Simon II de Sexfontaines

seigneur champenois

Simon II de Sexfontaines
Image illustrative de l'article Simon II de Sexfontaines
Blason de la commune de Sexfontaines.

Autres noms Simon de Saissefontaine
latin : Symon de Saxifontis
Titre Seigneur de Sexfontaines
(c. 1172 - c. 1232)
Prédécesseur Simon Ier de Sexfontaines
Successeur Simon III de Sexfontaines
Biographie
Dynastie Maison de Sexfontaines
Naissance c. 1160
Décès c. 1232
Père Simon Ier de Sexfontaines
Mère Alix-Wicharde de Clefmont
Conjoint Colombe de ?
Enfants Simon III de Sexfontaines
Hugues de Sexfontaines
Amo de Sexfontaines
Milo de Sexfontaines

Simon II de Sexfontaines, ou Simon II de Saissefontaine, né vers 1160 et mort vers 1232, est le fils aîné de Simon Ier de Sexfontaines, seigneur de Sexfontaines, et d'Alix-Wicharde de Clefmont. Il est seigneur de Sexfontaines, en Champagne, à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle.

Il succède à son père à la tête de la seigneurie de Sexfontaines à la mort de celui-ci avant 1172, mais trop jeune pour exercer le pouvoir, il est placé sous la régence de sa mère jusqu'à sa majorité.

Au début du XIIIe siècle, il participe à la quatrième croisade et combat au siège de Constantinople.

Puis, lors de la guerre de succession de Champagne, il fait partie des soutiens d'Érard de Brienne contre la comtesse régente Blanche de Navarre et son fils Thibaut. Il secourt son ami Érard II de Chacenay lorsque la comtesse fait le siège de son château, la forçant à lever le camp. Tous deux ravagent ensuite une partie du Barséquanais avant d'être contraints d'arrêter leur avancée face à l'armée du duc de Bourgogne. Mais, acculé et excommunié, il doit se soumettre à la comtesse et lui renouveler son lien de vassalité.

Simon II de Sexfontaines meurt vers et est inhumé dans l'abbaye de Theuley. Son fils aîné, Simon III lui succède alors à la tête de la seigneurie de Sexfontaines.

Biographie modifier

Origines modifier

La famille de Sexfontaines, ou Saissefontaine, est une ancienne famille noble du comté de Bolenois[Note 1] dont elle aurait été une des deux familles qui en auraient hérité avec celle de Vignory[2].

Simon II de Sexfontaines est né vers 1160, probablement au château de Sexfontaines. Il est le fils aîné de Simon Ier de Sexfontaines et de son épouse Alix-Wicharde de Clefmont, elle même fille de Robert Wichard, seigneur de Clefmont, et de son épouse Béatrix de Vignory.

Par le jeu des alliances matrimoniales, Simon II de Sexfontaines est donc cousin des familles voisines de de Clefmont et de Vignory.

Début de carrière modifier

Peinture représentant des guerriers en armure sur terre et en bateaux attaquant une ville fortifiée.
Conquête de Constantinople par les croisés en 1204.

Avant 1172, à la mort de son père Simon Ier, il lui succède comme seigneur de Sexfontaines. Toutefois, étant encore trop jeune pour diriger, il est placé sous la tutelle de sa mère Alix-Wicharde de Clefmont qui exerce la régence[3].

Vers 1189, il épouse Colombe, dont la famille d'origine est inconnue mais qui est veuve de Richard Ier de Dampierre-sur-Salon, dans le comté de Bourgogne. De ce fait, les enfants de Simon et celui de Richard Ier de Dampierre-sur-Salon sont donc frères utérins. De plus, le fait que Simon sera inhumé plus tard à l'abbaye de Theuley, située à environ 12 kilomètres à l'ouest de Dampierre-sur-Salon, montre que Simon a construit des liens dans cette contrée et a probablement exercé la régence pendant la minorité du fils issu du premier mariage de son épouse[4]. L'épouse de son fils aîné est également originaire de cette région puisque Jonvelle n'est située qu'à 46 kilomètres au nord de Dampierre-sur-Salon[5].

Entre 1201 et 1204, il participe au siège de Constantinople pendant la quatrième croisade lors duquel il se serait illustré[6].

Guerre de succession de Champagne modifier

Miniature médiévale représentant le buste de la comtesse Blanche de Navarre.
La comtesse Blanche de Navarre.

Au début de l'année 1216 éclate la guerre de succession de Champagne dans laquelle il fait partie des partisans d'Érard de Brienne et de sa femme Philippa de Champagne, contre la comtesse régente Blanche de Navarre et son fils Thibaut[AJ 1],[EP 1].

