Séraphine de Senlis

artiste peintre française
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Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis, née le à Arsy (Oise) et morte le à Villers-sous-Erquery dans ce même département, est une artiste peintre française dont l'œuvre est rattachée à l'art naïf et à l'art brut[1].

Séraphine de Senlis
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
ClermontVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Clermont (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Séraphine LouisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Antoine Frédéric Louis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Victorine Adeline Julie Maillard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Prononciation
signature de Séraphine de Senlis
Signature

Biographie

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Origine familiale

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Acte de naissance de Séraphine Louis (archives départementales de l'Oise).

Séraphine Louis est née à Arsy, petite commune de l'Oise, située entre Compiègne et Clermont dans l'Oise, le [2].

Son père était manouvrier[3], mais également horloger itinérant[4] et sa mère venait d'une famille de paysans[5],[6]. Elle perd sa mère le jour de son premier anniversaire[6], et son père, remarié, meurt alors qu'elle n'a pas tout à fait sept ans[3] ; elle est alors recueillie par sa sœur aînée.

Selon Françoise Cloarec, auteure de l'une des biographies consacrées à l'artiste, la jeune Séraphine, scolarisée à l'école du village, « semble avoir été une élève attentive » avec une belle écriture et de bonnes dispositions pour le dessin. Devenue adulte, elle évoquera rarement son enfance.

Très jeune, Séraphine Louis travaille comme bergère. À l'âge de 14 ans elle est placée comme domestique à Compiègne[7]. Puis, à partir de 1881, elle est domestique chez les sœurs de la Providence à Clermont (Oise). En 1901, elle commence à travailler comme femme de ménage dans des familles bourgeoises de Senlis.

Débuts artistiques

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Tout en travaillant, Séraphine se met à peindre à la lumière d’une bougie, dans un grand isolement et une certaine pauvreté et se lance, petit à petit, dans la réalisation d'une œuvre considérable.

Autodidacte, elle est « indemne de culture artistique » selon les termes du peintre Jean Dubuffet[8],[9]. Son œuvre est ainsi qualifiée d'art brut[10]. Selon Alicia Basso Boccabella, responsable des publics au Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis, Séraphine Louis n'a pas pris de cours, « elle a commencé à peindre parce que son ange lui aurait dit de peindre »[11]. Elle s'inspire d'ailleurs d’images pieuses de tradition catholique. Ses motifs décoratifs répétés, ses tableaux gorgés de lumière et de couleurs, sont parfois interprétés comme le reflet de son état psychique (« extase »)[12]. Son sujet est le monde végétal[13].

Le collectionneur et marchand d'art allemand Wilhelm Uhde, installé à Senlis, découvre en 1912[14] ou 1920[13] les peintures de Séraphine Louis, lors d'une visite qu'il rend à des connaissances. Il apporte son soutien à cette femme d'humble condition. Cependant, il est obligé de quitter la France en quand éclate la Grande Guerre. Durant le conflit, Séraphine Louis continue à peindre à la lumière d'une bougie dans un grand isolement et se lance dans de nouvelles créations[15]. Cette période de la vie de l'artiste et de ses voisins est très difficile, la ville et les habitants de Senlis subissant les exactions des troupes d'occupation allemandes, entre autres l'incendie de plus d’une centaine de maisons[16].

Uhde ne reprend contact avec Séraphine Louis qu'en 1927, à l'occasion d'une exposition locale organisée à Senlis. Son soutien permet à Séraphine Louis de peindre des toiles de deux mètres de hauteur. En 1929, le marchand d'art allemand organise une exposition intitulée Les Peintres du Cœur sacré, qui permet à Séraphine Louis d'accéder à une certaine notoriété : on la surnomme « Séraphine de Senlis » et elle accède à une certaine prospérité financière ; mais elle ne sait pas la gérer et la dilapide au fur et à mesure.

