Opération Gemse (1945)
L'opération Gemse (Chamois) est l'une des dernières offensives allemandes sur le front de l'Est en 1945. Destinée à préparer le désencerclement de Breslau, cette offensive est centrée sur la ville de Lauban.
Date | du 2 mars au |
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Lieu | Basse-Silésie, Allemagne (aujourd'hui Pologne) |
Issue | succès tactique allemand |
Union soviétique | Reich allemand |
Ivan Koniev | Heinz Guderian Ferdinand Schörner |
1er Front ukrainien | Groupe d'armées Centre |
Batailles
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Contexte
modifierÀ la suite des succès de l'offensive d'hiver soviétique, la Silésie est partiellement conquise par les Soviétiques et l'Oder franchi dans la région en de nombreux points.
Siège de Breslau
modifierLa ville de Breslau est assiégée depuis le [1],[2] ; les unités encerclées parviennent à ralentir efficacement la progression soviétique en Silésie[3].
Situation de l'Armée Rouge
modifierLe , Ivan Koniev, en charge des opérations soviétiques en Silésie, adresse à la Stavka un memorandum sur la situation des unités placées sous ses ordres. Dans ce document, il insiste sur l'épuisement de ses hommes, l'érosion de ses effectifs et la baisse du nombre de blindés à sa disposition ; enfin, le tableau est encore noirci par l'incapacité de l'armée de l'air soviétique à soutenir les troupes au sol, en raison de l'absence de terrains en dur[4].
Dans ce contexte, Koniev profite de ce mémorandum pour défendre la nécessité de l'arrêt des opérations offensives dans son secteur, ce qu'il obtient après un échange téléphonique avec Alexeï Antonov, proche collaborateur de Staline à la Stavka[4].
Le , l'Armée rouge s'est placée en position défensive sur l'ensemble du front de Silésie[5], transformant la guerre de mouvement qui se déroulait depuis le en guerre de positions et d'usure[6].
La Wehrmacht en Silésie
modifierEn retraite depuis la Vistule depuis près d'un mois, les unités allemandes du groupe d'armées centre reçoivent le l'ordre de multiplier les attaques de flanc contre les unités soviétiques[5].
Ces offensives doivent non seulement rejeter les unités soviétiques sur la rive droite de l'Oder, mais aussi dégager Breslau, encerclée depuis quelques jours[5].
Cette dernière préoccupation préside à la planification de plusieurs assauts contre Lauban, par où passe une voie ferrée moderne, sans le contrôle de laquelle aucune opération ne peut être tentée en direction de Breslau[5].
Planification
modifierObjectifs allemands
modifierPar cette offensive, Heinz Guderian, qui l'a ordonnée, souhaite obliger les Soviétiques à se détourner de Berlin, leur objectif principal à ce moment du conflit[5]. De plus, le succès permettrait de briser l'encerclement de la ville de Breslau et le rétablissement de la ligne de front sur l'Oder[5].
La reconquête de la ville pourrait également faciliter l'approvisionnement des unités engagées en Bohême et en Slovaquie[5].
Enfin, ce succès, qui semble à la portée des unités allemandes engagées dans le secteur, est destiné à être exploité par la propagande et redonner ainsi confiance à la population du Reich[5].
Préparation opérationnelle
modifierL'offensive est ainsi rapidement montée et confiée à Walther Nehring, alors commandant du XXIVe Panzerkorps[7].
Renonçant à prendre d'assaut Lauban, opération coûteuse en hommes et en véhicules, il opte pour une attaque en pince dont les deux saillants sont lancés de part et d'autre de Lauban, alors sur la ligne de front, et doivent se rejoindre à 15 km au Nord-Est de Lauban[7].
Unités engagées
modifierLes unités engagées, 200 blindés et 60 000 soldats, sont rapidement concentrées, en dépit des difficultés.
Les moyens déployés, ainsi que la rapidité du regroupement, constituent à ce stade de la guerre, un effort important, en dépit des faiblesses des unités[5]. Cependant, les unités sont peu homogènes, composées d'unités certaines réquipées à neuf, d'autres très affaiblies et limitées dans leurs déplacements par le manque de carburant. Enfin, les état-majors des divisions sont composés de jeunes officiers inexpérimentés[7].
Opérations
modifierL'offensive, lancée dans la nuit du 1er au , surprend les Soviétiques et permet d'avancer dans une profondeur de 4 kilomètres[7], puis s'enlise face à la vivacité de la résistance soviétique[7].
Devant cette résistance, le projet initial d'encerclement d'une vaste zone est abandonné et devient une bataille d'encerclement de faible envergure[8].
Conséquences
modifierPertes soviétiques
modifierLe , la poche est réduite, mais le bilan est dérisoire, les unités soviétiques étant parvenues à s'extraire et laissant aux Allemands 176 prisonniers et 48 canons d'assaut[8].
Impact stratégique
modifierLa reprise de la ville permet également de faciliter les approvisionnements des unités engagées en Silésie, autorisant la préparation d'offensives de dégagement de Breslau, que Schörner se propose de lancer rapidement après un second succès dans la région de Striegau, située à l'Est de Lauban[9].
Cependant, la faiblesse des moyens déployés par la Wehrmacht, ainsi que le rapport de forces général à ce stade du conflit, empêche le commandement du groupe d'armées centre de monter les autres opérations planifiées pour dégager Breslau[9].
Exploitation par la propagande
modifierLa prise de Lauban est exploitée par la propagande. En effet, Joseph Goebbels se rend dans la ville reprise et la visite longuement le [9].
Notes et références
modifierNotes
modifierRéférences
modifier- Kershaw 2012, p. 328.
- Lopez 2010, p. 361.
- Aglan et Frank 2015, p. 1041.
- Lopez 2010, p. 362.
- Lopez 2010, p. 363.
- Aglan et Frank 2015, p. 1051.
- Lopez 2010, p. 365.
- Lopez 2010, p. 366.
- Lopez 2010, p. 367.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Alya Aglan et Robert Frank, 1937-1947 : La guerre-monde I, Paris, Gallimard, , 1412 p.
- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin, Allemagne, 1944-1945, Paris, Éditions du Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4).
- Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2).
- Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande. 1939-1945, Perrin, (ISBN 2-262-01355-1)
- Philippe Masson, Hitler chef de guerre, Perrin, (ISBN 978-2-262-01561-9).
- Vincent Bernard, « Lauban et Bautzen, mars-avril 1945 : le dernier soupir du groupe d'armées centre », Guerres et Histoire, no 17 HS, , p. 126-130.