« Mouammar Kadhafi » : différence entre les versions

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Sa date de naissance, généralement présentée comme étant le {{date|19|juin|1942}}<ref>[http://www.universalis.fr/encyclopedie/mu-ammar-al-kadhafi/ KĀDHĀFI MU'AMMĀR AL- (1942-2011)], site de l'[[Encyclopedia Universalis]]</ref>, n'est cependant pas connue avec certitude. Ses parents, illettrés, sont issus d'une communauté qui ne tenait alors pas de véritable registre des naissances : il est possible qu'il soit né en réalité durant le printemps [[1943]]<ref>{{harvsp|St John|2011|p=135}}</ref>. Bien que ses biographes David Blundy et Andrew Lycett aient noté que sa naissance aurait pu avoir lieu avant [[1940]]<ref name="Blundy & Lycett (1987), p. 35">Blundy & Lycett (1987), p. 35.</ref>. Diverses rumeurs, parfois fantaisistes, ont couru au sujet de sa naissance – l'une des plus connues le prétendant fils naturel de l'aviateur [[corse]] [[Albert Preziosi]] – sans qu'aucune ne soit vérifiable<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=26-30}}</ref>. Il était le seul fils de ses parents à avoir survécu à l'[[accouchement]], il avait 3 sœurs<ref name="Blundy & Lycett (1987), p. 35" />{{,}}<ref> Kawczynski (2011), p. 9.</ref>{{,}}<ref name="St. John (2012), p. 135">St. John (2012), p. 135.</ref>.
 
Il grandit dans la région désertique de [[Syrte]] et reçoit tout d'abord une éducation [[islam]]ique dispensée par un [[cheikh]] [[Sunnisme|sunnite]]. Son éducation dans la culture [[Bédouins|bédouine]] a influencé ses goûts personnels pour le reste de sa vie ; il préférait le [[désert]] à la [[ville]] et se retirait souvent là-bas pour méditer<ref>Kawczynski (2011), p. 9.</ref>{{,}}<ref name="St. John (2012), p. 135" />. À l'âge de neuf ans, il entre à l'école primaire de Syrte, devenant le premier membre de sa famille à suivre des études<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=59-61}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=32}}</ref>. De [[1956]] à [[1961]], il suit les cours de l'école préparatoire de [[Sebha (ville)|Sebha]], dans le [[Fezzan]], fief traditionnel de sa tribu<ref name="CERNAM">{{Lien web|url=http://www.cermam.org/fr/logs/portrait/kadhafi_de_la_monarchie_a_la_m/ |titre=Kadhafi : de la monarchie à la monarchie révolutionnaire|auteur=Eugénie Bron|année=|éditeur=Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen |consulté le= 21 juillet 2010}}</ref>. Féru de politique, admirateur de [[Charles de Gaulle]], [[Josip Broz Tito|Tito]] et [[Mao Zedong]], il se passionne tout particulièrement pour l'action de [[Gamal Abdel Nasser]] qui, avec le [[mouvement des officiers libres]], a renversé la [[Royaume d'Égypte|monarchie égyptienne]] et apparaît comme le principal héraut du [[nationalisme arabe]]. Kadhafi écoute régulièrement la radio du Caire et distribue livres et brochures [[nassérisme|nasséristes]]. En [[1961]], lors de la rupture du traité d'alliance entre la [[Syrie]] et l'[[Égypte]], Kadhafi contribue à organiser avec ses camarades une manifestation de soutien au régime égyptien. Chassé de l'école de [[Sebha (ville)|Sebha]], il doit poursuivre sa scolarité à [[Misrata]]. Il y apprendra l'anglais et l'italien, langues importantes à l'époque pour un Libyen qui souhaite faire une carrière militaire. Convaincu de sa vocation révolutionnaire, il dit avoir commencé dès cette époque commencé à constituer des {{citation|cellules clandestines}} parmi les élèves<ref name="Najjar p33">{{harvsp|Najjar|2011|p=33}}</ref>{{,}}<ref name="CERNAM" />.
 
Mouammar Kadhafi étudie le droit à l'université de Libye puis, désireux de faire carrière dans l'armée, entre à l'Académie militaire de [[Benghazi]] en [[1963]]. Il organise dès lors clandestinement, avec d'autres élèves officiers, le {{citation|mouvement des officiers unionistes libres}}, qui ambitionne de renverser, sur le modèle nassériste, la [[Royaume de Libye|monarchie libyenne]] pro-occidentale. Le {{citation|comité central}} du mouvement, dont Kadhafi est l'un des dirigeants, est formé dès 1964<ref name="CERNAM" />. Kadhafi affirme par la suite : {{citation|Quand nous avons décidé d'entrer à l'académie militaire, ce n'était pas pour devenir des soldats de métier, mais pour infiltrer cette institution et préparer la révolution. Notre pays était occupé par des forces étrangères [américaines et britanniques] (...). Tout cela s'ajoutait à la présence permanente de l'armée italienne de colonisation. Notre devoir était de libérer notre terre de cette occupation}}<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=33-34}}</ref>. Après l'obtention de son diplôme en [[1965]], il est envoyé au [[Royaume-Uni]] pour suivre un entraînement supplémentaire au ''{{Lang|en|British Army Staff College}}'' (ou ''{{Lang|en|Staff College, Camberley}}''), et revient en [[1966]] en tant qu'[[officier]] dans le corps des [[Transmission (militaire)|transmissions]]<ref>{{Lien web|url=http://www.focac.org/fra/fzsz/rwz/t619440.htm|titre=Mouammar Kadhafi|auteur=|année=|éditeur=www.focac.org|consulté le=21 juillet 2010}}</ref>. Il est promu [[capitaine (grade militaire)|capitaine]], mais son avancement est retardé de trois mois pour {{citation|motifs disciplinaires}}, semble-t-il pour avoir brutalisé un soldat de son unité<ref name="Najjar p33"/>. Peu avant le coup d'État de 1969, il est rétrogradé au rang de [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]], à nouveau pour raisons disciplinaires<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=59-60}}</ref>.
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Kadhafi fait vite l'objet de contestations internes au régime : les autres acteurs de la révolution lui reprochent de prendre ses décisions sans concertation aucune et de se comporter avec brutalité ; ils réclament aussi l'établissement d'une constitution permanente et la tenue d'élections libres. Plusieurs tentatives de coup d'État, menés par des ministres, des militaires ou des partisans de la monarchie ont lieu entre décembre 1969 et 1971<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=48-50}}</ref>.
 
