« Biocarburant » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Annulation de la modification de Pano38 (d) WP:TYPO#ESPACES-NOMBRES +mef refs, typo Balise : Révoqué |
Annulation de la modification de Vega (d)Des nombres avec décimale ne sont pas formaté pareil dans toute les langue ... arriverez vous à le comprendre un jour? Balise : Annulation |
||
Ligne 8 :
La production mondiale d'agrocarburants s'élève à {{unité|4113 [[Pétajoule|PJ]]}} en 2019, en progression de 56 % par rapport à 2010. Les principaux pays producteurs sont les [[États-Unis]] (37,9 % du total mondial), le [[Brésil]] (24,1 %) et l'[[Indonésie]] (6,7 %).
La consommation mondiale de biocarburants a atteint {{
En Europe<ref>{{EurLex |CELEX=32009L0028 |titre= Directive n° 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil|date=23 avril 2009 |citation=Seule fait foi la version imprimée de la législation européenne telle que publiée dans les éditions papier du Journal officiel de l'Union européenne. |consulté le=31 juillet 2012}}</ref>, depuis juillet 2011, pour être [[Certification|certifié]] « [[Développement durable|durable]] » un [[biocarburants dans l'Union européenne|biocarburant]] doit répondre à des {{Citation|normes de durabilité}}<ref name=UEMecanisme2011/>, ''via'' sept mécanismes ou initiatives<ref name=memo2011>{{en}}[http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=MEMO/11/522&format=HTML&aged=0&language=EN&guiLanguage=en Memo: Certification schemes for biofuels], MEMO/11/522, publié le 19 juillet 2011.</ref>.
Ligne 54 :
En avril 2007, un rapport de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] n'arrive pas à quantifier les avantages et inconvénients de ces produits. Il propose aux décideurs d'encourager leur production et utilisation durable ainsi que celles d'autres « bioénergies »{{pas clair}}, en cherchant à maximiser les bénéfices pour les pauvres et pour l'environnement tout en développant la [[recherche et développement|recherche et le développement]] pour des usages d'intérêt public<ref>{{en}} Mats Karlsson et alii, [http://esa.un.org/un-energy/pdf/susdev.Biofuels.FAO.pdf ''Sustainable Bioenergy: A Framework for Decision Makers'']{{pdf}}, avril 2007, 64 pages.</ref>{{,}}<ref>[http://cordis.europa.eu/fetch?CALLER=FR_NEWS&ACTION=D&DOC=10&CAT=NEWS&QUERY=1179241692551&RCN=27649 ''Un rapport de l'ONU pèse le pour et le contre des biocarburants''], {{date-|10 mai 2007}}, sur le site CORDIS nouvelles</ref>. Deux projets de [[Directive de l'Union européenne|directives de l'Union européenne]] sont en cours d'examen en 2007 ; sur la qualité des biocarburants et sur leur promotion.
En 2007, les demandes de subvention à l'Europe ont porté sur {{
La révision de la [[Politique agricole commune]] appelée « Bilan de Santé de la PAC », intervenue en 2008, a supprimé l'aide aux cultures énergétiques de {{unité|45|€/ha}}, en 2010.
Ligne 106 :
* En France, le « projet futurol » est lancé en 2008, avec pour ambition de constituer une véritable filière éthanol deuxième génération. Les axes majeurs de ce projet servent de fils conducteurs à la R&D s'appuyant sur une installation pilote puis sur un prototype : une filière et un procédé « durables » permettant d'obtenir les meilleurs bilans énergétiques et GES possibles, sur l'ensemble du processus, du champ à la roue ; un pilote flexible (multi matières premières) ; un procédé économiquement pertinent (innovations et optimisations de procédés)<ref>{{Lien web |url=http://www.ifp.fr/actualites/communiques-de-presse/projet-futurol |titre=Projet Futurol : Lancement du projet de Recherche et Développement de bioéthanol de {{2e|génération}} |date=11 septembre 2008 |site=IFP |citation=Communiqués de presse |consulté le=17 mars 2009}}</ref>.
