Jules Hoffmann

biologiste français
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Jules Alphonse Nicolas Hoffmann, né le à Echternach au Grand-Duché de Luxembourg, est un biologiste français d'origine luxembourgeoise[1]. Il est membre de l'Académie des sciences depuis 1992, et en fut le président en 2007-2008, et de l'Académie française depuis 2012. Il reçoit conjointement, avec Bruce Beutler et Ralph Steinman, le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2011. Depuis 2012, il est titulaire de chaire de Biologie intégrative à l'Institut d'études avancées de l'université de Strasbourg (USIAS).

Biographie

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Enfance et études

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Jules Alphonse Nicolas Hoffmann est né en pleine guerre et grandit avec son frère Jean-Paul dans la petite ville d’Echternach. Son père Jos Hoffmann (1911-2000), issu d’une famille de modestes fermiers de la campagne luxembourgeoise, est professeur de biologie[2]. Sa mère est une fille de boucher d’Echternach[3].

C’est avec son père, lui-même entomologiste et professeur de sciences naturelles dans un lycée, que Jules Hoffmann découvre l’univers des insectes[4]. Il effectue ses études supérieures à l'université de Strasbourg[5] où il décroche en 1969 un doctorat d’État[6] en biologie expérimentale et poursuit des recherches au laboratoire de l’Institut de zoologie auprès de Pierre Joly qui dirige un groupe de recherche sur la régulation endocrine du développement et de la reproduction des criquets migrateurs et qui encadrera sa thèse de science. C'est durant cette période qu'il rencontre sa future femme, Danièle Hirtzel, alors technicienne du laboratoire[7].

Premiers postes

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Après avoir été assistant délégué à la Faculté des sciences de Strasbourg en 1963, Jules Hoffmann entre au CNRS en 1964. Il y fera toute sa carrière. Jules Hoffmann a créé et dirigé le laboratoire CNRS « Réponse immunitaire et développement chez les insectes » installé à l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire du CNRS à Strasbourg. En 1970, Jules Hoffmann prend la nationalité française[8]. « Une carrière de chercheur était inimaginable à l'époque en restant au Luxembourg. J'ai donc décidé de demander la nationalité française, condition indispensable pour accéder à un poste d'universitaire dans ces années-là. Une démarche qui m'a coûté ma nationalité luxembourgeoise, mais grâce à laquelle j'ai obtenu la médaille d'or du CNRS », raconte avec émotion le biologiste, désormais directeur de recherche émérite au CNRS et professeur à l'université de Strasbourg[9]. Après un stage postdoctoral en Allemagne entre 1972 et 1974, auprès de Peter Karlson (de)[10], qui vient tout juste de décrire la structure de l’ecdysonehormone stéroïde chez les insectes —, il succède en 1978 à Pierre Joly à la tête du laboratoire de « Biologie humorale des insectes ». Il travaille alors à l’université de Strasbourg, d’abord à l’Institut de zoologie, puis à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire, qu’il dirige entre 1992 et 2005, et où il se consacre à l'étude des mécanismes de l’immunité innée et l’expression des gènes de la réponse immédiate chez la mouche du vinaigre, le récepteur Toll[7]. Il précise les mécanismes moléculaires de cette immunité innée dans un article princeps paru dans la revue Science en 1999[11].

En 1993, Jules Hoffmann organise à Versailles, avec Charles Janeway de l’université Yale, Alan Ezekowitz de l'université Harvard, Shunji Natori de l'université de Tokyo et Fotis Katafos, directeur du laboratoire de biologie moléculaire de l'université de Heidelberg, le premier congrès consacré à l’immunité innée[7].

Reconnaissance

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Directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique, Jules Hoffmann a des relations privilégiées avec les Académies des sciences étrangères, des places d’honneur dans les congrès et a reçu 14 prix scientifiques : il est notamment lauréat de la médaille d'or du CNRS 2011. La même année, il reçoit le prix Nobel de physiologie et de médecine, avec Bruce Beutler et Ralph Steinman, pour ses travaux sur l’immunité innée[7]. Il est également membre, depuis 2011, du conseil d'orientation de la fondation Écologie d'avenir[12], conseil présidé par Claude Allègre.

Le , l’Académie française officialise sa candidature au fauteuil no 7, vacant depuis la mort de Jacqueline de Romilly[13]. Il est élu lors de la séance du jeudi avec 17 voix sur 23[14]. Succédant à Jacqueline de Romilly, il est reçu sous la coupole par Yves Pouliquen le [15].

Jules Hoffmann est membre d'honneur de l'Académie d'Alsace des sciences, lettres et arts.

Jules Hoffmann est passionné par la lecture, la randonnée et le chant grégorien, faisant un pèlerinage rituel avec sa femme et ses enfants Marc et Isabelle à l’abbaye de Hohenbourg sur le mont Sainte-Odile[7].

Apports scientifiques

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Façade de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg

En 1959, à 18 ans, Jules Hoffmann publie son premier article sur les hétéroptères aquatiques du Grand-Duché de Luxembourg dans les Archives de l’Institut Grand-ducal de Luxembourg, Section des sciences naturelles, physiques et mathématiques[16].

La remise de la médaille d’or du CNRS est venue récompenser « ses découvertes [qui] ont fait émerger une vision nouvelle des mécanismes de défense que les organismes, des plus primitifs jusqu’à l’Homme, opposent aux agents infectieux ».