Après la mort de son modèle [[Gamal Abdel Nasser|Nasser]] en septembre 1970, Kadhafi se présente comme l'authentique représentant du [[nassérisme]] : son discours officiel amalgame alors sur le plan idéologique le [[socialisme arabe]] et le [[socialisme islamique]], commettant d'ailleurs à ce sujet un contresens, car le socialisme arabe était conçu par Nasser comme opposé au socialisme islamique des [[Frères musulmans]]<ref>[[Olivier Carré (sociologue)|Olivier Carré]], ''Le Nationalisme arabe'', Fayard, 1993, page 136</ref>. Il se distingue cependant de Nasser par un univers référentiel nettement plus religieux, proche de celui des [[islamisme|islamistes]] bien qu'il s'oppose par ailleurs à ces derniers. Kadhafi est l'un des premiers chefs d'État arabes à s'engager dans la voie d'une réislamisation partielle du [[droit positif]]. En [[1970]], une commission est chargée d' {{citation|éliminer les règles établies en violation de la [[charia]] et de proposer un projet de réhabilitation de ses principes fondamentaux}}<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=61-67}}</ref>.
 
La mort du président égyptien ne ralentit pas le projet d'union avec l'Égypte et l'arrivée au pouvoir de [[Hafez el-Assad]] en [[Syrie]] amène l'adhésion de ce dernier pays au projet. Le {{date|17|avril|1971}} est proclamée l'[[Union des Républiques arabes]], fédération regroupant l’Égypte, la Libye et la Syrie, approuvée ensuite par référendum dans les trois pays le {{1er septembre}} de la même année en hommage à la date anniversaire du coup d'État libyen.
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Kadhafi tente ensuite sans grand succès de poser des jalons unitaires avec l'[[Algérie]] de [[Houari Boumédiène]], puis entame une autre tentative de fusion, cette fois avec la [[Tunisie]] : mais le {{date|12|janvier|1974}}, [[Habib Bourguiba]], après avoir signé au pied levé avec Kadhafi un [[Projet d'union entre la Tunisie et la Libye|traité d'union entre la Tunisie et la Libye]] au sein d'une {{citation|République arabe et islamique}}, se retire brutalement du projet de fusion. Les affronts subis de la part de Bourguiba et Sadate contribuent à convaincre Kadhafi que rien de sérieux ne peut être tenté avec l'ancienne génération des dirigeants arabes<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=67-68, 107-109}}</ref>. L'Union des Républiques arabes continue d'exister sur le papier jusqu'en [[1984]], sans être dotée de la moindre substance. En [[1977]], un [[Guerre égypto-libyenne|bref conflit militaire]] oppose la Libye et l'Égypte.
 
Au début de [[1973]], Mouammar Kadhafi est confronté à une situation d'échec sur les plans de la politique extérieure et intérieure. Ses ambitions panarabistes ont échoué, et l'appareil administratif se montre rétif à ses consignes. À l'issue d'une séance orageuse du [[Conseil de commandement de la révolution (Libye)|CCR]] durant laquelle ses options en matière d'armement sont désavouées, Kadhafi fait part aux autres membres du Conseil de sa volonté de démissionner, mais en révélant {{citation|personnellement la nouvelle au peuple}}. Quelques jours plus tard, le {{date|15|avril|1973}}, Kadhafi prononce à [[Zouara]] un discours dans lequel, à la surprise générale, il passe à la contre-offensive, rejette la légitimité institutionnelle de l'appareil révolutionnaire et appelant les {{citation|masses populaires}} à {{citation|monter à l'assaut de l'appareil administratif}}<ref name="Burgat Laronde p67-68"/>. Kadhafi annonce le début d’une {{citation|révolution culturelle}} dans les écoles, les entreprises, les industries et les administrations. Il court-circuite ainsi l'opposition interne en rejetant la légitimité des institutions révolutionnaires au profit d'un pouvoir censé être directement exercé par le peuple. Dès lors, Kadhafi use de manière stratégique du vide constitutionnel, instaurant une sorte de {{citation|désordre légal}} (''chari'at al-fawda'') qui lui permet de contourner toute notion d'[[État de droit]] et de contrôler les affaires publiques dans le plus grand arbitraire<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=50}}</ref>. La {{citation|subversion}} interne et externe devient progressivement le mode d'action privilégié de Kadhafi, qui pense avoir trouvé la solution à l'immobilisme ambiant qui frustrait ses ambitions révolutionnaires. Au cours des années 1970, il lance un long processus d' {{citation|assaut}} (''zahf'') des institutions, que les citoyens sont invités à contrôler, sans autres intermédiaires que des congrès et des comités théoriquement censés les représenter. Des assemblées censées faire office d'expression directe de la volonté du peuple libyen, les Congrès populaires de base et les Comités populaires, sont progressivement mis en place. Dans les faits, les Comités populaires fonctionnent bien souvent comme des auxiliaires des services secrets, et ce dès leur entrée en fonction<ref>{{harvsp|St John|2011|p=157}}</ref>.
 
