Jérôme Pétion de Villeneuve

personnalité politique française
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Jérôme Pétion de Villeneuve /pe.tjɔ̃/, né à Chartres le , mort dans la commune de Saint-Magne-de-Castillon le , est un avocat et un révolutionnaire français, maire de Paris de 1791 à 1792.

Jérôme Pétion
Illustration.
Mr Petion de Villeneuve : avocat, deputé du bailliage de Chartres, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1790.
Fonctions
Député français
[note 1]
(1 an, 9 mois et 3 jours)
Élection  – 
Circonscription Eure-et-Loir
Groupe politique Gironde
Successeur Louis Lonqüeue

(2 ans, 3 mois et 13 jours)
Circonscription Bailliage de Chartres
Groupe politique Tiers état
Maire de Paris

(3 mois et 2 jours)
Prédécesseur Philibert Borie (intérim)
Successeur Antoine René Boucher (intérim)

(7 mois et 18 jours)
Prédécesseur Jean Sylvain Bailly
Successeur Philibert Borie (intérim)
Président de la Convention nationale

(13 jours)
Prédécesseur Philippe Rühl (Assemblée nationale législative)
Successeur Jean-François Delacroix
Président de l'Assemblée nationale constituante

(16 jours)
Prédécesseur Alexandre de Lameth
Successeur Antoine Balthazar Joseph d'André
Biographie
Nom de naissance Jérôme Pétion de Villeneuve
Date de naissance
Lieu de naissance Chartres, France
Date de décès (à 38 ans)
Lieu de décès Saint-Magne-de-Castillon, France
Nature du décès Suicide par arme à feu
Nationalité Française
Profession Avocat

Signature de Jérôme Pétion

Jérôme Pétion de Villeneuve
Maires de Paris

Les débuts

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Fils unique de Jérôme Pétion (mort en 1800), avocat au bailliage et présidial de Chartres, subdélégué de l'intendance d'Orléans à Chartres, et de Marie-Élisabeth Le Tellier (morte en 1819), il fait ses études chez les Oratoriens de Vendôme puis à 18 ans chez un procureur à Paris avant de s'inscrire au barreau de Chartres en 1778. Il essaie de se faire un nom en littérature, concourant à divers prix et publiant plusieurs mémoires : Moyens proposés pour prévenir l'infanticide (1781), Les Lois civiles et l'administration de la justice ramenées à un ordre simple et uniforme, ou Réflexions morales, politiques, etc., etc., sur la manière de rendre la justice en France avec le plus de célérité et le moins de frais possible (1782) — interdit par la justice[1] —, Essai sur le mariage considéré sous des rapports naturels, moraux et politiques, ou Moyens de faciliter et d'encourager les mariages en France (1785), ses autres écrits étant consacrés à la réunion de l'Assemblée des notables et des États généraux. Il est également membre actif de la Société des Amis des Noirs.

Après l'adoption de la loi sur le divorce (1792), ses parents divorcent ; son père se fait appeler Jérôme Pétion l'ami[2].

Les États généraux et l'Assemblée constituante

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Buste de Pétion de Villeneuve, salle du serment du Jeu de paume - Versailles.
Buste de Pétion de Villeneuve, salle du serment du Jeu de paume - Versailles.
Avis aux François (exemplaire de la bibliothèque patrimoniale de Gray).

Élu le premier député du tiers état du bailliage de Chartres aux États généraux[1] avec 164 voix sur 190 votants, il siège parmi le petit groupe des patriotes avancés de l’Assemblée constituante avec François Buzot et Maximilien de Robespierre, dont il est l'ami et partage les combats démocratiques : lutte contre le veto royal, les deux chambres proposées par les Monarchiens, le suffrage censitaire (s'il ne défend pas le suffrage universel, il exige l'éligibilité de tous les citoyens actifs[1]).

Le 20 juin 1789, il est signataire du serment du Jeu de paume[3]. Il devient l'un des chefs de file des Jacobins. Membre du comité de révision, il est adjoint en au comité de constitution, avant d'être élu secrétaire puis président de l'Assemblée. Après son arrivée à Paris il adhére à la Société des Amis des Noirs qui combat pour l'égalité des Blancs et des hommes de couleur libres, pour l'abolition immédiate de la traite négrière et progressive de l'esclavage.

