« Lyon pendant l'Antiquité » : différence entre les versions

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Il n'existe aucun indice direct permettant de connaître un tant soit peu la nature et l'origine des colons. Dion Cassius ne dit pas grand chose sur eux et aucun autre auteur antique ne donne d'informations sur l'évènement.
 
Selon une première hypothèse exposée par [[Camille Jullian]]<ref>Camille Jullian, ''Histoire de la Gaule'', Paris, 1908-1926, tome IV, p. 47 ; tome III p. 122 et 142.</ref>, longtemps admise mais abandonnée aujourd'hui, les Romains chassés de [[Vienne (Isère)|Vienne]] l'auraient été lors de la révolte de [[Catugnatos]] en [[62 av. J.-C.]] Il s'agirait de ''negotiatores'' qui se seraient alors implantés sur le site de Lyon, fournissant un noyau romain disponible pour la fondation d'une colonie romaine. Cette hypothèse souffre cependant de deux importantes invraisemblances ; le [[Sénat de la République romaine|Sénat]] n'aurait jamais attendu 18 ans, qui plus est en pleine guerre civile, pour se soucier du sort de citoyens romains, marchands ou non, réfugiés en Gaule alors indépendante. De plus, il n'aurait jamais accordé le privilège du droit romain (statut le plus élevé pour une fondation, rarement attribué, surtout pour la [[Gaule chevelue]]) qui sera accordé à la colonie de ''Lugdunum'', pour de simples marchands de [[Vienne (Isère)|Vienne]]. Cette hypothèse n'est plus acceptée à présent{{sfn|Faure|2019|p=65|gr=c}}{{,}}{{sfn|id=GaF2012|texte=GaF 2012|gr=i|p=33}}.
 
En interprétant la correspondance de Plancus et de [[Cicéron]]<ref group="Cicéron">[https://www.persee.fr/doc/mom_0766-0510_1993_mon_23_1#mom_0766-0510_1993_mon_23_1_T1_0031_0000 X, 22 et X, 24.]</ref>, [[Christian Goudineau]] reprend et améliore le scénario de l'origine militaire<ref>[[Christian Goudineau]], ''Note sur la fondation de Lyon'', Gallia, 1986, 44-1, pages 171-173. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1986_num_44_1_2859 Lire en ligne sur Persée]; consulté le 27 juin 2015. {{Libre accès}}</ref>{{,}}<ref>[[Christian Goudineau]], ''Les textes antiques sur la fondation et la signification de Lugdunum'' in ''Regard sur la Gaule'', éditions Babel, 2007, {{p.|440-471}}, {{ISBN|978-2742769247}}.</ref> de la colonie de ''Lugdunum''<ref>Michel Rambaud, ''L'origine militaire de la colonie de Lugdunum'', Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1964, 108-2, pages 252-277. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11743 Lire en ligne sur Persée]; consulté le 27 juin 2015. {{Libre accès}}</ref> : profitant des troubles consécutifs à l'assassinat de [[Jules César]] en [[44 av. J.-C.]], les [[Allobroges]] expulsent les Romains de leur capitale ''[[Vienne (Isère)|Vienna]]'' <ref group=N>[[Vienne (Isère)|Vienne]]) des colons qui auraient été installés sur ordre de celui-ci par [[Tiberius Néron]] et sous le statut de droit latin (statut moindre obligeant ses habitants à un passage par la magistrature pour obtenir la citoyenneté romaine et se voir conférer le droit romain</ref>{{,}}<ref>Pour une opinion cependant opposée à cette thèse, voir : Gascou Jacques. César a-t-il fondé une colonie à Vienne ?. In: Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité T. 111, {{n°|1}}.
1999. {{p.|157-165}}. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1999_num_111_1_2074 Lire en ligne sur Persée]; consulté le 20 juin 2015.</ref>. Ceux-ci fuient sur le site de la future ''Lugdunum'' où se trouve déjà un ''emporium'' dirigé par des compatriotes. Les réfugiés protestent auprès du [[Sénat de la République romaine|Sénat]] probablement au travers du gouverneur local, Plancus. Le Sénat, dans cette période de troubles, tarde à réagir. En effet, réinstaller les colons à [[Vienne (Isère)|Vienne]] peut relancer un processus de révolte malvenu. Plancus envoie plusieurs lettres<ref name="X,24" group="Cicéron">[https://www.persee.fr/doc/mom_0766-0510_1993_mon_23_1#mom_0766-0510_1993_mon_23_1_T1_0031_0000 X, 24.]</ref> pour obtenir du sénat non seulement une fondation sur le site de Lugdunum même, mais également le privilège d'une fondation de droit romain. Il obtient finalement satisfaction{{sfn|Decourt|Lucas|1993|p=29|gr=g}}.
 
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En [[19]] est inauguré l'[[amphithéâtre des Trois Gaules]], grâce notamment aux dons du [[Saintes|Santais]] Caius Julius Rufus<ref>''Inscription latine des Trois Gaules'', {{n°|217}} ([[L'Année épigraphique|''AE'']] 1959, {{n°|61}}).</ref> (agrandi vers [[130]] – [[136]]).
 
Selon [[Tacite]], en [[21]], les cités gauloises « essayèrent une rébellion dont les plus ardents promoteurs furent, parmi les [[Trévires]], [[Julius Florus]], chez les [[Éduens]], [[Julius Sacrovir|Sacrovir]] (…). Ils conviennent de soulever, Florus la Belgique, Sacrovir les cités gauloises les plus proches de la sienne<ref group="Tacite A">III, 40. Traduction Burnouf.</ref> ». « (…) Il n'y eut presque pas de cité où ne fussent semés les germes de cette révolte. Les [[Andécaves]] furent réduits par le légat Acilius Aviola, qui fit marcher une cohorte tenant garnison à Lyon<ref group="Tacite A">III, 41. Traduction Burnouf.</ref> ». Rappelons que moins deseuls trente kilomètres séparent ''Lugdunum'' de [[Vienneet (Isère)|Vienne]], capitale des [[Allobroges]].
 
==== Caligula (37 – 41) : un tyran fou ? ====
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==== Galba (68 – 69), Othon (69), Vitellius (69) : ''Lugdunum'' et Vienne, cités rivales ====
 
Les événements antérieurs à la colonisation révèlent un antagonisme entre les deux cités. En [[50 av. J.-C.]], [[Vienne (Isère)|Vienne]] (''Colonia Julia Vienna'') obtient le statut de [[colonie romaine|colonie latine]]. On rappelle que les premiers habitants de ''Lugdunum'' sont des vétérans chassés de[[Vienne (Isère)|Vienne]] par les [[Allobroges]] vers [[44 av. J.-C.]] Bien que les motifs ne soient pas connus, on sait que les [[Allobroges]] font partie des dernières tribus [[Guerre des Gaules|gauloises]] à se soumettre à Rome. [[Tiberius Néron]] aurait permis à ces vétérans (dont la légion reste inconnue) de s'installer sur le territoire des [[Allobroges]], et dans leur capitale [[Vienne (Isère)|Vienne]]. Auraient-ils vécu cette colonisation comme une provocation, et en conséquence auraient chassé les intrus ? Auraient-ils été jaloux du statut supérieur de colonie de droit romain obtenu par ''Lugdunum'', alors qu'elle serait restée colonie de droit latin ?
 
Leurs descendants respectifs ont manifestement développé une certaine rancune, ce que révèle la crise de [[69]]. Les habitants de ''Lugdunum'' se sentent déshonorés, ce que rappelle la correspondance entre [[Cicéron]] et [[Lucius Munatius Plancus|Munatius Plancus]]<ref group="Cicéron" name="X,24"/> après leur expulsion.
 
Lors des événements de [[68]], Julius [[Vindex]], légat de la [[Gaule lyonnaise]], se révolte contre Néron et soutient son rival [[Galba]]. Les Lyonnais restent fidèles à Néron, tandis que leurs voisins [[Vienne (Isère)|viennois]] prennent le parti de Galba. Selon Tacite, « la colonie de Lyon, par haine pour Galba et dans sa fidélité à Néron était particulièrement fertile en rumeurs<ref group="Tacite H">I, 51.</ref> ». Tandis que Vindex est vaincu à [[Besançon]] par l’armée du Rhin, les [[Vienne (Isère)|Viennois]] montent une expédition armée contre ''Lugdunum'', qui parvient à résister. La fin de Néron et l’arrivée au pouvoir de Galba marquent une pause dans ce conflit. En guise de représailles, Galba confisque la rente que les [[Vienne (Isère)|Viennois]] versaient aux habitants de ''Lugdunum'' depuis [[43 av. J.-C.]] au profit du fisc impérial<ref group="Tacite H">I, 65.</ref>. Mais l’année suivante, en [[69]], la situation politique est toujours confuse : l’armée du Rhin de [[Vitellius]], marche contre l'Italie et contre [[Othon (empereur romain)|Othon]]. Il passe à [[Divodorum]] ([[Metz]]) où il répand la terreur en faisant exterminer {{nombre|4000|hommes}} « par rage et sans savoir pourquoi<ref group="Tacite H">I, 63.</ref> ». De telle sorte qu'« ensuite, à l'approche de leurs colonnes, les cités tout entières accouraient avec leur magistrats et des prières ». Les armées de Vitellius, dont une partie est commandée par [[Fabius Valens]], cherchent « un prétexte de guerre contre les [[Éduens]] : sommés de remettre de l'argent et leur armes (…) Ce que les Éduens avaient fait par peur, les Lyonnais le firent avec joie. Mais on leur retira les légions ''Italica'' et ''Tauriana''<ref group="Tacite H">I, 64.</ref>. » Vitellius descend la Saône en barque à la tête de {{nombre|40000|hommes}} durant l'hiver [[68]] – [[69]]<ref group="Tacite H">II, 59.</ref> et arrive à ''Lugdunum'' fort de sa réputation de sanguinaire et où « Julius Blæsus, chef de la Gaule lyonnaise prend son parti<ref group="Tacite H">I, 59.</ref> ». Le gouverneur lui donne une maison où il trouve ses deux généraux [[Fabius Valens]] et [[Alienus Caecina|Alienus Cæcina]]. Vitellius désire que l'armée admire son fils au berceau. Cette armée est probablement une milice provinciale levée et commandée par les autorités locales<ref group="Tacite H">II, 59. Traduction Henri Goelzer.</ref>. Seule la {{XVIIIe}} cohorte demeure à ''Lugdunum'' où elle a généralement ses quartiers d'hiver. Vitellius apprend la victoire de ses partisans à [[Bataille de Bedriacum|Bedriac]] et quitte ''Lugdunum'' vers la fin avril [[69]] (Selon Tacite, il ne s'est pas passé quarante jours entre Bedriac et son arrivée pour contempler les restes hideux de la victoire<ref group="Tacite H">II, 70.</ref>).
 
Les habitants de ''Lugdunum'' vont profiter de la présence de ces troupes pour se venger des [[Vienne (Isère)|Viennois]]. Cependant, toujours selon Tacite, Fabius Valens dissuade ses troupes de ravager [[Vienne (Isère)|Vienne]], « toutefois, la cité dut livrer ses armes, et les habitants fournirent chacun aux soldats toute sorte de provisions (…) Valens lui-même s'était laissé acheter à bon prix<ref group="Tacite H">I, 66.</ref> ». L'historien romain [[Tacite]] témoigne encore de la richesse de Vienne en évoquant : « l'or des Viennois » lorsque[[Valens]] vint camper sous ses murailles avec ses bandes avides de pillage, mais Vienne se sauva en offrant aux envahisseurs une rançon<ref>{{Ouvrage|langue=FR|prénom1=Tacite (0055?-0120?) Auteur du|nom1=texte|titre=Tacite : oeuvres complètes avec la traduction en français / publiées sous la direction de M. Nisard, ...|date=1869|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2206997|consulté le=2020-09-25}}</ref>.
 
=== Apogée (69 – 192) ===
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* [[Histoire de Lyon]]
* [[Lugdunum (musée)]]
* [[Vienne]]
* [[Villa de Saint-Laurent-d'Agny]]