Livre des tournois

livre de René d'Anjou

Le Traicté de la forme et devis comme on fait un tournoi appelé plus communément Livre des tournois est un ouvrage rédigé par René d'Anjou dans les années 1460 et dont ce qui constitue sans doute le manuscrit original illustré est conservé à la Bibliothèque nationale de France. Ses illustrations, qui n'utilisent pas la technique de l'enluminure traditionnelle, sont attribuées à Barthélemy d'Eyck. Ce manuscrit a fait l'objet de plusieurs copies fidèles.

Livre des tournois
La revue des heaumes dans le cloître, f.67v-68
Artiste
Attribué à Barthélemy d'Eyck
Date
vers 1462-1465
Technique
encre et lavis sur papier
Dimensions (H × L)
38,5 × 30 cm
Format
60 folios reliés (auxquels d'ajoutent 49 folios interfoliés au XVIIe siècle)
No d’inventaire
Fr2695
Localisation

Le Texte

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Le livre compile les usages des tournois de chevalerie en France, Allemagne, Flandre et Brabant en imaginant un nouveau rituel d'organisation et de mise en scène. Le texte porte plus attention aux préparatifs qu'au combat lui-même. Contrairement à une simple joute, le tournoi consiste ici en l'affrontement entre deux groupes de chevaliers[1].

René d'Anjou prend l'exemple d'un tournoi imaginaire entre le duc de Bretagne comme appelant et celui du duc de Bourbon comme défendant. L'appelant défie le seigneur défendant en lui faisant portant par son héraut d'arme porter l'épée du tournoi. Si le tournoi est accepté, quatre juges diseurs sont désignés puis le roi d'arme accompagné de quatre hérauts ou poursuivants crient le début du tournoi. Le texte décrit ensuite les différentes armes nécessaires aux participants du tournoi, puis l'installation des lices. Le texte s'attarde sur l'entrée dans la ville du tournoi des différents participants : la suite du seigneur appelant, puis celle du défendant et enfin les juges-diseurs. Ces derniers doivent choisir un logis, si possible un établissement religieux possédant un cloître qui sera marqué à son entrée par une toile peinte représentant le roi d'armes portant les bannières des quatre juges. Un bal a lieu le soir de l'entrée en ville. Le lendemain, les bannières, pennons et timbres des participants sont apportés au logis des juges et disposés dans le cloître. Les dames viennent les examiner et peuvent y faire châtier les seigneurs qu'elles reconnaissent pour les avoir médit. Le lendemain, chacun se rend dans les lices pour effectuer le serment du respect des règles du tournoi. Les dames peuvent alors choisir le chevalier d'honneur, qui sera chargé d'intervenir en cas de combats trop violents. Le jour suivant a lieu le tournoi proprement dit : le livre décrit l'ordre d'apparition des participants, le déroulement des combats et leur achêvement. Le soir-même a lieu la remise des prix aux vainqueurs, effectuée par une dame et deux demoiselles. Ces dernières sont choisies par le chevalier d'honneur et les juges-diseurs[2].

Le texte est abondamment repris et constitue le plus grand succès littéraire du roi René en tant qu'écrivain. Écrit à une époque où la chevalerie amorce son déclin, il marque une certaine nostalgie pour cette période des grands tournois. L'ouvrage est dédié à Charles IV du Maine, frère de René[1].

Historique du manuscrit

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Pendant longtemps, le manuscrit a été vu comme la suite directe de la série de tournois organisés par la cour d'Anjou à Nancy, Saumur[3], au château de Razilly et Tarascon entre 1445 et 1450. Mais plusieurs éléments poussent à retarder la date de rédaction du manuscrit. Le texte fait à plusieurs reprises allusion à un autre traité de tournoi, le Traité des anciens et nouveaux tournois écrit par Antoine de La Sale en 1459 et qui y fait l'objet de plusieurs critiques. Par ailleurs, parmi les emblèmes de Bourbon utilisés dans les illustrations, se trouvent les deux chiens blancs, qui ont disparu dans les années 1420 et réapparaissent à l'initiative de Jean II de Bourbon en 1457. Enfin, le filigrane du papier montre que celui-ci date probablement des années 1450-1460 et en usage à Angers à cette époque. Selon Marc-Édouard Gautier, la manuscrit a donc sans doute été rédigé au début du séjour du roi René en Anjou vers 1462-1469. Un inventaire des biens du château d'Angers en 1471-1472 mentionne d'ailleurs un « cayez de papier en grant volume, ouquel est le commencement d'un tournoy », qui pourrait être ce manuscrit ou une copie partielle[4].