* Selon le directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement, les [[termite]]s possèdent des bactéries capables de transformer « de manière efficace et économique les déchets de bois en sucres pour la production d'éthanol »<ref>[http://www.enerzine.com/6/2121+Quand-les-termites-fabriquent-de-l-ethanol+.html Un biocarburant fabriqué grâce aux termites], Enerzine, mars 2007</ref>. Les enzymes trouvées dans le tube digestif des termites et produites par ces bactéries symbiotiques sont en effet capables de convertir le bois en sucre en {{heure|24}}<ref>{{en}}[http://www.diversa.com/Pages/Products/AlternativeFuels/AltFuelsTermites.html Termites may hold the secret to the production of cellulosic ethanol], sur diversa.com</ref>. Les microorganismes du rumen de bovin peuvent également être utilisés. Le potentiel de la filière cellulosique est énorme et les technologies évoluent rapidement.
* La fermentation des sucres (provenant directement de plantes comme la [[canne à sucre]], de la [[betterave sucrière]], de l'hydrolyse de l'[[amidon]] du blé, du maïs, ou encore de l'hydrolyse de la [[cellulose]], présente dans le bois, ainsi que les tiges et les feuilles de tous types de végétaux) en éthanol génère de grandes quantités de {{CO2}} (à concentration élevée) qui peuvent nourrir les microalgues. {{refnec|La production de {{
[[Fichier:Jatropha curcas5 henning.jpg|thumb|Fruits de [[Jatropha curcas]].]]
* ''[[Jatropha curcas]]''. Il existe des plantes qui poussent en zone aride. C'est le cas par exemple de Jatropha curcas, qui produit en moyenne
* ''[[Pongamia pinnata]]'' (ou Karanj) est un arbre à croissance rapide, fixateur d'azote, très résistant à la sécheresse, qui pousse en plein soleil, sur des sols difficiles, même sur des sols salés, et producteur d'huile. L'Inde, qui souhaite mélanger 20 % de biocarburants dans les carburants traditionnels en 2017<ref>[http://www.visiondurable.com/article-249540-LInde-veut-20-de-biocarburants-en-2017.html L’Inde veut 20 % de biocarburants en 2017]</ref>, encourage actuellement fortement la plantation de cet arbre (ainsi que de l'arbuste ''Jatropha curcas'') dans les zones impropres aux cultures traditionnelles, ceci dans l'optique de produire de l'huile végétale. Les rendements moyens sont, d'après certains auteurs et dans les meilleures conditions, de {{
* D'autres espèces oléifères cultivables en zone aride offrent également des perspectives intéressantes : ''[[Madhuca longifolia]]'' (Mahua) - ''[[Moringa oleifera]]'' (Saijan) - ''[[Cleome viscosa]]''{{etc}}
Ligne 130 :
=== Carburants de troisième génération (algocarburant) ===
[[Fichier:Diatoms through the microscope.jpg|vignette|Il existe environ {{nombre|100000|espèces}} de [[diatomées]] (microalgues) connues dans le monde — plus de {{
Ils sont produits à partir d'algues, par exemple dans un [[photobioréacteur]], d'où leur nom d'[[algocarburant]]s<ref>{{pdf}}{{Lien web |url=http://wwz.ifremer.fr/institut/content/download/30751/252906/file/Ifremer_synthese-etude-prospective-EnRM.pdf |titre=Les énergies renouvelables marines - page 10 |site=
C'est probablement à partir des cultures de [[microalgue]]s<ref>Programme de recherche français ''Shamash'', [http://www-sop.inria.fr/comore/shamash « ''Production de biocarburants lipidiques par des microalgues'' »]</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{pdf}}Chisti Yusuf, [http://www.massey.ac.nz/~ychisti/Biodiesel.pdf Biodiesel from microalgae], Biotechnology Advances (2007)</ref>{{,}}<ref>[http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16697828 Un carburant à base d'huile d'algue]
Par exemple, ''[[Ulva lactuca]]'', une laitue de mer ou [[ulve]], a fait l'objet d'essais au Danemark, réalisés par Michael Bo Rasmussen à l'[[université d'Aarhus]]. L'idée d'utiliser la côte paraît intéressante dans ce pays<ref>[http://svt.967.fr/?p=165 De la laitue de mer pour faire du bioéthanol ?], svt.967, France, 2007.</ref>.
Ligne 143 :
* certaines équipes qui travaillent sur le sujet utilisent des OGM{{Référence nécessaire}}, technique que certaines populations rejettent encore{{Référence souhaitée}}.
