« Biocarburant » : différence entre les versions

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La production mondiale d'agrocarburants s'élève à {{unité|4113 [[Pétajoule|PJ]]}} en 2019, en progression de 56 % par rapport à 2010. Les principaux pays producteurs sont les [[États-Unis]] (37,9 % du total mondial), le [[Brésil]] (24,1 %) et l'[[Indonésie]] (6,7 %).
 
La consommation mondiale de biocarburants a atteint {{nobrunité|58,.8 |[[Million de tonnes équivalent pétrole|Mtep]]}} en 2011 ({{unité|41.6|Mtep}} de bioéthanol et {{unité|17.2|Mtep}} de biodiesel), soit 3,1 % de la consommation mondiale des transports routiers.
 
En Europe<ref>{{EurLex |CELEX=32009L0028 |titre= Directive n° 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil|date=23 avril 2009 |citation=Seule fait foi la version imprimée de la législation européenne telle que publiée dans les éditions papier du Journal officiel de l'Union européenne. |consulté le=31 juillet 2012}}</ref>, depuis juillet 2011, pour être [[Certification|certifié]] « [[Développement durable|durable]] » un [[biocarburants dans l'Union européenne|biocarburant]] doit répondre à des {{Citation|normes de durabilité}}<ref name=UEMecanisme2011/>, ''via'' sept mécanismes ou initiatives<ref name=memo2011>{{en}}[http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=MEMO/11/522&format=HTML&aged=0&language=EN&guiLanguage=en Memo: Certification schemes for biofuels], MEMO/11/522, publié le 19 juillet 2011.</ref>.
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En avril 2007, un rapport de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] n'arrive pas à quantifier les avantages et inconvénients de ces produits. Il propose aux décideurs d'encourager leur production et utilisation durable ainsi que celles d'autres « bioénergies »{{pas clair}}, en cherchant à maximiser les bénéfices pour les pauvres et pour l'environnement tout en développant la [[recherche et développement|recherche et le développement]] pour des usages d'intérêt public<ref>{{en}} Mats Karlsson et alii, [http://esa.un.org/un-energy/pdf/susdev.Biofuels.FAO.pdf ''Sustainable Bioenergy: A Framework for Decision Makers'']{{pdf}}, avril 2007, 64 pages.</ref>{{,}}<ref>[http://cordis.europa.eu/fetch?CALLER=FR_NEWS&ACTION=D&DOC=10&CAT=NEWS&QUERY=1179241692551&RCN=27649 ''Un rapport de l'ONU pèse le pour et le contre des biocarburants''], {{date-|10 mai 2007}}, sur le site CORDIS nouvelles</ref>. Deux projets de [[Directive de l'Union européenne|directives de l'Union européenne]] sont en cours d'examen en 2007 ; sur la qualité des biocarburants et sur leur promotion.
 
En 2007, les demandes de subvention à l'Europe ont porté sur {{nobrnombre|2,84 millions}} d'[[Hectare|{{abréviation discrète|ha|hectares}}]], alors que le dispositif d'aide de la PAC a été prévu (en 2004) pour {{nobr|2 millions}} d'hectares consacrés aux agrocarburants. Seuls 70 % de l'aire pourra donc être subventionnée ({{euro|45}} par hectare – alors qu'on en cultivait {{nobrnombre|1,23 million}} d'hectares). Cette subvention pourrait être remise en question par la commissaire européenne à l'agriculture [[Mariann Fischer Boel]] car d'après une étude intitulée le « Bilan de santé de la PAC », le prix du pétrole ({{nobr|100 {{abréviation discrète|USD|dollar des États-Unis}}}} le baril en {{date-|janvier 2008}}) ne justifierait plus cette aide<ref>Revue ''Environnement et stratégie'', n° 233, 24 oct 2007, p. 1.</ref>. Les méthodes et résultats des [[Analyse du cycle de vie|analyses du cycle de vie]] des biocarburants et agrocarburants ont fait l'objet de nombreuses [[controverse]]s<ref>Dorin, B., & Gitz, V. (2008). [http://hal.cirad.fr/docs/00/19/94/87/PDF/DORIN_GITZ_2007_-_Ecobilans_de_biocarburants_01_.pdf Écobilans de biocarburants : une revue des controverses. Natures Sciences Sociétés, 16(4), 337-347.]</ref>. Le dernier écobilan effectué en France a été réalisé par le cabinet de consultants [[PricewaterhouseCoopers]] en 2002. À la suite du [[Grenelle Environnement]] (en octobre 2007), le gouvernement français en a commandé un nouveau à l'[[Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie]].
 
