« Génocide des Tutsis au Rwanda » : différence entre les versions

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{{Infobox Massacre
| titre = Génocide des Tutsis au Rwanda
| image = Photographs of Genocide Victims - GenocideNyamata Memorial Center - Kigali -Site Rwanda13.jpg
| légende = PhotographiesCrânes de victimes du génocidehumains au [[Centre du mémorial du génocide à Kigali Gisozi]] ([[RwandaNyamata]]).
| date = [[{{Date-|7 avril]]}} - {{Date-|17|juillet|1994}}<br/><small>({{Durée|07|04|1994|17|07|1994}})</small>
| lieu = [[Rwanda]]
| victimes = Population [[Tutsis|tutsi]] et les [[Hutu]] modérés
| latitude = -1.94028
| longitude = 29.87389
| type = [[Génocide]]
| morts = {{formatnum:800000}} (estimationà de l’ONU - un peu plus d'un million selon un recensement rwandais){{formatnum:1000000}}
| blessés =
| disparus =
| survivants =
| auteurs = [[Forces armées rwandaises|FAR]], ForcesRwandais [[hutushutu]] prochessoutenant dule [[Hutu Power]] et du, [[Gouvernement intérimaire rwandais|gouvernement intérimaire]], [[Forces armées rwandaises|FAR]], milices [[Interahamwe]] et [[Impuzamugambi]]
| ordonné par =
| motif =
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Le '''génocide des Tutsis''', parfois appeléau Rwanda''génocide rwandais''<ref>Les rescapésse du génocide contestent vigoureusement cette appellation qui camoufle le groupe visé par ce génocide '''des Tutsi''', dans le contexte de la théorie négationniste du « [[Négation du génocide des Tutsi du Rwanda|double génocide]] ». Ils font notamment valoir que les autres génocides reconnus sont qualifiés par leurs victimes : génocide arménien, génocide des Juifs</ref>, eut lieudéroule du {{Date-|7| avril|1994}} jusqu'au {{Date|17| juillet| 1994}} au [[Rwanda]]. Ce [[génocide]] s'inscrit historiquement dans un projet génocidaire latent depuis plusieurs décennies, à travers plusieurs phases de massacres de masse<ref>Le journal Le Monde du 4 février 1964 titrait sur trois colonnes « L'extermination des Tutsis, le: les massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenuesentretenue » [http://cec.rwanda.free.fr/images/LM-1964-02-04.JPG photo du titre].</ref>, et stratégiquement dans le refus du noyau dur de l'État rwandais de réintégrer les exilés [[Tutsistutsis]], objet de la [[guerre civile rwandaise]] de 1990-1993. Cette guerre, débutéecommencée en 1990, opposait le gouvernement rwandais, constitué de [[HutusHutu]]s (voirsoutenu par la [[HutuFrance]] Powerpar l'[[Opération Noroît|opération ''Noroît'']]), au [[Front patriotique rwandais]] (FPR), accusé par les autorités de vouloir imposer, par la prise du pouvoir, le retour des Tutsis exilés dans leur pays. En 1994, lesLes [[Accords d'Arusha (Rwanda)|accords d'Arusha]], signés en août 1993, qui prévoyaient cette réintégration afin de mettre fin à la guerre., Maisn'étaient lencore que partiellement mis en œuvre à cause de la résistance du noyau dur du régime Habyarimana. L'[[Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda|assassinat du président rwandais le 6 avril 1994]] servitdéclenche dele prétextegénocide auxdes Tutsis par les extrémistes Hutus. La commission indépendante d'enquête mandatée par l'ONU lors du génocide de 1994 au Rwanda estime qu'environ {{Nombre|800000|Rwandais}}<ref>Première phrase du {{Lien web|url=https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N99/395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=3}}, après la lettre d'accompagnement et l'annexe : « Quelque {{nb|800000 personnes}} ont été massacrées lors du génocide de 1994 au Rwanda ».</ref>, en majorité tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsis ont été tués comme traîtres à la cause hutu. D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Il convient de souligner qu'un génocide n'est pas qualifié comme tel en raison du nombre de morts, mais sur une analyse juridique de critères définis à l'époque par la [[Convention pour menerla leurprévention objectifet génocidairela contrerépression du crime de génocide]] du {{date|9 décembre 1948}} de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]]. Cette convention définit qu'un génocide est « commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». De ce fait, l'expression « génocide rwandais » ou en anglais « ''Rwandan genocide'' », souvent employée dans les médias et les discours, est considérée comme trop généraliste et polémique car elle masque le groupe ciblé, les Tutsis<ref> Les rescapés du génocide contestent vigoureusement cette appellation qui camoufle le groupe visé par ce génocide des Tutsi, dans le contexte de la théorie négationniste du « [[Négation du génocide des Tutsi du Rwanda|double génocide]] ». Ils font notamment valoir que les autres génocides reconnus sont qualifiés par leurs victimes : génocide arménien, génocide des Juifs.</ref>.
 
La discrimination rwandaise entre Hutus et Tutsis, qualifiée d'[[Ethnisme au Rwanda |ethniste]] par des spécialistes, qui a atteint un point culminant en 1994, s'est construite dans un processus historique complexe entre la réalité de la population du Rwanda et la façon dont les colonisateurs d'une part et les divers Rwandais d'autre part, l'ont perçue et expliquée. Dans cette [[histoire du Rwanda]] se sont surajoutés de façon déterminante les avantages politiques successifs que ces divers acteurs ont cru pouvoir tirer de cette discrimination, de 1894 (date des premiers contacts entre des [[Européens]] et le roi issu des Tutsis du Rwanda) à 1962 (date de l'indépendance du Rwanda), puis jusqu'en 1994 (période dominée par des républiques dites hutu).
L'[[Organisation des Nations unies|ONU]] estime qu'environ {{Nombre|800000|Rwandais}}<ref>Première phrase du [http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/1999/1257 rapport de l'ONU sur le génocide au Rwanda] page 3, après la lettre d'accompagnement et l'annexe : « Quelque {{Nombre|800000|personnes}} ont été massacrées lors du génocide de 1994 au Rwanda ».</ref>, en majorité tutsis, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsis ont été tués comme traîtres à la cause hutu. D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Il convient de souligner qu'un [[génocide]] n'est pas qualifié comme tel en raison du nombre de morts, mais sur une analyse juridique de critères définis à l'époque par la [[Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide]] du {{date|9 décembre 1948}} de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]]. Cette convention définit qu'un génocide est « commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
 
== Racines du génocide ==
La discrimination rwandaise entre Hutus et Tutsis, qualifiée d'[[Ethnisme au Rwanda|ethniste]] par des spécialistes, qui a atteint un point culminant en 1994, s'est construite dans un processus historique complexe entre la réalité de la population du Rwanda et la façon dont les colonisateurs d'une part, et les divers Rwandais d'autre part, l'ont perçue et expliquée. Dans cette [[histoire du Rwanda]] se sont surajoutés de façon déterminante les avantages politiques successifs que ces divers acteurs ont cru pouvoir tirer de cette discrimination, de [[1894]] (date des premiers contacts entre des [[Européens]] et le roi issu des Tutsis du Rwanda) à [[1962]] (date de l'indépendance du Rwanda), puis jusqu'en 1994 (période dominée par des républiques dites hutu).
L'[[Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda|attentat du 6 avril 1994]] est souvent qualifié de « déclencheur du génocide ». Il précède le déchaînement de [[Violence extrême|violences extrêmes]] constatées à partir de la nuit du {{date|6 avril 1994}} au Rwanda.
 
L'analyse de la période qui précède cet attentat est l'objet de nombreuses polémiques. Pour les rescapés tutsis, le [[génocide]] a commencé dès la première république Hutu, à partir de l'exil de nombre d'entre eux dans les pays voisins puis des nombreux massacres des Tutsis de l'intérieur entre 1959 et le {{date|6 avril 1994}}. Pour les auteurs du génocide de 1994, et parfois pour leurs complices, le terme de génocide serait inapproprié et ces massacres de masse n'auraient été que « des massacres excessifs » selon la formule du colonel [[Théoneste Bagosora]] condamné<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=ICTR-98-41 {{!}} Nations Unies Tribunal pénal international pour le Rwanda|url=http://unictr.irmct.org/fr/cases/ictr-98-41|site=unictr.irmct.org|consulté le=2018-11-01}}.</ref> en 2008 pour génocide et crime contre l'humanité par le tribunal pénal international pour le Rwanda<ref>{{Lien web|auteur=André-Michel Essoungou|titre= « Moi, je ne crois pas au génocide »|url=http://www.liberation.fr/planete/2005/10/25/moi-je-ne-crois-pas-au-genocide_536755|périodique= [[Libération (journal)|Libération]]|date=25-10-2005}}.</ref>. Entre ces deux regards on trouve tout un éventail d'analyses, parfois influencées par la volonté d'échapper aux procédures judiciaires qui concernent des actes juridiquement imprescriptibles, soit comme auteur, soit comme complice.
== Les racines du génocide ==
L'[[Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda|attentat du 6 avril 1994]] est souvent qualifié de « déclencheur du génocide ». Il précède le déchaînement de violences extrêmes constatées à partir de la nuit du 6 avril 1994 au Rwanda.
 
Les éléments qui induisent la qualification de génocide impliquent un projet génocidaire, la désignation d'un groupe à exterminer, une « entente en vue de commettre le génocide », et donc la mise en exergue de situations, de faits, de déroulements chronologiques, d'interférences et de discours qui se sont produits pendant une période pré-génocidaire et qui paraissent avoir participé à sa conception.
L'analyse de la période qui précède cet attentat est l'objet de nombreuses polémiques. Pour les rescapés Tutsi, le génocide a commencé dès la première république Hutu, à partir de l'exil de nombre d'entre eux dans les pays voisins puis des nombreux massacres des Tutsi de l'intérieur entre 1959 et le 6 avril 1994. Pour les auteurs du génocide de 1994, et parfois pour leurs complices, le terme de génocide serait inapproprié et ces massacres de masse n'auraient été que « des massacres excessifs » selon la formule du colonel [[Théoneste Bagosora]] condamné<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=ICTR-98-41 {{!}} Nations Unies Tribunal pénal international pour le Rwanda|url=http://unictr.irmct.org/fr/cases/ictr-98-41|site=unictr.irmct.org|consulté le=2018-11-01}}</ref> en 2008 pour génocide et crime contre l'humanité par le tribunal pénal international pour le Rwanda<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=André-Michel Essoungou|titre= « Moi, je ne crois pas au génocide »|url=http://www.liberation.fr/planete/2005/10/25/moi-je-ne-crois-pas-au-genocide_536755|périodique= [[Libération (journal)|Libération]]|date=25-10-2005|consulté le=}}.</ref>. Entre ces deux regards on trouve tout un éventail d'analyses, parfois influencées par la volonté d'échapper aux procédures judiciaires qui concernent des actes juridiquement imprescriptibles, soit comme auteur, soit comme complice.
 
Pour le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]], la question des racines du génocide est marquée par le fait que le [[Conseil de sécurité des Nations unies]] n'a retenu dans ses statuts, sans argumentation explicite, que la période du {{Date|1|1|1994}} au {{date|6 avril 1994}}. Ce n'est que dans cette période que le tribunal peut déterminer les faits qui peuvent être retenus juridiquement contre les auteurs du génocide et leurs complices<ref>Rafaëlle Maison, ''Pouvoir et génocide dans l'œuvre du Tribunal pénal international pour le Rwanda'', Dalloz, 2017.</ref>.
Les éléments qui induisent la qualification de génocide impliquent un projet génocidaire, la désignation d'un groupe à exterminer, une « entente en vue de commettre le génocide », et donc la mise en exergue de situations, de faits, de déroulements chronologiques, d'interférences et de discours qui se sont produits pendant une période pré-génocidaire et qui paraissent avoir participé à sa conception.
 
=== Origines de la division entre Hutus et Tutsis et premiers massacres ===
Dans le cas du génocide des Tutsi, la question de la période pré-génocidaire est marquée par le fait que le [[Conseil de sécurité des Nations unies]] n'a retenu dans les statuts du [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]], sans argumentation explicite, que la période du {{Date-|1|1|1994}} au 6 avril 1994 pour déterminer les faits qui peuvent être retenus juridiquement contre les auteurs du génocide et leurs complices, dans cette période qui précède les massacres d'avril à juillet 1994, qualifiés par ce tribunal de [[génocide]]<ref>Rafaëlle Maison, ''Pouvoir et génocide dans l'œuvre du Tribunal pénal international pour le Rwanda'', Dalloz, 2017.</ref>.
{{Article détaillé|Ethnisme au Rwanda|Causes du génocide des Tutsi au Rwanda}}
 
=== Les origines de la division entre Hutu et Tutsi et les premiers massacres ===
{{Article détaillé|Ethnisme au Rwanda|Causes du génocide au Rwanda}}
La société traditionnelle rwandaise perçue par le colonisateur se divise en trois groupes selon la profession exercée, mais considérés comme des races d'origines diverses :
* les TutsiTutsis : éleveurs, parmi lesquels se distinguaient de riches et puissants propriétaires de troupeaux ;
* les HutuHutus : agriculteurs, paysans ;
* les [[Twa de la région des Grands Lacs|Twa]] : artisans et ouvriers.
 
Cette vision de la société rwandaise fait abstraction de l'existence d'une vingtaine de clans, références identitaires plus importantes aux yeux des Rwandais de l'époque<ref>S. Minnaert, [http://francegenocidetutsi.org/PeresBlancsEtSocieteRwandaiseEpoqueAllemandeMinnaert.pdf « Les Pères Blancs et la société rwandaise durant l’époque coloniale allemande (1900-1916). Une rencontre entre cultures et religions »] p. 18, in ''Les Religions au Rwanda, défis, convergences et compétitions'', Actes du Colloque International du 18-19 septembre 2008 à Butare/Huye, Éditions de l'université nationale du Rwanda, septembre 2009, {{p.|53-101}}.</ref>. Ces clans étaient tous composés de HutuHutus, de TutsiTutsis et de Twa, sur chacun desquels régnait un «  petit  » [[Mwami]] qui pouvait être Hutu ou Tutsi, mais plus fréquemment Tutsi. Le [[Mwami]] du Rwanda, engendré par une dynastie royale Tutsi issue d'un des clans dominants, régnait sur cet ensemble clanique.
 
Le Royaume du Rwanda, gouverné par le clan Tutsi Nyiginya, est devenu le royaume dominant à partir du milieu du {{s-|XVIII}}, s'étendant par un processus de conquête et d'assimilation, et atteignant son apogée sous le règne du roi Kigeli Rwabugiri en 1853–1895<ref>{{ouvrage|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=QUEamxb89JcC |titre=When Victims Become Killers: Colonialism, Nativism, and the Genocide in Rwanda |nom=Mamdani |prénom=Mahmood |éditeur=Princeton University Press |page=69 |année=2002 |isbn=978-0-691-10280-1 |lieu=Princeton, NJ |lien auteur=Mahmood Mamdani }}</ref>. Rwabugiri a étendu le royaume à l'ouest et au nord, et a lancé des réformes administratives qui ont provoqué un fossé entre les populations hutu et tutsi. Ceux-ci comprenaient uburetwa, un système de travail forcé que les Hutus devaient accomplir pour retrouver l'accès aux terres qui leur avaient été confisquées, et ubuhake, en vertu duquel les patrons tutsis cédaient du bétail à des clients hutus ou tutsis en échange de services économiques et personnels<ref>{{ouvrage|langue=en|nom=Pottier |prénom=Johan |année=2002 |titre=Re-Imagining Rwanda: Conflict, Survival and Disinformation in the Late Twentieth Century |lieu=Cambridge |éditeur=Cambridge University Press |url=https://books.google.com/books?id=iRz_QzoVdJcC |page =13 |isbn=978-0-5215-2873-3 }}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=O3aNPwAACAAJ |titre=The Rwanda Crisis: History of a Genocide |nom=Prunier |prénom=Gérard |éditeur=Fountain Publishers Limited |année=1999 |isbn=978-9970-02-089-8 | page = 13-14 |numéro d'édition=2nd |lieu=Kampala }}</ref>.
Les [[Belges]], qui héritèrent de cette colonie après leur victoire sur les [[Troupe de protection de l'Afrique orientale|troupes de protection de l'Afrique orientale allemande]] à la fin de la [[Première Guerre mondiale]], assumèrent la situation qu'ils trouvèrent en s'installant, en relation avec les pères blancs toujours sur place. La [[Société des Nations]] confia la tutelle du [[Ruanda-Urundi]] à la [[Belgique]]. Elle considérait la situation héritée de la colonisation allemande comme correspondant à un état social multi-séculaire<ref>Certains parlent de castes, mais ce terme n'est pas justifié car selon son nombre de vaches, un Hutu pouvaient devenir Tutsi et réciproquement un Tutsi qui perdait ses vaches devenait Hutu{{ref nec}}</ref>. Ils imposèrent les Tutsi pour assumer l'autorité sous la tutelle de l'administration coloniale ; même dans le nord-ouest du [[Rwanda]] où régnait une monarchie dominée par des agriculteurs hutu, plus ou moins soumise à la dynastie royale d'éleveurs [[tutsis]] du reste du Rwanda.
 
Les Belges héritèrent de cette colonie après leur victoire sur les [[Troupe de protection de l'Afrique orientale|troupes de protection de l'Afrique orientale allemande]] à la fin de la [[Première Guerre mondiale]]. La [[Société des Nations]] confia la [[tutelle]] du [[Ruanda-Urundi]] à la [[Belgique]]. Celle-ci considérait – avec les pères blancs toujours sur place – la situation héritée de la colonisation allemande comme correspondant à un état social multi-séculaire<ref>Certains parlent de castes, mais ce terme n'est pas justifié car selon son nombre de vaches, un Hutu pouvaient devenir Tutsi et réciproquement un Tutsi qui perdait ses vaches devenait Hutu{{référence nécessaire}}</ref>. Ils imposèrent les Tutsis pour exercer l'autorité sous la tutelle de l'administration coloniale ; même dans le nord-ouest du [[Rwanda]] où régnait une monarchie dominée par des agriculteurs hutu, plus ou moins soumise à la dynastie royale d'éleveurs [[tutsis]] du reste du Rwanda.
Cette vision des colonisateurs favorisa les Tutsi dans l'accès aux études<ref>HWR, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda'', Karthala (1999), {{p.|48}}.</ref> et à la gouvernance, tandis que les Hutus et la petite composante des artisans [[Twa de la région des Grands Lacs|twas]] furent cantonnés à des activités subalternes. En [[1931]], un document d'identité ethnique est mise en place par l'administration belge, indiquant le groupe auquel appartient le citoyen : tutsi, hutu ou twa.
 
Cette vision des colonisateurs favorisa les Tutsis dans l'accès aux études<ref>HWR, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda'', Karthala (1999), {{p.|48}}.</ref> et à la gouvernance, tandis que les Hutus et la petite composante des artisans [[Twa de la région des Grands Lacs|twa]] furent cantonnés à des activités subalternes. En [[1931]], un document d'identité ethnique est mis en place par l'administration belge, indiquant le groupe auquel appartient le citoyen : tutsi, hutu ou twa.
À partir des années cinquante, les missionnaires [[Catholicisme|catholiques]] et [[Protestantisme|protestants]] ouvrirent progressivement des écoles pour tous les enfants, comme ils l'avaient fait au [[Congo belge]]. Le séminaire de formation des prêtres s'ouvre dès lors aux Hutus comme aux Tutsis. D'une manière générale, l'Église catholique, défendant petit à petit une conception égalitariste, remet en cause l'équilibre politique qu'elle avait contribué à forger et se pose en défenseur des Hutus<ref name="Lugan234">Bernard Lugan, ''Rwanda : le génocide, l'Église et la démocratie'', éd. du Rocher, 2004, 234 p.</ref>.
 
À partir des années 1950, les missionnaires [[Catholicisme|catholiques]] et [[Protestantisme|protestants]] ouvrirent progressivement des écoles pour tous les enfants, comme ils l'avaient fait au [[Congo belge]]. Le séminaire de formation des prêtres s'ouvre dès lors aux Hutus comme aux Tutsis. D'une manière générale, la défense d'une conception universelle de la dignité d'un être humain par l'Église Catholique remet en cause l'équilibre politique hérité, et cette dernière se pose donc ''ipso facto'' en défenseur des Hutus<ref name="Lugan234">Bernard Lugan, ''Rwanda : le génocide, l'Église et la démocratie'', éd. du Rocher, 2004, 234 p.</ref>.
Durant cette période où apparaissent des revendications d'indépendance exprimées par les Tutsis, assimilées à du [[communisme]] dans le contexte de la [[guerre froide]], un renversement d'alliance, notamment sous l'impulsion de la [[Démocratie chrétienne]] belge, s'opère entre les colonisateurs et les Hutus contre les Tutsis, les colonisateurs jugeant plus facile de s'appuyer sur la majorité hutu pour ses propres intérêts<ref name="Lugan234"/>. L'identité ethnique, qui se matérialisera par une carte d'identité ethnique, et la prétendue origine extérieure des Tutsis jouent un rôle essentiel à partir de [[1959]] pour discriminer les Tutsis et justifier leur élimination du pays. Ce contexte explique l'animosité entre Hutus et Tutsis. L'exil d'une partie des Tutsis vers les pays limitrophes en plusieurs vagues à partir de [[1959]] et leur désir de retour seront la source de la guerre civile qui éclatera en octobre [[1990]].
 
Durant cette période où apparaissent des revendications d'indépendance exprimées par les Tutsis, assimilées à du [[communisme]] dans le contexte de la [[guerre froide]], un renversement d'alliance, notamment sous l'impulsion de la [[Démocratie chrétienne]] belge, s'opère entre les colonisateurs et les Hutus contre les Tutsis, les colonisateurs jugeant plus facile de s'appuyer sur la majorité hutu pour ses propres intérêts<ref name="Lugan234"/>. L'identité ethnique, qui se matérialisera par une carte d'identité ethnique, et la prétendue origine extérieure des Tutsis jouent un rôle essentiel à partir de 1959 pour discriminer les Tutsis et justifier leur élimination du pays. Ce contexte explique l'animosité entre Hutus et Tutsis. L'exil d'une partie des Tutsis vers les pays limitrophes en plusieurs vagues à partir de 1959 et leur désir de retour seront la source de la guerre civile qui éclatera en octobre 1990.
Le ''[[Manifeste des Bahutu]]'' rédigé en [[1957]] par [[Grégoire Kayibanda]], secrétaire particulier de [[André Perraudin|Monseigneur Perraudin]], est considéré comme le texte fondateur<ref>[http://francegenocidetutsi.org/date1870.html.fr 24 mars 1957 Kayibanda, Grégoire - Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Ruanda (Le manifeste des Bahutu) - L'Harmattan]</ref>{{refins}} de la politique ethniste qui marquera les premières décennies du Rwanda indépendant. Les Hutus créent leur propre parti politique en [[1959]] : le [[Parmehutu]], pour la promotion du peuple hutu. Les Tutsis sont poursuivis, des assassinats et des massacres sporadiques ont lieu, des maisons sont incendiées et les Tutsis fuient par milliers en [[Ouganda]], au [[Burundi]] et au [[République démocratique du Congo|Congo-Kinshasa]].
 
