Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière

Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière, né le à Brains-sur-Gée et mort au combat en Crimée en Russie lors de la bataille de Malakoff à Sébastopol le , est un officier supérieur d'artillerie du Second Empire.

Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière
Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière

Surnom L'incomparable
Naissance
Brains-sur-Gée
Décès (à 40 ans)
Sébastopol, Crimée, Russie,
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de la France Empire français
Arme Artillerie
Grade Lieutenant-colonel
Années de service 18341855
Conflits Guerre de Crimée
Conquête de l'Algérie par la France
Distinctions Légion d'honneur (chevalier en 1846, officier en 1855)
Famille Famille Prudhomme de La Boussinière

Famille

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Armes de la famille Prudhomme de La Boussinière

Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière naît le à Brains-Sur-Gée[1].

Il est le fils de Jacques Prudhomme de La Boussinière dit de Monceau (1773-1853) (ancien élève de l' École Polytechnique, promotion 1794) [2] et de Lucie Louise Gabrielle Marie Goislard

Le à Paris, il épouse Léonie Godart de Rivocet. De ce mariage, naît une fille mariée au député Lucien Haudos de Possesse[3].

Carrière

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Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière est ancien élève de la promotion 1832 de l'École polytechnique[4],[5]. Élève sous-lieutenant à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Metz en 1834, dont il entre et sort en tête de sa promotion[6], il est nommé lieutenant en second au 8e régiment d'artillerie en 1835, lieutenant en premier au même régiment en 1839 et capitaine au 4e régiment d'artillerie en 1841[7].

En [7], il s'embarque pour l'Afrique et participe à la conquête de l'Algérie[8]. Rentré en France en , il est affecté à la fonderie de Toulouse puis à la manufacture d'armes de Châtellerault de 1843 à 1845[7]. Il est alors remarqué par le général Antoine Joseph Ferdinand de Bressolles[a], directeur de l'artillerie au ministère de la Guerre : « par l'étendue de ses connaissances et par cet esprit ingénieux et inventif, en même temps que pratique, qui lui a valu d'attacher son nom à quelques-unes de nos récentes améliorations »[11]. Il sollicite de nouveau son envoi en Algérie et y retourne en 1845. Il y reste quatre années, pendant lesquelles il prend part à différentes expéditions : en Kabylie, dans l'Ouarsenis, contre les Flittas : le maréchal Thomas Robert Bugeaud le signale comme un « officier de grand avenir »[8].

Tour à tour les généraux Alphonse Henri d'Hautpoul, Jean Paul Adam Schramm, Jacques Louis Randon, le rattachent à leur État-major. Nommé chef d'escadrons au corps de l'artillerie en 1851, il est compris le dans les cadres de l'Armée d'Orient comme commandant la 2e division d'artillerie de réserve[8].

Guerre de Crimée

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Le maréchal de Saint-Arnaud, général en chef de l'armée française en Crimée relate dans une lettre comment vers la fin de la bataille de l'Alma, Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière enlève à la tête de 20 servants et « sous les yeux et à la barbe de deux mille cavaliers » la calèche du prince Mentschikoff (chef des armées adverses) avec "une rapidité que les obstacles de la rivière et la raideur des pentes rendaient difficile à comprendre", ce qui écrit-il « était une capture importante en raison des papiers que contenaient les coffres »[12].

Au cours de la bataille d'Inkerman, les 22 pièces d'artillerie du commandant de La Boussinière, disposées à 800 mètres du front de bataille, font éprouver à l'armée russe des pertes considérables[13]. Le , il est promu lieutenant-colonel à la suite de ses « éclatants services » à la bataille de l'Alma et à la bataille d'Inkerman[8].

En 1855, il est chef des attaques[14] à la bataille de Malakoff où il commande la 1re division de la réserve d'artillerie. Il est placé sous les ordres du général Georges Beuret et commande deux batteries d'artillerie[15].

Il est tué lors de l'assaut du contre Malakoff d'un tir de biscaïen, qui lui brise la tête[8].

Le général Thiry relate cette perte dans une lettre au Ministre de la guerre : "L'Artillerie a fait une perte bien cruelle, c'est celle de la Boussinière. J'en ai le cœur navré, c'était la perle de l'Artillerie de l'armée. D'une intelligence extraordinaire, saisissant le joint dans toutes les questions. Homme à consulter, parce qu'il donnait sur tout un avis judicieux. Plein d'entrain, d'élan, d'une bravoure brillante, c'était un officier complet en qui j'avais la plus grande confiance. Je l'ai remplacé par un bon officier, mais l'autre, c'était l'incomparable."[6]

Décorations

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  • Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière est nommé chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur le puis promu officier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur le au titre de « vingt-cinq ans de service effectif et huit campagnes »[7].

Hommages

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Quelques semaines après sa mort, lors de la bataille de la Tchernaïa, les soldats français et piémontais construisirent trois installations de batteries d'artillerie lourde pour repousser les Russes au pont de Traktir, ce qu'ils firent avec succès. Ils baptisèrent celle du flanc gauche "La Boussinière" en hommage à Louis-Ferdinand[16].

