Ludmila Tcherina

danseuse, comédienne, peintre, sculptrice et romancière

Monique Tchemerzine, dite Ludmila Tcherina, est une danseuse, tragédienne, écrivaine, peintre et sculptrice française née le à Paris où elle est morte le [3].

Ludmila Tcherina
Ludmilla Tcherina en 1955.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Monique TchemerzineVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Ludmila Tcherina, Tcherzina, Monique AudranVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoints
Edmond Audran (d) (de à )
Raymond Roi (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maîtres
Distinctions
Films notables
Tombe de Ludmila Tcherina à Paris au cimetière de Montmartre.

Biographie

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Monique Tchemerzine naît à Paris le . Son père, Avenir Tchemerzine, est un prince tcherkesse qui a fui Saint-Pétersbourg et s'est exilé à Paris[4]. Il est mathématicien et inventeur de la fusée éclairante[1]. Sa mère, Stéphane Finette[5], française, est ancienne élève de l'École des chartes. Avec son mari, elle travaille à une bibliographie des éditions originales de la poésie française du Moyen Âge au XIXe siècle, reconnue comme un ouvrage de référence sous le nom de « Tchemerzine »[1].

Monika, comme elle se fait appeler, commence à danser dès l'âge de 3 ans[6]. Elle prend des cours de danse russe auprès d'Olga Preobrajenska, puis de danse italienne auprès de Mme d'Alessandri et, enfin, Tverskoi l'initie au « mime dansé des émotions intérieures »[1]. Elle aura encore pour professeur Georges Ricaux qui est aussi le maître à danser de Jean Babilée et de Roland Petit. Elle complète sa formation en intégrant l'École de danse de l'Opéra de Paris.

« Formée à la pratique des entrechats et des fouettés dès son plus jeune âge[7] », elle monte sur scène pour la première fois à l'âge de dix ans dans le rôle d'un lutin du Songe d'une nuit d'été de Felix Mendelssohn. Concernant sa vocation pour la danse, Tcherina se rappelle : « À l'âge de cinq ans, je me souviens avoir tendu la main à quelqu'un… Comme cette personne ne réagissait pas, j'ai esquissé un geste d'offrande. Cela allait bien au-delà du simple mouvement : ce jour-là, j'ai eu la révélation de ce que pouvait être le geste : une libération des sentiments. Ensuite, chaque fois que je voulais exprimer quelque chose, je le faisais en dansant[1]… »

Elle a 13 ans quand elle danse Les Sylphides. En 1939, à l'âge de 15 ans, elle est nommée [1] danseuse étoile des Ballets de Monte-Carlo dirigés par Serge Lifar[8] devenant « la plus jeune étoile de l'Histoire de la danse[9] »

Après la Seconde Guerre mondiale, elle devient une artiste indépendante. Elle est étoile des Ballets de Paris de Roland Petit (1947) et du Metropolitan Opera à New York (1950) mais joue aussi dans l'opérette Le Chevalier Bayard (1948) aux côtés de deux artistes débutants : Yves Montand et Henri Salvador, et au cinéma dans Les Chaussons rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger, sur une chorégraphie de Léonide Massine.

En 1946, Tcherina épouse Edmond Audran, petit-fils d'Edmond Audran, danseur comme elle. Il devient son chorégraphe et partenaire avant de mourir brutalement dans un accident de car en [10], à l'âge de 33 ans, peu après la fin du tournage des Contes d'Hoffmann (The Tales of Hoffmann) de Powell et Pressburger, dans lequel ils sont partenaires. Désemparée, Tcherina souhaite abandonner la danse mais le film est un succès mondial. Elle tournera une quinzaine de films avant de se consacrer à la peinture (elle expose dès les années 1960) et à la sculpture.

Le , elle épouse Raymond Roi — propriétaire des contreplaqués Leroy à Lisieux qui créa la boîte d'emballage en bois pour le Livarot — qui l'encourage à remettre ses chaussons de danse. Ensemble, ils fonderont une troupe de ballet d'avant-garde dans laquelle la ballerine réalise son rêve de « théâtre total » et qu'ils dirigeront jusqu'au décès de Raymond Roi en .

