« Haviland » : différence entre les versions

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{{voir homonymes|Haviland (homonymie)}}{{confusionAutre4|la manufacture de porcelaine|le constructeur aéronautique|De Havilland Aircraft Company}}
{{ébauche|entreprise|Limoges}}
{{Infobox Société
| couleur boîte =
| nom = Haviland
| logo = Haviland.png
| légende =
| slogan =
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| siège (ville) = Paris
| siège (pays) = France
| direction actuelle = Myriam Pariente, présidentePrésidente,<br />RichardBenjamin OdierBrami, directeurDirecteur généralGénéral
| secteurs d'activités = Fabrication d'articles céramiques à usage domestique ou ornemental
| produits = [[Arts de la table]]
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| identifiant = 414975003 (Haviland Parlon)
347994337(Haviland) actuel
| chiffre d'affaires = 7 702 300 € au 31 décembre 2017<ref>report des données du site societe.com le 2 juin 2019</ref>
| évolution du CA =
| somme du bilan (banques) =
| primes brut (assurances) =
| résultat net = -36 500 € (au 31 décembre 2017) perte
| évolution du résultat net =
| fonds propres =
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}}
 
'''Haviland'''<ref>{{Lien web|langue=|titre=Informations légales et comptables concernant la société Haviland|url=https://www.societe.com/societe/haviland-347994337.html|site=www.societe.com|périodiquesite=societe.com|date=|consulté le=2019-06-02}}</ref> est une [[entreprise]] [[France|française]] du secteur des [[arts de la table]] de [[luxe]], fondée en [[1842]] par l'[[États-Unis|Américain]] David Haviland<ref>Jean d'Albis, ''Haviland'', Éd. Dessain et Tolra, Paris, 1988, 125 p.</ref>. Établie à [[Limoges]] dans le [[Limousin (ancienne région administrative)|Limousin]], cité reconnue pour sa [[Porcelaine de Limoges|capitaleproduction de la porcelaineporcelainière]] depuis le {{s-|XVIII}}, elle s'illustre dans le domaine de la [[porcelaine]] (la [[verrerie]] et l'[[orfèvrerie]] sont des domaines qui peuvent être apportés à la porcelaine via les filiales de la FSG que sont [[Daum (cristallerie)|Daum]] et Felix).
 
La porcelaine Haviland est réalisée dans son intégralité à [[Limoges]], de la fabrication à la décoration de ses services. Chaque décor est toujours réalisé à la main avec une précision d'orfèvre. Plus de {{unité|5000|décors}} ont été réalisés par la Manufacture depuis sa création<ref name="bdFQc81pjZA">{{YouTube|bdFQc81pjZA|HAVILAND Manufacture de porcelaine de Limoges depuis 1842}}.</ref>.
 
À Limoges, outre l'usine contemporaine, plusieurs bâtiments continuent de témoigner de l'implication des Haviland dans la vie de la cité depuis le {{s-|XIX}}.
Haviland fabrique encore aujourd'hui sur son site de Limoges l'ensemble des articles<ref>[http://www.maison.com/decoration/marques/porcelaine-haviland-histoire-savoir-faire-6478/galerie/25739/].</ref>. L'usine comprend 3 parties :
* Le Blanc, partie qui va créer l'article selon plusieurs processus ([[Céramique_technique#Le_pressage_isostatique|pressage isostatique]]…) qui se chargent de la cuisson et des finitions de l'article (émaillage, sablage…).
* Le Décor, qui reprend les articles blancs pour y apposer un décor. Plusieurs processus existent : les chromos (sorte de décalque), l'incrustation (on va creuser la porcelaine pour y mettre de l'or ou du platine) ou le relief.
* La création de chromo dans son atelier intégré.
 
