« David Ier de Trébizonde » : différence entre les versions
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'''David Comnène''' (en grec : Δαβίδ Κομνηνός), né vers 1184 et mort le {{date-|13 décembre 1212}}, et son frère aîné, [[Alexis Ier de Trébizonde|Alexis]], furent les cofondateurs de l'[[Empire de Trébizonde]] qu'ils dirigèrent conjointement, Alexis à partir de [[Trébizonde]], David à partir d'[[Héraclée du Pont]] et de Sinope.
Second fils du [[Sébastokrator|sébastocrate]] Manuel Comnène, David naquit à Constantinople vers 1184. Suite à la révolution qui renversa [[Andronic Ier Comnène|Andronic I<sup>er</sup> Comnène]] en 1185, les deux frères allèrent se réfugier à la cour de la reine [[Tamar de Géorgie]], leur parente du côté maternel <ref>Finay (2009) {{pp.|365 et 367}}</ref>. On ignore à peu près tout de leur enfance et de leur adolescence <ref name=finay>Finay (2009) {{p.|368}}</ref>.
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== Toile de fond ==
[[Fichier : Byzantium1204b-es.svg|
À la mort de [[Manuel Ier Comnène|Manuel {{Ier}} Comnène]] (r. 1143 – 1180), son fils [[Alexis II Comnène|Alexis II]] (r. 1180 - 1183) alors âgé de douze ans, monta sur le trône, la régence étant exercée par sa mère, Marie d’Antioche, dont la sympathie à l’endroit des Latins et de l’aristocratie du palais créa un fort mécontentement dans la population. Suite au massacre des Latins de Constantinople (avril-{{date-|mai 1182}}) un autre membre de la famille, Andronic Comnène, petit-fils d’Alexis {{Ier}}, alors gouverneur de la région du [[Pont]], prit la tête d’une révolution
La politique anti latine d’Andronic fera monter les tensions entre l’Empire byzantin et l’Occident, alors que sa politique anti aristocratie lui aliénera les grands propriétaires fonciers, principale source de sa puissance militaire.
Cette révolution porta sur le trône [[Isaac II Ange|Isaac II l’Ange]] (r. 1185 – 1195). Craignant que le fils du défunt empereur ne constitue une menace pour sa légitimité, celui-ci fit aveugler le sébastocrate Manuel, père de David, qui mourut peu après. Né en 1182, Alexis, le fils ainé de Manuel, avait trois ans à l’époque. Quant à David, on sait qu’il était un peu plus jeune; chose certaine, il était déjà né en 1185. Sa mère était la princesse Rusudan, fille du roi [[Georges III de Géorgie|Georges III]] de Géorgie. Cette dernière était la sœur cadette de la princesse Tamar qui devait succéder à son père et régner sur la Géorgie de 1184 à 1213<ref>Eastmond 1998, {{p.|109}}</ref>.
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== Jeunesse d’Alexis et de David ==
[[Fichier : Georgian empire with tributaries.png|
La région du Pont, correspondant au [[thème de Chaldée]], avait vu ses liens avec l’empire byzantin se relâcher suite aux avancées des [[Turcs seldjoukides]] et aux guerres civiles se déroulant à Constantinople. Sous le règne d'[[Alexis Ier Comnène|Alexis {{Ier}} Comnène]], elle s’était constituée en principauté quasi indépendante sous la direction de [[Théodore Gabras]] <ref>Bryer (1970) {{p.|175}}</ref>. Dans le sillage de la [[Première Croisade]], la reconquête du littoral de l'[[Asie Mineure]] par les Byzantins avait permis de rétablir une continuité territoriale avec la région de la Chaldée. Mais vers la fin du règne d’Alexis, le fils de Théodore, Constantin Gabras, devenu à son tour ''doux'' (gouverneur) de Chaldée, dirigea la province de façon plus ou moins autonome<ref group=N>Nicétas Choniatès se réfère à lui comme au « tyran de Trébizonde » (Choniatès, 1984, {{p.|69}})</ref> jusqu’à ce que Jean II vienne en 1140 combattre les [[Danichmendides]]<ref>Angold (1984), {{p.|157}}</ref>.
Lorsqu’Isaac II Ange fut mis à mort par la plèbe de Constantinople et que leur père eut les yeux crevés, les deux jeunes enfants, probablement aidés par leur mère, s’échappèrent de Constantinople, on ne sait par quel moyen, et parvinrent à rejoindre cette région d’où était originaire la famille Comnène et où elle avait encore des partisans fidèles<ref>Miller (1926), {{p.|15}}</ref>{{,}}<ref>Janssens (1969), {{p.|67}}</ref>. De là ils devaient rejoindre [[Tbilissi]] où, sous la protection leur tante, la reine Tamar, ils
L’occasion de reprendre le territoire qui avait servi de berceau à leur famille devait se présenter en 1203 lorsque l’empereur [[Alexis III Ange|Alexis III l’Ange]] (r. 1195-1203) fit saisir une somme d’argent considérable que Tamar destinait à divers monastères géorgiens d’Antioche et du mont Athos. Furieuse, Tamar se servit de ce prétexte pour agrandir son royaume le long de la côte sud-ouest de la [[mer Noire]] dont la population était en large partie de langue géorgienne<ref>Mikaberidze (2015) {{p.|634}}</ref>{{,}}<ref>Stathi, article cité, section 2</ref>.
