Péninsule El Páramo

La péninsule El Páramo (en espagnol : península El Páramo) est une péninsule située sur la grande île de la Terre de Feu, elle s'avance dans la mer d'Argentine au sud de l'océan Atlantique. Elle est située administrativement dans le département de Río Grande, dans la province de Terre de Feu, Antarctique et Îles de l’Atlantique Sud, au sud de la Patagonie argentine. Elle possède des côte basses, sablonneuses et limoneuses, avec de nombreux cailloux. Elle présente des amplitudes de marées importantes. Elle ferme par le nord-est une vaste étendue d'eau peu profonde, la baie de San Sebastián.

Péninsule El Páramo
Localisation
Pays Drapeau de l'Argentine Argentine
Province Province de Terre de Feu, Antarctique et Îles de l’Atlantique Sud
Coordonnées 53° 05′ 12,34″ sud, 68° 13′ 56,46″ ouest
Étendue d'eau Baie de San Sebastián
Mer d'Argentine
Géographie
Longueur 16,4 km
Largeur 1,2 km
Géolocalisation sur la carte : Terre de Feu
(Voir situation sur carte : Terre de Feu)
Péninsule El Páramo
Géolocalisation sur la carte : Argentine
(Voir situation sur carte : Argentine)
Péninsule El Páramo

Description géographique modifier

La péninsule El Páramo est une longue langue de terre composée de galets, peu élevée, qui pénètre en profondeur dans la mer environnante, étant le prolongement méridional d'un chaînon littoral de hautes falaises qui débute à la pointe Catalina (es) au Chili.

Elle mesure 16,4 km de long et a une largeur maximale de 1 200 mètres, qui sépare les deux renflements, le plus septentrional compte une largeur minimale de 500 mètres à marée haute, alors que le plus austral se situe au bout d'une longue langue de 6 km de long dont les bords sont remarquablement parallèles et proches l'un de l'autre, avec une largeur quasi constante de 115 mètres à marée haute. À son extrémité se trouve le cap surnommé punta de Arenas. Ses plages de sable épais sont à pente faible.

Cette péninsule sépare la baie de San Sebastián — située à l'ouest — des eaux ouvertes de la mer d'Argentine — situées à l'est —. Elle suit de manière schématique un axe nord-ouest / sud-est.

Caractéristiques géologiques modifier

La structure géologique de la péninsule est composée de matériaux marins déposés à la suite de la dernière période glaciaire. L'érosion des falaises situées au nord du cap est à l'origine des fragments rochers qui se sont accumulés pour former la péninsule[1].

Parmi les types pétrographiques identifiés dans les dépôts littoraux de cette péninsule figurent des roches rhyolitiques (rhyolite et dacite), du tuf silicifiée, roches mylonitées et silicifiées, du basalte, lutite, quartz, du grès arkosique avec du ciment carbonatique[2],[3] et plus rarement des nodules de calcédoine[4], roche très rare dans la région, qui a été très recherchée et utilisée par les chasseurs-cueilleurs qui occupaient secteur nord de la Grande Île de Terre de Feu[5],[6],[7],[8].

Caractéristiques climatiques modifier

La péninsule est située dans l'une des zones des plus venteuses de la planète, sur laquelle des vents violents soufflent tout au long de l'année, surtout pendant le printemps, principalement orientés ouest et sud-ouest, ils dépassent fréquemment les 100 km/h[9] .

Le climat est semi-humide, avec une température moyenne annuelle de 5,5 °C, les précipitations annuelles (distribuées uniformément tout au long de l'année) atteignent les 360 mm, tombant sous forme de neige pendant l'hiver. Dans la classification de Papadakis l'inclut dans le climat de steppes de « prairies patagoniennes », très favorable pour la production de pâturages et de l'élevage ovin[10].

Caractéristiques océanographiques modifier

Les amplitudes des marées sont importantes dans la région, pouvant atteindre jusqu'à un maximum proche de 10 m[11]. À marée haute, les eaux de l'océan pénètrent dans la baie de San Sebastián, alors qu'à marée basse elle laissent exposés au vent 160 000 ha de limon du fond marin[12].