Le bureau de création est réparti entre Limoges et Paris et va produire chaque année des nouvelles collections. On peut considérer que la dernière grande série était le Clair de lune arcade ; aujourd'hui, les collections sont sur des quantités bien moins importantes. Haviland permet surtout à des clients importants de créer des articles sur mesure (forme et décoration) pour des décorateurs, des monarchies…
 
== Historique ==
=== Origines familiales et débuts aux États-Unis ===
La société Manufacture de Porcelaine Haviland Parlon a été placée en redressement judiciaire le {{date-|12 mars 2003}}<ref>{{Lien web|langue=|titre=Informations légales concernant l'ancienne entité Haviland Parlon|url=https://www.societe.com/societe/manufacture-porcelaine-haviland-parlon-414975003.html|site=www.societe.com|périodique=|date=|consulté le=2019-06-02}}</ref>.
[[Fichier:Plaque de la place David Haviland, Limoges.jpg|vignette|Plaque de rue en hommage à David Haviland, à Limoges.]]
Les Haviland sont issus d'une famille [[Normandie|normande]] ayant émigré à [[Guernesey]], puis en [[Angleterre]] avant de gagner l'Amérique au {{s-|XVII}} pour fuir les persécutions religieuses du roi [[Charles Ier (roi d'Angleterre)|Charles {{Ier}}]]. William Haviland (1777-1842) est le père de huit fils, dont sept s'engagent dans le négoce de vaisselle{{sfn|D'Albis|1988|p=5}}. Parmi eux, David s'associe très jeune à son frère Edmond dans la reprise d'une boutique de [[New York]], située [[Fulton Street (Manhattan)|Fulton Street]], au sud de [[Manhattan]].
 
En 1838, David rejoint un autre frère, Daniel, une entreprise d'import, nommée ''D.G. & D. Haviland''. En 1852, la société reprend la dénomination Haviland Brothers and Company. D'autres membres de la famille font fonctionner leurs propres succursales et sociétés dans le reste des États-Unis{{sfn|D'Albis|1988|p=7}}. En parallèle, pendant plusieurs années, David Haviland se lie à Thomas Rees pour promouvoir les exportations. Il s'approvisionne initialement en Grande-Bretagne, dans le [[Staffordshire]], où [[Stoke-on-Trent]] est déjà un important centre de production.
Le {{date-|14 mai 2003}}, elle est cédée à la société Haviland.
 
=== Débuts de la production en France ===
Un voyage en France à [[Limoges]] au début des années 1840, après un contact établi à [[Foëcy]] et l'établissement d'une maison d'exportation à Paris, décide David Haviland à développer un nouveau créneau à partir de cette localité, dès 1842<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Sean Kingsley |titre=Oceans Odyssey |sous-titre=Deep-Sea Shipwrecks in the English Channel, the Straits of Gibraltar and the Atlantic Ocean |éditeur=Oxbow Books |lieu=Oxford |année=2010 |pages totales=288}}.</ref>. David, son épouse Mary et leur fils [[Charles Edward Haviland|Charles]] s'installent cours Jourdan, à Limoges, en avril 1842{{sfn|D'Albis|1988|p=10}}. Des pièces sont alors spécifiquement produites à Limoges pour plaire à la clientèle nord-américaine<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Catherine Hoover Voorsanger |auteur2=John K. Howat |titre=Art and the Empire City |sous-titre=New York, 1825-1861 |éditeur=[[Metropolitan Museum of Art]] |lieu=New York |année=2000 |pages totales=636 |passage=330 |lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Art_and_the_Empire_City/j8dzQHVdv9oC?hl=fr&gbpv=0 }}.</ref>. Il arrive dans certains cas que certaines tâches de décoration soient effectuées dans des ateliers à New York. Les productions de Limoges sont exposées dans le showroom de Rees, situé 47 {{Lien|trad= John Street (Manhattan)|texte= John Street}} à [[Manhattan]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Catherine Hoover Voorsanger |auteur2=John K. Howat |titre=Art and the Empire City |sous-titre=New York, 1825-1861 |éditeur=[[Metropolitan Museum of Art]] |lieu=New York |année=2000 |pages totales=636 |passage=328 |lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Art_and_the_Empire_City/j8dzQHVdv9oC?hl=fr&gbpv=0 }}.</ref>.
 
[[Fichier:Barrels of Porcelain NGM-v31-p366.jpg|vignette|Vue partielle des bâtiments de la première usine Haviland de Limoges, construite à partir de 1853 (ici au début du {{s-|XX}}).]]
Si David Haviland agit au départ en tant que commissionnaire, traitant notamment avec une coopérative de production limougeaude (l'''Association fraternelle des ouvriers porcelainiers''{{sfn|Corbin|p=538}}), il s'oriente rapidement vers une production propre, à partir d'un atelier de modelage, peinture et décoration qui lui appartient{{sfn|Corbin|p=44}}. En 1853, la première usine intégrée, située sur l'actuelle avenue Garibaldi, est opérationnelle{{sfn|Larivière|p=77}} ; elle remplace les premiers ateliers provisoires du cours Gay-Lussac{{sfn|D'Albis|1988|p=12}}. L'action de David Haviland, très tournée vers le commerce et la rentabilité, sans négliger les décors, est décisive dans l'avantage définitif que prend la porcelaine de Limoges sur la porcelaine britannique aux États-Unis, dans le sens où à sa suite, les autres fabricants s'engagent massivement vers l'exportation{{sfn|Larivière|p=77}}{{,}}{{sfn|Corbin|p=44}}.
 
