Chute de Saïgon

prise de la ville de Saïgon, capitale du Sud Viêt Nam, par l'armée du Nord Viêt Nam
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La chute de Saïgon (appelée aussi « libération de Saïgon » par les communistes vietnamiens) est la prise de la ville de Saïgon, qui sera renommée par les autorités communistes Hô Chi Minh-Ville le 2 juillet 1976 et qui était alors la capitale de la République du Viêt Nam (Sud-Viêt Nam), par l'armée du Viet Nam du Nord ou armée populaire vietnamienne le . Cet événement marque la fin de la guerre du Viêt Nam et le début d'une période de transition menant à la réunification officielle du Viêt Nam sous le régime communiste.

Chute de Saïgon
Description de cette image, également commentée ci-après
Un marine américain au QG du bureau de l'attaché à la Défense (ancien Military Assistance Command, Vietnam) durant l'opération Frequent Wind.
Informations générales
Date
Lieu Saïgon (aujourd'hui Hô Chi Minh-Ville), Sud-Viêt Nam
Issue Victoire décisive du Nord-Viêt Nam
Chute de la République du Viêt Nam
Belligérants
Nord-Viêt Nam
Việt Cộng
Sud-Viêt Nam
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Australie Australie
Commandants
Văn Tiến Dũng
Trần Văn Trà
Hoàng Cầm
Le Duc Anh
Dinh Duc Thien
Vu Lang
Nguyễn Hữu An
Nguyễn Văn Toàn
Nguyen Hop Doan
Forces en présence
450 000 soldats 31 000 soldats

Guerre du Viêt Nam,
Campagne Hô-Chi-Minh

Batailles

Coordonnées 10° 46′ 41″ nord, 106° 41′ 46″ est

Appellations diverses

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Ces événements sont appelés de plusieurs noms. Le gouvernement vietnamien l'appelle habituellement le « jour de réunification »[1] (en vietnamien : « Ngày Thống nhất ») ou « jour de la libération » (Ngày Giải Phóng)[2].

« Chute de Saïgon » est généralement utilisé par les Occidentaux. Les Vietnamiens expatriés l'appellent « Ngày mất nước » (littéralement « le jour où nous avons perdu le pays », en anglais « the Day we Lost the Country »)[3], « Tháng Tư Đen » (« avril noir », pour le mois d’avril en entier)[2],[4],[5],[6],[7], « Ngày Quốc Nhục » (« journée nationale de la Honte » ou « National Day of Shame »)[8], ou « Ngày Quốc Hận » (« journée nationale du ressentiment »)[2],[9],[10].

Contexte historique

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Théâtre des opérations, avril 1975.

L'offensive communiste à compter de mars 1975 voit l'effondrement des positions de l'armée sud vietnamienne. Une note de service de la CIA estime le 5 mars 1975 que le Sud-Viêt Nam pourrait tenir encore pendant la saison sèche au moins jusqu'en 1976[11]. Ces prévisions se sont révélées être gravement erronées. Le général nord-vietnamien Văn Tiến Dũng lance une offensive contre les Montagnes centrales du Viêt Nam qui se conclut par la prise de Buôn Ma Thuột le 10 mars et accule l'armée sud vietnamienne à une retraite en désordre jusqu'au 13e parallèle nord.

Appuyée par son artillerie et ses blindés, l'armée nord vietnamienne poursuit sa progression vers Saïgon, s'emparant des grandes villes sud-vietnamiennes, dont Huế le 25 mars et Da Nang le 28 mars. Cette offensive surprise provoque un exode massif de populations du Sud : plus de 300 000 réfugiés, notamment venant du secteur de Da Nang.

Début avril 1975, la région de Saïgon est encerclée. Après une quinzaine de jours de combats acharnés à compter du 9 avril à Xuân Lộc, dernier verrou avant Saïgon, où la 18e division de l'armée sud vietnamienne tente d'enrayer la progression des forces communistes, le président Nguyễn Văn Thiệu démissionne le 21 avril et est remplacé par le vice-président Trần Văn Hương, lui-même remplacé le 28 avril par Dương Văn Minh, surnommé « le Président de 3 jours ». Les troupes nord-vietnamiennes sont alors aux portes de Saïgon.

Déroulement et suites

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Réfugiés vietnamiens fuyant Saïgon à bord d'un porte-avions américain.

