Le Merkava Mk. 4 est le quatrième et dernier de la série des chars de combat Merkava. Il intègre les dernières technologies mises au point en Israël en ce qui concerne la conduite de tir, la stabilisation de l'armement, les blindages, les communications et la puissance de feu.

Merkava Mk. 4
Image illustrative de l’article Merkava Mark 4
Vue de côté d'un Merkava Mk. 4.
Caractéristiques de service
Service (19 ans)
Utilisateurs Israël
Production
Concepteur MANTAK
Constructeur IMI
Production 360 exemplaires
Variantes Namer
Caractéristiques générales
Équipage 4 : chef de char, conducteur, chargeur et tireur
Longueur 7,60 m (9,04 m avec le canon)
Largeur 3,72 m
Hauteur 2,66 m (toit tourelle)
Masse au combat 72 t[1] (Mk. 4M)
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type blindage composite modulaire
Armement
Armement principal un canon lisse MG251-LR de 120 mm (48 obus)
Armement secondaire deux mitrailleuses MAG de 7,62 mm, une mitrailleuse lourde M2 et un mortier Commando de 60 mm (24 à 30 obus)
Mobilité
Moteur V12 Diesel General Dynamics GD883 à refroidissement liquide
Puissance 1 500 ch (1 118,5 kW) à 2 400 tr/min
Transmission Renk RK 325 automatique (5 AV/5 AR)
Suspension Ressorts hélicoïdaux verticaux et à amortisseurs hydrauliques rotatifs
Vitesse sur route 64 km/h
Puissance massique 20,8 ch/t
Réservoir 1 400 l
Autonomie 500 km
Chronologie des modèles

Historique modifier

Le Merkava Mk. 4 est dévoilé en juin 2002 lors d'une cérémonie organisée par l'Armée de défense d'Israël. Le , le tout premier Merkava Mk. 4 est livré à l'école des blindés Shizafon où il servira à la formation et à la conversion des équipages[2]. Le baptême du feu du Merkava Mark 4 a lieu durant l'été 2006, durant la seconde guerre du Liban.

Caractéristiques techniques modifier

Protection modifier

Une munition tueuse et un radar faisant partie du système de protection active Trophy.

Le toit de la tourelle du Mk. 4 est protégé par un blindage composite épais de 200 à 300 mm capable d'encaisser l'impact d'un missile antichar arrivant sous environ 70° d'incidence[3]. Sa tourelle consiste en une structure en acier ceinturée par une série de modules détachables renfermant, entre autres, des éléments de blindage réactif explosif[4]. Quatre détecteurs d'alerte laser Amcoram LWS-2 sont montés sur la tourelle.

Le Merkava Mk. 4M Windbreaker intègre un système de protection active Trophy de type hard-kill. Conçu par Rafaël, il est capable d'abattre en vol les projectiles antichar d'assaillants.

Un système de protection CBRN appelé LSS (Life Support System) est monté à l'arrière de la tourelle, conçu par Shalon Chemical Industries Ltd et Elbit Systems Ltd, il assure la filtration, la climatisation et la surpression du compartiment de combat.

Armement modifier

Principal modifier

Le canon MG251-LR de 120 mm du Merkava Mk. 4 possède une pression admissible en chambre supérieure à celle du MG251 armant le Merkava Mk. 3. Cela lui permet de tirer des munitions flèches utilisant des poudres propulsives plus énergétiques.

Dix munitions sont prêtes au tir, elles sont logées dans deux barillets à munitions situés au-dessus du chemin de roulements, à l'arrière-droite de la tourelle. Le tireur dispose d'un clavier lui permettant de sélectionner le type de munition à charger, les barillets tournent de façon à présenter et sortir la munition demandée[3].

Secondaire modifier

Une mitrailleuse MAG de calibre 7,62 mm est montée de manière coaxiale à gauche du canon de 120 mm. Le Merkava Mk. 4 peut embarquer jusqu'à dix mille cartouches de 7,62 × 51 mm en bandes de deux cents.