* aucune étude d'[[impact environnemental]] de ces cultures n'a été réalisée à ce jour ;
* le rendement de conversion de l'énergie solaire en biomasse par les microalgues est meilleur qu'avec les cultures terrestres mais reste très faible, de l'ordre de 1,5 %, soit
Malgré ces défis, certaines entreprises continuent leurs recherches dans ce secteur. En France, la start-up Neomerys a pour objectif de faire baisser le prix du litre à {{euro|2}}<ref>{{Lien web|url= https://objectif-languedoc-roussillon.latribune.fr/economie/environnement/2019-04-19/quelles-sont-les-promesses-du-biocarburant-ecovertueux-invente-par-neomerys-814780.html|titre= Neomerys veut lever {{unité|15 M€}} en bourse pour son biocarburant écovertueux|périodique= [[La Tribune (France)|La Tribune]]|auteur= Cécile Chaigneau|date= 2019-4-19}}.</ref>. Au Japon, en 2015, la société [[Euglena (entreprise)]] a permis à des bus de rouler avec du carburant composé de 1 % d'[[euglena]], une [[microalgue]]. L'entreprise a pour objectif de produire du biocarburant composé partiellement d'euglena destiné à des avions lors des [[Jeux olympiques d'été de 2020]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.theinvestor.co.kr/view.php?ud=20190705000432|titre= Japanese startup Euglena aims to produce biofuel for Tokyo Olympics|date= 2019-11-15|périodique= [[The Korea Herald]]}}.</ref>.
Ligne 153 :
{| class="wikitable"
|+ Production d'agrocarburants en [[Pétajoule]]s<ref name="BP2020">{{en}}[https://www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/xlsx/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2020-all-data.xlsx Statistical Review of world energy 2020 - all data]
|- bgcolor="#FFDF80" align="center"
|- align="right"
|align="left"| {{États-Unis}} || 63,6 || 142,9 || {{formatnum:1174.1}} || {{formatnum:1417.2}} || {{formatnum:1506.7}} || {{formatnum:1554.6}} || {{formatnum:1600.4}} || {{formatnum:1557.1}} || 37,9 % || +32,6 %
Ligne 188 :
|}
En 2010, environ 43 % de la consommation mondiale de pétrole ont été consommés dans le secteur des transports routiers : essence et gazole, représentant un total d'environ {{unité|1.77|Gtep}}
{| class="wikitable"
|+ Consommation d'éthanol carburant en {{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
|- align="right"
|align="left"| Europe || 2,35 || 2,87 || 2,98
Ligne 211 :
|}
Le bioéthanol est majoritairement consommé en Amérique du Nord et en Amérique latine, notamment aux États-Unis ({{unité|24.6|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) et au Brésil ({{unité|10.5|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}). En Europe, l'Allemagne reste de loin le premier consommateur ({{unité|0.79|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}), suivie de la France et du Royaume-Uni. Ces consommations s'appuient sur des réglementations rendant obligatoire leur incorporation dans les carburants.
Les plus gros consommateurs en sont aussi les principaux producteurs, à savoir les États-Unis : près de {{unité|26.7|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}, et le Brésil : {{unité|11.1|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}} en 2011.
{| class="wikitable"
|+ Taux d'incorporation de l'éthanol carburant (%)<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
|- align="right"
|align="left"| Europe || 2,4 || 3,0 || 3,3
Ligne 236 :
|}
L'Amérique latine, et principalement le Brésil, détient toujours de loin le taux d'incorporation le plus élevé via notamment une flotte importante de véhicules adaptés (''
{| class="wikitable"
|+ Consommation de biodiesel carburant EMHV en {{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
|- align="right"
|align="left"| Europe || 9,36 || 10,72 || 10,84
Ligne 263 :
la production de biodiesel EMHV en Amérique latine (essentiellement à base de soja), elle est largement dominée par l'Argentine et le Brésil : 89 % de la production en 2010, et plus de 97 % en 2011. Son augmentation est liée à une augmentation conséquente de la production en Argentine : + 25 % entre 2010 et 2011 (contre + 11 % au Brésil) avec une orientation forte vers l'exportation.
