Moult Éditions

maison d'édition canadienne
Moult Éditions
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Caractéristiques
Nom complet
Moult Éditions
Date de création
Siège (ville)
Montréal
Siège (pays)
Canada
Langue de publication
français
Site officiel

Moult Éditions est une maison d'édition québécoise fondée en février 2007 à Montréal dont la ligne éditoriale est orientée vers la satire et la critique.

Histoire modifier

Avant de fonder Moult Éditions, le noyau éditorial de la maison d’édition animait la revue La Conspiration dépressionniste (2003-2013) “revue où se côtoient créations, satires et essais de critique politique et culturelle”[1]. Huit numéros paraissent entre 2003 et 2011, en plus de bulletins gratuits et de deux livres[2]. C’est à partir de cette expérience éditoriale que le groupe initial fait le pas vers le projet d’une maison d’édition[3].

Enregistrée comme organisme à but non lucratif, Moult Éditions défend une ligne éditoriale qu’elle définit comme “critique du dépressionnisme par des approches philosophiques, poétiques, caustiques et satiriques de la société”[4]. On le présente souvent comme un des rares éditeurs québécois qui, malgré sa participation au circuit commercial du livre, fonctionne sans subvention[5] et de manière autonome[6].

Dans ses premières années d’existence, Moult Éditions poursuit un travail d’éditions “ ne bénéficiant [...] de l’aide d’aucun distributeur”[7], et s’associe avec d’autres maisons d’édition (comme Les Éditions Rodrigol) pour mettre en commun leurs efforts de diffusion littéraire à travers le projet de “Dynamo-machines” et la librairie en ligne “Le Pressier”[8].

Depuis 2019, la maison est diffusée et distribuée par Dimedia et poursuit ses activités à raison de quelques publications par année seulement.

La plupart des publications diffèrent les unes des autres de par leur format unique et leur maquette changeante. On y remarque aussi une forte composante d’image comme en témoigne la participation de plusieurs artistes underground, dont Alexandre Fatta, Caro Caron et Jacques Bref.

Publications modifier

Le catalogue comprend des textes polémiques, de la fiction, de la poésie (à travers la collection Critures ”orientée vers la poésie irrévérencieuse”[9]et Cul-de-lampe). On compte également une collection intitulée Petite bibliothèque nihiliste, ainsi que la collection Inauditus, axée sur la réédition d'œuvres québécoises avant la Révolution tranquille “ qui sort de l’anonymat des livres obscurs parus entre 1900 et 1960”[10].

Dès sa fondation, la maison fait paraître quelques livres, mais c’est véritablement à partir de la publication de Québec, ville dépressionniste (2008), qu’elle se fait connaître d’un public moins restreint, en recevant plusieurs recensions dans des médias traditionnels[11],[12] et à l’étranger. Le sociologue français Jean-Pierre Garnier dira d'ailleurs du livre qu'il “faisait tache au milieu des festivités destinées à promouvoir la capitale nord-américaine de la francophonie[13]”. Québec, ville dépressionniste sera l’objet d’une réédition augmentée en 2018, avec une contribution de Garnier[14].

Plusieurs titres de Moult Éditions s'établissent dans l’espace public comme Montréal, ville dépressionniste, un ouvrage qui se démarque par ses "abondantes illustrations tour à tour trash, fascinantes et inspirantes, à l’image de l’ensemble de l’œuvre[15]". Le Devoir dira qu'il s'agit d'un “anti-cahier souvenir du 375e cataloguant avec une imperturbable opiniâtreté les turpitudes morales, les injustices historiques et les aberrations urbanistiques dont se sont rendus coupables la métropole et ses dirigeants”[16]. Le livre sort en 2018, soit 10 années après Québec, ville dépressionniste.

En 2008, la publication d'une anthologie des cinq premiers numéros de la La Conspiration dépressionniste sera l’occasion pour le sociologue Jean-Philippe Warren d'affirmer que la revue: “ouvre ses pages à une sensibilité sans concession, tout aussi pourfendeuse d’une droite orthodoxe que critique d’une gauche mollassonne. Il faut la lire pour ce qu’elle est. Et agir, ensuite, en conséquence.”[17]

En 2012, Yannick Lacroix fait paraître Les Cosmonautes de l’Absolu qui sera considéré dans la liste élargie des 100 livres incontournables de Radio-Canada[18].

Simon-Pierre Beaudet est un des auteurs les plus importants de la maison avec la publication de Fuck le monde en 2016 (avant-propos de Catherine Dorion) véritable "critique par l'irritation"[19] et Ils mangent dans leurs chars en 2021, qui prend son inspiration du débat sur le troisième lien[20] et que le journaliste Dominic Tardif définit comme une "dystopie du présent"[21]. L’autrice Bureau Beige fait paraître en 2017 Pensées pour jours ouvrables[22] et Vieille Fille, notes intimes en 2021 sous un pseudonyme éponyme[23], qui seront également des titres très médiatisés de la maison. Finalement, la réédition de l’ouvrage "mi-ethnographique, mi-littéraire"[24] On n’est pas des trous-de-cul de Marie Letellier paru en 1971 par les éditions Parti pris, qui, selon Jacques Ferron est un “roman déguisé"[25] permet au titre de prendre de la popularité, jusqu'à inspirer une adaptation théâtrale[26].

