Marie-Madeleine Compère

historienne française
Marie-Madeleine Compère
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Marie-Madeleine Compère, née le à Château-Gontier et morte le à Paris, est une historienne moderniste française, spécialiste de l'histoire de l'éducation, principalement sous l'Ancien Régime.

Biographie modifier

Marie-Madeleine Compère est née le à Château-Gontier dans la Mayenne. Son père est principal de collège. Elle entre à l'École des Chartes à 18 ans et y soutient en mars 1968 sa thèse consacrée aux chanoines de Chartres au XVIIIe siècle[1].

Renouvellement historiographique modifier

Elle est recrutée comme assistante, à l'École pratique des hautes études, par François de Dainville, dont la pensée et les méthodes la marquent durablement[1] et dont elle introduit l'œuvre dans la communauté historienne[1],[2]. Quoique chartiste de formation, elle renonce au métier de conservateur, comme à celui d'enseignant, pour se consacrer uniquement à la recherche[3]. Ingénieure de recherche[4], elle fait l'essentiel de sa carrière au service d'histoire de l'éducation de l'Institut national de recherche pédagogique[1].

Marie-Madeleine Compère est une des initiatrices, avec son mari Dominique Julia et Roger Chartier mais aussi Willem Frijhoff, Jacques Ozouf et François Furet, d'un renouvellement historiographique majeur des années 1970, la naissance d'une histoire de l'éducation établie selon les règles académiques et qui participe d'une histoire culturelle globale. Ce tournant apparaît nettement dès leur premier ouvrage, L’Éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle), qui, renouvelant le questionnaire de l'histoire de l'éducation[3], est remarqué dès sa parution[5],[6]. Marie-Madeleine Compère contribue aussi à l'enquête collective sur l'alphabétisation en Languedoc dirigée par François Furet et Jacques Ozouf[1]. La dimension collective de son travail historien est une des originalités de Marie-Madeleine Compère : un tiers de sa production est réalisée en collaboration, dont une bonne part avec son mari Dominique Julia[3].

Les établissements scolaires modifier

Son œuvre majeure est une série de répertoires et d'études sur les collèges de l'Ancien Régime en France. Les deux premiers volumes, consacrés à la France du Midi puis à la France du Nord et de l'Ouest sont publiés avec son mari Dominique Julia en 1984 et en 1988. Le troisième, qu'elle rédige seule, est centré sur Paris et paraît en 2002. Le quatrième est presque achevé à sa mort en 2007[1]. La parution du premier est saluée comme un événement[7],[8],[9],[10] tandis que le second est « attendu avec impatience »[11]. Comme le souligne George Huppert, « There has never been a reference work providing a guide to ancien regime schools so ambitious in scale. »[12]. Le troisième tome est qualifié d'« outil de travail qui deviendra vite indispensable »[13],[14].

Ses ouvrages sur les collèges de l'Ancien Régime présentent, pour chaque établissement, une notice historique. Ces volumes établissent donc un panorama des établissements scolaires à cette époque. L'importance de ces instruments de travail dans l'ensemble de ses publications est une autre originalité de Marie-Madeleine Compère, dont les travaux s'appuient volontiers sur des analyses quantitatives et de nombreuses cartes, qu'elle aime particulièrement[3]. Ces études s'inscrivent dans un renouvellement de l'histoire des institutions scientifiques, elle-même partie intégrante d'une histoire des savoirs[15].

Ce travail est prolongé, quand, en 2001, elle dirige un numéro de la revue Histoire de l'éducation consacré à l'histoire de l'établissement d'enseignement secondaire en France. Elle donne aussi à cette revue de nombreux articles qui étudient notamment le fonctionnement de la classe au quotidien dans les collèges d'Ancien Régime[1].

Disciplines et histoire comparée modifier

Marie-Madeleine Compère publie en 1985 un ouvrage consacré à la généalogie de l'enseignement secondaire français[1], dans la collection Archives chez Gallimard/Julliard, qui dépasse les ruptures chronologiques habituellement utilisées et souligne les stabilités de l'institution scolaire[16],[17]. Sa production historique ne se limite pas à l'histoire des établissements, mais aborde également l'histoire des disciplines et des savoirs scolaires. Elle met au jour des sources nouvelles, comme des copies d’élèves annotées au collège jésuite Louis-le-Grand vers 1720[3], qui sont qualifiées d'« exceptionnelles »[18],[19].

Elle élargit ses travaux à l'Europe[1] par un essai historiographique paru en 1995[20],[21],[22] et la participation à un ouvrage collectif sur le temps scolaire en 1997[23]. Cette démarche d'histoire comparée est un autre trait original[3].

Marie-Madeleine Compère écrit six livres, en dirige quatre autres et rédige une trentaine d'articles[3]. Elle meurt, emportée par la maladie, le [1] dans le 20e arrondissement de Paris.

Principaux ouvrages modifier

  • Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, L’Éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, SEDES-CDU, , 304 p. (ISBN 978-2-7181-5201-1)[6].
  • Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français (XVIe – XVIIIe siècles) : Répertoire, t. 1 : France du Midi, Paris, CNRS/INRP, , 759 p. (ISBN 978-2-7342-0003-1)[7],[8],[9],[10].
  • Marie-Madeleine Compère, Du collège au lycée (1500-1850) : généalogie de l'enseignement secondaire français, Paris, Gallimard/Julliard, coll. « Archives », , 294 p. (ISBN 2-07-070387-8)[16],[17].
  • Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français (XVIe – XVIIIe siècles) : Répertoire, t. 2 : France du Nord et de l’Ouest, Paris, CNRS/INRP, , 710 p. (ISBN 978-2-7342-0196-0)[11],[12].
  • Marie-Madeleine Compère et Dolorès Pralon-Julia, Performances scolaires de collégiens sous l’Ancien Régime : Étude de six séries d’exercices latins rédigés au collège Louis-le-Grand vers 1720, Paris, INRP/Publications de la Sorbonne, , 266 p. (ISBN 978-2-85944-215-6, lire en ligne)[18],[19].
  • Marie-Madeleine Compère, L'histoire de l'éducation en Europe : essai comparatif sur la façon dont elle s'écrit, Paris/Berne, INRP/Peter Lang, , 296 p. (ISBN 9782734204695)[20],[21],[22].
  • Marie-Madeleine Compère (dir.), Histoire du temps scolaire en Europe, Paris, INRP/Économica, , 392 p. (ISBN 9782717832891)[23].
  • Marie-Madeleine Compère, Danièle Alexandre-Bidon, Brigitte Dancel, Yves Galoupeau, Jacques Verger, Gérard Bodé, Patrick Ferté et Philippe Marchand, Le patrimoine de l’Éducation nationale, Charenton-le-Pont, Flohic, , 989 p. (ISBN 978-2842340346)[24].
  • Marie-Madeleine Compère (dir.) et Philippe Savoie (dir.), L’établissement scolaire : Des collèges d’humanités à l’enseignement secondaire, (XVIe – XXe siècles), n° spécial 90 de Histoire de l’éducation, (ISBN 978-2-7342-0889-1, lire en ligne).
  • Marie-Madeleine Compère, Les collèges français (XVIe – XVIIIe siècles) : Répertoire, t. 3 : Paris, Paris, INRP, coll. « Bibliothèque de l'histoire de l'éducation » (no 10), , 478 p. (ISBN 9782734208860, lire en ligne)[13],[14].

Notes et réferences modifier

  1. a b c d e f g h i et j Armelle Sentilhes, « Marie-Madeleine Compère (1946-2007) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 165, no 2,‎ , p. 630–632 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Émile Goichot, « Dainville (François de) L'Education des Jésuites (XVIe – XVIIIe siècles », Archives de sciences sociales des religions, vol. 47, no 2,‎ , p. 243–243 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c d e f et g Boris Noguès et Philippe Savoie, « Marie-Madeleine Compère (1946-2007) », Histoire de l’éducation, no 124,‎ , p. 7–26 (ISSN 0221-6280, DOI 10.4000/histoire-education.2058, lire en ligne, consulté le ).
  4. Dominique Julia, « Médaille d'argent du CNRS », Les Cahiers du centre de recherches historiques. Archives, no 22,‎ (ISSN 0990-9141, DOI 10.4000/ccrh.2402, lire en ligne, consulté le ).
  5. Yves Poutet, « Roger Chartier, Dominique Julia, Marie-Madeleine Compère. L'éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 63, no 170,‎ , p. 121–125 (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b Édouard Gruter, « Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, L'éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 24, no 3,‎ , p. 478–482 (lire en ligne, consulté le ).
  7. a et b François Lebrun, « Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français, 16e-18e siècles. Répertoire, 1 : France du Midi », Annales. Histoire, Sciences sociales, vol. 40, no 2,‎ , p. 454–455 (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b Nicole Hulin, « Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français, XVIe – XVIIIe siècles. Répertoire 1 : France du Midi », Revue d'histoire des sciences, vol. 38, no 2,‎ , p. 169–170 (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b Étienne Broglin, « Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français, XVIe – XVIIIe siècles. Répertoire 1, France du Midi », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 33, no 1,‎ , p. 156–161 (lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b Simonne Guenée, « Marie-Madeleine Compere et Dominique Julia. Les collèges français, XVIe – XVIIIe siècles. 1 : Répertoire. France du Midi. Paris : Institut national de recherche pédagogique ; Centre national de la recherche scientifique, 1984. In-8°, 761 pages. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 143, no 1,‎ , p. 203–205 (lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b Jean Quéniart, « Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les Collèges français, 16e-18e siècles. Répertoire 2, France du Nord et de l'Ouest. », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 96, no 3,‎ , p. 366–366 (lire en ligne, consulté le ).
  12. a et b (en) George Huppert, « Review of Les Colleges Français: 16e-18e siecles. Vol. 2, Répertoire France du Nord et de l'Ouest », History of Education Quarterly, vol. 30, no 1,‎ , p. 97–98 (ISSN 0018-2680, DOI 10.2307/368760, lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b Danielle Fauque, « Review of Les Collèges français, XVIe – XVIIIe siècles : Répertoire 3 — Paris », Revue d'histoire des sciences, vol. 59, no 1,‎ , p. 155–156 (ISSN 0151-4105, lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b (de) Michael Müller, « M.-M. Compère, Les collèges français XVIe – XVIIIe siècles. Répertoire 3: Paris, 2002 », Francia, vol. 31, no 2,‎ , p. 262-264 (lire en ligne).
  15. Jacques Verger, « L'histoire des savoirs, des sciences et des techniques », dans Jean-François Sirinelli, Pascal Cauchy, Claude Gauvard (dir.), Les historiens à l'oeuvre 1995-2010, Paris, PUF, , 330 p. (ISBN 9782130584988), p. 319-328.
  16. a et b Jean Quéniart, « Marie-Madeleine Compere (dir.), Du collège au lycée (1500-1850) », Annales, vol. 44, no 4,‎ , p. 893–894 (lire en ligne, consulté le ).
  17. a et b (en) George Huppert, « Marie-Madeleine Compère Du collège au lycée, 1500–1850: Généalogie de renseignement secondaire français. (Collection Archives.) Paris: Gallimard. 1985. Pp. 285. 85 fr », The American Historical Review,‎ , p. 120-121 (ISSN 1937-5239, DOI 10.1086/ahr/91.1.120-a, lire en ligne, consulté le ).
  18. a et b Cécile Bellon et Catherine Granger, « Marie-Madeleine Compere et Dolorès Pralon-Julia. Performances scolaires de collégiens sous l'Ancien Régime. Etude d'exercices latins rédigés au collège Louis-le-Grand vers 1720. Paris : Institut national de recherche pédagogique, Publications de la Sorbonne, 1992. In-8°, 261 pages, illustrations. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 151, no 2,‎ , p. 427–428 (lire en ligne, consulté le ).
  19. a et b Jacques Gavoille, « Marie-Madeleine Compere et Dolorès Pralon-Julia, Performances scolaires de collégiens sous l'Ancien Régime. Études d'exercices latins rédigés au collège Louis-le-Grand vers 1720 », Annales. Histoire, sciences sociales, vol. 49, no 2,‎ , p. 447–449 (lire en ligne, consulté le ).
  20. a et b Claude Lelièvre, « Compère (Marie-Madeleine). — L'Histoire de l'éducation en Europe. Essai comparatif sur la façon dont elle s'écrit », Revue française de pédagogie, vol. 116, no 1,‎ , p. 140–142 (lire en ligne, consulté le ).
  21. a et b Philippe Marchand, « Marie-Madeleine Compère, L'histoire de l'éducation en Europe. Essai comparatif sur la façon dont elle s'écrit, 1995 », Revue du Nord, vol. 80, no 326,‎ , p. 788–789 (lire en ligne, consulté le ).
  22. a et b Sarah A. Curtis, « Review of L'Histoire de l'éducation en Europe: Essai comparatif sur la façon dont elle s'écrit », History of Education Quarterly, vol. 37, no 1,‎ , p. 63–65 (ISSN 0018-2680, DOI 10.2307/369907, lire en ligne, consulté le ).
  23. a et b Philippe Marchand, « Marie-Madeleine Compère (sous la dir. de), Histoire du temps scolaire en Europe, 1997 », Revue du Nord, vol. 80, no 326,‎ , p. 789–790 (lire en ligne, consulté le ).
  24. Françoise Mayeur, « ALEXANDRE-BIDON (Danièle), COMPÈRE (Marie-Madeleine), DANCEL (Brigitte), GAULUPEAU (Yves), VERGER (Jacques), BODÉ (Gérard), FERTÉ (Patrick), MARCHAND (Philippe). – Le Patrimoine de l’Éducation nationale. », Histoire de l’éducation, no 85,‎ (ISSN 0221-6280, DOI 10.4000/histoire-education.399, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

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