Caractéristiques biologiques modifier

En plus de la présence de nombreuses espèces d'oiseaux marins côtières, ses plages servent de destination finale de repos et d'alimentation pendant l'été austral pour les énormes migrations d'oiseaux limicoles néarctiques, tels que les pluviers et les bécasseaux de la famille des scolopacidés et des charadriidés. Parmi les espèces dont une importante part de la population vit à proximité, il est possible de citer : le bécasseau maubèche (Calidris canutus) dont 13 % de la population américaine vit à proximité, la barge hudsonienne (Limosa haemastica, 43 % de la population sud-américaine), le bécasseau à croupion blanc (Calidris fuscicollis 32% de la population atlantique), et une part importants des populations américaines du bécasseau sanderling (Calidris alba), du courlis corlieu (Numenius phaeopus), et du tournepierre à collier (Arenaria interpres), etc.[12],[13].

Phytogéographiquement, la cap Domingo se trouve dans la région des steppes magellaniques du secteur nord de la Grande île de Terre de Feu, appartenant au district phytogéographique patagonique fuégien (es) de la province phytogéographique patagonique (es)[14].

Elle est située à l'intérieur de l'écorégion terrestre prairies patagoniennes (es)[15], alors que les eaux qui l'entourent font partie de l'écorégion marine plateforme patagonienne (es)[16].

Histoire modifier

Premiers habitants modifier

Enfants selknam.

Les premiers habitants de la péninsule sont les Amérindiens du peuple selknam, qui sont exterminés au début du XXe siècle[17],[18].

Établissement El Páramo modifier

Monnaie de 5 grammes en or de Julio Popper.

En 1886, l'explorateur et pionnier roumain Julio Popper s'installe à la base de cette péninsule avec pour objectif d'installer des laveuses d'or. Il fonde l'établissement El Páramo. Jusqu'à sa mort, survenue en 1893, il emploie avec un grand succès une machine (conçue et brevetée par lui-même) pour laver les sables aurifères. Il parvient à extraire avec cette machine, et d'autres similaires installées dans des gisements proches, près de 250 kg d'or.

Avec le déclin des rendements des sables aurifères, l'établissement est entièrement abandonné. Par la suite, la construction d'une route effacera les traces des structures, ainsi qu'une partie d'un cimetière de mineurs, ce dernier étant le seul vestige qui restait de l'établissement au début du XXe siècle. L'endroit est classé lieu historique national de la République argentine par l'article 11 du décret national no 64 de 1999[19].

Le phare modifier

À l'extrémité de la péninsule se trouve le phare de Punta Páramo de la Armée argentine[20]. Il fonctionne de manière automatique et est inhabité. Ce phare entre en service en [21].

Accès modifier

Il est possible d'accéder à la péninsule par la route nationale 3 en empruntant un chemin de terre qui part en direction de l'est, à la hauteur du centre administratif de la section « Baños », et qui conduit à Puerto Páramo Chico, en la base de la péninsule. Elle se trouve sur des terrains appartenant à la section « Baños » de l'Estancia Río Cullén.