En 2011, la consommation et la production d'HVO (huiles végétales hydrogénées ou ''
{| class="wikitable"
|+ Taux d'incorporation du biodiesel carburant (%)<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
|- align="right"
|align="left"| Europe || 4,8 || 5,4 || 5,4
Ligne 286 :
|}
En Europe, 2011 est la première année pour laquelle le taux d'incorporation effectif du biodiesel EMHV n’a pas augmenté. Cela peut s'expliquer par des perspectives à la baisse décidée ou annoncée dans les objectifs nationaux et européens de taux d'incorporation d'énergies renouvelables dans les transports. En effet, le projet de la Commission européenne de plafonnement des biocarburants de {{1re|génération}} (G1) entre 5 et 7 % ne constitue pas un contexte très favorable au développement de la filière en Europe. À l'échelle européenne, le premier consommateur de biodiesel est devenu, en 2012, la France ({{unité|2.3|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) juste devant l'Allemagne ({{unité|2.2|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}), suivies de l'Espagne ({{unité|1.7|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) et de l'Italie ({{unité|1.3|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}). La Pologne reste depuis 2011 devant le Royaume-Uni, respectivement {{5e}} et {{6e|consommateurs}} européens.
Les États-Unis sont, depuis 2010, exportateur net de bioéthanol. En 2011, les exportations d'éthanol américain ont d'ailleurs atteint des records, du fait de mauvaises récoltes de canne à sucre au Brésil. Ainsi, le Brésil a été destinataire d'un tiers des exportations d'éthanol américain et les États-Unis sont devenus {{1er
L'Europe importe majoritairement du biodiesel, malgré des capacités de production non exploitées ; ces importations proviennent notamment d'Argentine (plus de 50 %), d'Indonésie (39 %) et des États-Unis (moins de 5 %). Elles sont liées essentiellement aux prix cassés pratiqués par les pays exportateurs (principalement vers l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas), comme l'Argentine et l'Indonésie. En effet, ces deux pays ont mis en place un système de taxes différentielles à l'exportation sur le biodiesel, entre 2010 et 2012, de 10 à 15 % inférieures à celles sur les matières premières correspondantes à la production de ce biodiesel. Ces pratiques ont abouti à des contentieux internationaux et la Commission européenne a institué en mai 2013, pour une durée de six mois, un droit anti-dumping, confirmé mi-novembre 2013. Le Conseil européen a également imposé début 2013 une taxe anti-dumping (62,9 €/t) sur les importations d'éthanol en provenance des États-Unis (0,6 Mt en 2012).
Ligne 302 :
==== France ====
Le carburant « [[SP95-E10]] », contenant jusqu'à 10 % de bioéthanol produit à partir du sucre des betteraves ou de l'amidon des céréales, représente en 2019 la moitié des ventes d'essence dans les stations françaises, contre 25 % pour le SP95, 21 % pour le SP98 et 4 % pour le [[superéthanol]]. La France produit 12 millions d'hectolitres de bioéthanol par an, en consomme 10 millions d'hectolitres et exporte le reste<ref>[https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/lethanol-caracole-en-tete-des-ventes-de-carburants-en-france-1175255 L'essence à l'éthanol caracole dans les ventes de carburants en France],
=== Bilan économique et intérêt géostratégique des biocarburants ===
Ligne 319 :
{{Article détaillé|Dépendance au pétrole}}
''En théorie'', les biocarburants seraient techniquement capables de produire la totalité de l'énergie consommée par l'humanité. En effet, la consommation mondiale d'énergie (en 2007) est de l'ordre de {{
Une grande partie de la production pétrolière a lieu dans des pays dont il serait imprudent de dépendre excessivement : [[Irak]], [[Nigeria]], [[Iran]]{{etc}} et les trois principales crises pétrolières sont le fruit d'une crise politique. En outre, on sait que le pétrole s'épuise. Les biocarburants permettent aux pays qui les produisent de devenir moins dépendants sur le plan énergétique<ref>{{en}}{{pdf}}[http://www.iea.org/textbase/nppdf/free/2004/biofuels2004.pdf Biofuels for Transport: An International Perspective], Agence Internationale de l'énergie, 2004.</ref>{{,}}<ref>[http://www.oilmarketreport.org/ Oil Market Report], Agence Internationale de l'Energie, 2007</ref>. À l'échelle locale, la production et l'autoconsommation d'agrocarburants ([[huile végétale carburant]] par exemple) permettent une autonomie énergétique des agriculteurs.
