Le Concert champêtre (Titien)

tableau du Titien

Le Concert champêtre
Artistes
Date
Type
Matériau
Dimensions (H × L)
105 × 136,5 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvements
Propriétaires
No d’inventaire
INV 71, MR 251Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Salle 711 (d), VeniseVoir et modifier les données sur Wikidata

Le Concert champêtre est un tableau peint vers 1509, aujourd’hui conservé dans les collections du département des Peintures du musée du Louvre.

Histoire modifier

L'œuvre appartient d'abord aux Gonzague et particulièrement à Isabelle d'Este. Elle parvient ensuite à Charles Ier d'Angleterre et puis au banquier français Everhard Jabach. Enfin Louis XIV de France la fait entrer au palais du Louvre en 1671.

Ajoutons l'acquisition qu'Alfred de Musset fit d'une copie du tableau. La reproduction de cette toile (donnée, selon lui pour être de Giorgione) offrait au poète alors souvent reclus, souffrant et maussade, par ailleurs contraint d'observer des habitudes domestiques économes, occasion de se réjouir à peu de frais par la possession de cette œuvre. Aussi trouvait-il dans la libre contemplation de cette peinture qu'il affectionnait singulièrement beaucoup de distraction aux maux physiques et moraux qui avaient coutume de l'accabler et le tenaient ordinairement en son entresol parisien[1].

Description modifier

Deux jeunes gens sont assis dans un paysage vallonné. L'homme vêtu d'un costume rouge à manches bouffantes joue d'un luth pendant que son compagnon vêtu d'une tunique verte se penche vers lui.

Ils sont accompagnés de deux femmes dont les toges sont tombées, les laissant largement dénudées. La femme de gauche se tient debout et verse de l'eau dans une vasque de marbre. L'autre femme, assise, joue de la flûte .

Interprétation modifier

Les historiens de l'art proposent des interprétations variées de ce tableau.

Il pourrait s'agir d'une allégorie de la poésie[2], car dans l'antiquité grecque la flûte était l'un des attributs de la muse de la poésie épique, Calliope. Dans ce tableau, les deux femmes nues ont une beauté idéale, elles ne peuvent pas être réelles : elles n'existent que dans l'imaginaire des deux hommes qu'elles inspirent. Il était fréquent que les peintres du XVIe siècle représentent simultanément le visible et l'invisible.

Le thème de la musique dans un paysage serein, complété par la présence au second plan d'un berger avec ses moutons, peut être interprété aussi comme une représentation de l'Arcadie[2], pays légendaire peuplé de bergers qui vivent heureux et jouent de la musique.

Controverse sur l'attribution modifier

Son attribution fait encore problème parmi les spécialistes : longtemps attribué à Giorgione, l’attribution à Titien n’est pas retenue par tous les historiens de l’art moderne, dans la mesure où certains voient dans cette œuvre une collaboration entre Giorgione et Titien : il existe une réelle possibilité pour que Giorgione ait commencé un tableau, où prédominent des éléments typiques de son œuvre, tels que la musique, l’oisiveté pastorale et la représentation simultanée du visible et de l’invisible, que son élève aurait terminé après sa mort, en 1510.

Postérité modifier

Le tableau fait partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[3].

Notes et références modifier

  1. Adèle Martellet, Alfred de Musset intime : souvenirs de sa gouvernante (pages 52-53)/ Mme Martellet (Adèle Colin) (lire en ligne) :

    « M. de Musset me raconta, un jour qu'il venait de voir chez une marchande d'antiquités qui demeurait à notre porte, 21, quai Voltaire, une vieille toile qui lui plaisait. C'était le Concert Champêtre du Giorgione. Il me dit : Allez le voir, je ne le crois pas trop cher. [...] J'étais heureuse quand je pouvais faire plaisir à M. de Musset; c'était le meilleur des hommes. Lorsqu'il eut son tableau, il resta plusieurs jours sans sortir, admirant cet objet d'art. »

  2. a et b « Fiche d'œuvre », sur Louvre.fr (consulté le )
  3. Paul Veyne, Mon musée imaginaire, ou les chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Paris, Albin Michel, , 504 p. (ISBN 9782226208194), p. 270-2671.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

Liens externes modifier