En 2018, le poète Alain Larose (Harikots, Poèmes pour Pierrette et La chanson de ma mère) reçoit le prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, catégorie "Poésie", pour La chanson de ma mère[27].

Notes et références modifier

  1. « L’identique et le non-identique : le discours polémique du premier éditorial de la revue La Conspiration dépressionniste », sur revuepostures.com (consulté le )
  2. Guillaume Bellehumeur, « « L'ennui est contre-révolutionnaire » : réappropriation des discours lettriste et situationniste dans la revue La Conspiration dépressionniste (2003-2011) », @nalyses. Revue des littératures franco-canadiennes et québécoise, vol. 13, no 2,‎ , p. 10–38 (ISSN 1715-9261, DOI 10.18192/analyses.v13i2.3603, lire en ligne, consulté le )
  3. Catherine Lalonde, « Les éditions de l’urgence », sur Le Devoir, (consulté le )
  4. (en) « À PROPOS DE NOUS », sur moulteditions (consulté le )
  5. Marie-Andrée Bergeron, « Parler du monde pour le mettre à terre », Liberté, no 319,‎ , p. 54–55 (ISSN 0024-2020 et 1923-0915, lire en ligne, consulté le )
  6. « On n'est pas des trous-de-cul », sur La Métropole, (consulté le )
  7. « Moult éditions », sur Liberté – Art et politique (consulté le )
  8. Laurence Côté-Fournier, « Les Éditions Rodrigol : un formalisme du commun », Études françaises, vol. 52, no 2,‎ , p. 29–46 (ISSN 0014-2085 et 1492-1405, DOI 10.7202/1036923ar, lire en ligne, consulté le )
  9. Sébastien Dulude, « Éric Charlebois, Mathieu Latulippe, David Goudreault », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 157,‎ , p. 42–43 (ISSN 0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le )
  10. Dominic Tardif, « Parce que les livres ne devraient pas avoir de date de péremption », sur Le Devoir, (consulté le )
  11. Isabelle Porter, « Sympathique brûlot sur la laideur... de Québec », sur Le Devoir, (consulté le )
  12. Gagné, Jean-Simon, « Déjà fatigué du 400e ? », Le Soleil,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  13. Garnier, Jean-Pierre, « Recensions d'ouvrages », Espaces et sociétés, nos 152-153,‎ 2013/1-2, p. 241 à 257
  14. Droit de Parole, « Moins de béton, plus de beauté », sur Droit de Parole, (consulté le )
  15. « MONTRÉAL, VILLE DÉPRESSIONNISTE », sur Nuit blanche (consulté le )
  16. Dominic Tardif, « Montréal, une île, une ville dépressionniste à en pleurer », sur Le Devoir, (consulté le )
  17. Jean-Philippe Warren, « Simon-Pierre Beaudet et al., La conspiration dépressionniste, volumes I-V, 2003-2008, Montréal, Moult Éditions, 2009, 221 p. », Recherches sociographiques, vol. 51, no 3,‎ , p. 503–505 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/045451ar, lire en ligne, consulté le )
  18. Zone Arts- ICI.Radio-Canada.ca, « Les Canadiens complètent la liste des 100 livres incontournables », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  19. Mathieu Arsenault, « Fuck le monde de Simon-Pierre Beaudet », Spirale : arts • lettres • sciences humaines, no 262,‎ , p. 58–59 (ISSN 0225-9044 et 1923-3213, lire en ligne, consulté le )
  20. Julien-Pierre Dufour, « Foutu lien routier / Simon-Pierre Beaudet, Ils mangent dans leurs chars. Chroniques du troisième lien et de la fin du monde, Montréal, Moult Éditions, 2021, 242 pages », Les Cahiers de lecture de L'Action nationale, vol. 16, no 3,‎ , p. 7–7 (ISSN 1911-9372 et 1929-5561, lire en ligne, consulté le )
  21. Dominic Tardif, « Le troisième lien, cette dystopie du présent », sur Le Devoir, (consulté le )
  22. Dominic Tardif, « Bureau Beige propose un manuel de survie aux fadaises de cubicule », sur Le Devoir, (consulté le )
  23. Dominic Tardif, « Vieille Fille, notes intimes », sur Le Devoir, (consulté le )
  24. Emanuel Guay, « On n’est pas des trous-de-cul, de Marie Letellier, Montréal, Moult Éditions, 2019, 223 p. », Politique et Sociétés, vol. 40, no 3,‎ , p. 247–249 (ISSN 1203-9438 et 1703-8480, DOI 10.7202/1083033ar, lire en ligne, consulté le )
  25. Jacques Lanctôt, « « Un roman déguisé » – Jacques Ferron », sur Le Journal de Montréal, (consulté le )
  26. Dominic Tardif, « Pas riches, mais pas des «trous-de-cul» », sur Le Devoir, (consulté le )
  27. « Alain Larose », sur Salon du livre - Du Saguenay–Lac-Saint-Jean (consulté le )

Liens externes modifier