Ils concernent essentiellement le système immunitaire inné chez les insectes. Il a mis ainsi en évidence l’existence chez la drosophile de récepteurs Toll à certains champignons permettant d’activer la synthèse de certaines molécules antifongiques[17].

En 1996, Bruno Lemaitre et Jules Hoffmann apportent la première démonstration génétique de l'implication des récepteurs de type Toll dans l'immunité innée chez la drosophile. Cette découverte vaut à Hoffmann d'obtenir le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 2011[18],[19].

Prix et distinctions

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Hommages

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Le groupe scolaire de Lipsheim en Alsace prend son nom en 2013 et est inauguré en sa présence[26].

Le collège de la Robertsau à Strasbourg est renommé collège Jules-Hoffmann le .

Ouvrages

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  • Progress in Ecdysone Research, éd. Elsevier North Holland, 1980 (ISBN 0444801944)
  • (avec M. Porchet), Biosynthesis Metabolism and Mode of Action of Invertebrate Hormones, Berlin, New York, éd. Springer-Verlag, 1985 (ISBN 0387136673)

Notes et références

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  1. Il a pris la nationalité française en 1970, ce qui lui fit abandonner sa nationalité luxembourgeoise. Jean-Yves Nau, « Nobel 2011: comment notre soi nous défend contre les attaques de ce qui nous est étranger », sur slate.fr, 3 octobre 2011.
  2. Jos. A. Massard & Gaby Geimer, « Le professeur Jos Hoffmann (1911-2000), pédagogue, zoologue et défenseur de la nature, membre méritant de la Société des naturalistes luxembourgeois », Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois, vol. 116,‎ , p. 321-345 (lire en ligne)
  3. Geneviève Daune-Anglard, « Le couronnement de Jules Hoffmann », sur lalsace.fr,
  4. Martine Perez, « Un Nobel à l'Académie française », Le Figaro, 2 mars 2012.
  5. Après avoir passé avec succès le diplôme de fin d'études secondaires à Luxembourg en 1960 (Luxemburger Wort, 18 juillet 1960, p. 7), puis le premier et le deuxième examen de candidature préparatoire au doctorat en sciences naturelles à Luxembourg en 1961 et 1962 (Luxemburger Wort, 12 octobre 1961, p. 6, et 12 octobre 1962, p. 5).
  6. Luxemburger Wort, 26 septembre 1969, p. 5.
  7. a b c d et e Yves Pouliquen,« Réponse au discours de réception de M. Jules Hoffmann à l'Académie française » par Yves Pouliquen, 30 mai 2013
  8. Marielle Court, « À 70 ans, le Français nobelisé n’envisage pas la retraite », Le Figaro, 3 octobre 2011.
  9. « Jules Hoffmann | CNRS », sur www.cnrs.fr (consulté le )
  10. Jules Hoffmann, biologiste, document CNRS
  11. (en) JA Hoffmann, FC Kafatos, CA Janeway, RA Ezekowitz, « Phylogenetic perspectives in innate immunity », Science, vol. 284, no 5418,‎ , p. 1313-8
  12. « http://fondationecologiedavenir.org/Conseil_Orientation.htm »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  13. Communiqué de l’Académie Française
  14. « Le biologiste Jules Hoffmann élu à l’Académie française », Le Figaro, 1er mars 2012.
  15. Rédaction, avec AFP, « Le nobel de médecine Jules Hoffmann intronisé à l'Académie française », Le Quotidien le 30 mai 2013
  16. Hoffmann, J., 1959. Les Hétéroptères aquatiques du Grand-Duché de Luxembourg. Archvs Inst. gr.-d. Luxembourg, sect. sc. nat., phys. et math. 26: 125-186.
  17. Mangin L, Jules Hoffmann, médaille d'or 2011 du CNRS, Pour la Science du 22 septembre 2011
  18. B. Lemaitre, E. Nicolas, L. Michaut et J. M. Reichhart, « The dorsoventral regulatory gene cassette spätzle/Toll/cactus controls the potent antifungal response in Drosophila adults », Cell, vol. 86, no 6,‎ , p. 973–983 (ISSN 0092-8674, PMID 8808632, DOI 10.1016/s0092-8674(00)80172-5, lire en ligne, consulté le )
  19. a et b (en-US) « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 2011 », sur NobelPrize.org (consulté le )
  20. La Recherche, janvier 2011
  21. Le biologiste Jules Hoffmann reçoit la médaille d'or du CNRS
  22. Publié au Journal officiel de la République française du 1er janvier 2012.
  23. Le 17 mai 2014 a 10h00, s'est tenue au théâtre de Liège la cérémonie de remise des insignes de Docteur honoris causa sur proposition des Facultés et de mise à l'honneur des docteurs avec thèse de l'université de Liège. Jules Hoffmann était le docteur honoris causa de la Faculté de médecine vétérinaire.
  24. « Annonce des remises de décoration « Automne 2020 » », sur Ministry of Foreign Affairs of Japan (consulté le ).
  25. « Jules HOFFMANN | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  26. Actualité sur le site de la mairie de Lipsheim.

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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  • Biographie sur le site de l’Académie des sciences.
  • (en) Autobiographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)
  • Jules Hoffmann sur le site de l'Institut d'études avancées de l'université de Strasbourg (USIAS)