Jean-Baptiste Mac Nemara
Jean-Baptiste Mac Nemara, baron du Mung, seigneur de la Rochecourbon, Tourfou, Moullet et autres lieux, né en 1687 ou 1688[1], mort le à Rochefort[2] (Charente-Maritime), est un officier de marine et planteur esclavagiste[3] français d'origine irlandaise.
Jean-Baptiste Mac Nemara | ||
portrait de Jean-Baptiste Mac Nemara | ||
Naissance | 1687 ou 1688 | |
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Décès | (à 68 ans) à Rochefort (Charente-Maritime) |
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Origine | Irlande | |
Allégeance | Royaume de France | |
Arme | Marine royale française | |
Grade | Vice-amiral de la flotte du Ponant | |
Années de service | 1708 – 1756 | |
Commandement | Flotte du Ponant | |
Conflits | Guerre de Succession d'Autriche | |
Distinctions | Grand-croix de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis | |
Autres fonctions | planteur | |
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Biographie
modifierOrigines et famille
modifierBien qu'il soit lié par mariage à la communauté des Irlandais de Nantes, il faut le différencier, ainsi que ses proches, des membres d'une autre famille Mac Namera installée à Nantes, issue de Jacques Mac Namera de Limerick[4].
Il est le fils de Jean Mac Nemara (mort en 1732), un gentilhomme irlandais, réfugié jacobite, d'abord installé à Lorient[5], et de Catherine Saint-Jean (morte en 1774). De cette union naitront deux fils.
Son frère, Claude Matthieu Mac Nemara, fera également carrière dans la Royale, il terminera sa carrière avec le grade de capitaine de vaisseau, et chevalier de l'ordre de Saint-Louis.
En 1713, Jean-Baptiste épouse à Nantes, dans la chapelle du château des Dervallières[6], Julienne Stapleton, riche héritière de Jean Ier Stapleton, un Irlandais de Nantes[7], propriétaire de plantations à Saint-Domingue[8] dont Jean-Baptiste héritera à la mort de sa femme.
Devenu veuf en 1748[9], il se remarie le au Mung[10] avec Marie-Catherine Larcher, elle-même veuve d'André Martin de Poinsable, ancien gouverneur de la Martinique[7]. Quand celle-ci arrive des îles, elle amène avec elle quatre esclaves lui appartenant : Tarquin (25 ans), Bengale (14 ans), Magloire (22 ans), et Henriette (19 ans)[11].
La petite-fille de Mac Nemara, Julie Catherine de Turpin de Jouhé, épouse le , à Rochefort, Nicolas Henri de Grimouard (1743-1794), futur contre-amiral.
Carrière dans la marine royale
modifierPage du duc de Bourbon, il entre dans la Marine royale en 1708 avec le grade de garde-marine. Il embarque en 1710 sur le vaisseau L'Atalante dans l'expédition de Du Clerc contre Rio de Janeiro. Blessé et fait prisonnier le , il est libéré deux ans plus tard, en 1712 et promu lieutenant de frégate. En 1713, au moment de son mariage, Jean-Baptiste Mac Nemara est lieutenant de frégate, enseigne d'une compagnie de la marine[6] et commissaire aux vivres de la Marine[6] à l'arsenal de Rochefort.
Enseigne de vaisseau en 1721, il se distingue lors de plusieurs campagnes aux Antilles, en 1727-1728, 1730-1731, 1739-1740, 1741-1742 et 1744, ce qui lui vaut d'être promu lieutenant de vaisseau en 1734.
Commandant des gardes marines à Rochefort en 1745, il commande une division avec laquelle il se comporte brillamment. Chef d'escadre en 1748, il est nommé en 1750 commandant de la première escadre d'évolution avant d'être promu lieutenant général des armées navales en 1752.
Commandant de la Marine à Rochefort de 1751 à 1756, il commande, en 1755, une escadre de six vaisseaux et trois frégates convoyant les renforts d'Emmanuel Auguste Dubois de La Motte vers la Nouvelle-France (Canada).
Le , il est nommé vice-amiral commandant de la flotte du Ponant, poste honorifique qu'il n'occupe que peu de temps puisqu'il décède le lendemain de sa nomination[5]. Il est remplacé à ce poste par le comte de Brienne.
Propriétés foncières
modifierAvec les revenus des importantes plantations coloniales dont il devient propriétaire grâce à ses deux mariages, il acquiert au fil des ans un important patrimoine immobilier[12].
En 1719, il achète à Rochefort une maison pour 4 500 livres, située rue des Fonderies (actuelle rue de la République). Puis, autour de 1730, il fait construire dans la même rue un hôtel particulier. La façade de cette immeuble situé 56 rue de la République sera remaniée en 1770 par l'architecte Giovanni Antonio Berinzago. Il sera vendu par la famille Mac Nemara en 1789.
