Rétrograde (musique)

procédé musical

Une ligne mélodique est dite par mouvement rétrograde (ou récurrente), lorsqu'elle se présente énoncée à l'envers, c'est-à-dire en lisant la mélodie de droite à gauche sur la partition, en prenant la mélodie d'origine à reculons dans le temps, partant de la dernière note pour retourner à la première – comme si un miroir était placé perpendiculairement à la portée. Le terme se dit en latin : cancrizan et en allemand : Krebsgang, que traduit l'expression française « à l'écrevisse », parfois utilisée.


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Description et exemples

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C'est un procédé d'imitation utilisé en écriture polyphonique ou en musique sérielle. L'un des plus fameux exemples d'utilisation se trouve dans une composition « Ma fin est mon commencement » de Guillaume de Machaut[1], qui conclut la pièce en présentant par mouvement rétrograde les cinq premières mesures du morceau (le cantus et le triplum échangent leur partie)[2] :

 
Le rondeau « Ma fin est mon commencement » de Guillaume de Machaut
(début et fin de la partition).

Dans l'exemple suivant, Clementi génère les voix extrêmes l'une de l'autre :

 
Imitation par mouvement rétrograde à l'octave, parfaite.
Muzio Clementi, « Gradus ad Parnadum », étude no 54.

Autre exemple dans la célèbre Sonate Hammerklavier de Beethoven où le thème de la fugue génère le contre-sujet :


 


 

Le terme de canon à l'écrevisse est un cas particulier qui désigne une composition savante qui présente une voix se superposant à sa récurrence, utilisé par exemple dans L'Offrande musicale de Bach.


 
« Canon 1, a 2 violini in unisono ».
Jean-Sébastien Bach, « L'Offrande musicale » BWV 1079.

La forme rétrograde est utilisée aussi combinée au procédé de renversement des intervalles mélodiques qui porte le nom de canons à l'écrevisse au miroir (Spielglkrebskanon), utilisé par exemple par Haydn dans le menuet (« Minuetto al Roverso ») et le trio de sa symphonie no 47.

Histoire

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manuscrit : Pluteus
Manuscrit Pluteus 29.1, Nusmido fo 150v (Bibliothèque Medicea-Laurenziana, Florence).

Le premier exemple de mouvement rétrograde se trouve dans le manuscrit Pluteus 29.1 conservé à la Bibliothèque Medicea-Laurenziana de Florence. Il contient des pièces copiées entre 1240 et 1255 à Paris et faisant partie du répertoire de l'École de Notre-Dame.

Notes et références

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  1. (en) William Drabkin, « Retrograde  », dans Grove Music Online, Oxford University Press, Inscription nécessaire
  2. Comme l'indique le texte du musicien lui-même :

    « Ma fin est mon commencement
    Et mon commencement ma fin
    Et teneure vraiement.
    Mes tiers chans trois seulement se retrograde
    Et einsi fin. »

Articles connexes

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