Lors de la fuite de la famille royale et son arrestation à Varennes en juin 1791, alors qu'il vient d'être nommé président du tribunal criminel de Paris (fonction qu'il n'exercera pas), il est chargé, avec Barnave et le comte de Latour-Maubourg, de la ramener à Paris[1]. Il a laissé un témoignage de cet épisode, dans lequel le séducteur qu'il était prétend que « si nous eussions été seuls, elle (Madame Élisabeth) se serait abandonnée dans mes bras aux mouvements de la nature ». Par la suite, il se prononce en faveur de la suspension, voire de la déchéance, de Louis XVI.

Le , lors de la clôture des séances de l'Assemblée, il bénéficie avec Robespierre d'une ovation de la foule parisienne.

Intimement lié à Madame de Genlis, il l'accompagne jusqu'à Londres quand celle-ci y conduit trois élèves, parmi lesquelles Adélaïde d'Orléans, en octobre-novembre 1791.

La Mairie de Paris

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Jérôme Pétion, maire de Paris,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1791.

Le , il est élu maire de Paris face à La Fayette avec 6 708 voix sur 10 632 votants, avec l'appui de la Cour, opposée à La Fayette, selon certains avis. Le 20 juin 1792, Pétion joue un double jeu, ne faisant rien pour empêcher les manifestants d’envahir le palais des Tuileries et des appartements royaux et se ménageant des portes de sortie dans le cas où l'insurrection, qu'il souhaite, tournerait court ; mais il est accusé par le Roi et le directoire du département d'avoir favorisé l'émeute et facilité, par son absence de réaction, l'invasion des Tuileries. A cette période, Pétion joue sur tous les tableaux : marchant avec ses amis jacobins à chaque offensive contre Louis XVI, mais soutenant en même temps des initiatives d'action psychologique menée sur la voie publique à l'initiative du gouvernement royal en faveur du respect de la Constitution. Le 6 juillet, Pétion est suspendu de ses fonctions par le Département et remplacé par Philibert Borie, mais cette mesure accroît sa popularité ; les sections s'arment pour réclamer son retour, et il est le héros des célébrations du . Cédant comme toujours à la pression de la rue, l'Assemblée législative décide alors de le rétablir dans ses fonctions. Le , il est chargé de porter l'adresse des commissaires des 48 sections exigeant la déchéance du Roi. Dans la nuit du 9 au 10 août 1792, il se présente à la tête d'une délégation municipale composée de trois autres élus. L'un d'eux réclame et obtient, pour le surlendemain 11, le vote de la suppression des primes annuelles accordées aux trafiquants d'esclaves par la royauté depuis 1784, ancienne revendication de la Société des Amis des Noirs[4]. Il joue un rôle décisif dans les préparatifs de la journée du 10 août 1792, contribuant d'une part à désarmer les unités de la Garde nationale postés au palais des Tuileries - en provoquant l'assassinat de son commandant, Mandat de Grancey, à la suite de sa convocation à l'Hôtel de Ville - et d'autre part, en incitant, de concert avec son ami Roederer (procureur syndic de la Commune), les gardes suisses à riposter en cas d'attaque armée au nom de la défense des autorités constituées.

Il est confirmé dans ses fonctions de maire par la commune insurrectionnelle, mais perd tout pouvoir face aux sections révolutionnaires. Il ne s'oppose pas aux visites domiciliaires et reste totalement passif lors des massacres de Septembre. Le 6 septembre, il vient rendre compte devant l'Assemblée des événements.

La Convention

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Jérôme Petion de Villeneuve, Président de la Convention, maire de Paris en 1791.

Élu le 5 septembre député d'Eure-et-Loir à la Convention, le 3e sur 9 avec 274 voix sur 354 votants, il démissionne de ses fonctions de maire et devient le premier président de l'assemblée lors de l'ouverture de la session, le .

À cette époque, il se heurte à Robespierre, avec lequel il rompt au début de novembre, et s’allie aux Girondins. Lors du procès de Louis XVI, il vote l'appel au peuple et la mort avec sursis. Au printemps 1793, il entre en conflit avec la Commune de Paris, qui échappe aux Girondins après la démission de Chambon, accélérant la rupture entre Girondins et Montagnards. Toutefois, il vote contre la mise en accusation de Marat.