=== Expansion ===
La [[Guerre de Sécession]], qui fait rage de 1861 à 1865, porte un rude coup aux affaires des Haviland. La société Haviland Brothers & Co. est contrainte de fermer. David décide de se recentrer sur la France pour y déployer ses forces. Une nouvelle société, Haviland & Co., est formellement créée en 1864<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Pascal Ory]] |auteur2= Marie-Claude Blanc-Chaléard |titre=Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France |éditeur=Robert Laffont |lieu=Paris |année=2013}}.</ref>. Le second fils de David, Theodore, est envoyé aux États-Unis pour relancer la publicité en faveur de la société. Charles s'impose à la tête de l'entreprise avant même le retrait volontaire de son père. Après 1865, date à laquelle 165 peintres sont effectivement employés, il poursuit la modernisation et l'expansion de l'usine de Limoges{{sfn|D'Albis|1988|p=21}}. Le succès est tel que la société est encore contrainte de sous-traiter une partie de sa fabrication. Dans les décennies qui suivent, la conception de services spécifiquement dédiés aux Américains continue d'assurer la réussite de l'affaire. Plusieurs services sont réalisés pour la [[Président des États-Unis|Maison-Blanche]]. En 1880, un immense service de plus de {{formatnum:1000}} pièces est produit pour le président des États-Unis [[Rutherford B. Hayes]] ; chaque pièce est ornée d'un élément de faune ou de flore typique des différents [[États des États-Unis|États]] inspiré des aquarelles de {{Lien|trad=Theodore R. Davis}}{{sfn|D'Albis|1988|p=26}}. En même temps, Haviland participe aux expositions universelles ; il est primé à [[Exposition universelle de 1867|celle de 1867]] à Paris.
 
Les Haviland s'intègrent progressivement dans la société limougeaude ; [[Charles Edward Haviland|Charles Edward]] fréquente le [[Siège du cercle de l'Union et Turgot|Cercle de l'Union]], où il côtoie le banquier [[Banque Tarneaud|Tarneaud]], son confrère [[François Alluaud|Alluaud]], les [[Industrie papetière dans la vallée de la Vienne|imprimeurs]] de Limoges{{sfn|Corbin|p=407}}.
 
En 1872, Charles Haviland nomme [[Félix Bracquemond]] à la tête de la création et fonde avec lui les Ateliers d'Auteuil<ref>{{Article |auteur1=Véronique Ayroles |titre=Félix Bracquemond, Haviland et le verre : une nouvelle rencontre d’exception |périodique=Revue de la Société des Amis du musée national de Céramique |numéro=7 |date=1998 |pages=21-31 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/sevre_1169-2537_1998_num_7_1_1365 |consulté le=29 mars 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=[[Musée de la Céramique de Rouen]] |titre=ÉMAUX ATMOSPHÉRIQUES, LA CÉRAMIQUE "IMPRESSIONNISTE"|url=https://museedelaceramique.fr/fr/expositions/emaux-atmospheriques-la-ceramique-impressionniste |date=2010 |site=museedelaceramique.fr |consulté le=29 mars 2024}}.</ref>. Il en résulte un important renouvellement des méthodes et styles de décoration. Le mariage de Charles Haviland avec la fille du critique d'art [[Philippe Burty]] introduit également les porcelainiers dans le milieu de l'art. Les collaborations se développement avec [[Albert Dammouse]], [[Ernest Chaplet]]. Le retrait de Bracquemond en 1881 ne nuit pas à la qualité des productions, Charles Haviland ayant renforcé ses compétences et sa sensibilité artistique{{sfn|D'Albis|1988|p=42}}.
 