À partir de 1930, la Grande dépression éloigne les acheteurs d'œuvres d'art et ne permet plus à Wilhelm Uhde d'acheter à Séraphine Louis ses peintures, ce qui la perturbe gravement. Elle sombre alors dans la folie et on l'interne pour « psychose chronique »[17] le à l'hôpital psychiatrique de Clermont. Elle refuse d'y pratiquer son art.

Ses œuvres sont pourtant exposées par le collectionneur Wilhelm Uhde : en 1932, à l'exposition Les Primitifs modernes à Paris ; en 1937-1938, à l'exposition Les Maîtres populaires de la réalité, à Paris[14], Zürich, New York (MoMA) ; en 1942, à l'exposition Les Primitifs du XXe siècle à Paris ; en 1945, à Paris à l'exposition consacrée à Séraphine de Senlis.

À l'instar de la sculptrice et peintre Camille Claudel, sa contemporaine, Séraphine Louis meurt de faim dans un hôpital psychiatrique. Atteinte d'un cancer du sein et dans la misère la plus totale[18], elle meurt le dans l'annexe de l'hôpital à Villers-sous-Erquery[19], dans les dures conditions des asiles sous l'Occupation allemande[20],[21] et dans l'indifférence générale. Son dossier médical conservé à l'hôpital de Senlis porte la mention « cueille de l'herbe pour manger la nuit ; mange des détritus[22] ».

Séraphine de Senlis est enterrée dans une fosse anonyme du carré des indigents au cimetière de Clermont[5]. Elle avait pourtant exprimé, dans ses dernières volontés, le souhait de voir graver sur sa tombe cette mention : « Ici repose Séraphine Louis, sans rivale, et attendant la résurrection bienheureuse »[23].

L'art de Séraphine de Senlis

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Séraphine de Senlis préparait elle-même ses couleurs de façon rudimentaire, mais soignée. Elle n'en a jamais véritablement dévoilé la composition mais une expertise des toiles a établi qu'elle avait recours à de la peinture Ripolin qu'elle mélangeait à d'autres produits[24] (fait repris dans le film de Martin Provost). Plus tard, un peu plus riche, grâce à l'aide de Wilhelm Uhde, elle a utilisé du vernis. Fait remarquable, ses pigments posent assez peu de problèmes de conservation[25]. Ses peintures ont un aspect mat, presque ciré. Parfois, la signature est gravée au couteau, révélant une sous-couche de couleur contrastée. Il semble qu'elle ait signé ses peintures avant de les peindre[25].

Ses tableaux comportent presque tous, dans le quart inférieur, une zone qui semble représenter un autre ordre que le reste de l'image : les fruits et les fleurs continuent à s'épanouir dans cette région mais d'autres éléments, des herbes ou des feuilles plus sombres, invitent à interpréter cet espace comme une sorte de souterrain inconscient où tout s'enracine. Ce principe de composition se retrouve dans de nombreuses œuvres.

Le besoin irrépressible de création fait de Séraphine de Senlis, pour reprendre les termes du conservateur du musée Maillol, Bertrand Lorquin, une artiste dévorée par « cette fameuse nécessité intérieure dont parlait Kandinsky »[26]. Toutefois, il semble que la fonction subjective de sa peinture ait été incompatible avec la notoriété en raison de sa culpabilité mélancolique, de sorte qu'elle fut déstabilisée par sa réussite, s'empressant de dilapider ses gains[27].

Postérité

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Expositions

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Le musée Maillol à Paris (Exposition des Naïfs, du au [28]), le musée d'Art et d'Archéologie de Senlis[29], le musée d'art naïf de Nice, le musée du Vieux-Château de Laval[30], le LaM à Villeneuve-d'Ascq conservent plusieurs de ses œuvres et assurent des expositions temporaires ou permanentes.

En Allemagne, le musée Charlotte-Zander de Bönnigheim possède une vaste collection de ses œuvres.

Travaux universitaires

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Marie-Amélie Ortas-Peretti lui consacre sa thèse de doctorat en médecine en 1965[31]. Il s'agit d'un des premiers travaux sur Séraphine dont les informations seront ultérieurement reprises dans la littérature scientifique, notamment anthropologique[32].