Notes et références modifier

  1. (en) G.G. Bujalesky, Holocene coastal evolution of Tierra del Fuego, Argentina. En Quaternary of South America and Antarctic Peninsula, editado por J. Rabassa y M. Salemme, A. A. Balkema, Rotterdam, 1998, p. 247-280
  2. (es) K. B. Borrazzo, Arqueología de los esteparios fueguinos. Tesis Doctoral. Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires, Buenos Aires, 2010
  3. (es) K. B. Borrazzo, M. D´Orazio & M. C. Etchichury, Distribución espacial y uso prehistórico de las materias primas líticas del chorrillo Miraflores en el norte de isla Grande de Tierra del Fuego (Argentina), Revista Chilena de Antropología, 2010
  4. (es) K. Borrazzo, Tafonomía lítica y pseudoartefactos : el caso de la península El Páramo (Tierra del Fuego, Argentina), Intersecciones en antropología, 2011, no 12(2), p. 261-273.
  5. (es) K. B. Borrazzo, Tecnología lítica y uso del espacio en la costa norte fueguina. En Arqueología del Norte de la Isla Grande de Tierra del Fuego, compilado por L. A. Borrero y R. Barberena, 2004, Dunken, Buenos Aires, p. 55-86
  6. (es) K. B. Borrazzo, El uso prehistórico de los afloramientos terciarios en la bahía San Sebastián (Tierra del Fuego, Argentina). En Arqueología de Patagonia : una mirada desde el último confín, editado por M. Salemme, F. Santiago, M. Álvarez, E. Piana, M. Vázquez y M. Mansur, Utopías, Ushuaïa, 2009, p. 291-305
  7. (es) F. Morello, Tecnología y métodos para el desbaste de lascas en el norte de Tierra del Fuego : los núcleos del sitio Cabo San Vicente, Magallania no 33 (2), 2005, p. 29-56
  8. (es) N.V. Franco, La utilización de recursos líticos en Magallania. En Arqueología de la Patagonia Meridional (Proyecto Magallania), édité par L. A. Borrero, Ediciones Búsqueda de Ayllu, Concepción del Uruguay, 1998, p. 29-51
  9. Atria Engineering Inc, Proyecto portuario Caleta La Misión, Tierra del Fuego, 1997, Canada. K2E 8A3.
  10. (es) Juan Papadakis, El clima : con especial referencia a los climas de América Latina, Península Ibérica, Ex colonias Ibéricas, y sus potencialidades agropecuarias, Albatros, , 377 p.
  11. (es) A. Rodríguez, G. Hillman, M. Pagot, C. Vionnet, J.P. Sierra, & M. Corral, Actualización del clima marítimo y simulación de propagación del oleaje de diseño para el Puerto Caleta La Misión, Tierra del Fuego, Atlántico Sur, Arg.
  12. a et b (es) Juan Carlos Chébez, Guía de las Reservas Naturales de la Argentina, vol. 2 : Patagonia Austral, Buenos Aires, Albatros, , 192 p. (ISBN 9502410572)
  13. (es) Marla Laura Borla et Marisol Vereda, Explorando Tierra del Fuego, Manual del viajero en el fin del mundo, Ushuaïa, Sergio Zagier, Zagier & Urruty Publications, , 416 p. (ISBN 1-879568-89-6)
  14. (es) A. L. Cabrera, W. Willink, Colección de Monografías Científicas de la Secretaría General de la Organización de los Estados Americanos, Programa Regional de Desarrollo Científico y Tecnológico. ed, Biogeografía de América Latina, 1980, (2e édition corrigée, Washington D.C.
  15. Olson, D. M., E. Dinerstein, E. D. Wikramanayake, N. D. Burgess, G. V. N. Powell, C. E. Underwood, J. A. D'Amico, I. Itoua, H. E. Strand, J. C. Morrison, C. J. Loucks, T. F. Allnutt, T. H. Ricketts, Y. Kura, J. F. Lamoreux, W. W. Wettengel, P. Hedao, K. R. Kassem, Terrestrial ecoregions of the world : A new map of life on Earth, BioScience no 51, 2001
  16. (es) M. D. Spalding, H. E. Fox, G. R. Allen, N. Davidson, Z. A. Ferdana, M. A. X. Finlayson, J. Robertson, Marine ecoregions of the world : a bioregionalization of coastal and shelf areas, BioScience, 57(7), 2007, p. 573-583
  17. (es) José María Borrero, La Patagonia trágica, éd. Americana, Buenos Aires, 1974, p. 48-49
  18. (es) J. Pérez, El genocidio del pueblo Selk´nam : Uno de los orígenes de las grandes fortunas en Chile, 14 décembre 2010.
  19. (es) Boletín oficial de la República Argentina, « Monumentos y lugares históricos. Decreto 64/99 » [PDF], sur Boletín oficial n.º 29 077 1ª sección, , p. 8
  20. Carte Nuutique H-424 Estrecho de Magallanes. De Cabo Vírgenes a Bahía San Sebastián; publiée par le Servicio de Hidrografía Naval argentin
  21. (es) Servicio de Hidrografía Naval, « Faro Páramo » [archive du ]