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Alexis et David, alors respectivement âgés de 22 et de 21 ou 20 ans, saisirent l’occasion pour demander à leur tante de prendre le commandement de l’armée pour reprendre aux Turcs ces territoires <ref name=siliev/>.
Leur expédition de Tblisi à Trébizonde dura huit jours, traversant probablement la [[Lazique]] par Theodosiopolis ([[Erzurum]]). Début avril, les forces géorgiennes arrivaient devant Trébizonde où le gouverneur Nicéphore Paléologue n’eut d’autre choix que de capituler devant des forces supérieures en nombre<ref>Stathi, article cité, section 3</ref>. Peu après, Constantinople tombait aux mains des croisés et l’Empire byzantin était remplacé par l’Empire latin. Ainsi, quoiqu’il existe une similitude dans le temps entre la [[chute de Constantinople]] et la création de l’Empire de Trébizonde, il n’existe pas de lien de cause à effet entre les deux, sinon que la création de l’Empire de Trébizonde n’aurait pas été possible sans l’affaiblissement progressif de l’Empire byzantin qui conduisit à sa chute<ref>Stathi, article cité, section 5</ref>.
Les deux frères créèrent dans les territoires conquis un nouvel État connu sous le nom d’Empire de Trébizonde, Alexis devenant le nouvel empereur et David le chef des armées avec le titre de ''strategos''. Selon certains historiens, le nouvel empire aurait, du moins dans ses premières années été un vassal du royaume de Géorgie<ref>Vasiliev, "Foundation", {{p.|18}}</ref>.
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== Expansion de l’empire ==
[[Fichier : Komnenos-Trebizond-Arms.svg|
L’année suivante, David toujours à la tête des troupes géorgiennes continua la campagne de conquête jusqu’à Héraclée du Pont, prenant successivement les villes d’Oïnon (aujourd’hui [[Ünye]]), Limnia, [[Samsun (ville)|Samsun]], [[Sinop (ville)|Sinop]], Kireson (aujour’hui [[Giresun]]), Ordu (aujourd’hui [[Altinordu]]) et Amastra (aujourd’hui [[Amasra]]), ainsi que l’ensemble des territoires de [[Paphlagonie]] et du Pont. Les deux frères décidèrent alors de se partager le territoire : Alexis gouvernerait l’est de l’empire, avec comme capitale Trébizonde, alors que David s’établissait à Héraclée du Pont. Devenus à toute fin pratique coempereurs, et se considérant comme les héritiers légitimes d’Andronic {{Ier}}, les deux frères devinrent ainsi les souverains d’un État qui, comme le [[Despotat d’Épire]] et l’Empire de Nicée pouvait prétendre à la succession de l’Empire byzantin<ref name=lay>Finlay (2009) {{p.|373}}.</ref>.
Si David Comnène, plus belliqueux que son frère avait peut-être songé à reconquérir Constantinople <ref>Stathi, article cité, section 6</ref>,
Les armées de l’un et de l’autre se rencontrèrent en [[Bithynie]] en 1205 mais celle de David, retenu à Héraclée du Pont, eut le dessous. Les Turcs seldjoukides, alors alliés de Théodore Laskaris, venaient de s’attaquer aux frontières du nouvel État et, sous le commandement du sultan
La capitale du nouvel empire ainsi délivrée, les deux frères purent réorganiser leurs forces pour continuer la lutte contre Théodore Laskaris<ref>Finlay (2009) {{pp.|372-373}}</ref>. Avançant en Bithynie, David envoya le jeune général Synadenos s’emparer de la ville nicéenne de Nicomédie (aujourd’hui [[Izmit]] en Turquie). Toutefois, celui-ci tomba dans une embuscade tendue par les forces de Théodore et fut fait prisonnier. David dut alors reconnaitre Héraclée du Pont (que les Nicéens continuaient à réclamer comme leur) comme frontière entre les deux empires<ref>Finlay (2009) {{p.|373}}</ref>. Pendant que David était ainsi en lutte avec les Nicéens, Alexis de son côté
Théodore menaçant de faire reculer David encore plus loin, ce dernier fit appel aux Latins. Et lorsqu’en 1206 l’empereur de Nicée voulut occuper le district frontalier de Plousias il fut empêché de prendre Héraclée par Thierry de Loos que les Latins avait nommé ''doux'' de Nicomédie<ref>Savvides (1981) {{p.|69}}</ref>{{,}}<ref>Miller, Trebizond, {{pp.|16 et sq}}</ref>.