En 2003, le biologiste Jeffrey Dukes<ref>[http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes.html Jeffrey Dukes, University of Massachusetts]</ref> a calculé que les énergies fossiles brûlées en un an (1997) provenaient d’une masse de matière organique préhistorique qui représentait plus de {{
Dans le même article, Dukes estime que le remplacement des carburants fossiles par une combustion de végétaux actuels correspondrait au moins à 22 % de la production végétale terrestre (y compris des végétaux marins), augmentant ainsi de 50 % l'appropriation de cette ressource par l'homme.
Ligne 349 :
Le carbone émis lors de la combustion de biocarburants (filière huile ou filière éthanol) provient de plantes (palme, colza, maïs, blé, bois{{etc}}) qui l'ont fixé via la [[photosynthèse]]. Le bilan carbone peut sembler neutre et le recours à cette énergie permet d'éviter des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre.
Mais la production de ces biocarburants requiert un travail humain, donc une consommation de carburant et éventuellement d'autres produits, dont l'usage produit aussi des GES. Ainsi, il faudrait environ
Une étude de la [[Commission européenne]] publiée en mars 2016 et reprise par l’ONG [[Transport et Environnement]] montre que la plupart des biocarburants, loin d’être vertueux pour le climat, émettent en fait plus de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles ; ceci concerne surtout le biodiesel :
Selon un sondage réalisé en 2007 par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature]] et la [[Banque mondiale]] auprès d’experts et de décideurs du secteur climatique, les biocarburants de première génération sont au {{18e|rang}} (avec 21 %) des technologies pouvant diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, alors que les biocarburants de seconde génération sont au {{7e|rang}} (avec 43 %)<ref>{{en}}{{pdf}} ''[http://www.iucn.org/en/news/archive/2007/12/10_climate_change_survey.pdf {{lang|en|Climate Décision Maker Survey}}]''
Dans une étude publiée dans ''{{langue|en|Natural Resources Research}}''<ref>{{en}}
En [[France]], l'[[Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie]] (ADEME) et le [[Réseau Action Climat]] ont publié des études sur l'intérêt des agrocarburants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
L'ADEME a réalisé une synthèse des différentes études, en normalisant les résultats. La conclusion du rapport de synthèse de 2006 est :
:« Alors que les résultats publiés sont radicalement différents et donnent lieu à des conclusions opposées, les résultats normalisés permettent de tirer une conclusion commune aux trois études : l’éthanol et le biodiesel permettent tous deux de réduire la dépendance aux énergies non renouvelables par rapport aux carburants fossiles. En ce qui concerne les GES, les indicateurs publiés soulignent les mêmes bénéfices des agrocarburants par rapport aux carburants fossiles »<ref>{{pdf}}[http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=98B8154585313DA4C521E9DE7BC1AE2C1169116996013.pdf ''Bilan énergétique et émissions de GES des carburants et biocarburants conventionnels - Convergences et divergences entre les principales études reconnues'']
La valorisation effective des coproduits (par la filière éthanol cellulosique ou par méthanisation par exemple) permettra d'améliorer considérablement ce bilan. Les conclusions d'un rapport du ''Department for Transport'' britannique vont dans le même sens<ref>{{en}} [http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100209082637/http://www.dft.gov.uk/pgr/roads/environment/rtfo/secrtfoprogdocs/renewabletransportfuelobliga3849 Renewable Transport Fuel Obligation (RTFO) feasibility report], sur nationalarchives.gov.uk, consulté le 20 janvier 2018</ref>, tout en soulignant cependant l'impact environnemental non négligeable du développement des filières classiques en zone tropicale. Ces impacts peuvent, selon l'ONG Via Campesina, conduire à rendre les agrocarburants pires que le pétrole qu'ils remplacent<ref>[http://www.cpefarmers.org/w3/article.php3?id_article=124 Les agro carburants industriels ne contribuent à résoudre ni la crise agricole, ni la crise climatique], communiqué de Via Campesina sur les agrocarburants, 23 février 2007</ref>.