Alain Vircondelet a obtenu son doctorat de 3e cycle en histoire de l'art avec la thèse Séraphine de Senlis, sa vie, son œuvre (1984) sous la direction de Bernard Dorival.

Catalogue raisonné

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Un catalogue raisonné de l'œuvre peinte de Séraphine Louis a été publié en 2021 en français et en anglais par Pierre Guénégan aux éditions Lanwell & Leeds Ltd (ISBN 978-2-9700494-9-4). Cet ouvrage présente également pour la première fois l'ensemble des lettres écrites par Séraphine durant son internement à partir de 1932 à l'asile de Clermont de l'Oise ; ces lettres ont été transcrites par Marylin Clin et Françoise Cloarec, auteure d'un livre sur l'artiste. Le catalogue comporte 400 pages illustrées avec force documents et photographies. Une analyse psychopathologique de Séraphine Louis est également présentée[33].

Dans la littérature

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La première biographie de Séraphine est publiée en 1986 par Alain Vircondelet. Elle inspirera le film de Martin Provost en 2008 (qui fera d'ailleurs l'objet d'une condamnation pour plagiat).

D'autres ouvrages ont été publiés au sujet de Séraphine Louis, notamment ceux Marie-Jo Bonnet et Françoise Cloarec.

Au cinéma et dans les médias audiovisuels

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Yolande Moreau.

Cinéma

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Télévision

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  • La websérie documentaire (coproduction Arte/INA) présente un épisode dénommé Séraphine de Senlis - Le délire de peindre, diffusé en 2019[37].

