Musée des familles

magazine, série
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Le Musée des familles, sous-titré Lectures du soir, est l'un des tout premiers périodiques illustrés à bas prix du XIXe siècle à voir le jour en France. Son fondateur, Émile de Girardin, souhaitait en faire avant tout un « Louvre populaire », accessible aux familles modestes peu cultivées, plus attirées par les images que par les textes[1]. C'est ainsi que le journal, qui a paru d' à , a publié, toujours de manière illustrée, d'innombrables articles étonnamment variés, ainsi que les premières versions de romans célèbres sous forme de feuilletons. Le périodique n'a que très rarement abordé les faits de société ou la politique contemporaine. Par contre, la religion (catholique), sans être surabondante, a transparu continûment au fil des articles, des pages et des recueils annuels du journal.

Musée des familles
Image illustrative de l’article Musée des familles
Couverture de la revue Le Musée des familles conçue par Théophile Fragonard (1854-1855).

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire, mensuel, bimensuel
Genre Revue populaire illustrée
Date de fondation 1833
Ville d’édition Paris

Propriétaire Sociétés à commandites successives puis Charles Delagrave
Rédacteur en chef Successivement : Samuel-Henri Berthoud, Pitre-Chevalier, Charles Wallut, Eugène Muller
ISSN 1256-2548

Le Musée des familles a publié à travers des nouvelles, des romans-feuilletons, des récits de voyages réels ou fictifs, un nombre considérable d'auteurs célèbres. On pourra citer Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Paul Féval, Théophile Gautier, Eugène Sue, Victor Hugo, Jules Verne, et bien d'autres encore. Il a aussi exploité le talent d'illustrateurs célèbres tels Paul Gavarni, Grandville, Tony Johannot, Honoré Daumier, etc.

Histoire

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Les débuts : 1833-1836

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Le Émile de Girardin s'associe à Auguste Cleemann et Laurent-Joseph Boutmy (1806-1849) pour fonder une société à commandites dont l'objet est la publication d'un journal mensuel, titré Musée des Familles imité des Penny Magazines anglais[2].Pour démarrer l'affaire les trois actionnaires rachètent d'abord Le Père de famille[2], un journal qui compte 12 000 abonnés à qui ils vont proposer le Musée des familles en remplacement de leur ancienne revue. Le premier fascicule hebdomadaire de 8 pages paraît le et le premier mensuel de 32 pages le . Le journal n'est vendu que sous forme de souscriptions mensuelles ou annuelles. L'abonnement annuel, fixé à 5 francs, fait que le fascicule hebdomadaire revenait à 10 centimes, ce qui vaudra au Musée des familles le qualificatif de « journal à deux sous. » Le le directoire du journal nomme Samuel-Henri Berthoud rédacteur en chef[3]. Grâce à lui les tirages augmentent et atteignent 52 000 en fin d'année. Afin d'améliorer encore ses tirages, le journal absorbe le La Mosaïque, une revue réputée pour la qualité de ses illustrations[4].

Jeunesse : 1837-1842

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Malheureusement, en 1837 le journal accuse sa première baisse de régime, avec des résultats financiers peu encourageants. Aussi Auguste Desrez, lui-même actionnaire et "directeur du matériel" du journal, propose à Émile de Girardin et ses acolytes de leur racheter le journal 60 000 francs. L'affaire est conclue et une nouvelle société à commandites, au même nom, voit le jour le [5]. Malgré diverses initiatives, la santé du journal reste précaire et en 1840 il est à nouveau mis en vente[4]. En 1842 il est même interdit de publication et mis à nouveau en vente[6]. Les nouveaux propriétaires du journal congédient alors Samuel-Henri Berthoud et nomment Pitre-Chevalier (1812-1863) à la direction éditoriale[7].

acmé : 1843-1882

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Pitre-Chevalier prend très à cœur sa nouvelle tâche et fait rapidement sien le journal. Il le réorganise, lui donne un meilleur aspect, et multiplie les nouvelles chroniques. Pourtant, après les évènements de 1848, le journal est à nouveau mis en vente. Ferdinand Wallut (1792-1885), Louis-Édouard Bougy et Pitre-Chevalier s'associent alors pour racheter le journal 70 000 francs[8]. Pitre-Chevalier, qui reste à la direction éditoriale, est secondé par Bougy, tandis que Ferdinand Wallut introduit son fils, Charles Wallut, à la rédaction journal. Dès lors le périodique gagne en popularité. Il tire encore à 30 000 exemplaires en 1855[9] et atteint son acmé vers 1860. Connu et reconnu, il finit même par être adopté par le ministère de l'instruction publique[10]. Si Pitre-Chevalier fait souvent appel à des rédacteurs réputés, il n'hésite pas à recourir aussi parfois à de jeunes plumes prometteuses comme Jules Verne qu'il publie à partir de 1851. Après le décès de son épouse en 1859, la santé de Pitre-Chevalier se détériore et il décède prématurément le à Paris alors que le Musée des familles est en pleine prospérité. Aussi, Charles Wallut et Louis-Édouard Bougy n'hésitent pas à racheter la société à leur nom pour 100 000 francs[11], et à poursuivre la publication du journal.

