Musée alsacien

musée situé à Strasbourg

Le Musée alsacien de la ville de Strasbourg est un musée d’arts et traditions populaires, présentant les témoignages de la vie alsacienne traditionnelle du XVIIe au XXe siècle : habitat, mobilier, objets du quotidien, céramiques, costumes, objets religieux, jouets, artisanat. Ils sont présentés pour la plupart dans des reconstitutions d’intérieurs et d’ateliers d’artisans. Le Musée alsacien est notamment dépositaire depuis l’origine d’une importante collection confiée par la Société d'histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine permettant de présenter, en association aux collections dont le musée est propriétaire, le patrimoine culturel des Juifs d’Alsace.

Musée alsacien
Informations générales
Ouverture
11 mai 1907
Dirigeant
Elisabeth Shimells
Visiteurs par an
62 696 (2016)
61 016 (2017)
Site web
Collections
Collections
ethnologie, arts et traditions populaires
Nombre d'objets
5 000 exposées sur 50 000
Bâtiment
Protection
Logo monument historique Inscrit MH (1929, façade, toiture)
Localisation
Pays
France
Division administrative
Commune
Adresse
23-25, quai Saint-Nicolas
Coordonnées
Carte

Développant 1 600 m2 de salles d'exposition, il est situé au bord de l’Ill, aux nos 23-25 du quai Saint-Nicolas, à proximité de la place du Corbeau, dans un bâtiment inscrit aux monuments historiques[1].

Histoire

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Enseigne du Musée alsacien par Paul Braunagel.
Cour intérieure et galerie de 1622.

Alors que l’Alsace et une partie de la Lorraine se retrouvent annexées à l'Empire allemand (1871-1918), certains artistes et écrivains attachés à la culture alsacienne décident, à l'impulsion de l'artiste Charles Spindler, de fonder en 1898 la Revue alsacienne illustrée. Cette revue contient des articles sur le patrimoine et la culture de la région, des descriptions de lieux emblématiques, d'objets typiques, des écrits en dialecte, illustrés par des artistes alsaciens. C’est dans la publication du mois d' qu'il est fait mention pour la première fois du projet de création d’un « musée ethnographique alsacien ».

Le , en l’étude de maître Alfred Ritleng à Strasbourg, a lieu l’assemblée générale fondatrice. Il y est donné lecture de l’acte de constitution de la société du futur musée. Parmi les fondateurs, le Dr Pierre Bucher, le Dr Ferdinand Dollinger et son frère Léon Dollinger, Anselme Laugel, Fritz Kiener, l’archéologue Robert Forrer et le Dr Auguste Kassel[2]. L’artiste Charles Spindler, absent de la réunion, offre à la Société en formation une série d’aquarelles originales des illustrations de son ouvrage Costumes et coutumes d’Alsace publié en 1902 avec Anselme Laugel, en échange d’une part sociale de cinq cents marks. Ce sont les premières acquisitions du futur musée. Georges Ritleng, directeur de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, est nommé président d’honneur. La société du musée, issue du comité de rédaction de la Revue alsacienne illustrée, possède dès 1907 un capital de 50 000 francs-or et acquiert en 1904 la propriété d’un immeuble 23 quai Saint-Nicolas, choisi pour son cachet et sa position proche du centre ville.

Le musée ouvre ses portes au public le . À cette occasion une grande kermesse paysanne est organisée les 29, 30 et au bénéfice des « Colonies de Vacances ». Les dames de la bonne société ont endossé des costumes traditionnels de paysannes alsaciennes et le musée est décoré et aménagé à l'imitation des kermesses villageoises. Les comptoirs de ventes, très décorés, proposent des articles et de la nourriture typiques. Les épouses des sociétaires organisent la vente et tiennent les stands.

Kermesse au Musée alsacien.

Cette kermesse remporte un franc succès, au point que l’année suivante est organisée une nouvelle fête sur le thème du roman d’Erckmann-Chatrian, Madame Thérèse.

