La Clémence de Scipion

La Clémence de Scipion, appelé aussi La Continence de Scipion, est l'histoire légendaire et mythique de la prise de la cité de Qart Hadasht (ou Nouvelle Carthage, aujourd'hui Carthagène en Espagne) par le général romain Scipion l'Africain, qui est devenu l'un des thèmes préférés de la poésie, de la littérature, de la sculpture et de l'opéra durant la Renaissance et le baroque.

La Clémence de Scipion. Fresque de Giambattista Tiepolo à Rome au Palazzo Dugnani (it).

La Clémence de Scipion

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Le plus ancien récit de la prise de Qart Hadasht (209 av. J.-C.) qui nous soit parvenu est le récit de Polybe, historien du début du Ier siècle av. J.-C.[1]. L'histoire légendaire de la continence de Scipion à l'issue de la bataille s'est développée dans la littérature latine d'abord, avec des conséquences sur les textes littéraires au VIe siècle, puis sur la peinture et l’iconographie à partir de la Renaissance jusqu'au XIXe siècle.

S'appuyant sur le récit de Polybe, Tite-Live propose une nouvelle version près d'un siècle plus tard dans son Histoire romaine. Le récit est remarquablement agrandi et enrichi par rapport à l'original : après la prise de la ville sous le commandement de Scipion l'Africain, quelques soldats romains présentent à leur général une jeune princesse d'une exceptionnelle beauté qu'ils viennent de capturer. La jeune fille est destinée à devenir la captive de Scipion. Mais elle était promise à Allutius (ou Allucius), prince celtibère et un des notables de la ville. Le père de la princesse se présente alors à Scipion : il apporte une rançon pour la liberté de sa fille. Scipion, malgré sa jeunesse et son désir, malgré le droit de la guerre, donne l'ordre de la rendre à son père et de consigner la rançon comme dot pour les noces[2].

Le geste de Scipion n'était sans doute pas dénué de calcul politique : il s'agissait de détacher les Celtibères de leur alliance avec les Carthaginois. Mais le récit de Tite-Live se présente avant tout comme un exemplum virtutis, une leçon sur le triomphe de la vertu. Après avoir triomphé au combat, Scipion triomphe de lui-même et de son propre désir. La figure de Publius Cornelius Scipion en sort pour ainsi dire déifiée, et l'épisode est présenté comme celui de la conversion du chef militaire en un modèle de vertu pour les Romains.

Dans la peinture

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La Clémence de Scipion (1505)
Giovanni Bellini
Washington

Les exemples de peintures qui représentent ce thème sont nombreux. Ainsi, on a :

Dans l'opéra

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Ce thème de La Continence de Scipion a émergé, comme presque tous les opéras historiques, à Venise et a inspiré, au moins dix neuf opéras entre 1664 et 1815. Les opéras sur le thème de Carthago Nova ont été publiés pour l'ensemble de l'Italie (Venise, Rome, Naples, Florence, Ferrare, Milan…), et à Londres. L'histoire de Scipion est également vue en Allemagne et en Autriche, et même à la cour des Tsars à Saint-Pétersbourg.

Quelques exemples :

Haendel a composé l'opéra Scipion sur un Livret de Paolo Rolli en 1726 pour sa première au King's Theatre de Londres. Pour l'occasion, Haendel possédait une distribution de haut niveau : la diva Francesca Cuzzoni, dans le rôle de la princesse Bérénice, et les sopranos castrats rivaux Senesino dans le rôle de Luceius et Antonio Baldi dans celui de Scipion.

Notes et références

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  1. Polybe, Histoire: livre X, chapitre XIX
  2. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXVI, paragraphe 50.
  3. Pittoni, Musée du Louvre
  4. Collection d'État, Munich

Bibliographie

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Iconographie : voir Utpictura18, Scipion : « Utpictura 18 », sur Utpictura 18, (consulté le ).

  • (es) A. Egea Vivancos, La Continencia de Escipión, Panta Rei (ISSN 1136-2464). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article