déclin : 1882-1900

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En début d'année 1882 Charles Wallut abandonne son poste de directeur et revend le journal à Charles Delagrave (1842-1934). L'éditeur cherchait en effet à la même époque à diversifier ses publications et à toucher davantage les classes populaires avides de revues instructives et récréatives[12]. Il confie la direction éditoriale du Musée des familles à Eugène Muller (1826-1913)[13] qui était déjà et de longue date un collaborateur aguerri et apprécié du Musée. Fin 1882 Delagrave, qui juge le journal peu rentable, décide de doubler le tarif de l'abonnement annuel en contrepartie d'une publication à présent bimensuelle[14]. De même, en 1892 l'éditeur décide de mettre sur le marché, en plus du journal originel, un nouveau Musée des familles en édition populaire hebdomadaire à prix modique[15]. Mais l’expérience échoue et le Musée primitif finit par avoir raison de son ersatz populaire en [16]. Peu à peu les ventes déclinent et en , Charles Delagrave se voit contraint de réduire de moitié le tarif de l'abonnement annuel et donc de revenir à la publication mensuelle d'antan[17]. Cette initiative n'est toutefois pas suffisante pour sauver le journal qui cesse de paraître définitivement au second semestre 1900[18].

Contributeurs célèbres

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  • La Vie de château : volume 1 (1833-1834), , pp. 60-61
  • Les Méchancetés d'un saint : volume 9 (1841-1842), , pp. 353-361
  • Madame de la Chanterie : volume 10 (1842-1843), , pp. 361-369 et volume 12 (1844-1845), , pp. 1-8, , pp. 33-39
  • Moïse ; Homère  : volume 1 (1833-1834), , pp. 165 167, sous la rubrique "Géographie antique"
  • Hérodote : volume 1 (1833-1834), , pp. 141-142, sous la rubrique "Géographie antique/seconde partie"
  • Les Mystères : volume 4 (1833-1834), , pp. 161-166, sous la rubrique "Études littéraires"[19]
  • Frédérik Lemaitre (biographie) : volume 8 (1840-1841), , pp. 157-160, sous la rubrique " Mercure de France (du au )"
  • Les Merveilleuses Aventures du Comte Lyderic : volume 8 (1840-1841), , pp. 373-377 ; volume 9 (1841-1842), , pp. 1-14 et pp. 33-44
  • Les Aventures d'une colonne' : volume 10 (1842-1843), , pp. 33-36, sous la rubrique "Impressions de voyage"
  • La Bataille de Friedland : tome 11 - deuxième série (1843-1844), , pp. 169-174 et , pp. 196-200
  • Le Pérugin : tome 11 - deuxième série (1843-1844), , pp. 321-324
  • Quentin Metzis : tome 2 - deuxième série (1844-1845), , pp. 23-26
  • Les Peintres célèbres. Apelles : tome 3 - deuxième série (1845-1846), , pp. 33-37
  • Les Peintres célèbres : CImabué ; Giotto : tome 3 - deuxième série (1845-1846), , pp. 112-116
  • Les Peintres célèbres sous titré "André Orgagna. - Spinello. - Dello. - Paul Ucello." : tome 4 - deuxième série (1846-1847), , pp. 373-376
  • Les Peintres célèbres : Michel-Ange : tome 5 - deuxième série (1847-1848), , pp. 1-8
  • Les Souffrances de Michel-Ange : tome 7 - deuxième série (1849-1850), , pp. 18-22 et , pp. 57-60, sous la rubrique "L'art et les artistes italiens"
  • Les Récompenses de Michel-Ange : tome 8 - deuxième série (1850-1851), , pp. 6-7, avec le sous titre "Une lettre de François Ier"
  • Études sociales : Les Ouvriers de Londres : tome 5 - deuxième série (1847-1848), , pp. 313-320 ; , pp. 343-350 ; , pp. 374-378
  • Le Chevalier Ténèbre : tome 27 (1859-1860), , pp. 193-208, 211-215, 227-240, 243-246