Cependant, une étude de 2007 de [[Paul Josef Crutzen]]<ref group="Note">et. al (Paul Josef Crutzen, spécialiste des oxydes d'azote et de la couche d'ozone, a reçu le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur ces sujets)</ref> avance que l'usage des agrocarburants issus des cultures de colza et de maïs pourrait en fait augmenter l'effet de serre<ref>voir l'article et sa discussion en ligne sur [http://www.atmos-chem-phys-discuss.net/7/11191/2007/acpd-7-11191-2007.html {{fchim|N|2|O}} release from agro-biofuel production negates global warming reduction by replacing fossil fuels] P. J. Crutzen ''et al.'', Atmos. Chem. Phys. Discuss., 2007, 7, 11191</ref>{{,}}<ref>{{en}}[http://www.rsc.org/chemistryworld/News/2007/September/21090701.asp Biofuels could boost global warming, finds study], chemistryworld, {{date
Selon le [[Réseau Action Climat]], dans une étude publiée en mai 2006<ref>[http://www.rac-f.org/article.php3?id_article=1064 Note sur les biocarburants du RAC-F ], sur le site rac-f.org</ref>, les résultats de la filière éthanol présentent une économie énergétique limitée, très relative pour l'[[ETBE]], voire négative pour l'éthanol de blé, et permettent quelques économies de GES. Toujours selon la même étude, la filière oléagineuse est plus intéressante, surtout en ce qui concerne l'huile pure. Le bilan énergétique ainsi que le bilan carbone seraient bien meilleurs quand on adapte le moteur à l'huile végétale pure ([[moteur Elsbett]], par exemple) plutôt que d'adapter l'huile végétale (transformation chimique en biodiesel, processus lourd) à des moteurs conçus pour fonctionner avec des dérivés du pétrole, à plus forte raison si l'on préfère des plantes pérennes implantées dans des zones où elles n'entrent pas en concurrence avec d'autres. {{refsou|Des plantes pouvant se développer en zone aride ([[Jatropha curcas]], [[Pongamia pinnata]] ou [[Madhuca longifolia]]) pourraient présenter de bien meilleurs résultats.}}
Ligne 447 :
L'utilité des agrocarburants dépend ainsi de façon importante
* de la filière choisie (huile ou éthanol) et
* de la valorisation effective des coproduits, d'où l'importance de leur trouver des débouchés, notamment pour les tourteaux de colza et de tournesol<ref>{{pdf}}[http://www.espoir-rural.fr/images/stories/section/agrocarburants%20%20synthese%20eden%202006.pdf Biocarburants]
Selon le [[Ministère de l'Économie et des Finances (France)|ministère de l'Économie et des Finances français]]<ref name="industrie.gouv.fr">{{lien brisé|url=http://www.industrie.gouv.fr/energie/renou/biomasse/enjeuxbiocarburants.htm |titre=Les filières biocarburants engagées en France.}}</ref>, deux principaux agrocarburants sont utilisés à l'heure actuelle : l'ETBE (éthyle tertio butyle éther, à partir de l'éthanol) pour les véhicules essence (90 % de la consommation d'agrocarburants en France) et l'EMHV (biodiesel ou Diester) pour les véhicules diesel. Côté éthanol, l'ETBE reçoit la préférence du ministère par rapport à l'E85, plus riche (85 %) en éthanol : « Au plan technique, l'ETBE est la meilleure façon d'incorporer de l'éthanol au carburant, grâce à son indice d'octane élevé autant qu'à sa faible volatilité. Cette conclusion technique fait l'objet d'un consensus dans les milieux professionnels »<ref name="industrie.gouv.fr"/>. Ce qui amène le Réseau Action Climat à dire : « Le plan gouvernemental ambitieux et coûteux qui prévoit de remplacer 7 % des carburants pétroliers par des agrocarburants d’ici 2010 diminuerait les émissions de GES des transports routiers de moins de 7 % (alors que les transports routiers en France ont vu leurs émissions de GES augmenter de 23 % depuis 1990) »<ref>{{pdf}}[http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Note_RAC_agrocar0107.pdf Note RAC-F sur les biocarburants]
