Robbie Robertson (album)

album de Robbie Robertson

Robbie Robertson est le premier album solo du guitariste canadien homonyme, sorti en 1987 et produit par lui-même et Daniel Lanois. Bien que Robertson soit un musicien professionnel depuis la fin des années 1950, notamment l'un des fondateurs et auteur-compositeur principal du groupe The Band, il s'agit ici de son premier album solo. En 1989, il est récompensé par les prix Juno de « l'album de l'année » et du « producteur de l'année ».

Robbie Robertson

Album de Robbie Robertson
Sortie 27 octobre 1987
Enregistré The Village Recorder (West Los Angeles, California), U2 Mobile Unit-Danesmoate (Dublin, Ireland), Ashcombe House (Swainswick, Somerset), A&M (Hollywood, California), Bearsville Sound (Bearsville, New York), The Hit Factory (New York City)
Durée 44:24
Genre Rock
Producteur Robbie Robertson, Daniel Lanois
Label Geffen Records

Albums de Robbie Robertson

L'album comprend des contributions de Rick Danko et Garth Hudson du Band, ainsi que de U2 et Peter Gabriel, qui ont tous deux travaillé avec Lanois. U2 enregistrait The Joshua Tree parallèlement aux premières étapes de cet album, et Gabriel avait enregistré So l'année précédente. La contribution de U2 se retrouve dans les chansons Testimony et Sweet Fire of Love, une sorte de duo entre Robertson et le chanteur de U2 Bono. La participation de Peter Gabriel est sur la chanson Fallen Angel, dédiée à Richard Manuel, l'ancien membre du groupe The Band, et Broken Arrow, qui résonne avec le piano électrique Yamaha CP-80 signature de Gabriel. De plus, Tony Levin et Manu Katché, qui enregistraient avec Gabriel, figurent aussi sur ce disque.

En 2005, l'album a été réédité avec celui qui le suivait, Storyville, sous la forme d'un coffret de deux CD, dans une édition augmentée, tous deux avec deux titres bonus.

Production modifier

Après un long congé sabbatique, Robertson annonça en 1983 via un article dans le magazine Billboard qu'il revenait à la musique et était disponible pour travailler sur des projets[1]. La même année, le producteur de films Art Linson encourage Robertson à se concentrer sur la création d'un disque solo lorsque les deux étaient en vacances ensemble à Rome. Robertson commence donc à conceptualiser l'idée, en commençant par créer un décor appelé The Shadowland où se dérouleraient les chansons de l'album. Il imaginait The Shadowland comme un lieu mythique « qui se déplace en fonction des nuages qui le recouvrent » et s'imaginait être un vagabond qui raconterait les événements qui s'y dérouleraient.

Robertson avait signé chez EMI Records avec Gary Gersh, alors directeur d'A&R et fan de longue date de The Band. Les discussions préliminaires et la préproduction du premier album solo de Robertson s'ammorcent à l'automne 1984. Subséquemment, Gersh rejoint Geffen Records et convaint le label de racheter le contrat de Robertson avec EMI[2].

Le premier producteur que Robertson a envisagé pour la production de l'album était son compatriote canadien Daniel Lanois. Après avoir rencontré plusieurs autres producteurs potentiels, Robertson a décidé de travailler avec Lanois en raison de leur intérêt commun pour l'expérimentation. Après que Lanois ait terminé une étape du travail de production avec U2 sur ce qui allait devenir leur album The Joshua Tree, Robertson a fait savoir à Lanois qu'il était prêt à commencer le travail sur l'album. Les deux commencent la production et l'enregistrement en juillet 1986.