Le « Bazar Erckmann-Chatrian » a lieu l'année suivante du 22 au [3]. Désireux d’exprimer leurs sentiments francophiles, les organisateurs décident de se costumer en personnages de Madame Thérèse et d’Histoire d’un paysan, deux romans patriotiques décrivant des personnages héroïques prêts à tout pour sauver leur territoire. Dans l’Alsace annexée et en plein débat sur la revendication d’une constitution, ces œuvres littéraires possèdent une résonance toute particulière auprès des milieux gravitant autour du Musée alsacien. Les autorités allemandes laissent faire, mais cette manifestation célébrant la France ne passe pas inaperçue.

Quelques années plus tard, dans le contexte de la première guerre mondiale, ces mêmes autorités décident de liquider l'entreprise « Société du Musée alsacien ». La municipalité de Strasbourg reprend alors à son compte l'établissement en 1917, remboursant progressivement les actionnaires et intégrant le Musée alsacien à l'ensemble des Musées de Strasbourg. Le maire nomme à sa tête un conservateur, Adolphe Riff, qui reste en poste jusqu'en 1952. Hans Haug, directeur des musées de Strasbourg, se charge alors du Musée alsacien et sera assisté à partir de 1958 de Roger Henninger.

Entre 1969 et 1985, le conservateur Georges Klein organise les collections et présente de nombreuses expositions à thème. Il mène à bien l’extension du musée dans les deux immeubles voisins (les numéros 24 et 25 quai Saint-Nicolas) et l’aménagement de nouvelles salles permanentes[4]. Sous son impulsion et celle de son successeur Malou Schneider, le Musée alsacien devient l'un des plus importants musées d'arts et traditions populaires de France.

Deux salles du troisième étage ont longtemps été consacrées à l’œuvre du pasteur et pédagogue Jean-Frédéric Oberlin. Lorsque le musée Jean-Frédéric-Oberlin ouvre à Waldersbach en 2003, cette collection lui est remise en dépôt.

Après les festivités du centenaire en 2007, le musée a été l’objet de travaux de mise aux normes de sécurité des œuvres et des personnes et a rouvert au public depuis le .

Collections

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Le musée conserve près de cinquante mille œuvres. Il en expose actuellement plus de cinq mille qui peuvent être classées en quelques grands thèmes.

Vie domestique en Alsace

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Aménagements intérieurs, mobilier et objets des maisons alsaciennes traditionnelles, sont évoqués à travers des reconstitutions de pièces de vie. Richement décorés, le mobilier et les objets offrent une vision diversifiée de l'art populaire alsacien. Les bouquets de fleurs et la grenade symbolisent la prospérité et la fécondité, tandis que le cœur et les oiseaux représentent l'amour conjugal et la fidélité.

L'architecture traditionnelle alsacienne est représentée à travers les maisons à colombages. Ce type de maison est bâti à partir des matériaux disponibles sur place comme le bois ou le grès. L'élément le plus caractéristique est l'ossature de bois composée de poutres horizontales et verticales renforcées par des poutres obliques. Le torchis (mélange de lœss, de sable, de paille hachée et d'eau) sert à former les panneaux parfois ornés de motifs décoratifs et d'inscriptions protectrices.

La gross Stub est anciennement la seule pièce chauffée de la maison. Elle fait à la fois la fonction de salle de séjour, salle à manger et de chambre à coucher des parents et du dernier-né.

Le poêle qui servait à chauffer la Stub est alimenté depuis la cuisine et la fumée évacuée par un tuyau qui revient sous la hotte de la cuisine, permettant par exemple de fumer la viande de porc qui y serait suspendue.

Individu et société

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Les temps forts de la vie des Alsaciens d'autrefois sont représentés au deuxième étage du musée. La naissance, la communion, la confirmation, le mariage et la mort sont abordés selon les traditions catholiques, protestantes et juives. Les souvenirs faits à l'issue de ces rites de passage (baptême, communion, conscription, mariage, décès) permettent d'attester des changements dans le statut social des individus au cours de leur vie.