Au terme d'une « longue et douloureuse maladie », Ludmilla Tcherina meurt le à Paris. Elle laisse d'elle-même l'image d'« une très grande artiste qui fit preuve d'une grande vitalité créatrice dans tous les arts qu'elle exerça avec talent[11] ».

Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (division 21).

Ludmila Tcherina a publié deux romans sous son nom de scène aux Éditions Albin Michel : L'Amour au miroir (1983), évoquant le monde de la danse, qui fut un best-seller, et La Femme à l'envers (1986), sorte d’opéra barbare.

Résumant son personnage, un critique, confondu par l'aisance avec laquelle elle s'était élancée à l'âge de cinq ans dans l'allée centrale de Notre-Dame de Paris pour danser devant l'autel, déclare : « Elle a une grâce d'ange et une malice de démon »[réf. nécessaire].

Carrière

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La danseuse étoile

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Ludmilla Tchérina en 1955 à l'aéroport de Francfort lors d'une tournée de promotion pour son film Fledermaus.

Au cours de sa carrière, Ludmila Tcherina a interprété les plus grands rôles du répertoire classique sur les plus grandes scènes lyriques du monde : l'Opéra de Paris, la Scala de Milan (Giselle en 1954 sous la direction d'Arturo Toscanini) ou le Metropolitan Opera de New York. Elle est la première danseuse occidentale à se produire au théâtre Bolchoï (Giselle en 1959) et au Kirov de Saint-Pétersbourg.

Elle personnifie la Lumière du ballet Excelsior au Théâtre communal de Florence lors du Maggio Musicale Fiorentino de 1967.

Elle interprète les principaux ballets russes de Serge Diaghilev, notamment les personnages créés par Anna Pavlova (Le Spectre de la rose) et Tamara Karsavina (Shéhérazade).

Elle crée parallèlement de nombreux ballets contemporains pour Serge Lifar, George Balanchine, Roland Petit, Maurice Béjart, mais danse aussi au sein de la compagnie qu'elle a créée.

Parmi ses grands rôles :

La peintre et la sculptrice

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Peintre et sculptrice depuis sa jeunesse, elle expose dès les années 1960 dans toutes les grandes capitales.

À Paris, son exposition à l’hôtel de Sully, parrainée par André Malraux, et l’exposition autour de son Dynamogramme où elle allie peinture et danse au centre Georges-Pompidou, ont fait découvrir sa théorie de l'« art total » dont tous les aspects naissent du souffle et du mouvement[1].

En 1973, elle exécute un fusain préparatoire à un bronze, L'Envol, puis Élan déployé au sujet duquel elle dit : « Je ne peux créer qu'à travers des mouvements représentant la Vie, la Mort, l'Amour, les trois thèmes dominants de la danse[1] ». En 1978, Fusain et Salomé (huile sur toile), Cri Bleu et Dionysie, deux autres huiles sur toiles, et L'Âme et la danse (huile) ainsi que de nombreux dessins et gouaches[1].

En 1991, Ludmila Tcherina conçoit et réalise Europe à cœur, une sculpture monumentale de 12 mètres de haut, officiellement choisie par la Communauté européenne pour symboliser l’Europe unie (placée sous le parrainage de la Fondation européenne des arts, des sciences et de la culture). Elle est dévoilée au musée d'Art moderne de la ville de Paris en . Une version en résine blanche se trouve devant le pavillon européen de l’Exposition universelle de Séville. La version en bronze est installée devant le Parlement européen de Strasbourg au printemps 1994. Cette sculpture a été déplacée sur le parvis du nouveau parlement, place Louise-Weiss, elle a été officiellement dévoilée le par Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen. En 1997 une médaille commémorative utilisant le visuel de la sculpture Europe à cœur a été éditée par la Fondation de l'Europe des sciences et des cultures.

