Raid de 2024 contre l'ambassade du Mexique en Équateur

Le raid de 2024 contre l'ambassade du Mexique en Équateur survient le 5 avril 2024 lorsque l'ambassade du Mexique à Quito, en Équateur, est attaquée par la police et les forces militaires équatoriennes, en violation de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques et de la Convention de Caracas de 1954 sur l'asile diplomatique (en).

Raid de 2024 contre l'ambassade du Mexique en Équateur
Description de cette image, également commentée ci-après
Moment où la police de Quito entre de force dans l'ambassade
Informations générales
Date
Lieu Quito, Équateur
Issue • Arrestation de Jorge Glas
• Rupture des relations diplomatiques entre le Mexique et l'Équateur (en)
• Plainte du Mexique contre l'Équateur devant la Cour internationale de justice pour violation de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques
Commandants
Drapeau de l'Équateur Daniel Noboa Drapeau du Mexique Andrés Manuel López Obrador
Forces en présence
Police nationale de l'Équateur (en)

Coordonnées 0° 10′ 40″ sud, 78° 28′ 42″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Équateur
(Voir situation sur carte : Équateur)
Raid de 2024 contre l'ambassade du Mexique en Équateur

L'attaque, survenue après une période de tensions croissantes entre les deux pays, a pour but d'arrêter l'ancien vice-président de l'Équateur, Jorge Glas, condamné pour corruption et résidant à l'ambassade depuis le 17 décembre 2023[1]. Il obtient l'asile politique quelques heures avant l'attaque[2].

L'assaut conduit le Mexique à rompre ses relations avec l'Équateur (en)[3]. Le lendemain, le Nicaragua emboîte le pas en solidarité avec le Mexique[4].

Contexte

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Jorge Glas en 2017.

En décembre 2023, l'ancien vice-président équatorien Jorge Glas, qui est vice-président sous les présidents Rafael Correa et Lenín Moreno, entre à l'ambassade du Mexique à Quito pour demander l'asile, alléguant des persécutions politiques[5]. L'ancien vice-président est condamné, en décembre 2017, à huit ans de prison pour deux peines : l'une de six ans pour association illicite et une autre de huit ans pour corruption[6]. En novembre 2022, Jorge Glas est libéré, mais ne peut pas quitter le pays pendant le reste de sa peine. Ensuite, le bureau du procureur général déclare qu'il insiste pour inculper Glas dans le cadre de l'affaire impliquant des fonds publics collectés pour aider à la reconstruction de la province de Manabí après le tremblement de terre de 2016[7].

Le 3 avril 2024, le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, fait allusion lors d'une conférence de presse au fait que Luisa González, la candidate présidentielle du Mouvement révolutionnaire citoyen pro-Correa, a un avantage dans les sondages pour les élections générales équatoriennes de 2023, mais qu'après le meurtre de Fernando Villavicencio, ses chiffres dans les sondages chutent[8], ce qui implique que l'assassinat affecte les résultats des élections[9].

Après les commentaires du président, le 4 avril, l'ambassadrice du Mexique Raquel Serur Smeke est déclarée persona non grata et le ministère équatorien des Affaires étrangères invoque le principe de "non-intervention" dans les affaires intérieures d'un autre pays et l'article 9 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques pour demander son départ[10]. Le gouvernement mexicain accorde l'asile politique à Glas après l'expulsion de son ambassadeur. Le président équatorien Daniel Noboa réitère qu'il ne délivrerait pas le sauf-conduit nécessaire pour que Glas quitte le pays[11].

Le 5 avril, la secrétaire mexicaine aux Affaires étrangères, Alicia Bárcena, appelle le gouvernement équatorien à organiser un passage sûr dès que possible afin que Glas puisse partir pour le Mexique[12].

Le 5 avril 2024, vers 22 h 0, un détachement d'élite de la police nationale équatorienne (en) entre de force dans l'ambassade et arrête Glas[13]. Ils possèdent un bélier et un agent escalade les murs[14]. Ils emmènent Glas au bureau du procureur général, puis à un aéroport pour un vol à destination de Guayaquil, avec l'intention de le transférer dans un établissement à sécurité maximale. L'avocat de Glas déclare que la police donne plusieurs coups de pied à son client alors qu'il résiste à son arrestation et le traîne hors de l'ambassade et impute la responsabilité du sort ultime de Glas au président Noboa. La ministre mexicaine des Affaires étrangères, Alicia Bárcena, déclare également que certains de ses diplomates sont blessés lors du raid[15].

Conséquences

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Après la nouvelle du raid, le même jour, le président López Obrador annonce sur X la rupture de toutes les relations diplomatiques avec l'Équateur. Le Mexique annonce également son intention de poursuivre l'Équateur devant la Cour internationale de Justice pour violations du droit international[16].

La ministre équatorienne des Affaires étrangères, Gabriela Sommerfeld (en), défend le raid, affirmant que la décision est prise par le président Noboa après que le gouvernement ait déterminé un "risque de fuite imminent" de la part de Glas et après avoir épuisé toutes les possibilités de dialogue diplomatique avec le Mexique. Sommerfeld ajoute qu'il n'est "pas légal d'accorder l'asile à des personnes reconnues coupables de crimes de droit commun et par des tribunaux compétents".