Réalisant alors que les forces de Trébizonde seraient incapables de résister à la fois
== Les dernières années ==
[[Fichier : Heraclea-Pontica.png|
En 1208, Théodore Laskaris reprit l’offensive contre David Comnène sur le fleuve Sangarios mettant le siège devant Héraclée du Pont. David fit appel à Henri de Hainaut lequel traversa la [[mer de Marmara]] et vint occuper Nicomédie, menaçant ainsi les arrières de Théodore qui dut lever le siège et retourner sur son propre territoire, perdant environ 1000 soldats en retraversant le fleuve Sangarios en crue<ref>Bryer (1988-1989) {{p.|183}}</ref>. L’armée de l’empereur latin aurait pu s’emparer d’un plus grand territoire en Bithynie, mais un hiver particulièrement froid empêcha ses troupes d’avancer plus loin.
En dépit de cet échec, Théodore ne renonça pas à s’emparer de la [[Paphlagonie]]. Après la défaite des Seldkjouks à Antioche sur le Méandre, il conclut un traité avec le nouveau sultan Kay Khusraw pour attaquer en même temps le territoire de Trébizonde<ref>Kursankis (1988) {{p.|112}}.</ref>
De son côté, Kay Khusraw, qui ambitionnait de joindre les rives de la Méditerranée à celles de la mer Noire, mit le siège devant Sinope en 1212 <ref name=ostro>Ostrogorsky (1968) {{p.|395}}</ref>{{,}}<ref>Miller (1926) {{p.|18}}</ref>. C’est à ce moment que l’on perd trace de David Comnène : la ville fut défendue non par ce dernier mais par Alexis. En {{date-|novembre 1214}}, la ville tombait aux mains des Seldjoukides après qu’Alexis eut été fait prisonnier<ref>Kazdhan (1991) « Alexis Komnenos », vol. 1, {{p.|64}}</ref>{{,}}<ref>Kursanskis (1988) {{p.|113}}</ref>.
On ignore ce qu’il advint précisément de David ni pourquoi aucune mention n’est faite de lui pendant le siège de Sinope. Certains auteurs plus anciens comme Jakob Philipp Fallmerayer ont cru que David avait été tué au cours du siège<ref>Savvides (2009) {{p.|38, n. 39}}</ref>. Toutefois, les textes de l’époque sont muets sur le sort de David ce qui laisse croire qu’il était déjà disparu au moment de la capitulation. Selon une note retrouvée dans les annales du Mont Athos, David y serait mort le 12 ou {{date-|13 décembre 1212}} au monastère de Vatopedi avec lequel les Grands Comnène entretenaient des liens étroits<ref>Shukurov (2001) {{p.|130}}</ref>. Ici encore, nul ne sait comment il se serait échappé de la ville en état de siège, y laissant son frère Alexis, ni comment il serait parvenu au Mont Athos<ref>Bryer, « David Komnenos
Il serait aussi possible que David se soit enfui pour trouver refuge auprès de l’empereur latin; toutefois, le [[Traité de Nymphaeon (1214)|Traité de Nymphaeon]], signé la même année entre l’Empire de Nicée et l’Empire latin ne fait aucune mention de l’Empire de Trébizonde ce qui donne à penser que, réduit à une mince bande de terre le long de la mer, celui-ci n’entrait plus dans les préoccupations de Théodore Laskaris ou de Henri de Hainaut et que le sort de David était déjà réglé.
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* {{en}} Angold, Michael. ''A Byzantine Government in Exile. Government and Society under the Laskarids of Nicaea, 1204-1261''. Oxford University Press, 1975. {{ISBN| 978-0-198-21854-8}}.
* {{en}} Angold, Michael. «Byzantine politics vis-à-vis the Fourth Crusade».
* {{en}} Angold,Michael.
* {{en}} Booth, Ian. "Theodore Laskaris and Paphlagonia, 1204-1214; towards a chronological description". (dans) ''Archeion Pontou'', 2003/4, {{pp.|151–224}}.
* {{en}} Bryer, Anthony. "David Komnenos and Saint Eleutherios",
* {{en}} Bryer, Anthony. « A Byzantine Family: The Gabrades, c. 979 – c. 1653 », ''University of Birmingham Historical Journal'', vol. XII, 1970.
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* {{it}} Cesaretti, Paolo. ''L'impero perduto. Vita di Anna di Bisanzio, una sovrana tra Oriente e Occidente''. Milano, Mondadori, 2006. {{ISBN| 88-04-52672-6}}.
* {{fr}} Cheynet, Jean-Claude.
* {{en}}
* {{en}} Finlay, George. ''The history of Greece from its conquest by the Crusaders to its conquest by the Turks, and of the empire of Trebizond, 1204-1461''. University of Michigan Press, 2009 [1851]. {{ISBN|1150606843}}.
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* {{en}} Mikaberidze, A. ''Historical dictionary of Georgia.'' 2nd ed. Lanham, MD, United States: ROWMAN & LITTLEFIELD, {{ISBN| 978-1-442-24145-9}}.
* {{en}} Miller, William. ''Trebizond: The last Greek Empire of the Byzantine Era (1204-1461)'', 1926 Chicago, Agronaut, 1969.
* {{fr}} Nicol, Donald MacGillivray.
*
* {{it}} Norwich, John Julius. ''Bisanzio''. Milano, Mondadori, 2000. {{ISBN| 88-04-48185-4}}.
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{{Traduction/Référence|en|David Komnenos|121763574}}
{{Traduction/Référence|es|David Comneno
=== Notes ===
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