Par la suite, le manuscrit appartient à Marie de Luxembourg (1462-1546). Il est ensuite en possession de Louis Nicolas Fouquet, comte de Vaux et fils de Nicolas Fouquet jusqu'à sa mort en 1705, puis de Louis François de Bourbon-Conti et enfin du bibliophile Louis-César de La Baume Le Blanc de La Vallière. Celui-ci le vend en 1766 à Louis XV, l'ouvrage entrant ainsi à la bibliothèque du roi[1].

Attribution des illustrations

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Plusieurs éléments ont permis d'attribuer le manuscrit au peintre de René d'Anjou Barthélemy d'Eyck. Les types physiques des personnages et leur posture les rapproche fortement des miniatures du Livre du cœur d'Amour épris actuellement conservé à Vienne. On y retrouve aussi les mêmes jeux d'ombre et de lumière et l'usage du clair-obscur. Or le Maître du Cœur d'amour épris est justement identifié à Barthélemy d'Eyck. Par ailleurs, l'héraldique imaginaire présente dans les illustrations rappellent directement celle en usage aux Pays-Bas à la même époque, région d'origine du peintre. La mise en espace des scènes, à plusieurs reprises sur une double page, rappelle enfin les scènes du manuscrit de la Théséide de Vienne et pourrait donc avoir été dessinées peu après ce manuscrit[5].

Copies du manuscrits

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Copie du Maître du Livre de prières de Dresde, BNF, Fr.2693

Plusieurs copies sont réalisées du manuscrit de René d'Anjou, dès le XVe siècle et sous la forme de quasi-facsimilés. Plusieurs sont conservées elles-aussi à la BNF[6],[7] :

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Muriel Algayres, « La justification du statut nobiliaire par la mise en scène du tournoi en Europe occidentale : le Livre des tournois de René d'Anjou », Hypothèses : Travaux de l'École doctorale d'histoire, Paris, Éditions de la Sorbonne, no 11,‎ , p. 87-96 (lire en ligne).
  • François Avril, Le Livre des Tournois du Roi René de la Bibliothèque nationale (ms. français 2695), Paris, Herscher, , 85 p.
  • L.-M.-J. Delaissé, « Les copies flamandes du Livre des Tournois de René d'Anjou », Scriptorium, t. 23, no 1,‎ , p. 187-198 (DOI 10.3406/scrip.1969.3364).
  • Marc-Édouard Gautier, « René d'Anjou, Le Livre des tournois », dans Marc-Édouard Gautier (dir.), Splendeur de l'enluminure : le roi René et les livres, Angers / Arles, Ville d'Angers / Actes Sud, , 415 p. (ISBN 978-2-7427-8611-4), p. 276-283.
  • Christian de Mérindol, « Le livre des tournois du roi René. Nouvelles lectures », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France,‎ , p. 177-190
  • Nicole Reynaud et François Avril, Les Manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Flammarion, 1993-1998, 439 p. (ISBN 978-2-08-012176-9), p. 235-236 (notice 127).
  • (en) Justin Sturgeon, Text & Image in René d'Anjou's "Livre des tournois", c. 1460 : Constructing Authority and Identity in Fifteenth-Century Court Culture. Presented with a Critical Edition of BnF, ms. français 2695 (PhD thesis), University of York, , 792 p. (lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b et c Gautier 2009, p. 276.
  2. Avril 1986, p. 8.
  3. Ce tournoi est resté connu sous le nom d' Emprise du château de Joyeuse-Garde.
  4. Gautier 2009, p. 279-282.
  5. Gautier 2009, p. 279.
  6. Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt (dir.), Miniatures flamandes : 1404-1482, Paris, Bibliothèque nationale de France/Bibliothèque royale de Belgique, , 464 p. (ISBN 978-2-7177-2499-8), p. 414-415 (notice 118)
  7. Reynaud et Avril 1993, p. 236
  8. « Français 2693 », sur Archives et manuscrits de la BNF (consulté le )
  9. « Français 2692 », sur Archives et manuscrits de la BNF (consulté le )
  10. Notice de la BNF
  11. Notice de la BNF
  12. Notice de la BNF
  13. Notice et reproduction sur le site de la bibliothèque
  14. Notice et reproduction sur le site de la bibliothèque