Parti communiste breton

parti politique

Le Parti communiste breton (en breton : Strollad komunour Breizh) (abrégé en PCB) est un mouvement communiste et séparatiste breton[3].

Parti communiste breton
(br) Strollad komunour Breizh
Image illustrative de l’article Parti communiste breton
Logotype officiel.
Présentation
Secrétaire national Gwenc’hlan Le Scouëzec
Yann-Morvan Gefflot[1]
Fondation 1971
Disparition 1974
Siège 8, rue d'Argentré
35000 Rennes[2]
Fondateur Gwenc’hlan Le Scouëzec
Journaux Bretagne Révolutionnaire
Positionnement Extrême gauche
Idéologie Communisme
Marxisme-léninisme
Maoïsme
Guévarisme
Indépendantisme
Nationalisme breton
Couleurs Rouge

Origines

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Le PCB naît en janvier 1971[4], dans un contexte de renouveau de l’identité bretonne[5], avec des mouvements comme le Front de libération de la Bretagne, qui mêlait revendications indépendantistes et actions violentes, ou l’Union démocratique bretonne, plus modérée et progressiste. Le PCB émerge en 1971 sous l’impulsion de Gwenc’hlan Le Scouëzec[6] ainsi que des membres exclus de l'UDB[7], et s’inscrit dans la continuité du Front de libération de la Bretagne « légal »[8], une branche non violente du FLB.

Le parti se structure lors de son congrès constitutif en mars 1971, où il adopte une ligne idéologique claire : combiner la lutte des classes, inspirée du communisme, avec la lutte pour l’émancipation nationale bretonne. Cette période est aussi celle de l’effervescence maoïste et guévariste en France, et le PCB s’en inspire[1], adoptant une rhétorique révolutionnaire. Il se positionne comme un mouvement d’extrême gauche, mais avec une spécificité régionale forte, ce qui le distingue du Parti communiste français, jugé trop centralisateur[9] et accusé d'avoir abandonné le léninisme[BR 1].

Idéologie

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Le PCB se définit par une double ambition :

  • Communisme: Le parti adhère aux principes marxistes-léninistes[10] et trotskistes[11], prônant la collectivisation des moyens de production, la lutte contre le capitalisme et l’émancipation du prolétariat breton. Il voit la Bretagne comme une « colonie intérieure » de la France, exploitée économiquement et culturellement par l’État central[BR 2].
  • Autogestion : Le PCB revendique l’autonomie, voire l’indépendance, de la Bretagne, qu’il considère comme une nation à part entière, avec sa langue, sa culture et son histoire. Il s’oppose à l’assimilation française[12] et milite pour la reconnaissance des droits culturels et politiques des Bretons.

Cette combinaison d’idéaux communistes et nationalistes est symbolisée par le slogan « Pour une Bretagne libre et autogérée »[13]

Activités et influence

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Le PCB reste un mouvement marginal[14], avec une influence limitée. Ses activités se concentrent sur la propagande (publications, tracts, réunions), l’organisation de manifestations et la participation à des débats dans le milieu militant breton[15]. Il tente de rallier les classes populaires bretonnes, notamment dans les zones rurales et ouvrières[16], mais peine à s’implanter durablement face à la concurrence d’autres mouvements, comme l’UDB, plus modérée, mais surtout les partis de la métropole[17].

Il bénéficie d’une certaine visibilité grâce à ses publications[note 1] et à son discours radical, qui attire des jeunes militants sensibles à la cause bretonne et à l’anti-impérialisme[18]. Cependant, son positionnement extrême et ses ambitions séparatistes le rendent suspect aux yeux des autorités françaises, dans un contexte où le FLB mène des actions violentes. En 1973, la DST installe clandestinement un micro dans le local du parti[19],[20], cela a permi à la DST de surveiller le parti pendant des mois lors de leurs réunions[21] et découvrir des liens étroits entre le PCB et différents groupes armées indépendantistes[note 2],[22]

Déclin et dissolution

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Concurrence avec d’autres mouvements de gauche

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Dans les années 1970, la gauche bretonne était dominée par le PCF et la SFIO (ancêtre du PS)[23], qui avaient des bases électorales et syndicales solides, notamment dans les zones ouvrières comme Saint-Nazaire[24] ou Lanester[25]. Le PCB, avec son positionnement extrême et indépendantiste, peinait à rivaliser.

