« Catherine de Bulgarie » : différence entre les versions

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Le mari de Catherine décida d’abdiquer le 22 novembre 1059. Plusieurs causes semblent avoir influencé la décision de l’empereur. D’une part, les réformes militaires et bureaucratiques d’Isaac déplurent à plusieurs. De plus, Isaac avait, depuis un certain temps déjà, des troubles de santé<ref name="t" />. Enfin, certains pensent que Psellos a été celui qui a le plus influencé la décision de l’empereur d’abdiquer<ref name="t" />. Toujours est-il qu’Isaac se retira au [[Monastère du Stoudion]] à Constantinople. Il y resta jusqu’à sa mort, située entre le début de l’année 1060 et la fin de l’année 1061<ref name="y">Diehl, 1922, {{p.|247}}</ref>. Selon Psellos, cette abdication fut néanmoins fortement contestée par Catherine. Plusieurs historiens ont analysé les raisons qui poussèrent Catherine à contester l’abdication de son mari. Il est possible qu’elle désirait tout simplement garder son titre et son pouvoir grâce à son statut d’impératrice<ref>Diehl, 1922, {{p.|245-246}}</ref>.
Dans son ouvrage le plus célèbre, Psellos relata une conversation que cette dernière eue avec son mari. Elle l’implora de ne pas choisir d’abdiquer et de conserver le pouvoir : {{quoi|« And you -- have you no pity now for us in our desolation? What sort of feeling have you, to take away yourself from the palace, and leave me behind, condemned to a widowhood full of sorrow, and your daughter, a wretched orphan? Nor will that be the end of our sufferings. More dreadful things will follow. Hands, maybe not even friendly hands, will carry us off to faraway places of exile. They may decide on some worse fate. It may be some pitiless fellow will shed the blood of your dear ones. No doubt you will live on after you enter the Church, or perhaps you will die nobly, but what will be left for us? -- a life worse than death!' »}}<ref name="u">Psellos, 1953, {{p.|248}}</ref>
 
Plusieurs traits de l’impératrice, mais également des traits communs aux épouses byzantines du XI siècle, sont observés grâce à ce discours. D’abord, les deux grandes vertus des femmes byzantines du XI siècle étaient la fertilité et le maintien de la famille<ref name="i">Neville, 2010, {{p.|79}}</ref>. De plus, les femmes byzantines étaient souvent perçues comme ayant un comportement hystérique lorsqu’elles parlaient, car elles ne restaient pas aussi sereines que leur époux. En outre, elles étaient souvent décrites comme ayant une moins bonne capacité rhétorique que leur mari<ref name="o">Neville, 2010, {{p.|77}}</ref>. L’attitude d’Isaac durant ce discours est aussi révélatrice. L’empereur resta indifférent aux demandes de sa femme et sembla presque irrité par le comportement de celle-ci. Psellos remarqua d’ailleurs lui aussi l’attitude de l’empereur envers sa femme<ref name="o" /> : {{quoi|« […] 'Not you,' he replied, 'but this lady [Catherine] (the very words he used), this lady, true to her womanly instincts, first tries to prevent us from following wiser counsel, and then blames everyone else for a suggestion that I make myself' […] »}}<ref name="u" />
 
Grâce à ce discours relaté par Psellos, des comparaisons intéressantes entre Catherine et une autre grande impératrice byzantine, Théodora, peuvent être faites. Les raisons du discours de Catherine sont de natures familiales. Cette dernière avait conscience de la sécurité et stabilité financière que le titre de son mari assurait à sa fille et à elle-même. Elle savait aussi que l’avenir de sa fille dépendait du statut royal de son père afin de lui assurer un bon mariage. Il fallait donc que Catherine tente par tous les moyens possibles de raisonner son mari et le convaincre de conserver le pouvoir royal. Elle ne voulait pas s’assurer de garder le pouvoir royal à des fins avides ou pour demeurer célèbre, contrairement à Théodora. Cette comparaison entre les deux impératrices est fort importante, car elle permet de démontrer que Catherine conserva une meilleure image que Théodora parce qu’elle resta féminine. Elle demeura l’image parfaite de la mère protectrice qui a pour principal préoccupation sa famille. Cependant, elle perpétua le stéréotype voulant que les femmes étaient hystériques à travers la description du discours de Psellos<ref name="i" />. Toutefois, Catherine était consciente du rôle protecteur de son mari. De plus, étant bulgare, elle n’avait plus de famille proche et était ainsi laissée à elle-même si son mari décidait d’abdiquer. Enfin, les craintes de Catherine pour sa sécurité future et celle de sa fille sans son époux traduisent probablement le mauvais traitement des femmes sans défense à Byzance<ref>Hill, 2014, {{p.|61}}</ref>.