Après l'insurrection du 2 juin 1793, il est décrété en état d'arrestation, mais réussit à s'évader le 24 juin et rejoint Caen avec Guadet, où il tente de soulever la Normandie contre la Convention. Après la bataille de Brécourt en , il passe dans le Finistère (il est caché avec d'autres girondins dans un manoir à Pouldavid), d'où il s'embarque pour la Gironde (Bordeaux était entré en insurrection contre la Convention) avec Buzot et Barbaroux, avec lesquels il vit caché à Saint-Émilion, près de Bordeaux, pendant dix mois. Quand Salle et Guadet sont arrêtés dans la maison du père de Guadet[5], se croyant menacé, il quitte son asile, chez le perruquier Troquart (chez qui il s'était réfugié depuis le ), en pleine nuit avec Buzot et Barbaroux. Toutefois, un berger les aperçoit dans un bois de pins. Barbaroux se tire un coup de pistolet, mais il se manque et se fait prendre (il est guillotiné le 25 juin). De leur côté, Pétion et Buzot s'enfoncent dans un champ de blé et se tuent d'un coup de pistolet à Saint-Magne-de-Castillon[6]. On retrouve leurs cadavres, à moitié dévorés par les loups, quelques jours plus tard[7],[8],[9]. Leurs suicides ont donc lieu quelques semaines seulement avant l'arrestation de Robespierre.

Avant cette ultime fuite, Pétion avait laissé à Madame Bouquey le manuscrit de ses mémoires[10] et son testament politique. Quant à sa dernière lettre, elle est adressée à son épouse, espérant qu'elle lui parvienne par un ami. Elle se termine par ces mots : « Mon caractère ne s'est jamais démenti. »[11]

Vie privée - Mariage - Descendance

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Gravure Émira Marceau

Jérôme Pétion était marié avec Louise Anne Suzanne Lefebvre et eut un fils unique : Louis Étienne Jérôme Pétion, né le à Chartres[12], qui fit une carrière d'officier de dragons sous l'Empire comme chef d'escadron au 21e régiment de dragons en 1813, et fut chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et officier de la Légion d'honneur en 1817[13],[14]. Marié avec Marie Marguerite Gabrielle Henriette Dujard de Fléville[15], il demeure à Nancy rue Saint-Dizier[16], puis se retire à Trévoux (Ain) où il meurt le 24 décembre 1847 à l'âge de 64 ans[17].

Patrimoine

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Lors de son mariage en 1782, son père le dote de deux maisons à Chartres et son épouse reçoit en dot une ferme et métairie à Épeautrolles, une maison à Chartres et de nombreuses rentes.

Jérôme Pétion était domicilié à Paris, cul-de-sac de l'Orangerie des Tuileries[18],[19]. Après sa mise hors la loi par un décret de la Convention nationale le , ses biens sont inventoriés, saisis et pour partie vendus les 1er et , et 23 et . Le , le Comité de salut public ordonne le versement à sa veuve du prix des ventes de ses biens, soit 64 503 francs, et la restitution de ceux qui n'ont pas été vendus : les livres composant sa bibliothèque, une malle remplie de papiers, différents effets et son cabriolet. Le , sa veuve reçoit les 64 503 francs en assignats et récupère une partie des objets qui n'ont pas été vendus. Le , alors domiciliée à Paris, 847, rue Cassette, sa veuve fait procéder à l'inventaire sous seing des biens de son époux. Sa bibliothèque contient notamment les œuvres de Voltaire en 90 volumes, les œuvres de Buffon en 58 volumes et le traité De l'esprit des lois de Montesquieu en 7 volumes[20]. Un inventaire contenant analyse des titres et papiers est ensuite fait le par un notaire de Chartres[21].

Hommages

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  • Il y a une rue Pétion à Paris.
  • Il y a une rue Pétion à Chartres.

Notes et références

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  1. Il ne siège plus après les Journées du 31 mai et du 2 juin 1793. De plus, il est déclaré hors-la-loi le .