<gallery mode="packed">
Plate MET ES4276.jpg|Assiette ornée par [[Félix Bracquemond]] (1875).
Dish attributed to Albert-Louis Dammouse, Haviland & Co., France, c. 1879, porcelain, 1991.166.6 - Metropolitan Museum of Art - New York City - DSC07531.jpg|Plat orné par [[Albert Dammouse]] (1879).
Pair of vases MET SF23 31 12,13.jpg|Vases ornés par [[Édouard Dammouse]], années 1880.
Tankard with man drinking from jug MET DP704022.jpg|Chope ornée par [[Ernest Chaplet]] (1885).
EChaplet pour Haviland.jpg|Vase par [[Ernest Chaplet]].
Haviland4.JPG|Vase vers 1890.
(Albi) Buste de Jane Avril sur une vague 1898 - Antoine Bourdelle - Inv.94.1.1.jpg|Buste de [[Jane Avril]] sur une vague, par [[Antoine Bourdelle]] (1898).
Limoges chocolate set.jpg|Service à chocolat, vers 1900.
</gallery>
 
=== Scission ===
[[Fichier:Limoges.Avenue Garibaldi.Sortie des usines.jpg|vignette|Sortie de l'usine de l'avenue Garibaldi vers 1900.]]
La réussite de l'entreprise permet de renoncer à la sous-traitance, et Théodore Haviland quitte les États-Unis pour revenir en France. Les relations entre les deux frères se dégradent toutefois, jusqu'à leur rupture. Le {{Date|31 décembre 1891}}, la société Haviland & Co est dissoute, remplacée par une nouvelle société dirigée par Charles et son fils aîné Georges, qu'il a eu avec Marie Guillet, descendante d'Étienne Baignol, pionnier de la porcelaine à Limoges, tandis que Théodore entame la construction de son usine propre{{sfn|D'Albis|1988|p=48}}. Celle-ci est inaugurée le {{Date-|3 août 1893}}<ref name="f">{{Base Mérimée|IA87000184|Usine de porcelaine Théodore Haviland}}</ref>. Théodore fait à nouveau appel aux artistes qu'il connaît, comme Dammouse, Bracquemond, ou [[Antoine Bourdelle]] et poursuit la fabrication de services pour les cours européennes. Il rencontre le succès à l'[[Exposition universelle de 1900]]{{sfn|D'Albis|1988|p=65}}, et recourt à la sous-traitance<ref>{{Chapitre |auteur1= |titre chapitre=Un exemple de sous-traitance : la porcelaine Théodore Haviland et Plainemaison frères au début du {{s-|XX}} |auteurs ouvrage=Jacques Plainemaison |titre ouvrage=Éclats de porcelaine |sous-titre=La porcelaine de Limoges au {{s2-|XIX|XX}} |lieu=Limoges |éditeur=Presses universitaires de Limoges |année=2021 |isbn=978-2-84287-803-0 }}</ref>.
 
En 1907, les deux usines Haviland assurent un tiers de la production de porcelaine de Limoges{{sfn|Larivière|p=78}}. Preuve de la persistance de liens étroits entre Limoges et les États-Unis, un [[consulat (diplomatie)|consulat]] américain demeure jusqu'en 1927<ref>{{Lien web |titre=Il y eut un consulat américain à Limoges |url=https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/actualites/il-y-eut-un-consulat-americain-a-limoges_14362824/ |date=30 août 2023 |périodique=Le Populaire du Centre |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>.
 
En 1919, la mort de Théodore Haviland place son fils, William, à la tête de la société{{sfn|D'Albis|1988|p=70}}. Ce dernier entreprend une modernisation des styles, détruit une grande partie des moules jusqu'alors utilisés, promeut des décors très épurés, en s'adjoignant le concours de [[Suzanne Lalique]] notamment{{sfn|D'Albis|1988|p=76}}.
 
=== Réunification et mutation ===
La société Ch. Haviland ne résiste pas à la crise des années 1930, et l'usine de l'avenue Garibaldi ferme en 1931{{sfn|Larivière|p=80}}{{,}}{{sfn|D'Albis|1988|p=52}}{{,}}<ref name="g">{{Base Mérimée|IA87000188|Usine de porcelaine Haviland et Compagnie ; Usine de chaussures Heyraud ; Usine de meubles Arnaud ; imprimerie Brégéras ; Usine d'emballage et conditionnement des Cartonnages Modernes}}</ref>. En 1936, celle du Mas-Loubier est vendue à l'administration postale<ref name="e">{{Base Mérimée|IA87000188|Usine de porcelaine Haviland et Cie dite Usine du Mas-Loubier, actuellement établissement administratif de La Poste}}</ref>. La période éprouve durement l'entreprise Th. Haviland également. En 1941, les deux sociétés sont réunies : William Haviland rachète les modèles, marques et droits de la maison initiale{{sfn|D'Albis|1988|p=82}}. L'activité se recentre donc sur le site de Théodore, avenue Émile Labussière.
 