Par souci de transparence, la commission européenne, a aussi proposé en octobre 2012, un affichage des valeurs de CAS indirects (conformément à deux directives européennes<ref>Directive 2009/28/CE (Énergies renouvelables) ; Directive 2009/30/CE (Qualité des carburants), toutes deux incluses dans « paquet Climat – Énergie » adopté par l'Union européenne en décembre 2008 ; précisant : {{Citation|« La Commission présente, le 31 décembre 2010 au plus tard, au Parlement européen et au Conseil, un rapport sur l’impact du changement indirect d’affectation des sols sur les émissions de gaz à effet de serre et sur les moyens de réduire cet impact au minimum. Ce rapport s’accompagne, le cas échéant, d’une proposition s’appuyant sur les meilleures preuves scientifiques disponibles, contenant une méthodologie concrète à appliquer aux émissions découlant des changements survenus dans les stocks de carbone en raison de changements indirects d’affectation des sols […] » (directive 2009/28/CE, article 19-6 ; directive 2009/30/CE, article 7, point 6)}}</ref>), et une limitation de la contribution des biocarburants de première génération à l'atteinte des objectifs d'incorporation d'énergies renouvelables dans les transports, tout en encourageant des biocarburants de seconde génération (à partir de biomasse non-alimentaires telles que déchets agroalimentaires dont les émissions totales restent bien inférieures à celles des [[Combustible fossile|combustibles fossiles]] et n'interfèrent pas ou peu avec la production alimentaire mondiale ; il existe un risque de priver les sols de matière organique naturelle<ref name=CGDD2013/>).
En France, le [[commissariat général au développement durable]] (CGDD) a publié en 2013<ref name="CGDD2013">
=== Impacts sur la forêt, la biodiversité, la ressource eau et les sols ===
[[Fichier:Lightmatter sad orangutan.jpg|thumb|upright|Le développement exponentiel des cultures de palmier à huile en Malaisie et en Indonésie et la destruction corrélative des forêts constituent une grave menace pour l'[[orang-outan]], une espèce au bord de l'extinction.]]
Une part majeure des agrocarburants sont cultivés sur des zones spécifiquement [[Déforestation|déforestées]] pour de nouvelles mises en culture, en particulier pour l'[[éthanol]] au Brésil ou la production de palmiers à huile en Asie du Sud-Est. Une étude récente (''A calculation of the EU bioenergy land footprint''<ref>
La production d'agrocarburants demande en outre les moyens de la production agricole ou agrosylvicole intensive en termes d'[[engrais]] et de [[pesticide]]s. Dans une étude<ref>Dias de Oliveira M. E., Vaughan B. E. & Rykiel E. J. Bioscience, 55. 593 - 602 (2005)</ref> parue dans ''Bioscience'', les chercheurs Marcelo Dias de Oliveira ''et al.'' (université d'État de Washington) concluent que la filière éthanol à partir de [[canne à sucre]] réduit la biodiversité et augmente l'érosion du sol.
Dukes estime que le remplacement des carburants fossiles par une combustion de végétaux actuels correspondrait au moins à 22 % de la production végétale terrestre (y compris des végétaux marins), augmentant ainsi de 50 % l'appropriation de cette ressource par l'homme, et pourrait compromettre la survie des autres espèces qui en dépendent<ref>{{en}}{{pdf}}[http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes_ClimChange1.pdf Dukes, J.S. 2003. ''Burning buried sunshine: human consumption of ancient solar energy.'']
Tyler Volk, professeur du ''{{lang|en|Earth Systems Group}}'' du département de biologie de l'université de New York, estime que « ''la production massive d'éthanol pourrait augmenter la pression sur les terres cultivables, faire monter les prix de la nourriture et accélérer la déforestation'' »<ref>
Le caractère durable de la production des agrocarburants peut être mis à mal si elle est réalisée de manière non durable : épuisement des sols, pollution des eaux et destruction de milieux naturels pour cette production<ref>''Ces forêts qu'on assassine'', [[Emmanuelle Grundmann]], préface de Jane Goodall, Paris, Ed. Calmann-Lévy, 2007 {{ISBN|978-2-7021-3769-7}}
D'après le Global Canopy Programme<ref>[http://www.globalcanopy.org/vivocarbon/ The GCP VivoCarbon Initiative]</ref>, regroupant les leaders scientifiques sur le sujet des forêts tropicales, la déforestation est l'un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre. Avec 25 % des émissions totales, elle n'est devancée que par l'énergie, mais se place bien au-dessus des transports (14 %).