Kadhafi entreprend ensuite de fournir un ''corpus'' doctrinal de son cru au régime politique d'un type nouveau qu'il entend bâtir. Dès 1973, il commence à ébaucher sa doctrine en proclamant que {{citation|[[religion]] et [[nationalisme]] sont les deux facteurs qui font l'Histoire}}<ref>[[Elikia M'Bokolo]], ''L'Afrique au {{S-|XX}}'', Seuil, 1985, page 95</ref>. À partir d'avril [[1974]], le dirigeant libyen, qui consacre une part croissante de son temps à concevoir le ''corpus'' idéologique du régime, délègue une partie de ses fonctions au sein du CCR à [[Abdessalam Jalloud]], à qui il avait déjà laissé le poste de Premier ministre en [[1972]]. Si Kadhafi s'éloigne de la gestion au quotidien, son autorité sur le CCR ne diminue cependant en rien<ref>[http://countrystudies.us/libya/68.htm The Revolutionary Command Council], site de la Librairie du Congrès</ref>. En août [[1975]], une tentative de [[coup d'État]] contre Kadhafi, menée par deux des membres du CCR, Bachir Saghîr Hawdi et Omar al-Meheichin<ref>Dirk Vanderwalle, ''Libya Since Independence: Oil and State Building'', I.B. Tauris, 1998, page 87</ref>, est déjouée ; le CCR est ensuite purgé, seuls cinq de ses douze membres d'origine (dont Kadhafi lui-même, [[Abou Bakr Younès Jaber]] et [[Abdessalam Jalloud]]) demeurent en place. S'il continue officiellement d'exister, le Conseil de commandement de la révolution cesse dès lors de fonctionner comme un organe collégial de prise de décision et la Libye tend de plus en plus vers l'instauration d'un pouvoir personnel<ref>{{harvsp|St John|2011|p=165}}</ref>.
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Le {{date|2|mars|1977}}, le processus lancé en 1973 par le discours de Zouara débouche sur le passage officiel à un nouveau mode de gouvernement, présenté comme l'application concrète des théories politiques de Kadhafi. Le [[Congrès général du peuple (Libye)|Congrès général du peuple]] (CGP), parlement monocaméral de la Libye créé l'année précédente, annonce l'instauration d'un pouvoir exercé désormais par {{citation|le peuple seul}} ; la proclamation officielle, intitulée {{citation|Déclaration sur l'avènement du Pouvoir du peuple}}, tient dès lors lieu de [[constitution]] à la Libye, la véritable constitution du pays étant censée être le [[Coran]]<ref>[http://mjp.univ-perp.fr/constit/ly1977.htm Déclaration sur l'avènement du Pouvoir du Peuple], Site de l'université de Perpignan</ref>. La République arabe libyenne est rebaptisée {{citation|Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste}} (nom abrégé de manière officielle en ''Jamahiriya arabe libyenne''), le mot ''Jamahiriya'', [[néologisme]] arabe inventé par Kadhafi, étant traduisible par « État des masses ». Le Conseil de commandement est remplacé par le secrétariat général du Congrès général du peuple, Kadhafi demeurant dans un premier temps chef de l'État en qualité de secrétaire général du CGP. Tout parti politique est désormais interdit en Libye, où le pouvoir est censé être exercé exclusivement par le peuple, ''via'' les Congrès populaires de base et leurs bureaux exécutifs, les Comités populaires : toute forme de participation aux activités d'un parti est désormais punie de mort. Dès novembre 1977 apparaissent les Comités révolutionnaires, instances au statut flou, qui ont pour but officiel d'accélérer la mise en œuvre du nouveau système. Rapidement, ces nouveaux Comités, organisés par [[Abdessalam Jalloud]] et dont [[Moussa Koussa]] devient l'un des principaux animateurs, apparaissent comme une sorte de milice ; ils contrôlent les Comités populaires dont ils sélectionnent les délégués. Ils acquièrent en outre le pouvoir d'opérer des {{citation|arrestations révolutionnaires}} et disposent de leurs propres cours de justice, qui fonctionnent dans des conditions très arbitraires<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=72}}</ref>. Kadhafi maintient son autorité en usant plusieurs leviers de pouvoirs : il joue des influences de l'armée, du Congrès général du peuple, et des Comités révolutionnaires qui noyautent les deux autres institutions. Il utilise également les ressources financières de l'État pour s'assurer le soutien des différentes tribus du pays, qui constituent d'important pôles d'influence régionaux<ref>{{harvsp|Haimzadeh|2011|p=90-91}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/libye-kadhafi-equilibrait-le-pouvoir-des-tribus_965594.html Libye: "Kadhafi équilibrait le pouvoir des tribus"], ''L'Express'', 23 février 2011</ref>{{,}}<ref>[https://www.courrierinternational.com/article/2011/02/22/kadhafi-tributaire-des-chefs-de-clan Kadhafi tributaire des chefs de clan], ''Courrier international'', 22 février 2011</ref>.
 
Le 2 mars [[1979]], Kadhafi abandonne le poste de secrétaire général du [[Congrès général du peuple (Libye)|Congrès général du peuple]], cessant dès lors d'être [[Chefs d'État libyens|chef de l'État]] en titre. Dans les faits, et bien qu'affectant d'être désormais étranger au pouvoir exécutif et de n'être plus qu'une sorte de conseiller du pouvoir exercé par les masses populaires, Kadhafi continue d'exercer une influence prépondérante sur le fonctionnement des institutions, assiste aux séances du Congrès dont il oriente les débats et suggère l'ordre du jour<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=72-73}}</ref>, et garde la haute main sur les mécanismes de cooptation des membres des comités révolutionnaires<ref>Moncef Djaziri, ''État et société en Libye : islam, politique et modernité'', L'Harmattan, 1996, page 171</ref>. Toutes les décisions importantes demeurent prises par le colonel Kadhafi lui-même, entouré d'un groupe restreint de conseillers tandis que les titulaires successifs du poste de secrétaire général du CGP ne font figure que d'acteurs secondaires du régime. Désigné à partir de 1980 du titre de ''Guide de la révolution'', qui ne correspond à aucune fonction définie, le dirigeant libyen exerce désormais son pouvoir en dehors de tout cadre constitutionnel et légal comme de tout mandat limité dans le temps<ref>{{harvsp|St John|2011|p=169-170}}</ref>. Les Congrès populaires de base, censés exercer le pouvoir, servent en fait surtout au Congrès général du peuple, et donc à Kadhafi, d' {{citation|indicateurs d'opinion}} : il n'est pas rare que le [[Congrès général du peuple (Libye)|CGP]] revienne sur des orientations formulées après avoir constaté qu'elles suscitaient trop d'opposition lors des débats dans les Congrès populaires de base<ref>{{harvsp|Haimzadeh|2011|p=101-102}}</ref>. Les manifestations d'indépendance du CGP à l'égard de Kadhafi sont très rares, et le rejet en [[1984]], par une majorité de congrès de bases, de plusieurs textes de loi touchant à la politique familiale, fait figure d'évènement exceptionnel. Le {{date|27|janvier|1990}}, Kadhafi déclare ouvertement devant un Congrès populaire que son pouvoir n'est encadré par aucune règle, affirmant : {{citation|Je ne suis responsable devant aucun de vous car celui qui a fait la révolution sans l'aide de personne détient une légitimité qui lui confère tous les droits et personne ne peut la lui ôter. […] Nous, les auteurs de la révolution, nous ne sommes responsables que devant notre conscience<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=72-74}}</ref>}}.
 
==== Personnalité atypique ====
Malgré ses prétentions à la démocratie directe, la Jamahiriya arabe libyenne est un régime très personnalisé, où l'image de Kadhafi est omniprésente, et où le dirigeant fait l'objet d'un [[culte de la personnalité]] très prononcé. Omniprésent dans la propagande du régime, Kadhafi est présenté comme le héros de l'unité arabe et du [[tiers-monde]] face à l'impérialisme occidental<ref name="ABC-CLIO p19">Collectif, ''Propaganda and Mass Persuasion: A Historical Encyclopedia, 1500 to the Present'', ABC-CLIO, 2003, page 19</ref>. ''[[Le Livre vert]]'' est imprimé à des millions d'exemplaires et diffusé dans de multiples langues pour diffuser l'idéologie jamahiriyenne, et des colloques sont organisés pour louer l'ouvrage et le {{citation|génie}} de son auteur<ref name="ABC-CLIO p19"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=55-65}}</ref>. Kadhafi rappelle par ailleurs régulièrement ses racines [[bédouins|bédouines]], affectant une simplicité de vie et des habitudes parfois excentriques. Buvant chaque matin du lait de chamelle, il reçoit ses invités sous une tente bédouine installée dans sa résidence-bunker de [[Bab al-Azizia]]. Lors de ses déplacements internationaux, il emporte avec lui sa tente dont il use comme d'un lieu de résidence itinérant, à la fois par habitude et pour se démarquer des autres dirigeants<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=124-126}}</ref>.
 
Lors de la plupart de ses interventions et de ses déplacements internationaux, Kadhafi se distingue par une personnalité flamboyante et singulière, et des déclarations souvent tonitruantes. Au fil des années, abandonnant l'uniforme sobre de ses débuts, il apparait fréquemment dans des tenues voyantes, voire extravagantes (uniformes chamarrés d'or et poitrine couverte de médailles, larges capes, costumes aux couleurs éclatantes ou au contraire d'un blanc immaculé, [[burnous]] et [[gandouragandourah]]s multicolores, [[chapka]]s<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/infographe/2011/02/25/la-legende-vestimentaire-de-mouammar-kadhafi_1485021_3212.html La légende vestimentaire de Mouammar Kadhafi], ''lemonde.fr'', 25 février 2011</ref>...) et se déplace accompagné de sa garde d' {{citation|[[Amazones (Kadhafi)|amazones]]}} en uniforme. Il multiplie les propos à l'emporte-pièce et parfois incongrus, insulte volontiers les autres dirigeants arabes et les religions non musulmanes (attribuant tous les mérites de la civilisation à l'[[islam]], {{citation|religion parfaite}}, ainsi qu'aux peuples [[arabes]]), invente un nouveau calendrier qui commencerait à la mort de [[Mahomet]], propose en [[1995]] à [[Bill Clinton]] de marier sa fille [[Chelsea Clinton|Chelsea]] à l'un de ses fils pour resserrer les liens entre la Libye et les États-Unis, et préconise de régler le [[conflit israélo-palestinien]] en fusionnant [[Israël]] et la [[Palestine]] au sein d'un nouveau pays qui s'appellerait {{citation|Isratine}}. Le dirigeant libyen se livre parfois à des excentricités durant ses interviews. Les manifestations du caractère particulier de Kadhafi ont fréquemment suscité des interrogations : certains dirigeants qui l'ont côtoyé, comme [[Anouar el-Sadate]] ou [[Gaafar Nimeiry]], ont été jusqu'à le qualifier de [[folie|fou]] ; d'autres observateurs et témoins décrivent au contraire un personnage capable de rationalité et dont les {{citation|lubies}} proviendraient plutôt d'un [[narcissisme]] exacerbé, agrémenté d'une certaine [[mégalomanie]]<ref>{{harvsp|Najjar|2011|p=118-144}}</ref>. Le journaliste français [[Christian Malard]], qui l'a interviewé plusieurs fois, le décrit comme un {{citation|illuminé}} et rapporte des rumeurs selon lesquelles le dirigeant libyen aurait été régulièrement sous l'influence de [[stupéfiant]]s, y compris lors de certaines apparitions publiques<ref name="Malard1326">Christian Malard, ''Dans le secret des maîtres du monde'', éditions de la Martinière, 2012, pages 13-26</ref>. Le dictateur refuse de paraître vieillissant, si bien qu'en 1995, il subit une intervention de [[chirurgie plastique]] à base d'injection de graisse abdominale et se fait greffer des implants capillaires<ref>{{ouvrage|auteur=[[Vincent Hugeux]]|titre=Kadhafi|éditeur=éditions Perrin|année=2017|passage=245}}</ref>.
 
==== Méthodes de gouvernement et de répression ====
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Kadhafi se distingue également sur le plan social en prônant une certaine égalité des sexes, tout en maintenant sur le plan idéologique une conception [[Essentialisme (genre)|essentialiste]] de la femme<ref name=Ayoub>{{Ouvrage|éditeur=Taylor & Francis|collection=|série=|titre=Islam and the Third Universal Theory: the religious thought of Muʻammar al-Qadhdhafi|titre original=|ref=|volume=|titre volume=|auteur=Mahmoud Ayoub|prénom=|nom=|auteurs=|directeur=|préface=|traducteur=|langue=anglais|lien langue={{en}}|lieu=|année=1987|mois=|jour=|publi=|pages=155|format=|isbn=0710302606|issn=|oclc=|présentation en ligne=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jwYOAAAAQAAJ&printsec=frontcover#PPA55,M1|partie=|numéro=|chap=|passage=55-56|id=|commentaire=}}</ref>. Son interprétation personnelle de l'islam, contraire à la vision traditionnelle, le pousse à limiter la pratique de la [[polygamie]] et à permettre la création d'une académie militaire pour femmes, dont la première classe est promue en [[1983]]<ref name=Ayoub/>. Il entretient une garde personnelle constituée exclusivement de femmes, les « [[Amazones (Kadhafi)|amazones]] ». Certaines avancées sociales sont réalisées sous son régime, telles la condamnation des mariages arrangés et la possibilité pour les femmes d'accéder à l'éducation<ref name="MEDEA">{{lien brisé|url=http://www.medea.be/index.html?page=0&lang=fr&doc=111|titre=KHADHAFI, Mouammar|auteur=|année=2009|éditeur=Institut européen de recherche sur la coopération méditerranéenne et euro-arabe|consulté le=21 juillet 2010}}</ref>. Selon divers témoignages, la vie privée de Kadhafi aurait cependant été en contradiction avec son respect affiché des femmes. Lors de sa chute en [[2011]], il est accusé d'avoir disposé d'un grand nombre d'esclaves sexuelles enlevées à leur famille, dont une partie au moins des « amazones »<ref name="monde" />{{,}}<ref>{{Article|titre=Libye : Kaddafi accusé de viol par ses « amazones »|auteur=Camille Dubruelh|journal=[[Jeune Afrique]]|date=30 août 2011|url texte=http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110830085841/libye-rebellion-torture-mouammar-kaddafilibye-kaddafi-accuse-de-viol-par-ses-amazones.html}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|titre=Kadhafi accusé de viol par ses ex-« amazones »|auteur=Thomas Vampouille|journal=[[Le Figaro]]|date=31 août 2011|url texte=http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/31/01003-20110831ARTFIG00470-kadhafi-accuse-de-viol-par-ses-ex-amazones.php}}.</ref>.
 
Régulièrement, Kadhafi opère des remaniements du gouvernement et des bouleversements des structures administratives afin d'empêcher tout contre-pouvoir de se constituer et d'entretenir un désordre délibéré, envisagé comme mode contrôle de la population<ref>{{harvsp|Haimzadeh|2011|p=115-119}}</ref>. Le chercheur [[Antoine Basbous]] explique la stratégie de politique intérieure suivie par Kadhafi par une volonté d' {{citation|instaurer un maquis institutionnel indéchiffrable pour l'étranger et lui permettant de verrouiller le système et de privatiser pour l'éternité la Libye à son seul profit}}<ref>Antoine Basbous, ''Le Tsunami arabe'', Fayard, 2011, page 200</ref>.
 