En outre, ces documents témoignent des changements de nationalité des Alsaciens. Avant 1918 le fait de parler alsacien et d'écrire en allemand est la norme pour beaucoup. C'est seulement après la fin de la Première Guerre mondiale et surtout de la seconde, que l'expression populaire se francise, le dialecte et l'allemand étant assimilés à une vision péjorative de l'ennemi, puis du vaincu.

La cohabitation des Catholiques, Protestants et Juifs en Alsace (religions reconnues par le Concordat) est évoquée à travers les riches collections d'objets religieux.

La salle des costumes présente la diversité des tenues de fêtes, notamment féminines, dont les attributs indiquent notamment le village, le statut marital et social et la religion au premier coup d’œil. La fameuse coiffe à nœuds est devenue de plus en plus grande à partir du XXe siècle, et disparaît progressivement à partir des années 1950, au profit de l'urbanisation et du développement de l'industrie de la mode.

Jeux et jouets

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Une importante collection de jouets provenant notamment de milieux urbains permet d'apprécier la dimension pédagogique du jeu. Orientées par de tenaces stéréotypes de genre, les maisons de poupées servaient à familiariser les filles avec les tâches ménagères et la gestion de la maison. De leur côté, les garçons apprenaient à faire la guerre en déplaçant leurs petits soldats ou bien ils se préparaient à exercer un métier en jouant avec des fermes en miniature, trains électriques, etc.

Certains jouets ne pouvaient être manipulés par les enfants que pendant les vacances. Les jouets optiques tels que la lanterne magique étaient généralement offerts aux garçons mais manipulés par les adultes à cause de leur fragilité.

L'industrie du jouet était développée surtout en Allemagne à partir de 1830. La succession de jouets fabriqués en Allemagne et plus tard en France témoignent les changements de nationalité qu'a connus la région.

Productions

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Les dernières salles du musée sont consacrées à des savoir-faire traditionnels alsaciens : la viticulture et les marcaires (producteurs de fromage de Munster).

La culture de la vigne fut introduite en Alsace par les Romains. Depuis, elle constitue une des richesses de la région. Les sept cépages d'Alsace (sylvaner, pinot blanc, riesling, muscat, pinot gris, gewurztraminer et pinot noir) donnent leur nom aux vins. Les décors de tonneaux au Musée alsacien rappellent les mythes gréco-romains, tels que la figure de Dionysos-Bacchus ou les sirènes.

La production de fromage munster, dont le nom vient de l'allemand Melker, a également sa place au musée à travers l'évocation d'une marcairie ou ferme d'été traditionnelle.

Imagerie populaire

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L'exposition Des mondes de papier. L'imagerie populaire de Wissembourg eut lieu du au à la galerie Heitz du palais Rohan à Strasbourg. Elle aborda la production de l'un des principaux centres de production d'imagerie populaire d'Europe situé à Wissembourg, dans le nord de l'Alsace. Fondée en 1835 par Jean Frédéric Wentzel, cette imagerie connut une importante diffusion grâce à l'apparition de la lithographie au XIXe siècle.

Aborder l'histoire de cette imagerie c'est également aborder l'histoire de l'Alsace. Les images évoquent l’émergence des premières manifestations de la culture de masse et permettent d'apprécier les changements de nationalité des Alsaciens et le bilinguisme à l'issue de l'annexion à l'Allemagne en 1871.

Iconographie militaire, maquettes à découper, images pédagogiques et notamment l'imagerie religieuse dont la renommée n'est plus à faire, constatent l'importance de l'image dans la société moderne.

Actuellement, la plupart des images sont en réserve après avoir été présentées lors de l'exposition. Elles peuvent être toujours consultées sur le catalogue édité à ce propos.