Le ''[[Manifeste des Bahutu]]'' rédigé en 1957 par [[Grégoire Kayibanda]], secrétaire particulier d'[[André Perraudin]], est considéré comme le texte fondateur<ref>[http://francegenocidetutsi.org/date1870.html.fr 24 mars 1957 Kayibanda, Grégoire - Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Ruanda (Le manifeste des Bahutu) - L'Harmattan].</ref>{{refins}} de la politique ethniste qui marquera les premières décennies du Rwanda indépendant. Les Hutus créent leur propre parti politique en 1959 : le [[Parmehutu]], pour la promotion du peuple hutu. Les Tutsis sont poursuivis, des assassinats et des massacres sporadiques ont lieu, des maisons sont incendiées et les Tutsis fuient par milliers en [[Ouganda]], au [[Burundi]] et au [[République démocratique du Congo|Congo-Kinshasa]].
Au cours des [[années 1960]] plusieurs tentatives peu organisées de retour armé des exilés sont repoussées par le Rwanda et toujours ponctuées par des massacres de Tutsis restés au pays. Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en décembre [[1963]]. Entre {{Unité/2|8000|et=12000|hommes}}, femmes et enfants sont massacrés. Le journal ''[[Le Monde]]'' évoque un génocide (édition du {{date|4 février 1964}}) et [[Radio Vatican]] parle à ce moment-là du plus {{citation|terrible génocide jamais perpétré depuis celui des [[Juifs]]}}. En [[1972]] au [[Histoire du Burundi|Burundi]] voisin, un très important massacre de masse de Hutus burundais par l'armée burundaise à majorité tutsi fait, selon les Hutus, environ {{Nombre|200000|morts}}. Ce massacre impressionna vivement les Hutus rwandais. Le pouvoir du président [[Grégoire Kayibanda]] s'affaiblissait et, en [[1973]], il tente de réactiver l'unité politique du Rwanda contre la menace tutsi. Les élèves et professeurs tutsis sont exclus des collèges rwandais. Des massacres ont lieu dans des établissements scolaires. Une nouvelle vague d'exil des Tutsis s'ensuit et [[Juvénal Habyarimana]] prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État en juillet 1973.
 
Au cours des années 1960 plusieurs tentatives peu organisées de retour armé des exilés sont repoussées par le Rwanda et toujours ponctuées par des massacres de Tutsis restés au pays. Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en décembre 1963. Entre {{Unité/2|8000|et=12000|hommes}}, femmes et enfants sont massacrés. Le journal ''[[Le Monde]]'' évoque un génocide (édition du {{date|4 février 1964}}) et [[Radio Vatican]] parle à ce moment-là du plus {{citation|terrible génocide jamais perpétré depuis celui des [[Juifs]]}}. En 1972 au [[Histoire du Burundi|Burundi]] voisin, un très important massacre de masse, mais là de Hutus burundais par l'armée burundaise à majorité tutsi, fait selon les Hutus environ {{Nombre|200000|morts}}. Ce massacre impressionna vivement les Hutu rwandais. Le pouvoir du président Grégoire Kayibanda s'affaiblissait et, en 1973, il tente de réactiver l'unité politique du Rwanda contre la menace tutsi. Les élèves et professeurs tutsis sont exclus des collèges rwandais. Des massacres ont lieu dans des établissements scolaires. Une nouvelle vague d'exil des Tutsis s'ensuit et [[Juvénal Habyarimana]] prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État en {{date|juillet 1973}}.
Juvénal Habyarimana joue très habilement la carte de l'apaisement pour séduire les capitales européennes et notamment la [[France]], qui lui fournit un avion et un équipage dès [[1974]] et avec laquelle il passe des accords de coopération militaire pour la formation de la gendarmerie en [[1975]]. Jusqu'à la fin des [[années 1980]], le quota administratif qui limite l'accès des Tutsis aux services administratifs est cependant renforcé, mais certains hommes d'affaires tutsis bénéficient d'une certaine libéralité dans la mesure où le régime a besoin d'eux. Toutefois les assassinats sporadiques de Tutsis restent toujours impunis et cette impunité devient un passe-droit dans l'esprit de la population{{ref nec}}.
 
Juvénal Habyarimana joue très habilement la carte de l'apaisement pour séduire les capitales européennes et notamment la [[France]], qui lui fournit un avion et un équipage dès 1974 et avec laquelle il passe des accords de coopération militaire pour la formation de la gendarmerie en 1975. Jusqu'à la fin des années 1980, le quota administratif qui limite l'accès des Tutsis aux services administratifs est cependant renforcé, mais certains hommes d'affaires tutsis bénéficient d'une certaine libéralité dans la mesure où le régime a besoin d'eux. Toutefois les assassinats sporadiques de Tutsis restent toujours impunis et cette impunité devient un passe-droit dans l'esprit de la population{{référence nécessaire}}.
Autres causes évoquées : des sociologues et des journalistes avaient insisté sur la grave crise foncière, due à la [[Démographie du Rwanda|surpopulation]], à laquelle étaient confrontés le Rwanda et le Burundi depuis de nombreuses années. Cette crise foncière dans des pays où la majorité de la population tire sa subsistance des produits de la terre aurait progressivement fait éclater les structures sociales et aurait transformé la région en une poudrière où n'importe quel événement pouvait provoquer une explosion de violence contre le premier bouc émissaire venu. Ces causes, qui ont sans doute joué leur rôle, sont à relativiser car aujourd'hui le problème foncier est tout aussi aigu et tend à s'accentuer, la population actuelle dépassant en nombre celle de 1994.
 
Autres causes évoquées : des sociologues et des journalistes avaient insisté sur la grave crise foncière, due à la [[Démographie du Rwanda|surpopulation]], à laquelle étaient confrontés le Rwanda et le Burundi depuis de nombreuses années. Cette crise foncière dans des pays où la majorité de la population tire sa subsistance des produits de la terre aurait progressivement fait éclater les structures sociales et aurait transformé la région en une poudrière où n'importe quel événement pouvait provoquer une explosion de violence contre le premier bouc émissaire venu. Ces causes, qui ont sans doute joué leur rôle, sont à relativiser car aujourd'hui{{Quand}} le problème foncier est tout aussi aigu et tend à s'accentuer, la population actuelle qui est de 10.5 millions d'habitants (2011) dépassant en nombre celle de 1994.
=== La période pré-génocidaire ===
 
=== Période pré-génocidaire ===
La plupart des auteurs estiment que le génocide a pu être commis avec une telle rapidité parce que dans les années précédentes s'étaient mis en place à la fois un conditionnement des esprits et un encadrement serré du pays<ref>[http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=17&id=140&content=synopsis « Génocides et autres massacres… »], entretien avec [[Jacques Semelin]], ''[[Politique internationale (revue)|Politique internationale]]'', 2004.</ref>.
 
Depuis la [[révolution rwandaise]] de 1959, une série de massacres (« Toussaint rwandaise ») dirigés contre les [[Tutsis]] s'était déjà déroulée. Des massacres à caractère génocidaire, furent dénoncés comme tels en 1993, comme les [[massacres des [[Bagogwe]] exécutés entre [[1991]] et [[1992]] durant la [[guerre civile rwandaise]]. En 1994, et ce depuis quelques années, une [[Discours de haine|campagne médiatique]] stigmatisait les Tutsis, en particulier au travers d'une radio,de la RTLM, ou [[Radioradio Télévisiontélévision Libre des Mille Collines|radiolibre des Mille Collines]], créée le {{date|8 juillet 1993}} par [[8Félicien juilletKabuga]] 1993 puis surnommée « radio machette ». Durant l'[[Opération Turquoise|opération ''Turquoise'']], intervention française sous mandat de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]], ayant pour mandat de protéger les populations dans une Zone humanitaire sûre (ZHS) délimitée dans le sud-ouest du Rwanda, la Radio Télévision des Mille Collines s'y transporte et continue d'émettre<ref>L'ambassadeur Yannick Gérard chargé de représenter l'opération Turquoise le dénonce dès le 7 juillet 1994. Voir Jacques Morel, ''La France au cœur du génocide des Tutsi'', {{p.|940}}.</ref>. Elle cessa d'émettre le {{date-|31 juillet 1994}} à la fin du génocide.
 
Selon plusieurs historiens, [[Jean-Pierre Chrétien]]<ref>Directeur émérite du CNRS, coauteur de ''Rwanda : Les médias du génocide'', Paris, Karthala, 1995, et d'autres ouvrages et articles sur le génocide des Tutsi au Rwanda.</ref>, [[Gérard Prunier]]<ref>Directeur de recherche au CNRS, auteur de ''Rwanda : le génocide'', Paris, Dagorno, 1999.</ref>, Claudine Vidal<ref>Sociologue et directrice émérite au CNRS, auteurs de nombreux articles sur le Rwanda, première personne auditionnée par les députés français de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda - Citée comme témoin de contexte dans le cadre du procès de quatre Rwandais en Belgique en [[2001]], elle a déclaré qu'« Il n’y a pas de massacres spontanés de cette envergure. Il faut des dirigeants, il faut une organisation. » [http://www.assisesrwanda2001.be/050510.html Assises Rwanda 2001. Témoin de contexte : Claudine Vidal, historienne, sociologue].</ref>, des journalistes comme [[Colette Braeckman]]<ref>Colette Braeckman, journaliste belge du journal ''Le Soir'' et auteur de ''Rwanda, histoire d'un génocide'', Fayard, 1994.</ref>, [[Laure de Vulpian]]<ref>Journaliste à France Culture et auteur de ''Rwanda, un génocide oublié ? Un procès pour mémoire'', Complexe, 2004.</ref>, {{Lien|langue=en|fr=Linda Melvern}}, journaliste d'investigation anglaise, ou le professeur de droit [[Filip Reyntjens]]<ref>« Selon {{M.}} REYNTJENS, le génocide n’a pas été planifié ni décidé de manière pragmatique cette nuit là. Depuis plus de quatre ans, une structure et une idéologie génocidaire se mettait progressivement en place. Des éléments sont là pour le prouver : existence de « petits » massacres de Tutsis téléguidés depuis le centre du pouvoir dans les années 1990, existence des escadrons de la mort et du Réseau Zéro chargés d'assassiner quelques opposants, présence de caches d’armes dans les bâtiments loués par le MRND{{etc.}} Ce génocide visait à éliminer tous les Tutsis en tant que tels et des Hutus en tant qu'opposants politiques. » [http://www.asf.be/publications/Publications_rwanda_assises_2007_chroniques_2.pdf ({{p.|2}})].</ref>, il y avait un projet génocidaire datant de plusieurs années, et finalement exécuté par les extrémistes hutus de l'entourage du président [[Juvénal Habyarimana]], constituant aussitôt après sa mort un [[Gouvernement intérimaire rwandais|gouvernement intérimaire]] sousà l'instigation du colonel [[Théoneste Bagosora]]. Selon cette thèse, les « médias du génocide » tenus par les Hutus extrémistes furent un élément essentiel de la préparation et la mise en œuvre du génocide. Les rapports de la commission d'enquête parlementaire belge<ref>[http://www.senate.be/www/webdriver?MIval=/publications/viewPub.html&COLL=S&LEG=1&NR=611&VOLGNR=7&LANG=fr Publication<!-- Titre généré automatiquement -->].</ref> et de la mission parlementaire française, aux pouvoirs moins étendus<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/rwanda/r1271.asp#P4392_633581 rapport : Mission d'information sur le Rwanda<!-- Titre généré automatiquement -->].</ref>, retiennent cette thèse, de même que ceux de l'ONU et de l'[[OUA]]. Le [[Hutu Power]] accusa la [[radio Muhabura]] du FPR d'avoir tenu le même discours de haine, « même si celui-ci n'a jamais eu la même consonance ethnique que le langage tenu par Radio des Mille Collines », selon le rapport du [[Sénat belge]].
 
Le sociologue français André Guichaoua, expert auprès du [[Tribunal pénal international pour le Rwanda|TPIR]] (TPIR) depuis 1996, aurait pour sa part conclu de ses investigations que le génocide n'existait qu'à l'état de projet et n'était pas planifié<ref>André Guichaoua, ''Les Politiques du génocide à Butare'', éd. de L'Harmattan, 2005.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/11/13/le-genocide-des-tutsis-n-avait-pas-ete-quatre-ans-a-l-avance_4522744_3232.html|titre=Le génocide des Tutsis n’avait pas été préparé quatre ans à l’avance|auteur=André Guichaoua|date=13 novembre 2011|site=LeMonde.fr}}.</ref>. Il aurait été organisé, notamment à l'échelon local, mais pas avant l'attentat du {{date|6 avril 1994}}. Partisan de la thèse du juge [[Jean-Louis Bruguière]], largement mise à mal par les enquêtes de terrain de ses successeurs, les juges [[Marc Trévidic]] et Poux, selon laquelle le FPR serait auteur de l'attentat du {{date-|6 avril 1994}}, il affirme : {{Citation|Ceux qui ont mis en œuvre le génocide ne l'ont pas fait parce qu'il y a eu un attentat. Les dirigeants du FPR ont pris le risque du génocide, sans doute en connaissance de cause. Les extrémistes hutus ont eu besoin d'une semaine pour concrétiser leur projet génocidaire et en mettre en place les structures}}<ref>{{lien web|url=http://www.hirondelle.org/arusha.nsf/LookupUrlEnglish/2CC445423F3BF5B4432572380032805B?OpenDocument |titre= L'attentat contre l'avion d’Habyarimana n'est pas la cause du génocide|date= 30 novembre 2006|auteur=Agence Hirondelle| archive-url=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.hirondelle.org%2Farusha.nsf%2FLookupUrlEnglish%2F2CC445423F3BF5B4432572380032805B%3FOpenDocument}}.</ref>.
 
Des organisations de défense des droits de l'Homme notoires estiment que les théories qui contestent la préparation du génocide relèvent de la négation de nombreux faits constatés et de nombreux témoignages<ref>HRW : Alison Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda'', Human Rights Watch/FIDH, Karthala, 1999.<br>[http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org Commission d'enquête Citoyenne (collectif d'associations françaises) - 2004]</ref>. Par exemple l'organisation ''Avocats sans frontières Belgique'' tient la préparation pour établie, en particulier sur la base des documents produits à l'audition d'Alphonse Higaniro devant la cour d'assises de [[Bruxelles]] et du témoignage de François-Xavier Nzanzuwera, procureur de [[Kigali]] jusqu'en 1995<ref>Assises Rwanda 2001 : [https://web.archive.org/web/20111123185501/http://www.assisesrwanda2001.be/050519.html Témoin de contexte : François-Xavier Nsanzuwera].</ref>. Ces documents et témoignages commentés au cours du procès avec leurs auteurs parlent de « plan d'extermination », du rôle de la Radio des Mille Collines et des postes de radio distribués dans la population avant l'attentat, de la consigne de ne pas oublier le poste de radio quand on va sur les barrières{{etc.}}
 
Les documents des archives de la [[Président de la République française|présidence de la République française]] font apparaître que les autorités françaises ont été régulièrement informées dans les années 1990 à 1994 des risques de massacres des Tutsis de grande ampleur et de l'intention des chefs d'état-major d'exterminer les Tutsis<ref>[[Cités (revue)|Revue Cités]] {{n°|57}}, ''Génocide des Tutsi du Rwanda - un négationnisme français ?'' [[Presses universitaires de France|PUF]], article ''Les révélations circonscrites d'un rapport parlementaire'' extrait page 27 : « Ces deux expressions d’une même intention génocidaire, en octobre 1990 dans les deux cas, par les deux chefs d'état-major adjoints, Serubuga pour l'armée et Rwagafilita pour la gendarmerie, auraient pu être mises en perspective par la mission avec le fait qu'ils avaient le même chef d'état-major : le général-major Juvénal Habyarimana, devenu président de la République par un coup d'État. »</ref>. À partir d'{{date|octobre 1990}}, date de l'offensive du [[Front patriotique rwandais|FPR]] (FPR) contre le gouvernement de Kigali, la situation des Tutsis au Rwanda est devenue plus difficile, et les autorités et l'[[Forces armées françaises|armée françaises]] étaient conscientes du risque de génocide comme en témoigne, dans le télégramme du {{date|24 octobre 1990}} de l'ambassadeur de France au Rwanda, l'analyse du [[colonel Galinié]] selon laquelle le rétablissement d'un pouvoir tutsi au nord-est du pays entraînerait selon toute vraisemblance « l'élimination physique à l'intérieur du pays des Tutsis, {{Unité/2|500000|à=700000|personnes}}, par les Hutus […]<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/dossiers/rwanda/anex4a00.pdf Annexes du rapports parlementaires français page 134] - partie consacrée à l'[[opération Noroît]].</ref> ». Le général [[généralJean Varret]], de l'armée française, a rapporté aux députés français avoir entendu en 1990 du principal responsable de la gendarmerie rwandaise l'explication suivante à propos des Tutsis : « ils sont très peu nombreux, nous allons les liquider »<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/rwanda/r1271.asp#P4439_641142 Des massacres constitutifs d'un génocide - sous-chapitre du rapport des députés français]<br />- « Génocide rwandais. Ce que savait l'Élysée », ''[[Le Monde]]'', 3 juillet 2007, Extrait : « Au cours des années de guerre qui ont précédé le génocide, qui a débuté le 6 avril 1994, l'Élysée a soutenu le régime de Kigali, malgré les signaux présageant des massacres à venir. C'est ce que révèlent plusieurs volumes d'archives officielles transmises au tribunal aux armées ».</ref>. À la suite des [[Accords d'Arusha (Rwanda)|accords d'Arusha]], un gouvernement de transition est mis en place en 1993, mais la partie la plus extrémiste du pouvoir s'oppose à ces accords. Dans la chronologie des notes et télex échangés entre les autorités françaises et ses représentants au Rwanda, on peut relever le télégramme envoyé par l'ambassadeur français le {{date|12 janvier 1994}}, qui parle des renseignements transmis par un informateur du représentant des Nations unies faisant état d'un « plan de déstabilisation radicale du pays », passant par des troubles provoqués afin de susciter des réactions et l'élimination des Tutsis de Kigali, et d'en exterminer mille d'entre eux dès la première heure<ref>« Génocide rwandais. Ce que savait l'Élysée », Piotr Smolar, ''[[Le Monde]]'', 3 juillet 2007, extrait : « Celui-ci a livré les détails « graves et plausibles » d'un plan de déstabilisation radicale du pays. Il commencerait par des provocations contre les troupes du FPR à Kigali, pour susciter une riposte. « Les victimes rwandaises que ne manqueraient pas de provoquer ces réactions seraient alors le prétexte à l’élimination physique des Tutsis de la capitale, explique le diplomate. Selon l'informateur de la Minuar, {{Nombrenb|1700|Interhamwe}} — membres des milices populaire du parti du Président du Rwanda — auraient reçu une formation militaire et des armes pour cela, avec la complicité du chef d'état-major FAR. La localisation précise des éléments tutsis de la population de Kigali devrait en outre permettre d'éliminer {{formatnum:1000}} d'entre eux dans la première heure après le déclenchement des troubles. »</ref>. Ce télégramme fait suite au câble cryptéchiffré envoyé par le général [[Roméo Dallaire|Dallaire]], commandant la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]], au Secrétaire général de l'ONU, le {{date-|11 janvier 1994}}, indiquant que des listes de Tutsis auraient été dressées<ref>[http{{Lien web|url=https://wwwdocuments-dds-ny.un.org/frenchdoc/documentsUNDOC/view_doc.asp?symbol=SGEN/1999N99/1257 395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'ONU]organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda, {{p.(cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=10-12}}.</ref>.
 
La propagande, diffusée par les journaux ou la radio [[Radio Télévision Libre des Mille Collines|RTLM]], a été [[incitation au génocide|un élément important de conditionnement des esprits]] qui a favorisé le génocide. Elle s'appuie sur l'hypothèse, héritée du [[colonialisme]], d'une différence [[Race|raciale]] entre Hutus et Tutsis et enseignée dans les écoles. Les Tutsis y sont présentés comme des envahisseurs étrangers. Elle assimile les Tutsis de l'intérieur du Rwanda aux Tutsis de l'extérieur et à des agents du [[Front patriotique rwandais|FPR]]. Elle évoque une infiltration des Tutsis dans les rouages de l'État ou de l'économie. Elle tente d'unifier tous les Hutus, en essayant de convaincre les Hutus du Sud, discriminés par rapport aux Hutus du Nord qui est la région d'origine du Président, que cette discrimination est due aux Tutsis. Elle fait passer pour des traîtres les Hutus qui ne s'opposent pas aux Tutsis ou qui commercent ou se marient avec eux. Elle présente l'offensive du FPR d'{{date-|octobre 1990}} comme une tentative de restauration de la monarchie et d'un asservissement des Hutus, voire de leur extermination. Elle suggère un complot entre tous les Tutsis de la région (Rwanda, Ouganda, Burundi, [[Zaïre]]) dans le but de créer un État tutsi<ref>HRXHRW, FDIH, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala (1999), {{p.|88-103}}.</ref>. La revue ''[[Kangura]]'' qui porte une part importante de cette propagande commence à paraître en 1990. En {{date-|décembre 1990}}, le numéro 6 de cette revue publie notamment en page 8 et en [[français]] ''les[[Les 10Dix commandements du BahutuHutu]]'', désignant explicitement les Tutsis, en tant que groupe, comme des ennemis<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Kangura No. 6|url=http://www.genocidearchiverwanda.org.rw/index.php?title=Kangura_Issue_06|site=genocidearchiverwanda.org.rw|date=|consulté le=}}</ref>{{refins}}. La RTLM commence sa diffusion en 1993. Certains discours politiques appelaient directement au meurtre tel le discours de [[Léon Mugesera]] en {{date-|novembre 1992}}<ref>HRW, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala (1999), {{p.|103-106}}.</ref>.
 
Le rapport publié en {{date|juillet [[2000]]}} par l'[[Organisation de l'unité africaine]] remarque qu'il est difficile de dater la mise en route d'une préparation du génocide<ref>À notre connaissance, il n'existe aucun document, aucun procès-verbal de réunion et aucune autre preuve qui mette le doigt sur le moment précis où certains individus, dans le cadre d'un plan directeur, auraient décidé d'éliminer les Tutsis […]. Il est frappant de constater qu'à peu près tous les experts internationaux deviennent vagues ou imprécis lorsqu'il s'agit de déterminer à quel moment l'organisation et la planification systématiques sont censées avoir été amorcées. […] Mais en regardant en arrière et en analysant le déroulement des événements de 1991 jusqu'en 1992, il devient difficile de ne pas voir émerger une tendance dans ces massacres successifs. Il apparaît que les radicaux et l'armée ont travaillé ensemble pour essayer diverses techniques d'exécution. De ces expériences, leurs chefs ont tiré deux leçons : qu'ils pouvaient massacrer en grand nombre, rapidement et efficacement […] et, compte tenu des réactions qu'ils avaient suscitées jusqu'alors, qu'ils pouvaient le faire impunément. [http://cec.rwanda2.free.fr/doc/Rapport_OUA/Rwanda-f/FR-07-CH.htm Extraits du chapitre 7 du rapport de l'OUA].</ref>.
 
Différents auteurs et groupes continuent cependant de mettre en doute toute préparation du génocide. Ainsi Serge Desouter, prêtre catholique cité comme témoin-expert par la défense auprès du [[Tribunal pénal international pour le Rwanda|TPIR]], considère quant à lui en 2006 que la question de la planification n'est pas tranchée et affirme que tous les arguments fournis jusqu'ici pour démontrer la planification sont mensongers ou erronés<ref>{{lien web|url=http://www.hirondelle.org/arusha.nsf/LookupUrlEnglish/F00DC1C177C564BE43257147004ED69A?OpenDocument|archive-url=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.hirondelle.org%2Farusha.nsf%2FLookupUrlEnglish%2FF00DC1C177C564BE43257147004ED69A%3FOpenDocument|titre= Pas de preuve d'un plan de génocide en 1994|date=5 avril 2006}}.</ref>.
 
L'historien [[Bernard Lugan]], lui aussi cité par la défense de plusieurs présumés génocidaires devant le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]] (TPIR) comme témoin-expert, relevaitparle en [[1997]], dans son ''Histoire du Rwanda parle'', d'une opération {{citation|préparée, planifiée et organisée de longue date}}<ref>''Histoire du Rwanda'', 1997, pages 516 et 517</ref>. En [[2014]], il affirme que le génocide était prévisible, mais qu'il n'a en aucun cas été programmé<ref>''Rwanda : Un génocide en questions'', Éditions du Rocher, coll. « Lignes de feu », 2014.</ref>.
 