Le conflit connait beaucoup de trêves et les actions d'Érard sont d'abord plus proches du brigandage que de la guerre. La comtesse Blanche demande expressément l'aide du roi, mais celui-ci n'a que peu d'appuis à lui accorder. Elle en appelle ensuite au pape Honorius III qui prononce une première fois le l'excommunication d'Érard et de son épouse, mais celle-ci n'est pas appliquée par tous les prélats. Afin d’affermir sa volonté, le pape prononce lui-même le la sentence d'excommunication contre le jeune couple et désigne nominativement vingt-cinq de ses alliés, dont Simon[AJ 2].

Dessin en noir et blanc représentant deux tours médiévales encadrant une porte avec un château plus moderne en arrière-plan.
Les tours Sainte-Parisse et le château de Chacenay en arrière-plan, par A. Bertherand.

Une paix est alors instaurée, pendant laquelle la comtesse Blanche rassemble ses armées afin de réduire un par un les soutiens d'Érard. Dès la trêve achevée le , elle ravage le Bassigny avec l'aide du duc de Bourgogne Eudes III. C'est probablement avant ces événements qu'elle fait le siège du château de Chacenay afin d'obtenir un point stratégique face aux armées d'Érard. Alerté de la situation, Simon, ami du seigneur de Chacenay qui est également partisan d'Érard, coordonne une attaque de l'arrière-garde de l'armée champenoise pendant que les soldats de Chacenay mènent une sortie. Les Champenois sont mis en déroute et contraints de prendre la fuite en abandonnant leur campement et leurs engins de siège[7],[Note 2].

Une fois remobilisés, les Champenois reprennent le siège mais, ayant besoin de son armée contre Érard de Brienne, Blanche propose des pourparlers afin de signer une trêve. Se rendant au lieu de l'entrevue, Érard de Chacenay est alors trahi et est fait prisonnier par des cavaliers champenois. Blanche veut alors en profiter pour prendre rapidement le château de Chacenay, mais celui-ci est désormais tenu par Simon qui est venu s'y enfermer avec ses soldats et des vivres afin de continuer à résister au siège. Prise par le temps, Blanche se voit donc obligée de lever le camp pour faire le jonction avec le duc de Bourgogne[7].

À Blanche, comtesse de Champagne, et Thibaut son fils, salutations. Moi, seigneur de Sexfontaines, vous notifie par cette lettre que j'étais autrefois votre homme ainsi que celui de Thibaut votre fils. Mais à présent est arrivé un héritier plus légitime qui m'a demandé mon soutien et auquel je suis si attaché que je ne pourrai jamais le quitter. Aussi, sachez que me suis tourné vers l'héritier légitime et que je ne me considère plus comme votre vassal. Je vous ai envoyé le seigneur Érard de Chacenay, que vous retenez captif, comme messager officiel pour vous en informer.

Lettre de Simon II de Sexfontaines à Blanche de Navarre, après la captivité d'Érard de Chacenay[9].

Par la suite, Érard de Chacenay parvient à s'échapper avec la complicité d'un ancien serviteur attaché au service de la comtesse et rejoint Simon. Ensemble, ils poursuivent les restes de l'armée champenoise et reprennent successivement Chervey, Landreville, Merrey, Villeneuve et enfin Bar-sur-Seine, avant d'en être chassés par une autre armée[Note 3] venue au secours de Blanche et pour faire la jonction avec ses troupes[7]. Ces forces coalisées parviennent ensuite à réduire un par un les soutiens d'Érard de Brienne, le contraignant à accepter une nouvelle trêve le [AJ 3].

Mais le nombre des alliés d'Érard de Brienne s’amenuisant et le poids de l'excommunication se faisant sentir, Simon se résout à abandonner le combat. Il se soumet à la comtesse Blanche en en échange de dédommagements et jure de ne pas recommencer la guerre contre elle ou son fils, que sa soit pour la cause d'Erard de Brienne, de son épouse Philippa ou de la sœur de celle-ci Alix. De plus, il reconnait par un acte public son lien de vassalité envers la comtesse Blanche et son fils et que son château leur est jurable et rendable. Par ces actes, Simon obtient le pardon de la comtesse et la levée des sentences ecclésiastiques[AJ 4],[EP 3].

Fin de carrière modifier

Photo panoramique d'une entrée ancienne en pierre avec une arche et entourée de deux petits bâtiments.
Vue panoramique de l'entrée de l'abbaye de Theuley.

En 1224, il participe avec les plus grands barons champenois à l'ordonnance de Champagne sur le partage des fiefs entre enfants mâles, commandée par le comte de Champagne Thibaut IV[AJ 5].

En 1230 ou peu avant, son fils aîné Simon III épouse Isabelle de Jonvelle, fille de Guy III de Jonvelle et d'Élisabeth de Nogent, et grâce à ce mariage il devient également seigneur de Jonvelle, située non loin de Dampierre sur Salon[10].

Il meurt vers et est inhumé dans l'abbaye de Theuley. Il est alors remplacé par son fils aîné Simon III de Sexfontaines[4].

Famille modifier

Mariage et enfants modifier

Blason de gueules à deux bars adossés d'or.
Blason de la famille de Dampierre-sur-Salon : de gueules à deux bars adossés d'or[11].

Vers 1189, il épouse Colombe, dont la famille d'origine est inconnue et qui est veuve de Richard Ier de Dampierre-sur-Salon, dont il a au moins quatre enfants[4] :

  • Simon III de Sexfontaines, qui succède à son père[12]. Il épouse avant 1230 Isabelle de Jonvelle, fille de Guy III de Jonvelle et d'Élisabeth de Nogent, avec qui il a au moins deux enfants. Par ce mariage, il devient également seigneur de Jonvelle ;
  • Hugues de Sexfontaines, qui est marié en 1202 à Aline de Grosnay ;
  • Amo de Sexfontaines, dit Pute Penne (laide plume), qui part pour la Terre-Sainte[13] ;
  • Milo de Sexfontaines, dont la femme s'appelle Marguerite et avec qui il fait un don à l'abbaye de Clairvaux en 1210.

De son premier mariage avec Richard Ier de Dampierre-sur-Salon, Colombe a eu au moins un autre enfant : Richard II de Dampierre-sur-Salon. Ce dernier est donc frère utérin des enfants de Simon[14].

Ascendance modifier

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Émile Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne : Dictionnaire géographique, statistique, historique et biographique de ce département, Chaumont, Imprimerie et lithographie la veuve Miot-Dadant, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jean-Baptiste Coudriet et Pierre-François Châtelet, Histoire de la seigneurie de Jonvelle et de ses environs, Besançon, Imprimerie et lithographie de J. Jacquin, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Henri d'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et comtes de Champagne : 1181 - 1285 (1ère et 2ème parties), vol. 4a et 4B, Paris, Librairie Auguste Durand, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Charles-François Roussel, Le diocèse de Langres : histoire et statistique, t. 2, Langres, Librairie de Jules Dallet, éditeur, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, vol. 3, Dijon, Imprimerie Darantière, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le premier seigneur connu de Sexfontaines est Aymon Ier qui apparait en dans une charte de confirmation de la fondation du prieuré de Sexfontaines par l'évêque de Langres Brunon de Roucy[1].
  2. Selon certains historiens, Simon II de Sexfontaines aurait déjà été présent au château de Chacenay au début du siège et aurait causé de grands ravages lors d'une sortie[8],[EP 2].
  3. Probablement celle du duc Eudes III de Bourgogne, bien que Lucien Coutant parle à tort d'armée royale[7].
  4. Béatrix de Bourgogne est la fille de Henri de Bourgogne, héritier du duché de Bourgogne, et de Sybille de Barcelone.

Références modifier

  • Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, tome 3, 1889.
  • Autres références
  1. Jean-Baptiste-Joseph Mathieu, Abrégé chronologique de l'histoire des évêques de Langres, Langres, Laurent fils et Cie, imprimeurs de l'évêché, (lire en ligne), p. 46-47.
  2. Cahier Haut-Marnais n°232-233
  3. Constance Brittain Bouchard, Sword, Miter, and Cloister : Nobility and the Church in Burgundy, 980–1198, New-York, Corenell University Press, (présentation en ligne), p. 141
  4. a b et c Émile Jolibois 1858, p. 504.
  5. Jean-Baptiste Coudriet et Pierre-François Châtelet 1864, p. 472.
  6. Jean-Baptiste Coudriet et Pierre-François Châtelet 1864, p. 471.
  7. a b c et d Lucien Coutant, Notice historique et généalogique de la terre et baronnie de Chacenay, Troyes, Bouquot, imprimeur-libraire, (lire en ligne), p. 10-13
  8. Émile Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne : Dictionnaire géographique, statistique, historique et biographique de ce département, Chaumont, Imprimerie et lithographie la veuve Miot-Dadant, (lire en ligne), p. 504
  9. Registrum Principum Campaniae, vol. 58, coll. « Cinq-Cents de Colbert », c. 1270 (lire en ligne), folio 132 v°.
  10. Jean-Baptiste Coudriet et Pierre-François Châtelet 1864, p. 68.
  11. R. de Lurion, Nobiliaire de Franche-Comté, Besançon, Paul Jacquin, , 848 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 261-262.
  12. (en) Charles Cawley, « Simon II de Sexfontaines », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ), Champagne Nobility ; Bassigny & Bolenois.
  13. Charles-François Roussel 1875, p. 154.
  14. (en) Charles Cawley, « Richard Ier de Dampierre-sur-Salon », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté le ), Burgondy Duchy ; Atuyer.