Liste des seigneurs de la terre de Montrichard
La seigneurie de Montrichard est une ancienne seigneurie féodale de Touraine ayant eu Montrichard (actuel Loir-et-Cher) comme capitale.
Au XIe siècle, ce fief n’était qu’une seigneurie qui dépendait de Lisois d'Amboise, sénéchal du comte Foulques III d'Anjou. Montrichard resta dépendant de la maison d'Amboise jusqu'au XVe siècle, avant d'être intégrée au domaine royal en 1461 sous Louis XI.
Liste des seigneurs
modifierMaison de Blois
modifierAu début du Xe siècle, la Touraine (à laquelle Nanteuil appartient[Note 1]) est cédée par Hugues le Grand en faveur de Thibaud l'Ancien, alors vicomte de Tours puis également de Blois. Ce-dernier confia Nanteuil à son vassal Gelduin, chassé de Saumur, à qui il offre en contrepartie de sa perte, les abords de Pontlevoy[1]. Néanmoins, la France se féodalise : les comtes alors alliés Thibaud Ier de Blois et Foulques II d'Anjou s'émancipent du pouvoir royal et cherchent à asseoir leur puissance sur leurs territoires. En Blésois, les Thibaldiens construisent des forteresses aux frontières, principalement au Nord du comté, sur la Loire et en Sologne, mais pas sur le Cher.
Portrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Gelduin de Saumur, dit Gelduin le Vieux |
v. 910 – ??? | Seigneur de Saumur, puis d'Amboise, de Chaumont-sur-Loire et de Pontlevoy | ||
Gelduin de Pontlevoy, dit Gelduin le Jeune |
??? – v.1110 | Seigneur de Chaumont-sur-Loire et de Pontlevoy | Fils du précédent. |
Maison d'Anjou
modifierNéanmoins, l'administration de la Touraine devient le principal désaccord entre leurs successeurs, Eudes Ier de Blois et Foulques III d'Anjou (aussi dit Foulques Nerra). Alors que le Blésois profite de l'absence de l'Angevin, alors en pèlerinage, la représaille par Foulques III lui coûte Montrichard qui entre en période d'occupation en 1010[2]. Le nouveau suzerain place temporairement Robert de Montrésor en tant que commandant.
Portrait | Commandant | Période | Autres titres | Notes |
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Robert de Montrésor | v. 1110 – 1114 ou 1130 | Seigneur de Montrésor |
Maison d'Amboise
modifierFoulques Nerra avait d'abord confié le commandement de Montrichard à Roger de Montrésor[3] mais, en 1014, il fit marier son sénéchal Lisois à sa parente Hersende de Buzançay, dont la dot comporte le donjon d'Amboise et la seigneurie de Montrichard. Dès lors, la maison d'Amboise gardera la main sur la cité jusqu'au milieu du XVe siècle, avec un territoire discontinu entre la Loire et le Cher, et remontant jusqu'aux actuelles Chaumont-sur-Loire et Saint-Cyr-du-Gault[3], créant une véritable zone tampon entre les comtés de Blois à l'est, et d'Anjou à l'ouest.
Portrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Lisois d'Amboise († v. 1065) |
1014 ou 1030 – v.1065 | Sénéchal d'Anjou et seigneur d'Amboise | ||
Sulpice Ier d'Amboise († 1081) |
v.1065 – 1066 | Seigneur d'Amboise | Fils aîné du précédent, Sulpice Ier conteste l'autorité du comte Foulques IV et entre en guerre contre son suzerain[4]. | |
Occupation par le comte Foulques IV d'Anjou | ||||
Albéric de Montrésor († ???) |
1066 – 1085 | Seigneur de Montrésor | Sulpice est fait otage à Tours et, Albéric de Montrésor en profita pour occuper la forteresse[4] que jadis contrôlait son grand-père, Roger. Tout en continuant à occuper le fort de Montrichard, Albéric rendit en 1085 hommage au successeur de Sulpice Ier, le jeune Hugues Ier d'Amboise, alors encore sous la tutelle de son oncle Lisois de Verneuil[5]. | |
Hugues Ier d'Amboise († 1129) |
1085 – 1108 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | En 1095, Hugues Ier répond avec enthousiasme à l'appel du pape Urbain II à la Première croisade, et confie la rive gauche de la Loire (dont Chaumont-sur-Loire et Montrichard) à son beau-frère Robert de Rochecorbon. Parti aux côtés du comte Étienne II de Blois et du prince Hugues Ier de Vermandois, il participa notamment au siège de Nicée de 1097[5]. | |
Occupation par le comte Foulques IV d'Anjou | ||||
Archambaud de Bray († ???) |
1108 – 1110 | En 1108, la cité de Montrichard est reconquise par Foulques IV, qui en cède le commandement à son beau-frère, Archambaud de Bray[6]. | ||
Hugues Ier d'Amboise († 1129) |
1110 – 1129 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | L'année suivante, Foulques V succède à son père comme comte d'Anjou et restitue en 1110 la forteresse de Montrichard à Hugues Ier d'Amboise. Ce-dernier céda ses droits sur l'église de Nanteuil à l'abbaye de Pontlevoy[6], avant de s'engager avec son suzerain en Terre sainte. En 1131, Foulques V finit sacré roi de Jérusalem où Hugues perdit la vie. | |
Sulpice II d'Amboise († 1153) |
1129 – 1153 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | Sous son fils, Sulpice II d'Amboise, en guerre contre tous ces voisins afin d'agrandir son territoire, Montrichard est pillée à plusieurs reprises en représailles de ses assauts. | |
Hugues II d'Amboise (1140–1201) |
1153 – 1188 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | En 1154, le suzerain d'Hugues II, le comte Henri II Plantagenêt est couronné roi d’Angleterre, intégrant de fait la cité au royaume outre-Manche. En 1188, le roi Philippe Auguste assiège la cité[7]. | |
Occupation par le roi Philippe II Auguste | ||||
Hugues II d'Amboise (1140–1201) |
1190 – 1201 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | Montrichard est de nouveau rendue par traité avec l'Angleterre en 1190 à Hugues II d'Amboise, qui en profite pour refortifier le château[8]. | |
Sulpice III d'Amboise († 1218) |
1201 – 1218 | Seigneur d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | Fils d'Hugues II, Sulpice III se détache des Plantagenêts au profit de Philippe Auguste, qui le nomme parmi les premiers chevaliers bannerets[9]. Signe de paix avec le camp français, il se maria même avec la comtesse Élisabeth de Chartres, une des filles du comte Thibaut V de Blois. | |
Mahaut d'Amboise († 1256) |
1218 – 1256 | Comtesse de Chartres, dame d'Amboise et de Chaumont-sur-Loire | De ce mariage naquit Mahaut qui réunit les domaines d'Amboise (dont Montrichard) au comté de Chartres, indépendant depuis peu du comté de Blois[10]. | |
Jean Ier d'Amboise (1201–1274) |
1256 – 1274 | Seigneur d'Amboise, de Chaumont-sur-Loire et de Limeray | Héritier de sa cousine Mahaut, sans descendance[11]. | |
Pierre Ier d'Amboise († 1312) |
1274 – 1312 | Seigneur d'Amboise, de Chaumont-sur-Loire et de Limeray | ||
Ingelger Ier d'Amboise, dit Ingelger le Grand († 1373) |
1312 – 1373 | Seigneur d'Amboise, de Chaumont-sur-Loire et de Limeray | ||
Pierre II d'Amboise († 1426) |
1373 – 1426 | Seigneur d'Amboise, de Chaumont-sur-Loire et de Limeray | ||
Louis d'Amboise (1392–1469) |
1426 – 1432 | Vicomte de Thouars et d'Amboise, comte de Guînes, de Marans et de l'Île de Ré, seigneur de Chaumont-sur-Loire et de Bléré | En 1429, Louis d'Amboise, alors seigneur de Montrichard et de multiples autres bourgades, s'engage dans l'assaut d'Orléans aux côtés de Jeanne d'Arc. |
Cependant, Louis meurt en 1469 sans descendants et ses domaines furent partagés : Amboise échoua à son cousin Pierre tandis que Montrichard à son gendre, Guillaume d'Harcourt, comte de Tancarville et époux de sa fille Péronnelle d'Amboise[12].