Robertson avait un bureau sur la propriété du studio d'enregistrement The Village Recorder à Los Angeles, en Californie, où il élaborait des idées pour l'album où une grande partie y a été enregistrée. Le groupe d'accompagnement de base de Robertson comprend le guitariste Bill Dillon, un ami de Lanois qui avait également joué pour Ronnie Hawkins, ainsi que le bassiste Tony Levin et le batteur parisien Manu Katché. Robertson a fait appel au batteur Terry Bozzio après que Katché ait dû rentrer à Paris. Robertson fait également appel aux BoDeans pour fournir des chœurs sur certains morceaux de l'album, notamment sur Showdown at Big Sky. Sam Llanas, membre de BoDeans, a créé une fausse voix féminine qui a été utilisée sur le refrain de Somewhere Down the Crazy River. Les membres du groupe The Band, Garth Hudson et Rick Danko, apparaissent également sur l'album, tout comme Ivan Neville (fils du chanteur R&B Aaron Neville) et le bassiste de jazz Larry Klein[3].

Lanois s'est séparé de la production de l'album pour continuer à travailler avec U2 en août 1986, tandis que Robertson a travaillé avec le réalisateur Martin Scorsese sur la création et la composition de la musique du film The Color of Money (1986). Pendant que Lanois travaillait avec U2, il a invité Robertson à venir en Irlande pour travailler dans le studio maison où U2 enregistrait. Robertson s'est envolé pour l'Irlande fin août 1986, arrivant à la suite de l'ouragan Charley. Robertson venait de terminer son travail sur The Color of Money et est arrivé avec rien de préparé à l'exception d'un enregistrement de cor de Gil Evans restant de cette trame et d'un enregistrement qu'il avait réalisé d'un riff de guitare accompagné d'un tom tom. Robertson a étoffé quelques idées lyriques inspirées de l'ouragan et du survol turbulent, tandis que Lanois a travaillé avec les membres de U2 pour extraire un concept musical du riff de guitare que Robertson leur avait présenté. Robertson et le chanteur de U2, Bono, ont ensuite improvisé une série de paroles en studio pendant que les instrumentistes du groupe jouaient derrière eux, créant un morceau de 22 minutes qui a été édité dans la chanson Sweet Fire of Love. Lanois a ensuite utilisé les arrangements de cuivres de Gil Evans comme base d'un autre morceau intitulé Testimony.

Robertson s'est ensuite envolé pour Bath, en Angleterre, pour travailler avec Peter Gabriel dans son studio maison sur un morceau intitulé Fallen Angel sur une âme passant dans la dimension suivante. Robertson a attribué la direction qu'il prenait au décès récent d'un autre ancien du groupe, Richard Manuel, qui s'était suicidé dans une chambre d'hôtel en Floride en mars 1986 et lui a dédié la chanson. Robertson a adoré le « son fantomatique et angélique » obtenu par Gabriel en empilant ses voix. Gabriel a également fourni des claviers sur Fallen Angel et une programmation de batterie sur Broken Arrow, une chanson inspirée de l'héritage amérindien de Robertson.

Ce dernier a également enregistré aux Bearsville Studios près de Woodstock, New York, fondés par son ancien manager Albert Grossman. Aux studios Bearsville, Robertson a travaillé sur une version de What About Now qui n'a pas été incluse dans la sortie finale de l'album, ainsi que sur le morceau American Roulette, inspiré d'un scénario qu'il avait écrit. Robertson a utilisé la chanteuse soliste de Lone Justice, Maria McKee, comme choriste pour ces deux morceaux. L'ingénieur Bob Clearmountain a été amené à remixer l'album juste avant sa sortie.

Réception modifier

Sorti le 27 octobre 1987[4], l'album culmine à la 35e place du Billboard 200, restant dans le Top 40 pendant trois semaines. Le disque a produit plusieurs succès dans les charts Billboard Mainstream Rock, avec Showdown At Big Sky en première position (#2) et Sweet Fire Of Love en deuxième position (#7). L'album a été nommé pour un Grammy Award pour le « Meilleur album rock/vocal » et est certifié disque d'or aux États-Unis en 1991.

L'album est très bien accueilli au moment de sa sortie, se classant au 13e rang du sondage annuel des critiques Pazz & Jop publié dans The Village Voice. L'album est répertorié dans le top dix des disques de l'année par plusieurs critiques dans le reportage de fin d'année 1987 The Critics' Choice du magazine Billboard et, en février 1988, l'album est répertorié dans le magazine Stereo Review dans les Meilleurs enregistrements du mois. En 1989, l'album figurait au 77e rang des « 100 meilleurs albums des années 80 » de Rolling Stone.