À la demande des délégations de Colombie et d'Équateur, le Conseil permanent de l'Organisation des États américains (en) se réunira les 9 et 10 avril pour discuter du raid et de ses implications[17].

Réactions

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Le raid contre l'ambassade provoque ce que le journal The Guardian décrit comme « une vague d'indignation inhabituellement intense de la part de tout le spectre politique en Amérique latine[18]. »

Internationales

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Supranationales

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  • Organisation des États américains : Le bloc rejette l'incursion policière dans l'ambassade et propose une réunion de son Conseil permanent. Il appelle également au dialogue entre les deux parties et exprime sa solidarité avec les diplomates mexicains[23],[24].
  • Drapeau de l’Union européenne Union européenne : Le bloc condamne l'assaut et souligne l'importance du respect de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques entre les États. Le porte-parole de l'UE, Peter Stano, déclare que toute violation des locaux d'une mission diplomatique constitue une violation de la Convention de Vienne et doit être rejetée. L'UE souligne que la sauvegarde de l'intégrité et du personnel des missions diplomatiques est cruciale pour la stabilité et la coopération internationales, faisant écho aux sentiments du chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, qui appelle au respect du droit diplomatique international[25].
  • Drapeau des Nations unies Nations unies : Le porte-parole Stéphane Dujarric déclare que le secrétaire général António Guterres est « alarmé » par cet incident et réaffirme le principe cardinal de l'inviolabilité des locaux et du personnel diplomatiques et consulaires. Guterres appelle également à la modération et exhorte les deux pays à résoudre leurs différends de manière pacifique[26].

Notes et références

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  1. (es) « Policía saca a Jorge Glas de la Embajada de México en Quito », sur El Universo,
  2. (es) « México concede asilo político a exvicepresidente ecuatoriano », sur Deutsche Welle,
  3. (en) « ‘Outrage against international law’: Mexico breaks diplomatic ties with Ecuador over embassy raid », sur CNN,
  4. (no) « Nicaragua kutter forbindelsen med Ecuador etter omstridt ambassadeaksjon », sur Adressa,
  5. (es) « La Cancillería de Ecuador pide entrar en la Embajada de México para capturar al ex vicepresidente Jorge Glas », sur El País América,
  6. (es) « Quién es Jorge Glas, el exvicepresidente de Ecuador en el centro de la ruptura diplomática de México con su país », sur BBC News,
  7. (en) « Former Ecuador VP asks for asylum in Mexico -lawyer », sur Reuters,
  8. (es) « Esto fue lo que dijo el presidente López Obrador que molestó a Daniel Noboa », sur Primicias,
  9. (en) « Amid diplomatic spat, Mexico grants former Ecuadorian vice president asylum », sur Al Jazeera,
  10. (es) « Ecuador declara persona ‘non grata’ a embajadora de México tras declaración de AMLO », sur Forbes México,
  11. (es) « AMLO: México suspende relaciones diplomáticas con Ecuador tras ingreso a embajada en Quito », sur El Universo,
  12. (es) « México rompe relaciones diplomáticas con Ecuador, tras irrupción policial en Embajada », sur Primicias,
  13. (es) « Jorge Glas es capturado por la Policía dentro de la Embajada de México, en Quito », sur La Hora,
  14. (en) « Mexico withdraws diplomats from its embassy in Ecuador after raid », sur Al Jazeera,
  15. (en) « Mexico severs diplomatic ties with Ecuador after police storm its embassy to arrest politician », sur Associated Press,
  16. (es) « México rompe relaciones con Ecuador tras irrupción policial en Embajada mexicana en Quito », sur Xinhua Español,
  17. (es) « Ecuador y Colombia convocan a sesiones urgentes de la OEA tras irrupción a embajada de México en Quito », sur El Universal,
  18. (en) « UN chief joins condemnation of Ecuadorian raid on Mexican embassy », sur The Guardian,
  19. (es) « Comunicado de prensa », sur Minrel,
  20. (es) « Colombia pedirá a la CIDH «medidas cautelares» a favor del exvicepresidente Glas », sur La Hora,
  21. « Q&R - Point de presse live (18.04.24) », sur France Diplomatie, (consulté le )
  22. (es) « Nicaragua respalda a México y denuncia la barbarie política neofascista del Gobierno de Ecuador », sur Canal 2,
  23. (es) « OEA rechaza incidente en embajada de México en Ecuador y propone reunión de su Consejo Permanente », sur Voz de América,
  24. (es) « Statement from the OAS General Secretariat on Events in Ecuador », sur Organization of American States,
  25. (es) « La UE condena asalto a la embajada mexicana en Ecuador », sur Deutsche Welle,
  26. (en) « Statement attributable to the Spokesman for the Secretary-General on raid of Mexico's embassy in Ecuador », sur United Nations,