Maison d'Harcourt
modifierPortrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Guillaume d'Harcourt († 1484) |
1432 – 1461 | Comte de Tancarville, vicomte de Melun |
En 1461, alors que Louis XI vient d'être tout juste couronné, Guillaume d'Harcourt est forcé d'échanger ses terres de la vallée du Cher contre la vicomté de Gournay et la Ferté-en-Bray (en Normandie, proche de son fief de Tancarville), laissant Montrichard en faveur de Pierre Bérard, seigneur de Bléré et de Chissay. Après le traumatisme de la guerre de Cent Ans, il s'agissait en réalité de la volonté du roi de réunir la seigneurie de Montrichard-Nantueil, avec celle d'Amboise, au domaine royal[13],[14],[Note 2].
Apanages
modifierLouis XI intègre la seigneurie et le château de Montrichard au domaine royal dès 1461[13],[14],[Note 3]. Il en fera usage personnellement, notamment en y organisant des parties de chasse et en y célébrant les mariages de ses deux filles, en 1474 et en 1476[15]. Le domaine ne fut concédé à un tiers sous la forme d'apanage qu'en 1514 sous Louis XII[16].
Portrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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??? | 1514 – 1515 | Seigneur de Grignault | Apanagé par Louis XII[16]. | |
Jacques de Génouillac († 1546) |
1515 – 1546 | Sénéchal d'Armagnac | Apanagé par François Ier[17]. | |
Retour temporaire à la Couronne | ||||
Éléonore de Habsbourg (1498–1558) |
1547 – 1558 | Reine douairière de France | Apanagée symboliquement par son beau-fils, le roi Henri II, après la mort de François Ier[18]. Veuve, elle préféra cependant finir sa vie à la cour espagnole auprès de son frère, l'empereur Charles Quint[19]. | |
Retour temporaire à la Couronne | ||||
François d'Alençon (1555–1584) |
1576 – 1584 | Duc d'Alençon, d'Anjou, de Touraine, de Brabant et de Château-Thierry | Apanagé par son frère, le roi Henri III[20]. |
Maison de Cheverny
modifierPortrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Philippe Hurault (1528–1599) |
1585 – 1599 | Comte de Cheverny | Après avoir récupéré le fief familial de Cheverny, le désormais comte Philippe Hurault agrandit son domaine de Montrichard [20],[Note 4]. On lui doit la rénovation de l'hôtel de la Chancellerie[21]. | |
Louis Hurault († 1639) |
1599 – 1639 | Comte de Limours, baron d'Huriel, vicomte du Tremblay | Fils du précédent. |
Faute de descendants, Louis Hurault de Cheverny vendit Montrichard à la sœur de son épouse, Jeanne de Montluc, la marquise de Sourdis, épouse de Charles d'Escoubleau[22].
Maison de Sourdis-Ruzé
modifierPortrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Charles d'Escoubleau de Sourdis (1588–1666) |
1639 – 1666 | Marquis de Sourdis et d'Alluye | ||
Antoine II Coëffier de Ruzé (v. 1639–1719) |
1666 – 1719 | Marquis d'Effiat | À la mort de Charles d'Escoubleau, sa dernière fille en hérita et transmit la terre de Montrichard à son époux, Martin Coëffier Ruzé d'Effiat[23]. | |
Angélique d'Escoubleau de Sourdis (1684–1729) |
1719 –1729 | Marquise de Chabanais | Cependant, le marquis Antoine II Coëffier de Ruzé d'Effiat, meurt sans descendance, et Montrichard est transmis à sa cousine, Angélique d'Escoubleau de Sourdis[24]. |
À la mort de la marquise Angélique, cette-dernière laisse Montrichard à son fils, François-Gilbert II de Colbert[25].