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Façade principale.
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Porche.
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Escalier.
En 1747, il achète le château du Mung, à proximité de Saint-Savinien-sur-Charente.
Enfin, en 1756, peu avant son décès, il achète le château de la Roche-Courbon[13] pour la somme de 130 000 livres[7] (équivalent à 2.200.000 euros actuels[14]).
Esclavagiste
modifierPar ses deux mariages avec des filles de colons, Mac Nemara possédait des plantations à Saint-Domingue et en Martinique[12]. De même, bien que l'esclavage soit interdit sur le sol de France depuis l'édit de 1315, des ordonnances de dérogations[15] ont permis à Mac Nemara d'avoir plusieurs esclaves à son service personnel à Rochefort[11].
Notes et références
modifier- Vers 1690 selon un site généalogique, mais l'acte de sépulture lui donne l'âge de 68 ans, soit une naissance entre le et le
- Cf. AD17, Rochefort, Paroissial, Sépultures, Saint-Louis 1755-1760, page 73, [1] confirmant le site geneanet.org. Texte : Messire Jean-Baptiste de Macnemara Baron de Lemeun (?) seigneur de la Rochecourbon, Tourfou, Moullet (?) et autres lieux, Commandeur de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, lieutenant général des armées navales Commandant de la marine au département de Rochefort âgé de 68 ans, est décédé le 18 octobre 1756
- Par ses deux mariages, il possédait plusieurs plantations coloniales à Saint-Domingue et en Martinique, et avait aussi des esclaves à son service personnel.
- Il est possible qu'il y ait une parenté éloignée. Cf. Guy Saupin, Les réseaux commerciaux des Irlandais de Nantes, dans David Dickson, Jan Parmentier et Jane Ohlmeyer, Irish and Scottish Mercantile Networks in Europe and Overseas sur Google Livres, Academia Press Scientific Publishers, Gand, 2006, 520 p. (ISBN 978-90-382-1022-3), p. 115-146 (sur Luc O'Shiell : p. 136-140). Il s'agit des actes du colloque d'octobre 2003 au Trinity College, Dublin.
- geneanet.org
- Acte de mariage de Jean-Baptiste Mac Nemara et Julienne Stapleton () : Saint-Martin, vue 12, cf. AMN Registres paroissiaux. La paroisse Saint-Martin est celle de Chantenay, où se trouve le château, acheté par Jean I Stapleton en 1701. Témoins : Patrice et Jacques Mac Nemara, Mary O'Riordan, Séraphin (Chaurand) du Chaffault.
- Clarke de Dromantin 2005, p. 143
- La seigneurie des Dervallières et le château ont un autre héritier, le frère de Julienne, Jean II Stapleton.
- Cf. Rochefort, Paroissial, Table des sépultures, Saint-Louis, 1687-1792, page 210, 4° nom en S (décès en début d'année) , Tables des sépultures 1687-1792 : "Stapleton Julie" (réf "17 v"). Noter la différence des prénoms, Julie et non pas Julienne. Décédée le 6 septembre 1748 à l'âge de 56 ans (S 1743-1748 vue 206/218)
- BMS Le Mung 1753-1772 vue 2/50
- Olivier Caudron, « Les officiers de marine rochefortais du XVIIIe siècle et leurs esclaves », Roccafortis : bulletin de la Société de géographie de Rochefort, vol. 59, , p.36–46 (lire en ligne, consulté le )
- Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle: l'exode de toute une noblesse "pour cause de religion", Presses Universitaires de Bordeaux, (ISBN 978-2-86781-362-7, lire en ligne), p. 143
- Dans l'actuelle commune de Saint-Porchaire (Charente-Maritime)
- « Convertisseur de monnaie d'Ancien Régime - Livres - euros », sur convertisseur-monnaie-ancienne.fr (consulté le )
- « Être noir en France au XVIIIe siècle - Dossier de presse », sur ww2.ac-poitiers.fr, (consulté le ).
Voir aussi
modifierSources et bibliographie
modifierOuvrages récents
modifier- Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325)
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français (nouvelle édition revue et augmentée), Paris, éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
- Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, , 525 p. (ISBN 2-86781-362-X, lire en ligne)
Ouvrages anciens
modifier- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
- Charles de La Roncière, Histoire de la Marine française : Le crépuscule du Grand règne, l’apogée de la Guerre de Course, t. 6, Paris, Plon, , 674 p. (lire en ligne)
- Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, 1902, édition revue et augmentée en 1910 (lire en ligne)
Articles connexes
modifier- Histoire de la marine française de Richelieu à Louis XIV
- Histoire de la marine française sous Louis XV et Louis XVI
- Flotte du Ponant
- Guerre de Succession d'Autriche
Liens externes
modifier
- « Jean-Baptiste Mac Nemara », sur geneanet.org (consulté le )