  • La Garde noire : Soirée chez la Marquise : tome 28 (1860-1861) ; , pp. 225-238, , pp. 257-270, , pp. 305-319
  • Le Poisson d'or : Soirée chez la Marquis : tome 29 (1861-1862) ; 178-190, , pp. 202-216, , pp. 218-221, , pp. 233-248 et 250-254
  • La Reine Margot et le Mousquetaire : tome 30 (1862-1863) ; , pp. 19-28, , pp. 52-60
  • La Légende du fil de la Vierge : tome 31 (1863-1864), , pp. 17-19
  • Le Juif-Errant, conte pour les grands enfants : tome 31 (1863-1864), , pp. 257-274 , pp. 305-317 , pp. 321-331
  • Le Chevalier double : volume 7 (1839-1840), , pp. 289-293, sous la rubrique "Contes étrangers"
  • Le Pied de momie : volume 7 (1840-1841), , pp. 367-372, sous la rubrique "Contes étrangers"
  • Saint Christophe d'Écija (poésie) : volume 8 (1840-1841), , p. 211, sous la rubrique "Études poétiques"
  • Hoffmann : volume 8 (1840-1841), , pp. 118-119, sous la rubrique "Études littéraires"
  • Notre Dame de Tolède : volume 8 (1840-1841), , pp. 282-283, sous la rubrique "Études poétiques"
  • Deus Acteurs pour un rôle : volume 8 (1840-1841), , pp. 296-300, sous la rubrique "Fantaisies littéraires"
  • Sur un album : volume 9 (1841-1842), , p. 24, sous la rubrique "Études poétiques"
  • M. Eugène Sue : volume 9 (1841-1842), , pp. 282-284, sous la rubrique " Mercure de France (du au )/Études littéraires"
  • M. Eugène Sue (deuxième article) : volume 9 (1841-1842), , pp. 319-320 sous la rubrique " Mercure de France (du au )/Des Contemporains"
  • La Mille et deuxième nuit : volume 9 (1841-1842), , pp. 321-330
  • La Tauromachie : volume 10 (1842-1843), , pp. 341-348
  • Le Berger : tome 11 - deuxième série (1843-1844), , pp. 225-232
  • Exposition de l'Industrie de 1844 : tome 11 - deuxième série (1843-1844), , pp. 252-254 et , pp. 314-320[20]
  • L'Oreiller d'une jeune fille : tome 2 - deuxième série (1844-1845), , pp. 257-260
  • Le Pavillon sur l'eau : tome 3 - deuxième série (1845-1846), , pp. 353-358, avec le sous-titre "Nouvelle chinoise"
  • Voyage en Espagne avec le sous titre ""  : tome 4 - deuxième série (1846-1847), , pp. 86-93, et , pp. 97-108
  • Que la musique date du seizième siècle : volume 7 (1847-1848), pp. 286-288, avec une introduction de Samuel-Henry Berthoud
  • Friburg en Brisgaw : la cataracte du Rhin : tome 2 - deuxième série (1844-1845), , pp. 218-221
  • La Charité (conte arabe) : tome 5 - deuxième série (1847-1848), , p. 142, sous la rubrique "Poésies"
  • Lamartine et lady Stanhope : tome 5 - deuxième série (1847-1848), juin 1848, pp. 285-288, sous la rubrique "Revue du mois"
  • Une Confidence de M. de Lamartine : tome 6 - deuxième série (1848-1849), , pp. 374-375[21]
  • Le Grillon : tome 7 - deuxième série (1849-1850), , p. 156, sous la rubrique "Journal du mois/revue des lettres et des arts"[22]
  • Le Dernier Coup de fusil : tome 23 (1855-1856), , pp. 357-359, sous titré "Souvenir de chasse"
  • Préface générale des œuvres complètes de M. de Lamartine : tome 27 (1859-1860), , pp. 283-284
  • Le Commentaire de Girondin : tome 28 (1860-1861), , pp. 346-349, sous titré "Pages inédites de M. de Lamartine"
  • J.J Rousseau : tome 28 (1860-1861), , pp. 354-355, sous la rubrique "Études biographiques et littéraires"
  • L'Hôtel Colbert : volume 3, , pp. 110-116. Une note du journal précise qu'il s'agit d'un « fragment de l'Histoire de la Marine que publie en ce moment M. Eugène Sue. »

