Laëtitia Perrais
Laëtitia Perrais, née à Nantes le , est une serveuse de l'hôtel de Nantes à La Bernerie-en-Retz. Elle est enlevée, violée et assassinée par Tony Meilhon dans la nuit du 18 au [1],[2].
Naissance | |
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Nom de naissance |
Laëtitia Aline Françoise Perrais |
Nationalité |
Biographie
modifierLaëtitia Perrais et sa sœur jumelle, Jessica, sont les filles de Sylvie Larcher, agent d'entretien à l'inspection académique, et Franck Perrais, serveur. Le couple se sépare en 1993 car Franck Perrais frappe et viole sa femme[3]. Il est condamné le par la cour d'assises de Loire-Atlantique à cinq années de prison pour viol et tentative de viol avec arme[1]. Les jumelles vivent alors chez leur mère qui, fragilisée par des années de mauvais traitements, est souvent hospitalisée pour troubles psychiatriques[4]. Elles sont, à la suite de l'hospitalisation de leur mère, accueillies par leur grand-mère. Sylvie Larcher sollicite une aide éducative et, le , le tribunal pour enfants de Nantes ordonne une mesure d'assistance éducative en milieu ouvert au bénéfice de Jessica et Laëtitia. Dès 1998, cette mesure d'AEMO est reconduite mais, au domicile du père, Franck Perrais, car Sylvie Larcher n'est plus en mesure de faire face.
Placement en foyer
modifierLe , à la suite des problèmes scolaires rencontrés par les jumelles, une ordonnance de placement provisoire est prononcée, et les jumelles sont prises en charge à l'Aide sociale pour l'enfance (ASE)[5] et placées au foyer de Paimbœuf. Les parents conservent l'autorité parentale mais perdent leur droit de garde[1]. Le , les jumelles quittent Nantes pour être admises à La Providence de Paimbœuf.
Placement dans la famille Patron
modifierEn 2005, elles choisissent de s'orienter vers une prise en charge par une famille d'accueil et sont envoyées pour une période d'essai chez Gilles et Michèle Patron qui habitent dans une maison à Pornic. Le leur domicile est établi route de la Rogère à Pornic par le juge des enfants.
Gilles Patron, né en 1950 à La Montagne, chaudronnier de profession[6] est un ancien secrétaire comptable de la Direction des constructions navales à Indret. Sans emploi à la suite d'un plan social, il devient assistant familial en 1995 pour le conseil général de Loire-Atlantique. La famille Patron accueille dès lors des enfants placés en famille d'accueil. Au total, la famille a accueilli six jeunes en placement durable et 48 en placement provisoire[7]. Gilles Patron est également délégué des familles d'accueil pour le pays de Retz. Sportif, il est également investi en tant qu'entraîneur dans des associations sportives de judo, de football et de gymnastique.
Michèle Patron est une institutrice retraitée de l'enseignement catholique[6],[8].
Les jumelles continuent, comme auparavant, de fréquenter le collège Louise-Michel, à Paimbœuf.
À partir de 2006, Gilles Patron commence à agresser sexuellement Jessica[9], profitant des liens affectifs qui se sont noués avec elle. Jessica pense que sa sœur est également victime de celui qu'elles considèrent comme leur père adoptif[10], et ces dires sont confirmés plus tard par Léa, la meilleure amie de Laëtitia[11]. En 2010, Léa dépose une plainte pour agression[11] et une amie de Jessica dépose une main courante dénonçant des gestes intrusifs[12]. Gilles Patron sera finalement condamné en 2014 à huit ans de réclusion[13].
En 2011, Laëtitia Perrais travaille en alternance à l’hôtel de Nantes à La Bernerie-en-Retz dans le cadre de la préparation d'un CAP de serveuse dans un centre de formation à Saint-Nazaire. Elle touche un salaire équivalent au SMIC. C'est une femme sans histoires, elle a un petit ami nommé Kevin, roule à scooter et mène une vie rangée, mais témoigne dans les derniers mois de sa vie d'une tristesse remarquée par ses proches[1]. Elle rédige dans les semaines avant son enlèvement des lettres de suicide et d'adieu aux personnes qu'elle aime[11]. Jessica Perrais prépare un CAP cuisine[5] au lycée professionnel de Machecoul.
Enlèvement et meurtre
modifierLaëtitia Perrais disparaît dans la nuit du 18 au [14].
