Souf (région)
Le Souf est une région naturelle et socio-culturelle algérienne, située au Nord-est du Sahara algérien. C'est une des régions sahariennes les plus peuplées, et constitue un réseau villageois dense dont la capitale est El Oued.
Souf | |
Localisation du Souf en Algérie. | |
Pays | Algérie |
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Subdivision administrative | Wilaya d'El Oued |
Villes principales | El Oued, Guemar |
Siège du pays | El Oued |
Superficie approximative | 4 000[1] km2 |
Production | Dattes Pomme de terre Maraîchage Tabac |
Population totale | 500 000 hab. (2008) |
Régions naturelles voisines |
Oued Righ |
Régions et espaces connexes | Grand erg oriental |
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Le Souf est également une région à vocation agricole qui possède des centaines de milliers de palmiers implémentés en plein erg.
Étymologie
modifierLe toponyme du lieu « Souf » provient du terme Suf, qui signifie fleuve, rivière ou oued en berbère[2]. La première mention concernant cette oasis se trouve dans les anciennes chroniques ibadites qui l'appelaient Sūf ou Asūf[3].
Géographie
modifierLe Souf est situé au Nord du Grand Erg oriental, dans le Bas-Sahara[4], c'est le seul ensemble important d'oasis implémenté en plein erg[5], constituant ainsi un type exceptionnel d'oasis dans le Sahara algérien[6].
Le Souf constitue un réseau villageois qui comprend une soixantaine de localités, toutes distantes de 3 à 5 km des voisins, toutes reliées aujourd'hui par un réseau de routes rurales qui dessinent un véritable maillage[7]. Les principaux centres sont El Oued, la capitale, qui compte plus de 100 000 habitants, et Guemar[8].
Le Souf possède un demi-million de dattiers qui sont cultivés d'une manière originale. Les habitants creusent dans le sable de l'erg de vastes entonnoirs appelés ghouts, au fond desquels l'ont plante des palmiers qui plongent leurs racines dans la nappe phréatique[8]. En 2006, le nombre de palmiers atteint les 900 000, à quoi s'ajoutent les cultures irrigués du tabac, du maraîchage et la pomme de terre[4]. Depuis les années 2000, le Souf est passé, d'une agriculture d'autoconsommation à une agriculture de marché ; il est devenu le leader national pour les cultures maraîchères[4].
La faune locale est composée notamment de fennecs et de scorpions. Le Souf abrite également des roses des sables[5].
La région est confrontée à de multiples problèmes ; notamment ceux liés à la remontée de la nappe phréatique en certaines zones et son rabattement en d'autres, ainsi qu'aux effets de l'urbanisation et de la pollution en conséquence de l'étalement urbain[4].
Population
modifierÀ l'instar du reste du Bas-Sahara, le Souf est une des régions sahariennes les plus peuplées, la deuxième après le Ziban. C'est une région traditionnellement nataliste[9] ; qui a connu une croissance démographique rapide, sa population passe de 280 000 habitants en 1987 à 500 000 selon le recensement de 2008, soit un taux d'accroissement annuel moyen de 2,6 %. Cette augmentation s'est accompagnée d'une urbanisation accélérée : plus de deux tiers d'urbains en 2008[4].
La population vit des palmeraies, mais également du commerce et du travail à l'extérieur[10]. La société oasienne locale constitue une organisation sociale relativement égalitaire : chaque ghout appartient à une exploitation familiale[6].
Le Souf est une région isolée. Cela a encouragé une croissance considérable à cause de l'arrivée successive de diverses tribus en évasion dans ce « pays de refuge »[1]. La région a attiré de nombreux nomades aujourd'hui sédentarisés, comme les Rebaïa venus pour beaucoup de Libye, puis les Troud, arrivés à partir du XIVe siècle. Les Châamba, venus plus tard au XVIIIe siècle, sont entrés dans un système d'alliances (çoff) avec d'autres groupes : Makhadma, Beni Thour et Saïd Otba[11]. Ces nomades ont intégré des populations berbères zénètes préexistantes[5], qui ont habité la région probablement à une époque postérieure à la domination romaine et ont adopté très tôt l'ibadisme[12].