Le général Văn Tiến Dũng lance l'assaut final sur la ville le à 6 heures du matin, après une journée de bombardements qui, en touchant entre autres l'aéroport de Tân Sơn Nhất, y feront les deux dernières victimes parmi les soldats américains : les deux marines Charles McMahon et Darwin Judge. Les troupes sud-vietnamiennes, menées par le général Nguyễn Văn Toàn, continuent de se battre sans relâche dans la ville en ruines bien qu'en large infériorité numérique, tandis que l'opération Frequent Wind évacue très rapidement les derniers personnels américains encore présents. Beaucoup de membres importants du gouvernement sud-vietnamien et de civils sont également évacués par les U.S.Marines vers les bâtiments militaires, au large de Saïgon ou vers la Thaîlande, à partir entre autres de l'ancien quartier-général du Military Assistance Command, Vietnam. Au total, plus de 7 000 personnes seront évacuées en quelques jours (dont 1 373 Américains et 5 595 Sud-Vietnamiens).

Dans les premières heures du 30 avril, la 324e division nord-vietnamienne est la première unité constituée à entrer dans la ville. Après que les communistes ont refusé toutes négociations, ce jour-là, le président de la République Dương Văn Minh ordonne la reddition des troupes de l'armée sud-vietnamienne, reddition qui est acceptée par les autorités du Viet Nam du Nord, tandis que des hélicoptères américains surchargés évacuent la ville et que les premiers boat people font leur apparition. À 7 h 53, le 30 avril, le dernier hélicoptère décolle du toit de l'ambassade des États-Unis à Saïgon : des milliers de Sud Vietnamiens, candidats à l'exil, se pressent encore dans les jardins.

À 10 h 24, le président du Sud-Viêt Nam annonce la capitulation du pays. À 11 h 30, des chars nord-vietnamiens détruisent les portes du palais présidentiel. Le drapeau du Việt Cộng est hissé sur le toit du palais.

Le colonel nord-vietnamien Bui Tin, alors l'officier du rang le plus élevé à pénétrer dans le palais présidentiel de Saïgon, reçoit la reddition du Président Dương Văn Minh.

À 15 h 30, le dernier président de la République du Viêt Nam annonce à la radio : « Je déclare que le gouvernement de Saïgon... est complètement dissous à tous les niveaux ». Ses paroles marquent ainsi la dissolution du Sud-Viêt Nam et la fin des guerres d'Indochine, qui aura duré plus de trente ans, le conflit ayant commencé par la reconquête de l'Indochine française, en septembre 1945, avec le retour de l'armée française et l'envoi des forces françaises sous l'autorité du général Philippe Leclerc de Hauteclocque en 1946.

Cet ultime épisode entame le processus de réunification qui sera officiellement achevé le .

Environ 2 millions de boat-people fuient le pays dans les trois décennies suivantes[12]. Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 250 000 d'entre eux trouvent la mort en mer, ce qui fait plus de 10 % des réfugiés morts tragiquement.

Très peu de documents subsistent sur les quelque mille camps de rééducation politique instaurés par les autorités communistes, destinés aux anciens cadres civils et militaires de l'ancien régime sud vietnamien apparus après le 30 avril 1975 et dont les derniers n'ont été démantelés qu'environ 30 ans après[12].

En ce qui concernait l'élite militaire et civile ainsi que les personnes fortunées, la fuite se faisait par voie aérienne, en donnant des pots de vin en dollars américains pour s'assurer une fuite plus ou moins confortable et la destination finale était le plus souvent les États-Unis, qui ont accueilli plus de 300 000 personnes, anciens citoyens du Sud Viet Nam.

Sur décision du président Valéry Giscard d'Estaing, la France, ancienne puissance coloniale de l'Indochine jusqu'au départ des dernières troupes et services en juillet 1956, a elle-même accueilli environ 130 000 personnes, qui étaient réfugiées dans divers camps établis dans les pays du Sud Est asiatique.

Commémoration

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Panneau à Hanoi en 2009, représentant la destruction des portes du palais présidentiel par un char nord-vietnamien le 30 avril 1975.