L'album reçoit cependant des critiques négatives. Greil Marcus le ridiculisant plus tard comme étant « drapé de rideaux de surproduction » avec « des thèmes si élaborés et des voix si déguisées qu'il était difficile de discerner un véritable être humain derrière tout cela ». Robert Christgau écrit qu'il « a fallu du courage à un marchand d'Americana aussi impénitent [comme Robertson] pour risquer la colère des anglophobes » en collaborant avec Lanois et Bono, mais il a été très déçu des résultats et a noté l'album avec un C+. Barney Hoskyns l'a rejeté comme étant « gonflé et grandiose », Robertson « se dépassant et se perdant dans des envolées de verbosité aérienne[5]. » Elvis Costello, un fan de longue date de The Band, a déclaré qu'il « n'aimait pas ça du tout » et que « c'était comme si [Robertson] avait décidé de faire un album de Peter Gabriel, alors que son écriture était beaucoup plus intéressante et énigmatique lorsqu'il travaillait à plus petite échelle. C'est presque comme si les meilleures chansons du disque étaient celles qui fonctionnent à cette échelle mais ont ensuite été artificiellement gonflés avec des stéroïdes pour devenir cette musique grand écran de Peter Gabriel[5]. »

Écriture des chansons modifier

Broken Arrow modifier

La version de Robbie Robertson a atteint la 29e place des classements RPM CanCon en 1988. Rod Stewart a enregistré une version de Broken Arrow en 1991 pour son album Vagabond Heart. La version de Stewart de la chanson est sortie en single le 26 août 1991, accompagnée d'un clip vidéo, atteignant le numéro 20 du classement américain Billboard Hot 100 et le numéro deux au Canada.

Broken Arrow a également été interprété en live par les Grateful Dead de 1993 à 1995 avec Phil Lesh au chant. Les groupes dérivés de Grateful Dead, The Dead, Phil Lesh and Friends et The Other Ones, ont également interprété la chanson, à chaque fois avec Lesh au chant.

Cette ballade ne doit pas être confondue non plus avec le single de Chuck Berry de 1959 ou avec la chanson homonyme de Buffalo Springfield de 1967, écrite par Neil Young.

American Roulette modifier

Les paroles de American Roulette traitent du thème de l'ascension vers la gloire de trois Américains emblématiques (James Dean dans le premier couplet, Elvis Presley dans le deuxième et Marilyn Monroe dans le troisième) et de ses conséquences pour eux personnellement. Ils ne sont pas mentionnés nommément mais sont décrits en termes idéalistes plutôt que sous une forme strictement biographique. Musicalement, la chanson se distingue par son solo de guitare ainsi que par sa conclusion instrumentale.

Somewhere Down the Crazy River modifier

Interrogé sur l'inspiration du single Somewhere Down the Crazy River de l'album, Lanois a commenté : « Robbie Robertson décrivait ce que c'était que de passer du temps en Arkansas avec Levon Helm dans son ancien quartier. Il me parlait des nuits chaudes et pêchant à la dynamite, et demandait à quelqu'un son chemin pour aller quelque part en aval de la rivière folle. ... Je lui ai montré cet instrument que Brian Eno m'avait présenté, appelé le Suzuki Omnichord, comme une harpe automatique électrique. Il a trouvé une petite séquence d'accords avec cet instrument qui était douce et merveilleuse. Pendant qu'il développait sa séquence d'accords, je l'ai enregistré et j'ai superposé sa narration, que j'enregistrais secrètement, par-dessus. Ce fut la naissance de "Somewhere Down The Crazy River". C'est un peu comme un gars avec une voix grave qui vous raconte les nuits torrides de l'Arkansas ». Cette chanson est remarquable comme le seul succès solo de Robertson au Royaume-Uni, atteignant la 15e place du classement des singles britanniques. Son single suivant, "Fallen Angel" (également issu de l'album), atteint le numéro 95.