Famille de Colbert
modifierPortrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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François-Gilbert II de Colbert (1705–1765) |
1729 – 1765 | Marquis de Saint-Pouange et de Chabanais | Fils d'Angélique d'Escoubleau de Sourdis. | |
Marie-Jeanne Colbert de Croissy (1715–1786) |
1765 – 1767 | Fille de Louis-François Colbert, chevalier de Croissy, et veuve du précédent. Ayant conservé la propriété sur Montrichard, vend son domaine au célèbre duc de Choiseul[26]. |
Maison de Choiseul
modifierPortrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Étienne-François de Choiseul (1719–1785) |
1767 – 1785 | Duc de Stainville et d'Amboise, marquis d'Estainville et de La Bourdaisière, comte de Choiseul | Possédant également Amboise où il fit agrandir la pagode de Chanteloup, le ministre de Louis XVI cherchait à élever Amboise-Montrichard en duché-pairie, en vain. Mort endetté en 1785, le domaine est racheté par la couronne[27]. |
Dernier apanage
modifierLe domaine est transmis en apanage au duc de Penthièvre et petit-fils de Louis XVI, Louis de Bourbon, à qui l'on doit notamment l'actuel hôtel de ville[27],[Note 5].
Portrait | Seigneur | Période | Autres titres | Notes |
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Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725–1793) |
1785 – 1789 | Duc de Penthièvre, duc d'Aumale, duc de Rambouillet, duc de Gisors, duc de Châteauvillain, duc d'Arc, duc d'Amboise, comte d'Eu, seigneur du duché de Carignan |
Généalogie simplifiée
modifierSeigneurs héréditaires de 1030 à 1461
modifierSeigneurs héréditaires de 1585 à 1767
modifierContinuité
modifierLe décret de l'Assemblée nationale du 12 novembre 1789 décrète qu'« il y aura une municipalité dans chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne », mais ce n'est qu'avec le décret de la Convention nationale du 10 brumaire an II (31 octobre 1793) que la seigneurie de Montrichard devient formellement « commune de Montrichard ».
Entre 1789 et 2016, l'administration de la commune était assurée par le maire de Montrichard.
Depuis 2016 et la création de la commune nouvelle de Montrichard Val de Cher, l'administration dépend aujourd'hui du maire délégué de Montrichard et du maire de Montrichard Val de Cher, qui siègent à l'hôtel de ville de Montrichard.
Notes et références
modifierNotes
modifier- La cité de Montrichard n'a été fondée qu'au XIe siècle par le comte Foulques III d'Anjou. Auparavant, seuls existaient les villages de Nanteuil et de Bourré, tous deux rattachés à la Touraine.
- Le roi Louis XI cherchait principalement à agrandir le domaine royal pour ne plus avoir à subir une situation de partition telle que lors de la guerre de Cent Ans. Dans le val de Loire, le comté de Blois avait déjà été acquis depuis 1397, celui de Touraine depuis 1323, et celui d'Anjou depuis 1204.
- Le roi Louis XI cherchait principalement à agrandir le domaine royal pour ne plus avoir à subir une situation de partition telle que lors de la guerre de Cent Ans. Dans le val de Loire, le comté de Blois avait déjà été acquis depuis 1397, celui de Touraine depuis 1323, et celui d'Anjou depuis 1204.
- De sa mère Marie de Beaune, Philippe Hurault avait déjà hérité en 1611 de la Tour d'Argy, à Montrichard.
- Le duc de Penthièvre possédait de nombreux autres châteaux dans la vallée de la Loire, parmi lesquels ceux de Blois, d'Amboise et de Châteauneuf-sur-Loire.
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Danthon 1931] Georges Danthon (abbé vicaire), Esquisse sur Nanteuil (à Montrichard, au diocèse de Blois), Blois, (lire en ligne )
- [Labreuille 1896] Casimir Labreuille (abbé vicaire), Étude historique sur Montrichard et Nanteuil, Tours, Mame et Fils, , 368 p.
- Vol. 1, 368 p. (lire en ligne )
- Vol. 2, 385 p. (lire en ligne )
Références
modifier- Danthon 1931, p. 6–7.
- Danthon 1931, p. 7–10.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 19.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 33.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 34–35.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 39–40.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 77.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 80–81.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 84.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 87.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 92.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 112–113.
- Danthon 1931, p. 19–22.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 133.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 134–139.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 145–146.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 147.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 153.
- Michel Combet, Éléonore d'Autriche : seconde épouse de François Ier, Paris, Pygmalion, , 337 p. (ISBN 978-2-7564-0006-8, OCLC 280846991)
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 167–169.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 183.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 190.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 205.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 250.
- Labreuille 1896, vol. 1, p. 265–266.
- Labreuille 1896, vol. 2, p. 93–97.
- Labreuille 1896, vol. 2, p. 139.