Références

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  1. a b c et d Marcel Dorigny (2005), p. 838-840.
  2. Acte de bail du 10 pluviôse an IV (30 janvier 1796) reçu par Maître Levassor, notaire à Chartres où comparaît "Marie Elisabeth Letellier, citoyenne françoise demeurant à Chartres rue St Martin, section C no 267, femme divorcée de Jérôme Pétion l'ami homme de loi", Archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 582.
  3. Luce-Marie Albigès - Ministère de la Culture, « L'histoire par l'image », sur histoire-image.org, (consulté le ).
  4. Jean-Daniel Piquet, « 11 août 1792 : l’abrogation des primes négrières », Site de l'ARBR, Amis de Robespierre, 30 mars 2022.
  5. Joseph Guadet, Les Girondins, leur vie privée, leur vie publique, leur proscription et leur mort, Paris, Librairie académique Didier et Cie, 1861, tome II, p. 489.
  6. Vatel, Charles Joseph, Charlotte de Corday et les Girondins, t. III, Paris, H. Plon, 1864-1872, 506 p. (lire en ligne), p. 755.
  7. Le procès-verbal de reconnaissance du corps de Pétion date du 7-8 messidor an II (25-), l'acte de décès et le procès-verbal d'inhumation du 8 messidor. Voir Les manuscrits relatifs à l'histoire de la Révolution et de l'Empire: dans les bibliothèques publiques des départements, Société de l'histoire de la Révolution française, Paris, F. Rieder, 1913, 452 pages, p. 148.
  8. Selon Aurélien Vivie, Histoire de la Terreur à Bordeaux, Feret et fils, 1877, tome II, p. 286, « dans les premiers jours de juillet, des sans-culottes de Castillon, faisant une battue générale du côté de Saint-Magne, trouvèrent dans un champ les cadavres de Pétion et de Buzot ».
  9. Un récit assez développé des événements est donné par Charles-Aimé Dauban dans son Étude sur Madame Roland et son temps suivie des lettres de Madame Roland à Buzot et d'autres documents inédits, chapitre XXXII: « Les derniers jours de Buzot », p. 251-261.
  10. Ce document a fait l'objet d'une édition dans les Mémoires inédits de Pétion et mémoires de Buzot et de Barbaroux : accompagnés de notes inédites de Buzot et de nombreux documents inédits sur Barbaroux, Buzot, Brissot, etc. (précédés d'une introduction par C.-A. Dauban), Paris, Plon, 1866, LXXVI-548 pages.
  11. Jules Michelet, Journal, Paris, Éditions Gallimard, , p. 680-681.
  12. Acte de vente reçu par Maître Levassor, notaire à Chartres, le 12 février 1798, de terres sises à Gellainville (Eure-et-Loir) à Denis Antoine Vangeon, maréchal-ferrant, par "Louise Anne Suzanne Lefebvre, veuve de Jérôme Petion-Villeneuve, homme de loi, demeurant à Paris no 1453, division de la butte des moulins, tant en son nom personnel que comme mère et tutrice naturelle de Louis Étienne Jérôme Petion, mineur, son fils unique". Archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 590.
  13. « Cote LH/2121/22 », base Léonore, ministère français de la Culture
  14. Acte de ratification de vente, reçu par Maître Jean Baptiste Levassor, notaire à Chartres le 18 messidor an XIII (7 juillet 1805), archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 603.
  15. Acte de vente par Louis Étienne Pétion de Villeneuve, reçu par Maître Levassor, notaire à Chartres, le 18 octobre 1821. Archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 876
  16. Inventaire des biens de Marie Elisabeth Le Tellier, veuve de Jérôme Pétion, reçu par Maître Levassor, notaire à Chartres, le 20 novembre 1819. Archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 869
  17. Registre des actes de décès de la commune de Trévoux, année 1847, consultable en ligne, page 37/40
  18. Mémoires de B. Barère, p. 50
  19. « RUE ST FLORENTIN », sur parisrevolutionnaire.com (consulté le ).
  20. Cet inventaire est annexé à l'acte d'inventaire (analyse des titres et papiers) reçu par Maître Levassor, notaire à Chartres, le 13 nivôse an 13 (3 janvier 1805), archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 603.
  21. Maître Levassor, notaire à Chartres, le 13 nivôse an 13 (3 janvier 1805), archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2 E 4 603.

Annexes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Jérôme Pétion de Villeneuve.
Lithographie de François-Séraphin Delpech d'après un portrait par Henri-Joseph Hesse, XIXe siècle.

Sources primaires

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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