Plusieurs articles récents<ref>{{en}}[http://news.independent.co.uk/environment/climate_change/article2539349.ece {{lang|en|''Deforestation: The hidden cause of global warming''}}
Plus de
* En France, après quelques péripéties parlementaires, l'huile de palme sera exclue dès 2020 de la liste des biocarburants, fermant ainsi les aides fiscales à l'huile de palme dans les carburants<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Christophe Magdelaine / notr|titre= La bioraffinerie de Total importe au moins {{unité|300000 t}} d'huile de palme par an |url= https://www.notre-planete.info/actualites/1026-Total-huile-de-palme-blocage-raffineries-agriculteurs |date= 15 novembre 2019|site=notre-planete.info |consulté le=20/11/2019 }}.</ref>;
* L'UE a annoncé des objectifs plus contraignants pour l'énergie renouvelable, dont l'interdiction de l'huile de palme<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre= Énergie: nouvel objectif de 32% d’énergies renouvelables d’ici 2030 conclu par les députés et les ministres (Communiqué de presse)|url=https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20180614IPR05810/nouvel-objectif-de-32-d-energies-renouvelables-d-ici-2030|date=14-06-2018|site=europarl.europa.eu|consulté le=19/11/2019 }}.</ref>.
Ligne 487 :
=== Concurrence avec la production alimentaire ===
Certains
==== Utilisation de terre arable ====
Ligne 506 :
Les biocarburants ont pu jouer un rôle ; c'était d'ailleurs un des buts de cette politique que d'offrir un débouché agricole à des productions et, ainsi, maintenir les prix. Néanmoins l'enchaînement des causes est plus compliqué et fait jouer bien d'autres facteurs.
Par exemple, selon un rapport de la [[Banque mondiale]]<ref>{{en}}
Se fondant sur le fait que le programme de développement des agrocarburants au Brésil n'a pas entraîné de hausse des prix, ce rapport recommande la suppression des politiques d'aides aux agrocarburants ainsi que celle des barrières douanières empêchant l'importation d'agrocarburants d'Afrique et d'Amérique du Sud comme moyen de conjuguer culture des agrocarburants et stabilité des prix agricoles mondiaux.
Ligne 517 :
Le prix des aliments est un paramètre spécialement important dans les pays pauvres, et leurs dirigeants veulent que ces prix restent les plus bas possibles. « Les ministres de l'Économie et des Finances des pays africains, réunis à Addis-Abeba les 28, 29 et 30 mars, n'ont pu que constater que « l'augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires présente une menace significative pour la croissance, la paix et la sécurité en Afrique », précise ainsi ''[[Courrier international]]''.
Une des conséquences de la hausse des prix mondiaux de l'alimentaire est prévisible : une instabilité sociale et politique croissante dans les pays aux populations pauvres (l'alimentaire formant déjà et de loin le premier poste du budget de ces ménages). Des émeutes de la faim ont déjà éclaté en [[Haïti]]<ref>
Ces émeutes de la faim, annoncées dès 2006, sont amenées à se multiplier, faisant porter sur le développement des agrocarburants un prix géostratégique certain<ref>{{Lien web|url= https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2008/04/07/les-emeutes-contre-la-vie-chere-se-multiplient|titre= Afrique. Les émeutes contre la vie chère se multiplient|auteur= Anne Collet|site= [[Courrier international]]|date= 2008-4-7}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.ledevoir.com/2008/04/09/184226.html Quand le prix du riz peut semer la zizanie], ''[[Le Devoir]]'' publié le 9 avril 2008</ref>.
Ligne 536 :
* Pierre Jacquet, Rajendra K. Pachauri & Laurence Tubiana, ''Regards sur la Terre 2009, l'annuel du développement durable - La gouvernance du développement durable'', Presses de Sciences Po, février 2009
* Fondation Nicolas Hulot et Réseau Action Climat-France, ''Agrocarburants : cartographie des enjeux'', septembre 2008
* Fabrice Nicolino, ''La faim, la bagnole, le blé et nous : une dénonciation des biocarburants'', [[Fayard (édition)|Fayard]], {{
=== Articles connexes ===
|