« Philosophie de l'espace et du temps » : différence entre les versions
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La '''philosophie de l'espace et du temps''' est une branche de la [[philosophie]] qui traite des problèmes liés aux caractères [[épistémologie|épistémologiques]] et [[Ontologie (philosophie)|ontologiques]] de l'[[Espace (notion)|espace]] et du [[temps]].
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== La pensée chrétienne ==
Mais c’est surtout un autre héritier de Platon, le philosophe chrétien [[saint Augustin]], qui va mener à terme une analyse et une définition psychologiques du temps. Avec l’avènement du christianisme s’est déjà produit un changement de paradigme radical : au temps circulaire, qui prenait ses références dans les cycles de la nature, s’est substitué un temps linéaire, adapté au récit historique et à l’attente messianique. Le temps des hommes a fait son entrée sur la scène du monde… entrée suffisamment fracassante pour scandaliser une tête grecque comme celle de Plotin, qui ne peut admettre que le temps ait un commencement et une fin et, entre les deux, une histoire rocambolesque faite de fautes, de châtiments, d’alliances, d’incarnation, de rédemption, de résurrection et autres événements de même acabit (''Contre les gnostiques''). Mais c’est d’une manière plus radicale encore que saint Augustin ramène le temps aux dimensions de l’homme. Partant de la division ordinaire du passé, du présent et du futur, il montre qu’en lui-même le temps n’a pas d’être : le passé parce qu’il n’est plus, le futur parce qu’il n’est pas encore et le présent parce que, comme un enfant mort-né, il ne vient à l’être qu’en cessant d’être ipso facto. Puis, analysant l’expérience banale de la mesure d’une durée, il fait ressortir que ce qui est ainsi mesuré, c’est la persistance d’un souvenir. Car le passé objectivement disparu existe toujours dans la mémoire, comme l’avenir existe déjà dans notre attente et comme le présent en lui-même si volatile acquiert quelque épaisseur dans notre effort d’attention. De sorte que ce que nous mesurons, ce n’est pas un mouvement, comme le croyait Aristote, mais une impression mentale. Si donc le temps est bien une sorte d’intervalle, ce n’est pas en un sens objectif et extérieur à nous, mais au sens d’un «
== La pensée moderne ==
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== Opposition entre Leibniz et Newton ==
Ce débat est particulièrement mis en évidence dans la polémique qui a opposé au début du {{s-|XVIII|e}} (de 1714 à 1716) [[Isaac Newton]] et [[Gottfried Wilhelm Leibniz]] dans un échange épistolaire fameux<ref>
Pour Newton l’espace et le temps font partie (comme l’indique le titre de son ouvrage fondamental : ''Les Principes mathématiques de la philosophie naturelle'', 1687) des bases indispensables à toute science de la nature. En tant que coordonnées permettant de représenter tout phénomène qui se produit dans la nature, ils fournissent en effet à la physique le cadre universel et objectif dont elle a besoin, la scène vide sur laquelle n’importe quelle histoire pourra être représentée. C’est pourquoi Newton les dit «
Leibniz quant à lui refuse de reconnaître à l’espace et au temps les caractères absolu et infini qui en feraient des attributs divins : ce sont des créatures, des propriétés du monde créé, et, à ce titre, ils ont partie liée à l’ensemble des choses créées et, bien sûr aussi, des limites. Dans un monde que le Créateur (pour refléter sa propre perfection) a voulu aussi diversifié, saturé d’être, riche et harmonieux que possible (« le [[meilleur des mondes possibles]] »), l’espace et le temps, loin d’exister par eux-mêmes, ne sont qu’un certain arrangement, ou un certain ordre général entre les choses. L’un et l’autre n’existent donc pas à la manière des choses matérielles, ils n’en sont pas non plus les conditions premières (comme le voulait Newton), mais ils existent tout au contraire dans les relations entre ces choses, bénéficiant d’une réalité qui en est tout entière dérivée. Par-là s’explique la réalité paradoxale qu’on a toujours reconnue au temps (mélange d’être et de non-être) : il existe en fait comme existent les nombres (qui viennent nombrer des choses préexistantes) ou toutes les idéalités mathématiques ; c’est (comme l’espace) une chose mentale, un pur être de pensée.
=== Kant ===
[[Emmanuel Kant]] conjugue à sa façon les deux tendances contraires : pour asseoir le réalisme de la science newtonienne, il va dématérialiser l’espace et le temps. S’interrogeant en effet sur les conditions de possibilité de notre connaissance objective de la nature, il cherche à rendre compte de l’adéquation entre les objets du monde extérieur et les idées qui s’en forment en nous. Ces idées sont construites par l’entendement sur la base des informations fournies par nos sens. Autrement dit, l’expérience que nous avons de la nature et du monde extérieur met en jeu deux opérations : primo, la réception dans la sensibilité des données brutes fournies par les sens ; secundo, l’élaboration de ces données par l’entendement qui en fait des objets de pensée. Or l’espace et le temps sont au cœur de la première de ces opérations… Tout ce que nous percevons est immédiatement situé par nous dans l’espace et dans le temps. La réception dans la forme spatiale imprime sur le donné sensible une marque d’extériorité : les phénomènes livrés à notre sensibilité sont d’emblée identifiés comme extérieurs à nous et extérieurs les uns aux autres, ce qui permet de leur donner ensuite une grandeur, une figure, et d'établir entre eux des relations… La réception dans la [[forme temporelle]], quant à elle, enregistre les phénomènes selon l’ordre dans lequel ils nous affectent. Elle marque ceux qui sont simultanés, ceux qui se succèdent, et par là elle sert de base à toute représentation de mouvement ou de changement… en nous et hors de nous. Le temps appartient donc à notre expérience la plus intime. Il modèle, ou plutôt il module, l’intuition que notre esprit a de lui-même et de tout ce qui lui arrive. Constitutif de la sensibilité humaine, il est, selon Kant, la «
=== Bergson ===
[[Henri Bergson]] a bâti toute son œuvre sur la distinction de la «
=== La phénoménologie ===
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==== Husserl ====
Appliquant sa méthode de «
==== Heidegger ====
[[Martin Heidegger]] développe cette problématique de façon originale dans ''Sein und Zeit'' (''Être et Temps'', 1927) en se centrant sur l’être de cet «
#Le Dasein existe d’abord tourné vers ce qu’il va devenir ; se manquant à lui-même, poussé du dedans à sortir de lui-même, il se projette dans les choses et les rêves, va de l’avant et court à l’aventure… et il ouvre ainsi la dimension
#Mais cet élan prospectif est à chaque pas marqué et conditionné par ce qu’est le Dasein, c’est-à-dire par ce que son passé a fait de lui. Au sens trivial où l’éventail des possibles est toujours limité par la situation acquise, mais aussi et surtout au sens «
#Enfin, pour se reprendre sans cesse et soutenir ses projets, le Dasein doit aussi s’investir dans la situation donnée, tirer parti de ce qui est là, sous la main (''main-tenant'')… et c’est ainsi qu’il s’adonne au
Préoccupation, accablement, affairement : voilà donc les trois modalités du Souci constitutives des trois dimensions du temps. Parce qu’il ''ek-siste'' et se tient hors de soi, le Dasein ne peut jamais coïncider avec soi et se procurer une quelconque identité ; il ne peut « être » purement et simplement ; car toujours il est ou en avant de soi, ou en arrière de soi, ou encore après tout ce qui est là… Heidegger, pour retenir ce qu’il y a en elles d’extériorité, nomme «
== Notes et références ==
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