Déroulement de la journée du 18 janvier
modifierDans la journée du , Laëtitia Perrais quitte son domicile route de la Rogère à Pornic à 10 h 30 à scooter pour se rendre à son travail à l'hôtel de Nantes à La Bernerie-en-Retz[1]. À 15 h, pendant sa pause, elle voit Jonathan, un ami du lycée de Machecoul, qui l'emmène faire un tour dans sa voiture. À 16 h 6, quand elle reçoit un appel de son amie Lydia, elle se dirige vers la plage. À 16 h 28, elle appelle son ami William et lui dit qu'elle vient de tromper son petit ami Kevin avec Jonathan. Sur la plage, elle rencontre Tony Meilhon qui la prend en photo avec son portable[pas clair] et lui fait fumer un joint. Tony Meilhon et Laëtitia Perrais se rendent ensuite au bar le Barbe Blues, où Gérald, un ami de Meilhon, lui fait remarquer la jeunesse de sa compagne. Laëtitia Perrais reprend son service à 18 h 30. Sa patronne la voit arrivant sur le parking avec Tony Meilhon, Laëtitia Perrais s'éloignant de lui en l'apercevant comme si elle était gênée[15]. Steven, qui travaille avec elle, entend cet homme lui dire qu'il viendra la chercher à sa sortie du travail le soir-même. À 21 h, Steven quitte son service et rentre chez lui en scooter. Il est suivi par Tony Meilhon dans une Peugeot 106 blanche, qui le force à s'arrêter sur le bas-côté en serrant son scooter, pensant qu'il s'agit de Laëtitia Perrais. Steven lui indique alors qu'elle est encore au travail. Tony Meilhon récupère Laëtitia Perrais à la sortie de son travail à 22 h. Ils passent un moment au bar le Barbe Blues, mais Tony Meilhon se dispute violemment avec un homme prénommé Yvan. Tony Meilhon emmène alors Laëtitia Perrais au Key46, un bar lounge, puis au Cassepot, un hameau où habite son cousin qui est alors en voyage. Alors que Laëtitia Perrais refuse d'avoir un rapport sexuel avec lui, il la jette violemment contre le mur puis la ramène à son scooter. Dans la voiture, Laëtitia Perrais envoie des SMS à son meilleur ami et confident, lui expliquant qu'elle vient d'être violée. À l'hôtel de Nantes, Anthony Deslandes, le fils de la patronne de Laëtitia Perrais, aperçoit cette dernière vers 1 h du matin penchée sur la vitre de la Peugeot 106. Visiblement en colère, elle se dispute avec Tony Meilhon. Il voit également la Peugeot 106 blanche repartir à très grande vitesse après le départ du scooter de Perrais. Selon Ivan Jablonka[16], Tony Meillhon comprend à ce moment-là que la jeune femme risque de porter plainte, or il est récidiviste et a déjà été condamné pour le viol d'un codétenu. Il est de plus à ce moment en liberté provisoire[1].
Enlèvement
modifierTony Meilhon poursuit alors le scooter de Laëtitia Perrais et le percute alors que celle-ci est à 50 mètres seulement de son domicile. Il met la jeune femme dans son coffre et démarre en trombe. Gilles Patron entend des portières claquer et une voiture démarrer. Il sort de sa maison, mais ne voit pas le scooter de Laëtitia.
Traitement judiciaire
modifierEn 2013, Tony Meillhon est condamné en première instance à la prison à perpétuité pour le meurtre de Laëtitia Perrais[17],[18]. La condamnation est confirmée en appel en 2015 par la cour d’assises de Rennes[19],[20].
Notes et références
modifier- Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes, France, Editions du Seuil, , 385 p. (ISBN 978-2-02-129120-9)
- « Le buste retrouvé dans un étang est bien celui de Laëtitia », L'Obs, (lire en ligne, consulté le )
- Stéphane Durand-Souffland, « L'hommage pervers de Tony Meilhon à sa victime », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
- Danièle Georget et Émilie Blachere, « La double peine de Jessica Perrais », Paris-Match, (lire en ligne, consulté le )
- Claire Devarrieux, « «Laëtitia», le corps du délire », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Patricia Jolly, « Gilles Patron, de victime à suspect », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « Affaire Laëtitia Perrais : Gilles Patron, le père d’accueil, remis en liberté », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « « Tout ce qu'on a fait de bien devient suspect ou mal » », leparisien.fr, (lire en ligne, consulté le )
- rédaction de RTL, « Nouvelles accusations de viol contre Gilles Patron », RTL, (lire en ligne)
- Lucie Dancoing, « "Laëtitia a été violée comme sa sœur" », Paris Match, (lire en ligne, consulté le )
- Ondine Millot, « Procès Meilhon : la face cachée de Lætitia », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « VIDEO. Le père d'accueil de Jessica et Lætitia Perrais jugé pour viols et agressions sexuelles », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Gilles Patron, le «père d'accueil» de Laëtitia Perrais, condamné à 8 ans de prison », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- « Retour sur l'affaire Laëtitia Perrais », leparisien.fr, 2011-08-17cest17:09:00+02:00 (lire en ligne, consulté le )
- Nadine Boursier et Frédéric Salle, « Disparition de Laëtitia : chronologie d'une affaire encore obscure », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Ivan Jablonka, Laëtitia ou la Fin des hommes, éd. Seuil, 2016, (ISBN 9782021291209). Ce récit a servi de base à une mini-série diffusée sur France 2 en 2020.
- rédaction Actu.fr, « L'affaire Laëtitia Perrais dans l'émission Faites entrer l'accusé sur France 2 dimanche 28 janvier », Actu.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Joshua Daguenet, « REPLAY - Faites entrer l'accusé (France 2) - Retour sur la tragédie de la jeune Laëtitia Perrais », Télé7jours, (lire en ligne, consulté le )
- rédaction Europe1, « Meurtre de Laetitia Perrais : Tony Meilhon condamné à la perpétuité », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
- rédaction Europe1, « Tony Meilhon, le meurtrier de Laëtitia Perrais, demande 8 000 euros de réparations à l'État », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Ivan Jablonka, Laëtitia ou la Fin des hommes, Seuil, 2016
Articles connexes
modifierLiens externes
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