Peine de mort aux Émirats arabes unis

La peine de mort est une sanction légale applicable et appliquée aux Émirats arabes unis.

De nombreux crimes sont passibles de la peine de mort en vertu de la loi émiratie. Les exécutions s'effectuent par arme à feu, par pendaison ou par lapidation en fonction du crime commis[1],[2],[3],[4]. Dans certains cas, elles peuvent être précédées d'un crucifiement[5],[6],[7].

Crimes capitaux modifier

La loi actuelle autorise théoriquement la peine de mort pour[8],[9],[10] :

Statistiques modifier

Exécutions par année modifier

Nombre de personnes exécutées par année depuis 1994[8]
Année Nombre d'exécutions
1994 5[11]
1995 5[12]
1996 1[13]
1997 6[14]
1998 1[15]
1999 2[16]
2000 0[17]
2001 0[18]
2002 1[19]
2003 0[20]
2004 0[21]
2005 ?[22]
2006 1[23]
2007 0
2008 0
2009 0
2010 0
2011 0
2012 0
2013 0
2014 0
2015 0
2016 0
2017 0
2018 0
2019 0
2020 0
2021 0[24]
2022 0

Cas notables modifier

Affaire Sarah Balabagan modifier

En 1993, Sarah Balabagan, une jeune musulmane de 14 ans, décida d'aller travailler aux Émirats arabes unis pour subvenir aux besoins de sa famille restée aux Philippines. Elle y trouva un emploi de domestique. Mais son employeur, Almas Mohammed Abdullah al-Baloushi, un veuf (âgé de 65[25], 67, 76[26] ou 85 ans[27]) vivant à Al-Aïn avec ses quatre enfants, se comporta de manière déplacée avec elle, lui faisant de multiples avances sexuelles (qu'elle refusa)[28]. Finalement, le elle le tua de 34 coups de couteau.

Affirmant avoir agi en situation de légitime défense à la suite d'une tentative de viol, elle s'en sortit avec un premier jugement relativement clément le  : reconnue coupable d'homicide involontaire, elle fut condamnée à sept ans de prison et au versement d'une compensation (diyya) de 150 000 dirhams (40 000 dollars américains) aux proches d'Al-Baloushi, qui en retour devaient lui verser 100 000 dirhams (27 000 dollars américains) en compensation de la tentative de viol[29]. Mais ces derniers, insatisfaits du verdict, firent appel, exigeant la peine de mort. Le , un second tribunal islamique affirma qu'il n'existait aucune preuve de viol et la condamna à mort par peloton d'exécution pour assassinat. Cette décision de justice provoqua un tollé international et une campagne en sa faveur dans de nombreux pays, son cas étant considéré comme symptomatique des mauvais traitements subis par les domestiques dans les États arabes du Golfe. À noter que quelques mois plus tôt, Flor Contemplacion, une autre employée de maison philippine, avait été pendue à Singapour pour des faits similaires.

Apparemment, ce n'est qu'après un appel personnel à la clémence du président des Émirats arabes unis, cheikh Zayed (l'émir d'Abou Dabi), que la famille d'al-Baloushi renonça au talion (qisas) au profit du prix du sang (diyya). Le , lors de son troisième procès, sa peine fut réduite à un an d'emprisonnement et à cent coups de canne (infligés par tranche de vingt sur une période de cinq jours s'étalant du au ), ainsi qu’au paiement du prix du sang, qui fut réglé par William Gatchalian, un homme d'affaires sino-philippin[30] de l'industrie du plastique. Le , elle rentra aux Philippines, où elle fut accueillie comme une héroïne[31].

Quelques années plus tard, Sarah apostasia l'islam pour devenir chrétienne protestante, quelque chose d'autre qui aurait pu lui valoir une condamnation à mort aux Émirats[28].

Rashid Al Rashidi modifier

Le , Rashid Al Rashidi (30 ans) fut exécuté par un peloton d'exécution, pour un crime des plus sordides : le , ce capitaine de navire émirati viola et assassina Moosa Mukhtiar, un enfant pakistanais de 4 ans, dans les sanitaires d'une mosquée, le premier jour de l'Aïd al-Adha, la fête la plus importante du calendrier islamique[32],[33].

Alaa Bader al-Hashemi modifier

En , le tribunal fédéral (en) condamna une femme terroriste émiratie, Alaa Bader Abdullah Al Hashemi (30 ans), à la peine de mort pour le meurtre d'Ibolya Ryan (en) et l'installation d’une bombe artisanale au domicile d’un médecin américano-égyptien basé à Abou Dabi. Les faits reprochés furent commis en et leur autrice exécutée à l'aube le [34],[35]. C’est la seule fois dans l'histoire récente de la Fédération où un prisonnier a été exécuté dans un laps de temps aussi court et c'est l'un des rares cas où une femme a été exécutée[réf. nécessaire].