Bibliographie

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  • Charles Auger, Guerre d'Orient : siège de Sébastopol : historique du service de l'artillerie (1854-1856), Veuve Berger-Levrault & fils, 1859
  • Albert Du Casse, Précis historique des opérations militaires en Orient de mars 1854 à septembre 1855, E. Dentu, 1856
  • César Lecat baron de Bazancourt, L'expédition de Crimée : l'armée française à Gallipoli, Varna et Sépastopol, chroniques militaires de la guerre d'Orient, t. 2, Paris, Amyot, , 498 p., 2 vol. in-8° (lire en ligne sur Gallica), « notice sur le lieutenant-colonel de La Boussinière », p. 353-354
  • Notice consacrée à Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière dans Nécrologie et bibliographie contemporaines de la Sarthe[b].

Notes et références

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  1. Antoine Joseph Ferdinand de Bressolles (1793-1874) était général de division d'artillerie[9],[10] avant de prendre sa retraite de l'armée et de présider le conseil général du Tarn-et-Garonne.
  2. « Né au château des Touches, commune de Brains (Sarthe), le 13 septembre 1814, Louis-Ferdinand Prudhomme de la Boussinière, après avoir fait ses études, entra à l'école d'application de Metz. Il ne tarda pas à se faire remarquer et à obtenir le grade de capitaine. Il fut envoyé deux fois en Afrique, la dernière ibis, en 1845, pour y commander le détachement de canonniers chargé de faire le premier essai, devant l'ennemi, des armes de précision, dont l’importance commençait à être comprise. Dans cette mission il s'y montra plus préoccupé de calculer et de constater les coups qu'il portait que ceux qui pouvaient l'atteindre. Dans les travaux de la paix, Prudhomme de la Boussinière se fit également remarquer, dit le général de Bressoues, par l'étendue de ses connaissances et par cet esprit ingénieux et inventif, en même temps que pratique, qui lui valut d'attacher son nom à quelques-unes de nos récentes améliorations. » Parti pour la campagne d'Orient, on sait, dit le maréchal Saint-Arnaud, avec quelle audace Prudhomme de la Boussinière mena ses batteries à cheval au champ de l'Aima. » Peu de temps après il arrivait à Inkermann, ouvrait le feu à portée de pistolet de l'ennemi et foudroyait ses masses confuses sans songer, pendant la bataille, au coup qui devait le frapper ; choisi comme chef de l'attaque de droite par le général Thiry, commandant en chef de l'artillerie, c'est là qu'il a trouvé la mort (le 18 juin 1855), emporté par son enthousiasme qui l'avait jeté hors des tranchées pour rejoindre plus vite une de ses batteries. Prudhomme de la Boussinière était lieutenant-colonel quand il a été atteint si malheureusement. » p. 358-359 PRUDHOMME DE LA BOUSSINIÈRE (Louis-Ferdinand)[lire en ligne]

Références

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  1. Registre de l'état civil de Brains-sur-Gée 1813-1832, 5Mi 47_9, p. 23/214 [lire en ligne].
  2. Fiche de Jacques Prudhomme de La Boussinière, archives de la bibliothèque de l'École polytechnique [lire en ligne]
  3. Albert Révérend, Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830, t. 5, Paris, H Champion, (lire en ligne), p. 438.
  4. Fiche de Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière, archives de la bibliothèque de l'École polytechnique [lire en ligne].
  5. C. P. Marielle, Répertoire de l'École impériale polytechnique, , 289 p. (lire en ligne), p. 185.
  6. a et b Noël Le Mire, Le livre d'or des élèves du Pensionnat de Fribourg-en-Suisse, (lire en ligne)
  7. a b c et d « Cote LH/2236/5 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  8. a b c d et e César Lecat baron de Bazancourt, L'expédition de Crimée : l'armée française à Gallipoli, Varna et Sépastopol, chroniques militaires de la guerre d'Orient, t. 20, Paris, Amyot, (lire en ligne), p. 353-354 ; notice sur le lieutenant-colonel de La Boussinière.
  9. Delphine Étienne et Alain Guéna, Répertoire alphabétique des officiers généraux de l'armée de terre et des services (ancien régime-2010), [lire en ligne]
  10. Georges Lacarrière, Histoire d'Auvillar, [lire en ligne]
  11. Notice consacre à Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière] in Nécrologie et bibliographie contemporaines de la Sarthe p. 358 [lire en ligne].
  12. Louis Noir, Souvenirs d'un simple Zouave. Campagnes de Crimée et d'Italie, (lire en ligne), p. 235.
  13. Hippolyte Vigneron, Précis critique et militaire de la guerre d'Orient, p. 112 [lire en ligne].
  14. École polytechnique, livre du centenaire, 1794-1894, tome 2,p. 424 [lire en ligne].
  15. Léon Guérin, Histoire de la dernière guerre de Russie (1853-1856), t. 2, Dufour, Mulat et Boulanger, (lire en ligne), p. 277.
  16. « Cassell's illustrated history of England », sur www.familysearch.org (consulté le )