Afin de contrer les tireurs embusqués, une mitrailleuse lourde M2 de 12,7 mm est montée sur le masque du canon de 120 mm et suit les mouvements de celui-ci. Elle fait partie du kit de combat urbain LIC (Low intensity conflict) et est opérée sous blindage, depuis l'intérieur du char.

Un mortier Soltam Commando de 60 mm est monté dans le toit de la tourelle devant le poste du chargeur, il est opéré par ce dernier, depuis l'intérieur.

Moyen d'observation et conduite de tir modifier

La conduite de tir automatique porte l'appellation Knight Mk. 4 et intègre système de poursuite automatique des cibles.

Le viseur panoramique du chef de char et le viseur du tireur sont stabilisés en site et en gisement et possèdent tous les deux une voie thermique et une voie jour vidéo, affichant une image en noir et blanc ou en couleur.

Les images filmées par les viseurs sont enregistrées dans un enregistreur de missions numérique VDS-60 fabriqué par Vectop[5].

Mobilité modifier

Motorisation modifier

Le moteur Diesel Teledyne Continental AVDS-1790 1 500 HP est initialement choisi pour le Mk. 4, ce moteur de 1 500 ch possède en effet un grand nombre de pièces interchangeables avec les moteurs à refroidissement par air de la série AVDS-1790 installés sur les modèles précédents de Merkava, les Magach ainsi que les Sho't remotorisés.

Finalement, le MANTAK opte pour le GD883 ; une version produite sous licence par General Dynamics à partir du MTU MT-883 Ka 500 allemand. La raison de ce choix est très spécifique : bien que plus coûteux et moins coupleux, le GD883 à l'avantage d'avoir un système à refroidissement liquide. Ce dernier est plus facile à intégrer dans le compartiment moteur du char et permet donc d'éliminer la bosse du capot moteur présente sur les précédents Merkava. Sans cette bosse, le glacis est plus uniforme, il améliore la visibilité du conducteur et facilite l'intégration du blindage composite dans le glacis, contribuant ainsi à la protection balistique du Merkava Mk. 4.

Un groupe auxiliaire de puissance est monté dans un coffre blindé à l'arrière gauche du châssis.

Transmission modifier

Le Merkava Mk. 4 utilise la boîte de vitesses automatique Renk RK 325 qui possède cinq rapports en marche avant et cinq en marche arrière.

Suspension modifier

Le Merkava Mk. 4 reprend le train de roulement du Merkava Mk. 3.

Engagement dans des conflits modifier

Lors du conflit israélo-libanais de 2006, du fait de la mise en service récente des Merkava 4, une minorité seulement des chars utilisés était de ce type. Il y a eu 52 chars Merkava touchés par des missiles antichars (33 Mk2/3, 19 Mk4) et trois détruits par des engins explosifs improvisés. Sur les 52 chars touchés par des missiles, 22 ont été détruits, portant ainsi à 25 le nombre de Merkava irrémédiablement détruits lors de ce conflit. Le taux de pénétration des missiles antichars est identique à celui enregistré lors de la première guerre du Liban (45 %), mais inférieur à celui de la guerre du Kippour (60 %)[6].

La conception du Merkava, privilégiant la protection des équipages, s'est en revanche montrée pertinente, les chars touchés transportaient au total environ 220 hommes et le bilan humain s’établit à 23 morts, soit environ 10 % des hommes exposés (contre 35 % pendant la guerre du Kippour) [7].

Il faut noter aussi que les Merkava 4 ont mieux résisté aux impacts que les anciennes générations.

Il est employé lors de l'offensive terrestre israélienne de 2023-2024 dans la bande de Gaza.

Parc en ligne et futur modifier

En , on estime le nombre de Mk. 4 en service à 360 (environ 300 en commande)[8]; en service dans les 7e et 401e brigades en 2015[9].

En , le gouvernement israélien annonce, après hésitations, que la production de Mark IV, qui occupe 6 000 personnes est maintenue et le retrait futur des Mark I et II qui seront proposés à l'exportation[10].

Une nouvelle génération de char devait apparaître en 2020. En 2012, le journal The Jerusalem Post spécule qu'il pourrait être armé d'un canon électromagnétique ou d'un laser, équipé d'un moteur hybride et que son équipage pourrait être réduit à deux personnes[11] mais en 2023, c'est un Mark 4 modernisé sous le nom de Barak qui rentre en service.