Mouammar Kadhafi bénéficie en outre d'un accès illimité aux fonds de l'État, dont lui-même et sa famille profitent largement<ref>[https://www.lemonde.fr/libye/article/2011/10/22/les-milliards-caches-de-mouammar-kadhafi_1592193_1496980.html Les milliards cachés de Mouammar Kadhafi], ''Le Monde'', 22 octobre 2011</ref>. Il accumule avec le temps une fortune personnelle colossale, provenant de l'extraction du pétrole et du gaz<ref name="Kadhafi aurait fait sortir près de 144 milliards d'euros de Libye - leJDD.fr">[http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Kadhafi-aurait-fait-sortir-pres-de-144-milliards-d-euros-de-Libye-410863/?from=headlines Kadhafi : 144 milliards d’euros à l’étranger], ''Le Journal du dimanche'', 22 octobre 2011</ref>. Il investit dans des entreprises comme [[Total (entreprise)|Total]], [[Alsthom]], [[Fiat]], dans les secteurs des médias (''[[Financial Times]]'') ou du sport ([[Juventus Football Club|Juventus]])<ref name="menly">{{lien brisé|consulté le=2017-08-26|url=http://www.menly.fr/buzz/news/34132-mort-de-kadhafi-une-fortune-de-plusieurs-milliards/|titre=Mort de Kadhafi : une fortune de plusieurs milliards}} Sur le site menly.fr du 21 octobre 2011</ref>.
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Le colonel échappe à la même époque à plusieurs tentatives d'assassinat (dont une, le 8 mai 1984, est tout près de réussir). La répression est sanglante et, durant plusieurs semaines, des exécutions publiques sont retransmises à la [[aljamahiriya TV|télévision libyenne]], en guise d'avertissement<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=97}}</ref>.
 
Le {{date|15|avril|1986}}, à la suite de l'interception d'un message de l'ambassade libyenne à [[Berlin-Est]] suggérant l'implication du gouvernement libyen dans l'attentat à la bombe d'une discothèque fréquentée par des militaires américains à [[Berlin-Ouest]], [[Ronald Reagan]] ordonne un raid de bombardement ([[opération El Dorado Canyon]]) contre [[Tripoli (ville de Libye)|Tripoli]] et [[Benghazi]]. Quarante-cinq militaires et fonctionnaires sont tués, ainsi que quinze civils. Le régime annonce à l'époque que la fille adoptive du Guide, [[Hana Kadhafi]], âgée de deux ans, a été tuée<ref name="Faiza_Mazeg_mise_au_point" />. Le colonel Kadhafi est blessé lors du bombardement de sa résidence, bien que le président du Conseil des ministres italien, [[Bettino Craxi]], l'ait prévenu du raid<ref>{{en}} [https://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601103&sid=asdtPeIfTReg&refer=us Italy Warned Libya of Bombing, Saved Qaddafi's Life], {{date|30|octobre|2008}}.</ref>. Manifestement éprouvé par cet épisode, Kadhafi est également déçu par la médiocre mobilisation des Libyens autour de sa personne<ref name="Burgat Laronde p101-102"/>. Il n'en conserve pas moins une attitude de défi, et proclame qu'il a remporté une {{citation|grande}} victoire sur les Américains, qui ont échoué à le tuer : l'adjectif {{citation|Grande}} est rajoutérajoutée au nom officiel du pays, qui devient la ''Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste''. La partie bombardée de sa résidence de [[Bab al-Azizia]] est laissée en l'état en souvenir du raid américain<ref>Judith Miller, ''God has ninety-nine names: reporting from a militant Middle East'', Touchstone ed, 1997, page 232</ref>.
 
Malmené et isolé au niveau international après le raid américain et la déroute de son aventure tchadienne, confronté sur le plan intérieur à une montée de la contestation, notamment [[islamisme|islamiste]], Kadhafi lance entre [[1987]] et [[1989]] une politique d'ouverture politique et de détente. Des contacts sont pris avec l'opposition en exil ; l'[[économie de la Libye]], totalement étatisée lors du passage à l' {{citation|ère jamahiriyenne}}, est partiellement libéralisée ; des centaines de prisonniers sont amnistiés. Kadhafi se fait désormais le chantre des [[droits de l'homme]] : une « Grande charte verte des droits de l'homme de l'ère jamahiriyenne » est proclamée, et un [[prix Kadhafi des droits de l'homme]] est créé pour souligner la nouvelle orientation du régime. La politique d'ouverture tourne cependant court et les prisons sont vite regarnies par de nouveaux prisonniers politiques. En [[1989]], un an après l'amnistie, une nouvelle vague de répression a lieu<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=88-90}}</ref>. [[Amnesty International]] dénonce « des arrestations de masse, des disparitions et la torture systématique » pratiquées par la Jamahiriya<ref name="Figaro 22/08/2011" />. Kadhafi continue de tenter de contenir l'opposition islamiste en faisant des concessions aux musulmans radicaux : après avoir introduit dans le code pénal des peines liées à la [[charia]], il proclame en [[1994]] l'application de celle-ci en Libye<ref name="Martinez">Luis Martinez, [http://www.ceri-sciencespo.com/archive/feb02/artlm1.pdf Quels changements en Libye ?], ceri-sciences-po.org, février 2002</ref>. Des soulèvements sporadiques de militaires ou d'islamistes continuent d'avoir lieu durant les [[années 1990]]<ref>{{harvsp|St John|2011|p=223-224}}</ref>.
 