Jules Verne a signé explicitement 11 textes pour le Musée des familles[23], mais il n'est pas impossible que d'autres écrits du journal, anonymes ou signés d'un pseudonyme, lui soient attribuables[24]

Notes et références

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  1. Émile de Girardin « Aux lecteurs du Musée des familles », in Musée des familles, vol. 1 (1833-1834), p. 133
  2. a et b Pour le détail des actes de la société, voir le Journal des débats politiques et littéraires du mercredi 2 octobre 1833, p. 4
  3. Selon la BNF in Notice bibliographique du Musée des familles (03/2012)
  4. a et b Factum Lebrun contre Wallut et Cie, p. 2 - Source Gallica
  5. "Répertoire des sociétés commerciales", in Écho des tribunaux de commerce et des sociétés commerciales, n° 1, février 1838, pp. 3-4
  6. "Écrits, gravures, lithographies et dessins immoraux ou obscènes qui ont été condamnés de 1814 à 1950, et dont la vente est interdite" in Procédure administrative des bureaux de police à l'usage des préfectures, 1866, p. 300
  7. Charles Louandre et Félix Bourquelot "Chevalier [Pierre]", in La Littérature contemporaine 1827-1844, tome II, Félix Daguin 1846, p. 623
  8. Baron Gaëtan de Wismes "Pitre Chevalier (1812-1863). sa vie et ses œuvres. son centenaire" in Société académique de Nantes et de Loire-Inférieure. annales de la Société 1912, p. 285
  9. "Avis important. Étrennes de 1855" 4e de couverture de la chemise de livraison de décembre 1854 du Musée des familles (n°3)
  10. "Avertissement", in Musée des Familles, tome 36 (1868-1869), au verso de la page de titre
  11. Baron Gaëtan de Wismes "Pitre Chevalier (1812-1863). sa vie et ses œuvres. son centenaire" in Société académique de Nantes et de Loire-Inférieure. annales de la Société 1912, pp. 26-27
  12. "Avertissement" in Musée des familles, tome 42, (1875), au verso de la page de titre du volume
  13. Adolphe Bitard "Muller Eugène" in Dictionnaire de biographie contemporaine et étrangère, A. Lévy et Cie (1887), p. 212
  14. « À nos abonnés », in Musée des familles, tome 49 (1882), p. 342
  15. Voir "Causeries - Notre édition populaire", in Musée des familles édition populaire hebdomadaire, n°1, 7 janvier 1892, p.2
  16. Selon le catalogue général de la BNF
  17. "Avis à nos souscripteurs", in Musée des Familles, tome 83 (second semestre 1899), p. 376
  18. La BNF situe le dernier n°du Musée des Familles au 15 juin 1900, toutefois, la revue Le Rigolo du 27 janvier au 2 février 1901, p. 4 signale que le Musée des familles a publié « son n° du 15 octobre 1900 »
  19. La table des matières en fin du volume corrige le titre : "Mystères (des) au moyen-âge"
  20. Seul l'article de juillet est explicitement signé par Th. Gautier, mais les deux articles de mai et de juillet sont attribués à l'auteur dans la table des matières en fin du volume 11 (p. 320)
  21. Il s'agit d'un extrait de la préface aux Secondes méditations
  22. Il s'agit d'un extrait des Harmonies poétiques
  23. Voir notamment Zvi Har’El’s Jules Verne Collection
  24. Voir notamment Olivier Dumas : « Coup de filet dans le Musée des familles », Bulletin de la société Jules Verne, n° 35-36, 1975, pp. 35-36.

Sources

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  • Bacot, Jean-Pierre, La Presse illustrée au XIXe siècle. Une histoire oubliée, Pulim (2005)
  • Besson de Petit de Baroncourt, Physionomie de la presse, ou Catalogue complet des nouveaux journaux (1844)
  • Bonaffé, Pierre, Pitre-Chevalier, Leroux (1905)
  • Larousse, Nouveau dictionnaire illustré, 7 volumes (1874 et 1905)
  • Mongin, Jean-Louis, Jules Verne et le Musée des familles, Encrage (2013)
  • Vapereau,Dictionnaire universel des contemporains, Hachette (1865)
  • Wismes, Gaétan de, Pitre-Chevaliet 1812-1863 : sa vie et ses œuvres. Son centenaire, Brioché et Dantais (1913)
  • Journal des débats politiques et littéraires (1814-1944)
  • La Presse (1836-1952)
  • Musée des Familles (1833-1900) : volumes annuels ou semestriels n° 1 à 84, ainsi que les chemises des livraisons des fascicules mensuels

Liens externes

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