Nidal Eisa Abdullah modifier

Le , Nidal Eisa Abdullah Abu Ali (50 ans) fut exécuté par un peloton d'exécution pour le meurtre d'Obaida Ebrahim Sedqi Al Aqrabawi, un enfant jordanien de 8 ans qu'il avait kidnappé à l'atelier de son père à Charjah le , avant de le violer et de l'étrangler à mort avec une ghoutra rouge sur la plage d'Al Mamzar, le tout sous l'influence de l'alcool[36],[37],[38] (strictement interdit dans l'émirat de Charjah).

Références modifier

  1. (en) « UAE: Death by stoning/ flogging », sur Amnesty.org, (consulté le )
  2. (en) « Timeline of executions in UAE », sur GulfNews.com, (consulté le )
  3. (en) Sarah Garden, « Woman Sentenced To Death By Stoning In Abu Dhabi », sur EmiratesWoman.com, (consulté le )
  4. (en) Arjay L. Balinbin, « Duterte threatened deployment ban if OFW in UAE executed: Bello », sur BWorldonline.com, (consulté le )
  5. (en) « Crucifixion for UAE murderers », The Independent, (consulté le )
  6. (en) « UAE: Fear of imminent crucifixion and execution », sur Amnesty.org, (consulté le )
  7. (en) « UAE: Further information on fear of imminent crucifixion and execution », sur Amnesty.org, (consulté le )
  8. a et b (en) « The Death Penalty in United Arab Emirates », Death Penalty Worldwide (consulté le )
  9. (en) « UAE sentences four to death for joining IS », The New Arab, (consulté le )
  10. (en) « UAE sentences 'jihadi teenager' to death for joining IS », The New Arab, (consulté le )
  11. (en) « Amnesty International Report 1995 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  12. (en) « Amnesty International Report 1996 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  13. (en) « Amnesty International Report 1997 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  14. (en) « Amnesty International Report 1998 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  15. (en) « Amnesty International Report 1999 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  16. (en) « Amnesty International Report 2000 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  17. (en) « Amnesty International Report 2001 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  18. (en) « Amnesty International Report 2002 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  19. (en) « Amnesty International Report 2003 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  20. (en) « Amnesty International Report 2004 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  21. (en) « Amnesty International Report 2005 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  22. (en) « Amnesty International Report 2006 - United Arab Emirates », sur RefWorld.org, Amnesty International, (consulté le )
  23. (en) Bassma Al Jandaly, « One killed policeman and other two were rapists », sur GulfNews.com, (consulté le )
  24. (en) « Death sentences and executions 2021 » [PDF], Amnesty International, (consulté le )
  25. (en) « UAE court delays Filipina verdict », sur UPI.com, (consulté le )
  26. (en) Jhen Green, « Remember OFW Sarah Balabagan? She Is Living This Kind Of Life Now », sur PhilNews.ph, (consulté le )
  27. (en) « Philippine Maid Is Spared From Firing Squad », sur LATimes.com, (consulté le )
  28. a et b (en) Rodel Rodis, « Sarah Balabagan, from Muslim to Christian » [archive du ], Global Nation, (consulté le )
  29. (en) « United Arab Emirates: Amnesty International is concerned about the capital sentence imposed on Sarah Balabagan, a Filipino maid », sur Amnesty.org, (consulté le )
  30. « Sarah Balabagan libérée : la mobilisation a payé », sur LeTelegramme.fr, (consulté le )
  31. (en) « Jennifer Dalquez, the new Sarah Balabagan », sur TheInternationalFilipino.wordpress.com, (consulté le )
  32. (en) Salam Al Amir, « Child killer is executed by firing squad », sur TheNational.ae, (consulté le )
  33. (en) Bassam Za'za', « Dubai mosque murderer executed », sur GulfNews.com, (consulté le )
  34. (en) « UAE woman sentenced to death for killing US teacher », sur The Express Tribune, (consulté le )
  35. (en) Siobhan Fenton, « Ibolya Ryan murder: UAE executes woman who murdered US teacher inside shopping mall », sur Independent.co.uk, (consulté le )
  36. (en) Noorhan Barakat et Aghaddir Ali, « Parents seek death penality for son's killer », sur GulfNews.com, (consulté le )
  37. (ar) « والد الطفل الأردني عبيدة يكشف تفاصيل المواجهة الأخيرة مع القاتل قبل إعدامه » [« Le père de l'enfant jordanien, Obeida, révèle les détails de la dernière confrontation avec le tueur avant son exécution »], sur Almadenah News,‎ (consulté le )
  38. (en) Bassam Za'za', « Man who raped, killed eight-year-old boy Obaida executed », sur GulfNews.com, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier