Wingfield Manor le représente après l'incendie.

Les conditions de tournage furent assez difficiles, à cause du froid. Mia Wasikowska frisa l'hypothermie le deuxième jour, pendant le tournage de la scène sous la pluie. Mais pour Fukunaga, il n'était pas question de tourner ailleurs, car « le Nord de l'Angleterre - le Yorkshire et le Derbyshire, les landes et les vallons - on dirait qu'ils sont tout droit sortis d'un film d'horreur de Tim Burton. Les arbres sont tous tordus par le vent ; les fougères et les bruyères sur les landes ont cette couleur incroyable. Et le temps est si excessif, il change tout le temps. Et même le château, Haddon Hall ; il est tellement chargé d'histoire ; les espaces, les galeries, il leur suffit juste d'exister et vous sentez la présence de l'histoire »[n 3].

Accueil critique modifier

Dans l'ensemble, les commentaires critiques, relevés par Rotten Tomatoes sont plutôt favorables[20]. le site considère que « Cary Fukunaga dirige une adaptation ardente et élégante, tandis que Mia Wasikowska offre probablement la meilleure interprétation du personnage principal jamais donnée ». Anthony Oliver Scott juge ce Jane Eyre un « splendide exemple de la façon d'aborder le devoir redoutable de transformer en film un chef-d'œuvre de la littérature classique. Ni modernisation radicale, ni exercice académique empesé, le film de M. Fukunaga met en scène ce texte canonique avec une vigueur vive et un sens aigu du détail émotionnel »[21]. Richard Corliss écrit dans le Time que l'interprétation de Mia Wasikowska est l'une des dix meilleures parues sur les écrans en 2011[22].

Lorsque le film est sorti en France en , Jacques Morice, critique à Télérama le jugeait « fidèle, sans être caricatural, à l'esthétique gothique du roman. L'atmosphère est bien rendue, avec ces paysages de lande balayée de vent humide, et ce manoir lugubre. Décors et costumes ont été choisis et filmés avec un soin d'historien. Le film est donc d'un académisme tout à fait acceptable ». Il considérait Mia Wasikowska comme « une Jane Eyre parfaite, mélange d'austérité taciturne et de flamme retenue », mais n'avait pas été convaincu par Michael Fassbender[23]. Lors de sa diffusion sur Arte, le , la présentation relève la présence de deux acteurs qui « ont le tempérament de feu requis pour incarner ces deux êtres épris d'absolu qui contiennent farouchement leur passion », le « désir d'émancipation sociale de Jane Eyre, dont Mia Wasikowska exalte avec finesse la détermination » ainsi que « la grande élégance de cette nouvelle et attrayante adaptation » où le manoir lugubre et les scènes éclairées à la bougie contribuent à l'atmosphère gothique[24].

Récompense modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le film omet de dire que les Rivers sont aussi des neveux, mais déshérités, du même oncle.
  2. Dans cette version, à la différence du roman, Rochester et sa gouvernante n'ont pas quitté le domaine.
  3. Citation originale : « Northern England – Yorkshire and Derbyshire, the moors and dales – they look like they’re something straight out of a Tim Burton horror film. The trees are all twisted by the wind; the bracken and the heather on the moors have this amazing hue. And the weather is so extreme and it changes all the time. The house even, Haddon Hall, is just so steeped in history, the spaces, the galleries, they sort of just breathe and you feel the presence of the history »[19].

Références modifier

  1. « Fiche DVD / Blu-ray du film » sur AlloCiné, consulté le 26 novembre 2012
  2. a et b Version française (V. F.) sur RS Doublage (« Fiche de doublage V. F. du film » sur RS Doublage, consulté le 26 novembre 2012) et sur le carton de doublage.
  3. (en) Ali Jaafar, « Wasikowska in talks for 'Jane Eyre'  », sur Variety, (consulté le )
  4. (en) « Michael Fassbender Finds his ‘Jane Eyre’ », Irish Film and Television Network, (consulté le )
  5. (en) Ben Hoyle, « Brooding Brontës replace Austen as ‘bonnet drama’ returns », sur timesonline.co.uk, (consulté le )
  6. a et b (en) Barbara Chai, « Does ‘Jane Eyre’ Do Justice to the Book?  », sur The Wall Street Journal, (consulté le )
  7. (en) Mary Pols, « Jane's Heir. Mia Wasikowska plays it plain », Time Magazine,‎ , p. 45
  8. (en) « Production begins on Jane Eyre », (consulté le )
  9. (en) Borys Kit, «  'Jane Eyre' adaptation attracts cast », sur Hollywood Reporter, (consulté le )
  10. (en) « Production begins on Jane Eyre », BBC, (consulté le )
  11. (en) « New BBC One drama, Helena Bonham Carter and Freddie Highmore star in Toast », BBC, (consulté le )
  12. « Wrotham Park », sur locationworks.com
  13. (en) « Dario Marianelli scoring new ‘Jane Eyre’ adaptation », Film Music Reporter, (consulté le )
  14. (en) Bruce, Leslie, « 'Jane Eyre' Costume Designer Reveals Secrets Behind Mia Wasikowska's Wardrobe », The Hollywood Reporter, (consulté le )
  15. (en) Jeffrey Gantz, « Jane Eyre redux », The Portland Phoenix,‎ (lire en ligne)
  16. (en) Mallett, Chris, « Haddon Hall 'secrets' charmed directors », Derby Telegraph, (consulté le )
  17. (en) « Film and TV at Haddon », sur Site officiel
  18. looking quite grim
  19. King, Dennis, « Forbidding setting, climate make ‘Jane Eyre’ production daunting », Wimgo, (consulté le ))
  20. (en) « Jane Eyre (2011) », Rotten Tomatoes (consulté le )
  21. (en) A. O. Scott, « Radiant Spirit Blossoms in Barren Land », The New York Times, (consulté le )
  22. Richard Corliss, « The Top 10 Everything of 2011 – Mia Wasikowska for Jane Eyre », Time, (consulté le )
  23. Jacques Morice, « Critique Jane Eyre 2011 », sur Télérama
  24. « Jane Eyre (présentation », sur Arte (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier