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{{voir homonymes|Racine}}
{{Infobox Biographie2
| charte = écrivain
| nom
| image
| légende
| nom de naissance
| surnom
| activités
| date de naissance
| lieu de naissance
| date de décès
| lieu de décès
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| formation = [[Lycée Saint-Louis]]<br>[[Collège de Beauvais]]
| maître = [[Antoine Le Maistre]], [[Claude Lancelot]], [[Pierre Nicole]], [[Jean Hamon (médecin)|Jean Hamon]]
| enfant = [[Jean-Baptiste Racine]]<br>[[Louis Racine]]
| genre = [[tragédie]] essentiellement, [[comédie]]
| adjectifs dérivés = « [[wikt:racinien|Racinien]] »
| date de baptême = {{date|22|décembre|1639}}
| membre de = [[Académie française]] {{Petit|(1672-1699)}}<br>[[Académie des inscriptions et belles-lettres]] {{Petit|(1683-1699)}}
| œuvres principales = * ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', 1667
* ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'', 1669
* ''[[Bérénice (Racine)|Bérénice]]'', 1670
* ''[[Iphigénie (Racine)|Iphigénie]]'', 1674
* ''[[Phèdre (Racine)|Phèdre]]'', 1677
| complément
| signature
}}
'''Jean Racine''',
Issu d'une famille de petits notables de [[la Ferté-Milon]] et tôt orphelin, Racine reçoit auprès des [[Solitaires (Port-Royal)|« Solitaires » de Port-Royal]] une éducation littéraire et religieuse rare. Se détournant d'une carrière ecclésiastique, il entreprend, jeune, de faire une carrière des [[Littérature|lettres]]<ref>L’histoire sociale de la littérature a souvent vu en Racine un premier archétype de celui qui fait carrière et métier des lettres, par lesquelles ce modeste Picard trouve richesse, renommée, et une ascension sociale certaine. L’écriture devenant un « métier », tout du moins un champ autonome, s’éloigne de la gratuité que lui attribuait ''l’otium'' humaniste. Voir [[Raymond Picard]], ''La Carrière de Jean Racine'', Paris, Gallimard, 1961 ; [[Alain Viala]], ''Naissance de l'écrivain. Sociologie de la littérature à l'âge classique'', Paris : Ed. de Minuit, 1985 ; ''Racine, la stratégie du caméleon'', Paris, Seghers, 1990.</ref>, en privilégiant la poésie et le théâtre tragique. Le succès d’''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', en 1665, lui confère une solide réputation et lui apporte le soutien du jeune roi
L'œuvre de Racine passe pour avoir amené la [[Théâtre classique|tragédie classique]] à son «
== Biographie ==
La vie, la carrière et la trajectoire sociale de Jean Racine ont fait l'objet d'interprétations contrastées et de querelles vives dans l'[[historiographie]] de la littérature. Les biographies du dramaturge ont longtemps relevé de l'[[hagiographie]]<ref>Une littérature hagiographique sur Racine apparaît dès la fin du {{s-|XVII}} et au {{s-|XVIII}}. Le fils cadet du dramaturge, [[Louis Racine]], a figé avec beaucoup d'influence une image idéalisée de son père dans ses ''Mémoires contenant quelques particularités sur la vie et les ouvrages de Jean Racine'' ({{harvsp|Racine|1747}}).</ref> le montrant en modèle du provincial miséreux que le [[Génie (personne)|génie]] littéraire élève à la gloire, la richesse, et, fait inédit, la noblesse. Une telle vision procède d'une déduction de la vie de Racine à partir de son œuvre<ref>Ce schéma téléologique est soulevé par {{harvsp|Forestier|2006|p=13-14}}</ref>. Les historiens [[Romantisme|romantiques]]<ref>Voir notamment {{harvsp|Sainte-Beuve|1840-1859}}</ref> ont cherché dans sa vie les passions si présentes dans ses tragédies, en déduisant de leur vivacité des éléments biographiques et psychologiques. Les [[Critique littéraire|critiques littéraires]] ont limité l'ensemble de sa vie à sa production littéraire, négligeant une vision sociale de son parcours ; l'homme Racine étant avant tout un auteur, déterminé par le génie de sa production littéraire et le « mythe »<ref>{{harvsp|Viala|1990|p=11}}</ref> qui entoure celle-ci<ref>Cette vision purement littéraire, qui n'aborde la vie de Racine que par le prisme de ses pièces ''a priori'' pensées comme l'émanation d'un génie éternel et absolu a longtemps été influente au {{s-|XX}} ({{harvsp|Mauriac|1928}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Maulnier|1934}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Jasinski|1958}}), jusqu'à [[Raymond Picard]] ({{harvsp|Picard|1961}}).</ref>.
Ces deux visions ont depuis été critiquées{{sfn|Forestier|2006|p=9-17}}. D'une part, le fait de chercher chez l'auteur les traits psychologiques de ses personnages relève d'une détermination ''a priori'' et d'une [[téléologie]], ce d'autant plus que l'expression des sentiments intimes de l'auteur correspond mal aux critères du théâtre du {{s-|XVII}}<ref>Georges Forestier relève que de nombreux critiques se sont "trompé d'époques" en appliquant à l'œuvre de Racine une conception du rapport entre l'auteur et ses personnages héritée du {{s-|XIX}} et condensé dans un mot célèbre de [[Gustave Flaubert|Flaubert]] : "la [[Madame Bovary|Bovary]], c'est moi". Pour lui, l'expression des passions mises à vif est bien davantage un héritage des lectures acquises lors de l'éducation antiquisante de Racine (en particulier d'Ovide et Virgile) que l'expression de ses propres passions. {{harvsp|Forestier|2006|p=284-285}}.</ref>. La critique cherche aujourd'hui davantage à chercher sous le mythe littéraire la réalité sociale et politique de sa carrière{{sfn|Forestier|2006}}{{,}}{{sfn|Sayer|2006}}. D'autre part, Racine n'est pas seulement remarquable comme écrivain : « il a accompli l'une des trajectoires sociales les plus extraordinaires de l'époque moderne »{{sfn|Forestier|2006|p=13}}. Son ascension sociale fulgurante, unique dans la société rigide de l'[[Société d'Ancien Régime|Ancien régime]], a suscité l'intérêt de la [[socio-histoire]]. [[Alain Viala]] a ainsi donné sur Racine un ouvrage fondateur de la sociologie de la littérature{{sfn|Alain Viala|1990}}, voyant dans sa carrière l'exemple typique de la constitution d'un « métier des lettres » comme [[Pierre Bourdieu#Théorie des champs|champ]] permettant de faire carrière, et de la naissance du statut social d'« écrivain »<ref>Voir aussi à ce sujet {{harvsp|Viala|1985}}.</ref>. Influencé par la sociologie [[Pierre Bourdieu|bourdieusienne]], Viala a utilisé la métaphore du [[Chamaeleonidae|caméléon]] pour rendre compte de la trajectoire sociale de Racine, définissant « l'ethos caméléonesque » du poète comme une « disposition à prendre l'aspect du milieu auquel on veut (on désire ou on a besoin de) s'intégrer pour y trouver de quoi subsister et se développer{{sfn|Viala|1990|p=24}} ». Si la perspective de Viala a également suscité des réserves<ref>En particulier celles de {{harvsp|Forestier|2006}}.</ref>, la biographie du dramaturge est désormais largement considérée sous un angle social, comme une trajectoire opportuniste qui, loin d'être le seul déploiement d'un génie le portant irrémédiablement à la gloire, influence le contenu et la nature de sa production littéraire.
=== L'enfant de Port-Royal (1639-1659) ===
==== L'orphelin de La Ferté-Milon ====
Le [[Société d'Ancien Régime|rang social]] de la famille Racine a fait l'objet de débats vigoureux, rendus d'autant plus sibyllins que le poète a lui-même alimenté les légendes sur ses origines{{sfn|Georges Forestier|2006|p=24-28}}. L'idée que la [[noblesse]] familiale est ancienne et fondée sur le service militaire a été formulée par Racine à la fin de sa vie. Dans un témoignage de moralité de 1696, le poète a laissé entendre que son père et son grand-père ont porté les armes avant de se voir accorder des charges. Cette information douteuse<ref>{{harvsp|Forestier|2006|p=27}} ; Louis Vaunois 1964, {{p.|33}}</ref>, jamais apparue avant ce témoignage tardif et . qui n'est vérifiée par aucune source, a parfois été reprise par les biographes<ref>. En particulier, avec beaucoup d'influence, par [[Louis Moréri]], ''Grand Dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane'', notice "Racine".</ref>. À l'inverse, la modestie de l'[[origine sociale]] du poète a parfois été exagérée, ou bien pour l'attaquer, ou bien pour souligner le caractère exceptionnel de son parcours<ref>. Une telle vision misérabiliste de l'origine sociale de Racine est encore celle d'Alain Viala, qui a été critiqué (notamment par Georges Forestier), pour avoir exagéré la pauvreté du jeune homme. Il décrit par exemple ainsi la famille proche de Jean : "Ces bourgeois rêvaient, comme tous leurs semblables, de pouvoir s'élever jusqu'à graviter dans la sphère des nobles. Mais bourgeois ils étaient, et petits, à l'échelle de leur bourg. Et en était un tout petit, ce jeune homme tout pauvre". (Alain Viala 1990, {{p.|32}}). Une telle vision lui permet de mettre en valeur la fulgurance de la trajectoire sociale du poète qui, de ce bas de l'échelle sociale, arrive par mimétisme de l'''[[Habitus (sociologie)|habitus]]'' des classes dominantes, à se faire une place dans celles-ci.</ref> (une phrase de [[Nicolas Boileau|Boileau]] fait de Racine le « fils d'une espèce de fermier »{{sfn|Picard|1956|p=358}}{{,}}{{sfn|Georges Forestier|2006|p=28}}{{Référence à confirmer}}).
La famille de Racine est ancrée dans les emplois bourgeois de [[la Ferté-Milon]], alors bourgade sans grande envergure<ref>Alain Viala 1990, {{p.|25-26}}.</ref>. Elle est en particulier liée au [[grenier à sel]], unité économique centrale qui assure le recouvrement de la [[Gabelle du sel|gabelle]] et la répartition d'une denrée précieuse. La famille maternelle, les Sconin, forment une [[dynastie]] d'officiers [[gabelous]], la famille paternelle, une autre de greffiers<ref name=":1">Alain Viala 1990, {{p.|11}}. Sur l'ascendance de Jean Racine, voir les quatre premiers chapitres de {{harvsp|Vaunois|1964|p=13-35}} qui synthétisent les documents disponibles sur le sujet</ref>. Si leur noblesse réelle est incertaine, voire imaginaire{{sfn|Forestier|2006|p=25}}, les Racine adoptent au début du {{s|XVII}} un signe extérieur de noblesse, en prenant des [[Héraldique|armoiries]] choisies sous le principe du [[rébus]] [[Patronyme|patronymique]] (les armes parlantes montrent un ''rat'' et un ''cygne''){{sfn|Forestier|2006|p=25-26}}{{,}}. Ces armoiries sont peintes sur les vitres de la maison que Jean Racine grand-père fait édifier en 1622{{sfn|Forestier|2006|p=25}}{{,}}<ref>Alain Viala 1990, {{p.|32}}.</ref>. Il apparaît également que ses membres ont cherché à simuler un ''ethos'' nobiliaire{{sfn|Forestier|2006|p=26}} ; le poète en particulier, s'adresse d'abord à sa sœur célibataire sous le nom de « Madame Marie Racine » mais, une fois que celle-ci a dérogé en épousant un roturier, M. Rivière, ne la nomme plus que « Mademoiselle Rivière ». Le [[milieu social]] d'origine de Jean Racine peut être décrit comme celui d'une « bourgeoisie de village »{{sfn|Viala|1990|p=32}}, qui exerce un pouvoir social et économique certain, mais relatif à l'échelle d'une petite bourgade ; si la famille nucléaire de Racine semble en outre plus modeste, elle est soutenue par des familles élargies aisées et localement puissantes<ref>{{harv|Forestier|2006|p=29, 37}}.</ref>.[[Fichier:Musee jean racine.jpg|vignette|La maison des Racine à [[la Ferté-Milon]], où Jean vit de 1643 à 1649 (aujourd'hui Musée Jean Racine).]]
Jean vit chez son grand-père paternel (
==== L'attrait de Port-Royal ====
Si Racine est un enfant de [[la Ferté-Milon]], il n'a pas conservé d'attachement fort à sa ville natale
Si le passage de Racine aux [[Petites écoles de Port-Royal|Petites écoles]] a souvent passé pour l'effet d'une chance unique qui élève l'enfant bien au-dessus de son milieu social, il trouve une explication simple dans l'histoire familiale. La famille Racine-Des Moulins est socialement très liée à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]. En 1625, Suzanne Des Moulins,
Suzanne Des Moulins reste jusqu'à sa mort l'intendante de toute l'abbaye de Paris
Un élément conjoncturel rapproche encore la ville de la Ferté-Milon de Port-Royal après 1638. La tension entre Saint-Cyran et le [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]], inquiet de l'attrait que suscite le premier, est d'abord d'ordre politique, et aboutit en {{date-|mai 1638}} à l'emprisonnement du théologien. Parce que Saint-Cyran est lié à Port-Royal et que la famille Arnauld s'intéresse à ses projets réformateurs, l'abbaye est tôt associée comme la pensée [[Augustinisme|
==== L'élève des
La date d'entrée de Racine aux [[Petites écoles de Port-Royal]] est incertaine. Les biographes sont partagés entre deux hypothèses : ou bien l'enfant a commencé son enseignement vers 1646, à six ou sept ans, au moment où sa tante Agnès fait à Port-Royal son [[noviciat]] ; ou bien il est arrivé à l'abbaye après la mort de son grand-père, en 1650 ou 1651. La seconde a longtemps eu les faveurs de l'[[historiographie]]<ref>Alain Viala place encore l'arrivée de Racine en 1649 (Alain Viala 1990, {{p.|39}}).</ref>, mais il est aujourd'hui plus assuré que Racine commence à fréquenter Port-Royal à un âge tendre<ref>Cette hypothèse est défendue avec force par {{
[[Fichier:Cloitre de Port-Royal Paris, Cochin.JPG|vignette|L'[[Abbaye de Port-Royal de Paris|abbaye Port-Royal de Paris]], où sont situées les [[Petites écoles de Port-Royal|Petites écoles]] quand Racine y entre.]]
L'enseignement des Petites écoles est alors radicalement différent de celui des [[Collège (Moyen Âge)|collèges]] réguliers, et marque profondément Racine. Astreints à un régime quotidien sévère, les élèves sont réunis par groupes de six sous l'égide d'un maître (au nombre de quatre en 1646) qui ne quitte jamais, ni le jour ni la nuit, ses pensionnaires<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|61-63}} ; Alain Viala 1990, {{p.|37}}.</ref>. Le maître a pour vocation la surveillance et l'éducation du groupe, mais aussi sa conduite spirituelle et une bienveillance paternelle (les châtiments corporels, au centre du système éducatif jésuite, sont extrêmement rares à Port-Royal). Il exerce ainsi une forte et durable influence sur les jeunes gens
La pédagogie de Port-Royal rompt également en contenu avec celle des collèges, innovant en particulier dans deux domaines : l'enseignement des langues et le rapport aux textes anciens. Le français est, en premier lieu, la langue unique d'éducation. Les élèves apprennent à lire, écrire, composer, formuler leurs pensées directement en français plutôt que par la médiation du latin ; l'enseignement du [[latin]] même se fait en et à partir du français<ref>[[Claude Lancelot]] publie en 1644 une ''Nouvelle méthode latine'' profitant de ces nouvelles méthodes. {{
Le rapport au texte ancien n'est pas non plus sans influence sur l'élève. Quand les ouvrages antiques servent dans l'enseignement jésuite à développer à partir d'eux des leçons morales par amplifications ou à collectionner des [[Topos (littérature)|topoï]] rhétoriques, ils sont à Port-Royal le support d'une explication visant à dérouler la pensée de l'auteur et la structure logique. Les élèves doivent chercher à comprendre plutôt qu'à simplement copier, à former leur jugement plutôt que leur seul style<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|67}} ; Alain Viala 1990, {{p.|38}}.</ref>. En cela, non seulement Racine lit les auteurs grecs dans le texte quand ses contemporains se contentent de traductions, mais il cherche encore à en saisir les substructions logiques, quand d'autres dramaturges ne les abordent que par mimétisme stylistique. La primauté donnée au français permet aux élèves de réunir dans une seule langue les outils cognitifs autrement partagés entre plusieurs chez les [[Compagnie de Jésus|Jésuites]]
L'éducation de l'abbaye vise encore à donner à l'élève une forme de politesse. Le but
Racine vit à Port-Royal-de-Paris durant [[Fronde (histoire)|la Fronde]]. Les troubles touchent particulièrement la communauté : l'abbaye des Champs est abandonnée entre {{date-|avril 1652}} et {{date-|mars 1653}}, les religieuses rejoignant celle de Paris, les [[Solitaires (Port-Royal)|Solitaires]] le [[château de Vaumurier]]. Les affrontements entre loyalistes (dont font partie les gens de Port-Royal) et frondeurs agitent le quartier, les élèves y prenant part. Durant l'un d'entre eux, Jean est blessé au front par la pierre d'une [[Fronde (arme)|fronde]], blessure dont il gardera cicatrice sa vie durant. Il est alors présenté comme modèle de bravoure loyaliste par le supérieur des Petites écoles
À la rentrée 1653, le garçon est envoyé au collège Pastour de [[Beauvais]]<ref>Alain Viala 1990, {{p.|39}}.</ref>. Ce départ est d'abord circonstanciel : l'établissement parisien de Port-Royal ferme cette même année, et les Petites écoles rejoignent le monastère des Champs. Les élèves sont alors répartis, durant l'été, dans plusieurs propriétés des alentours de l'abbaye : seul Jean est envoyé dans une autre institution. Ce transfert singulier semble être lié à Pierre Sconin, grand-père et tuteur de l'enfant, sur lequel le choix de l'établissement repose ''in fine''. Son fils Antoine Sconin, durant une décennie prieur claustral à l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais, lui a vraisemblablement suggéré le choix du collège de Beauvais
==== À Port-Royal-des-Champs et au [[collège d'Harcourt]] (1655-1659) ====
[[Fichier:MCC-20813 Gezicht op het klooster Port-Royal-des-Champs (1).jpg|vignette|L'abbaye de Port-Royal-des-Champs dans le troisième quart du {{s-|XVII
Le {{
De fait, arrivant aux Champs en 1655, à seize ans, Jean se trouve au cœur des vifs [[Jansénisme#Les polémiques entre jansénistes et molinistes|affrontements entre jansénistes et molinistes]], jusqu'alors discrets ou ne concernant que les seuls théologiens
[[Fichier:Antoine le Maître (Jacques Lubin).jpg|vignette|[[Antoine Le
La lettre montre la proximité des liens entre
Après la guérison miraculeuse de [[Marguerite Périer]], la nièce de Pascal, les Solitaires sont autorisés à regagner les Champs au milieu de l'année 1656. Antoine le Maistre y revient également en août. Les Petites écoles, toutefois, restent définitivement fermées. Racine a dès lors un statut très particulier aux Champs : l'un des deux seuls élèves demeurant (le second étant [[Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont|Le Nain de Tillemont]]), il profite d'un régime de plus grande liberté, de la proximité et de la confiance des Messieurs. Il se lie, durant ces années, au jeune [[Charles-Honoré d'Albert de Luynes|marquis d'Albert]], éduqué au château de Vaumurier par Claude Lancelot, son précepteur.
Ces périodes troublées sont pour Jean un temps d'études très fécond. Des années 1655 et 1656 sont en effet conservées plusieurs livres annotés de sa plume, et de nombreux cahiers d'extraits<ref>Sont conservés à la [[Bibliothèque nationale de France|BnF]] les ''Vies Parallèles'' (RES-J-88) et les ''Moralia'' (RES-J-105
Ces lectures et ces notes ne sont pas désintéressées et trahissent un souci professionnel : Jean montre une préoccupation indéniable pour la pratique judiciaire, et semble vouloir, ou être poussé à, devenir avocat<ref>Gilles Declercq 2004, {{p.|277}} ; Georges Forestier, 2006, {{p.|100-101}} ; Alain Viala 1990, {{p.|44}}.</ref>. Antoine Le Maistre, en particulier, semble destiner le jeune homme à une carrière judiciaire<ref>[[Jean-Baptiste Racine]] dans une annotation (éditée dans ''Œuvres de Jean Racine'', éd. Mesnard, {{t.|VI}}, {{p.|380}}) de la lettre de le Maistre à son père, affirme savoir, par
=== La carrière des lettres (1659-1666) ===
Jean Racine apparaît dès son jeune âge comme un jeune homme cherchant à faire carrière dans les lettres, contredisant en cela une tradition humaniste réservant à l'écriture la gratuité et le désintérêt de l'''[[otium]]''<ref>La carrière de Racine a souvent été perçu par la critique comme un tournant de l'histoire sociale des écrivains. Dès ses débuts, le dramaturge trouve en la littérature un champ dans lequel exercer une ambition sociale et économique. L'écriture devient dès lors un moyen de faire carrière, de trouver une ascension sociale, parfois la fortune. Cette vision sociale de Racine est exprimée avec le plus de force par l'approche socio-historique, bourdieusienne, d'[[Alain Viala]] ({{
==== Premières ambitions littéraires ====
[[Fichier:Hostel duc de Luynes Zeiller 13755.jpg|vignette|L'hôtel de Luynes, [[quai des Grands-Augustins]], où habite Racine à partir de 1658 ou 1659.]]
À sa sortie du collège d'Harcourt en 1659, le futur de Jean Racine est incertain. Le jeune homme, qui perd en {{date-|novembre 1658}} son protecteur [[Antoine
Libre, Racine entre également dans la vie mondaine. Il fréquente à partir de 1659 le petit salon que réunit le couple Vitart, mimant modestement ceux de l'[[hôtel de Rambouillet]] et de [[Madeleine de Scudéry]]. Il apprend là les normes de la conversation galante, dans laquelle il acquiert vite une belle réputation<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|127}} ; Alain Viala 1990, {{p.|51-53}}.</ref>. Il compose pour ces réunions mondaines de nombreuses chansons, madrigaux, épigrammes, selon la mode de l'époque influencée par la poésie de [[Vincent Voiture]]. Ces vers servent moins à faire œuvre de poète que de se fondre dans les codes de la sociabilité des salons et à passer pour un esprit fin
[[Fichier:La Nymphe de la Seine (...)Racine Jean btv1b8612046f.jpg|vignette|Frontispice de la ''Nymphe de la Reine à la Seyne'', première publication de Racine en 1660.]]
À la fin de l'année 1659 et au cours de l'année 1660, le jeune homme semble prendre pour projet sérieux de consacrer son temps à l'écriture et donne coup sur coup, entre d'autres vers galants, un sonnet politique, une pièce de théâtre, une [[ode]] sur le mariage du roi. En {{date|novembre
En {{date-|septembre 1660}}, il soumet à [[Jean Chapelain]], par l'intermédiaire de son cousin et hôte Nicolas Vitart, un long [[Éloge|poème encomiastique]] à l'occasion du mariage de
Après ce premier succès, Jean Racine projette en 1661 l'écriture d'une deuxième pièce de théâtre, ayant pour héros [[Ovide]]<ref>Ce projet, manifestement très développé, est évoqué par le poète dans une lettre à l'abbé le Vasseur ({{date-|juin 1661}}, Pléiade II, {{p.|397-398}}).</ref>. Si la pièce n'est jamais achevée, son projet permet de voir l'organisation du travail du dramaturge, qu'il conservera par la suite pour
Ces compositions galantes montrent que Racine s'est déjà éloigné de la morale de [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]. Alors même que l'abbaye vit au cours de l'année 1661 les débuts des « [[Jansénisme#L.27opposition politique au jansénisme|grandes persécutions »]] visant à forcer les religieux à signer [[Formulaire d'Alexandre VII|le Formulaire]], l'ancien élève semble indifférent, voire ironique, à l'égard des malheurs de son ancienne institution<ref>Dans une lettre à Le Vasseur, Racine se moque de la fuite d'Antoine Singlin et de la dispersion des novices (Pléiade II, {{p.|398}}). Georges Forestier souligne toutefois que ces marques d'indifférence ne sont probablement pas totalement sincères, mais marquent le souci rhétorique de s'adapter à son interlocuteur, en l'occurrence Le Vasseur, abbé léger et libertin (Georges Forestier 2006, {{p.|149-150}}).</ref>. Jean Racine est alors porté vers les plaisirs du monde desquels son maître Antoine le Maistre avait tenté de le détourner. En 1660 et 1661, il fréquente quotidiennement [[Jean de La
==== L'échec d'une carrière ecclésiastique ====
En cherchant une carrière littéraire et mondaine en l'absence de soutiens familiaux, Racine se ruine et se couvre de dettes<ref>{{
L'octroi d'un bénéfice ecclésiastique s'avère vite difficile. Dès l'arrivée du jeune homme, Antoine Sconin lui promet un bénéfice, très rémunérateur, dépendant du [[Chapitre de chanoines|chapitre]] de la [[Cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès|cathédrale d'Uzès]], dès qu'un bénéfice viendrait à vaquer. Pour cet octroi qui nécessite la prêtrise, Racine commence à étudier la [[théologie]]. Mais il tarde à recevoir le « démissoire »<ref>Il s'agit d'une lettre autorisant au diocésain d'un certain évêché (en l'occurrence, celui de Soissons pour la Ferté-Milon) à prendre les ordres dans un autre évêché.</ref> nécessaire à l'ordination, et, entretemps, le Père Sconin perd le pouvoir de nomination qu'il exerçait jusqu'alors au chapitre
Devant l'impasse de la situation, le jeune homme se consacre à l'étude. Il étudie la théologie auprès de son oncle qui, strictement opposé au jansénisme, lui fait lire [[Thomas d'Aquin]] et doit certainement le pousser à s'éloigner des interprétations port-royalienne
==== Retour à Paris : devenir écrivain ====
Déçu de l'échec de ses affaires en Languedoc, Racine revient à Paris au printemps 1663. Il s'installe de nouveau chez Nicolas Vitart, dans le nouvel hôtel de Luynes, [[Rue Saint-Guillaume (Paris)|rue de la Butte]]. Il fréquente à cette période, probablement en quête de quelque emploi, les réunions de l'hôtel de [[Roger du Plessis-Liancourt|Liancourt]], [[rue de Seine]], qui réunissent des jansénistes modérés<ref>{{
L'actualité donne au poète les moyens de se faire remarquer de Chapelain ; en {{date-|mai 1663}}, {{souverain-|Louis XIV}} contracte une [[rougeole]] suscitant l'inquiétude populaire, avant de guérir au début du mois de juin. Pour célébrer cette convalescence, Racine écrit en moins de quinze jours une ode encomiastique de plus de cent vers<ref>Alain Viala 1990, {{p.|82}}.</ref>. Comme ''la Nymphe de la Seine à la Reine'', l'''Ode sur la convalescence du roi'' est fortement inspirée des odes de [[François de Malherbe|Malherbe]], canons de la poésie officielle. Elle montre encore une vive capacité et une grande rapidité d'adaptation des codes poétiques à un contexte et un but précis. Ce dernier est absolument atteint : publiée en juin<ref>''Ode sur la convalescence du roi'', Paris, chez [[Pierre Le Petit|Pierre le Petit]], 1663.</ref>, l'ode comble Chapelain qui l'ajoute en juillet à la liste des premiers bénéficiaires. Racine reçoit de la monarchie une confortable pension annuelle de 600 [[Livre (monnaie)|livres]]<ref>La pension de Racine sera inscrite dans la liste de 1664. [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], Mélanges de Colbert 311, fol.280-281.</ref>.
Le jeune poète, désormais reconnu par le pouvoir, compose en remerciement de sa pension un long poème louant le mécénat royal, ''La Renommée aux Muses''<ref>Alain Viala 1990, {{p.|84-85}}.</ref>. Publiée en {{date-|octobre 1663}}, l'œuvre reçoit les louanges du [[François Honorat de Beauvilliers|duc de Saint-Aignan]], [[Pairie de France (Ancien Régime)|pair de France]], proche du roi, amateur de poésie, qui devient son protecteur<ref>Alain Viala 1990, {{p.|86-87}}.</ref>. Racine fait ainsi son entrée à la [[Cour de France|Cour]], assistant pour la première fois à la fin de l'année 1663 au [[Us et coutumes à la cour de Versailles|lever du roi]], durant lequel il rencontre [[Molière]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|188-189}} ; Alain Viala 1990, {{p.|89}}.</ref>.
Grâce aux gratifications, Racine trouve dans l'écriture un moyen de faire carrière, tout du moins d'augmenter un peu sa richesse, plutôt que de chercher un autre emploi<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|189}} ; Alain Viala 1990, {{p.|83-84}}, {{p.|100-101}}.</ref>. Pour assurer sa place dans la vie littéraire, il entreprend à la fin de l'année 1663 la création d'une nouvelle pièce de théâtre, composée probablement quelque temps auparavant<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|189-191}} ; Alain Viala 1990, {{p.|90-91}}.</ref>. Le théâtre est alors pour un jeune écrivain, le genre le plus séduisant, un succès y permettant de belles et rapides carrières<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|135-136}}.</ref>. Les biographes ont longtemps suggéré que le poète avait bénéficié de l'aide de [[Molière]] dans la rédaction de cette pièce<ref>L'information, visant à majorer le rôle et le talent de Molière aux dépens de Racine, a été construite au {{s-|XVIII
[[Fichier:La Thébaïde, frontispice édition 1664.jpg|vignette|Frontispice de l'édition originale de ''la Thébaïde'', publiée le {{date-|30 octobre 1664}}.]]
La pièce, ''[[La Thébaïde (Racine)|la Thébaïde]]'', est créée au [[Théâtre du Palais-Royal (1641–1781)|Palais-Royal]], par la troupe de [[Molière]], le {{date-|20 juin 1664}}<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|212}} ; Alain Viala 1990, {{p.|93}}.</ref>. Son sujet s'inscrit dans une tradition tragique dense ; inspiré de l'[[Antigone (Sophocle)|''Antigone'']] de [[Sophocle]], des [[Les Phéniciennes|''Phéniciennes'']] d'[[Euripide]], de la [[Thébaïde (Stace)|''Thébaïde'']] de [[Stace]] traduite par [[Michel de Marolles|Michel de Marolle]] en 1658, et surtout de l'[[Antigone (Rotrou)|''Antigone'']] de [[Rotrou]], il évoque la lutte et la mort des deux fils d'[[Œdipe]], [[Étéocle]] et [[Polynice]], ainsi que la mort de leur sœur [[Antigone fille d'Œdipe|Antigone]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|201-202}} ; Alain Viala 1990, {{p.|95-97}}.</ref>. [[Pierre Corneille|Corneille]] avait en outre, cinq ans plus tôt, recueilli un grand succès en créant sa pièce ''[[Œdipe (Corneille)|Œdipe]]'', inspirée de la plus [[Œdipe roi|célèbre tragédie de]] [[Sophocle]]''.'' Choisir le combat fratricide des deux fils d'Œdipe, sujet [[Euripide|euripidien]] dont les événements succèdent en chronologie à ceux de la pièce de Corneille, a ainsi l'avantage pour Racine d'attirer l'attention du public<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|203}}.</ref>. Si l'organisation de la pièce semble être tôt posée, sa versification dure toute la seconde moitié de l'année 1663, et profite, acte par acte, des avis et corrections des comédiens de l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|203-205}}.</ref>. L'originalité de Racine relève dans le fait d'abandonner la profusion d'action (qui caractérise encore la pièce de [[Jean de Rotrou|Rotrou]]) pour concentrer sa tragédie en un enjeu unique, et de ne se fonder que sur [[Euripide]], quand de nombreux dramaturges préfèrent alors mêler plusieurs sources antiques. L'enjeu de la pièce est essentiellement politique, ne montrant pour amour que celui d'[[Antigone fille d'Œdipe|Antigone]] et de [[Hémon fils de Créon|Hémon]] : ce trait a parfois poussé les critiques
La pièce n'obtient qu'un succès médiocre. Molière ne parvient à maintenir la pièce au programme qu'en joignant à sa représentation celle de farces à succès la deuxième semaine, puis celle de ''[[Sganarelle ou le Cocu imaginaire|Sganarelle]]'' ; il parvient toutefois à la faire représenter au roi et à la cour à [[Château de Fontainebleau|Fontainebleau]] en {{date-|juillet 1664}}, et en août à [[Philippe d'Orléans (1640-1701)|Monsieur]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|214}}.</ref>''.'' Le sujet déplait à un public habitué à des tragédies moins violentes, ce d'autant plus que la pièce remplace malaisément une comédie très attendue, durant la saison estivale usuellement consacrée aux pièces comiques<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|213}}.</ref>. La représentation a au moins l'effet d'introduire au monde dramatique le nom de Racine, et de fournir à celui-ci quelques revenus. La ''Thébaïde'' est publiée le {{date-|30 octobre 1664}} chez le libraire [[Claude Barbin (libraire)|Claude Barbin]]<ref>L'édition originale est [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8610808w disponible en ligne sur Gallica].</ref>, accompagnée d'une dédicace au [[François Honorat de Beauvilliers|duc de Saint-Aignan]], protecteur du jeune dramaturge. Racine a probablement vendu son manuscrit pour une centaine de livres à Barbin, et a reçu 348 livres de parts des représentations au Palais-Royal<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|215}} ; Alain Viala 1990, {{p.|94}}.</ref> ; il reçoit en outre sa pension royale de 600 livres le {{date-|22 août 1664}}. Sans atteindre la richesse, le dramaturge trouve enfin là le moyen de rembourser quelques dettes et de vivre confortablement.
Molière rejoue ''la Thébaïde'' au cours de l'année 1665, sans doute pour faire connaître le nom de Racine, quand celui-ci s'apprête à créer une deuxième pièce<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|216}}.</ref>. À cette période, Racine compose également quelques épigrammes qui paraissent dans un pamphlet janséniste de [[Jean Barbier d'Aucour]]<ref>''Lettre d'un avocat à un de ses amis sur la signature du fait contenu dans le formulaire'', Paris 1664.</ref> : il n'a donc pas, en 1664, tout à fait rompu avec Port-Royal, s'intéresse de près aux violentes persécutions dont est alors victime le monastère et prend même position contre la signature du [[Formulaire d'Alexandre VII|formulaire]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|217-220}}.</ref>.
==== La carrière du théâtre
Si les sources manquent pour décrire les préoccupations de Racine en 1664 et 1665, il semble que le poète ait durant cette période décidé d'être dramaturge plutôt que [[Polygraphe (auteur)|polygraphe]]
Utilisant pour principale source [[Quinte-Curce]], Racine organise sa pièce sur le modèle des tragédies [[Pierre Corneille|cornéliennes]], en plaçant son sujet principal, la clémence d'Alexandre envers Porus, en dénouement inattendu de l'intrigue dans le dernier acte<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|226-227}}.</ref>. L'originalité de Racine à l'égard de ce sujet traditionnel est de construire en amont du dénouement une tension entre les deux rois, en exagérant les événements narrés par Quinte-Curce ou en inventant d'autres. Il introduit notamment une intrigue amoureuse et une reine, Axiane, totalement étrangères au récit historique
Achevée au printemps, la pièce ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' est créée au [[Théâtre du Palais-Royal (1641–1781)|théâtre du Palais-Royal]] le {{date-|4 décembre 1665
''Alexandre le Grand'' fait vite l'objet d'une vive controverse parmi les théâtres parisiens. Au vu du succès des quatre premières représentations, les comédiens de l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]] choisissent de représenter la pièce devant le roi et toute la Cour le {{date-|14 décembre}}, avec [[Floridor]] dans le rôle principal et [[Montfleury]] dans celui de Poros. Dès le {{date-|18 décembre}}, la pièce est jouée au public, comme une création, à l'hôtel de Bourgogne, suscitant la colère de [[Molière]] et de la [[Théâtre du Palais-Royal (1641–1781)|troupe du Palais-Royal]]
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Fichier:Registre de la Grange - création d'Alexandre le Grand de Racine.jpg|Mention de la création d{{'}}''Alexandre le Grand'', des revenus des représentations, puis du
Fichier:Registre de la Grange - création d'Alexandre le Grand de Racine 2.jpg|
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[[Fichier:Frontispice Alexandre le Grand, première édition 1666.jpg|vignette|Frontispice de la première édition d'''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', premier succès tragique de Racine.]]
L'
La querelle d'''Alexandre le Grand'' aboutit à la brouille définitive de Molière et de Racine. Elle se place plus largement au centre de l'évolution de la diction théâtrale, la troupe de Molière se rendant célèbre par l'abandon de la déclamation traditionnelle au profit du sens, tandis que les représentations tragiques privilégient la musicalité poétique de l'alexandrin par sa déclamation normée et régulière<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|245-252}}.</ref>. Elle participe ainsi de la séparation progressive de la représentation [[Tragédie|tragique]] et de la représentation [[Comédie|comique]].
Le succès des représentations dans les deux théâtres, ainsi que la querelle qu'elles suscitent, donne à la pièce une immédiate renommée. Publiée le {{date-|13 janvier 1666}} augmentée d'une dédicace au roi marquant la satisfaction de celui-ci, ''Alexandre le Grand'' est un succès non seulement en France, mais dans toute la [[république des Lettres]] : elle suscite l'intérêt du [[Jean-François Paul de Gondi|cardinal de Retz]] à [[Rome]], de [[Christine de Suède]], de [[Charles de Saint-Évremond|Saint-Évremond]] à [[la Haye]]<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|252}}.</ref>. Son succès est tel que certains libraires rééditent une tragédie de [[Claude Boyer]] sur le même sujet en modifiant son titre pour la faire passer pour celle de Racine et duper les acheteurs<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|253}}.</ref>. La pièce suscite toutefois des réserves critiques : Racine publie très rapidement sa pièce, et l'augmente d'un épître et d'une préface violentes contre ses détracteurs, dans lesquelles il met en pratique les techniques rhétoriques et polémiques apprises à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]
==== La querelle des ''Imaginaires'' (1666) ====
En 1666, Racine est impliqué dans une vive querelle contre ses anciens maîtres de [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]. La situation du monastère est alors fragile. Les religieuses refusant de signer le [[Formulaire d'Alexandre VII|formulaire]] sont retirées au monastère [[Port-Royal des Champs|des Champs]], les [[Solitaires (Port-Royal)|Solitaires]] exilés ou cachés. À partir de 1664, [[Pierre Nicole]], ancien maître de Racine aux [[Petites écoles de Port-Royal|Petites écoles]], commence à rédiger des ''Lettres sur l'Hérésie imaginaire'', défendant le jansénisme contre les accusations d'hérésie. Les huit dernières de ces ''Lettres'', publiées en {{date-|décembre 1665}}, prennent pour cible le dramaturge et pamphlétaire anti-janséniste [[Jean Desmarets de Saint-Sorlin]]. Nicole réactive, pour disqualifier Desmarets, un ''topos'' de la pensée janséniste ; la corruption de la fiction et en particulier du théâtre, qui, même s'il paraît honnête, « empoisonne » toujours l'âme<ref>Le mot est de Nicole. {{
En 1666, Nicole réplique en éditant ses lettres et un ''Traité sur la comédie'', en un recueil, ''les Imaginaires''. Dans la préface, il cible directement celui qu'il réduit au rang de « jeune poète ». Racine rédige en réponse, la même année, deux autres lettres sur le même ton virulent. Son cousin Nicolas Vitart menace Port-Royal, par une lettre à [[Claude Lancelot]], de leur publication imminente. Lancelot menace en retour Racine de faire une révélation publique, minant ainsi la carrière mondaine de Racine. Celui-ci, probablement depuis le début de l'année 1666<ref>Le premier acte notarié faisant référence au bénéfice date du {{date-|3 mai 1666}}. Cet acte, aujourd'hui perdu, a été consulté par Paul Mesnard, ''Notice biographique sur Jean Racine'', {{p.|49}}.</ref> possède le [[bénéfice ecclésiastique]] de Sainte-Madeleine de l'Épinay en Anjou, qui appartenait auparavant à son oncle Antoine Sconin, et que celui-ci avait cherché à lui attribuer lorsqu'il avait accueilli à Uzès. Le fait de profiter d'un revenu ecclésiastique dans le même temps qu'il triomphe au théâtre fragilise sa position dans cette querelle, et peut paraître amoral à une partie de la bonne société parisienne, qui pourrait l'accuser de servir à la fois "Dieu et le diable"<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|270-271}}.</ref>. Devant la menace, Racine renonce à sa publication.
La querelle, et particulièrement les violents écrits de Racine,
=== L'homme de cour (1666-1677) ===
Durant la décennie qui suit le succès d'''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', Racine acquiert une renommée rare, et devient par le seul travail de sa plume un homme de [[Cour de France|cour]], s'immisçant au plus proche de
==== Une carrière stable : fortune et notoriété ====
[[Fichier:Marquise-Thérèse de Gorla.png|vignette|[[Mademoiselle Du Parc|Mademoiselle du Parc]], amante de Racine à partir du milieu des années 1660.]]
Racine acquiert après ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' une aisance confortable. Gratifié par la monarchie d'une pension de 800 [[Livre (monnaie)|livres]] en 1666<ref>Les aléas des finances royales, affaiblies par les transformations du [[Musée du Louvre|Louvre]] et le chantier de [[Château de Versailles|Versailles]], retarde toutefois cette gratification, versée seulement le {{date-|21 mai 1667}}. BnF, Mélanges de Colbert 313 ; cité dans Raymond Picard, ''Nouveau Corpus Racinianum'', {{p.|40}}</ref>, il en reçoit {{nombre|2000}} des représentations d'''Alexandre'', environ 200 pour la vente de la pièce au libraire, probablement {{nombre|1000}} du roi pour la dédicace ajoutée à l'impression<ref>Georges Forestier 2006, {{p.|282}}.</ref>. Le poète gagne ainsi une fortune ample et, surtout, stable : outre les gratifications royales, il recueille du bénéfice d'Anjou, hérité d'Antoine Sconin, entre 300 et 500 livres annuelles, soit en tout {{nombre|1300}} livres fixes<ref>Georges Forestier, 2006, {{p.|283}}.</ref>. Il hérite également de quelques terres à la mort de son grand-père Pierre Sconin en 1667. Dès 1666, la richesse permet à Racine de se consacrer entièrement et librement à l'écriture.
Le jeune dramaturge se lie, au milieu des années 1660, à [[Mademoiselle Du Parc|Mademoiselle du Parc]]
Une longue période d'inactivité suit ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' : presque deux années entières séparent sa création en {{date-|décembre 1665}} de celle d'''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'' en {{date-|novembre 1667}}. L'inactivité d'un auteur au succès encore jeune, susceptible d'être oublié, est d'autant plus étonnante qu'il s'abstient tout à fait de célébrer par la plume, comme la majorité des poètes de la [[Cour de France|cour]] en 1667, les campagnes de la [[guerre de Dévolution]]. Si [[Nicolas Boileau|Boileau]] affirme que Racine "fit le rôle d'[[Andromaque]]" pour {{Mlle}} du Parc<ref>Citation rapportée par Mathieu Marais, ''Recueil des Mémoires touchant la vie de Boileau-Despréaux''</ref>, le délai est probablement moins dû à l'amour qu'à la diffusion en 1666 de la ''Dissertation sur le Grand Alexandre'' de [[Charles de Saint-Évremond|Saint-Évremond]]. Cette lettre, diffusée dans les salons dès la publication d{{'}}''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre]]
==== « La révolution<ref>La formule est de {{
La création d'''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'' en {{date-|novembre 1667}} marque un bouleversement dans la carrière et l'œuvre de Racine, et a été décrite comme une rupture dans l'histoire du [[théâtre classique]]{{sfn|Meyer|2005|p=210}}{{,}}{{sfn|Viala|2009|p=211}}{{,}}{{sfn|Viala|2017|p=59}}. Dans ses deux premières pièces créées, ''[[La Thébaïde (Racine)|La Thébaïde]]'' et ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' Racine emprunte une conception de la tragédie héritée de [[Pierre Corneille|Corneille]]. Celui-ci, dans son ''Discours de l'utilité et des parties du poème dramatique'', en 1660, avait théorisé le rapport de la politique et de l'amour (la "[[galanterie]]") dans les tragédies, la seconde n'étant autorisée que si elle occupe un rôle second à l'[[héroïsme]] politique et est soumise à celui-ci. Pour Corneille, la primauté de l'amour relève du registre de la [[comédie]] plutôt que de la tragédie. ''[[La Thébaïde (Racine)|La Thébaïde]]'' et ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' jouent de ce dualisme, cherchant à faire cohabiter également galanterie et enjeu politique{{sfn|Forestier|2006|p=297-298}}.
La nouveauté d{{'}}''Andromaque'' est de s'extraire du dualisme [[Pierre Corneille|cornélien]]. Après le succès d{{'}}''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', fondé sur son intrigue amoureuse, Racine ne peut pas négliger l'amour. ll en fait le seul moteur d{{'}}''Andromaque'', mais évite la simple comédie galante en allant chercher dans l'amour les passions fondamentales du théâtre tragique, que Corneille pensait réservées à l'héroïsme politique. L'enchaînement des passions amoureuses contradictoires de [[Néoptolème|Pyrrhus]], [[Andromaque]], [[Oreste]] et [[Hermione (mythologie)|Hermione]]<ref>Alain Viala note toutefois que ce schéma de chaine d'amours malheureux n'est pas une nouveauté d'''Andromaque'' : ''Alexandre le Grand'' porte une même structure galante. {{harvsp|Viala|1990|p=119}}.</ref> pousse le désastre final, le meurtre de Pyrrhus par Oreste sous l'injonction d'Hermione, qui n'a pas d'autre motif que la tension des passions amoureuses. Cette "révolution" a souvent fait dire aux critiques "qu'''Andromaque'' est la première tragédie véritablement racinienne : après une première tragédie où l'amour était dissocié du tragique et rejeté au second plan, après ''Alexandre'' où l'amour passait au premier plan et exténuait le tragique, ''Andromaque'' développe une action dans laquelle le tragique réside dans les conséquences destructrices de la passion amoureuse{{sfn|Forestier|2006|p=298}}".
[[Fichier:Andromaque 1668 title page.JPG|vignette|Frontispice de la première édition d'''Andromaque'' (1668)]]
Racine se fonde sur l{{'}}''[[Énéide]]'' de [[Virgile]] et [[Andromaque (Euripide)|''Andromaque'']] d'[[Euripide]], et assure être strictement fidèle à ceux-ci, citant pour preuve l'''Énéide'' en épitaphe de la pièce publiée<ref>Racine, ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', Paris, chez Théodore Girard, 1668, Préface.</ref>. Il renverse pourtant l'histoire des amours de [[Pyrrhus Ier|Pyrrhus]], d'[[Andromaque]] et d'[[Hermione (mythologie)|Hermione]]. Dans les sources antiques, Pyrrhus est d'abord lié à Andromaque, qu'il répudie pour épouser Hermione ; [[Oreste]] le fait tuer pour enlever Hermione dont il est épris. Pour adapter l'histoire aux canons de la [[Théâtre classique|tragédie classique]], Racine en renverse la logique pour former une chaîne amoureuse à sens unique : Oreste aime Hermione, fiancée à Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui ne veut que protéger son fils [[Astyanax]]. L’arrivée d’Oreste à la cour marque le déclenchement d’une réaction qui, de maille en maille, va faire exploser la chaîne en la disloquant : le meurtre de Pyrrhus n'est en cela plus un simple acte de jalousie, mais un acte de délégation amoureuse d'Hermione à Oreste, trompé par son amour. Si Racine semble ainsi trahir ses modèles antiques, il adapte son sujet au goût galant de son public pour assurer sa notoriété encore jeune, en plaçant au centre du dénouement les contradictions passionnelles
Mais si Racine s’éloigne pour l’intrigue de ses sources antiques, il calque les types de personnages sur la poésie [[Élégie|élégiaque]] latine qu'il a étudiée à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]. Il s’inspire en particulier des ''[[Héroïdes|Lettres des héroïnes]]'' d’[[Ovide]], dont la huitième évoque les amours d’[[Hermione (mythologie)|Hermione]] et d’[[Oreste]]. Le personnage d’[[Andromaque (Racine)|Andromaque]] suit le type de l’ "héroïde" ovidienne, dont il peut être considéré une réécriture ou un exercice d’[[éthopée]]
''Andromaque'' rencontre immédiatement un succès considérable. La pièce est représentée à la [[Cour de France|cour]] le {{date-|18 novembre 1667}}, puis est donnée à [[Paris]] le lendemain. Elle reste au programme de l’[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]] près de trois mois, soit une trentaine de représentations, durée et nombre rares. [[Mademoiselle Du Parc|{{Mlle}} Du Parc]] joue Andromaque, [[Floridor]] Pyrrhus, [[Claude de Vin des Œillets|{{Mlle}} Des Œillets]] Hermione et [[Montfleury]] Oreste
Racine demande vite un [[Privilège (livre)|privilège d'impression]] de cinq ans, qu'il obtient le {{date-|28 décembre 1667}}, et l'apporte au libraire Théodore Girard, qui avait déjà imprimé ''Alexandre le Grand''. Girard, probablement d'intelligence avec l'auteur, obtient l'aide de [[Claude Barbin (libraire)|Claude Barbin]] et Thomas Jolly; ils semblent ainsi chercher à publier la pièce le plus rapidement possible, en utilisant les presses de trois librairies et en commençant l'impression avant même que le privilège ne soit reçu
Cette précipitation trahit une stratégie commerciale, mais est aussi motivée par le désir de Racine de répondre à ses contradicteurs. ''
{{Boîte déroulante|titre=Épigrammes de Racine sur les critiques d'''Andromaque'' (1667)|contenu=''Premier épigramme''
Ligne 198 ⟶ 202 :
N’en déplaise a Créqui je suis son serviteur
S’il le fait mieux que lui je l’irai dire a Rome<ref>Racine fait ici référence à l'ambassade du duc de Créqui à Rome en 1662, durant laquelle un [[incident diplomatique]] avait obligé le duc à quitter la ville, attaqué par les [[Garde suisse|gardes suisses du Pape]].</ref>.|alignB=center|largeur=70%}}Le dramaturge adresse publiquement ses critiques dans la dédicace et la préface de la première édition de la pièce. Il y joue des hiérarchies sociales de la [[Cour de France|cour]], en rappelant que le roi et la reine, arbitre du goût, apprécient tous deux ses pièces : le premier en soutenant ''Alexandre le Grand'', la seconde en adoubant par des larmes le manuscrit d{{'
La polémique d{{'}}''Andromaque'' est vive. Une pièce, représentée en 1668, achève de l'aviver. ''La Folle querelle ou la critique d'Andromaque'', composée par [[Adrien-Thomas Perdou de Subligny]] et créée par [[Molière]] au [[Théâtre du Palais-Royal (1641–1781)|Palais-Royal]] en {{date-|mai 1668}}, prend précisément pour sujet la pièce ''Andromaque'' et la querelle qu'elle suscite, en ramassant l'ensemble des critiques. Il a parfois été avancé que Subligny écrit sous commande de Molière, voire que celui-ci a lui-même écrit la pièce<ref>Suligny suggère et rappelle lui-même cette attribution dans la préface de la pièce.</ref>. Auteur ou non, Molière trouve une forme de revanche sur Racine en créant la pièce avec sa troupe
Au contraire, le fait d'opposer Racine à [[Pierre Corneille|Corneille]] souligne un jugement alors ubiquiste : dès sa troisième tragédie, le très jeune auteur réussit à approcher les pièces de celui consacré par le public, la critique et le roi comme le meilleur dramaturge français. La référence à Corneille est fréquente dès les premières représentations d'''Andromaque'' : le public, et dans celui-ci les critiques comme [[Charles de Saint-Évremond|Saint-Évremond]], voit en Racine un successeur, plutôt qu'un concurrent, à l'auteur vieillissant
Le succès d'''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'' apporte à Racine une fortune considérable. En 1668, dans le même temps qu'il hérite de terres de son grand-père Sconin, il reçoit de la troupe de l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]] environ {{nombre|4500 [[Livre (monnaie)|livres]]}}<ref>{{
==== Asseoir une carrière : ''[[Les Plaideurs]]'', essai comique ====
[[Fichier:Les Plaideurs, Racine, frontispice 1669.jpg|vignette|Frontispice de l'édition princeps des ''[[Les Plaideurs|Plaideurs]]'', 1669.]][[Fichier:Racine - Les Plaideurs, Barbin, 1669
Il est plus probable que la pièce soit une forme de commande de l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]] à Racine. La troupe essaie alors de capter une partie du succès des comédies de la troupe de [[Molière]], concurrente, en commandant des [[comédie]]s aux auteurs, usuellement portés vers la [[tragédie]]<ref>Un passage de ''La Promenade de Saint-Cloud'' de [[Gabriel Guéret]], en 1669, éclaire ces essais comiques de l'hôtel de Bourgogne. Voir {{
''[[Les Plaideurs]]'' sont une comédie judiciaire. La moquerie de la justice est en 1668 un sujet en vogue. En mai, une pièce italienne, ''Le Régal des dames'', qui se termine par une parodie de procès, triomphe à Paris. Racine prétend dans la préface avoir voulu longtemps avant ''Le Régal des dames'', transposer ''[[Les Guêpes]]'' d'Aristophane, qui évoque les dérives des juges, pour le plus célèbre des [[Théâtre italien de Paris|comédiens italiens de Paris]], [[Tiberio Fiorilli, dit Scaramouche|Scaramouche]], avant que le départ de celui-ci en {{date-|avril 1668}} ne l'oblige à adapter la pièce pour l'hôtel de Bourgogne. Il semble avoir inventé cette prétention pour donner légitimité à sa pièce, supposément composée avant cette mode
Autant de raisons pour Racine de tenter une pièce comique, sur un sujet en vogue, qui trouverait facilement un public. Comme pour ses précédents écrits, il masque cette préoccupation récente sous une référence à l'[[Antiquité]]. ''[[Les Plaideurs]]'' sont présentées comme la première traduction des ''[[Les Guêpes|Guêpes]]'' d'[[Aristophane]]. La mode judiciaire a pu rappeler à l'ancien élève de [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]], nourri de littérature antique, cette pièce représentant un juge fou, lui-même enfermé, jugeant le procès d'un chien voleur. Aristophane est une référence en même temps qu'un argument : Racine montre qu'il maîtrise profondément les textes antiques, garants des [[Canon#Règle au sens large|canons]], et en épurant la pièce de ses grivoiseries, qu'il est aussi le seul à pouvoir comprendre l'essence du comique antique et à l'adapter à la [[Règles du théâtre classique|bienséance]] du public parisien de son époque
''[[Les Plaideurs]]'' sont pourtant une adaptation très libre des ''[[Les Guêpes|Guêpes]]''. La grivoiserie et la complexité de la pièce d'[[Aristophane]] pousse Racine à simplifier à l'extrême la trame narrative, ne conservant en trois actes que la situation initiale (un juge fou, Dandin) et une action unique (le procès d'un chien). Il ajoute également une intrigue amoureuse entre le fils du juge, Léandre et une jeune fille, Isabelle, jalousement gardée par un père, Chicanneau, accordant la pièce aux canons de la comédie d'intrigue italienne. La pièce relève de la [[Farce (théâtre)|farce]], qui repose essentiellement sur le comique verbal plutôt
Après ''Les Plaideurs'', Racine voit sa fortune encore augmentée. Les pensions royales de 1667 et 1668, accordées par [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]] , sont payées à dix jours d'intervalle à la fin de l'année 1668. Si la première pension, de 800 [[Livre (monnaie)|livres]], est toujours accordée en vertu des [[ode]]s royales écrites au début des années 1660, la seconde augmente considérablement pour atteindre {{nombre|1200
Le {{date-|11 décembre 1668}}, [[Mademoiselle Du Parc|{{Mlle}} Du Parc]] meurt brutalement, des suites d'une [[fausse couche]] ou d'un [[avortement]]
Il a aussi été suggéré que {{Mlle}} du Parc et Racine ont enfanté une fille, Jeanne-Thérèse née en ==== ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' : contre [[Pierre Corneille|Corneille]] (1669) ====
Au tournant des années 1668 et 1669, Racine travaille à l'écriture d'une nouvelle tragédie, ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'', que l'essai comique des ''[[Les Plaideurs|Plaideurs]]'' avait ralenti. L'attente du public est grande, à la suite du triomphe d'''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]''. Après avoir investi le terrain de prédilection de [[Molière]], la comédie, Racine attaque celui de [[Pierre Corneille|Corneille]], la tragédie romaine. Il cherche ainsi à asseoir sa place sociale et politique au sein des hommes de lettres, en abordant le genre roi du théâtre en France depuis le
''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' est composée et annoncée dans un contexte particulièrement hostile à Racine. Après ''La Folle Querelle'' de [[Adrien-Thomas Perdou de Subligny|Subligny]] et la ''Dissertation sur le Grand Alexandre'' de [[Charles de Saint-Évremond|Saint-Évremond]], le poète est accusé d'insoumission envers les doctes du monde théâtral, et de mépris envers les autres auteurs, qu'il prétend démoder. Certains critiques, comme Charles Robinet, se lancent dans des campagnes de dénigrement contre Racine, célébrant en réaction [[Claude Boyer|Boyer]], [[Philippe Quinault|Quinault]], et [[Thomas Corneille]], dont les pièces, inscrite dans une traditionnelle conception baroque, partagent l'affiche avec celles de Racine à l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]]. En {{date-|janvier 1669}}, deux pièces de [[Claude Boyer|Boyer]] sont jouées en même temps, ''Le Jeune Marius'' à l'hôtel de Bourgogne et ''La Fête de Vénus'' au théâtre du Marais, qui rencontrent toutes deux un fort succès. La première s'inspire d'''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]] ;'' Racine prend en ombrage, qui jusqu'à la fin de sa vie méprisera Boyer. La place du dramaturge est en cela attaquée. La création de ''Britannicus'' est préparée dans ce climat pesant, le poète cherchant à multiplier les soutiens et à susciter une attente pour éviter un échec de la première représentation. Le [[Charles-Honoré d'Albert de Luynes|duc de Chevreuse]], qu'il a fréquenté à Port-Royal, marié à la fille de [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]], apporte son soutien en conviant le ministre à une lecture publique de la pièce. Les semaines précédant la création, le bruit court de ces lectures que la pièce devait surpasser celles des rivales de Racine, mais aussi les précédentes du poète
''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' est créée le {{date-|13 décembre 1669}} à l'[[Hôtel de Bourgogne (Paris)|hôtel de Bourgogne]]
Le passage d'un sujet grec à un sujet romain a été interprété comme une attaque contre Corneille, ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' devenant un "anti-''[[Cinna (Corneille)|Cinna]]''<ref>{{
Élaborant sa pièce, Racine prend en considération sur les critiques formulées par [[Charles de Saint-Évremond|Saint-Évremond]] dans sa ''Dissertation sur le Grand Alexandre'' en 1666, qui avait exposé la nécessité de décrire le caractère particulier de l'époque, du pays et du héros concernés dans la tragédie historique. Corneille passe alors pour le maître de cet art du particularisme. Racine, qui a démontré sa maîtrise générale de l'Antiquité avec ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'' et ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', est ainsi invité à faire montre de celle de l'[[idiosyncrasie]] de l'histoire, et à donner une tragédie réellement politique, historique, plutôt que galante<ref>{{
Pour atteindre cette spécificité, le dramaturge se fonde sur [[Tacite]], dont il a étudié et annoté longuement les ouvrages à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]<ref>Un volume d'extraits de Tacite est conservé parmi les papiers de Jean Racine. "Papiers de Jean Racine", BnF, manuscrits, Français 12888, « Taciti sententiæ illustriores ; excerptæ anno 1656. R[acine].» [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9057262n Le volume est numérisé et accessible sur Gallica].</ref>. Tacite est parmi les historiens les plus lus, les plus commentés et les mieux considérés à l'[[époque moderne]], en particulier depuis le
Racine compose ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' longuement et minutieusement. Il tire des ''[[Annales (Tacite)|Annales]]'' la matière historique principale de la pièce, l'empoisonnement de [[Britannicus]] par son frère d'adoption, [[Néron]]. Il se fonde sur une note de [[Tacite]], mentionnant la résistance de [[Néron]] à sa mère [[Agrippine l'Aînée|Agrippine]] en raison de son amour pour une affranchie, Acté<ref>''[[Annales (Tacite)|Annales]]'', XIII, 12</ref>, pour introduire une intrigue amoureuse, qu'il déplace vers le personnage de Junie, largement inventé, que les deux frères convoitent. En doublant la rivalité politique d'une rivalité amoureuse, Racine dévie la visée politique du sujet. Les procédés narratifs utilisés par [[Tacite]] pour exprimer le secret des arcanes du pouvoir sont infléchis pour montrer celui des passions. La vision d'un empereur caché, secret, est repris dans ''Britannicus'' pour évoquer la jalousie amoureuse<ref>{{
Caché près de ces lieux, je vous verrai, Madame
Ligne 246 ⟶ 252 :
D'un geste ou d'un soupir échappé pour lui plaire.|alignB=center|largeur=70%}}
[[Fichier:Racine - Britannicus, Barbin, 1670
Dans le même temps, en mêlant l'intrigue amoureuse, en principe secondaire, à la rivalité politique des deux frères, Racine tend à mettre en valeur la première, qui n'existe pas dans les récits historiques. Par ses aspects galants, la pièce semble subjuguer la politique sous les passions, donnant à la première un statut instrumental. La progression déclinante de la pièce, qui voit un empereur pacifique évoluer en tyran fratricide, introduit une conception anthropologique négative qui fait dépendre le dénouement tragique de l'inexorabilité de passions incontrôlables.
Dans la préface de la première édition, le poète cherche à poser une nouvelle définition de la [[tragédie]], opposée à l'action [[Héroïsme|héroïque]] [[Pierre Corneille|cornélienne]] : "Une action simple, chargée de peu de matière, telle que doit être une action qui se passe en un seul jour, et qui, s'avançant par degrés vers sa fin, n'est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passions des personnages". Alors que ''[[La Thébaïde (Racine)|La Thébaïde]], [[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', dans une moindre mesure ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', se fondaient sur la profusion de l'action, d'événements, de rebondissements, artificiellement comprimés en une seule journée, Racine adopte avec et à partir de ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]''
''Britannicus'' marque la consécration économique du dramaturge dans le métier des lettres. Racine fait dès lors partie de la population riche de Paris. Les revenus des représentations et de la publication de la pièce sont certainement supérieurs à ceux d'''Andromaque'', puisqu'en {{date-|mai 1670}}, le poète achète 275 [[Livre (monnaie)|livres]] de [[rente]] pour {{nombre|5637
Il donne successivement après ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'' (1669), ''[[Bérénice (Racine)|Bérénice]]'' (1670), qui est l'occasion d'une joute théâtrale avec Corneille dont la propre pièce, ''[[Tite et Bérénice]]'', est sous-titrée « comédie héroïque », ''[[Bajazet]]'' (début de 1672), ''[[Mithridate (Racine)|Mithridate]]
Sur le plan matériel, sa petite rente de prieur de l'Épinay et les très importants revenus du théâtre (vente de chaque pièce aux comédiens, puis vente de chaque pièce aux libraires-éditeurs<ref>Il n'existait pas de droit d'auteur à cette époque.</ref>), aussitôt convertis en rentes à 5 %, grâce aux conseils de l'habile financier qu'était Nicolas Vitart, assurent une aisance toujours plus grande à Racine. En 1674, la faveur royale lui permet d'obtenir la charge de [[Trésorier général de France]] à Moulins (purement lucrative en ce qui le concerne, et anoblissante), ce qui le conduit à renoncer à son bénéfice ecclésiastique.
=== L'historiographe ===
[[Fichier:Blasons Jean Racine et Catherine de Romanet (cropped).jpg|vignette|Blasons de Jean Racine (à gauche) et de son épouse Catherine de Romanet dans l'[[Armorial général de France]] de 1696]]
Après le grand succès de ''[[Phèdre (Racine)|Phèdre]]'', qui triomphe rapidement d'une ''Phèdre et Hippolyte'' concurrente due à [[Jacques Pradon|Pradon]] et jouée sur le théâtre de l'hôtel Guénégaud, Racine se tourne vers une autre activité : comme [[Nicolas Boileau|Boileau]], il devient historiographe du roi, grâce à l'appui de [[Madame de Montespan|{{Mme}} de Montespan]], maîtresse du roi, et de sa sœur, {{Mme}} de Thianges. Pour préparer son entrée dans l'entourage du roi, il quitte sa maîtresse, épouse une héritière issue comme lui de la bourgeoisie de robe anoblie
Longtemps après sa mort, les historiens découvrirent dans les archives de la [[Bastille (Paris)|
Racine fait savoir qu'il n'écrira plus pour le théâtre afin de se consacrer entièrement à « écrire l'histoire du Roi »{{Note|texte=|nom=incendie}}.
Au cours des quinze années qui suivent, il ne dévie de cette entreprise — qui l'amène à suivre régulièrement {{souverain-|Louis XIV}} dans ses campagnes militaires, prenant des notes et rédigeant ensuite des morceaux dont il discute sans cesse avec Boileau — qu'à quatre reprises :
* Une première fois en 1685 en composant les paroles de ''l’Idylle sur la Paix'' (mise en musique par [[Jean-Baptiste Lully|Lully]], à la demande du marquis de Seignelay, fils et successeur de Colbert).
* Puis en 1689, en écrivant à la demande de [[Madame de Maintenon]]<ref>{{Article|auteur1=Anne Piéjus|titre=Les tragédies à intermèdes entre stratégies de cour et expérience d’écriture|périodique=Europe|volume=1092|pages=143-153|date=2020}}</ref> une
* Le succès de l'expérience
* Quatrième et dernière entorse à l'écriture exclusive de l'histoire du roi : à la fin de l’été 1694, Racine composa — toujours à la demande de {{Mme}} de Maintenon —, quatre ''Cantiques spirituels'', dont trois furent mis en musique par [[Jean-Baptiste Moreau]] et un par [[Michel-Richard de Lalande]] (n°II°)<ref>Denise Launay, ''La Musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804'', Société française de musicologie, Paris, 1993, {{p.|457}}.</ref>, puis par [[Pascal Collasse|Pascal Colasse]] et [http://data.bnf.fr/14036918/jean-noel_marchand/ Jean-Noël Marchand]<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=FAVIER|prénom1=Thierry|titre=La Licorne - les cantiques spirituels de Racine mis en musique : aspects esthétiques d'un succès programmé|url=http://testjc.edel.univ-poitiers.fr/document.php?id=4372|site=testjc.edel.univ-poitiers.fr|date=2009-05-15|consulté le=2017-11-25}}</ref>.
Récompensé par une charge de Gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi (1691), Racine se rapprochait toujours plus du roi, qu'il suivit régulièrement dans son petit château de [[Marly-le-Roi|Marly]] avec les courtisans les plus proches du couple royal, et à qui il arriva qu'il fît la lecture durant des nuits d'insomnie consécutives à une maladie, à la place des lecteurs en titre. Il obtint ensuite la survivance de cette charge pour son fils aîné [[Jean-Baptiste Racine]], puis se sentit obligé d'acheter en 1696 une charge de Conseiller-Secrétaire du Roi qui ne lui apportait rien de plus en termes de reconnaissance et qui lui coûta une forte somme.
Depuis 1666, Racine s'était brouillé avec les jansénistes, mais il semble s'être rapproché d'eux au plus tard au lendemain de son mariage. Malgré les persécutions dont ils recommencèrent à être victimes à partir de 1679, Racine se réconcilie avec eux. Il les soutient notamment dans leurs démêlés avec le pouvoir ({{souverain-|Louis XIV}} leur étant hostile). Sa présence aux funérailles d'[[Antoine Arnauld (1612-1694)|Arnauld]] en 1694 confirme la réconciliation de Racine avec ses anciens maîtres. Il écrit secrètement un ''[[Abrégé de l’histoire de Port-Royal]]'' qui parut après sa mort. Surtout, neveu chéri d'une religieuse qui gravit tous les échelons de la hiérarchie du monastère de Port-Royal des Champs pour en devenir abbesse en 1689, il œuvra auprès des archevêques de Paris successifs afin de permettre au monastère de retrouver une vraie vie (depuis 1679 il lui était interdit de recevoir de nouvelles religieuses et son extinction était ainsi programmée).
[[Fichier:Rue Visconti, plaque Racing 2.jpg|vignette|Plaque au {{numéro}}24 [[rue Visconti]] (Paris), où il mourut.]]
[[Fichier:P1310097 Paris V église St-Etienne plaque Racine rwk.jpg|thumb|Plaque indiquant le transfert des restes de Jean Racine de l'[[abbaye de Port-Royal]] à l'[[église Saint-Étienne-du-Mont]], le {{date-|2 décembre}} [[1711]].]]
Racine meurt [[Rue Visconti|rue des Marais-Saint-Germain]] à [[Paris]] ([[Église Saint-Sulpice de Paris|paroisse Saint-Sulpice]]) le {{date|21|avril|1699}}<ref>« Le vingt-unième jour d'{{date-|avril 1699}} a été fait le convoi à l'église de Port-Royal des Champs de Messire Jean-Baptiste Racine, conseiller secrétaire du Roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre, âgé de cinquante-neuf ans, décédé le jour même entre trois et quatre du matin en sa maison, rue des Marets ; et ont assisté au convoi et transport maître Claude-Pierre Colin de Morambert, seigneur de Riberpré, avocat en Parlement, gendre dudit sieur défunt, et maître Germain Willard, bourgeois de Paris, ami dudit défunt, qui ont signé ». Extrait du [[registre paroissial]] de l'[[Église Saint-Sulpice de Paris|église Saint-Sulpice]] à [[Paris]], [[Registres paroissiaux et d'état civil à Paris|détruit par l'incendie de 1871]] mais cité par Paul Mesnard dans ''Œuvres de Jean Racine'', [[Hachette Livre|Hachette]], Paris, 1865, {{p.|193}}.</ref>, à l'âge de cinquante-neuf ans, des suites d'un abcès ou d'une tumeur au foie. {{souverain-|Louis XIV}} accède à la demande qu'il a formulée d'être inhumé à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]], auprès
== Œuvres ==
=== Théâtre ===
[[Fichier:Oeuvres de Racine Bruxelles.jpg|thumb|right|180px|<center>''Œuvres de Racine'', édition bruxelloise de [[1700]].<br />Gravure de [[Jacques Harrewyn|J. Harrewyn]]</center>]]
* ''[[La Thébaïde (Racine)|La Thébaïde]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|21 juin 1664}}
* ''[[Alexandre le Grand (Racine)|Alexandre le Grand]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|4 décembre 1665}}
* ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|17 novembre 1667}}
* ''[[Les Plaideurs]]'', comédie en trois actes et en vers, créée en {{date|novembre 1668|au théâtre}}
* ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|13 décembre 1669}}
* ''[[Bérénice (Racine)|Bérénice]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|21 novembre 1670}}
* ''[[Bajazet]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{
* ''[[Mithridate (Racine)|Mithridate]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|23 décembre 1672}}<ref>Sur cette date, voir les explications sur le site [http://cesar.org.uk/cesar2/titles/titles.php?fct=edit&script_UOID=176623 CESAR]</ref>
* ''[[Iphigénie (Racine)|Iphigénie]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|18 août 1674}}
* ''[[Phèdre (Racine)|Phèdre]]''<ref>À partir de 1687. La pièce était initialement appelée ''Phèdre et Hippolyte''.</ref>, tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{
* ''[[Esther (Racine)|Esther]]'', tragédie en trois actes et en vers, créée le {{date-|26 janvier 1689}}
* ''[[Athalie (Racine)|Athalie]]'', tragédie en cinq actes et en vers, créée le {{date-|5 janvier 1691}}
=== Autres ===
;Travaux historiques
* ''Vie de {{souverain-|Louis XIV}}'' (perdue){{Note|texte=Le manuscrit fut détruit dans l'incendie de la bibliothèque de Valincour ; voir [http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-baptiste-henri-de-valincour cette notice de l'Académie
* ''[[Abrégé de l’histoire de Port-Royal]]'', 1767, Paris, 358 pages<ref>[https://books.google.fr/books?id=l7qRFdo5E1wC&pg=PA9 Lire en ligne]</ref>.
;Traductions
* ''Le Banquet'' de Platon, (entre 1678 et 1686)
* ''Vie de Diogène le Cynique'', par [[Diogène Laërce]] (pas de date donnée ; probablement entre 1658 et 1662)
* Textes d'[[Eusèbe de Césarée]]
* Fragments de ''La Poétique'' d'[[Aristote]]
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== Analyse de l’œuvre ==
=== Le théâtre racinien ===
Le théâtre de Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit celui qui en est possédé. On retrouve ici les théories [[jansénisme|jansénistes]] : soit l'homme a reçu la [[Grâce (christianisme)|grâce divine]], soit il en est dépourvu, rien ne peut changer son destin, il est condamné dès sa naissance. Réalisant l'idéal de la tragédie classique, le théâtre racinien présente une action simple, claire, dont les péripéties naissent de la passion même des personnages.
Les tragédies profanes (c'est-à-dire ''[[Esther (Racine)|Esther]]'' et ''[[Athalie (Racine)|Athalie]]'' exclues) présentent un couple de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible parce que la femme est dominée par
Dans ce cadre aristocratique qui, à partir de ''[[Bajazet]]'', devient un lieu commun prétexte à la naissance d'une crise, les personnages apprennent que le roi est mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. Or, l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion.
=== Un écrivain des passions ===
Depuis l'époque romantique, les biographes de Racine et les critiques de son théâtre se sont étonnés qu'un homme ait pu traduire si bien la violence des passions, en particulier féminines, et ils en ont déduit qu'il devait être animé, si ce n'est par une âme féminine, du moins par un très fort penchant pour les femmes. Certains biographes ont parlé d'infidélité constante et ont mis au compte de cette légèreté sa prétendue disgrâce auprès du roi et de {{Mme}} de Maintenon à la fin de sa vie. En fait, outre que la disgrâce est une légende<ref>Georges Forestier, ''Jean Racine'', [[Bibliothèque de la Pléiade]], 2006, {{p.|820}}.</ref>, on ne lui connaît que deux maîtresses avant son mariage : [[Mademoiselle Du Parc|{{Mlle}} Du Parc]], puis [[Mademoiselle de Champmeslé|{{Mlle}} de Champmeslé]], toutes deux comédiennes. Aucun document du {{s-|XVII}} ne permet de penser qu'il aurait été ensuite infidèle à Catherine Romanet, qu'il épousa en 1677 après avoir quitté la Champmeslé.
=== Les sources d'inspiration gréco-latines ===
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Le professeur J. Scherer mentionne, dans son étude sur ''Bérénice''<ref>Éditions du Sedes, 1974, {{p.|14}}.</ref> que Racine, afin de fixer le personnage, cite Suétone, notamment le chapitre VII de sa ''Vie de Titus''. Il établit également qu'il existe un parallèle entre Virgile et Racine, fondé sur des notions assez conventionnelles.
Jean-Pol Caput, dans sa présentation de ''Britannicus''<ref>Classiques Larousse, Paris, 1963.</ref>, note que Racine a puisé dans les ''Annales'' de Tacite (livres XI à XV) non seulement l'essentiel des faits qui forment la trame de la tragédie, mais encore l'esprit dans lequel l'historien latin les traite. Racine aurait aussi lu le traité de Sénèque ''Sur la clémence'' et la tragédie du même auteur ''Octavie'' qui ont inspiré certains détails au poète.
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== Œuvres musicales et littéraires inspirées par Racine ==
* ''Athalie, Intermèdes musicaux'' de [[Jean-Baptiste Moreau]] ;
* ''[[Esther (Racine)|Esther]]'', ''Intermèdes musicaux'' de Jean-Baptiste Moreau ;
* ''Cantiques'' de Racine (I, III et IV), Jean-Baptiste Moeau et [[Michel-Richard de Lalande]] (II) (1694) ;
* ''[[Hippolyte et Aricie (Rameau)|Hippolyte et Aricie]], tragédie lyrique (inspirée en partie de Phèdre) de'' [[Jean-Philippe Rameau]] (1733);
* ''[[Mitridate, re di Ponto]], opéra de'' [[Wolfgang Amadeus Mozart]] (1770) ;
* ''[[Iphigénie en Aulide (Gluck)|Iphigénie en Aulide]]'', tragédie-opéra en 3 actes sur un livret de [[François-Louis Gand Le Bland Du Roullet|François-Louis Grand le Bland du Roullet]] (adapté de ''[[Iphigénie (Racine)|Iphigénie]]''), musique de [[Christoph Willibald Gluck|Christoph Willibals Gluck]] (1774) ;
* ''[[Andromaque (tragédie lyrique)|Andromaque]]'', tragédie lyrique en 3 actes sur un livret de [[Louis-Guillaume Pitra]], musique de [[André Grétry|André-Ernest Modest Grétry]] (1780) ;
* ''[[Phèdre (Racine)|Phèdre]]'', tragédie lyrique, sur un livret de [[François-Benoît Hoffmann|François Benoit Hoffmann]], musique de [[Jean-Baptiste Moyne]] (1786) ;
* ''[[Ermione]]'', opéra tragique, livret italien d'[[Andrea Leone Tottola]] basé sur ''[[Andromaque (Racine)|Andromaque]]'', musique de [[Gioacchino Rossini]] (1819) ;
* ''Andromaque'', musique de scène de [[Camille Saint-Saëns]] (1903) ;
[[Fichier:Petits Chanteurs de Passy - Cantique de Racine de Gabriel Faure.ogg|thumb|Les Petits Chanteurs de Passy chantent le ''Cantique de Jean Racine'']]
* ''Cantique de Jean Racine'', opus 144 posthume de [[Mel Bonis]] (1934) ;
* ''[[Britannicus (Racine)|Britannicus]]'', musique de scène de [[André Jolivet]] (1946) ;
* ''[[Phaedra (Britten)|Phaedra]], cantate de'' [[Benjamin Britten]] (1975) ;
* ''Esther, opéra de'' [[Boris Yoffe]] (2006).
== Iconographie et hommages ==
Ligne 337 ⟶ 358 :
=== Sculptures ===
[[Fichier:Paris - Palais du Louvre - PA00085992 -
* 1833 : [[Statue de Racine (La Ferté-Milon)|Statue de Jean Racine]] par [[Pierre-Jean David d'Angers|David d'Angers]] à [[La Ferté-Milon]]
* 1834 : Sculpture de Jean Racine par [[Henri Lemaire]] au [[Palais de l'Institut]]
Ligne 343 ⟶ 364 :
=== Citations ===
* [[André Gide]] écrit : «
=== Astronomie ===
Ligne 351 ⟶ 372 :
=== Éditions de référence ===
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
*Jean Rohou (éd.), ''Racine, Théâtre complet'', Paris, Hachette, La Pochothèque, 1998
* {{Ouvrage | langue=fr |
* {{Ouvrage|
* {{Ouvrage|auteur1=Jean Lesaulnier|responsabilité1=éd.|titre=Jean Racine. Correspondance|lieu=Paris|éditeur=Honoré Champion|année=2017|isbn=}}
=== Généralités ===
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
*Jean Rohou, ''La Tragédie classique'', Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|auteur1=Alain Viala|titre=Histoire du théâtre|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|collection=Que sais-je?|année=2017|isbn=}}
=== Biographies ===
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|auteur1=Alain Viala|titre=Racine, la stratégie du caméléon|lieu=Paris|éditeur=Seghers|année=1990|isbn=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Rose Vincent|titre=L'Enfant de Port-Royal|sous-titre=le roman de Jean Racine|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|année=1992|pages totales=366|isbn=2-02-013545-0}}. Un roman sur les débuts de Jean Racine et ses relations avec [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]
=== Études ===
* {{Ouvrage
* [[Roland Barthes]], ''Sur Racine'', Paris, Seuil, 1963 (ce livre, emblème de la « nouvelle critique », a été sévèrement critiqué par [[Raymond Picard]] dans ''Nouvelle critique ou nouvelle imposture'' et par [[René Pommier]] dans ''Le « Sur Racine » de Roland Barthes'').
* Charles Bernet, ''Le Vocabulaire des tragédies de Jean Racine. Étude statistique'', Genève-Paris, Slatkine-Champion, 1983
* Christian Biet, ''Racine'', in collection ''Portraits Littéraires'', Paris, Hachette Éducation, 1996
* Marie-Florine Bruneau, ''Racine. Le jansénisme et La [[modernité]]'', Paris, José Corti, 1986
* {{Ouvrage
* [[Arnaud Chaffanjon]], ''Jean Racine et sa descendance'', préface de Thierry Maulnier, Paris, Les Seize Éditions du Palais Royal, 1964
* {{Chapitre
* Maurice Delcroix, ''Le sacré dans les tragédies profanes de Racine'', Paris, Nizet, 1970
* Maurice Descotes, ''Les grands rôles du théâtre de Racine'', Paris, PUF, 1957
Ligne 391 ⟶ 416 :
* [[Lucien Goldmann]], ''Le Dieu caché. Étude sur la vision tragique dans les Pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine'', Paris, Gallimard, 1955
* [[Lucien Goldmann]], ''Situation de la critique racinienne'', Paris, L'Arche, 1971 (réed. 1997)
* {{Ouvrage
* Roy Clement Knight, ''Racine et la Grèce'', Paris, Boivin, 1950
* [[Gustave Larroumet]], ''Racine'', Paris, Hachette, coll. ''Les grands écrivains français'', 1887
Ligne 398 ⟶ 423 :
* [[Jacques de Lacretelle]] et Pierre de Lacretelle, ''Introduction au théâtre de Racine'' suivie de ''La vie privée de Racine'', Paris, Librairie académique Perrin, 1949
* Jacques de Lacretelle et Pierre de Lacretelle, ''Racine'', Paris, Librairie académique Perrin, 1970
* {{Ouvrage
* Anne Piéjus, ''Le Théâtre des Demoiselles. Tragédie et musique à Saint-Cyr à la fin du Grand Siècle'', Paris Société française de musicologie, 2000.
* Gérard Pélissier, ''Étude sur la Tragédie racinienne '', Paris, Ellipses, 1995, coll. "Résonances"
* [[Jean
* {{Ouvrage|auteur1=Catherine Ramond|titre=La Voix racinienne dans les romans du dix-huitième siècle|lieu=Paris|éditeur=Honoré Champion|année=2014|isbn=}}
* [[Jean Rohou]], ''Jean Racine : bilan critique'', Paris, Armand Colin, {{2e|édition}}, 1998
* Jean Rohou, ''Avez-vous "lu" Racine ? Mise au point polémique'', Paris, L'Harmattan, 2000
* Jean Rohou, ''Jean Racine, "Andromaque"'', Paris, Presses universitaires de France, 2000
* Jean Rohou, ''Jean Racine, "Athalie"'', Paris Presses universitaires de France, 2003
* Jean Rohou, ''Racine en 12 questions'', Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020
* Jean-Jacques Roubine, ''Lectures de Racine'', Paris, Armand Colin, 1971
* {{Ouvrage
* [[Leo Spitzer]], ''L'effet de sourdine dans le style classique : Racine'' (traduction d'Alain Coulon) in ''Études de style'', précédé de ''Leo Spitzer et la lecture stylistique'' par [[Jean Starobinski]], traduit de l'anglais et de l'allemand par Éliane Kaufholz, Alain Coulon et [[Michel Foucault]], Paris, [[Gallimard]], [[1970]] {{p.|208-335}}
* [[Eugène Vinaver]], ''Racine et la poésie tragique'', Paris, Nizet, 1951
== Sources ==
Cette section inventorie les sources archivistique connues disponibles sur Jean Racine, classées par lieux de conservation.
=== Recueils ===
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
=== Sources manuscrites ===
==== [[Archives départementales de l'Aisne]] ====
* 1/Mi709 (acte de baptême)
* 5/Mi1209 :
** <small>[http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vtaacdbd4a9d73405f6/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_5412c7e913a778991123dba3c75bdc9e#id:765125066?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=4710.925854045505,-4283.751708091008&zoom=2 fol.95 : acte d'inhumation de Jeanne Sconin, mère de Racine, {{date-|29 janvier 1641}}]</small>
** <small>[http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vtaacdbd4a9d73405f6/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_5412c7e913a778991123dba3c75bdc9e#id:819612805?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=3636.864,-3015.936&zoom=4 fol.125 : acte de mariage de Jean Racine père avec Madeleine Vol, {{date-|4 novembre 1642}}]</small>
** <small>[http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vtaacdbd4a9d73405f6/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_5412c7e913a778991123dba3c75bdc9e#id:850088998?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=3857.232,-3325.2&zoom=3 fol.157 : acte d'inhumation de Jean Racine père, {{date-|6 février 1643}}]</small>
** [http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vtaacdbd4a9d73405f6/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_5412c7e913a778991123dba3c75bdc9e#id:1510406513?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00¢er=3554.5300336640003,-2697.8182758400003&zoom=9 <small>fol.202 : acte d'inhumation de Jean Racine grand-père, {{date-|septembre 1649}}</small>]
==== "Papiers de Jean Racine", [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], manuscrits, Français 12886-12891, 6 volumes ====
Chacun de ces volumes, excepté les {{IV}} et {{V}}, est numérisé et accessible sur Gallica. Les liens sont ici intégrés sur leurs cotes.
* [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9060956f I, Français 12886]<ref>Notice bibliographique : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439076/cd0e62</ref>. Divers :
** <small>« Livres notez par Jean Racine ; » liste de la main de Louis Racine, son fils, publiée dans le Bulletin de la Société de l'histoire de Paris (1884), {{t.|XI}}, {{p.
** <small>Lettres de Racine à l'abbé Le Vasseur, à M. et Mlle Vitart (1660-1662), correspondance de Boileau et Racine (1687-1697), lettres de Racine à son fils (1692-1698), lettres au prince Henri de Bourbon-Condé, à la M. Ste Thècle Racine, à M. de Bonrepaux (1693), à Madame de Maintenon (1698).</small>
** <small>Testaments de Racine ({{date-|10 octobre 1698}} et {{date-|29 octobre 1685}}).</small>
** <small>Lettres de Le Maistre et Antoine Arnauld à Racine.</small>
** <small>Lettres de Louis Racine à Cl. Sallier, et deux quittances signées de « Jean Racine, prieur du prieuré de Ste Pétronille de l'Espinay » (1670 et 1668).</small>
* [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9057322g II, Français 12887]<ref>Notice bibliographique : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439076/cd0e128</ref>. Divers :
** <small>«
** <small>« Extrait du traitté de Lucien, Comment il faut écrire l'histoire ».</small>
** <small>« Des Esséniens ; — (fol. 61) Vie de S. Polycarpe ; — (fol. 62) Extrait d'une lettre de S. Irénée ; — (fol. 63) Épitre de S. Polycarpe ; — (fol. 69) De S. Denys, archevêque d'Alexandrie ».</small>
Ligne 438 ⟶ 471 :
** <small>« Quinte-Curce de Vaugelas ».</small>
** <small>Remarques sur Athalie.</small>
** <small>« Projet du {{Ier|acte}}
** <small>Discours à l'Académie française ({{date-|30 octobre 1678}}).</small>
** <small>« Cantique spirituel à la louange de la charité, tiré de S. Paul ».</small>
** <small>« Mémoires sur Port-Royal ».</small>
Ligne 447 ⟶ 480 :
* V, Français 12890<ref>Notice bibliographique : [http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439076/cd0e300 http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439076/cd0e30]</ref> :
** <small>Extraits de Virgile. Horace, Pline l'Ancien et Cicéron.</small>
** <small>«
* VI, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9061269z Français 12891]<ref>Notice bibliographique : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc439076/cd0e336</ref>. «
=== Sources imprimées ===
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==== Ouvrage imprimés annotés par Racine ====
* [[Plutarque]], ''Sapientissimi Plutarchi paralellum, Vitae Romanorum & Graecorum…'' [[Vies parallèles des hommes illustres|''Vies parallèles'']], Florence, in aedibus Philippe Iuntae, 1517. Exemplaire conservé à la [[Bibliothèque nationale de France|BnF]] ([http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31125212v RES-J-88]) annoté par Racine pendant ses études à [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]].
* [[Plutarque]], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9905377 ''Varia scripta, quae Moralia vulgo dicuntur''…, Basileae, per E. Episcopium et Nicolai fr. haeredes, 1574]. Exemplaire conservé à la [[Bibliothèque nationale de France|BnF]] ([http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb311248697 RES-J-105]), annoté par Racine en 1656, pendant ses études à Port-Royal. La page de titre est signée : "Joannes Racine, cœptum {{date-|29 mai 1656}}".
* [[Sénèque]], ''L. Annaei Senecae philosophi opera omnia'' [''Œuvres complètes''], [éd.inconnu]. Exemplaire conservé à la [[Bibliothèque nationale de France|BnF]] ([http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32197923h RES-R-2003]), annoté par Racine pendant ses études à Port-Royal.
==
=== Liens externes ===
{{Autres projets
|wikisource=Auteur:Jean Racine
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}}
{{catégorie principale}}
* [http://adlitteram.free.fr/cms_litterature/index.php?option=com_content&task=view&id=163&Itemid=31/ Biographie détaillée de Jean Racine]
* [http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/racine2.htm Biographie - site Ministère de la Culture] - biographie écrite par [[Marc Fumaroli|Marc Fumaroli - Académie
* [https://www.poesies.net/racine.html Théâtre Complet De Jean Racine à télécharger. (Poesies.net)]
* [http://www.theatre-classique.fr Théâtre complet de Jean Racine avec notes et variantes à consulter ou à télécharger au format PDF.]
* [http://education.francetv.fr/matiere/litterature/troisieme/dossier/vie-et-oeuvre-de-jean-racine Vie et œuvre de Jean Racine], le dossier illustré de francetv éducation
* [https://www.franceculture.fr/theatre/6-tragedies-de-jean-racine-a-ecouter 6 tragédies de Jean Racine à écouter] (Audio : Andromaque ({{heure|1|55}}) ; Britanicus ({{heure|1|58}}) ; Bérénice ({{heure|1|47}}) ; Bajazet ({{heure|1|58}}) ; Iphigénie ({{heure|1|57}}) et Phèdre ({{heure|2}})) par [[France Culture]] avec la [[Comédie-Française|Comédie Française]] (2015 ; 2016 ; 2017 ; 2020)
==== Bases de données et dictionnaires ====
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=== Pages connexes ===
* [[Littérature française du XVIIe siècle]]
* [[Racine passera comme le café]]
== Notes et références ==
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|Jansénisme
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