Sur le plan extérieur, Kadhafi tente de sortir de son isolement diplomatique en normalisant les relations de son pays avec la [[Tunisie]], puis avec l'[[Égypte]] et le [[Tchad]]. Le {{date|17|février|1989}}, la Jamahiriya arabe libyenne signe le traité de l'[[Union du Maghreb arabe]]. Mais cette politique de détente est vite compromise par l'implication des services secrets libyens dans des actes de [[terrorisme]] international : l'attentat du [[Vol 103 Pan Am]] (dit {{citation|attentat de Lockerbie}}) en [[1988]], puis celui du [[Vol 772 UTA|Vol 772 d'UTA]] en [[1989]] valent à la Libye d'être mise en accusation. Le {{date|23|février|2011}}, l'ancien ministre libyen de la Justice [[Moustafa Abdel Jalil]], qui a démissionné de son poste, deux jours plus tôt, affirme, concernant l'[[attentat de Lockerbie]] : {{citation|Kadhafi a donné personnellement ses instructions au Libyen [[Abdelbaset Ali Mohmed Al Megrahi]]}}, condamné par la justice écossaise pour sa participation à l'attentat de Lockerbie<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110223.FAP5439/kadhafi-a-personnellement-ordonne-l-attentat-de-lockerbie-selon-l-ancien-ministre-libyen-de-la-justice.html « Kadhafi a personnellement ordonné l'attentat de Lockerbie, selon l'ancien ministre libyen de la Justice »], [[nouvelobs interactif]], {{date|23|février|2011}}.</ref>. En [[1992]], le [[Conseil de sécurité des Nations unies]], via sa [[Résolution 748 du Conseil de sécurité des Nations unies|résolution 748]], met en place des sanctions à l’égard de la Libye afin d'obtenir que celle-ci livre les deux agents secrets suspectés de l’attentat de Lockerbie<ref>{{harvsp|Burgat|Laronde|2003|p=87-93}}</ref>.
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[[Fichier:El presidente del Gobierno asiste a la III Cumbre UE - África.jpg|thumb|Le chef du gouvernement espagnol, [[José Luis Rodríguez Zapatero]], et Mouammar Kadhafi, le 29 novembre 2010.]]
 
Plusieurs prisonniers politiques sont libérés en Libye dans les années 2000, et des visites d'[[Organisation non gouvernementale|ONG]] dans les prisons sont autorisées. Dans le cadre d'un programme de réconciliation nationale de la [[Fondation internationale Kadhafi pour la charité et le développement|Fondation Kadhafi]], plus de 700 individus liés à des groupes islamistes sont libérés<ref name="Figaro 22/08/2011" />. [[Affaire des infirmières bulgares|Cinq infirmières et un médecin anesthésiste bulgares]], détenus et torturés pendant plusieurs années par les autorités libyennes pour la prétendue contamination d'enfants libyens par le virus du [[Syndrome d'immunodéficience acquise|sida]], sont libérés en juillet [[2007]]. [[Human Rights Watch]] souligne cependant que la pratique de la [[torture]] et les procès expéditifs continuent en Libye<ref name="Figaro 22/08/2011" />. En décembre 2007, quelques mois après le dénouement de l' {{citation|affaire des infirmières bulgares}} dans laquelle la France a joué un rôle diplomatique, Mouammar Kadhafi est reçu à Paris par le président [[Nicolas Sarkozy]]. Cette visite d'État, vue comme une étape importante dans le {{citation|processus de réintégration [de la Libye] dans la communauté internationale}}, suscite cependant une polémique en France en raison de la situation des droits de l'homme en Libye<ref>[https://www.lemonde.fr/politique/article/2007/12/10/la-visite-du-colonel-kadhafi-en-france-suscite-un-concert-de-critiques_987590_823448.html La visite du colonel Kadhafi en France suscite un concert de critiques], ''Le Monde'', 12 décembre 2007</ref>. Le séjour en France de Kadhafi est accompagné de l'annonce de nombreux contrats, dont la plupart ne sont finalement pas signés<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/politique/qu-a-rapporte-la-visite-de-kadhafi-a-la-france_965242.html Qu'a rapporté la visite de Kadhafi à la France?], ''L'Express'', 22 février 2011</ref>.
 
Le {{date|2|février|2009}}, Mouammar Kadhafi est élu [[Présidents de l'Union africaine|président]] de l'[[Union africaine]] pour un mandat d'un an, lors du sommet d'[[Addis-Abeba]], en [[Éthiopie]]. Il se fait alors proclamer « roi des rois traditionnels d'Afrique » par un groupe de sept {{citation|rois}} africains et demande aux autres chefs d'État de l'UA de le désigner dorénavant sous ce titre<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/kadhafi-roi-des-rois-d-afrique_738116.html « Kadhafi, “roi des rois d'Afrique” »], ''[[L'Express]]'', {{date|3|février|2009}}.</ref>{{,}}<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20090202.OBS2726/kadhafi-veut-se-faire-appeler-roi-des-rois-traditionnels-d-afrique.html Kadhafi veut se faire appeler "roi des rois traditionnels d'Afrique"], ''Le Nouvel Observateur'', 2 février 2009</ref>.
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Les corps de Mouammar Kadhafi et de son fils [[Moatassem Kadhafi|Moatassem]], tué lui aussi le 20 octobre à Syrte, sont exposés le [[21 octobre]] à [[Misrata]]<ref>[http://www.rfi.fr/afrique/20111021-recit-une-maison-syrte-corps-mouammar-moatassim-kadhafi Récit : dans une maison de Misrata les corps de Mouammar et Moatassim Kadhafi], RFI / France 24, 21 octobre 2011</ref>.
 