Après le conflit, l'usine demeure l'une des plus importantes, toujours très exportatrice. Dans les années 1960, on y compte encore 500 salariés{{sfn|Larivière|p=84}}. En 1957, William Haviland et ses beaux-frères laissent la place au fils de William, Harold. Le bureau de New York est conservé{{sfn|D'Albis|1988|p=84}}.
 
L'arrivée du gaz naturel, en 1959, précipite l'obsolescence des fours verticaux ronds, tous remplacés par des fours tunnels{{sfn|D'Albis|1988|p=110}}. L'usine demeure exploitée par les Haviland jusqu'en 1972, avant de passer aux mains d'autres propriétaires, tout en conservant son nom. L'activité est transférée dans la [[zone industrielle Nord]] de Limoges en 1990, et l'usine historique est démolie en 1991<ref name="f"/>.
 
=== L'entreprise au {{s-|XXI}} ===
[[Fichier:Vase infini Haviland.jpg|vignette|145x145px|Vases Infini création (2016).]]
La société Manufacture de Porcelaine Haviland Parlon est placée en redressement judiciaire le {{date-|12 mars 2003}}<ref>{{Lien web|langue=|titre=Informations légales concernant l'ancienne entité Haviland Parlon|url=https://www.societe.com/societe/manufacture-porcelaine-haviland-parlon-414975003.html|site=www.societe.com|périodique=|date=|consulté le=2019-06-02}}</ref>. Le {{date-|14 mai 2003}}, elle est cédée à la société Haviland.
 
La production Haviland bénéficie de l'[[Indication géographique (label français)|indication géographique]] mise en place en 2017 par l'État pour protéger la [[porcelaine de Limoges]].
 
En 2023, l'entreprise ouvre un magasin de porcelaine déclassée<ref>{{Lien web |auteur=Fabienne Joigneault |titre=Un magasin de porcelaine déclassée Haviland vient d'ouvrir à Limoges|url=https://www.francebleu.fr/emissions/l-eco-d-ici/un-magasin-de-porcelaine-declassee-haviland-vient-d-ouvrir-a-limoges-2793530 |date=2 octobre 2023 |site=francebleu.fr |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>.
 
== Patrimoine bâti ==
Centrée sur son usine de la banlieue nord de Limoges, située dans une [[zone industrielle Nord|zone industrielle]], la société Haviland a délaissé ses implantation historiques du centre-ville, mais il y demeure un patrimoine bâti notable, bien que fortement altéré par des démolitions et remaniements.
 
La première usine, avenue Garibaldi, qui après le départ du porcelainier a été occupée plusieurs années par l'entreprise de chaussures Heyraud, est démolie en 1988 pour accueillir le [[centre Saint-Martial|centre commercial Saint-Martial]]<ref>{{Lien web |auteur=Christophe Bodin |titre=L'époque des souliers à 45 000 francs |url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/epoque-souliers-45-000-francs-1663845.html |date=3 mai 2019 |site=france3-regions.francetvinfo.fr |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=[[Laurent Bourdelas]] |titre=Avant la construction du Centre Saint-Martial à Limoges, 39Bis Avenue Garibaldi |url=https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/ici-c-est-limoges/2018/08/27/avant-la-construction-du-centre-saint-martial-a-limoges-39bis-avenue-garibaldi.html |date=27 août 2018 |site=france3-regions.blog.francetvinfo.fr |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>. Seules les écuries et la demeure patronale ont été conservées<ref name="g"/>.
 
L'usine de Charles Haviland, au Mas-Loubier, accueille des logements, des locaux artisanaux et les services de la Poste<ref name="e"/>.
 
{{article détaillé|Four industriel à porcelaine Haviland}}
L'usine de Théodore Haviland, avenue Émile-Labussière, est détruite en plusieurs temps, jusqu'en 1991, pour accueillir des logements et le commissariat de police de Limoges. Seul subsiste un four à porcelaine, préservé et faisant l'objet d'un chantier de sécurisation avant ouverture au public<ref>{{Lien web |auteur=Stéphanie Barrat |titre=Le dernier four ayant appartenu à la manufacture Haviland va être restauré à Limoges |url=https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/actualites/le-dernier-four-ayant-appartenu-a-la-manufacture-haviland-va-etre-restaure-a-limoges_14369642/ |date=15 septembre 2023 |périodique=Le Populaire du Centre |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur1=Noëlle Vaille |auteur2=Philippe Mallet |titre=Cent mètres cubes, dix mètres de diamètre, "le plus grand et le plus gros vestige de four céramique" est en restauration |url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/cent-metres-cubes-dix-metres-de-diametre-le-plus-grand-et-le-plus-gros-vestige-de-four-ceramique-est-en-restauration-2929356.html |date=23 février 2024 |site=france3-regions.francetvinfo.fr |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>.
 
D'autres demeures patronales sont encore visibles : rue de Solignac à Limoges, et les [[Château de Montméry|châteaux de Montméry]] à [[Ambazac]], construit par l'architecte américain [[Richard Morris Hunt]]<ref>{{Base Mérimée|PA00100235|Domaine de Montméry}}</ref>, et [[Parc du Reynou|du Reynou]] au [[Le Vigen|Vigen]]. Les parcs de ces deux derniers sont l'œuvre du paysagiste André Laurent<ref>{{Article |auteur1=Colette Chabrely |titre=Les parcs des porcelainiers Haviland |périodique=In Situ |volume=6 |date=2005 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/insitu/8376 |consulté le=18 avril 2024}}.</ref>.
 
<gallery mode="packed">
Ancienne maison Haviland, Limoges.jpg|Maison patronale de l'avenue Garibaldi.
Four Haviland en chantier, Limoges.jpg|Ancien four n°16 de l'usine Théodore Haviland, en restauration (2024).
Ancienne usine Haviland, Mas-Loubier, Limoges (2).jpg|L'ancienne usine Charles et Georges Haviland (le Mas-Loubier).
04m10-28 474.JPG|Le château de Montméry.
</gallery>
 
== Produits ==
=== Fabrication ===
[[Fichier:Vase with swan MET SF2013 472 marks.jpg|vignette|200px|Marque de fabrique Haviland au dos d'une pièce de porcelaine.]]
Les produits Haviland sont manufacturés<ref name="bdFQc81pjZA" /> dans l'usine de Limoges située au {{n°|25}} de la rue Philippe-Lebon.
 
Plus de {{unité|5000|décors}} ont été réalisés par la Manufacture depuis sa création<ref name="bdFQc81pjZA">{{YouTube|bdFQc81pjZA|HAVILAND Manufacture de porcelaine de Limoges depuis 1842}}.</ref>.
En 1876, Théodore Haviland nomme [[Félix Bracquemond]] à la tête de la création et fonde avec lui les Ateliers d'Auteuil<ref>[http://ceramistes-contemporains.over-blog.com/pages/HAVILAND_LIMOGES_LATELIER_DAUTEUIL-6604696.html].</ref>{{,}}<ref>[https://issuu.com/latelier/docs/mbaceramdp/9].</ref>.
 
Les collections Art de la Table restent au cœur de la gamme de produits<ref>{{Lien web|langue=en-gb|titre=Haviland {{!}} French Porcelain - Amara|url=https://www.amara.com/shop/brand/haviland|site=www.amara.com|consulté le=2017-07-25}}.</ref>, mais depuis 2016 de nouveaux univers sont proposés tels que les luminaires<ref>[http://www.journal-du-design.fr/design/helene-lustre-dexception-signe-haviland-blackbody-pour-la-design-parade-de-toulon-93550/].</ref>, du mobilier en porcelaine avec l'intervention de designers, tel Emilio Robba dont les œuvres communes ont été exposées au salon du meuble de Milan en 2017<ref>{{lien web |titre=Haviland - Catalogo articolo - Salone del Mobile Milano|périodique=salonemilano |url=https://www.salonemilano.it/en/espositori/catalogo-espositori/catalogo-dettaglio/catalogo-article.html?id=0000327397&expo=CDA&articleId=bd0356a3-4d8d-4158-ab4c-b842073f153f |consulté le=2017-07-25}}.</ref>.
[[Fichier:Hayes tasse Haviland.png|vignette|104x104px|Tasse Haviland du président Hayes.]]
 
Haviland fabrique encore aujourd'hui sur son site de Limoges l'ensemble des articles<ref>[http://www.maison.com/decoration/marques/porcelaine-haviland-histoire-savoir-faire-6478/galerie/25739/].</ref>. L'usine comprend trois parties :
C'est à partir de 1880 que la Manufacture va produire des commandes originales, comme celles pour les présidents américains, le premier étant [[Rutherford B. Hayes]], pour lequel il est créé un ensemble de porcelaine spécial<ref>[http://www.presspublications.com/newspaper/general-news/entertainment/9263-hayes-museum-exhibit-explores-history-of-haviland-china].</ref>.
* Le ''Blanc'', partie qui crée l'article selon plusieurs processus ([[Céramique_technique#Le_pressage_isostatique|pressage isostatique]]…) qui se chargent de la cuisson et des finitions de l'article (émaillage, sablage…).
* Le ''Décor'', qui reprend les articles blancs pour y apposer un décor. Plusieurs processus existent : les chromos (sorte de décalque), l'incrustation (creusement de la porcelaine pour y mettre de l'or ou du platine) ou le relief.
* La création de chromo dans un atelier intégré.
 
Le bureau de création est réparti entre Limoges et Paris et produit chaque année de nouvelles collections. Après une dernière grande série, « Clair de lune arcade », les collections sont désormais produites sur des quantités bien moins importantes. Haviland permet surtout à des clients importants de créer des articles sur mesure (forme et décoration) pour des décorateurs, des monarchies…
Les collections Art de la Table restent au cœur de la gamme de produits<ref>{{Lien web|langue=en-gb|titre=Haviland {{!}} French Porcelain - Amara|url=https://www.amara.com/shop/brand/haviland|site=www.amara.com|consulté le=2017-07-25}}.</ref>, mais depuis 2016 de nouveaux univers sont proposés tels que les luminaires<ref>[http://www.journal-du-design.fr/design/helene-lustre-dexception-signe-haviland-blackbody-pour-la-design-parade-de-toulon-93550/].</ref>, du mobilier en porcelaine avec l'intervention de designers, tel Emilio Robba dont les œuvres communes ont été exposées au salon du meuble de Milan en 2017<ref>{{lien web |titre=Haviland - Catalogo articolo - Salone del Mobile Milano|périodique=salonemilano |url=https://www.salonemilano.it/en/espositori/catalogo-espositori/catalogo-dettaglio/catalogo-article.html?id=0000327397&expo=CDA&articleId=bd0356a3-4d8d-4158-ab4c-b842073f153f |consulté le=2017-07-25}}.</ref>.
 
=== Productions spécifiques ===
Haviland a aussi marié sa porcelaine avec le cuir dans des collections de plateaux<ref>[https://www.galerieslafayette.com/p/set+3+plateaux+noces+de+cuir-haviland/300403804305/278].</ref> ou de cadeaux, comme les fameux chevaux de porcelaine et cuir, créés en hommage à [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]]<ref> [http://www.haviland.fr/en/shop/swing-objet-ludique-1/#&gid=1&pid=1].</ref>.
 
=== GalerieClients célèbres ===
C'est à partir de 1880 que la Manufacture va produire des commandes originales, comme celles pour les présidents américains, le premier étant [[Rutherford B. Hayes]], pour lequel il est créé un ensemble de porcelaine spécial<ref>[http://www.presspublications.com/newspaper/general-news/entertainment/9263-hayes-museum-exhibit-explores-history-of-haviland-china].</ref>. La [[Maison-Blanche]] est un client régulier de la société Haviland.
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Fichier:EChaplet pour Haviland.jpg|Vase par [[Ernest Chaplet]] ({{s-|XIX|e}}), manufacture Haviland, Paris (France).
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Fichier:Haviland4.JPG|Vase par Théodore Haviland, Limoges (France), vers 1890.
Lincoln White House pitcher 1861 - Smithsonian Museum of Natural History - 2012-05-15 (7237647974).jpg|Cruche pour les [[Abraham Lincoln|Lincoln]] (années 1860).
Fichier:Limoges chocolate set.jpg|Service à chocolat, vers 1900.
Hayes tasse Haviland.png|Tasse Haviland du président Hayes (années 1870)
Fichier:Lincoln White House service set 1861 - Smithsonian Museum of Natural History - 2012-05-15.jpg|Service créé pour la [[Maison-Blanche]], en 1861.
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[[Fichier:Vase infini Haviland.jpg|vignette|145x145px|Vases Infini création (Limoges, 2016).]]
== Haviland dans la littérature et les arts ==
En [[1934]], l'écrivain [[Jacques Chardonne]], petit-fils de David Haviland, s'inspire de sa famille pour écrire sa fresque ''[[Les Destinées sentimentales (roman)|Les Destinées sentimentales]]'' (adaptée en [[Les Destinées sentimentales (film)|film]] par [[Olivier Assayas]] en 2000), qui dépeint la bourgeoisie industrielle du [[cognac (eau-de-vie)|cognac]] et de la porcelaine<ref>{{Lien web |auteur=[[Yves de Kerdrel]] |titre=Quand Chardonne peignait Haviland |url=https://www.lesechos.fr/2004/05/quand-chardonne-peignait-haviland-639551
|date=27 mai 2004 |périodique=Les Échos |consulté le=18 mars 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=François-Jean Authier |titre=Espaces destinés. La topographie sentimentale de Jacques Chardonne |périodique=Roman 20-50 |volume=1 |numéro=45 |date=2008 |pages=73-84 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-roman2050-2008-1-page-73.htm |consulté le=18 mars 2024 }}.</ref>.
 
Le romancier natif de Limoges [[Georges-Emmanuel Clancier]] évoque longuement son souvenir des Haviland, de leurs usines, de leurs maisons et de leur empreinte sur la ville dans ses mémoires (''L'Écolier des Rêves'' puis ''Le Temps d'apprendre à vivre''<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Georges-Emmanuel Clancier]] |titre=Le Temps d'apprendre à vivre |sous-titre=Mémoires 1935-1947 |éditeur=Albin Michel |lieu=Paris |année=2016|pages totales=560 |isbn=9782226388735}}.</ref>).
 
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
 
=== Bibliographie ===
==== Sur l'entreprise Haviland ====
* {{Ouvrage |auteur1=Jean D'Albis |titre=Haviland |éditeur=Dessain et Tolra |lieu=Paris |année=1988 |pages totales=128 |isbn=9782249277894 }}.
* Nathalie Valière, ''Charles Edward Haviland : 1839-1921, porcelainier'', Tulle, Éd. Lemouzi, 1992.
* Jean d'Albis (dir.), ''Céramique impressionniste : l’atelier Haviland de Paris-Auteuil, 1873-1882'', catalogue d'exposition. Paris, Ancien hôtel des archevêques de Sens, 1974, Paris, Bibliothèque Forney, 1974.
* {{Ouvrage |auteur1=Michel Toulet |titre=Le Mas-Loubier, la campagne, le quartier, l’usine de porcelaine, le centre postal |éditeur=Renaissance du Vieux Limoges |lieu=Limoges |année=2020}}.
 
==== Autres sources ====
* {{Ouvrage |auteur1=[[Alain Corbin]] |titre=Archaïsme et modernité en Limousin au {{s-|XIX}} |sous-titre=Volume I, 1845-1880 |éditeur=Presses universitaires de Limoges |lieu=Limoges |année=1999 |pages totales=1174|isbn=9782842871017}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Jean-Pierre Larivière |titre=L'industrie à Limoges et dans la vallée limousine de la Vienne |éditeur=Institut d'Études du Massif Central, Faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Clermont-Ferrand |lieu=Clermont-Ferrand |année=1967 |pages totales=180}}.
* [[Marie-Victoire Louis]], ''[[Le droit de cuissage : France, 1860-1930]]'', préface de [[Michelle Perrot]], [[Éditions de l'Atelier]], 1994, {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books/about/Le_droit_de_cuissage.html?id=IoTOehp2VwYC&pg=PA0}}.
**''Chapitre X. La grève de Limoges contre le [[droit de cuissage]], {{date-|Avrilavril 1905}}'', {{lire en ligne|lien=http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=588&themeid=573}}.
 
=== Articles connexes ===
* [[Porcelaine de Limoges]]
* [[Charles Edward Haviland]]
* [[Four industriel à porcelaine Haviland]]
 
=== Liens externes ===
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