Expositions temporaires

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(Liste non exhaustive)

  • Céramiques populaires alsaciennes, 1973
  • Trésors d'art populaire alsacien : matériaux et création, 1975
  • Notre pain quotidien, 1975
  • Le cœur dans l'art populaire d'Alsace, 1976
  • Jeux et jouets d’autrefois, 1976
  • Coutumes et rites de protection en Alsace, 1977
  • Images de Noël, 1977
  • Peintures sous verre d’Alsace, 1978
  • Grès traditionnels d’Alsace et d’ailleurs, 1978
  • Costumes d’Alsace. Matières, travaux d’aiguille, 1979
  • Images votives de pèlerinage, Thierenbach, Oberhaslach, 1981-1982
  • Gâteaux et pâtisseries d'Alsace : moules et formes, 1982-1983
  • Le Poisson dans l'art et les traditions populaires d'Alsace, 1983-1984
  • Faïences populaires lorraines en usage en Alsace, 1984
  • La naissance du Musée alsacien et la Revue alsacienne illustrée, 1985
  • Les Marcaires - d’Malker. Éleveurs et fromagers des Hautes-Vosges, 1987
  • Le mont Sainte-Odile, haut lieu de l’Alsace. Archéologie, histoire, traditions - Histoire d’un pèlerinage, 2002
  • Broder sans compter : L’art de la broderie en Alsace du XVIe au XXe siècle, 2004-2005
  • 100 ans, bien vivant ! - 100 Johr, als noch do ! Les débuts du Musée alsacien, 2007
  • Des mondes de papier. L’imagerie populaire de Wissembourg, 2010.
  • Noël au Musée alsacien, 2012
  • Objets de mon amour, 2013
  • Pâques au Musée alsacien, 2013
  • Zoomorphes: l'animal et ses représentations dans les arts et traditions populaires d'Alsace, 2013
  • Enchantements. Décors des Noël d'Alsace, 2013.
  • Curieuses Pâques. Symboles énigmatiques et secrets de fabrication,
  • Réminiscences. Design / Alsace / Tradition, mai-
  • Germain Muller : Enfin... Redde m'r devun! Enfin... Parlons-en !, janvier-
  • Passages : Rites initiatiques et funéraires, juin-

Notes et références

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  1. Notice no PA00085182, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Georges Klein, Auguste Kassel, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 20, 1993, p. 1893-1894.
  3. Une fête Erckmann-Chatrian au Musée alsacien. Mai 1908, Revue alsacienne illustrée, Strasbourg, 1908, 16 p. + pl.
  4. L’art populaire d’Alsace, Georges Klein, 2002.

Bibliographie

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  • (de + en + fr) Le Musée alsacien à Strasbourg/Das Elsässische Museum in Strassburg/The Alsatian Museum at Strasbourg (en hommage à M. Adolphe Riff, à l’occasion de son 80e anniversaire, textes de Georges Klein), Direction des musées municipaux, Strasbourg, 1970, 48 p.
  • La naissance du Musée alsacien et la Revue alsacienne illustrée : Strasbourg, Musée alsacien, - (catalogue, introduction, textes et bibliographie, Georges Klein ; préface, Jean Favière), Musée alsacien, Strasbourg, 1985, 79 p.
  • Adolphe Riff, « Le Musée alsacien de la ville de Strasbourg, trente années d’activité, 1918-1947 », in Artisans et paysans de France, 1947
  • Georges Klein, Le Musée alsacien de Strasbourg, Éd. des Musées de Strasbourg, ISSN 0221-9255, 1986, 168 p.
  • Malou Schneider (dir.), Le Musée alsacien de Strasbourg, Éd. des Musées de Strasbourg, 2006, 144 p. (ISBN 2-35125-005-2)
  • Malou Schneider, En 2007, ça décoiffe… Centenaire du Musée alsacien, petit journal édité à l’occasion des 100 ans du musée, Éd. des Musées de Strasbourg, 2007, 28 p.
  • Malou Schneider (dir.), Mémoires du judaïsme en Alsace (avec les contributions d'André-Marc Haarscher, Freddy Raphaël, Malou Schneider et Elisabeth Shimells), en partenariat avec la Société d'histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine, Les collections du Musée alsacien, Strasbourg, 2013, 160 p. (ISBN 9782351251065)
  • Bernadette Schnitzler, Histoire des musées de Strasbourg , Editions des musées de Strasbourg, Strasbourg, 2009 (ISBN 9782351250419)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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