La justice française a reconnu l'application d’un « plan concerté tendant à la planificationdestruction » du génocidegroupe ethnique tutsi à travers différents jugements condamnant des présumés génocidaires réfugiés en France dont les plus récents sont les jugements en appel des bourgmestres Ngenzi et Barahira<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Deux ex-maires rwandais condamnés en appel à perpétuité pour génocide|url=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/07/06/deux-ex-maires-rwandais-condamnes-en-appel-a-perpetuite-pour-genocide_5327442_3212.html|site=Le Monde.fr|consulté le=2018-11-01}}.</ref>.
 
=== La situationSituation politique et militaire à la veille du génocide ===
{{article détaillé|Guerre civile rwandaise|Accords d'Arusha (Rwanda)|Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|Opération Noroît}}
Le {{Date-|1|10|1990}}, les rebelles du [[Front patriotique rwandais|FPR]] de [[Paul Kagame]] franchissent les frontières de l'[[Ouganda]] et déclenchent ainsi la [[guerre civile rwandaise]], parvenant à {{unité|80|km}} de Kigali. Les [[Forces armées rwandaises]] (FAR) tentent de s'opposer à cette avancée.
 
Le {{date-|4 octobre 1990}}, la France met en place l'opération militaire [[Opération Noroît|Noroît]] et la Belgique l'[[opération Green Beam]] afin d'envoyer des troupes et d'évacuer les ressortissants de chaque pays. Le Zaïre participe également avec l'envoi de {{Nombre|3000|hommes}}<ref>Jacques Morel, [https://books.google.fr/books?id=Xz4hp7EeUp0C&printsec=frontcover&dq=la+france+au+coeur+du+g%C3%A9nocide+des+Tutsis&hl=fr&sa=X&ei=GmXpUubiC4bE0QWOr4CQCA&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=la%20france%20au%20coeur%20du%20g%C3%A9nocide%20des%20Tutsis&f=false ''La France au cœur du Génocide des Tutsis''], {{p.|1365}}.</ref>. Cette guerre civile s'accompagne d'exactions faisant de nombreuses victimes dans les deux camps<ref>Serge Desouter et [[Filip Reyntjens]], [http[hdl://hdl.handle.net/10067/131260151162165141 |« Les Violations des droits de l'homme par le FPR/APR. Plaidoyer pour une enquête approfondie »]], Université d'Anvers, Working Paper, 1995 ; Abdul Joshua Ruzibiza, ''op. cit.'', {{p.|259}} à 346 ; et Laurent Nduwayo, ''op. cit.'' [https://repository.uantwerpen.be/docman/irua/6a48d2/13126.pdf Lire en ligne].</ref>.
 
De 1990 à 1993 les FAR sont formées et réorganisées par l'armée française, pour contrer les attaques du FPR. De leur côté les responsables du FPR se sont appuyés sur l'armée ougandaise, dans laquelle certains étaient officiers depuis que le président [[Yoweri Museveni]] avait conquis le pouvoir en [[Ouganda]].
 
En 1991, [[Juvénal Habyarimana|le président Habyarimana]] est contraint de renoncer au monopole exercé par son parti. Plusieurs mouvements rivaux entrent en compétition, dont plusieurs créent des organisations de jeunesse aux actions parfois violentes. Tel est le cas des [[Interahamwe]], milice du président Habyarimana. Les crimes commis par cette milice ou par d'autres groupes avant 1994 restent impunis, ce qui contribue au développement d'un sentiment d'impunité dans la période qui précède le génocide<ref>HRW, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda'', Karthala (1999), {{p.|9}}.</ref>. Début 1993, la [[Fédération internationale despour ligues desles droits de l'hommehumains|FIDH]] dénonce dans un rapport<ref>[http://cec.rwanda.free.fr/documents/doc/RapportMars93/ComIntMars93.pdf Rapport de la Commission internationale] : enquête sur les violations des droits de l'Homme au Rwanda depuis 1990.</ref> les [[escadrons de la mort]] en lien avec le président Habyarimana, sa femme et les ultras du régime.
 
En 1992 et 1993, des négociations, soutenues par la France, sont menées entre le [[Front patriotique rwandais|FPR]] et le gouvernement rwandais afin d'aboutir aux [[Accords d'Arusha (Rwanda)|accords d'Arusha]], signés en août, et dont on pouvait penser qu'ils contribueraient à apaiser la situation. Mais le parti présidentiel, le [[Mouvement révolutionnaire national pour le développement|MRND]], est hostile à ces négociations. En {{date-|février 1993}}, la rupture du [[cessez-le-feu]] par le FPR pendant deux semaines avait contribué à affaiblir les partisans de la négociation. Les Hutus radicaux se regroupent autour de la [[Radio Télévision Libre des Mille Collines|Radio des Mille Collines]], qui appelle à l'élimination des Tutsis, et du mouvement [[Hutu Power]]. Cette radicalisation est renforcée en {{date-|octobre 1993}} par l'assassinat au [[Burundi]] du président Hutu récemment élu [[Melchior Ndadaye]] par des militaires tutsis, ce qui déclenche une guerre civile au Burundi, entraînant un flot de réfugiés aussi bien Hutus que Tutsis au sud du Rwanda. Cependant, une force de maintien de la paix, la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]], est envoyée au Rwanda pour s'assurer de l'application des accords d'Arusha.
 
Le {{date-|22|décembre|1993}}, un renforcement du soutien aux milices hutus est décidé au cours d'une réunion d'officiers dans le bureau du {{Lien|langue=en|trad=Déogratias Nsabimana|fr=Déogratias Nsabimana|texte=général Nsabimana}}, [[Chef d'État-Major des armées|chef d'état-major]] des FAR. Dans leur rapport sur cette réunion, les services de renseignements belges écrivent le {{date-|27|décembre|1993-}} : {{Citation|Les Interahamwe sont armés jusqu'aux dents et en état d'alerte. Beaucoup d'entre eux ont reçu un entraînement au camp militaire du [[District de Bugesera|Bugesera]]. Chacun d'eux dispose d'une provision personnelle de [[munition]]s, de [[Grenade (arme)|grenades]], de [[Mine terrestre|mines]] et de [[couteau]]x. Ils ont reçu un [[Éducation et entraînement militaire|entraînement]] à l'usage d'[[Arme à feu|armes à feu]] qui restent stockées chez leurs chefs respectifs. Tous n'attendent que le moment approprié pour passer à l'action}}<ref>HRW, FDIH, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala (1999), {{p.|174-175}}.</ref>.
Au début de l'année 1994, l'installation du gouvernement transitoire à base élargie (GTBE), prévue par les accords d'Arusha, est reportée semaine après semaine, malgré plusieurs tentatives d'intronisation. Ce report augmente la méfiance de chaque partie et recule la démobilisation des forces armées. Des machettes sont importées par l'entourage du président Habyarimana, tandis que le FPR renforce son armement<ref>HRW, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda'', Karthala (1999), {{p.|10}}.</ref> et la tension monte à partir de fin janvier 1994. Les attentats à la grenade et les assassinats<ref>Le 21 février 1994, M. Félicien Gatabazi, ministre des Travaux publics et secrétaire général du [[Parti social-démocrate (Rwanda)|PSD]], est assassiné, et le lendemain, M. Martin Buchnyana, président de la [[Coalition pour la défense de la République|CDR]] est également tué en représailles. Dans les deux jours qui suivent, une trentaine de personnes sont tuées.</ref> se multiplient. De nombreuses caches d'armes sont mises en place, et l'intention génocidaire est avérée<ref>Voir la dénonciation qui en avait été faite à l'ONU à Kigali dans le rapport Brunel de l'ambassade de France le 12 janvier 1994 [http://www.francerwandagenocide.org/documents/Bunel12janvier1994.pdf en ligne] : « éliminer 1 000 d'entre eux (les Tutsi) dans la première heure du déclenchement des troubles ».</ref>{{refins}}. Fin mars 1994, alors qu'une dernière tentative d'installation du GTBE échoue, la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]] observe que le FPR viole à plusieurs reprises les accords de cessez-le-feu au nord du pays, et que les [[Forces armées rwandaises|FAR]] recrutent des jeunes gens parmi les réfugiés Hutus ayant fui le Burundi.
 
Au début de l'année 1994, l'installation du gouvernement transitoire à base élargie (GTBE), prévue par les accords d'Arusha, est reportée semaine après semaine, malgré plusieurs tentatives d'intronisation. Ce report augmente la méfiance de chaque partie et recule la démobilisation des forces armées. Des [[Machette|machettes]] sont importées par l'entourage du président Habyarimana, tandis que le FPR renforce son armement<ref>HRW, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda'', Karthala (1999), {{p.|10}}.</ref> et la tension monte à partir de fin {{date-|janvier 1994}}. Les attentats à la grenade et les assassinats<ref>Le 21 février 1994, Félicien Gatabazi, ministre des Travaux publics et secrétaire général du [[Parti social-démocrate (Rwanda)|PSD]], est assassiné, et le lendemain, Martin Buchnyana, président de la [[Coalition pour la défense de la République|CDR]] est également tué en représailles. Dans les deux jours qui suivent, une trentaine de personnes sont tuées.</ref> se multiplient. De nombreuses caches d'armes sont mises en place, et l'intention génocidaire est avérée<ref>Voir la dénonciation qui en avait été faite à l'ONU à Kigali dans le rapport Brunel de l'ambassade de France le 12 janvier 1994 [http://www.francerwandagenocide.org/documents/Bunel12janvier1994.pdf en ligne] : « éliminer {{formatnum:1000}} d'entre eux (les Tutsi) dans la première heure du déclenchement des troubles ».</ref>{{refins}}. Fin {{date-|mars 1994}}, alors qu'une dernière tentative d'installation du GTBE échoue, la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]] observe que le FPR viole à plusieurs reprises les accords de cessez-le-feu au nord du pays, et que les [[Forces armées rwandaises|FAR]] recrutent des jeunes gens parmi les réfugiés Hutus ayant fui le Burundi.
== Le déroulement du génocide ==
 
== Déroulement du génocide ==
=== Chronologie ===
{{date-|6 avril 1994}} : les présidents rwandais et burundais, [[Juvénal Habyarimana]] et [[Cyprien Ntaryamira]], meurent, lorsque leur avion, qui s'apprêtait à atterrir à Kigali, est [[attentat du 6 avril 1994 au Rwanda|abattu par un missile]]. Cet attentat, qui n'a pas été élucidé jusqu'à présent, est considéré comme l'élément déclencheur du génocide. Dans la nuit, les troupes du [[Front patriotique rwandais]] (FPR) stationnées près de la frontière ougandaise font mouvement vers Kigali<ref>[http://rwandadelaguerreaugenocide.univ-paris1.fr/wp-content/uploads/2010/01/chronologie.pdf « Repères chronologiques »], {{p.|7}} (Annexe de l'étude d'André Guichaoua, ''Rwanda, de la guerre au génocide'', La Découverte, 2010).</ref>.
 
{{date-|7 avril 1994}} : la première ministre [[Agathe Uwilingiyimana]] et plusieurs autres personnalités politiques hutus modérées sont assassinées, empêchant tout règlement pacifique de la crise, ainsi que dix casques bleus belges de la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]]. Des barrières sont dressées par des milices hutues à Kigali puis dans le reste du pays, et, au vu de leurs cartes d'identité, les Tutsis sont systématiquement assassinés.
'''[[6 avril]] 1994 ''': les présidents rwandais et burundais, [[Juvénal Habyarimana]] et [[Cyprien Ntaryamira]], meurent, lorsque leur avion, qui s'apprêtait à atterrir à Kigali, est [[Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda)|abattu par un missile]]. Cet attentat, qui n'a pas été élucidé jusqu'à présent, est considéré comme l'élément déclencheur du génocide. Dans la nuit, les troupes du [[Front patriotique rwandais]] (FPR) stationnées près de la frontière ougandaise font mouvement vers Kigali<ref>[http://rwandadelaguerreaugenocide.univ-paris1.fr/wp-content/uploads/2010/01/chronologie.pdf « Repères chronologiques »], {{p.|7}} (Annexe de l'étude d'André Guichaoua, ''Rwanda, de la guerre au génocide'', La Découverte, 2010).</ref>.
 
{{date-|8 avril 1994}} : la France et la Belgique [[Opération Amaryllis|évacuent leurs ressortissants]]. Dans les jours qui suivent, des centres où se réfugient les Tutsis (écoles, églises…) sont attaqués et leurs occupants massacrés par des Hutus extrémistes, appuyés dans certains endroits par des éléments de la garde présidentielle.
'''[[7 avril]] 1994 ''': la première ministre [[Agathe Uwilingiyimana]] et plusieurs autres personnalités politiques hutus modérées sont assassinées, empêchant tout règlement pacifique de la crise, ainsi que dix casques bleus belges de la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]]. Des barrières sont dressées par des milices Hutu à Kigali puis dans le reste du pays, et, au vu de leurs cartes d'identité, les Tutsis sont systématiquement assassinés.
 
{{date-|14 avril 1994}} : le gouvernement belge annonce qu'il retire son contingent de casques bleus de la MINUAR.
'''[[8 avril]] 1994 ''': la France et la Belgique [[Opération Amaryllis|évacuent leurs ressortissants]]. Dans les jours qui suivent, des centres où se réfugient les Tutsis (écoles, églises…) sont attaqués et leurs occupants massacrés par des Hutus extrémistes, appuyés dans certains endroits par des éléments de la garde présidentielle.
 
{{date-|21 avril 1994}} : après avoir constaté les difficultés à mettre en place un cessez-le-feu entre le FPR et les [[Forces armées rwandaises|FAR]] et l'échec probable du processus d'Arusha, le Conseil de sécurité des Nations unies (où siège le Rwanda depuis le {{date-|1 janvier 1994}}), après avoir hésité une semaine entre diverses options (renforcement de la MINUAR, ou bien maintien sous condition, ou bien maintien d'une force réduite, ou bien retrait total), prend la décision de réduire la MINUAR à un strict minimum. Cette force de maintien de la paix passe de {{nombre|2500|à=250|hommes}} et a pour but de servir d'intermédiaire entre les deux parties. Ses possibilités de secours humanitaire ou de protection des populations sont extrêmement réduites<ref>[http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/912(1994) Résolution 912] du Conseil de sécurité, s'appuyant sur le [http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/1994/470 rapport 470] du secrétaire général.</ref>.
'''[[14 avril]] 1994 ''': le gouvernement belge annonce qu'il retire son contingent de casques bleus de la MINUAR.
 
{{date-|30 avril 1994}} : le Conseil de sécurité de l'ONU exige un cessez-le-feu entre les FAR et le FPR, mais se limite à des actions diplomatiques et humanitaires. Dans une déclaration de son président, le Conseil de sécurité désigne à demi-mot le responsable principal des tueries (« Des attaques contre des civils sans défense ont été lancées dans tout le pays, et en particulier dans des zones contrôlées par des membres ou des partisans des forces armées du Gouvernement intérimaire du Rwanda »). Il se refuse cependant à prononcer le mot de génocide, même s'il rappelle que « l’élimination des membres d’un groupe ethnique avec l’intention de détruire ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui tombe sous le coup du droit international », ce qui est quasiment mot à mot les termes de la [[Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide|Convention sur le génocide]]<ref>[http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/PRST/1994/21 Déclaration du président] du Conseil de sécurité.</ref>. À cette date, le nombre de victimes civiles est estimé<ref>{{Lien web|url=https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N99/395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=24}}</ref> à {{nombre|200000}}. Le terme explicite de génocide est quant à lui déjà utilisé depuis plusieurs jours par plusieurs intervenants<ref name="UtilisationTermeGenocide">Le terme de génocide a été utilisé par la presse dès le 11 avril (Jean-Philippe Cetti, ''Kigali livré à la fureur des tueurs Hutus'', Libération), par l'ONG [[Oxfam International|OXFAM]] le 24 avril (''cf.'' Roméo Dallaire, ''J'ai serré la main du diable'', Libre Expression (2003), {{p.|421}}, qui commence à l'utiliser lui-même dans ces rapports à l'ONU dès cette date), par le [[Pape]] [[Jean-Paul II]] lors de l’audience générale du 27 avril 1994 en appelant les fidèles à une prière fervente pour le Rwanda et en invitant « ceux qui détiennent les responsabilités à une action généreuse et efficace pour que cesse ce génocide » (''Osservatore Romano'' du 3 mai 1994). Il sera également utilisé par M. [[Boutros Boutros-Ghali]] lors d’un entretien télévisé à la télévision américaine le 4 mai et par M. [[Alain Juppé]], le 15 mai 1994, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres de l'Union européenne à Bruxelles, puis, deux jours plus tard à l'Assemblée Nationale. ''cf.'' [http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/rwanda/r1271.asp#P4387_632478 Rapport des députés français, Des massacres au génocide].</ref>.
'''[[21 avril]] 1994 ''': après avoir constaté les difficultés à mettre en place un cessez-le-feu entre le FPR et les [[Forces armées rwandaises|FAR]] et l'échec probable du processus d'Arusha, le Conseil de sécurité des Nations unies (où siège le Rwanda depuis le {{1er janvier}} 1994), après avoir hésité une semaine entre diverses options (renforcement de la MINUAR, ou bien maintien sous condition, ou bien maintien d'une force réduite, ou bien retrait total), prend la décision de réduire la MINUAR à un strict minimum. Cette force de maintien de la paix passe de 2 500 à 250 hommes et a pour but de servir d'intermédiaire entre les deux parties. Ses possibilités de secours humanitaire ou de protection des populations sont extrêmement réduites<ref>[http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/912(1994) Résolution 912] du Conseil de sécurité, s'appuyant sur le [http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/1994/470 rapport 470] du secrétaire général.</ref>.
 
{{date-|17 mai 1994}} : le Conseil de sécurité de l'ONU décrète un embargo sur les armes à destination du Rwanda<ref>[http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/918%281994%29 résolution 918] du Conseil de sécurité.</ref>. Cet embargo sera peu respecté, des armes continuant à arriver par [[Goma]] pour armer les FAR, et par l'[[Ouganda]] pour armer le FPR.
'''30 avril 1994 ''': le Conseil de sécurité de l'ONU exige un cessez-le-feu entre les FAR et le FPR, mais se limite à des actions diplomatiques et humanitaires. Dans une déclaration de son président, le Conseil de sécurité désigne à demi-mot le responsable principal des tueries (« Des attaques contre des civils sans défense ont été lancées dans tout le pays, et en particulier dans des zones contrôlées par des membres ou des partisans des forces armées du Gouvernement intérimaire du Rwanda »). Il se refuse cependant à prononcer le mot de génocide, même s'il rappelle que « l’élimination des membres d’un groupe ethnique avec l’intention de détruire ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui tombe sous le coup du droit international », ce qui est quasiment mot à mot les termes de la Convention sur le génocide<ref>[http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/PRST/1994/21 Déclaration du président] du Conseil de sécurité.</ref>. À cette date, le nombre de victimes civiles est estimé<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/1999/1257 Rapport de la commission indépendante d'enquête] sur les actions de l'ONU lors du génocide de 1994 au Rwanda (15 décembre 1999), {{p.|24}}.</ref> à {{nombre|200000}}. Le terme explicite de génocide est quant à lui déjà utilisé depuis plusieurs jours par plusieurs intervenants<ref name=UtilisationTermeGenocide>Le terme de génocide a été utilisé par la presse dès le 11 avril (Jean-Philippe Cetti, ''Kigali livré à la fureur des tueurs Hutus'', Libération), par l'ONG [[Oxfam International|OXFAM]] le 24 avril (''cf.'' Roméo Dallaire, ''J'ai serré la main du diable'', Libre Expression (2003), {{p.|421}}, qui commence à l'utiliser lui-même dans ces rapports à l'ONU dès cette date), par le [[Pape]] [[Jean-Paul II]] lors de l’audience générale du 27 avril 1994 en appelant les fidèles à une prière fervente pour le Rwanda et en invitant « ceux qui détiennent les responsabilités à une action généreuse et efficace pour que cesse ce génocide » (''Osservatore Romano'' du 3 mai 1994). Il sera également utilisé par M. [[Boutros Boutros-Ghali]] lors d’un entretien télévisé à la télévision américaine le 4 mai et par M. [[Alain Juppé]], le 15 mai 1994, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres de l'Union européenne à Bruxelles, puis, deux jours plus tard à l'Assemblée Nationale. ''cf.'' [http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/rwanda/r1271.asp#P4387_632478 Rapport des députés français, Des massacres au génocide].</ref>.
 
{{date-|31 mai 1994}} : un rapport du secrétaire général des Nations-Unies au Conseil de sécurité évalue le nombre de victimes entre {{nombre|250 000}} et {{nombre|500 000}}. Ce rapport souligne également que « les massacres et les tueries avaient été systématiques et qu'il ne faisait guère de doute que les événements en question constituent un génocide ». Ses conclusions énoncent que « la réaction tardive de la communauté internationale à la situation tragique que connaît le Rwanda démontre de manière éloquente qu'elle est totalement incapable de prendre d'urgence des mesures décisives pour faire face aux crises humanitaires étroitement liées à un conflit armé. Après avoir rapidement ramené la présence sur le terrain de la MINUAR à son niveau minimum, puisque le mandat initial de celle-ci ne lui permettait pas d'intervenir lorsque les massacres ont commencé, la communauté internationale, près de deux mois plus tard, semble paralysée, même s'agissant du mandat révisé établi par le Conseil de sécurité. Nous devons tous reconnaître, à cet égard, que nous n'avons pas su agir pour que cesse l'agonie du Rwanda et que, sans mot dire, nous avons ainsi accepté que des êtres
'''[[17 mai]] 1994 ''': le Conseil de sécurité de l'ONU décrète un embargo sur les armes à destination du Rwanda<ref>[http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/918%281994%29 résolution 918] du Conseil de sécurité.</ref>. Cet embargo sera peu respecté, des armes continuant à arriver par [[Goma]] pour armer les FAR, et par l'[[Ouganda]] pour armer le FPR.
humains continuent de mourir »<ref>{{Lien web|url=https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N99/395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=28}}</ref>.
 
{{date-|8 juin 1994}} : le Conseil de sécurité dénonce les actes de génocide<ref>L'utilisation des termes « actes de génocide » en lieu et place du terme « génocide » est dû à un compromis, la Chine s'étant opposée à l'utilisation du terme seul. cf {{Lien web|url=https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N99/395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=29}}</ref> commis au Rwanda. Il étend le mandat de la MINUAR aussi bien dans la durée (prolongation jusqu'en {{date-|décembre 1994}}), que dans les moyens d'action (défense des sites de réfugiés). Il appelle les États membres de l'ONU à apporter des ressources pour permettre le renforcement de la MINUAR<ref>[http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/925%281994%29 Résolution 925] du Conseil de sécurité.</ref>. Devant l'avancée du FPR et par crainte de représailles, {{nombre|1500000}} Hutus fuient vers l'ouest du pays.
'''[[31 mai]] 1994 ''': un rapport du secrétaire général des Nations-Unies au Conseil de sécurité évalue le nombre de victimes entre {{nombre|250 000}} et {{nombre|500 000}}. Ce rapport souligne également que « les massacres et les tueries avaient été systématiques et qu'il ne faisait guère de doute que les événements en question constituent un génocide ». Ses conclusions énoncent que « la réaction tardive de la communauté internationale à la situation tragique que connaît le Rwanda démontre de manière éloquente qu'elle est totalement incapable de prendre d'urgence des mesures décisives pour faire face aux crises humanitaires étroitement liées à un conflit armé. Après avoir rapidement ramené la présence sur le terrain de la MINUAR à son niveau minimum, puisque le mandat initial de celle-ci ne lui permettait pas d'intervenir lorsque les massacres ont commencé, la communauté internationale, près de deux mois plus tard, semble paralysée, même s'agissant du mandat révisé établi par le Conseil de sécurité. Nous devons tous reconnaître, à cet égard, que nous n'avons pas su agir pour que cesse l'agonie du Rwanda et que, sans mot dire, nous avons ainsi accepté que des êtres
humains continuent de mourir »<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/1999/1257 Rapport de la commission indépendante] sur les actions de l'ONU pendant le génocide de 1994 au Rwanda, {{p.|28}}.</ref>.
 
{{date-|22 juin 1994}} : avec l'autorisation de l'ONU<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/929(1994) Résolution 929] du Conseil de sécurité.</ref>, la France lance l'[[opération Turquoise]] : des soldats français arrivent dans le sud-ouest du Rwanda pour établir une zone humanitaire sécuritaire pour les réfugiés. Pourtant, les massacres de Tutsis continuent, même dans la « zone de sécurité » contrôlée par la France.
'''[[8 juin]] 1994 ''': le Conseil de sécurité dénonce les actes de génocide<ref>L'utilisation des termes « actes de génocide » en lieu et place du terme « génocide » est dû à un compromis, la Chine s'étant opposée à l'utilisation du terme seul. cf [http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/1999/1257 Rapport de la commission indépendante] sur les actions de l'ONU pendant le génocide de 1994 au Rwanda, {{p.|29}}.</ref> commis au Rwanda. Il étend le mandat de la MINUAR aussi bien dans la durée (prolongation jusqu'en décembre 1994), que dans les moyens d'action (défense des sites de réfugiés). Il appelle les États membres de l'ONU à apporter des ressources pour permettre le renforcement de la MINUAR<ref>[http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/925%281994%29 Résolution 925] du Conseil de sécurité.</ref>. Devant l'avancée du FPR et par crainte de représailles, {{nombre|1500000}} Hutus fuient vers l'ouest du pays.
 
{{date-|4 juillet 1994}} : prise de contrôle de la capitale par le FPR.
'''22 juin 1994 ''': avec l'autorisation de l'ONU<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/929(1994) Résolution 929] du Conseil de sécurité.</ref>, la France lance l'[[opération Turquoise]] : des soldats français arrivent dans le sud-ouest du Rwanda pour établir une zone humanitaire sécuritaire pour les réfugiés. Pourtant, les massacres de Tutsis continuent, même dans la « zone de sécurité » contrôlée par la France.
 
{{date-|16 juillet 1994}} : alors que les FAR sont en déroute, un communiqué de la [[Maison-Blanche]] annonce la fermeture de l'ambassade du Rwanda aux États-Unis, l'expulsion de son personnel, l'annonce de consultations auprès des membres du Conseil de sécurité de l'ONU dans le but de retirer son siège au Rwanda, et le blocage des avoirs financiers du Rwanda aux États-Unis<ref>Roméo Dallaire, ''J'ai serré la main du diable'', Libre Expression (2003), {{p.|583}}.</ref>.
'''4 juillet 1994 ''': prise de contrôle de la capitale par le FPR.
 
La date couramment retenue comme fin du génocide est le {{date-|17 juillet 1994}}, date où le FPR contrôle l'essentiel du pays. À cette date, {{nombre|800000|Tutsis}} ou Hutus modérés ont été massacrés. Un million de Rwandais, fuyant le FPR, ont franchi la frontière avec le [[Zaïre]]<ref>{{Lien web|url=https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N99/395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=31}}</ref>. Les forces armées rwandaises (FAR), les dirigeants et exécutants hutu fuient également au Zaïre dont la frontière est contrôlée par l'opération Turquoise, qui les laisse passer avec leur armement<ref>Patrick de Saint-Exupéry, ''L'inavouable, la France au Rwanda'', Les arènes (2003), {{p.|132}}.</ref>. Le drame va maintenant toucher cette population, qui a parfois été contrainte de participer activement au génocide, et désormais prise en étau entre le FPR et les milices responsables du génocide, qui prennent la direction des camps de réfugiés. Le {{date-|18 juillet}}, le FPR déclare un cessez-le-feu unilatéral. Le 19, il met en place un gouvernement d'union nationale pour une période transitoire de cinq ans. [[Pasteur Bizimungu]], un Hutu du FPR, devient alors chef de l'État. [[Paul Kagame]] qui commande l'armée du FPR devient vice-président. [[Faustin Twagiramungu]], qui a survécu au génocide, est nommé Premier ministre, comme le prévoyait les accords d'Arusha<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=100 jours de massacres|url=https://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/rwanda/rwanda_2.html|site=ici.radio-canada.ca|date=}}.</ref>.
'''16 juillet 1994 ''': alors que les FAR sont en déroute, un communiqué de la [[Maison-Blanche]] annonce la fermeture de l'ambassade du Rwanda aux États-Unis, l'expulsion de son personnel, l'annonce de consultations auprès des membres du Conseil de sécurité de l'ONU dans le but de retirer son siège au Rwanda, et le blocage des avoirs financiers du Rwanda aux États-Unis<ref>Roméo Dallaire, ''J'ai serré la main du diable'', Libre Expression (2003), {{p.|583}}.</ref>.
 
=== Premiers jours ===
La date couramment retenue comme fin du génocide est le 17 juillet 1994, date où le FPR contrôle l'essentiel du pays. À cette date, {{nombre|800 000}} Tutsis ou Hutus modérés ont été massacrés. Un million de Rwandais, fuyant le FPR, ont franchi la frontière d'avec le [[Zaïre]]<ref>[http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/1999/1257 Rapport de la commission indépendante d'enquête] sur les actions de l'ONU lors du génocide de 1994 au Rwanda, {{p.|31}}.</ref>. Les forces armées rwandaises (FAR), les dirigeants et exécutants hutu fuient également au Zaïre dont la frontière est contrôlée par l'opération Turquoise qui les laisse passer avec leur armement<ref>Patrick de Saint-Exupéry, ''L'inavouable, la France au Rwanda'', Les arènes (2003), {{p.|132}}.</ref>. Le drame va maintenant toucher cette population, qui a parfois été contrainte de participer activement au génocide, et désormais prise en étau entre le FPR et les milices responsables du génocide, qui prennent la direction des camps de réfugiés. Le [[18 juillet]], le FPR déclare un cessez-le-feu unilatéral. Le [[19 juillet|19]], il met en place un gouvernement d'union nationale pour une période transitoire de cinq ans. [[Pasteur Bizimungu]], un Hutu du FPR, devient alors chef de l'État. [[Paul Kagame]] qui commande l'armée du FPR devient vice-président. [[Faustin Twagiramungu]], qui a survécu au génocide, est nommé Premier ministre, comme le prévoyait les accords d'Arusha<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=100 jours de massacres|url=https://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/rwanda/rwanda_2.html|site=ici.radio-canada.ca|date=|consulté le=}}</ref>.
{{Article détaillé | Événements initiaux du génocide des Tutsis au Rwanda {{!}} Événements initiaux du génocide des Tutsi au Rwanda}}
{{Article connexe|Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda}}
[[Fichier:Rwandan Genocide Murambi bodies.jpg|vignette|Des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda.]]
 
Le {{Date-|6|avril|1994}}, le président du [[Rwanda]] [[Juvénal Habyarimana]] est assassiné. Alors qu'il s'apprêtait à atterrir à [[Kigali]], son avion est abattu par un tir de missile et s'écrase. Il n'y a aucun survivant. L'avion transportait aussi le président [[Burundi|burundais]] [[Cyprien Ntaryamira]]. Aucune enquête internationale n'a permis d'identifier les auteurs de cet attentat<ref>Les responsabilités sont étudiées dans le chapitre [[Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda]].</ref>. Les deux principales hypothèses soupçonnent l'une le [[Hutu Power]] et l'autre le [[Front patriotique rwandais|FPR]], avec d'éventuels soutiens internationaux<ref>L'envoyé spécial de la commission des droits de l'Homme de l'ONU au Rwanda a affirmé devant les sénateurs belges que, chargé de cette enquête en mai 1994, il avait été empêché d'enquêter par l'attitude des militaires rwandais et français et par l'absence de financement spécifique de la part du Conseil de sécurité. Le juge anti-terroriste français [[Jean-Louis Bruguière]] a mené une enquête dirigée contre le FPR, mais n'a fait examiner aucun élément matériel de l'épave, qui seule permettrait de savoir par quel moyen cet avion a été abattu.</ref>. En janvier [[2012]], les résultats d'un rapport balistique demandé par le juge [[Marc Trévidic]], qui succède à [[Jean-Louis Bruguière]] dans l'instruction, semblent disculper le FPR<ref>[http://www.liberation.fr/monde/01012382607-rwanda-la-preuve-d-un-genocide-planifie « Rwanda, la preuve d’un génocide planifié »], Maria Malagardis, ''Libération'', 11 janvier 2012.</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/01/11/rwanda-deux-versions-en-question_1628072_3212.html « Génocide rwandais : deux versions en question »], lemonde.fr, 11 janvier 2012.</ref>, interprétation journalistique des résultats elle-même contestée<ref>[https://www.marianne.net/Rwanda-les-idiots-utiles-de-Kagame_a214914.html « Rwanda : les idiots utiles de Kagame »], marianne.net, 28 janvier 2012.</ref>. Cependant, l'ancien chef des renseignements du FPR, [[Patrick Karegeya]], accuse Paul Kagamé d'avoir fait exécuter l'attentat<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Patrick Karegeya : «Nous savons d’où les missiles sont partis»|url=http://www.rfi.fr/afrique/20130708-patrick-karegeya-nous-savons-missiles-sont-partis|site=rfi.fr|date=09-07-2013}}.</ref>, avant d'être lui-même assassiné à Johanesbourg cinq mois plus tard<ref>http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise, 31 décembre 2013.</ref>.
=== Les premiers jours ===
{{Article détaillé|Événements initiaux du génocide au Rwanda}}
 
Pendant la nuit du {{date-|6 avril}}, l'attentat fut l'élément déclencheur du génocide réalisé par le [[Hutu Power]]. Sur les ondes de la [[Radio télévision libre des Mille Collines|Radio des Mille Collines]], radio de propagande de l'[[Akazu]], le signal du début du génocide fut, dit-on, la phrase entendue depuis quelques jours : « Abattez les grands arbres »<ref>Cet épisode est évoqué dans le film ''[[Hôtel Rwanda]]''. Il repose sur des témoignages. L'équipe de Jean-Pierre Chrétien ne dispose pas des enregistrements des émissions du {{1er}} au 6 avril 1994 dans les sources du livre ''les Médias du génocide''.</ref>.
[[Image:Rwandan Genocide Murambi bodies.jpg|thumb|Des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda.]]
 
Le {{Date|6|avril|1994}}, le président du [[Rwanda]] [[Juvénal Habyarimana]] est assassiné. Alors qu'il s'apprêtait à atterrir à [[Kigali]], son avion est abattu par un tir de missile et s'écrase. Il n'y a aucun survivant. L'avion transportait aussi le président [[Burundi|burundais]] [[Cyprien Ntaryamira]]. Aucune enquête internationale n'a permis d'identifier les auteurs de cet [[Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda)|attentat]]<ref>Les responsabilités sont étudiées dans le chapitre [[Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda)]].</ref>. Les deux principales hypothèses soupçonnent l'une le [[Hutu Power]] et l'autre le [[Front patriotique rwandais|FPR]], avec d'éventuels soutiens internationaux<ref>L'envoyé spécial de la commission des droits de l'Homme de l'ONU au Rwanda a affirmé devant les sénateurs belges que, chargé de cette enquête en mai 1994, il avait été empêché d'enquêter par l'attitude des militaires rwandais et français et par l'absence de financement spécifique de la part du Conseil de sécurité. Le juge anti-terroriste français [[Jean-Louis Bruguière]] a mené une enquête dirigée contre le FPR, mais n'a fait examiner aucun élément matériel de l'épave, qui seule permettrait de savoir par quel moyen cet avion a été abattu.</ref>. En janvier [[2012]], les résultats d'un rapport balistique demandé par le juge [[Marc Trévidic]], qui succède à [[Jean-Louis Bruguière]] dans l'instruction, semblent disculper le FPR<ref>[http://www.liberation.fr/monde/01012382607-rwanda-la-preuve-d-un-genocide-planifie « Rwanda, la preuve d’un génocide planifié »], Maria Malagardis, ''Libération'', 11 janvier 2012.</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/01/11/rwanda-deux-versions-en-question_1628072_3212.html « Génocide rwandais : deux versions en question »], lemonde.fr, 11 janvier 2012.</ref>, interprétation journalistique des résultats elle-même contestée<ref>[https://www.marianne.net/Rwanda-les-idiots-utiles-de-Kagame_a214914.html « Rwanda : les idiots utiles de Kagame »], marianne.net, 28 janvier 2012.</ref>. Cependant, l'ancien chef des renseignements du FPR, [[Patrick Karegeya]], accuse Paul Kagamé d'avoir fait exécuter l'attentat<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Patrick Karegeya : «Nous savons d’où les missiles sont partis»|url=http://www.rfi.fr/afrique/20130708-patrick-karegeya-nous-savons-missiles-sont-partis|site=rfi.fr|date=09-07-2013|consulté le=}}</ref>, avant d'être lui-même assassiné à Johanesbourg cinq mois plus tard<ref>http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise, 31 décembre 2013</ref>.
 
Pendant la nuit du 6 avril, [[attentat du 6 avril 1994 (Rwanda)|l'attentat]] fut l'élément déclencheur du génocide réalisé par le [[Hutu Power]]. Sur les ondes de la [[Radio Télévision Libre des Mille Collines|Radio des Mille Collines]], radio de propagande de l'[[Akazu]], le signal du début du génocide fut, dit-on, la phrase entendue depuis quelques jours : « Abattez les grands arbres »<ref>Cet épisode est évoqué dans le film ''[[Hotel Rwanda]]''. Il repose sur des témoignages. L'équipe de Jean-Pierre Chrétien ne dispose pas des enregistrements des émissions du {{1er}} au 6 avril 1994 dans les sources du livre ''les Médias du génocide''.</ref>.
 
Les massacres des opposants hutu dans les premières heures, puis de milliers de Tutsis commencent aussitôt et simultanément dans une grande partie du Rwanda, à l'exception notoire des régions de Gitarama et de [[Butare]] dans le sud<ref>Butare était la seule préfecture dont le préfet était un Tutsi.</ref>.
 
Le {{date-|7 avril 1994}}, plusieurs dirigeants de partis d'opposition et plusieurs responsables gouvernementaux, dont la Première ministre [[Agathe Uwilingiyimana]] sont assassinés par la garde présidentielle. Il en est de même de dix [[Régiment Para-Commando (Belgique)|Para-Commando's]] belges, du {{2e}} bataillon commando intégré dans les [[Force de maintien de la paix des Nations unies |Casques bleus]] de la force d'interposition de l'ONU, qui avaient pour mission de protéger {{Mme}} Uwilingiyimana<ref>N'étant munis que d'armes légères, ils ne furent pas en état de pouvoir résister. cf Conseil de guerre de Bruxelles 07-04-1994, in journal [http://archives.lesoir.be/le-colonel-luc-marchal-devant-la-cour-militaire-7-avril_t-19960508-Z0C286.html?queryand=%22conseil+de+guerre%22+de+Bruxelles+rwanda&firstHit=0&by=10&when=-1&begYear=1989&begMonth=01&begDay=01&endYear=2014&endMonth=04&endDay=15&sort=datedesc&rub=TOUT&pos=7&all=12&nav=1 ''Le Soir Bruxelles'']. Ce commando était aussi composé de cinq Casques bleus ghanéens qui furent aussi capturés avec les Belges, mais qui furent relâchés.</ref>. Cet assassinat des Casques bleus belges entraîne la décision du gouvernement belge de retirer sa participation à l'opération, décision entérinée par l'ONU. Peu après, le [[Vice-Premier ministre de Belgique|vice-Premier ministre]] et [[Service public fédéral Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]] belge du [[Gouvernement_Dehaene_I#Remaniement_du_23_janvier_1994|gouvernement Jean-Luc Dehaene I]], [[Willy Claes]], a incité les Nations unies à retirer toutes les troupes de l'ONU en dépit du fait que le génocide avait été prévu<Ref>{{Citation |Belgium starts campaigning for a total withdrawal of [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda |UNAMIR]]}} [La Belgique commence une campagne pour le retrait total de l'ONU], in: [https://books.google.be/books?id=9Tq_zbETHHwC&pg=PA191#v=onepage&q&f=false Frederik Grünfeld Anke Huijboom, ''The Failure to Prevent Genocide in Rwanda: The Role of Bystanders''] (Volume 23, {{Citation |International and Comparative Criminal Law Series}}), [[Martinus Nijhoff Publishers]], 2007, 299 pages {{ISBN| 9004157816 | 9789004157811}}, p. 191-196 </ref>.
 
La vacance du pouvoir ainsi créée permet au colonel [[Théoneste Bagosora]], qui se révèle rapidement être l'homme fort du régime après la disparition du président [[Juvénal Habyarimana]], de créer un [[gouvernement intérimaire]] sous sa houlette.
 
Dès le {{date-|8 avril 1994}}, la France, par l'[[opération Amaryllis]], puis la [[Belgique]], par l'[[opération Silver Back]], et l'[[Italie]] évacuent leurs ressortissants et ceux d'autres pays occidentaux. Un convoi de ressortissants américains part dans les heures qui suivent l'attentat vers le [[Burundi]], où les attendent des forces [[États-Unis|américaines]] en stationnement.
 
=== Cent jours d'extermination ===
[[ImageFichier:Rwandan Genocide Murambi skulls.jpg|300px|thumb|leftvignette|Ossements de victimes du génocide des Tutsis au Rwanda.]]
 
Les exécutions se déroulent pendant trois mois. Dans un pays administrativement bien structuré malgré la reprise du conflit avec le FPR, les ordres issus du gouvernement sont relayés par les préfets, qui les transmettent à leur tour aux bourgmestres, lesquels organisent des réunions dans chaque village pour informer la population des consignes données, avec l'appui de gendarmes ou de soldats, ainsi que du clergé. Les ordres sont également transmis par la ''[[Radio Télévision Libre des Mille Collines]]'' qui encourage et guide jour après jour, heure par heure le génocide, dénonçant les Tutsis encore vivants à tel ou tel endroit. L'enrôlement de la population pour participer aux tueries est favorisé par la coutume de l’''umuganda'', journée de travail collectif où la population est rassemblée, selon une méthode déjà employée dans les massacres de Mutara en 1990 ou [[Massacres du Bugesera|du Bugesera en 1992]]. Mais le « travail » consiste désormais à massacrer à travers tout le pays les Tutsis, ainsi que certains Hutus modérés réputés hostiles à ce projet et considérés comme des « traîtres ». Ce « travail » est dirigé par les milices [[interahamwe]] (issue du [[Mouvement révolutionnaire national pour le développement]], le parti présidentiel) et [[Impuzamugambi]] (issue de la CDR, [[Coalition pour la défense de la République]], organisation extrémiste composée de durs du régime Habyarimana), parfois assistées par les [[Forces armées rwandaises|FAR]], le reste de la population suivant de gré ou de force<ref>Ceux qui participent aux massacres sont récompensés par la prise de possession des terres de leurs victimes, ou par le pillage de leur bien. Ceux qui refusent sont mis à l'amende, harcelés, voire menacés de mort.</ref>. La population utilise essentiellement des [[machette]]s, des [[:fr:Houe|houeshoue]]s et des gourdins cloutés, les « outils »<ref>HRW, FIDH, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Khartala, (1999), {{p.|13}}.</ref>. [[File:Ntarama Church Genocide Memorial - Flickr - Dave Proffer (10).jpg|vignette|Machettes et gourdins – [[Mémorial du génocide à Ntarama|Mémorial de Ntarama]].]]
 
Des barrières sont montées sur toutes les routes du Rwanda pour arrêter les fuyards qui sont massacrés sur place. Généralement les autorités locales, parfois sous la pression de hiérarchies parallèles organisées par les préfets, prétextent la mise en sécurité des Tutsis pour les regrouper dans des lieux publics comme les stades, les bâtiments communaux, les écoles et les églises. Ensuite des groupes de miliciens achèvent les personnes, parfois précédés par les [[Forces armées rwandaises|FAR]] qui commencent « le travail » avec des armements adaptés, des grenades notamment. Enfin les maisons de Tutsis sont systématiquement visitées par les miliciens pour sortir ceux qui s'y cachent et les massacrer.
 
Les massacres atteindront des sommets dans l'horreur. L'ampleur du massacre (en trois mois, 1 million de personnes sont tuées selon les autorités rwandaises après recensement, {{formatnum:800000}} selon l'ONU<ref>Voir [http{{Lien web|url=https://wwwdocuments-dds-ny.un.org/frenchdoc/documentsUNDOC/view_doc.asp?symbol=SGEN/1999N99/1257 395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de lla commission indépendante d'ONUenquête sur leles actions de l'organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda]. (cote S/1999/1257)|date=15/12/1999}}</ref> et l'[[Organisation de l'unité africaine|OUA]]), sa cruauté (des femmes enceintes sont éventrées pour tuer les fœtus, la violence sexuelle est fréquemment employée, des tueries ont lieu au sein de familles mixtes, le sadisme se manifeste dans de nombreux cas) et le nombre d'exécutants en font un des événements les plus atroces du {{s-|XX}}. À l'inverse, des Tutsis eurent la vie sauve du fait que des Hutus avaient pris le risque de les cacher ou de leur donner de la nourriture<ref>Le psychologue belge Jacques Roisin a publié un livre en 2017 sur une vingtaine de sauveteurs, ''Dans la nuit la plus noire se cache l'humanité'' ({{Lien web|url= https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/01/recit-des-justes-du-rwanda-hommage-a-ceux-qui-ont-sauve-des-tutsi-durant-le-genocide_5194438_3212.html|titre= « Récit des Justes du Rwanda », hommage à ceux qui ont sauvé des Tutsi durant le génocide|auteur= Jean-Philippe Rémy|périodique= [[Le Monde]]|date= 2017-10-1}}).</ref>.
 
Le {{date-|12 avril 1994}}, le chefdirecteur de dl'état-majorÉcole dessupérieure militaire [[Forces armées rwandaises|(ESM)]], Leonidas Rusitara, nommé le 7colonel avrilLéonidas à la suite de la mort de son prédécesseur dans l'attentat du 6 avrilRusatira, publie avec une dizaine d'officiers des FAR un communiqué dénonçant les tueries, et proposant un cessez-le-feu avec le FPR ainsi que la reprise du processus d'Arusha. Il est limogé sur le champ par le gouvernement intérimaire et remplacé par [[Augustin Bizimungu]]. Cette tentative de retourd'appel au calme resta vaine<ref>Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala, page 238.</ref>{{,}}<ref>Roméo Dallaire, ''J'ai serré la main du diable'', Libre Expression, 2003, {{p.|373-374}}.</ref>.
 
À [[Butare]], le seul préfet tutsi du Rwanda essaye de lutter contre le développement du génocide dans sa région. Il est destitué le {{date-|17 avril 1994}}. Le génocide démarredans vraimentcette ensuite.province Les'étend aussitôt, encouragé le {{date-|19 avril 1994}} par le président du Gouvernement intérimaire, [[Théodore Sindikubwabo]], qui vient sur place soutenir les autorités locales et la population par un appel « au travail »<ref>Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala, page 273, 500 et suivantes.</ref>.
 
Dans la région de [[Kibuye]], dans le massif montagneux de [[Événements de Bisesero|Bisesero]], lieu réputé pour leur résistance à d'autres périodes, des Tutsis se sont regroupés et ont tenté de résister aux autorités locales et aux miliciens en se battant avec des armes qu'ils leur prenaient. {{Nombre|65000|Tutsis}} y sont enterrés dans un mémorial. 800 survivants ont été dénombrés par les soldats de l'[[opération Turquoise]]<ref>Voir article [[Événements de Bisesero]].</ref>.
 
Une exception à [[Giti (Rwanda)|Giti]], près de Kigali, aucun Tutsi n'a été tué, grâce aux autorités locales<ref>Léonard Nduwayo, ''Giti et le génocide rwandais'', éd. de L'Harmattan, 2002.</ref>. Le bourgmestre de Giti a été félicité par le président [[Pasteur Bizimungu|Bizimungu]] après la victoire du FPR<ref>Claudine Vidal, préface à Abdul Joshua Ruzibiza, ''Rwanda, l'histoire secrète'', éd. du Panama, 2005, {{p.|35}}.</ref>.
 
Le {{date-|30 avril 1994}}, le bureau politique du [[Front patriotique rwandais]] publie un communiqué selon lequel le génocide est presque terminé. Il « appelle le [[Conseil de sécurité des Nations unies]] à ne pas autoriser le déploiement de la force proposée, parce que l'intervention des Nations unies à ce stade ne peut plus servir un quelconque but en ce qui concerne l'arrêt des massacres »<ref>{{Lien web|langue=en|format=PDF|titre=Document déclassifié du Département d'État américain|url=https://nsarchive2.gwu.edu//NSAEBB/NSAEBB117/Rw29.pdf|site=nsarchive2.gwu.edu|date=|consulté le=}}</ref>. Les massacres ne cesseront complètement que courant juillet, mais on estime que 80 % des massacres étaient accomplis à la mi-mai. Le médecin allemand Wolgang Blam qui se trouvait à [[Kibuye]] dans une région où les Tutsis étaient très nombreux (20 % de la population) et où les massacres durèrent jusqu'en juillet, témoigne dans un document qu'à partir du {{date-|16 mai 1994}} les autorités locales ont normalisé la situation en ouvrant les services publics, les banques, les transports{{etc.}} L'essentiel des massacres était alors accompli<ref>Témoignage de Wolfgang Blam publié dans le livre de Jean-Pierre Chrétien, ''Le défi de l'ethnisme : Rwanda et Burundi, 1990-1996'', Paris, Karthala, 1997 page 101 et suivantes.</ref>.
 
[[Fichier:Photographs of Genocide Victims - Genocide Memorial Center - Kigali - Rwanda.jpg|vignette|Photographies de victimes du génocide au [[Mémorial du génocide à Kigali|Centre du mémorial du génocide]] à Kigali [[Gisozi]] ([[Rwanda]]).]]
Cette observation du Docteur Blam se retrouve à l'échelon national. Il raconte d'ailleurs que des membres du gouvernement intérimaire se sont déplacés le 8 et le 16 mai à [[Kibuye]] pour lancer cette normalisation<ref>Wolfgang Blam, ''Ibid.'', paragraphe intitulé ''Normalité ordonnée'' {{p.|118-120}} : « D'abord le Premier ministre et, une semaine plus tard, le lundi 16 mai, aussi le Président du gouvernement de transition, sont venus à Kibuye […] Le marché et les magasins « hutu » non pillés furent rouverts. Une activité modérée de transport […] reprit son cours. »</ref>. À la mi-mai [[Alison Des Forges]] signale qu'il y eût débat sur la nécessité de massacrer les femmes et les enfants épargnés jusque-là dans certaines régions et que le débat fut tranché par leur extermination effective<ref>Alison Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala, page 344 et suivantes.</ref>.
 
Cette observation du Docteur Blam se retrouve à l'échelon national. Il raconte d'ailleurs que des membres du gouvernement intérimaire se sont déplacés le 8 et le {{date-|16 mai}} à [[Kibuye]] pour lancer cette normalisation<ref>Wolfgang Blam, ''Ibid.'', paragraphe intitulé ''Normalité ordonnée'' {{p.|118-120}} : « D'abord le Premier ministre et, une semaine plus tard, le lundi 16 mai, aussi le Président du gouvernement de transition, sont venus à Kibuye […] Le marché et les magasins « hutu » non pillés furent rouverts. Une activité modérée de transport […] reprit son cours. ».</ref>. À la mi-mai [[Alison Des Forges]] signale qu'il y eut débat sur la nécessité de massacrer les femmes et les enfants épargnés jusque-là dans certaines régions et que le débat fut tranché par leur extermination effective<ref>Alison Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala, page 344 et suivantes.</ref>.
 
Mais la guerre civile évoluait en faveur du FPR et c'est à ce moment que la France utilisa le terme de génocide sur le plan diplomatique, dans la perspective d'une intervention<ref name=UtilisationTermeGenocide/>.
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La plupart des rescapés trouveront refuge dans les régions du Nord-Est du Rwanda, là où le [[Front patriotique rwandais|FPR]] avance rapidement au début du génocide. Quelques rescapés réussiront à se cacher dans des marais ou des zones forestières. Les autres rescapés seront sauvés par des Hutus qui prendront le risque de les cacher, jusqu'à ce que le FPR arrive. La zone protégée par l'[[opération Turquoise]], à l'ouest du Rwanda sera la dernière zone occupée par le FPR et celle où les massacres continueront le plus longtemps{{refnec}}, les Français ayant comme la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|MINUAR]] l'ordre de « rester neutre entre les factions rwandaises ». Les Français sauvèrent toutefois {{Nombre|8000|rescapés}} du stade de Nyarushishi au sud-ouest du Rwanda et 800 autres à [[Événements de Bisesero|Bisesero]], ainsi que des groupes isolés au gré des circonstances.
 
Le génocide constitue en outre un désastre économique avec les destructions de biens (notamment les troupeaux) et les pillages. Dans la volonté d'anéantir jusqu'au souvenir des Tutsis, on détruisit aussi très souvent leurs maisons et leurs jardins, sans chercher à les utiliser autrement qu'en récupérant leurs matériaux.
 
La capitale, [[Kigali]], est prise le {{date-|4 juillet 1994}} par le [[Front patriotique rwandais|FPR]]. Le génocide coûtera la vie à des centaines de milliers de Tutsis et Hutus modérés. Les miliciens hutushutu et les FAR battent en retraite au [[République démocratique du Congo|Zaïre]] (actuelle [[République démocratique du Congo]]). Deux millions de réfugiés hutus partent également, redoutant les représailles et exactions du FPR. Le {{date-|19 juillet 1994}}, un gouvernement fondé sur les derniers [[Accords d'Arusha (Rwanda)|accords d'Arusha]], mais dominé par le FPR, prend les rênes du Rwanda. Le président de la République et le Premier ministre sont des Hutus dits modérés. Celui qui a conduit le FPR à la victoire, le général-major [[Paul Kagame]], vice-président et ministre de la Défense, devient l'homme fort du Rwanda.
 
Au fur et à mesure de son entrée au Rwanda, le FPR, tout en protégeant les Tutsis rescapés, s'est également livré à des exactions, des exécutions sommaires sans jugement et des massacres de représailles. En avril, à Kigali, plusieurs dizaines de responsables politiques ou militaires sont tuées par le FPR, parfois avec les membres de leur famille. Plusieurs centaines de personnes furent également tuées dans le stade de [[Byumba]]. Les crimes commis par les soldats du FPR furent trop répétés pour que les responsables de ce mouvement puissent l'ignorer. D'une manière générale, ils ne firent rien pour les empêcher. Après la mise en place du nouveau gouvernement, 32 militaires du FPR ont été jugés par des tribunaux militaires rwandais, dont 14 ont été condamnés pour meurtre à des peines de deux à six ans de prison<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=pe5FH3I0w5I Intervention] de [[Filip Reyntjens]] au colloque du club ''Démocraties'', le 01/04/2014, au Sénat à Paris.</ref>. Selon un rapport de Robert Gersony, consultant pour le [[Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés|HCR]], entre {{Unité/2|25000|et=45000|personnes}} ont été massacrées par le FPR entre avril et {{date-|août 1994}}<ref>[http{{Lien web|url=https://wwwdocuments-dds-ny.un.org/frenchdoc/documentsUNDOC/view_doc.asp?symbol=SGEN/1999N99/1257 395/48/pdf/N9939548.pdf|titre=Rapport de la commission indépendante d'enquête indépendante] sur les actions de l'ONUorganisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda, {{p.(cote S/1999/1257)|date=15/12/1999|page=27}}.<br />Prunier Gérard, ''Rwanda : le génocide'', Paris, Dagorno, (1997)<br />Des Forges, ''Aucun témoin ne doit survivre'', Karthala, {{p.|21-23}} et {{p.|817}} et suivantes<br />[http://survie67.free.fr/Rwanda/opposants/FPR-crimes.htm Les crimes du FPR] <br>. {{Lien web |titre=Rwanda: des tueries à l'ombre du génocide. Un rapport dénonce, aussi, les exactions des rebelles tutsis. |url=https://www.liberation.fr/planete/1999/03/31/rwanda-des-tueries-a-l-ombre-du-genocide-un-rapport-denonce-aussi-les-exactions-des-rebelles-tutsis_269021/ |date=1999-03-31 |site=Libération.fr |auteur=Stephen Smith}}.</ref>{{refins}}.
 
=== La démissionDémission de la communauté internationale ===
{{article détaillé|Rôle de la communauté internationale dans le génocide des Tutsi au Rwanda|Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda|Commission française d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda}}
Cette démission a été stigmatisée par le Général canadien [[Roméo Dallaire]] qui commandait la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda]] (MINUAR), force de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] destinée à soutenir les [[Accords d'Arusha (Rwanda)|accords d'Arusha]].
 
Il apparaît que plusieurs États, en général à travers l'ONU, dont la France, particulièrement impliquée au Rwanda, ne semblent pas avoir su ou voulu adapter leurs actions en distinguant bien les massacres génocidaires de la guerre civile. [[Israël]] est même accusée d'avoir continué de vendre des armes (fusils, balles et grenades) au gouvernement hutu durant le génocide<ref>[http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.635058 « The Israeli Guns That Took Part in the Rwanda Genocide »], ''Haaretz'', 3 janvier 2015.</ref>. En [[2016]], la Cour suprême israélienne décide que les archives des ventes d’armes d’Israël au Rwanda pendant le génocide de 1994 resteraient scellées et dissimulées au public, afin de ne pas nuire à la sécurité d'Israël et à ses relations internationales<ref>[http://fr.timesofisrael.com/les-archives-des-ventes-darmes-israeliennes-durant-le-genocide-rwandais-resteront-closes/ « Les archives des ventes d’armes israéliennes durant le génocide rwandais resteront closes »], ''The Times of Israel'', 13 avril 2016.</ref>. Les États-Unis, marqués par le [[Bataille de Mogadiscio (1993)|fiasco somalien]] récent, et l'ensemble du [[Conseil de sécurité des Nations unies]], auquel participait en 1994 le Rwanda<ref>[http://www.un.org/fr/sc/inc/searchres_sc_year_french.asp?year=1994 Liste] des membres du Conseil de sécurité en 1994.</ref>, refusèrent de qualifier à temps les massacres de [[génocide]], ce qui empêcha de faire jouer la ''Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide'' qui obligeait les États signataires à intervenir. On emploie des périphrases comme « actes de génocide ». Toutes les pressions exercées sur les belligérants mirent sur le même plan l'arrêt des massacres et l'arrêt des combats entre le FPR et les FAR ([[Forces armées rwandaises]]). L'objectif était d'obtenir un cessez-le-feu et d'arrêter les massacres.
 
Le professeur François Graner obtient en 2020 l'accès aux archives verrouillées du conseiller de Mitterrand de l'époque, [[Bruno Delaye]], et montre que la France était alertée dès février 1993 par les actes d'épuration ethnique, et les rapports de la [[Direction générale de la Sécurité extérieure|DGSE]] et de l'[[Service de renseignement|agence de renseignement]] se sont multipliés sans réaction de l'État français, alors soutien du président [[Juvénal Habyarimana|Habyarimana]]. Ce sont les observateurs français qui auraient insisté pour inclure dans le gouvernement de transition le [[Coalition pour la défense de la République|CDR]] impliqué au premier plan dans le génocide<ref>{{Ouvrage|auteur1=David Fontaine|titre=Des archives criantes sur le Rwanda|éditeur=Le Canard Enchainé|date=mercredi 20 janvier 2021|isbn=|issn=0008-5405|lire en ligne=}}</ref>. Le cabinet du ministre des affaires étrangères de l'époque, [[Alain Juppé]], a également émis un télégramme le 15 juillet 1994 à l'ambassadeur Yannick Gérard pour lui signifier sa volonté de voir les membres du gouvernement génocidaire exfiltrés au Zaïre, en accord avec le vœu du président [[François Mitterrand]] pour qui il n'était pas question de "châtier les auteurs hutus du génocide". L'exfiltration est réalisée par le lieutenant-colonel [[Jacques Hogard (colonel)|Jacques Hogard]], commandant du groupement Sud-Turquoise composé de membres de la [[Légion étrangère]]<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Fabrice Arfi |titre=Rwanda: un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires |périodique=Mediapart |date=14/02/2021 |issn=2100-0735 |lire en ligne=https://www.mediapart.fr/journal/france/140221/rwanda-un-document-prouve-l-ordre-de-la-france-de-laisser-s-enfuir-les-genocidaires?page_article=1 |pages= }}</ref>.
Pendant toute la durée du génocide, le général Roméo Dallaire est tenu par le [[Département des opérations de maintien de la paix|DOMP]], service du maintien de la Paix de l'ONU, de ne pas laisser la [[MINUAR]] intervenir par les armes pour empêcher les massacres et de tenter d'obtenir un cessez-le-feu entre le FPR et les FAR et un arrêt des massacres. Il avait déjà tenté, sans succès, d'obtenir des Nations unies l'autorisation de procéder à la saisie des caches d'armes en janvier 1994, mais le [[DOMP]], traumatisé par le fait qu'une démarche analogue en [[Somalie]] s'était traduite par la mort de plusieurs dizaines de Casques bleus, avait refusé catégoriquement<ref>Roméo Dallaire, ''J’ai serré la main du diable. La faillite de l’humanité au Rwanda'', Libre expression, 2003.</ref>. Devant cette inaction de l'ONU, le général Dallaire n'avait aucune marge de manœuvre pour tenter de protéger le peuple rwandais. Après l'assassinat de dix [[Force de maintien de la paix des Nations unies|Casques bleus]] belges et devant le refus du [[Conseil de sécurité]] de l'ONU de renforcer immédiatement la MINUAR, la [[Belgique]] décida de retirer ses soldats, qui constituaient la colonne vertébrale et la moitié des effectifs de la mission. Le 21 avril 1994, le [[Conseil de sécurité]] entérine la décision belge et réduit les effectifs de la MINUAR à 270 observateurs, soit 10 % de ce qu'elle était sur le terrain et 5 % de ce qui avait été prévu initialement<ref>Résolution 912 du 21 avril 1994. Voir [[Rôle de la communauté internationale dans le génocide au Rwanda]].</ref>.
 
Pendant toute la durée du génocide, le général Roméo Dallaire est tenu par le [[Département des opérations de maintien de la paix]] (DOMP), service du maintien de la Paix de l'ONU, de ne pas laisser la [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda]] (MINUAR) intervenir par les armes pour empêcher les massacres et de tenter d'obtenir un cessez-le-feu entre le FPR et les FAR et un arrêt des massacres. Il avait déjà tenté, sans succès, d'obtenir des Nations unies l'autorisation de procéder à la saisie des caches d'armes en {{date-|janvier 1994}}, mais le DOMP, traumatisé par le fait qu'une démarche analogue en [[Somalie]] s'était traduite par la mort de plusieurs dizaines de Casques bleus, avait refusé catégoriquement<ref>Roméo Dallaire, ''J’ai serré la main du diable. La faillite de l’humanité au Rwanda'', Libre expression, 2003.</ref>. Devant cette inaction de l'ONU, le [[Roméo Dallaire|général Dallaire]] n'avait aucune marge de manœuvre pour tenter de protéger le peuple rwandais. Après l'assassinat de dix [[Force de maintien de la paix des Nations unies|Casques bleus]] belges et devant le refus du [[Conseil de sécurité des Nations unies]] de renforcer immédiatement la MINUAR, la [[Belgique]] décida de retirer ses soldats, qui constituaient la colonne vertébrale et la moitié des effectifs de la mission. Le {{date-|21 avril 1994}}, le Conseil de sécurité entérine la décision belge et réduit les effectifs de la MINUAR à 270 observateurs, soit 10 % de ce qu'elle était sur le terrain et 5 % de ce qui avait été prévu initialement<ref>Résolution 912 du 21 avril 1994. Voir [[Rôle de la communauté internationale dans le génocide des Tutsi au Rwanda]].</ref>.
Mais à partir de la deuxième quinzaine de mai 1994, devant la gravité de la situation, elle met sur pied la MINUAR 2 qui se révèle dans l'impossibilité d'intervenir immédiatement. Devant ce retard, la France obtient des Nations unies l'organisation de l’[[opération Turquoise]] du [[22 juin]] au [[22 août]] 1994, date prévue de déploiement de la MINUAR 2. Elle obtient ensuite la création, dans le Sud-Ouest du Rwanda, d'une « zone humanitaire sûre » (ZHS), le [[4 juillet]] 1994, après quelques accrochages avec le [[Front patriotique rwandais|FPR]]. Cette opération française donna lieu à de vives controverses à travers le monde, en raison du soutien passé de la France au gouvernement rwandais.
 
Mais à partir de la deuxième quinzaine de {{date-|mai 1994}}, devant la gravité de la situation, elle met sur pied la MINUAR 2 qui se révèle dans l'impossibilité d'intervenir immédiatement. Devant ce retard, la France obtient des Nations unies l'organisation de l’[[opération Turquoise]] du {{date-|22 juin}} au {{date-|22 août 1994}}, date prévue de déploiement de la MINUAR 2. Elle obtient ensuite la création, dans le Sud-Ouest du Rwanda, d'une « zone humanitaire sûre » (ZHS), le {{date-|4 juillet 1994}}, après quelques accrochages avec le [[Front patriotique rwandais|FPR]]. Cette opération française donna lieu à de vives controverses à travers le monde, en raison du soutien passé de la France au gouvernement rwandais.
== Les conséquences du génocide ==
{{Article détaillé|Conséquences du génocide au Rwanda}}
=== La tragédie des camps de réfugiés au Zaïre ===
À la fin du génocide, à partir de la deuxième quinzaine de juillet [[1994]], une épidémie de [[choléra]] éclate dans les camps de réfugiés hutus au [[République démocratique du Congo|Zaïre]]. Sur le million de réfugiés, {{nombre|48000}} cas de choléra se déclarent et la moitié des malades en meurent<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=OMS|titre=Pandémies et conséquences du choléra|url=http://www.who.int/topics/cholera/impact/fr/|site=who.int|date=|consulté le=}}</ref>. Cet épisode, qui a été fortement médiatisé, {{refnec|a souvent été confondu avec le génocide et l'a même en grande partie occultée}}. Il a occupé une grande part de l'énergie des soldats de l'[[opération Turquoise]], qui durent creuser des fosses communes pour enterrer les corps.
 
== Rôle des médias dans le génocide ==
Parmi ces réfugiés figurait un nombre important de responsables du génocide. Ceux-ci ont exercé une emprise brutale sur la population des camps, dont certains sont transformés en base arrière pour la reconquête du Rwanda via les détournements massifs de l'aide, la violence, les recrutements forcés, la propagande et les menaces contre les candidats au rapatriement<ref>[http://www.msf.fr/actualite/dossiers/rwanda-20-ans-apres Médecins sans frontières], « Rwanda, 20 ans après ».</ref>. Cette emprise a conduit l'association [[Médecins sans frontières]], consciente que l'aide humanitaire est détournée et contribue à renforcer le pouvoir des responsables du génocide et leur contrôle sur la population des réfugiés, à se retirer des camps en novembre 1994.
{{section à recycler|date=28/12/2019}}
Pendant le génocide du [[Rwanda]], les dirigeants n’avaient ni le temps, ni les moyens d'utiliser des outils de propagande complexes. Dans le contexte africain, plus que dans tout autre cas, il est important de s'intéresser aux instruments de propagande utilisés lors des conflits, car dans les pays en développement comme le Rwanda les moyens de communication n'étaient pas nombreux. Plusieurs écrits de littérature suggèrent d’ailleurs que la radio a joué un rôle primordial dans la propagation du message de révolte menant à la violence sur les populations Tutsis. Il est difficile d’évaluer avec certitude l'impact qu’a eu la radio sur la population lors du conflit rwandais, car en 1994 seulement environ 10 % de la population rwandaise était propriétaire d'une radio<ref>Straus, Scott. “What Is the Relationship between Hate Radio and Violence? Rethinking Rwanda’s ‘Radio Machete.’”</ref>. Sans oublier qu'à ce moment-là, il n’y avait que peu de journaux en circulation et que la télévision n'était accessible que par l'élite<ref>David Yanagizawa-Drott, Propaganda and Conflict: Evidence from the Rwandan Genocide, ''The Quarterly Journal of Economics''</ref>. Cependant, cela ne signifie pas que seul 10 % de la population avait accès aux informations et aux messages de propagande émis. En effet au moment où le génocide prit place, plusieurs personnes écoutaient fréquemment la radio ensemble. Par ce fait on retrouve un élargissement de l'impact que ce média a pu avoir sur la population mais il est alors presque impossible de connaître le nombre exact de personnes ayant agi sous l'influence de la radio durant ce conflit. La radio a été choisie de manière stratégique, elle a un effet mobilisateur sur la population ce qui permet d’atteindre une audience plus grande, et ce, le plus rapidement possible. Un grand nombre d’auteurs ont abordé le rôle de la radio dans le conflit, chacun d’entre eux fournissant ainsi des théories et des liens de causalité entre ce média et les agissements de la population.
 
Parmi ces auteurs, on retrouve David Yanagizaw (professeur de développement des marchés émergents au département d'économie à l'université de Zurich), qui s’est penché sur l'impact qu’a eu l'une de ces stations de radio sur la population<ref>{{Article|langue=en|auteur=David Yanagizawa-Drott|titre=Propaganda and Conflict: Evidence from the Rwandan Genocide |périodique=The Quarterly Journal of Economics |volume=129 |numéro=4 |date=2014-11-01|issn=0033-5533 |doi=10.1093/qje/qju020 |lire en ligne =https://academic.oup.com/qje/article/129/4/1947/1853091 |consulté le=2020-01-05 |pages=1947–1994 }}.</ref>. Il s’agit de la [[radio télévision libre des Mille Collines]], dirigée par des membres influents de la communauté hutu (l’Akazu). Pour cet auteur, deux hypothèses pourraient expliquer comment ce média a pu avoir un tel impact sur la population. La première hypothèse suggère que la radio a eu un effet persuasif sur les auditeurs. Ceux-ci suivaient les ordres transmis par la radio par crainte de représailles de la part des adhérents au mouvement. En effet, pour les membres de l’Akazu, chaque individu qui n’était pas avec eux était contre eux. Dans son livre (Rwanda : les médias du génocide, 1995), Jean-Pierre Chrétien met en avant l’importance de la radio lors du génocide de 1994. En effet celle-ci avait pour rôle de donner les ordres et les machettes les exécutaient par la suite.
Les éléments des forces génocidaires ont ensuite mené au Rwanda des incursions sanguinaires, de 1994 à 1996. Ces incursions ont conduit à des interventions du Rwanda au Zaïre, qui s'inscrivent dans la [[première guerre du Congo]] et la [[deuxième guerre du Congo]] dans laquelle une dizaine de pays africains se sont impliqués et qui ont coûté depuis cette date la vie d'au moins 3 à 4 millions de Congolais. Cette coalition a renversé le président du Zaïre [[Mobutu Sese Seko]] et porté [[Laurent Désiré Kabila]] à la tête de la nouvelle [[République démocratique du Congo]] en [[1997]]. En 1996-1997 de nombreux réfugiés civils hutus, poursuivis dans les forêts du Congo, ont trouvé la mort, soit d'épuisement, de famine ou d'absence de soins et d'isolement dans la forêt zaïroise, soit massacrés par les forces alliées (armées du [[Rwanda]], l'[[Armée patriotique rwandaise|APR]], et de l'[[Ouganda]], et rebelles zaïrois<ref>Les chiffres réels ne sont pas connus avec exactitude - de {{formatnum:50000}} à {{formatnum:200000}} morts, ce dernier chiffre est avancé selon les auteurs français Rony Brauman, Stephen Smith et Claudine Vidal - [http://129.194.252.80/catfiles/1866.pdf « Politique de terreur et privilège d'impunité au Rwanda »], ''Esprit'', août 2000, {{p.|148}}.</ref>).
 