Contexte politique et fin

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Les mouvements maoïstes, bien qu’actifs en Bretagne après Mai 68, étaient fragmentés entre plusieurs groupes (Gauche prolétarienne, PCMLF, etc.), ce qui diluait leur impact[26]. Le PCB, en adoptant une ligne mao-guévariste, s’est retrouvé en compétition avec ces groupes sans parvenir à les fédérer. Les années 1970 ont marqué un reflux des idéologies communistes et radicales en Europe[27], en partie à cause de la désillusion face à l’URSS et à la Chine maoïste. La « stagnation brejnévienne » de l’URSS et les excès de la Révolution culturelle chinoise ont terni l’attrait du communisme révolutionnaire, y compris en Bretagne.

La Bretagne des années 1970 connaissait une modernisation rapide, avec une restructuration de l’économie agricole et une urbanisation croissante[28]. Ces transformations ont affaibli les bases sociales traditionnelles des mouvements radicaux[29].

En 1974, le parti disparait[30]

Membres notables

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Ouvrages généralistes

  • Philippe Rault, Les drapeaux bretons de 1188 à nos jours, Coop Breizh, , 87 p. (ISBN 2843460344, présentation en ligne)
  • Edouard Boulogne, France garde-nous : le cri de l'Outre-Mer français, Éditions Albatros, , 297 p. (ISBN 9782727301820, lire en ligne), p. 274
  • Bretagne révolutionnaire, Breizh ha dispac’h, mensuel, Comité révolutionnaire breton : no 9 (03/1971, Congrès constitutif du Parti communiste breton)
  • Jorj Gwegen, La langue bretonne face à ses oppresseurs, Nature et Bretagne, , 312 p. (présentation en ligne)
  • Alain de Benoist, Vu de droite : Anthologie critique des idées contemporaines, Le Labyrinthe, , 647 p. (ISBN 9782869800519, lire en ligne)
  • (en) Michael John Christopher O'Callaghan, Separatism in Brittany, Dyllansow Truran, , 199 p. (ISBN 9780907566601, présentation en ligne)

Ouvrages historiques

  • Yannick Guin, Histoire de la Bretagne de 1789 à nos jours : Contribution à une critique de l'idéologie nationaliste, La Découverte (réédition numérique FeniXX), , 348 p. (ISBN 9782348008924, lire en ligne) :

    « En janvier 1971, certains membres du comité jugèrent opportune la création du Parti Communiste breton et la publication d'un journal, Bretagne révolutionnaire »

  • Jacqueline Sainclivier, L’Ouest et le politique : Mélanges offerts à Michel Denis, Presses universitaires de Rennes, , 289 p. (ISBN 9782753524002, présentation en ligne)
  • Yann Fouéré, Histoire résumée du Mouvement breton, de 1800 à 2002, FeniXX réédition numérique, , 206 p. (ISBN 9782307150497, lire en ligne)
  • Vincent Porhel, Ouvriers bretons : Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Presses universitaires de Rennes, , 328 p. (ISBN 9782753530522, lire en ligne)
  • Olivier Fillieule, Changer le monde, changer sa vie : Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Actes Sud Littérature, , 1116 p. (ISBN 9782330100674, lire en ligne)
  • Roger Faligot et Pascal Krop, DST : police secrète, Flammarion, , 676 p. (lire en ligne)
  • Tudi Kernalegenn et Romain Pasquier, L’Union démocratique bretonne : Un parti autonomiste dans un État unitaire, Presses universitaires de Rennes, , 271 p. (ISBN 9782753559301, présentation en ligne)

Ouvrages thématiques

  • Tudi Kernalegenn, Drapeaux rouges et Gwenn-ha-du : l'extrême gauche et la Bretagne dans les années 1970, Apogée, , 223 p. (ISBN 9782843981906, présentation en ligne)
  • Vincent Porhel, Ouvriers bretons : Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Presses universitaires de Rennes, , 328 p. (ISBN 9782753530522, présentation en ligne)
  • Ivan Carel, « Violence et décolonisation, FLQ et FLB », Fédéralisme Régionalisme, vol. 13,‎ , p. 16 (lire en ligne)
  • Rémi Hess, Les maoïstes français : Une dérive institutionnelle, FeniXX réédition numérique, , 268 p. (ISBN 9782402642101, lire en ligne)