Dans son ensemble, la [[communauté internationale]] salue la mort de Kadhafi<ref>[http://www.liberation.fr/depeches/01012366956-la-communaute-internationale-salue-la-mort-de-kadhafi-fin-de-la-tyrannie « La communauté internationale salue la mort de Kadhafi, “fin de la tyrannie” »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 21 octobre 2011.</ref>. [[Hillary Clinton]] ira même jusqu'à déclarer sur CBS News {{citation|Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort !}}<ref>{{lien web|titre=Hillary Clinton : Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort url=https://www.youtube.com/watch?v=6eG4_oW70lo|website=Youtube|consulté le=16 avril 2015}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.cbsnews.com/news/clinton-on-qaddafi-we-came-we-saw-he-died/ « “Clinton on Qaddafi: "We came, we saw, he died"»], ''[[CBSNEWS (journal)|CBSNEWS]]'', 2 octobre 2011.</ref>. Toutefois,Mais le déroulement exact des circonstances de son décès, qui restent confuses, donne lieu à une polémique, ce qui conduit le président du CNT, [[Moustafa Abdel Jalil]], à annoncer le [[24 octobre]] l'ouverture d'une enquête sur sa mort<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111024.FAP7015/le-cnt-annonce-une-enquete-sur-la-mort-de-kadhafi.html « Le CNT annonce une enquête sur la mort de Kadhafi »], [[nouvelobs interactif]], 24 octobre 2011.</ref>. [[Human Rights Watch]] publie en octobre 2012 un rapport<ref>[https://www.valeursactuelles.com/actualit%C3%A9s/monde/comment-est-vraiment-mort-kadhafi20121025.html Comment est vraiment mort Kadhafi], Frédéric Pons, ''Valeurs actuelles'', 25 octobre 2012</ref> estimant que Kadhafi a été exécuté après sa capture, et non tué dans un échange de tirs ; l'ONG accorde foi aussi à la version selon laquelle l'ancien dirigeant aurait eu l'anus poignardé avec une [[baïonnette (arme)|baïonnette]] après sa capture<ref>https://www.youtube.com/watch?v=HDS1kGCv-_s</ref>.
 
Le {{date|25|octobre|2011}}, à l'aube, Mouammar Kadhafi et son fils Moatassem sont inhumés dans le désert libyen, dans un lieu tenu secret<ref>[https://www.ladepeche.fr/article/2011/10/26/1201560-kadhafi-enterre-dans-un-lieu-tenu-secret.html « Kadhafi enterré dans un lieu tenu secret » - ''Le Petit Bleu'' - Article du 26/10/2011]</ref>.
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L'administration américaine a découvert que le régime libyen possédait près de 27 milliards d'euros sur des comptes et des investissements aux États-Unis ; ils ont depuis été gelés. En Europe, près de 22 milliards d'euros ont été saisis par les gouvernements français, italien, britannique et allemand<ref name="Kadhafi aurait fait sortir près de 144 milliards d'euros de Libye - leJDD.fr"/>.
Kadhafi investissait dans des entreprises comme [[Total (entreprise)|Total]], [[AlstomAlsthom]], [[Fiat]], dans les secteurs des médias (''[[Financial Time]]'') ou du sport (1,5 % de la [[Juventus Football Club|Juventus]]). En France, il possédait, par exemple, le bâtiment parisien qui abrite la [[Fnac]] des Ternes dans le [[17e arrondissement de Paris|{{17e|arrondissement}} de Paris]]<ref name="menly" />.
 
En mars 2012 en Italie, la Guardia di Finanza saisit les biens de la famille Kadhafi pour plus d'un milliard euro, dont 1,256 % de Unicredito (égale à une valeur de 611 millions d'euros), 2 % de Finmeccanica, 1,5 % de la Juventus, 0,58 % d'Eni pour une valeur de 410 millions et 0,33 % de certaines sociétés du groupe Fiat, comme Fiat SpA et Fiat Industrial. Outre les actions, la Guardia di Finanza a apposé les sceaux sur {{unité|150|hectares}} de terres dans l'île de Pantelleria, deux motos (une Harley Davidson et une Yamaha) et un appartement à Rome. Plusieurs comptes courants ont également été saisis : le dépôt le plus important est celui de {{unité|650000|€}} en titre à la succursale de Rome de Ubae Bank<ref>http://www.ilfattoquotidiano.it/2012/03/28/sequestro-record-patrimonio-gheddafi-bloccati-beni-oltre-miliardo-euro/200746/</ref>.
 
Plusieurs enquêtes menées par des responsables américains, européens et libyens ont révélé que Kadhafi investissait massivement dans de nombreux pays du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est. La plupart de ces fonds étaient placés dans des institutions gouvernementales libyennes comme la Banque centrale de Libye, la Compagnie pétrolière libyenne, la Banque extérieure de Libye, ainsi que des compagnies d'investissements telle que la Libya African Investment Portfolio<ref name="Kadhafi aurait fait sortir près de 144 milliards d'euros de Libye - leJDD.fr"/>. En juin 2013, le ''Sunday Times'' rapporte que Kadhafi aurait caché un milliard $ en liquide, or et diamant dans quatre banques et deux sociétés de sécurité en Afrique du Sud<ref>[http://www.rfi.fr/afrique/20130602-milliard-dollars-kadhafi-decouvert-afrique-sud/#./?&_suid=139435450708204804816104446011 La Libye recherche la fortune de Kadhafi jusqu'en Afrique du Sud], RFI, 2 juin 2013</ref>.
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