Murat Rais
Mourad Raïs, Murat Rais (ou Mouard, capitaine Mourad), corsaire d'Alger[1] d'origine albanaise du XVIe siècle, est considéré comme un des corsaires barbaresques les plus importants[2].
Carrière
modifierSelon Diego de Haedo, il nait d'une famille albanaise chrétienne, et est enlevé à l'âge de 12 ans par le corsaire Kara Ali, qui lui donne le commandement d'une galère. Au début de sa carrière, il fait cependant naufrage en 1565 alors qu'il avait quitté de son propre chef la flotte attaquant Malte[3].
Il quitte Alger en 1585 avec quatre galiotes pour lancer une expédition contre les Îles Canaries. Il fait escale à Salé, dont l'activité corsaire en est à ses débuts[1]. Il finit par atteindre Lanzarote en 1586, ce qui est un exploit de navigation avec des galiotes qui se déplacent essentiellement avec des rames[1]. Avec l'aide de deux cent cinquante Turcs mousquetaires, il capture 300 personnes dont la femme et la fille du gouverneur espagnol des Canaries. Le gouvernement espagnol outré dépêche 15 galiotes sous les ordres de Martín Padilla. Mourad Rais se replie vers un port de la côte atlantique nord-africaine, probablement Mamora où il se cache pendant 1 mois. À la faveur d'une nuit de mauvais temps il déjoue la vigilance du blocus espagnol et regagne la Méditerranée[1].
Il est nommé amiral d'Alger en 1595, 10 ans après son expédition victorieuse dans les Canaries[1] puis de bey de La Morée pendant l’été 1607 et enfin à la tête de l’expédition de la flotte ottomane en 1608[4].
Il fut grièvement blessé lors la bataille de « l’enfer noir » (Qârâ Jahannam), une bataille entre les Ottomans et Malte. Il fut transporté pour des soins à Chypre, il y mourut et fut enterré selon ses désirs à Rhodes où il a son mausolée[4].
Postérité
modifierPlusieurs sous-marins de la marine turque ont été nommés "Murat Reis" (voir le Classe Oruç Reis). Une des municipalités de la ville d'Alger, autrefois capitale de la régence d'Alger, Bir Mourad Raïs (puits de Murat Reis) s'appellerait ainsi en son honneur.
Sous le nom de Morato Arráez, il est mentionné dans plusieurs œuvres littéraires de l'âge d'or espagnol, par exemple par Miguel de Cervantes et Lope de Vega[5].
Notes et références
modifier- Roger Coindreau, Les corsaires de Salé, Eddif, , 243 p. (ISBN 978-9981-896-76-5, lire en ligne), p. 75
- (en) Angus Konstam, Piracy : the complete history, Osprey Publishing, , 336 p. (ISBN 978-1-84603-240-0 et 1-84603-240-7, lire en ligne), p. 89
- Philip Gosse, The History of Piracy, 1934, p.40, d'après John Morgan, A complete history of Algiers. To which is prefixed, an epitome of the general history of Barbary, from the earliest times, 1731, p.557, lui-même d'après Diego de Haedo (p.173 de l'édition de Grammont
- Lemnouar Merouche, Recherches sur l’Algérie à l'époque ottomane II. La course, mythes et réalités, Bouchène, (ISBN 9782912946959, lire en ligne), pages 177 à 190
- (en) Ardian Muhaj, « Ottoman Corsairs in The Atlantic During the 16th Century: Murat Rais, The Albanian and The First Ottoman Expedition to The Canary Islands », Uluslararasi Piri Reis ve Türk Denizcilik Tarihi Sempozyumu, Istanbul, 26–29 september 2013, p. 261-269 (lire en ligne)