À la suite de cet événement, le 30 avril est devenu un jour férié au Viêt Nam où il est connu sous le nom de « Jour de la Libération » ou encore « Jour de la Réunification ». Pour les anciens citoyens de la République du Viet Nam, qui se sont réfugiés pour leur majorité en pays anglophones, ce mois est dénommé « Black April » (Avril noir) et le 30 avril est un jour de commémoration de la chute de l'ancienne capitale sud-vietnamienne.

Notes et références

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  1. (en) Ho Chi Minh City to hold military parade to celebrate Reunification Day , sur tuoitrenews.vn (consulté le 22 septembre 2015).
  2. a b et c (en) « Black April », UNAVSA Knowledge, UNAVSA (consulté le )
  3. (en) How Vietnamese-Americans reintroduced the US to Vietnam. Sur Quartz.
  4. (en) « Black April », VNAFMAMN (consulté le )
  5. (en) Secretary of State, « Assembly Concurrent Resolution No. 220 Chapter 74 Relative to Black April Memorial Week », Legislative Counsel's Digest, California Legislative information (consulté le )
  6. (en) Eric Kurhi, « Black April ceremony honors Vietnam War soldiers in San Jose », Mercury News, San Jose Mercury News (consulté le )
  7. (en) Deepa Bharath, « O.C. Black April events commemorate fall of Saigon », Orange County Register, (consulté le )
  8. (en) Ramesh Chandra Thakur, Peacekeeping in Vietnam: Canada, India, Poland, and the International Commission, 1984, p. 167.
  9. (en) Deepa Bharath, « Black April events commemorate fall of Saigon », The Orange County Register, (consulté le )
  10. (en) My-Thuan Tran, « Orange County's Vietnamese immigrants reflect on historic moment », Los Angeles Times, (consulté le )
  11. (en) Olivier Todd, Cruel April: The Fall of Saigon. W.W. Norton & Company, 1990, p. 433
  12. a et b (en) Ham Tram, Journey from the Fall.

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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En anglais :

  • E. G. Adams, « The Beginning of the End »
  • Weldon Brown, The Last Chopper : The Dénouement of the American Role in Vietnam, 1963–1975, Kennikat Press, .
  • David Butler, The Fall of Saigon, New York, Simon and Schuster, .
  • Fox Butterfield, « Many Americans Quit Vietnam; U.S. Denies Evacuation Orders », The New York Times,‎ , p. 1
  • Alan Dawson, 55 Days : The Fall of South Vietnam, Prentice-Hall, .
  • George R. Dunham et David A. Quinlan, U.S. Marines in Vietnam : The Bitter End, 1973–1975, History and Museums Division, Headquarters, U.S. Marine Corps, .
  • Larry Engelmann, Tears Before the Rain : An Oral History of the Fall of South Vietnam, Oxford University Press, , 375 p. (ISBN 978-0-19-505386-9, lire en ligne).
  • Arnold Isaacs, Without Honor : Defeat in Vietnam and Cambodia, The Johns Hopkins University Press, .
  • (en) Henry Kissinger, Ending the Vietnam War : a history of America's involvement in and extrication from the Vietnam War, New York, Simon & Schuster, , 635 p. (ISBN 0-7432-1532-X).
  • Pike, Douglas. The Viet-Cong Strategy of Terror. 1970. (consulté le 18 janvier 2007)
  • Smith, Homer D. The Final Forty-Five Days in Vietnam. May 22, 1975. (consulté le 16 janvier 2007)
  • Snepp, Frank. Decent Interval: An Insider's Account of Saigon's Indecent End Told by the CIA's Chief Strategy Analyst in Vietnam. Random House, 1977. (ISBN 0-394-40743-1)
  • Tanner, Stephen. Epic Retreats: From 1776 to the Evacuation of Saigon. Sarpedon, 2000. (ISBN 1-885119-57-7). See especially p. 273 and on.
  • Todd, Olivier. Cruel April: The Fall of Saigon. W.W. Norton & Company, 1990.
  • Tucker, Spencer, ed. The Encyclopedia of the Vietnam War. Oxford University Press, 1998.
  • Văn Tiến Dũng. Our Great Spring Victory: An Account of the Liberation of South Vietnam. Monthly Review Press, 1977.
  • Weinraub, Bernard. "Attack on Saigon Feared; Danang Refugee Sealift is Halted by Rocket Fire", The New York Times, April 1, 1975. p. 1.
  • "The Americans Depart", The New York Times, April 30, 1975. p. 40.

Liens externes

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