La deuxième hypothèse suggérée par David Yanagizaw se concentre sur l’impact de la radio dans les populations n'ayant pas accès à ce média. On retrouve alors un effet de contamination des messages délivrés par la radio au-delà des récepteurs immédiats de cette dernière. La [[radio télévision libre des Mille Collines]] utilisait un langage simple et clair afin que toute la population puisse comprendre de façon à en parler autour d’elle<ref>Elizabeth Levy Paluck, « Allan Thompson, ed. The Media and the Rwanda Genocide. London: Pluto Press; Kampala, Uganda: Fountain Publishers; Ottawa: International Development Research Centre, 2007. xvi + 463 pp. Notes. References. Bibliography. Index. $29.95. Paper. », African Studies Review, vol. 52, no 1, {{date-|avril 2009}}, p. 228–229 (ISSN 0002-0206 et 1555-2462, DOI 10.1353/arw.0.0168, lire en ligne [archive], consulté le {{date-|14 décembre 2019}})</ref>.
Cependant, la majorité des réfugiés hutus ont pu rentrer par vagues successives au Rwanda à partir de 1996. Une partie des [[Forces armées rwandaises|FAR]] rentrée au Rwanda a été réintégrée dans l'[[Armée patriotique rwandaise|APR]] (Armée patriotique rwandaise), les nouvelles forces gouvernementales rwandaises.
 
Dans le cas du Rwanda, les membres de l'[[Akazu]], qui étaient responsables de la création du message, optèrent pour un message du type haineux pour mener le soulèvement et la colère du peuple Hutu. En effet, sur des stations de radio comme la radio télévision libre des Mille Collines on pouvait entendre des discours décrivant la population Tutsi comme étant une race à part ou encore une catégorie d’êtres humains inférieurs méritant ainsi d'être traités violemment. Le type de message choisi dans ce cas-ci était très important, car pour avoir l’effet désiré sur la population, il était important de créer une image presque « animale » des Tutsis permettant ainsi aux Hutus de légitimer leurs actes. De plus, durant le génocide, la population était encouragée à se soulever sous prétexte que cela était pour le bien de la population Hutu. Par exemple après le meurtre du président Habyarimana, la radio gratuite Mille Collines transmit un message codé que seuls les Hutus radicaux pouvaient comprendre : {{ citation |Abattez les grands arbres}}.
Depuis le génocide, les affrontements entre les forces génocidaires et le FPR en [[République démocratique du Congo]] (ex-[[Zaïre]]) constituent encore un des facteurs de l'instabilité de ce pays. Selon les gouvernements du Rwanda et du Burundi, les extrémistes hutus restent une menace permanente et justifient des interventions déstabilisatrices et souvent meurtrières vivement dénoncées par la RDC. Les [[Forces démocratiques de libération du Rwanda|FDLR]], qui regroupent une partie des anciennes forces génocidaires, ont accepté d'être désarmées début avril 2005 et de rentrer au [[Rwanda]]. Ce problème reste encore l'objet de nombreuses opérations militaires en 2007 sous l'égide de la [[Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo|MONUC]].
 
L’Akazu utilisait également un autre type de communication durant le génocide rwandais, il s’agissait d'un journal à propos racistes envers les Tutsis (le [[Kangura]]). Ces médias ont été des outils déterminants dans la « réussite » du génocide. Les médias rwandais n'ont pas été les seuls à avoir contribué à l’aboutissement du génocide, les médias étrangers ont eu aussi leur impact. Selon le journaliste Allan Thompson, en faisant peu, voire pas du tout, référence au génocide des Tutsis, les médias étrangers ont pu inconsciemment faciliter et prolonger celui-ci<ref>{{Lien web |auteur=Nadine Robitaille |titre=La responsabilité de rendre compte : le rôle des médias dans le génocide au Rwanda |url=https://www.idrc.ca/fr/recherche-en-action/la-responsabilite-de-rendre-compte-le-role-des-medias-dans-le-genocide-au |site=[[Centre de recherches pour le développement international]] |date=28 janvier 2011 |consulté le=2021-10-12}}</ref>.
Le FPR est accusé par les opposants et dissidents rwandais, par le groupe d'expert de l'ONU chargé d'étudier cette question<ref>[http://www.grip.org/bdg/g2044.html « Rapport final du groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la République démocratique du Congo »], document S/2002/1146, New York, 16 octobre 2002, {{p.|15}}.</ref>, l'ancien ministre congolais [[Honoré Ngbanda Nzambo]]<ref>''Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux'', éd. Duboiris, 2005.</ref> d'utiliser la présence d'anciens génocidaires en RDC comme prétexte au pillage de cette région, se mêlant ainsi au nombreux autres pays limitrophes et entreprises multinationales qui pillent la [[République démocratique du Congo|RDC]].
 
== Conséquences ==
=== Les relations tendues entre le Rwanda et la France ===
{{Article détaillé|Conséquences du génocide des Tutsi au Rwanda|Crise des réfugiés en Afrique des Grands Lacs}}
À la suite de la victoire du FPR, les relations entre le Rwanda et la France ont été tendues, le gouvernement rwandais estimant que la France refusait de reconnaître [[Rôle de la France dans le génocide au Rwanda|son rôle supposé dans le génocide]]. Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la France le [[24 novembre]] 2006, à la suite de la recommandation du juge [[Jean-Louis Bruguière]] de poursuivre le président [[Paul Kagame]] devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour sa « participation présumée » à [[Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda)|l’attentat]] contre l’avion du président rwandais [[Juvénal Habyarimana]]<ref>[https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2006/11/21/rwanda-le-juge-bruguiere-met-en-cause-le-president-kagame_836796_3208.html «Rwanda : le juge Bruguière met en cause le président Kagamé »], ''Le Monde'', 21 novembre 2006.</ref>. En réponse, le président Paul Kagamé met lui-même en place une commission d'enquête.
 
=== Tragédie des camps de réfugiés au Zaïre ===
Les relations diplomatiques avec la France ont été rétablies le 29 novembre [[2009]]. Le président français [[Nicolas Sarkozy]] s'est rendu au Rwanda le {{date|25 février 2010}} et [[Paul Kagame]] a été reçu officiellement par Paris en septembre [[2011]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Ministère des affaires étrangères|titre=La France et le Rwanda|url=https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/rwanda/la-france-et-le-rwanda/|site=diplomatie.gouv.fr|date=|consulté le=}}</ref>. On pouvait penser que les relations étaient en voie de normalisation. Cependant, un entretien de Paul Kagame au journal ''[[Jeune Afrique]]'' le 15 avril [[2014]], peu de temps avant la cérémonie de commémoration du génocide, et dans lequel il met en cause le rôle de la France pendant le génocide<ref>[http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2778p020.xml1/ ''Jeune Afrique''], 15 avril 2014, « Paul Kagame : je ne conseille à personne de se mêler des affaires intérieures du Rwanda ».</ref>, tend de nouveau les relations entre les deux pays.
[[Fichier:Rwandan refugee camp in east Zaire.jpg|vignette|Camp de réfugiés dans l'est du [[Zaïre]] (aujourd'hui [[République démocratique du Congo|RD Congo]]).]]
À la fin du génocide, à partir de la deuxième quinzaine de {{date-|juillet 1994}}, une épidémie de [[choléra]] éclate dans les camps de réfugiés hutus au [[République démocratique du Congo|Zaïre]]. Sur le million de réfugiés, {{nombre|48000}} cas de choléra se déclarent et la moitié des malades en meurent<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=OMS|titre=Pandémies et conséquences du choléra|url=http://www.who.int/topics/cholera/impact/fr/|site=who.int|date=}}.</ref>. Cet épisode, qui a été fortement médiatisé, {{refnec|a souvent été confondu avec le génocide et l'a même en grande partie occulté|date=11 avril 2024}}. Il a occupé une grande part de l'énergie des soldats de l'[[opération Turquoise]], qui durent creuser des fosses communes pour enterrer les corps.
 
Parmi ces réfugiés figurait un nombre important de responsables du génocide. Ceux-ci ont exercé une emprise brutale sur la population des camps, dont certains sont transformés en base arrière pour la reconquête du Rwanda via les détournements massifs de l'aide, la violence, les recrutements forcés, la propagande et les menaces contre les candidats au rapatriement<ref>[http://www.msf.fr/actualite/dossiers/rwanda-20-ans-apres Médecins sans frontières], « Rwanda, 20 ans après ».</ref>. Cette emprise a conduit l'association [[Médecins sans frontières]], consciente que l'aide humanitaire est détournée et contribue à renforcer le pouvoir des responsables du génocide et leur contrôle sur la population des réfugiés, à se retirer des camps en {{date-|novembre 1994}}.
Le 29 octobre 2017 ''[[Le Monde]]'' publie un article dans lequel [[Louise Mushikiwabo]] (chef de la diplomatie rwandaise) incite fortement la [[France]] à avouer son implication dans le génocide rwandais'''<ref>{{Article|langue=fr|titre=Le Rwanda met la pression sur Emmanuel Macron pour régler le contentieux lié au génocide|périodique=Le Monde.fr|date=2017-10-29|issn=1950-6244|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/29/le-rwanda-met-la-pression-sur-emmanuel-macron-pour-regler-le-contentieux-lie-au-genocide_5207591_3212.html|consulté le=2017-11-17}}</ref>'''.
 
Les éléments des forces génocidaires ont ensuite mené au Rwanda des incursions sanguinaires, de 1994 à 1996. Ces incursions ont conduit à des interventions du Rwanda au Zaïre, qui s'inscrivent dans la [[première guerre du Congo]] et la [[deuxième guerre du Congo]] dans laquelle une dizaine de pays africains se sont impliqués et qui ont coûté depuis cette date la vie d'au moins 3 à 4 millions de Congolais. Cette coalition a renversé le président zaïrois, [[Mobutu Sese Seko]], et porté [[Laurent-Désiré Kabila]] à la tête de la nouvelle [[République démocratique du Congo]] en [[1997]]. En 1996-1997 de nombreux réfugiés civils hutus, poursuivis dans les forêts du Congo, ont trouvé la mort, soit d'épuisement, de famine ou d'absence de soins et d'isolement dans la forêt zaïroise, soit massacrés par les forces alliées (armées du [[Rwanda]], l'[[Armée patriotique rwandaise|APR]], et de l'[[Ouganda]], et rebelles zaïrois<ref>Les chiffres réels ne sont pas connus avec exactitude - de {{Unité|50000|à=200000|morts}}, ce dernier chiffre est avancé selon les auteurs français Rony Brauman, Stephen Smith et Claudine Vidal - [http://129.194.252.80/catfiles/1866.pdf « Politique de terreur et privilège d'impunité au Rwanda »], ''Esprit'', août 2000, {{p.|148}}.</ref>).
=== Les récits des rescapés ===
Plusieurs rescapés de la diaspora rwandaise ont exprimé dans leurs livres leur douleur et leur traumatisme<ref name="bibliographie-genocide">Voir [[bibliographie sur le génocide au Rwanda]].</ref>. Leurs témoignages rappellent ceux de la [[Shoah]] au niveau psychologique<ref>Voir le Film d'Anne Lainé ''Rwanda, un cri d'un silence inouï'' et Homeland de Jacqueline Kalimunda [http://cec.rwanda.free.fr/documents/Films.htm Filmographie de la CEC].</ref>. [[Jean Hatzfeld (journaliste)|Jean Hatzfeld]] a décrit dans trois livres les conséquences vécues par la population rwandaise. Il décrit la vie des rescapés, puis celle des tueurs et montre à quel point le travail génocidaire était vécu et organisé comme une sorte de service public, doublé de pillages et de répartition des butins. Enfin, il a montré la difficulté de cohabiter à nouveau après le génocide entre tueurs et rescapés, la façon dont la volonté politique de réconciliation est ressentie par les uns et les autres<ref name="bibliographie-genocide" />.
 
Cependant, la majorité des réfugiés hutus ont pu rentrer par vagues successives au Rwanda à partir de 1996. Une partie des [[Forces armées rwandaises|FAR]] rentrée au Rwanda a été réintégrée dans l'[[Armée patriotique rwandaise|APR]] (Armée patriotique rwandaise), les nouvelles forces gouvernementales rwandaises.
== Les juridictions internationales et nationales face au génocide ==
Le Rwanda a toujours exprimé le souhait de juger tous les auteurs du génocide. La justice rwandaise étant complètement détruite en juillet 1994, le Rwanda a demandé aussitôt de l'aide à la communauté internationale pour reconstruire l'appareil judiciaire. En réponse l'ONU a créé le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Seul le Rwanda a voté contre cette création qui ne correspondait pas à sa demande.
 
Depuis le génocide, les affrontements entre les forces génocidaires et le FPR en [[République démocratique du Congo]] (ex-[[Zaïre]]) constituent encore un des facteurs de l'instabilité de ce pays. Selon les gouvernements du Rwanda et du Burundi, les extrémistes hutus restent une menace permanente et justifient des interventions déstabilisatrices et souvent meurtrières vivement dénoncées par la RDC. Les [[Forces démocratiques de libération du Rwanda]] (FDLR), qui regroupent une partie des anciennes forces génocidaires, ont accepté d'être désarmées début {{date-|avril 2005}} et de rentrer au Rwanda. Ce problème reste encore l'objet de nombreuses opérations militaires en 2007 sous l'égide de la [[Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo]] (MONUC).
=== Le Tribunal pénal international pour le Rwanda ===
 
Le FPR est accusé par les opposants et dissidents rwandais, par le groupe d'experts de l'ONU chargé d'étudier cette question<ref>[http://www.grip.org/bdg/g2044.html « Rapport final du groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la République démocratique du Congo »], document S/2002/1146, New York, 16 octobre 2002, {{p.|15}}.</ref>, l'ancien ministre congolais [[Honoré Ngbanda Nzambo]]<ref>''Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux'', éd. Duboiris, 2005.</ref> d'utiliser la présence d'anciens génocidaires en RDC comme prétexte au pillage de cette région, se mêlant ainsi aux nombreux autres pays limitrophes et entreprises multinationales qui pillent la [[République démocratique du Congo]].
 
=== Responsabilité de la France ===
{{Article détaillé|Rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda}}La responsabilité politique dans le génocide au Rwanda est l'un des points controversés de l'action française au '''Rwanda'''. Le rôle de François Mitterand, président de la République durant la période clé de 1990 à 1994, est particulièrement souligné lié à l'opacité des prises de décision de politique étrangère, sans contrôle parlementaire et citoyen, autour d'un cercle restreint de conseillers<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Gabet|prénom2=Sébastien|nom2=Jahan|titre=« Les faits sont têtus » : vingt ans de déni sur le rôle de la France au Rwanda (1994-2014)|périodique=Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique|numéro=129|date=2015-11-01|issn=1271-6669|doi=10.4000/chrhc.4882|lire en ligne=https://journals.openedition.org/chrhc/4882|consulté le=2022-07-09|pages=153–173}}</ref>.
 
* '''Mandat Mitterand (1981-1995)'''
Entre 1990 et 1994, le président François Mitterand entretient une relation privilégiée avec le président hutu Juvénal Habyarimana selon une note de son Premier ministre [[Michel Rocard]]. Il souhaite également à travers les relations diplomatiques avec le Rwanda impulser une nouvelle politique africaine. Dès 1990, il lance une mission militaire, l'[[Opération Noroît]]. Dès 1992, les signaux d'alarme quant au durcissement d'une partie du régime hutu s'accélèrent. Conseillé par son secrétaire général [[Hubert Védrine]], et son chef d'état major particulier, le général [[Christian Quesnot]], François Mitterand cantonne ses décisions autour de ce cercle restreint et assure un soutien actif au président Habyarimana<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |prénom=Le Point |nom=magazine |titre=Génocide au Rwanda: Mitterrand, un président aveuglé, selon un rapport |url=https://www.lepoint.fr/societe/genocide-au-rwanda-mitterrand-un-president-aveugle-selon-un-rapport-26-03-2021-2419589_23.php |site=Le Point |date=2021-03-26 |consulté le=2022-06-07}}</ref>. Lors d'une interview en septembre 1994, il justifie cette proximité du fait que le Président Juvénal Habyarimana est membre de l'Organisation de l'Unité africaine et de l'ONU et qu'il représentait à Kigali une ethnie à 80 % majoritaire<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Interview de M. François Mitterrand, Président de la République, dans "Le Figaro" du 9 septembre 1994, sur la politique étrangère de la France, notamment les compétences respectives du Président et du Premier ministre, la construction de l'Europe et son élargissement. |url=https://www.elysee.fr/francois-mitterrand/1994/09/09/interview-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-dans-le-figaro-du-9-septembre-1994-sur-la-politique-etrangere-de-la-france-notamment-les-competences-respectives-du-president-et-du-premier-ministre-la-construction-de-leurope-et-son |site=elysee.fr |date=1994-09-09 |consulté le=2022-06-07}}</ref>. [[Alain Juppé]], ministre des Affaires étrangères du président socialiste François Mitterrand entre 1993 et 1995, au sein du gouvernement de cohabitation dirigé par [[Édouard Balladur]] fut le premier, en mai 1994, à employer le terme de « [[génocide]] » pour décrire l'extermination perpétrée contre les Tutsis du Rwanda<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Rwanda : Alain Juppé salue un rapport "qui fait avancer la vérité" |url=https://www.laprovence.com/actu/en-direct/6305736/rwanda-alain-juppe-salue-un-rapport-qui-fait-avancer-la-verite.html |site=LaProvence.com |date=2021-03-27 |consulté le=2022-05-26}}</ref>. A la fin du génocide, en juillet 1994, le Rwanda est un pays dévasté tant sur le plan humain qu'économique. Deux mois après le début des massacres, Mitterrand utilise le mot {{Citation|génocide perpétré par des Hutus}} mais l'attribue non pas à quelque chose de systémique mais à la {{Citation|folie qui s'est emparée d'eux après l'assassinat de leur président}}. Le mois suivant, il déclare que {{Citation|La France n'a aucune responsabilité dans ce drame}}<ref name=":0" />.
 
Lors du sommet franco-africain à Biarritz en novembre 1994, Kigali n’est pas invité. Lors de son discours François Mitterrand évoque « le génocide », la retranscription remise à la presse mentionne « des génocides ». Cette confusion entre le singulier et le pluriel va empoisonner les relations entre les deux pays, déjà très tendues<ref name="r5">{{Article|langue=fr|titre=France-Rwanda : de la rupture des relations à l’espoir d’une « normalisation »|périodique=Le Monde.fr|date=2021-05-26|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/26/france-rwanda-de-la-rupture-des-relations-a-l-espoir-d-une-normalisation_6081578_3212.html|consulté le=2022-05-26}}</ref>. Selon le journaliste spécialiste de l’Afrique, [[Antoine Glaser]], les événements de 1994 sont le plus grand échec de François Mitterrand en Afrique en déclarant {{Citation|il y a eu un vrai manque de vision, de compréhension, avec toujours ce mépris et cette arrogance envers l'Afrique}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=François Mitterrand et l'Afrique : "Il a toujours eu une forme de paternalisme autoritaire" |url=https://information.tv5monde.com/info/francois-mitterrand-et-l-afrique-il-toujours-eu-une-forme-de-paternalisme-autoritaire-407873 |site=TV5MONDE |date=2021-05-08 |consulté le=2022-05-27}}</ref>.
 
=== Récits des rescapés ===
Plusieurs rescapés de la diaspora rwandaise ont exprimé dans leurs livres leur douleur et leur traumatisme<ref name="bibliographie-genocide">Voir [[Bibliographie sur le génocide des Tutsi au Rwanda]].</ref>. Leurs témoignages {{pas clair|rappellent ceux de la [[Shoah]] au niveau psychologique}}<ref>Voir le Film d'Anne Lainé ''Rwanda, un cri d'un silence inouï'' et Homeland de Jacqueline Kalimunda [http://cec.rwanda.free.fr/documents/Films.htm Filmographie de la CEC].</ref>. [[Jean Hatzfeld (journaliste)|Jean Hatzfeld]] a décrit dans trois livres les conséquences vécues par la population rwandaise. Il décrit la vie des rescapés, puis celle des tueurs et montre à quel point le travail génocidaire était vécu et organisé comme une sorte de service public, doublé de pillages et de répartition des butins. Enfin, il a montré la difficulté de cohabiter à nouveau après le génocide entre tueurs et rescapés, la façon dont la volonté politique de réconciliation est ressentie par les uns et les autres<ref name="bibliographie-genocide" />.
 
== Juridictions internationales et nationales face au génocide ==
Le Rwanda a toujours exprimé le souhait de juger tous les auteurs du génocide. La justice rwandaise étant complètement détruite en {{date-|juillet 1994}}, le Rwanda a demandé aussitôt de l'aide à la communauté internationale pour reconstruire l'appareil judiciaire. En réponse l'ONU a créé le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Seul le Rwanda a voté contre cette création qui ne correspondait pas à sa demande.
 
=== Tribunal pénal international pour le Rwanda ===
{{Article détaillé|Tribunal pénal international pour le Rwanda}}
 
Le {{Date-|8|novembre|1994}}, la {{Lien|langue=en|trad=United Nations Security Council Resolution 955|fr=[[Résolution 955 du Conseil de sécurité des Nations unies|texte=Résolution 955}}]] du [[Conseil de sécurité des Nations unies]] de l'ONU crée le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]] (TPIR) pour juger les principaux responsables du génocide.
 
La [[Cour pénale internationale]] est compétente pour tous les crimes commis après sa création le [[1er juillet|{{1er}} juillet]] [[2002]]. Elle n'est donc pas compétente pour juger des crimes commis au Rwanda pendant le génocide.
 
Le Premier ministre du [[Gouvernement intérimaire rwandais|gouvernement intérimaire]], [[Jean Kambanda]], a plaidé coupable et a été condamné pour génocide par le TPIR. Les trois quarts du gouvernement intérimairesintérimaire ont été arrêtés. Plusieurs ministres de ce gouvernement ont été reconnus coupables de participation au génocide ou sont en cours de jugement, deux autres ont été relaxés<ref>[http://www.hirondelle.org/arusha.nsf/LookupUrlEnglish/88265D5E7582952EC12571F2005ECA99?OpenDocument « Un second ministre acquitté, un nouveau procès ouvert »], Agence Hirdondelle, 22 septembre 2006.</ref>{{refins}}. En 2011, certains ex-responsables militaires sont reconnus coupables de génocide<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Quatre ex-responsables militaires déclarés coupables de génocide|url=https://www.france24.com/fr/20110517-rwanda-chefs-militaires-coupables-genocide-tpir-armee-gendarmerie-bizimungu-ndindiliyimana|site=france24.com|date=17/05/2011|consulté le=}}.</ref>.
 
=== Les juridictionsJuridictions rwandaises ===
==== La justiceJustice nationale ====
Le Rwanda a dû faire un effort politique considérable pour reconstruire cet appareil judiciaire. Des ONG comme [[RCN Justice & Démocratie]] et [[Avocats sans frontières (ONG)|Avocats sans frontières]] ont participé à cette reconstruction. Il a fallu former des juristes, faire revenir des juristes installés dans la diaspora, défendre les accusés et les parties civiles, trouver des moyens matériels. Les femmes se sont investies au sein du milieu judiciaire, notamment en tant qu'avocates. Également, la fonction de juge était occupée majoritairement par des femmes<ref>{{Article|langue=français|auteur1=Samia Chabouni|titre=Les femmes et la reconstruction post-génocide au Rwanda|périodique=Journal Algérien de Recherche et d'étude|volume=5|numéro=1|pages=713-725|date=janvier 2022}}</ref>.
 