Périodiques

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  • Articles du magazine Bretagne Révolutionnaire
  1. « Manifeste du Parti Communiste Breton », Bretagne Révolutionnaire, no 9,‎ , p. 2
  2. « A travers le conflit Doux, quelle industrialisation en Bretagne ? », Bretagne Révolutionnaire, no 22,‎ , p. 9

Notes et références

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  1. dans sa revue Bretagne Révolutionnaire
  2. comme l'IRA, l'OLP, Front de libération de la Côte des Somalis et l'ETA

Références

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  1. a et b Tudi 2005, p. 48
  2. Gwegen 1975, p. 298
  3. Philippe 1998, p. 76
  4. Yannick 1982
  5. Jacqueline 2015, p. 185
  6. « Bretagne. Gwenc’hlan Le Scouëzec, homme et druide », sur quimper.maville.com (consulté le )
  7. Philippe 1998, p. 75-76
  8. Fouéré 2002, p. 114
  9. Christian Colombani, « Le Parti Communiste Breton : un rejet du centralisme du PCF », Le Monde Diplomatique, no 9602,‎ , p. 16 (lire en ligne)
  10. Vincent 1968, p. 202
  11. Ivan 2013, p. 6
  12. Michael 1983, p. 156
  13. Tudi 2005, p. 160
  14. Patrick Le Ner, Bzh : Bretagne zone harmonieuse à partir de 1946, Éditions Edilivre, , 110 p. (ISBN 9782332786326, lire en ligne), p. 50
  15. Porhel 2015, p. 202
  16. Fillieule 2018
  17. Benoist 2001, p. 520
  18. Edouard Boulogne, France garde-nous : le cri de l'Outre-Mer français, Éditions Albatros, , 297 p. (ISBN 9782727301820, lire en ligne), p. 275
  19. Jean Guisnel, Rémi Kauffer, Roger Faligot, Renaud Lecadre et François Malye, Histoire secrète de la Vème République, La Découverte, , 1124 p. (ISBN 9782348056581, présentation en ligne), p. 530
  20. Faligot 1999, p. 292
  21. Tudi 2019, p. 140
  22. Faligot 1999, p. 293
  23. Christian Bougeard, L’évolution des forces politiques en Bretagne : Comment la région est passée de la droite à la gauche (1946-2004), Presses universitaires de Rennes, , 360 p. (ISBN 9782753587359, lire en ligne), p. 326
  24. Yves Laurent et François Naud, Le cœur et la passion : chronique du Parti Socialiste en Loire-Inférieure et Loire-Atlantique (1936-1988), FeniXX réédition numérique, , 318 p. (ISBN 9782402457149, lire en ligne), p. 281
  25. Christian Bougeard, L’évolution des forces politiques en Bretagne : Comment la région est passée de la droite à la gauche (1946-2004), Presses universitaires de Rennes, , 360 p. (ISBN 9782753587359, lire en ligne), p. 253
  26. Hess 1974, p. 97
  27. Jean-Philippe Martin, Histoire de la nouvelle gauche paysanne : Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, La Découverte, , 790 p. (ISBN 9782707160843, lire en ligne), p. 7
  28. Michel Philipponneau, Géopolitique de la Bretagne, FeniXX réédition numérique, , 253 p. (ISBN 9782402420426, lire en ligne), p. 163
  29. Yann Fournis, Les régionalismes en Bretagne : La région et l'État (1950-2000), P.I.E.-Peter Lang, , 252 p. (ISBN 9789052010953, lire en ligne), p. 112
  30. Tudi 2005, p. 197
  31. Jacques Leclercq, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale de 1945 à nos jours, Editions L'Harmattan, , 698 p. (ISBN 9782296207516, lire en ligne), p. 18 :

    « dont le responsable est Padrick Montauzier, ancien du Parti Communiste Breton »

  32. « VIGIER Jean-Pierre - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )