« Historiographie du débat sur la localisation d'Alésia » : différence entre les versions

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== Les débats du {{s-|XIX|e}}==
=== L'hypothèse d'Alaise (1855) ===
Les principaux soutiens à la thèse d'Alaise viennent ne viennent pas de la région jurassienne mais de scientifiques très sceptiques sur le site bourguignon, en raison de l'incompatibilité avec le texte de César. La première contestation de la localisation à Alise attribue le site au village d'Alaise, dans le [[Jura (département)|Jura]], à [[Alaise]], à une vingtaine de kilomètres au sud de [[Besançon]]. [[Alphonse Delacroix]] présente en 1855 un mémoire historique à une société savante du Doubs. Il s'appuie principalement sur les textes anciens pour estimer que le site ne peut être Alise. Son choix d'Alaise est principalement motivé par le rejet d'Alise et par une ressemblance phonétique entre les deux toponymes. D'autres facteurs, moins importants, sont parfois cités: l'existence d'un lieu-dit ("Champ de guerre") et des traditions locales voulant qu'Alaise fut autrefois une ville - devenue pour eux un mystère<ref>"Cependant les indigènes sont loin d'avoir une faible estime de leur pays. Ils conservent la tradition qu'Alaise fut jadis une ville, un refuge dans de grands événements" A. Delacroix, "Découverte d'Alésia", ''Mémoire de la société d'émulation du Doubs'', 1855, {{p.|15}} (reproduit dans {{Harvsp|Reddé|2003|p=76}}.)</ref>. Il y a suss la découverte de tumuli avec des armes, comme on en trouve beaucoup sur le territoire, vaguement interprétés comme appartenant à la période de la guerre des Gaules, à une époque où l'exploration archéologique est encore balbutiante{{refnec}}: l'absence d'études typochronologiques et stratigraphiques empêche de dater ces armes. Le "datage" gaulois de ce tumuli se révélera erroné et anachronique{{référence nécessaire}}, même s'il était alors largement soutenue par les érudits locaux{{refnec}} et les sociétés savantes régionales{{refnec}}. Il n'existe cependant pas de traces de ce soutien.
 
D'autres scientifiques extérieurs à la région du Jura appuient l'hypothèse d'Alaise. Il y a en particulier l'autorité d'Émile Desjardins{{refnec}}, spécialiste de la géographie antique. [[Jules Quicherat]], historien et archéologue reconnu à l'époque, parisien de naissance, prend lui aussi position contre Alise, en [[1857]]<ref>Jules Quicherat, ''L'Alesia de César rendue à la Franche-Comté : Réfutation de tous les mémoires pour Alise'', 1857, L. Hachette et Cie, lue à la Société des antiquaires de France, 13 et 20 mai 1875 [http://books.google.fr/books/about/L_Al%C3%A9sia_de_C%C3%A9sar_rendue_%C3%A0_la_Franche.html?id=ehVpzwtOcxkC&redir_esc=y en ligne]</ref>: l'homme est un pur scientifique, archéologue, parisien, jamais engagé en politique. Au moment où il rédige son mémoire "L'Alesia de César rendue à la Franche-Comté", sa démarche scientifique l'amène à prendre parti pour une localisation Franc-Comtoise, région où il n'a encore jamais mis les pieds, sans privilégier alors un site en particulier. Ce n'est que plus tard qu'il défend la localisation "Séquane" la plus crédible à l'époque : Alaise.
 
Les savants du milieu du {{XIXe}} siècle ne peuvent ni connaître les règles de la [[phonétique historique]], ni la méthodologie en toponymie, largement ignorées à l'époque{{refnec}}, et les formes anciennes connues d'Alaise se révèleront ensuite incompatibles avec la forme ''Alesia'', à moins que les auteurs romains n'aient commis une [[cacographie]]. Le nom d'Alaise n'est pas connu avant le XI{{s-|XI|e}} siècle<ref>{{Ouvrage |titre=Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France |éditeur= Librairie Guénégaud | nom1=[[Albert Dauzat]] |nom2=[[Charles Rostaing]] |langue=français | année=1979 | lieu=Paris |isbn=2-85023-076-6 |passage=8a}}</ref> ou le XII{{XIIee}}<ref>[http://books.google.fr/books?id=jbpVLN1tRNoC&lpg=PA869&ots=fghG9rQtRE&dq=Ernest%20N%C3%A8gre%20Alaise&hl=fr&pg=PA869#v=onepage&q=Ernest%20N%C3%A8gre%20Alaise&f=false Ernest Nègre, ''Toponymie générale de la France'' (lire en ligne)]</ref> sous la forme ''Alasia'', puis en 1278 sous la forme ''Elaise''<ref name="Ernest Nègre, op. cit.">[[Ernest Nègre]], ''op. cit.''</ref>. [[Ernest Nègre]] interprète ce toponyme comme le nom de personne germanique ''Alati-us'', cité par [[Marie-Thérèse Morlet]]<ref>[[Noms de personne sur le territoire de l'ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle|NPAG]], I, 28a.</ref>, + ''-a'', c'est-à-dire ''*Alatia (villa)''<ref name="Ernest Nègre, op. cit."/>, seul capable de rendre compte du [a] d’''Alasia'', forme qui a régulièrement abouti à ''Alaise''.
 
=== Les fouilles d'Alise sous Napoléon III ===
[[Image:Napoleon III, målning av Franz Xaver Winterhalter från 1857.jpg|gauche|vignette|La passion de l'empereur Napoléon III, pour l'histoire romaine et la guerre des Gaules suscite la première grande campagne de fouilles archéologiques en France, en particulier à [[Alise-Sainte-Reine]] (voir [[site archéologique d'Alésia]]).]]
La région d'Alise avait livré un certain nombre d'objets archéologiques : l'inscription mentionnant le nom du lieu, des [[tessère]]s - alors interprétées comme des monnaies - et portant les premières lettres du nom de la ville. C'est la découverte d'un important dépôt d'armes de l'âge du Bronze près de la ferme de l'Épineuse, aux environs d'Alise, qui incite en [[1861]] l'empereur Napoléon III à programmer des fouilles autour du Mont Auxois (voir [[site archéologique d'Alésia]]). L'association de ces armes à l'époque gauloise et à la bataille constitue un anachronisme notable, mais cette erreur, en l'absence de typologies établies et datées, est unepartagée lacunepar dontl'ensemble souffrede aussila aucommunauté mêmesavante moment: lesdans découvertesces demêmes tumulusannées, dules site concurrent,partisans d'Alaise, quis'appuient seaussi révèlerontsur les découvertes de tumulus de l'âge du bronze pour défendre leur hypothèse.
 
Les fouilles sont commencées sous le patronage de [[Félicien de Saulcy|Félix de Saulcy]], savant responsable de la Commission de la topographie des Gaules, puis sont placées, à partir de 1862, sous la direction du baron [[Eugène Stoffel]]. Ces fouilles ne font pas l'objet d'une publication détaillée et précise. Leur déroulement exact, l'emplacement des trouvailles, la nature des vestiges ne sont pas non plus précisément exposés. Ce n'est que la redécouverte tardive d'archives, à la fin des années [[1950]] qui permet de mieux comprendre ces fouilles, et leur valeur<ref name="Harmand_107s">J. Harmand, « Les travaux de la Commission de la topographie des Gaules autour d'Alésia et l'album inédit conservé au Musée des Antiquités nationales », ''CRAI'', 1960, 104, {{p.|107-115}} [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1960_num_104_1_11144 lire ligne]</ref>. La commission de topographie effectue 282 coupes sur les fortifications de César, fouillant d'avril à juillet, puis de novembre à décembre 1861, essentiellement dans la plaine des Laumes en été, puis vers le Réa dans l'automne<ref>J. Harmand, ''op. cit''., {{p.|111-112}}</ref>. L'année 1862, jusqu'à la nomination de Stoffel en septembre, est consacrée à retrouver tout autour du site l'acquis de l'année précédente. Les fouilles sont donc effectuées dans toutes les directions. Selon Jacques Harmand, « la probité et l'efficacité de ces travaux apparaissent avec évidence lorsque l'on suit sur les plans et planche de la Commission comme sur une sorte de film la progression des découvertes »<ref>J. Harmand, ''op. cit''., {{p.|112}}</ref>. De la fin 1862 à 1865, Stoffel dirige les fouilles, s'appuyant sur place sur Paul Millot et Victor Pernet. Les fouilles s'attachent alors à préciser le tracé des contrevallations, à retrouver les camps, à rechercher systématiquement les dispositifs de défense, comme les trous de loup<ref name="LeGall_73s">J. Le Gall, « Nouveaux aperçus sur les fouilles d'Alésia sous le Second Empire », ''CRAI'', 1961, 105-1, {{p.|73-79}} [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1961_num_105_1_11269 lire en ligne]</ref>. Des fouilles ont aussi lieu sur le plateau du Mont-Auxois : des puits sont fouillés et des sondages pratiqués sur l'enceinte de l'oppidum<ref>J. Le Gall, op. cit., 1961, {{p.|76}}</ref>. Les fouilles de Stoffel s'achèvent avec la publication de l'''Histoire de Jules César'' écrite par Napoléon III. Le contexte d'après la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre de 1870]] limite momentanément les débats, qui réapparaissent dans les années [[1900]]. En 1913, la commission des enceintes dresse une bibliographie sur la querelle occupant quatorze pages du ''Bulletin de la société préhistorique française''<ref>« Séance du 24 juillet 1913 : inventaire bibliographique des enceintes de France, XXIII Côtes d’Or », ''Bulletin de la Société préhistorique française'', 1913, vol. 10, {{n°|7}}, {{p.|404-418}}[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1913_num_10_7_6935 lire en ligne]</ref>.
 
=== La querelle s'installe ===
=== Les comparaisons topographiques de Victor Revillout ===
Dès [[1856]], avec Victor Revillout, des hypothèses autres qu'Alaise et Alise apparaissent : en [[1862]], on propose le site d'Alise-[[Izernore]], en [[1866]] celui de [[Novalaise]]<ref>M. Reddé, "La querelle d'Alésia, hier et aujourd'hui", dans M. Reddé et S. von Schnurbein dir., ''Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources'', Institut historique allemand, 2008, {{p.|154}}</ref>. Si les trouvailles d'Alise-Sainte-Reine et le contexte d'après la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre de 1870]] limitent momentanément les débats, ils réapparaissent dans les années [[1900]]. En 1913, la commission des enceintes dresse une bibliographie sur la querelle occupant quatorze pages du ''Bulletin de la société préhistorique française''<ref>« Séance du 24 juillet 1913 : inventaire bibliographique des enceintes de France, XXIII Côtes d’Or », ''Bulletin de la Société préhistorique française'', 1913, vol. 10, {{n°|7}}, {{p.|404-418}}[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1913_num_10_7_6935 lire en ligne]</ref>. La querelle reste toutefois purement française, les savants étrangers acceptant aisément les découvertes d'Alise dès le {{s-|XIX|e}}<ref>E.W.Marsden, C.R. de [[Jérôme Carcopino]], ''Alésia et les ruses de César'', ''Journal of Roman Studies'', 49, 1959, {{p.|184-185}}</ref>.
En [[1856]], un livre de Victor Revillout passe au crible les deux sites en concurrence, ceux d'Alise et d'Allaise, sur le critère d'un confrontation rigoureuse et détaillée des écrits de César concernant la description topographique du siège et des combats militaires<ref name="Alaise, Alise, ni l'une ni l'autre ne peut Alesia: Etudes critiques d'histoire et de topographie, par Victor Revillou et A Durand (1856)">"Alaise, Alise, ni l'une ni l'autre ne peut être Alesia: Études critiques d'histoire et de topographie", par Victor Revillout, A. Durand, 1856, 71 pages [https://books.google.fr/books?id=mBtOd6ixcAEC&printsec=frontcover&dq=%22Victor+Revillout%22&hl=fr&sa=X&ei=Vw7EVKvOCMO0UYS5gZgF&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=%22Victor%20Revillout%22&f=false]</ref>. L'auteur estime que le site ne peut en aucun cas Alise-Sainte-Reine, mais découvre aussi des incompatibilités topographiques avec celui d'Alaise.
 
C'est à partir de ce livre que des recherches s'orientent aussi vers les régions à l'est du pays, plus compatibles avec les écrits de César que la Bourgogne<ref name="Alaise, Alise, ni l'une ni l'autre ne peut Alesia: Etudes critiques d'histoire et de topographie, par Victor Revillou et A Durand (1856)" />. En [[1862]], on envisage le site d'Alise-[[Izernore]], au sud de Jura, et en [[1866]] celui de [[Novalaise]]<ref>M. Reddé, "La querelle d'Alésia, hier et aujourd'hui", dans M. Reddé et S. von Schnurbein dir., ''Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources'', Institut historique allemand, 2008, {{p.|154}}</ref> en Haute-Savoie.
 
== Nouveaux débats au {{s-|XX|e}}==
=== Les fouillesL'hypothèse d'Alaise dans les annéesau 1950{{s-|XX|e}} ===
EnL'hypothèse d'Alaise connaît un regain d'intérêt dans les années [[19501920]]. paraitEn 1922, dans l''La'Énigme bataille d’Alésiad'Alésia'', de [[Georges Colomb]], savant botaniste également connu comme dessinateur du [[sapeur Camember]], quiprésente avait déjàà présenténouveau des arguments en faveur d'Alaise. Par enla 1922suite, dansil lles défend vigoureusement à travers plusieurs ouvrages jusqu'à ''ÉnigmeLa d'Alésiabataille d’Alésia'', publié à titre posthume en [[1950]]<ref>''L’énigme d’Alésia. Solution proposée d’après le livre VII des Commentaires de César'', Armand Colin, Paris, 1922 (sous le nom de Christophe) ; ''Pour Alésia contre Alisiia : un mot de réponse de G. Colomb à M. [[Jules Toutain]]'', Colin, Paris, 1926 ; ''Vercingétorix : Histoire du pays gaulois depuis ses origines jusqu’à la conquête romaine'', Fayard, Paris, 1947 (sous le nom de Christophe) ; ''La Bataille d’Alésia'', Marque-Maillard, Paris, 1950</ref>. En Cette publication amène1951 [[Lucien Febvre]] àne réclamervoit endans 1951la querelle que redite et peine perdue de la part des partisans de la Franche-Comté et souhaite de vraies fouilles pour éclairer le cas d'Alaise<ref>L. Febvre, « Activités régionales », ''Annales'', 1951, 6,1, p. 84n.2 [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1951_num_6_1_1916 lire en ligne]</ref>. Des campagnes de fouilles sont menées en [[1952]] et [[1953]] par Maurice Dayet, puiset sont complétées en 1953 par des sondages dirigés par Louis Déroche pour une association de soutien à Alaise. Ces fouilles ne révèlent que des vestiges bien antérieurs à la bataille ou médiévaux et mettent fin à l'hypothèse<ref>{{Harvsp|Gérard-Varet|1962|p=244}}.</ref>{{,}}<ref>M. Reddé, ''Alésia. l'archéologie face à l'imaginaire'', Paris, 2003, {{p.|81}}</ref>. Jean Bérard, auparavant plutôt peu convaincu par Alise, conclut : « il n’y a rien à Alaise »<ref>E.W.Marsden, C.R. de [[Jérôme Carcopino]], ''Alésia et les ruses de César'', ''Journal of Roman Studies'', 49, 1959, {{p.|185}}</ref>.
 
=== André Berthier et l'hypothèse de Chaux-des-Crotenay (1962) ===
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En [[1964]], il commence des fouilles autorisées par le ministre de la culture [[André Malraux]] ; il y eut par la suite quatre autres campagnes de fouilles qui n'ont toutefois pas fait l'objet de publication scientifique. En [[1966]], il adresse un mémoire à [[Jérôme Carcopino]] pour présenter son scepticisme devant Alise. En [[1980]], il fonde l'Association [[Lemme (rivière)|Lemme]] et [[Saine]] d'intérêt archéologique (A.L.E.S.I.A.)<ref>La Lemme et la Saine sont deux rivières qui coulent de part et d'autre du site et confluent : elles font partie du "portrait-robot" établi par André Berthier à partir des descriptions de César dans la Guerre des Gaules.</ref> pour soutenir ses hypothèses. En [[1984]], il récapitule sa démarche et ses hypothèses, en particulier « La Méthode du Portrait-robot » au {{109e}} Congrès national des sociétés savantes tenu à l'[[université de Dijon]]<ref>[[André Berthier]], « La recherche d'Alésia » dans ''Actes du {{109e}} congrès national des Sociétés savantes (Dijon 1984).'' 1987, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, t. I, {{p.|277-300}}.</ref>. En [[1990]], il publie un ouvrage sur Alésia en collaboration avec [[André Wartelle]]<ref>[[André Berthier]] et [[André Wartelle]], ''Alésia'', Nouvelles éditions latines, Paris, 1990.</ref>.
 
Une présence militaire romaine est connue sur le secteur et référencée par l'IGN. La position d'un avant-poste romain est relevée sur la carte 3326ET au 1/25 000 e de la série TOP25, sous la mention "Ancien poste romain". Ce poste romain est l'objet de fouilles au {{s-|XIX|e}}XIXè siècle par l'archéologue [[Louis Abel Girardot]]<ref>{{Ouvrage|langue = Français|auteur1 = Louis Abel Girardot|titre = Notes sur le plateau de Chatelneuf avant le Moyen Âge, in Mémoires de la Société d’Émulation du Jura|lieu = Lons le Saunier|éditeur = Éditions L. Declume|année = 1888|pages totales = 88p|isbn = |lire en ligne = http://archive.org/stream/mmoires15juragoog#page/n0/mode/2up|passage = "Le Châtelet de Châtelneuf offre incontestablement des travaux de fortification"..."c'est un véritable castellum avec son agger, bordé d'un vallum"...", son fossé et sa contrescarpe". "La présence d'armes à pointe émoussée"..."montre que ce castellum a été le théâtre d'une lutte, au sujet de laquelle l'histoire reste muette".}}</ref>. Les artéfacts en sont conservés au musée archéologique de [[Lons-le-Saunier]].
 
Depuis 1964, cinq autorisations de fouilles et neuf autorisations de sondages ont été délivrées pour [[Chaux-des-Crotenay]]<ref>{{Harvsp|Reddé|2003|p=120-124}} et ''Alésia retrouvé'', [http://www.alesia-retrouvee.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=205&Itemid=247 site internet] défendant le site de Chaux par Jean-Pierre Picot.</ref>. Trois d'entre elles ont bénéficié d'une subvention de {{formatnum:2000}}2 000 FF chacune, à la fin des années 1960, respectivement du Conseil Général du Jura, deux fois, et de la Société des Pétroles d'Algérie, une fois. Ces campagnes réalisées avec des équipes de bénévoles, jusqu'à trois semaines certaines années, n'ont fait l'objet d'aucune publication scientifique [[Évaluation par les pairs|véritable]]. Leur interprétation est controversée. André Berthier et André Wartelle, puis [[Danielle Porte]]<ref>[http://alesia.jura.free.fr/index2.html Alésia Mandubiorum - L'hypothèse jurassienne]</ref> ou encore le cinéaste Jean-Pierre Picot, estiment avoir retrouvé les fortifications gauloises et romaines et, identifient des murs, des monuments cultuels protohistoriques<ref>[http://www.alesia-retrouvee.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=102&Itemid=119 Photographies de pierres interprétées par les partisans de la localisation de la bataille à Chaux comme des dolmen-menhirs]</ref>, des contrevallations, une ville gauloise et des camps romains<ref>[http://www.alesia-retrouvee.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=98&Itemid=117 Site de Jean-Pierre Picot]</ref>. Un espace muséographique est d'abord ouvert dans la Mairie du village, puis installé dans l'ancienne poste : outre des artefacts issus des fouilles, l'hypothèse d'André Berthier y est expliquée à l'aide de panneaux et de maquettes.
 
En revanche, les archéologues régionaux ou universitaires ne reconnaissent rien de probant : une fouille préventive de 1996 (Pont de la Chaux, ZAC de la gare), sur un terrain de trois hectares, ne révèle rien et les autres interprétations proposées ne suscitent pas l'approbation de la communauté des archéologues. Selon Marie-Pierre Rothé, dans le volume de la ''Carte archéologique de la Gaule'' consacré au Jura, la présence de murs en pierres sèches à l'ouest de Chaux est « mal interprétée »<ref name="Marie-Pierre Rothé 2001, p. 286">Marie-Pierre Rothé, ''Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura'', CNRS, Paris, 2001, {{p.|286}}.</ref>, et c'est « sans preuve » que Berthier et Wartelle interprètent des structures de pierres sèches comme un ensemble cultuel gaulois<ref name="Marie-Pierre Rothé 2001, p. 286" />. Toujours selon Marie-Pierre Rothé, à Syam, à la Grange d'Aufferin, « il n'y a aucune preuve de camp romain »<ref>Marie-Pierre Rothé, ''Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura'', CNRS, Paris, 2001, {{p.|683}}.</ref>. Elle affirme que l'hypothèse d'un camp romain aux lieux-dits « Les Étangs » et « Sur la Grange fontaine » a été invalidée par les travaux archéologiques de Chr. Meloche<ref>voir encore Marie-Pierre Rothé, ''Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura'', CNRS, Paris, 2001, {{p.|335}} sur la confusion éventuellement faite par [[André Berthier]] entre la céramique campanienne et la céramique commune lisse noire.</ref>, et que ce même chercheur a démontré qu'en bordure de la Combe de Crans, ce que Berthier lisait comme « un fanum commémoratif de la bataille » était en fait « une construction médiévale », autant d'affirmations que nul ne saurait vérifier en l'absence de publication des travaux d'André Berthier à Chaux-des-Crotenay<ref>Marie-Pierre Rothé, ''Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura'', CNRS, Paris, 2001, {{p.|334}}.</ref>. Selon [[Michel Reddé]], un rapport d'inspection de la DRAC signalerait que les fouilleurs volontaires de la Chaux ont fouillé une étable en y voyant un monument religieux à tumulus<ref>{{Harvsp|Reddé|2003|p=124}}.</ref>. Toutefois, selon le même Michel Reddé, les fouilleurs professionnels d'Alise ont longtemps vu un camp Césarien là où s'élevait une ferme fortifiée médiévale<ref>Reddé Michel, Schnurbein Siegmar Von. Fouilles et recherches nouvelles sur les travaux du siège d'Alésia. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, {{137e}} année, N. 2, 1993. {{p.|281-314}}.</ref>. En [[2008]], dans son livre ''L'histoire interdite'', le [[journaliste]] spécialisé en [[Histoire]] [[Franck Ferrand]] voit en la Chaux un très grand site archéologique et appelle à y accomplir des fouilles « ambitieuses »<ref>Chapitre « Alésia identifiée » dans [[Franck Ferrand]], ''L'histoire interdite'', Tallandier, 2008, {{p.|15-57}}.</ref>. De son côté, Danielle Porte, enseignant-chercheur à la Sorbonne, spécialiste notamment des [[lettres classiques]] et des religions antiques, soutient la même position.
 
L'association ArchéoJuraSites dont le siège est à Chaux-des-Crotenay, (39150), 24 Grande Rue, est héritière des archives et documents rassemblés par André Berthier depuis 1962 jusqu'à son décès en 2000 et par les membres bénévoles qui lui ont succédé. L'association, soutenue par les pouvoirs locaux et les autorités locales, a terminé l'aménagement de l'ancien immeuble de la Poste où elle a installé des salles d'exposition. La numérisation des archives “texte” d’André Berthier est quasiment terminée : l’essentiel des documents est désormais en ligne (environ {{formatnum:2800}}2 800 “cotes”, plusieurs dizaines de milliers de pages) sur le site web: Archéojurasites.org. L'association continue sur le terrain ses travaux en faveur de l'identification, du repérage, de la mémoire et de la valorisation des vestiges archéologiques du terrain. Des fichiers au format kml ont été établis et sont régulièrement actualisés pour une cartographie précise des vestiges.
Une galerie-photos de vestiges anthropiques a été développée et mise en ligne à partir de l'adresse http (://bit.ly/1t8YaNe ). Près de 300 photos sont immédiatement accessibles correspondant à 60 vestiges de type murs et monuments sélectionnés, parmi les plus importants et les plus spectaculaires.
 
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[[André Berthier]] a proposé en 1962 de situer le lieu de la [[siège d'Alésia|bataille d'Alésia]] à Chaux des Crotenay en se basant uniquement sur la topographie des lieux décrits par César. Le site de Chaux-des-Crotenay est défendu par des particuliers, historiens et archéologues, par le journaliste et historien [[Franck Ferrand]] et par plusieurs associations.
 
PourSeule mener ses recherches,l'association ArchéoJuraSites([[André Berthier]http://berthier.archeojurasites.org]), adont demandéle l'autorisationsiège est à la Mairie de Chaux-des-Crotenay, etbénéficie sesdepuis successeurs2011 créentde l'associationsubventions ArchéoJuraSites([http://berthier.archeojurasites.org])des autorités publiques, ànotamment quide illa transmetCommunauté sesde archivesCommunes "Champagnole Porte du Haut Jura" et du Conseil Général du Jura et quielle a installé depuis 2012 une exposition dans l'immeuble de l'ancienne poste de Chaux-des-Crotenay. On peut y voir une maquette reprenant la topographie des lieux décrits par César d'après les cartes IGN, et les explications de la recherche du site par portrait robot morpho-géographique s'inspirant des travaux d'André Berthier<ref>André Berthier "Alésia" Nouvelles ÉditionsEditions Latines, 1 rue Palatine - 75006 PARIS, {{p.| 131}}</ref>. L'association et son musée bénéficient depuis 2011 de subventions de la Communauté de Communes "Champagnole Porte du Haut Jura" et du Conseil Général du Jura.
 
=== Polémique en 2014 ===
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Franck Ferrand contre-attaque le 30 mai, dans un article intitulé "Site d'Alésia : la mauvaise foi des mandarins" en dénonçant l'amalgame de généralités déversées, qui pourraient paraître être “tirées d'une brochure touristique”. Ferrand pointe l'absence de réponses précises aux critiques faites sur de nombreux points de controverse. Il déplore “le survol approximatif et le gloussement satisfait des trois professeurs de la doxa qui citent le Barrington Atlas", et termine son article par cette phrase "Je gage, au rythme où vont les choses, que Princeton sera dessillée plus tôt que la Sorbonne"<ref>Le Figaro.fr. Figaro Vox Histoire. Publié le 30/05/2014</ref>. »
 
Dans un article du journal ''Voix du Jura'' du 15 mai 2014, Danielle Porte, qui a dirigé l'ouvrage ''Alésia, la supercherie dévoilée'', répond à la question du journaliste : « Comment cet ouvrage a-t-il été élaboré ? » : "Chacun a fait ce qu'il a voulu en fonction de ses propres compétences. La conclusion de l'analyse du matériel qui a été trouvé à Alise, par exemple, c'est que rien ne correspond à la date 52 avant J.-C. Il y a eu quatre sièges à Alise qui ont laissé des traces, des panachages à différentes époques. Mais ils ne correspondent pas à l'époque d'Alésia. Les Alisiens passent leur temps dans un ouvrage de {{unité|1.,5| kg}} à dire “on n'est pas sûr, on ne comprend pas ce que tel objet vient faire là, etc.” Tout en concluant à la fin : mais les fouilles ont prouvé qu'Alise était Alésia". Il faudrait qu'ils accordent leurs violons<ref>Voix du Jura 3625. 15 mai 2014. {{p.| 8}}.</ref>.»
 
== Annexes ==