En 1994, elle conçoit et réalise Europa operanda, avec le parrainage de la Fondation de l'Europe des sciences et des cultures, une sculpture monumentale en bronze pour le terminal français d'Eurotunnel à Calais. Cette sculpture a été présentée officiellement, à Calais-Coquelle, à la reine d'Angleterre et au président de la République française, le lors de l'inauguration du Tunnel sous la Manche. Le prototype en résine est exposé à la partie haute de la Gare de Paris-Nord depuis . Europa operanda symbolise l’esprit de création et la construction de l'Europe.

Les dernières recherches plastiques de Ludmila Tcherina s'attachent à prolonger cette conception d'un « art total » qui constitue son destin artistique depuis ses débuts : « une vision synthétique du mouvement, du geste créateur traduit dans l'espace de la même manière que par la chair du danseur, le trait sur la toile, le volume du bronze ou une certaine vision de l'avenir[1] ».

Filmographie

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Distinctions

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Décorations

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Récompenses

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  • 1950 : Festival du Cinéma de Vichy, prix de la meilleure interprétation féminine pour La nuit s'achève.
  • 1950 : Festival des Films de Danse, meilleure interprétation pour le ballet À la mémoire d'un héros (Bonaparte).
  • 1950 : grand prix de la Danse (Amérique du Sud) pour Mephisto-Valse
  • 1950 : grand prix d'interprétation féminine (États-Unis) pour Les Contes d'Hoffmann
  • 1956 : médaille d'argent de la Ville de Paris
  • 1957 : chevalier dans l'ordre de la Courtoisie française
  • 1959 : médaille d'argent du souvenir
  • 1959 : oscar de la popularité pour la danse (Italie)
  • 1962 : cinq étoiles de la critique (plus haute récompense décernée par la presse pour le meilleur film étranger de l'année aux États-Unis) pour Les Amants de Teruel
  • 1970 : médaille de vermeil de la Société d'encouragement au progrès
  • 1971 : médaille d'or du prix Leonardo da Vinci
  • 1973 : prix d'honneur du GEMAIL, âme de la Lumière
  • 1975 : Festival de Monte-Carlo : meilleure interprète féminine pour La Reine de Saba
  • 1978 : médaille de vermeil de la Ville de Paris, remise par Jacques Chirac, maire de Paris

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j et k Site personnel (en archive)
  2. « Décès de la danseuse étoile Ludmila Tchérina », Associated Press (consulté le ) (en français)
  3. Relevé des fichiers de l'Insee
  4. « Ludmilla Tchérina », sur IMDb (consulté le )
  5. The International Who's Who, 2004.
  6. Mini-biographie sur IMDb.
  7. « La danseuse étoile Ludmila Tchérina est morte », Le Monde, 22 mars 2004 (consulté le ).
  8. « Les Ballets de Monte-Carlo fêtent leur dixième anniversaire », Le Nouvel Observateur (consulté le )
  9. D'après le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, qui avait oublié qu'elle avait partagé ce titre avec Ethéry Pagava, membre des Ballets du marquis de Cuevas.
  10. lemonde.fr, 1951.
  11. a et b Oraison funèbre du ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Roger Garaudy, Ludmila Tcherina, érotisme et mystique, Robert Laffont et Azoulay, 1975 (ISBN 2221023757).
  • Maurice Béjart, Ludmila Tcherina, tragédienne de la danse. Commentaires d'Irène Lidova, Paris, Vilo, 1967.
  • Fondation de l'Europe des sciences et des cultures, Europa operanda, sculpture monumentale de Ludmila Tchérina, Compagnie européenne d'éd. et de publications périodiques, (ISBN 2904862307).
  • Nicole Hirsch, Ludmila Tchérina, P. Del Duca, 1958.
  • « Ludmilla Tcherina », Musica, no 36 (), no 74 () et no 102 ().
  • Ludmila Tcherina, gouaches et dessins, exposition à la Galerie de Paris du au .

Liens externes

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