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Les premiers siècles modifier

Les ruines de l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry
Les ruines de l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry

Les premiers siècles du haut Moyen Âge voient la colonisation de la Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons, un phénomène aux contours flous. En dépit d'une grande victoire bretonne au mont Badon (vers 500 ?), des royaumes germaniques s'implantent et s'étendent aux dépens des Bretons insulaires. Plusieurs rois guerriers sont mentionnés dans les sources, comme Hengist dans le Kent, Ælle dans le Sussex ou Ceawlin dans le Wessex, mais la réalité de leurs faits et gestes, voire de leur existence, reste incertaine.

La situation devient plus claire avec l'arrivée de la mission grégorienne à la fin du VIe siècle. Menée par Augustin, le premier archevêque de Cantorbéry, elle réussit à convertir au christianisme le roi du Kent Æthelberht et commence à essaimer dans les royaumes voisins. Elle contribue au développement des arts et du droit.

La Northumbrie et la Mercie modifier

Au VIIe siècle, la Northumbrie et la Mercie se disputent la suprématie de l'Angleterre. Le dernier roi païen de Mercie, Penda, écrase ses homologues northumbriens Edwin à Hatfield Chase (633) et Oswald à Maserfield (642) avant d'être tué par Oswiu à la Winwæd (655). La puissance northumbrienne connaît un coup d'arrêt au nord à la suite de la défaite de Nechtansmere (685) face aux Pictes. Le Wessex consolide quant à lui son emprise sur le Sud-Ouest sous les rois Cædwalla et Ine.

L'évangélisation des Anglo-Saxons se poursuit avec Paulin et Aidan en Northumbrie, et Félix en Est-Anglie. Les principales figures religieuses du VIIe siècle sont l'archevêque Théodore de Cantorbéry, qui procède à une grande réforme de la jeune Église anglaise, et l'évêque frondeur Wilfrid, dont la carrière mouvementée l'amène d'un bout à l'autre de l'Angleterre. Les tensions qui règnent en Northumbrie entre les rites romain et celtique sont résolues en faveur du premier lors du concile de Whitby en 664.

La digue d'Offa, à la frontière du pays de Galles
La digue d'Offa, à la frontière du pays de Galles

Le VIIIe siècle est celui de la Mercie. Sous les règnes d'Æthelbald (716-757) et Offa (757-796), ce royaume exerce une domination presque totale sur le Sud de l'Angleterre. La Northumbrie connaît quant à elle des temps troublés dans la sphère politique, même si elle continue à produire de grands hommes d'Église comme l'archevêque Ecgberht d'York, le chroniqueur Bède le Vénérable ou le moine Alcuin qui s'illustre à la cour de Charlemagne.

Durant cette période, plusieurs missionnaires anglo-saxons jouent un rôle important dans la christianisation des franges de l'empire carolingien, avec Willibrord et Boniface en Frise ou les frères Willibald et Wynnebald en Bavière.

Le Wessex et les Vikings modifier

Le joyau d'Alfred
Le joyau d'Alfred

La suprématie de la Mercie prend fin au début du IXe siècle avec la victoire d'Ecgberht du Wessex à Ellendun (825), qui lui permet de prendre le contrôle du Sud-Est de l'Angleterre. La situation géopolitique de la Grande-Bretagne est bouleversée au même moment par un phénomène extérieur : l'arrivée des Vikings. D'abord limitées à de simple raids, leurs opérations prennent un tournant plus significatif avec l'arrivée de la Grande Armée (865) qui conquiert en l'espace de quelques années la Northumbrie, l'Est-Anglie et la moitié de la Mercie. Le Wessex résiste victorieusement sous le roi Alfred le Grand, qui impose la paix aux Vikings après sa victoire à Ethandun (878).

Le règne d'Alfred (871-899) constitue une étape importante vers l'unification de l'Angleterre. Il réforme la défense de son pays à travers un système de forteresses, les burhs, et œuvre en faveur des arts et des lettres en réunissant à sa cour de nombreux érudits afin de mener à bien un programme de traduction d'œuvres latines. Après la mort d'Alfred, sa fille Æthelflæd et son fils Édouard l'Ancien (899-924) poursuivent la lutte contre les Vikings installés dans l'est de l'Angleterre, une région qui prend le nom de Danelaw.

L'Angleterre unifiée modifier

Frontispice d'une charte d'Edgar
Frontispice d'une charte d'Edgar

Æthelstan (924-939) parachève la conquête de l'Angleterre et prend pour la première fois le titre de « roi des Anglais ». Sa victoire sur une coalition de Vikings et d'Écossais à Brunanburh (937) reste dans les mémoires. Sous le règne d'Edgar (959-975), l'Angleterre jouit d'une grande stabilité. Dans le domaine religieux, un grand mouvement de réforme monastique est lancé par les principaux prélats anglais, Dunstan de Cantorbéry, Oswald de Worcester et Æthelwold de Winchester. Les monastères réformés contribuent grandement au rayonnement intellectuel et artistique de l'Angleterre.

Les dernières années du Xe siècle sont marquées par la reprise des attaques vikings, avec une défaite anglaise significative à Maldon (991) et le versement de plusieurs tributs par le roi Æthelred le Malavisé (978-1016). Les invasions se poursuivent avec une intensité renouvellée au début du XIe siècle jusqu'à la conquête de l'Angleterre par Knut le Grand, dont l'empire s'étend également sur le Danemark et la Norvège. Après l'extinction de sa lignée, en 1042, c'est un fils d'Æthelred, Édouard le Confesseur, qui monte sur le trône. Son règne est troublé par la question de sa succession (il n'a pas d'enfants) et la puissance croissante de la maison de Godwin.

L'année 1066 marque un tournant dans l'histoire de l'Angleterre. La mort d'Édouard donne lieu à une lutte entre plusieurs prétendants au trône, parmi lesquels Harold Godwinson et le duc Guillaume de Normandie. Ce dernier remporte la bataille d'Hastings face à Harold et prend le pouvoir : c'est la conquête normande de l'Angleterre.