Versions et variantes modifier

Modèles modifier

  • Merkava Mark 4A : modèle initial.
  • Merkava Mark 4B Bet : modèle entré en service en 2011-2012, il possède un nouveau viseur panoramique pour le chef de char.
  • Merkava Mark 4M Meil Ruach Wind Breaker : appellation des modèles équipés, à partir de 2009, du système de protection active Trophy.
  • Merkava Mark 4 400 : Merkava Mk. 4M équipé d'un nouveau système d'information terminal (SIT) Mesoa 750.
  • Merkava Mark 4 Barak : version revalorisée du Merkava Mk. 4, outre le système de protection active Trophy monté de série, il possède de nouveaux écrans tactiles plus grands[12], intègre le système de réalité augmentée Iron Vision combinant des caméras de vision périphérique (dont une caméra de recul) à des casques de réalité virtuelle. Le viseur panoramique du chef de char est remplacé un viseur panoramique COAPS-L, conçu et fabriqué par Elbit Systems. L'électronique de bord comprend un système informatique géré par une intelligence artificielle[13]. Révélé en 2018, ce modèle est entré en service en mai 2023.

Variantes modifier

  • Namer : véhicule blindé de transport de troupes conçu sur le châssis du Merkava Mk. 4, appelé Namer (« Tigre » ou Nagmash Merkava), il est entré en service en . En , Tsahal a commandé cent trente Namer et en a reçu dix. Huit cents autres véhicules devraient être commandés pour remplacer à terme les M-113 Zelda, offrant ainsi une meilleure protection aux troupes embarquées.
  • Nemera : char de dépannage conçu sur le châssis du Merkava Mk. 4. Appelé Nemera (« Tigresse »), il a été développé pour pouvoir dépanner le Merkava Mk. 4, plus lourd, et remplacer les vieux M88 américains. .
  • Merkava Mk. 4 AVLB : véhicule blindé pontonnier conçu sur le châssis du Merkava Mk. 4. Deux exemplaires ont été livrés à l'armée de terre philippine en 2022[14].

Notes et références modifier

  1. Marc Chassillan, « Quels blindés pour les conflits futurs ? », DEFENSE & Industries, no 16,‎ , p. 6 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  2. (en) « Merkava Mk. 4 » Accès libre, sur israeli-weapons.com (consulté le )
  3. a et b Marc Chassillan, « Le char israélien Merkava 4 », Raids Les chars de combat en action Tome 4,‎ date inconnue, p. 74
  4. (en) Mighty_Zuk, « Latrun Conference: Barak MBT And ATMOS SPH » Accès libre, sur armor-il.blogspot.com, (consulté le )
  5. (en) Tamir Eshel, « Merkava Mk-4 Detailed » Accès libre, sur defense-update.com, (consulté le )
  6. Pierre Razoux, « Après l’échec. Les réorientations de Tsahal depuis la deuxième guerre du Liban » [PDF], Institut français des relations internationales, , p. 12
  7. Marc Chassillan, « Premier bilan technique de vulnérabilité des chars Merkava », Raids, no 245, octobre 2006.
  8. (en) [PDF] « The Institute for National Security Studies », chapitre « Israel, 2012 » 8 mai 2012.
  9. Seth J. Frantzan, « L'homme et la machine », sur Jerusalem Post, (consulté le ).
  10. (en) « Israel restarts Merkava tank production », sur United Press International, (consulté le ).
  11. (en) Yaakov Katz, « The IDF’s future tank: Electromagnetic cannon », sur The Jerusalem Post, (consulté le ).
  12. (en) Mighty_Zuk, « Merkava 4 Barak » Accès libre, sur armor-il.blogspot.com, (consulté le )
  13. (en) IDF Editorial Team, « Meet the Merkava Mk. 4 Barak » Accès libre, sur www.idf.i, (consulté le )
  14. (en) Gordon Arthur, « Merkava-based AVLBs reach the Philippines » Accès libre, sur shephardmedia.com, (consulté le )

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier