« Hannon le Navigateur » : différence entre les versions

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'''Hannon''' est un [[navigateur (marine)|navigateur]] et [[explorateur]] [[Carthage|carthaginois]] qui a exploré une partie des côtes [[Afrique|africaines]] à une date incertaine, entre [[-630]] et [[-530]], voire [[-425]]<ref>{{ouvrage |langue=fr |auteur1=François Decret |titre=Carthage ou l'empire de la mer |année=1977 |lieu=Paris |éditeur=Seuil |collection=Points |série=Histoire}}</ref>.
 
== Histoiregros de l'explorationpenis ==
[[Fichier:Hannon map-fr.svg|thumb|upright=1.3|Carte du périple de Hannon.]]
Vers {{An av. J.-C.|500}}, le [[suffète]] (archonte) Hannon<ref>{{article |langue=fr |prénom1=Maurice |nom1=Euzennat |titre=Le périple d'Hannon |périodique= Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres |volume=138 |numéro=2 |année=1994 |passage=559-580 |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1994_num_138_2_15385 |consulté le=27 fév. 2015}}</ref> est chargé par [[Carthage]] de franchir les [[Colonnes d'Hercule]] avec une flotte de soixante navires de cinquante rameurs chacun et {{formatnum:30000}} personnes à bord ; il doit débarquer à chaque étape pour y fonder des colonies ou peupler des comptoirs déjà existants et, une fois atteint le dernier comptoir, poursuivre sa route pour une expédition d'exploration<ref>{{ouvrage |langue=en |passage=95-96 |titre=The Story of Carthage |auteur1=Alfred J. Church |éditeur=Biblo & Tannen |année=1998}}</ref>.
 
Son périple a été transcrit sur une stèle déposée dans le temple de [[Baal|Ba'al-Hammon]] à [[Carthage]]. L'original punique n'a pas été retrouvé, mais il existe une version grecque intitulée ''Récit du voyage du roi des Carthaginois Hannon autour des contrées qui sont au-delà des Colonnes d'Hercule'', gravée sur des plaques suspendues dans le temple de Kronos.
 
Selon ce récit, le périple se décompose en cinq étapes étudiées par [[Jérôme Carcopino]] :
 
# De [[Gadès]] ([[Cadix]]) à [[Thymatérion]] (embouchure de l’oued Sebou, près de l'actuelle [[Kénitra]]).
# De Thymatérion au [[Soloeis]] ([[cap Cantin]], le cap Beddouza actuel, proche de [[Safi (Maroc)|Safi]]) et au [[Mur Carrien]] (Safi), puis retour par étape vers Gytté et Melitta (anciennes colonies de [[Cotté]] et Melissa, vers [[Tanger]]) et enfin un long arrêt à [[Lixus (ville antique)|Lixus]] ([[Larache]], sur l’actuel oued [[Loukkos]]).
# De Lixus à l’[[île de Cerné]] (banc d'Arguin, actuelle Mauritanie)
# Expédition de reconnaissance de Cerné jusqu'à l’intérieur du delta du fleuve [[Sénégal]] et retour à Cerné.
# De Cerné au fond du golfe de Guinée, sur les rivages de l'actuel [[Cameroun]].
 
Il y avait déjà sept colonies fondées sur le littoral de l'actuel Maroc, immédiatement après Tanger, correspondant aux actuelles [[Larache]], [[El-Jadida]] (ancienne [[Mazagan]]), Safi et Cerné près de [[Villa Cisneros]] ([[Dakhla]]) désigné sous le nom d'« île d'Hern » sur les anciennes cartes marines, à {{unité|1800|kilomètres}} au sud de Gadès ([[Cadix]]). Jusqu'à Cerné, l'amiral carthaginois n'a pas voyagé au hasard ; il connaissait à l'évidence la route et Cerné devait être un avant-poste qui avait déjà été fondé, et où il laisse les derniers colons dont il avait la charge. L'expédition part de cette base aux marches du monde punique. Le but de cette exploration était vraisemblablement de repérer les côtes plus au sud pour y fonder ultérieurement de nouveaux comptoirs. De ce point de vue, le périple illustre bien la façon de procéder des Carthaginois et des Phéniciens avant eux. Le fleuve [[Chrétès]] correspond sans doute au fleuve [[Sénégal (fleuve)|Sénégal]] et Hannon, qui était revenu à Cerné sans avoir rien trouvé de concluant, ravitaille son navire et décide de continuer plus avant. Il double un contrefort boisé, sans doute le [[cap Vert]], puis longe le littoral dominé par le volcan [[Kakoulima]] avant d'arriver à la « Corne d'Occident » qu'est la baie du [[Bénin]]. Il aperçoit au loin le « Char des Dieux », le [[mont Cameroun]], pour arriver à la « Corne du sud », sans doute la [[Golfe du Biafra|baie de Biafra]]. Il semble toutefois plus probable que la « Corne du sud » atteinte après douze jours de navigation depuis Cerné, soit située en Guinée, ou au Liberia. L'imprécision du texte, sauf en ce qui concerne le nombre de jour de navigation ne permet pas d'aller au delà dans les spéculations, notamment en ce qui concerne le « Char des Dieux », qui pourrait tout autant concerner un volcan du cap Vert, visité lors du retour de l'expédition.
 
Pour avoir pu prendre des interprètes parmi les nomades à [[Lixus (ville antique)|Lixus]], ce comptoir devait exister depuis déjà un certain temps pour que certains soient devenus bilingues. C’étaient en outre autant de guides connaissant les contrées que les Phéniciens embarquaient avec eux, capables de les renseigner sur les populations rencontrées. Par contre les habitants sub-sahariens visités par l'expédition parlaient une ou des langues totalement inconnues de ces guides; ce qui indique une absence de trafic trans-saharien à cette époque reculée.
 
Enfin, il paraît impossible qu'avec des comptoirs situés pratiquement en face des [[îles Canaries]] {{incise|qu'on peut parfois voir à l’œil nu depuis la côte}}, [[Phéniciens]] ou [[Carthaginois]] ne s'y soient jamais rendus, même si nous ne possédons aucune trace directe de leur éventuel passage. En revanche, des pièces de monnaie puniques datant du {{-s|III|e}} ont été retrouvées dans l'île de [[Corvo (Açores)|Corvo]] aux [[Açores]], plus distantes, qui, si elles y ont été apportées à l'époque, montreraient qu'existait un trafic entre cet archipel et la population des comptoirs les plus proches de la côte africaine. Les deux descriptions « d’îles contenant un lac contenant une île », pourraient d'ailleurs être une périphrase, au sens exact altéré depuis les transcription du texte d'origine mais concerner en fait les deux archipels proches du tracé de l'expédition : les Canaries et les îles du Cap Vert.
 
== Transmission ==
Le ''Périple d'Hannon'' se matérialise sous la forme d'un bref texte grec, présenté comme la traduction d'une inscription en [[phénicien]] dans le temple de [[Baal]] à [[Carthage]]. La tradition passe par un manuscrit unique, le ''Palatinus græcus 398'', manuscrit byzantin du dernier quart du {{s-|IX|e}} (texte de 101 lignes, fol. 55r-56r). Le ''Vatopedinus 655'' (conservé à la [[British Library]], ''Add. 19391''), du {{s-|XIV|e}}, contient aussi le texte, mais c'est une copie du précédent. L'''editio princeps'' est due à [[Sigismund Gelenius]] ([[Bâle]], [[1533]]). Une traduction française est donnée dans un volume intitulé ''Historiale description de l'Afrique, tierce partie du monde''..., publié à [[Lyon]] en [[1556]] par l'imprimeur Jean Temporal. Une traduction latine se trouve dans une édition du ''[[Description de l'Afrique|De totius Africæ descriptione]]'' de [[Léon l'Africain]] publiée à [[Zurich]] en [[1559]].
 
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Jehan Desanges, ''Recherches sur l'activité des méditerranéens aux confins de l'Afrique : {{-s-|VI|e}} - {{s-|IV|e}} après J.-C.'', Rome, 1978, p. 392-403 (''Collection de l'École française de Rome'', 38).
* François Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', 1977, éditions du Seuil, Paris.
* Stéphane Gsell, ''Histoire de l'Afrique du Nord'', 1913-1920 (4 tomes), Paris.
 
=== Liens externes ===
* [http://www.cosmovisions.com/PeripleHannon.htm Le texte du périple avec notes et cartes]
 
== Notes et références ==
{{Références}}