Notes et références

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  1. Texte de présentation de l'exposition "Séraphine" à la Galerie Dina Vierny, 25 mai - 30 juillet 2021, 3e paragraphe, sous la vidéo-interview de Pierre Guénégan auteur du Catalogue raisonné (Lanwell & Leeds, Londres, mars 2021) https://galeriedinavierny.fr/exposition/seraphine/
  2. (en) « Séraphine de Senlis », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit Accès payant, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  3. a et b « Archives départementales de l'Oise »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?). Sur son acte de mariage (30/12/1847), sur l'acte de naissance de Séraphine (03/09/1864 à 4 heures du matin, acte du même jour à midi) ainsi que sur son acte de décès (14/08/1871) Antoine Louis est dit « manouvrier ». À la naissance d'Antoine (25/04/1822 à Arsy), son père était également dit « manouvrier ».
  4. https://laval.maville.com/actu/actudet_-Deux-tableaux-de-Seraphine-exposes-au-Chateau-_-713860_actu.Htm Site laval.maville.com, article de Ouest France "Deux tableaux de Séraphine exposés au Château].
  5. a et b Anthony Palou , « Séraphine de Senlis enfin réhabilitée », Le Figaro, (en ligne).
  6. a et b Sur l'acte de décès de sa mère (décès le , acte du 04/09/1865), son père, déclarant et témoin, est dit « arquebusier ».
  7. France Culture : "Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis".
  8. Jean Dubuffet, Prospectus et tous écrits suivants, Gallimard, 1967.
  9. « Mais qu'est-ce que l'art brut ? », sur humanite.fr (consulté le ).
  10. Bernadette Sauvaget, « À Senlis, Séraphine fleur de l'art brut », sur libération.fr, .
  11. La thèse de doctorat de médecine de Marie-Amélie Peretti (1965, 11) relève que début novembre 1933, un interne de l’asile de Clermont-de-l’Oise consigne les propos de Séraphine : « En 1905 en étant chez M. Chambard, son ange gardien lui aurait dit à l’église de se mettre aux dessins. Elle commençait alors à dessiner des fleurs, des fruits sur papier spécial, sur des vases, cruchons, bouteilles et assiettes. » Voir également : Site france3-regions.francetvinfo.fr, article d'Eline Erzilbengoa "L'histoire du dimanche - Séraphine de Senlis, bonne à tout faire, esprit simple et peintre de génie", consulté le 25 août 2021.
  12. Par exemple : « Motifs et couleurs intenses traduisent les rêves et les extases de leur auteur » MAN - Musée d'Art Naïf, marginal et populaire, château d'Ensoulès, Béraut.
  13. a et b Nathalie Ernoult, « Séraphine de Senlis - Arbre rouge (1928 - 1930) », Centre Pompidou, in Brigitte Leal (dir.), Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne (catalogue), Paris, Centre Pompidou, .
  14. a et b « Séraphine Louis (français, 1864 – 1942) », sur arnet.
  15. « Séraphine de Senlis », sur cineclubdecaen.com (consulté le ).
  16. « Senlis Martyr », sur oisetourisme.com (consulté le ).
  17. Marianne Payot, « Séraphine Louis : l'ange au plumeau », L'Express, 25 septembre 2008, mis à jour le (en ligne).
  18. Marie-Jo Bonnet, Les Femmes artistes dans les avant-gardes, Éditions Odile Jacob, 2006, p. 66.
  19. L'acte de décès fourni par la mairie de Clermont (et non d'Erquery, où se trouve l'annexe de Villers) indique « Le onze décembre mil neuf cent quarante deux, vingt et une heures, est décédée 2 rue des Finets, Séraphine Louis, artiste-peintre […] ».
  20. Max Lafont, L'extermination douce : la mort de 40 000 malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques en France, sous le régime de Vichy, Toulouse, AREFPPI, , 255 p..
  21. Bueltzingsloewen, Isabelle von, 1964- ..., L'hécatombe des fous : la famine dans les hôpitaux psychiatriques français sous l'Occupation, Paris, Le Grand livre du mois, impr. 2007, 509 p. (ISBN 978-2-286-03013-1 et 2286030138, OCLC 470791994, lire en ligne).
  22. Roger Darquenne, « L'extermination douce. La mort de 40 000 malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques en France, sous le régime de Vichy (recension du livre de Max Lafont) », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 68, no 4,‎ , p. 1052 (lire en ligne).
  23. Site de l'art pour tous, page sur Séraphine Louis (page internet supprimée).
  24. (en) Picasso's Genius Revealed: He Used Common House Paint - Clara Moskowitz, Yahoo News/LiveScience, 8 février 2013.
  25. a et b « Séraphine de Senlis : un peintre au service du sacré ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), dans l'émission radiophonique Aujourd'hui l'Église le débat du 22 avril 2009 sur le site Radio Notre Dame .
  26. Présentation de l'exposition Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis, musée Maillol, 1er octobre 2008-18 mai 2009[réf. incomplète].
  27. Laetitia Jodeau, Jean-Claude Maleval, « Le sacrifice fait à Dieu de Séraphine de Senlis », L’Évolution psychiatrique, Vol 76, no 4, octobre 2011, p. 617-630.
  28. Site arts-in-the-city.com, article "Du Douanier Rousseau à Séraphine, l'exposition des Naïfs", consulté le 28 août 2021.
  29. « Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis », sur musees.ville-senlis.fr (consulté le ).
  30. Site ouest-france.fr, article "Laval. Au Musée d’art naïf, une Séraphine en chasse une autre", consulté le 25 août 2021.
  31. Marie-Amélie Ortas-PERETTI "Séraphine, peintre aliénée", Paris, 1965, http://www.sudoc.abes.fr/cbs//DB=2.1/SET=2/TTL=1/REL?PPN=134638468
  32. Revue d'Anthropologie et d'Histoire des Arts, no 20, 2014, Giordana Charuty : "Les trois anges de Séraphine de Senlis" https://journals.openedition.org/gradhiva/2856?lang=en
  33. Pierre Guénégan, Éditions Lanwell & Leeds Ltd, St Alban, Hertforshire, Royaume-Uni (ISBN 978-2-9700494-9-4).
  34. Pure people.
  35. Le Parisien
  36. RTBF.be.
  37. Site institut.ina.fr, page sur la série "The Lost Ones", consulté le 24 août 2021.

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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