Showdown at Big Sky modifier

Sam Llanas, des BoDeans, a fourni les chœurs distinctifs sur cette chanson, Kurt Neumann et Llanas des BoDeans ont contribué aux chœurs de Somewhere Down the Crazy River et American Roulette. En raison de la popularité des BoDeans dans leur État d'origine du Wisconsin, Showdown at Big Sky a été largement diffusé sur la radio Milwaukee AOR. Le single de Robertson a atteint la 48e place du Top 100 canadien et la 8e place des charts CanCon.

Fallen Angel modifier

Fallen Angel parle de l'ancien membre du groupe The Band, Richard Manuel, qui s'est suicidé en 1986. Peter Gabriel chante avec Robertson sur cette chanson. Il présente également les contributions d'un autre ancien membre du groupe The Band, Garth Hudson aux claviers.

Liste des chansons modifier

Toutes les chansons écrites par Robbie Robertson sauf indication contraire.

  1. Fallen Angel (Robertson, Martin Page) – 5:52
  2. Showdown at Big Sky – 4:43
  3. Broken Arrow – 5:17
  4. Sweet Fire of Love (Robertson, U2) – 5:08
  5. American Roulette – 4:46
  6. Somewhere Down the Crazy River – 4:44
  7. Hell's Half Acre – 3:45
  8. Sonny Got Caught in the Moonlight – 3:45
  9. Testimony – 4:45

Chansons bonus sur la réédition de 2005 :

  1. Christmas Must Be Tonight – 4:51 (de la B. O. du film Scrooged) (1988)
  2. Testimony (edited 12" remix) – 6:34 (avec production originale de Nile Rodgers)

Principaux musiciens et producteurs modifier

Musiciens additionnels modifier

  • Peter Gabriel – claviers (1, 3) ; chant (1) ; programmation de la batterie (3) ; caméo vocal (9)
  • Garth Hudson – claviers (1, 5)
  • Bill Dillon – guitare (1, 2 et 5-9), choeurs (2)
  • The Edge – guitare (4, 9)
  • Eluriel "Tinker" Barfield – basse (1, 5)
  • Larry Klein – basse (2)
  • Abraham Laboriel – basse (3)
  • Adam Clayton – basse (4, 9)
  • Hans Christian – basse (5)
  • Tony LevinChapman Stick (5, 7), basse (6, 8)
  • Martin Page – programmation de la batterie (1)
  • Manu Katché – batterie (1, 2, 6-8), percussions (1, 7, 8)
  • Terry Bozzio – batterie (3, 5)
  • Larry Mullen Jr. – batterie (4, 9)
  • Bono – chant, basse (4) ; choeurs et guitare (9)
  • BoDeans (Sam Llanas, Kurt Neumann) – choeurs (2, 5)
  • Maria McKee – choeurs (5)
  • Sammy BoDean (Sam Llanas) – choeurs (6)
  • Cary Butler – choeurs (8)
  • Rick Danko – choeurs (8)
  • Ivan Neville – choeur (9)
  • Gil Evans Section de cuivres– cuivres (9)

note : Les notes de l'album attribuaient à tort Ashcombe House, au fait d'être à Londres, alors que son emplacement correct est Somerset. N B : Ne pas confondre Martin Page, un bassiste et auteur-compositeur britannique, et Martin Page, un écrivain, illustrateur et éditeur français de bandes dessinées.

Références modifier

  1. Sam Sutherland, « Robbie Robertson Active Again: Pursues Songwriting, Recording, Film, Cable Projects », Nielsen Business Media, vol. 95, no 13,‎ , p. 41, 44 (ISSN 0006-2510, lire en ligne, consulté le )
  2. Bill Flanagan, « The Return of Robbie Robertson », Billboard Publications Inc., New York,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Erreur de paramétrage du modèle {{livret album}} : les paramètres titre et artiste sont obligatoires.
  4. « Albums Released This Week (October 26 – November 1) » [October 26, 2015], sur Dr. Rock's Blog & Roll, Strategic Planning Advisors LLC (consulté le )
  5. a et b Barney Hoskyns, Across the Great Divide: The Band and America, New York City, Hyperion, (ISBN 0670841447, lire en ligne), p. 391