Opération Sonnenwende
L’opération Sonnenwende (solstice en allemand) constitue l'une des dernières grandes opérations offensives de la Wehrmacht sur le Front de l'Est. Destinée au départ à refouler les Soviétiques des territoires du Reich, que leurs succès du mois précédent avaient permis d'envahir, elle se limite finalement à une tentative de consolidation du front allemand en Poméranie occidentale.
Date | du 15 février au |
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Lieu | Poméranie occidentale (Allemagne) |
Issue | échec allemand |
Union soviétique | Reich allemand |
Gueorgui Joukov | Heinz Guderian Heinrich Himmler Felix Steiner |
1er front de Biélorussie | Groupe d'armée Vistule |
Batailles
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 53° 12′ 00″ nord, 15° 01′ 12″ est | |
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Contexte
modifierLe Reich envahi
modifierÀ la suite des succès soviétiques du mois de janvier, de larges portions du Reich sont envahies par l'Armée rouge, menaçant directement Berlin à partir du 31 janvier, et la saisie de têtes de pont sur la rive gauche de l'Oder, à proximité de Francfort[1].
Himmler, commandant du groupe d'armées Vistule
modifierPour faire face à la déroute des unités allemandes dans le Gouvernement général et en Prusse-Orientale, Hitler et surtout Goebbels[2], souhaitent nommer Himmler commandant en chef de l'armée de terre, après que ce dernier eut fait ses preuves dans le commandement d'un groupe d'armées[3].
Nouvellement nommé, le nouveau commandant en chef du groupe d'armées n'est en réalité pas en mesure de commander de façon efficace les unités placées sous ses ordres[4]; en effet, il arrive au siège de son quartier-général avec une carte à trop petite échelle pour permettre un commandement efficace, puis il se replie à l'Ouest de l'Oder, à Prenzlau, à la fois pour diriger la SS et pour commander son groupe d'armées[5]. De plus, il constitue son état-major avec des membres de la SS, pas forcément compétents pour les tâches d'état-major[2].
Dans le même temps, Hitler remanie constamment le commandement sur le front de l'Est, à la colère de ses conseillers les plus proches, notamment Guderian[6].
Planification et préparation
modifierLe groupe d'armées Vistule
modifierLe groupe d'armées Vistule, nouvellement formé, aligne au début du mois de février vingt-cinq divisions d'infanterie et huit divisions de Panzer[7]. Cette concentration est la conséquence à la fois de l'ultime renversement des priorités stratégiques opérées par Hitler à la suite des succès soviétiques, ce choix stratégique se matérialise par le redéploiement à l'Est des réserves mobiles de l'armée allemande[6] et de la politique de passage au peigne fin des effectifs de l'arrière[5].
Cependant, l'offensive ne concerne que dix divisions, dont sept de Panzer et de Panzergrenadier, auxquelles s'ajoutent une brigade blindée, un autre de canons automoteurs et un bataillon de Tigres royaux[8]. À ces unités s'ajoute toute l'aviation non déployée à la défense de l'Oder[9].
Renforcées par l'envoi de divisions prélevées sur les autres théâtres d'opérations[10], galvanisées par Himmler[11], les unités qui le composent tiennent le secteur du front depuis la ville d'Elbing à l'Est, jusqu'à l'Oder[7].
Préparatifs et objectifs allemands
modifierLancée à l'initiative de Guderian[5], cette offensive est conçue pour bloquer les offensives secondaires soviétiques en destination de la Baltique, en Poméranie[7].
En effet, Guderian souhaite exploiter la position avancée des troupes soviétiques dans la région, pour écraser les unités soviétiques déployées au Nord de la Warthe[12]. Il souhaite surtout renforcer le front en Poméranie, et monter une manœuvre d'encerclement des unités soviétiques avancée sur l'Oder[12].
Après une réunion houleuse[N 1] à la chancellerie du Reich le , l'offensive se limite à une attaque en pince, destinée à reconquérir la rive Nord de la Warthe, voire à atteindre Küstrin, alors sur la ligne de front[8].