Lorsque des membres de la famille des Beni Djellab s'étaient réfugiés dans la région. Les habitants s'impliquent aux luttes qui opposaient Touggourt à Temacine et se divisent en deux çoff, l'un pour les Bou Okkaz, et l'autre pour les Ben Gana[13]. La sédentarisation progressive des populations nomades a permis de créer des noyaux urbains. Jusqu'au XIXe siècle, on comptait sept villages principaux, dont faisait partie El Oued[1].
Patrimoine
modifierLa région est inscrite sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2002 au titre des « Oued souf » pour les critères (ii)(iii)(iv)(v)[14].
El Oued, la capitale de la région est surnommée la ville aux mille coupoles ; l'architecture est différentes de celle des autres villes sahariennes[14].
L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a inscrit les ghouts au patrimoine universel agricole en tant que « système ingénieux du patrimoine agricole mondial », toutefois, ils sont aujourd’hui marginalisés au profit de techniques modernes d'irrigation et menacés d'inondation. Depuis le début des années 2000, d'importantes sommes ont été allouées pour en assurer la sauvegarde, mais les solutions apportées ont eu des effets variés[15].
Références
modifier- Hana Medarag Narou Boubir et Abdallah Farhi, « Le rôle des services et des investissements dans l’hypertrophie de la ville d’El Oued au bas Sahara algérien », Environnement Urbain / Urban Environment, no Volume 3, (ISSN 1916-4645, lire en ligne, consulté le )
- Mohand Akli Haddadou, Dictionnaire des racines berbères communes, Haut Commissariat à l'Amazighité, 2006/2007 (lire en ligne)
- Comité Scie Inter pour la réd His géné de l'Afrique, Histoire générale de l'Afrique III: L'Afrique du VIIe au XIe Siècle, Unesco, (lire en ligne), p. 322
- Salima Rayene Kadri et Salah Chaouche, « La remontée des eaux dans la région du Souf : une menace sur un écosystème oasien », Les Cahiers d’EMAM Online, 30 | 2018, Online since 01 June 2018, connection on 28 December 2019. DOI : 10.4000/emam.1554
- Marc Côte, Guide d'Algérie : paysages et patrimoine, Algérie, Média-Plus, , 319 p. (ISBN 9961-922-00-X), p. 257
- Yaël Kouzmine, Le Sahara algérien : Intégration nationale et développement régional, L'Harmattan, , 291 p. (ISBN 978-2-336-00418-1 et 2-336-00418-6, lire en ligne), p. 62
- Marc Côte, « Dynamique urbaine au Sahara », Insaniyat / إنسانيات En ligne, 5 | 1998, mis en ligne le 31 mai 2013, consulté le 28 décembre 2019.
- G. Camps, « Dattes/Dattiers », Encyclopédie berbère En ligne, document D21, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 28 décembre 2019.
- Yaël Kouzmine et Jacques Fontaine, « Démographie et urbanisation au Sahara algérien à l’aube du XXIe siècle », Les Cahiers d’EMAM En ligne, 30 | 2018, mis en ligne le 18 avril 2018, consulté le 29 décembre 2019. DOI : 10.4000/emam.1426
- Marc Côte, L'Algérie : espace et société, Paris, Masson, , 253 p. (ISBN 2-225-85146-8), p. 235
- Bernard Nantet, Le Sahara : Histoire, guerres et conquêtes, Paris, Tallandier, , 399 p. (ISBN 979-10-210-0239-5), p. 56
- Histoire générale de l'Afrique III, op. cit. p. 304-305
- Mahfoud Kaddache, L'Algérie durant la période ottomane., Alger, Alger : O.P.U., , 239 p. (ISBN 978-9961-0-0099-1), p. 149
- Ref. 1775 du patrimoine mondial.
- « Patrimoine sans frontières - Regard sur les ghouts d'El Oued, Algérie. », sur psf.ong (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Le Souf des Oasis, Najah Ahmed, La Maison des Livres, Alger, 1971.
- Vivre au paradis : d'une oasis à un bidonville, Brahim Benaïcha, Desclée De Brouwer, 1999, 305p.
- Le Souf et le Gourara (Sahara), Despois Jean, 1958, Annales de Géographie, no 361, vol. 67, p. 263-264.