Le très grand nombre des auteurs du génocide, qui étaient loin d'être tous en prison, a posé au Rwanda un problème difficilement surmontable. En 1998, au rythme des procès, il aurait fallu deux cents ans pour juger seulement ceux qui étaient en prison. Une solution a été trouvée en s'appuyant sur les [[Gacaca]], justice villageoise traditionnelle, pour les auteurs secondaires, les principaux auteurs étant jugés par la justice nationale rwandaise.
 
==== Les ''Gacaca'' ====
{{Article détaillé|Gacaca}}
Le {{date-|15 janvier 2005}}, huit mille nouvelles juridictions ''[[gacaca]]'' (tribunaux populaires chargés de juger les auteurs présumés du génocide rwandais de 1994 — prononcer « gatchatcha ») ont entamé la phase administrative de leur travail. Elles s'ajoutent aux sept cent cinquante ''gacaca'' pilotes mises en place depuis 2001 dans certaines régions du pays. Les ''gacaca'' sont inspirées des anciennes assemblées villageoises. Elles ont été créées pour juger tous les présumés auteurs du génocide à l’exception des [[Catégorisation des suspects du génocide au Rwanda|planificateurs et des personnes accusées de viols]] qui sont jugés par les tribunaux conventionnels ou par une juridiction de l'ONU. Plusieurs millions de personnes, les simples exécutants, sont donc concernés par cette juridiction. Le jeudi [[10 mars]], les premiers procès ont eu lieu à travers tout le pays. Malgré l'environnement social défavorable aux rescapés du génocide, qui demeurent très minoritaires au sein de la population, les ''gacaca'' sont craints par les anciens [[Interahamwe]]. Environ {{formatnum:nombre|6000|personnes}} personnes ont tenté d'échapper à la justice en fuyant vers le [[Burundi]] et ont été rapatriées de force en {{date||juin|2005}} par les autorités rwandaises et burundaises{{référence nécessaire}}.
 
Les ''gacaca'' ont été critiquées par [[Amnesty International]]<ref>[http://web.amnesty.org/library/index/FRAAFR470072002 « Gacaca : une question de justice »], Index AI : AFR 47/007/02, 17 décembre 2002.</ref>{{refins}} et [[Reporters sans frontières]]<ref>[http://www.rsf.org/IMG/pdf/rapport_rwanda_FR.pdf « Enquête sur l'arrestation de Guy Theunis »], rapport du 4 novembre 2005.</ref>. AI et RSF accusent ces tribunaux de ne pas respecter « les critères internationaux définissant un procès équitable, ni les principes de la non-discrimination », de procéder à des arrestations arbitraires, et de condamner parmi les génocidaires des personnes coupables d'opposition au gouvernement FPR, plutôt que de génocide.
 
=== Les tribunauxTribunaux nationaux ===
Les tribunaux nationaux, autres que ceux du [[Rwanda]], interviennent dans deux types de situations :
* Desdes plaintes contre des Rwandais dans d'autres pays que le Rwanda, accusés de crimes liés au génocide, au titre du principe de la [[compétence universelle]]. ;
* Desdes plaintes contre des citoyens non-rwandais, dans leur propre pays, pour des actes liés au génocide des Tutsis au Rwanda.
 
==== Les procèsProcès de Rwandais dans d'autres pays au titre de la compétence universelle ====
{{Article détaillé|Compétence universelle}}
La « [[compétence universelle]] » de certains tribunaux nationaux leur permet d'accepter les poursuites contre certains responsables du génocide.
 
Un jugement a eu lieu en [[Suisse]], deux autres en [[Belgique]], plusieurs procès ont eu lieu, ou sont en cours, au [[Canada]]. Plusieurs jugements sont en cours en France contre un prêtre rwandais, un ancien préfet et un colonel des [[Forces armées rwandaises|FAR]] selon les [[Génocide (en droit pénal français)|lois françaises]] qui adaptent l'application des prérogatives du [[Tribunal pénal international pour le Rwanda|TPIR]] dans ce pays. La France a été condamnée, à la demande des parties civiles, par la [[Cour européenne des droits de l'homme|Cour européenne des droits de l'Homme]] pour la lenteur de sa procédure concernant la plainte déposée contre le prêtre rwandais.
 
Le premier procès en France portant sur le génocide au Rwanda concernait [[Pascal Simbikangwa]], ancien capitaine rwandais considéré comme l'un des instigateurs du génocide. À l'issue du procès devant la [[Cour d'assises (France)|cour d'assises]] de Paris, Pascal Simbikangwa a été condamné le {{date|14 mars 2014}}, à une peine de 25 ans de réclusion pour son rôle dans le génocide<ref>[http://www.rts.ch/info/monde/5692075-condamnation-a-25-ans-de-reclusion-dans-le-proces-du-genocide-rwandais.html « Le Rwandais Pascal Simbikangwa a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion pour son rôle dans le génocide »], [[Radio télévision suisse]], 14 mars 2014</ref>, peine confirmée en appel deux ans plus tard. En juillet [[2016]], à l'issue de deux mois de procès, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux bourgmestres du village de Kabarondo, ont été condamnés par la cour d'assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour « crimes contre l’humanité » et « génocide », et pour « une pratique massive et systématique d’exécutions sommaires » en application d’un « plan concerté tendant à la destruction » du groupe ethnique tutsi<ref>[http://www.liberation.fr/societe/2016/07/06/perpetuite-une-deuxieme-condamnation-en-france-pour-le-genocide-rwandais_1464383 « Perpétuité : une deuxième condamnation en France pour le génocide rwandais »], AFP du 6 juillet 2016, ''Libération''</ref>, peines confirmées en appel en juillet 2018<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Deux ex-maires rwandais condamnés en appel à perpétuité pour génocide|url=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/07/06/deux-ex-maires-rwandais-condamnes-en-appel-a-perpetuite-pour-genocide_5327442_3212.html|site=lemonde.fr|date=06-07-2018|consulté le=}}</ref>.
 
La justice belge a prononcé quatre condamnations<ref>[http://www.destexhe.be/Jn_proces_justice.htm {{nombre|5036 |personnes}} ont été jugées au Rwanda de 1996 à fin 2000 au Rwanda où sont détenus 117<!-- Titre généré automatiquement -->].</ref>{{refins}}.
 
==== Les plaintesPlaintes en France contre des militaires français ====
Des Rwandais ont déposé plainte en France contre des militaires français de l'[[opération Turquoise]].
 
Trois plaintes ont été déposées pour viol en {{date-|juin 2004}}. Six autres plaintes ont été déposées en {{date-|février 2005}} pour « complicité de génocide ou crime contre l'humanité » devant le [[tribunal aux armées de Paris]]. Ces plaintes visent éventuellement les responsables militaires et civils des soldats directement impliqués.
 
Le procureur de la République a, tour à tour, refusé d'ouvrir une instruction, puis rejeté quatre plaintes, jugeant celles-ci infondées ({{date-|décembre 2005}}). Le juge d'instruction aux armées, s'opposant à cette décision, a déclaré recevables ces 4 plaintes (ordonnance du {{date-|16 février 2006}}). Le parquet a fait alors appel de cette décision. Le {{date-|29 mai 2006}}, la cour d'appel de Paris confirmait la recevabilité des 4 plaintes litigieuses et le {{date-|3 juillet}} rejetait un nouveau recours du parquet en nullité qui concernait les auditions menées par le juge d'instruction en {{date-|novembre 2005}} au Rwanda pour entendre les plaignants<ref>Voir sur le site de la [http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org/ Commission d'enquête citoyenne française] le suivi détaillé de ces plaintes</ref>{{refinsréférence nécessaire}}.
 
Ces plaintes ont été initialement déposées au tribunal aux armées de Paris. Depuis, celui-ci a été fermé. Les plaintes ont été transférées au Pôle génocide, à sa création, en {{date-|janvier 2012}}{{refnec}}.
 
En {{Date-|mai 2021}}, le parquet de Paris requiert un non-lieu dans l’enquête relative aux massacres de Bisesero : si l'abstention des militaires français pourrait être constitutive de [[Non-assistance à personne en danger en droit français|non-assistance à personne en péril]], ce délit est, en toute hypothèse, prescrit. ''A contrario'', {{Citation|aucune aide ou assistance des forces militaires françaises lors de la commission d’exactions, aucune adhésion de ces dernières au projet criminel poursuivi par les forces génocidaires ni aucune abstention d’intervenir face à des crimes constitutifs d’un génocide ou de crimes contre l’humanité en vertu d’un accord antérieur}} n'a été établie<ref>{{Lien web |titre=Génocide des Tutsi au Rwanda : non-lieu requis dans l’enquête sur l’opération Turquoise à Bisesero |url=https://www.jeuneafrique.com/1165474/politique/genocide-des-tutsi-au-rwanda-non-lieu-general-requis-dans-lenquete-sur-le-massacre-de-bisesero/ |site=JeuneAfrique.com |date=2021-05-03 |consulté le=2021-05-04}}</ref>.
==== Les arrestations de Rwandais en France ====
 
==== Poursuites judiciaires contre des Rwandais en France ====
En 2007, plusieurs Rwandais recherchés par le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]] ([[Tribunal pénal international pour le Rwanda|TPIR]]) ont été arrêtés en France.
En 2001, est créé le ''[[Collectif des parties civiles pour le Rwanda]]'' qui collecte des témoignages et se constitue partie civile contre des suspects réfugiés en France<ref>{{Lien web|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/marne/reims/replay-genocide-au-rwanda-la-justice-contre-l-oubli-le-combat-de-dafroza-et-alain-gauthier-a-reims-et-au-rwanda-2528972.html|titre=Génocide au Rwanda : "La justice contre l'oubli", le combat de Dafroza et Alain Gauthier à Reims et au Rwanda |éditeur=[[France 3]]|auteur=Sophie Gueffier|date=24 4 2022}}</ref>.
 
En 2007, plusieurs Rwandais recherchés par le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]] ([[Tribunal pénal international pour le Rwanda|TPIR]]) sont arrêtés en France.
Le 18 octobre 2007, [[Dominique Ntawukuriryayo]] a été arrêté à [[Carcassonne]], dans l'[[Aude (département)|Aude]]. Il a été condamné en 2010 à 25 ans de prison par le TIPR.
 
Le {{date-|18 octobre 2007}}, [[Dominique Ntawukuriryayo]] est arrêté à [[Carcassonne]], dans l'[[Aude (département)|Aude]]. Il est condamné en 2010 à 25 ans de prison par le TPIR.
Le 20 janvier 2009, Sosthène Munyemana, médecin exerçant en [[Lot-et-Garonne]] est arrêté et déféré devant le parquet de [[Bordeaux]], en vue d'une extradition. Il est recherché par la justice rwandaise (et non par le TPIR) pour sa participation au génocide en 1994. Il est libéré et mis sous contrôle judiciaire<ref>[http://fr.hirondellenews.com/content/view/14829/325/ « RWANDA/FRANCE - SOSTHÈNE MUNYEMANA SE DEFEND ALORS QUE KIGALI DEMANDE SON EXTRADITION »], [[Fondation Hirondelle]], 21 janvier 2010.</ref>{{,}}<ref>[https://www.humanite.fr/2010-01-22_International_Un-Rwandais-soupconne-de-genocide-arrete « Un Rwandais soupçonné de génocide arrêté »], ''[[L'Humanité]]'', 22 janvier 2010.</ref>
 
Le premier procès en France portant sur le génocide des Tutsis au Rwanda concernait [[Pascal Simbikangwa]], ancien capitaine rwandais considéré comme l'un des instigateurs du génocide. À l'issue du procès devant la [[Cour d'assises (France)|cour d'assises]] de Paris, Pascal Simbikangwa est condamné le {{date|14 mars 2014}}, à une peine de 25 ans de réclusion pour son rôle dans le génocide<ref>[http://www.rts.ch/info/monde/5692075-condamnation-a-25-ans-de-reclusion-dans-le-proces-du-genocide-rwandais.html « Le Rwandais Pascal Simbikangwa a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion pour son rôle dans le génocide »], [[Radio télévision suisse]], 14 mars 2014.</ref>, peine confirmée en appel deux ans plus tard.
== La négation du génocide au Rwanda ==
 
Le {{date-|20 janvier 2009}}, Sosthène Munyemana, médecin exerçant en [[Lot-et-Garonne]] est arrêté et déféré devant le parquet de [[Bordeaux]], en vue d'une extradition. Il est recherché par la justice rwandaise (et non par le TPIR) pour sa participation au génocide en 1994. Il est libéré et mis sous contrôle judiciaire<ref>[http://fr.hirondellenews.com/content/view/14829/325/ « Rwanda/France - Sosthène Munyémana se défend alors que Kigali demande son extradition »], [[Fondation Hirondelle]], 21 janvier 2010.</ref>{{,}}<ref>[https://www.humanite.fr/2010-01-22_International_Un-Rwandais-soupconne-de-genocide-arrete « Un Rwandais soupçonné de génocide arrêté »], ''[[L'Humanité]]'', 22 janvier 2010.</ref> le 20 décembre 2023, Sosthène Munyemana est condamné par la cour d'assises de Paris à 24 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 8 ans, pour son implication dans le génocide des Tutsis en 1994. Sosthène Munyemana est reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité, participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/20/genocide-des-tutsi-au-rwanda-l-ex-medecin-sosthene-munyemana-condamne-a-paris-a-vingt-quatre-ans-de-reclusion-criminelle_6206740_3212.html « Génocide des Tutsi au Rwanda : l’ex-médecin Sosthène Munyemana condamné à Paris à vingt-quatre ans de réclusion criminelle »], ''[[Le Monde]]'', 20 décembre 2023.</ref>.
 
En mars 2014, Charles Twagira, condamné par contumace au Rwanda en 2009, est arrêté dans le Calvados. Il est remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2015<ref>{{Lien web|url=http://www.rfi.fr/fr/afrique/20180208-genocide-rwandais-medecin-poursuivi-france-suspendu-fonctions|titre=Génocide rwandais: un médecin poursuivi en France suspendu de ses fonctions|site=rfi.fr|date=08/02/2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/2015/06/05/soupconne-de-genocide-au-rwanda-le-dr-twagira-remis-en-liberte-en-france-740339.html|titre=Soupçonné de génocide au Rwanda, le Dr Twagira remis en liberté en France|site=france3-regions.francetvinfo.fr|date=05/06/2015}}.</ref>.
 
Le {{date-|9 avril 2014}}, Claude Muhayimana est arrêté à Rouen. Il est remis en liberté sous contrôle judiciaire en avril 2015. Son procès, initialement prévu en septembre 2020<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/10/genocide-au-rwanda-claude-muhayimana-arrete-a-rouen-et-ecroue_4399381_3212.html|titre=Génocide au Rwanda : Claude Muhayimana arrêté à Rouen et écroué|date=10/04/2014|site=lemonde.fr}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/genocide-au-rwanda-le-franco-rwandais-claude-muhayimana-renvoye-aux-assises-pour-complicite_1962210.html|titre=Génocide des Tutsi: le Franco-Rwandais Claude Muhayimana renvoyé aux assises pour "complicité"|date=20/11/2017|site=lexpress.fr}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Génocide des Tutsi au Rwanda : « Nous sommes excédés par les lenteurs de la justice française »|url=https://www.jeuneafrique.com/902743/politique/france-rwanda-nous-sommes-excedes-par-les-lenteurs-de-la-justice-face-aux-genocidaires-en-exil/|site=jeuneafrique.com|date=03/03/2020}}.</ref>, est reporté en raison de la [[pandémie de Covid-19]]<ref>{{Lien web |titre=Rwanda : procès de Claude Muhayimana en France pour génocide |url=https://sahel-intelligence.com/22742-rwanda-proces-de-claude-muhayimana-en-france-pour-genocide.html |site=sahel-intelligence.com |date=20 janvier 2021 |consulté le=23 janvier 2021}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Report du procès Muhayimana à une date ultérieure |url=http://www.collectifpartiescivilesrwanda.fr/report-du-proces-muhayimana-a-une-date-ulterieure/ |site=collectifpartiescivilesrwanda.fr |date=19 janvier 2021 |consulté le=23 janvier 2021}}</ref>.
 
En juillet 2016, à l'issue de deux mois de procès, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux bourgmestres du village de Kabarondo, sont condamnés par la cour d'assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour « crimes contre l’humanité » et « génocide », et pour « une pratique massive et systématique d’exécutions sommaires » en application d’un « plan concerté tendant à la destruction » du groupe ethnique tutsi<ref>[http://www.liberation.fr/societe/2016/07/06/perpetuite-une-deuxieme-condamnation-en-france-pour-le-genocide-rwandais_1464383 « Perpétuité : une deuxième condamnation en France pour le génocide rwandais »], AFP du 6 juillet 2016, ''Libération''.</ref>, peines confirmées en appel en {{date-|juillet 2018}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Deux ex-maires rwandais condamnés en appel à perpétuité pour génocide|url=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/07/06/deux-ex-maires-rwandais-condamnes-en-appel-a-perpetuite-pour-genocide_5327442_3212.html|site=lemonde.fr|date=06-07-2018}}.</ref>.
 
Le {{date-|16 mai 2020}}, [[Félicien Kabuga]], un homme d'affaires rwandais né en 1935 à Muniga, dans la préfecture de Byumba, accusé de participation au génocide des Tutsis au Rwanda, et surnommé « le financier du génocide » recherché par le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]], est arrêté à [[Asnières-sur-Seine]] (Hauts-de-Seine) sous une fausse identité et mis à la disposition de la justice<ref>[https://www.lefigaro.fr/international/genocide-au-rwanda-la-france-annonce-l-arrestation-de-felicien-kabuga-en-cavale-depuis-25-ans-20200516 Arrestation en France de Félicien Kabuga, article du journal ''Le Figaro'' du 16 mai 2020].</ref>{{,}}<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/05/16/arrestation-pres-de-paris-d-un-des-principaux-accuses-du-genocide-rwandais-felicien-kabuga_6039883_3212.html Arrestation en France de Félicien Kabuga, article du journal ''Le Monde'' du 16 mai 2020].</ref>. Il est ensuite transféré aux tribunaux internationaux compétents à [[la Haye]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Génocide des Tutsi au Rwanda : Félicien Kabuga transféré à La Haye – Jeune Afrique |url=https://www.jeuneafrique.com/1063893/societe/genocide-des-tutsi-au-rwanda-felicien-kabuga-transfere-a-la-haye/ |site=JeuneAfrique.com |consulté le=2022-07-13}}</ref>.
 
En {{Date-|avril 2021}}, Marcel Hitayezu, un prêtre rwandais installé en [[Charente-Maritime]] et naturalisé français, est arrêté, mis en examen et placé en détention provisoire pour [[génocide]] et complicité de [[Crime contre l'humanité|crimes contre l’humanité]] dans le cadre d'une information judiciaire menée par le Pôle crimes contre l'humanité ([[Tribunal judiciaire de Paris|TJ de Paris]]) le visant depuis l'été {{Date-|2019}}. Il est notamment accusé {{Citation|d’avoir « privé de vivres et d’eau des Tutsi s’étant réfugiés dans son église » et d’avoir « fourni des vivres aux miliciens ayant attaqué les Tutsi réfugiés » dans sa paroisse de Mubuga}}, éléments qu'il conteste<ref>{{Lien web |titre=Génocide des Tutsi : un prêtre franco-rwandais installé en Charente-Maritime arrêté et incarcéré |url=https://www.sudouest.fr/france/genocide-des-tutsi-un-pretre-franco-rwandais-installe-en-charente-maritime-arrete-et-incarcere-2178329.php |site=SudOuest.fr |date=16 avril 2021 |consulté le=2021-04-18}}</ref>.
 
En {{date-|10 2018}}, [[Laurent Bucyibaruta]], préfet lors du génocide et installé en France depuis 1997, est mis en examen pour génocide et crimes contre l'humanité. Son procès devant la [[Cour d'assises (France)|cour d'assises]] à Paris s'ouvre en {{date-|5 2022}}<ref>{{Lien web|url=https://afrique.lalibre.be/61369/genocide-au-rwanda-un-ex-prefet-juge-aux-assises-a-partir-de-mai-2022/|titre=Génocide au Rwanda: un ex-préfet jugé aux assises à partir de mai 2022|date=3 6 2021|site=afrique.lalibre.be}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://trialinternational.org/latest-post/laurent-bucyibaruta/|titre=Laurent Bucyibaruta |éditeur=Trial international|date=4 4 2022}}</ref>. Le 12 juillet 2022, la cour d'assises de Paris condamne Bucyibaruta à 20 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et crimes contre l'humanité pour plusieurs massacres de Tutsis<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=À Paris, un ex-préfet rwandais condamné à 20 ans de réclusion pour «complicité» dans le génocide des Tutsis |url=https://www.lefigaro.fr/international/aux-assises-de-paris-un-prefet-rwandais-condamne-a-20-ans-pour-complicite-dans-le-genocide-des-tutsis-20220712 |site=LEFIGARO |date=2022-07-12 |consulté le=2022-07-13}}</ref>.
 
==== Arrestations de Rwandais en Belgique ====
Le 3 octobre 2020, le parquet fédéral belge et le parquet rwandais ont déclaré que trois personnes étaient soupçonnées d'avoir participé au génocide rwandais en 1994. Deux ont été arrêtées le 29 septembre 2020 à [[Bruxelles]] et une le 30 septembre 2020 dans la [[province du Hainaut]], dans deux affaires différentes, et tous les trois accusées de « violations graves du droit humanitaire »<ref>{{Lien web |titre=Belgique : arrestation de trois hommes suspectés d'avoir pris part au génocide rwandais |url=https://www.france24.com/fr/20201003-belgique-arrestation-de-trois-hommes-suspect%C3%A9s-d-avoir-pris-part-au-g%C3%A9nocide-rwandais |site=France 24 |date=3 octobre 2020 |consulté le=3 octobre 2020}}.</ref>. Le 19 décembre 2023, Séraphin Twahirwa et Pierre Basabose, ont été déclarés coupables, par la cour d’assises de Bruxelles, de crimes de génocide et de crimes de guerre, au terme de plus deux mois de délibéré<ref>{{Lien web |titre=Afrique, Deux Rwandais reconnus coupables de «crimes de génocide» par la justice belge |url=https://www.rfi.fr/fr/afrique/20231220-deux-rwandais-reconnus-coupables-de-crimes-de-g%C3%A9nocide-par-la-justice-belge |site=Radio France Internationale |date=20 décembre 2023 |consulté le=21 décembre 2023}}.</ref>.
 
En avril 2024, Emmanuel Nkunduwimye, est poursuivi pour crime de génocide, pour les meurtres d’un nombre non identifié de personnes et pour un viol. Son procès dure jusqu'à juin 2024<ref>{{Lien web |titre=Belgique: ouverture du procès d'un présumé génocidaire rwandais |url=https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240409-belgique-ouverture-du-proc%C3%A8s-d-un-pr%C3%A9sum%C3%A9-g%C3%A9nocidaire-rwandais |site=Radio France Internationale |date=09 avril 2024 |consulté le=09 avril 2024}}.</ref>.
 
== Négation du génocide des Tutsis au Rwanda ==
{{Article détaillé|Négation du génocide des Tutsis du Rwanda}}
Le [[négationnisme]] du génocide a trois expressions différentes : la négation pure et simple, la théorie du double génocide et la négation de diverses complicités.
 
La négation pure et simple considère qu'il n'y a eu au Rwanda que de simples massacres de masse, dont la quantité aurait été délibérément grossie par la propagande pro-FPR. Au cours des procès devant le [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]] (TPIR), plusieurs accusés ont tenté de contester l'existence d'undu génocide audes RwandaTutsis dans leur procédure. Le [[{{date|16 juin]] 2006}}, la chambre d'appel du TPIR rend une décision à la suite de laquelle le génocide est incontestable<ref>[https://wwwjrad.justiceinfoirmct.netorg/fr/justice-reconciliation/522-les-d%C3%A9cisions-historiques-du-tpirview.htmlhtm?r=222170 Décision de la chambre d'appel] du 16/06/2006], en particulier l’article 31, pp. 20–22.</ref>{{refins}}.
 
La « théorie du double génocide » affirme l'existence d'un contre-génocide des Hutus, qui n'a pas été constaté par les instances internationales. Elle permettrait de parler de « combats interethniques » afin de renvoyer dos à dos les victimes et les bourreaux. Le terme de ''génocides'' (au pluriel) a été utilisé par plusieurs responsables politiques français<ref>Le terme « les génocides » figure dans le [http://discours.vie-publique.fr/notices/947014300.html discours de François Mitterrand] le 8 novembre 1994 à la Baule. Son utilisation en septembre 2003 par M. De Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, a incité le journaliste [[Patrick de Saint-Exupéry]] à écrire son livre, ''L'inavouable, la France au Rwanda''.</ref>. Aucun des quatre grands rapports internationaux (ONU, OUA, Sénat belge et Assemblée nationale française) n'a parlé de génocide des Hutus. Les [[Organisation non gouvernementale|ONG]] qui ont fait également de volumineuses enquêtes, telles que [[Human Rights Watch]], la [[Fédération internationale pour les droits humains|Fédération internationale des ligues des droits de l'hommeHomme]], [[Amnesty International]], African Right, [[Survie (association)|Survie]] et la commission d'enquête citoyenne française, combattent l'idée révisionniste d'un double génocide. [[Bernard Kouchner]], [[Liste des ministres français des Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]], déclarait en {{date-|mars 2008}}, dans la revue ''Défense nationale et sécurité collective'', dont le comité d'études est présidé par le général Christian Quesnot, ancien chef d'État-major particulier de [[François Mitterrand]] : {{citation|Je ne peux pas cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur, pas plus que je ne peux supporter d'entendre certains défendre la thèse d'un double génocide Tutsi et Hutu.}}<ref name="Rue89mars08">David Servenay, [http://www.rue89.com/2008/04/07/quand-la-france-officielle-parle-du-genocide-rwandais « Quand la « France officielle » parle du génocide rwandais »], ''[[Rue89]]'', 7 avril 2008.</ref>. Initiée en 2014 par François Hollande mais interrompue peu après, l'ouverture totale des archives sur la période 1990-1994 au Rwanda est réclamée par les historiens et associations pour faire la lumière sur le génocide des tutsisTutsis<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Patrick de Saint-Exupéry|lien auteur1=Patrick de Saint-Exupéry|titre="Réarmez-les !"|périodique=Revue XXI|numéro=39|date=été 2017|issn=|lire en ligne=http://www.revue21.fr/tous_les_numeros/#n-39_rearmez-les|pages=}}.</ref>. La remise du rapport sur le Rwanda en mars 2021 par la commission présidée par [[Vincent Duclert]] représente une étape importante<ref>{{Lien web |titre=La remise du rapport Duclert au Président de la République |url=https://www.vie-publique.fr/rapport/279186-rapport-duclert-la-france-le-rwanda-et-le-genocide-des-tutsi-1990-1994 |site=vie-publique |date=26 mars 2021}}</ref>. Les membres de la commission ont eu accès à des archives déclassifiées.
 
La négation des complicités concerne les facilités politiques, diplomatiques, médiatiques et militaires, internationales et intérieures, qui ont pu être octroyées au régime qui a conduit le génocide. La négation des complicités est l'objet de vives controverses en France. Ainsi, Bernard Maingain, avocat belge des officiels rwandais accusés en 2006 par le juge [[Jean-Louis Bruguière|Bruguière]] avance en {{date-|janvier 2012}} que durant 16 ans celui-ci aurait instruit uniquement à charge du FPR pour établir les responsabilités dans l'attentat contre l'avion présidentiel<ref>[http://www.liberation.fr/monde/01012382611-les-dix-huit-ans-d-intoxication-d-une-enquete-a-sens-unique « Les dix-huit ans d'intoxication d'une enquête à sens unique »], [[Maria Malagardis]], ''Libération'' en ligne, 11 janvier 2012.</ref>.
 
=== Liste de personnalités condamnées ===
* [[Victoire Ingabire Umuhoza]], pouvantfigure êtrede présentéel'opposition comme opposante au régime rwandaisrwandaise (présidente des Forces démocratiques unifiées, parti politique non reconnu par les autorités rwandaises), futest condamnée au Rwanda en 2010 à 15 années de prison pour négationnisme (« conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre, minimisation du génocide de 1994 et», propagationaprès deavoir rumeursdemandé dansque l'intentionles d'incitercrimes lecommis publicpar les Tutsis soient assimilés à laceux violencecommis »)envers eux<ref>{{Article|titre=L'opposante rwandaise Victoire Ingabire arrêtée à Kigali|périodique=Le Monde.fr|date=2010-10-14|issn=1950-6244|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/10/14/l-opposante-rwandaise-victoire-ingabire-arretee-a-kigali_1426379_3212.html|consulté le=2017-10-11}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Rwanda : l’aventure ambiguë de Victoire Ingabire – JeuneAfrique.com|périodique=JeuneAfrique.com|date=2015-11-25|lire en ligne=http://www.jeuneafrique.com/mag/278863/politique/rwanda-laventure-ambigue-de-victoire-ingabire/|consulté le=2017-10-11}}</ref>. Sa peine est commuée en septembre 2018<ref>{{article|journal=[[Le Monde]]|titre=Victoire Ingabire, figure de l’opposition rwandaise, est sortie de prison|date=15 septembre 2018|url=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/09/15/rwanda-l-opposante-victoire-ingabire-liberee-de-prison_5355615_3212.html }}.</ref>.
* [[Yvonne Ntacyobatabara Basebya]] née le {{date|8 février 1947}} à Kinoni, dans la préfecture [[Ruhengeri]], [[Rwanda]], et morte le {{date|24 février 2016}} à [[Reuver]], Pays-Bas, condamnée à 6 ans et 8 mois de prison par un tribunal de district de La Haye le {{date|1er mars 2013}} pour [[Sédition|incitation]] au [[génocide]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Une Rwandaise des Pays-Bas a été condamnée pour incitation au génocide |url=https://www.lenouvelliste.ch/monde/une-rwandaise-des-pays-bas-a-ete-condamnee-pour-incitation-au-genocide-260982 |site=Une Rwandaise des Pays-Bas a été condamnée pour incitation au génocide |consulté le=2022-06-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=nl|titre=ECLI:NL:RBDHA:2013:8710, Rechtbank Den Haag, 09/748004-09/translation|date=2013-03-01|lire en ligne=https://deeplink.rechtspraak.nl/uitspraak?id=ECLI:NL:RBDHA:2013:8710|consulté le=2022-06-23}}</ref>.
 
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
 
== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Rwandan Genocide}}
=== Bibliographie ===
{{Article détaillé|Bibliographie sur le génocide au Rwanda}}
 
==== SourcesBibliographie primaires ====
{{Article détaillé|Bibliographie et filmographie sur le génocide des Tutsi au Rwanda}}
* [http://jrad.unmict.org Archives du Tribunal pénal international pour le Rwanda].
* {{en}} [http://gacaca.rw/ Archives des cours Gacaca].
* {{en}} [http://www.genocidearchiverwanda.org.rw/index.php/Welcome_to_Genocide_Archive_Rwanda Archives du Génocide rwandais].
 
==== Études ====
* Jean-François Boudet, ''Justice française et génocide des Tutsis au Rwanda'' (avec le soutien de Paul Lens et la préface d’Aimé Muyoboke Karimunda), Paris, L’Harmattan, coll. Droits, Sociétés, Politiques : Afrique des Grands Lacs, 2021, 401 p.
* [[Jean-Pierre Chrétien]], ''L'Afrique des Grands Lacs'', Paris, Aubier, 2000, {{ISBN|2-7007-2294-9}}.
* [[Hélène Dumas]], ''Le génocide au village. Le massacre des TutsiTutsis au Rwanda'', Paris, Éd. du Seuil, 2014.
* Hélène Dumas, ''Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsis, 1994-2006'', La Découverte, 2020.
* [[Bernard Lugan]], ''Rwanda : le génocide, l'Église et la démocratie'', Paris, Le Rocher, 2004.
* Florent Piton, ''Le génocide des Tutsis du Rwanda'', La Découverte, 2018, 248 p.<ref>[https://www.revue-etudes.com/article/le-genocide-des-tutsi-du-rwanda-de-florent-piton-19737 Le génocide des Tutsi du Rwanda de Florent Piton], revue-etudes.com, janvier 2019</ref>
** ''Rwanda : contre-enquête sur le génocide'', Toulouse, Privat, 2007.
** [[Gérard Prunier]], ''Rwanda : unle génocide en questions'', Paris, Le RocherDagorno, 2004, coll. Lignes de feu1999, {{ISBN|978-2-268910019-0757950-20}}.
* {{Ouvrage |prénom1=François|nom1=Graner |prénom2=Guillaume|nom2=Desgranges |prénom3=Fabrice|nom3=Tarrit|titre=L'État français et le génocide des Tutsis au Rwanda|année=2020|isbn=978-2-7489-0393-5 |isbn2=2-7489-0393-5|oclc=1147365462|éditeur=Agone }}
* Florent Piton, ''Le génocide des Tutsi du Rwanda'', La Découverte, 2018, 248 p.
* {{Ouvrage |auteur1=Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi |titre=La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) |sous-titre=rapport remis au président de la République le 26 mars 2021 |éditeur=Armand Colin |date=26 mars 2021 |lire en ligne=https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/279186_0.pdf}} (dit « rapport [[Vincent Duclert|Duclert]] »).
* [[Gérard Prunier]], ''Rwanda : le génocide'', Paris, Dagorno, 1999 {{ISBN|2-910019-50-0}}.
 
==== Témoignages et essais ====
* [[Stéphane Audoin-Rouzeau]], ''Une initiation, Rwanda (1994-2016)'', Seuil (2017), {{ISBN|978-2-02-130851-8}}.
* [[Roméo Dallaire]], ''[[J'ai serré la main du diable (livre)|J'ai serré la main du diable, la faillite de l'humanité au Rwanda]]'', Libre Expression (2003) {{ISBN|2-7648-0072-X}}.
* [[Jean Hatzfeld (journaliste)|Jean Hatzfeld]], ''Récits des marais rwandais'', trilogie : ''[[Une saison de machettes]]'', 2003 ; ''[[Dans le nu de la vie]]'', 2000 ; ''La Stratégie des antilopes'', 2007, Le Seuil.
* Esther Mujawayo, Souâd Belhaddad, ''Survivantes Rwanda - Histoire d'un génocide'', [[Éditions de l'Aube|l'Aube]] poche essai, 2005.
* [[Pierre Péan]], ''Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique'', Fayard, 2010.
* [[Patrick de Saint-Exupéry]], ''L'inavouable, la France au Rwanda'', Les Arènes (2004), {{ISBN|2-912485-70-3}}.
 
==== Récits ====
* [[Jean Hatzfeld (journaliste)|Jean Hatzfeld]], Récits des marais rwandais, trilogie, Le Seuil : ''[[Dans le nu de la vie]]'', 2000, ''[[Une saison de machettes]]'', 2003, ''[[La Stratégie des antilopes]]'', 2007 ; ''Englebert des collines'', Gallimard, 2014 ; ''Un Papa de sang'', Gallimard, 2015.
* {{ouvrage | titre= La Fille au sourire de perles | auteur1= [[Clemantine Wamariya]] | auteur2=Elizabeth Weil | traducteur= Julie Groleau | éditeur= Les Escales | année=2019}}.
 
==== Romans et pièces de théâtre sur le génocide ====
''Par ordre chronologique''
 
* [[Boubacar Boris Diop]], ''Murambi, le livre des ossements'', [[Éditions Stock]], 1999
* [[Jacques Delcuvellerie]] et le Groupov, ''Rwanda 94'' (création Avignon 1999), Groupov (Bruxelles), Ed. Théâtrales, 2002 <small>({{ISBN|2-84260-102-5}})</small>
* [[Gérard de Villiers]], ''[[Liste des romans de SAS#Enquête sur un génocide|Enquête sur un génocide]]'' (2000), {{140e}} roman de la [[SAS (série littéraire)|série SAS]].
* [[Gil Courtemanche]], ''[[Un dimanche à la piscine à Kigali]]'', édition Boréal, Montréal, 2000.
* [[Benjamin Sehene]], ''[[Le Feu sous la soutane]]''. ''Un prêtre au Cœur du génocide rwandais'', Paris, éditions [[L'Esprit frappeur]], 2005, {{ISBN|2-84405-222-3}}.
* Pasal Tedes, ''Les hommes en moins'', pièce de théâtre, création Guérigny (Nièvre 58), 2006.
* [[Scholastique Mukasonga]], ''[[Notre-Dame du Nil]]'', [[éditions Gallimard]], 2012 – [[prix Renaudot]].
* Marie-Fidèle Mukandekezi, ''Trois vies contre trois paquets de cigarettes : l'épreuve d'une femme rwandaise,'' 2013, éditions Le Dauphin Blanc.
* [[Dorothée Munyaneza]], ''Samedi Détente'', création théâtre de Nîmes, 2014.
* [[Gaël Faye]], [[Petit Pays (roman)|''Petit Pays'']], [[éditions Grasset]], [[2016 en littérature|2016]] – [[prix du roman Fnac]]-[[prix Goncourt des lycéens]].
* Kurt Jais-Nielsen, ''Ils ont abattu les grands arbres'', éditions Tensing, 2016, {{ISBN|978-2-919750-82-5}}.
* Yoan Smadja, ''J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi'', [[éditions Belfond]], 2019.
 
==== Recueils de poèmes ====
* [[Matthieu Gosztola]], ''[[Débris de tuer|Débris de tuer, Rwanda 1994]], ''[[Atelier de l'agneau]], [[2010 en littérature|2010]].
* Nicolas Grégoire, ''Face à / morts d'être,'', Éditions Centrifuges, 2014, – prix Robert Goffin.
 
=== Filmographie ===
* ''{{Lien|langue=en|[[100 Days (2001 film)|texte= 100 Days}}]]'' (1999) réalisé par {{Lienrefnec|langue=en|trad=Ericréalisé Kabera|fr=Ericpar Kabera|texte=[[Eric Kabera]]}}
* ''[[Hôtel Rwanda]]'' (2004) réalisé par [[Terry George]]
* ''[[Shooting Dogs]]'' (2005) réalisé par [[Michael Caton-Jones]]
Ligne 334 ⟶ 375 :
* ''[[J'ai serré la main du diable (film, 2007)|J'ai serré la main du diable]]'' (2007) réalisé par [[Roger Spottiswoode]]
* ''[[Opération Turquoise (téléfilm)|Opération Turquoise]]'' (2007) réalisé par [[Alain Tasma]]
* ''[[Waramutsého!Behind This Convent]]'' (2008) réalisé par Bernard[[Gilbert Auguste Kouemo YanghuNdahayo]]
* ''[[Waramutsého!]]'' (2008) réalisé par [[Bernard Auguste Kouemo Yanghu]]
* ''[[Le Jour où Dieu est parti en voyage]]'' (2009) réalisé par [[Philippe Van Leeuw]]
* ''[[Lignes de front]]'' (2010) réalisé par [[Jean-Christophe Klotz]]
* ''[[Notre-Dame du Nil (film)|Notre-Dame du Nil]]'' (2019) réalisé par [[Atiq Rahimi]]
* ''[[Petit Pays (film)|Petit Pays]]'' (2020) réalisé par [[Éric Barbier]]
 
==== FilmFilms documentairedocumentaires ====
* ''Rwanda, une intoxication française'', documentaire de Catherine Lorsignol réalisé en 2013 et diffusé dans l'émission ''Spécial Investigation'' sur Canal + : https://www.youtube.com/watch?v=GDhYwVWMJ1g
* ''[[Tuez-les tous !]] (Rwanda : histoire d’un génocide « sans importance »)'' (2004), réalisé par [[Raphaël Glucksmann]], David Hazan et [[Pierre Mezerette]]
* ''[[L'Afrique en morceaux]]'' (2000), réalisé par [[Jihan El-Tahri]]
* ''[[Umurage]]'' (2002), réalisé par Gorka Gamarra
* ''[[Radio Okapi]], radio de la vie'' (2006)<ref>{{Lien web |auteur=Catherine Bedarida |titre=Une radio pour la paix |url=https://www.lemonde.fr/vous/article/2007/01/06/une-radio-pour-la-paix_852568_3238.html |site=Le Monde |date=6 janvier 2007}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Abdoulaye Bah|titre=Radio Okapi, lauréate du Prix “Free Media Pioneer”|périodique=Global Voices|date=24 septembre 2010|lire en ligne=https://fr.globalvoices.org/2010/09/24/44126/|extrait=En 1994, au Rwanda, « La radio des mille collines » a réglé minute par minute le dernier génocide du 20ième siècle (...) « Radio Okapi, radio de la vie » propose des images totalement inédites du génocide rwandais.}}</ref>, réalisé par [[Pierre Guyot]] (''[[Prix Lorenzo-Natali]] pour le Journalisme'' 2008 - ''Silver Audience Award'' au Vancouver Amnesty International Film Festival - Sélections au [[Festival international du grand reportage d'actualité et du documentaire de société|Festival International du Grand Reportage d'Actualité]], au Toronto Reel Awareness Film Festival, au [[Festival international du film francophone de Namur|Festival International du Film Francophone de Namur]] - ''Prix Spécial du Jury'' au [[Festival international du film des droits de l'homme de Paris|Festival International du Film des Droits de l’Homme]] de Bangui - ''Grand Prix du Jury'' au [[Festival international du film des droits de l'homme de Paris|Festival International du Film des Droits de l’Homme]] de Lomé)<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Événements {{!}} Africultures : Institut Culturel Léopold Sédar Senghor |url=https://africultures.com/evenements/?no=17825 |site=Africultures |consulté le=2024-05-13}}</ref>
* ''[[Inkotanyi (film)|Inkotanyi]]'' (2017), réalisé par [[Christophe Cotteret]]
 
=== Entretien ===
* {{Lien web|titre=Rwanda : la France et le génocide des Tutsi|url=https://www.lemediatv.fr/emissions/la-grande-h/rwanda-la-france-et-le-genocide-des-tutsi-stephane-audoin-rouzeau-helene-dumas-fR6qBjUySiK8Op54cS23dg}}, entretien de Julien Théry avec les historiens [[Stéphane Audoin-Rouzeau]] et [[Hélène Dumas]] dans « La grande H. », l'émission d'histoire du [[Le Média|Média]], {{date-|9 juillet 2019}}.
 
=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=2|
* [[Accords d'Arusha (Rwanda)]]
* [[Akazu]] et [[Hutu Power]]
* [[Commission française d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda]]
* [[Commission Mucyo]] sur l'« implication française »
* [[Cyprien et Daphrose Rugamba]]
* [[Négation du génocide des Tutsis du Rwanda]]
* [[Droits de l'homme au Rwanda]]
* [[Génocide]]
* [[HutusHutu]] et [[Tutsis]]
* [[Émilienne Mukansoro]] (1967-)
* [[Manifeste des Bahutu]]
* [[Judith Kanakuze]] (1959-2010)
* [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda]] (MINUAR)
* [[Manifeste des Bahutu]] (1957)
* [[Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda]] (MINUAR, 1993-1996)
* ''[[Musekeweya]]''
* [[Négation du génocide des Tutsi au Rwanda]]
* [[Rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda]]
* [[Rôle de la communauté internationale dans le génocide des Tutsi au Rwanda]]
* [[Tribunal pénal international pour le Rwanda]]
* [[Viol en tant qu'arme de génocide]]
* [[Judith Kanakuze]]
* [[Violence sexuelle pendant le génocide des Tutsi au Rwanda]]
}}
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
{{Autres projets|commons=Category:Rwandan Genocide}}
* [http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/rwanda.asp Mission d'information sur le Rwanda], rapport d'information de l'Assemblée nationale française sur le génocide Rwandais (dit « rapport Quilès »), 1996.
* [http://www.senate.be/www/webdriver?MIval=/publications/viewPub.html&COLL=S&LEG=1&NR=611&VOLGNR=7&LANG=fr Commission d'enquête parlementaire concernant les événements du Rwanda], Sénat de Belgique, {{date-|6 décembre 1997''}}.''
* [https://www.hrw.org/reports/1999/rwanda/index.htm#TopOfPage ''Leave None to Tell the Story: Genocide in Rwanda''] (version originale en anglais du rapport de Human Rights Watch, ''Aucun témoin ne doit survivre''), {{date-|avril 2004}}.
* [https://www.afrik.com/le-genocide-rwandais Dossiers « Génocide rwandais » de ''Afrik.com''], 2004.
* [http://archives.radio-canada.ca/IDD-0-9-1722/guerres_conflits/rwanda_dallaire/ Rwanda, le génocide annoncé], Archives de Radio-Canada.
* [http://www.afrik.com/dossier200.html Dossiers « Génocide rwandais » de ''Afrik.com''], 2004.
* {{M. X|20061216|Le Rwanda}}.
* [http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org Dossier sur le génocide. Site de la Commission d'Enquête Citoyenne, mises à jour régulières].
* [http://aircrigeweb.free.fr/ressources/rwanda/sommairerwanda.html Site de l'AIRCRIGE, dossier thématique sur le Rwanda].
* [http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690249-le-rwanda-1-5.html Histoire vivante Rwanda, 5 témoignages], RTS.ch, {{date-|17 mars 2014}}.
* [http://www.lanuitrwandaise.net/ Site de la revue annuelle "La nuit rwandaise" dédiée à la question de l'implication française dans le dernier génocide du {{s-|XX}}].
* {{audio}} Mécaniques du complotisme, {{citation|Rwanda, le génocide des Tutsi et la conspiration }}, podcast de David Servenay et Thomas Dutter, [[France Culture]], {{date-|10 juin 2020}} : <small>{{lien web|url=https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme-saison-7-covid-19-une-epidemie-de-fausses-informations/rwanda-le-genocide-des-tutsi-et-la-conspiration-14-la-fabrique-des-preuves|titre=1 : la fabrique des preuves}} ({{heure||14|}}) ; {{lien web|url=https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme-saison-7-covid-19-une-epidemie-de-fausses-informations/rwanda-le-genocide-des-tutsi-et-la-conspiration-24-paul-barril-le-clown-du-revisionnisme|titre=2 : Paul Barril, le clown du révisionnisme}} ({{heure||14|}}) ; {{lien web|url=https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme-saison-7-covid-19-une-epidemie-de-fausses-informations/rwanda-le-genocide-des-tutsi-et-la-conspiration-34-les-intellectuels-du-negationnisme|titre=3 : les intellectuels du négationnisme}} ({{heure||14|}}) ; {{lien web|url=https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme-saison-7-covid-19-une-epidemie-de-fausses-informations/rwanda-le-genocide-des-tutsi-et-la-conspiration-44-les-politiques-face-a-la-memoire|titre=4 : les politiques face à la mémoire}} ({{heure||14|}}).</small>
* [http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690249-le-rwanda-1-5.html Histoire vivante Rwanda, 5 témoignages], RTS.ch, 17 mars 2014.
 
== Notes et références ==
{{Références}}
 
{{Palette|Génocide au Rwanda|Rwanda|Opération Turquoise}}
{{Portail|Criminologie|Droits de l'homme|mort|Rwanda|années 1990|mort}}
 
[[Catégorie:Génocide des Tutsi au Rwanda|* ]]