Dans ce contexte de défaillance entre Hitler et ses généraux, le déclenchement de l'offensive est planifié pour le 15 et les concentrations opérées dans la plus grande improvisation[8]. L'offensive est alors conçue comme une poussée Nord-Sud sur un front de 50 km de large[8].
Déroulement
modifierDéclenchement de l'offensive
modifierLancée le 15 février 1945 dans une certaine improvisation[8], les unités engagées bousculent alors la 47e armée soviétique. À la faveur de la surprise, le contact est rétabli avec les défenseurs d'Arnswalde, encerclés dans la ville[8].
Le lendemain, l'attaque générale est lancée, mais la pluie oblige les Allemands à faire mouvement sur les routes, où les blindés sont méthodiquement pilonnés par l'artillerie et l'aviation soviétiques, elle-même prise à partie par la Luftwaffe[9].
Poursuite de l'offensive
modifierCe pilonnage crée les conditions de l'enlisement de l'offensive; cependant, le , Himmler ordonne la poursuite des assauts, voués à l'échec dans les champs de mines et sous le pilonnage soviétiques[13].
Échec
modifierCependant, rapidement, les troupes soviétiques, revenant de leur surprise initiale, refoulent les troupes allemandes sur leurs bases de départ[14].
Les conditions météorologiques, obligeant les unités mécanisées allemandes à utiliser les routes, l'épuisement de la Luftwaffe, en dépit de succès indéniables, ainsi que les rapides contre-attaques soviétiques (aboutissant à la reconquête d’Arnswalde le ) accélèrent l'échec allemand[9].
Ainsi, cette offensive est mise en échec dès le , lorsque la Wehrmacht est refoulée sur ses positions de départ[14].
Le , Hitler acte l'échec de son offensive, en ordonnant le retrait de la 11e armée Panzer SS[9],[N 2].
Réorientation du dispositif soviétique
modifierEnfin, cette offensive incite les planificateurs soviétiques à marquer une pause sur le front de l'Oder et à nettoyer de toute présence allemande les ailes nord et sud du dispositif soviétique[13]. Ainsi, une force d'assaut est rapidement mise sur pied, destinée à écraser les défenseurs allemands de la Poméranie[15].
Dans ce contexte, les Soviétiques sont régulièrement informés par leur système d'écoute des déplacements d'unités allemandes, mais ils ignorent cependant la réalité, et surtout l'ampleur, de ces déplacements[N 3],[13].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Heinz Guderian et Adolf Hitler se querellent fréquemment et violemment au sujet de la conduite de la guerre.
- Voir aussi 11th SS Panzer Army.
- le déplacement de l'état-major de la 11e armée Panzer sur l'Oder est interprété par les officiers soviétiques comme le déplacement de cette armée dans sa totalité.
Références
modifier- Masson 2005, p. 247.
- Lopez 2010, p. 321.
- Longerich 2010, p. 688.
- Longerich 2010, p. 691.
- Lopez 2010, p. 322.
- Masson 2005, p. 248.
- Kershaw 2012, p. 326.
- Lopez 2010, p. 325.
- Lopez 2010, p. 326.
- Kershaw 2012, p. 273.
- Kershaw 2012, p. 286.
- Lopez 2010, p. 323.
- Lopez 2010, p. 327.
- Masson 1994, p. 451.
- Lopez 2010, p. 335.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin, Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4).
- Peter Longerich (trad. de l'allemand par Raymond Clarinard), Himmler : biographie : l'éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire, Paris, éditions Héloïse d'Ormesson, , 916 p. (ISBN 978-2-35087-137-0).
- Jean Lopez, Berlin : Les Offensives géantes de l'Armée rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2).
- Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande. 1939-1945, Paris, Perrin, , 659 p. (ISBN 978-2-262-03228-9).
- Philippe Masson, Hitler chef de guerre, Perrin, (ISBN 978-2-262-01561-9).
- Jean Lopez, « Opération Sonnenwende : un fiasco aux conséquences inespérées », Guerres et Histoire, no 17 HS, , p. 100-104.