La révision de la [[Politique agricole commune]] appelée « Bilan de Santé de la PAC », intervenue en 2008, a supprimé l'aide aux cultures énergétiques de {{unité|45|€/ha}}, en 2010.
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* En France, le « projet futurol » est lancé en 2008, avec pour ambition de constituer une véritable filière éthanol deuxième génération. Les axes majeurs de ce projet servent de fils conducteurs à la R&D s'appuyant sur une installation pilote puis sur un prototype : une filière et un procédé « durables » permettant d'obtenir les meilleurs bilans énergétiques et GES possibles, sur l'ensemble du processus, du champ à la roue ; un pilote flexible (multi matières premières) ; un procédé économiquement pertinent (innovations et optimisations de procédés)<ref>{{Lien web |url=http://www.ifp.fr/actualites/communiques-de-presse/projet-futurol |titre=Projet Futurol : Lancement du projet de Recherche et Développement de bioéthanol de {{2e|génération}} |date=11 septembre 2008 |site=IFP |citation=Communiqués de presse |consulté le=17 mars 2009}}</ref>.
* Selon le directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement, les [[termite]]s possèdent des bactéries capables de transformer « de manière efficace et économique les déchets de bois en sucres pour la production d'éthanol »<ref>[http://www.enerzine.com/6/2121+Quand-les-termites-fabriquent-de-l-ethanol+.html Un biocarburant fabriqué grâce aux termites], Enerzine, mars 2007</ref>. Les enzymes trouvées dans le tube digestif des termites et produites par ces bactéries symbiotiques sont en effet capables de convertir le bois en sucre en {{heure|24}}<ref>{{en}}[http://www.diversa.com/Pages/Products/AlternativeFuels/AltFuelsTermites.html Termites may hold the secret to the production of cellulosic ethanol], sur diversa.com</ref>. Les microorganismes du rumen de bovin peuvent également être utilisés. Le potentiel de la filière cellulosique est énorme et les technologies évoluent rapidement.
* La fermentation des sucres (provenant directement de plantes comme la [[canne à sucre]], de la [[betterave sucrière]], de l'hydrolyse de l'[[amidon]] du blé, du maïs, ou encore de l'hydrolyse de la [[cellulose]], présente dans le bois, ainsi que les tiges et les feuilles de tous types de végétaux) en éthanol génère de grandes quantités de {{CO2}} (à concentration élevée) qui peuvent nourrir les microalgues. {{refnec|La production de {{nobrunité|50 |litres}} d'éthanol par [[fermentation alcoolique]] s'accompagne de la production de {{nobrunité|15 |litres}} de {{CO2}}|des litres de liquides? Lesquels?}}. En ce qui concerne la filière huile, les tourteaux obtenus après extraction de l'huile végétale (''Jatropha curcas'', karanj, saijan, tournesol, colza{{etc}}) peuvent servir à produire du biogaz (méthane). Le méthane peut alimenter une centrale thermique (production d'électricité) et le {{CO2}} libéré peut aussi nourrir les microalgues. Le bilan carbone global et le caractère durable de la filière dépendent donc de la source de {{CO2}} utilisée. {{refnec|Le couplage filière éthanol cellulosique - filière microalgue est une voie d'avenir dans la perspective d'un développement durable}}. À noter que la croissance des microalgues est bien entendu possible dans les conditions atmosphériques actuelles (concentration en {{CO2}} de {{unité|380|ppm}}), mais les rendements sont alors beaucoup plus faibles.
 
[[Fichier:Jatropha curcas5 henning.jpg|thumb|Fruits de [[Jatropha curcas]].]]
* ''[[Jatropha curcas]]''. Il existe des plantes qui poussent en zone aride. C'est le cas par exemple de Jatropha curcas, qui produit en moyenne 400 à {{nobrunité|400|à=500 |litres}} d'huile par hectare et par an<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.iop.org/EJ/article/1748-9326/4/1/014004/erl9_1_014004.html |titre=Resetting global expectations from agricultural biofuels |site=iop.org |consulté le=29 juin 2010}}.</ref>. Sa culture (réalisée de manière écoresponsable) permet idéalement de lutter contre la [[désertification]]. À l'occasion du Sommet Biocarburants de 2007<ref>{{en}} [http://www.biofuelsummit.info/en/index.html Biofuel summit], Sommet Biocarburants 2007, Madrid</ref> qui s'est tenu à Madrid, Winfried Rijssenbeek (de l'entreprise RR Energy qui a investi dans les biocarburants)<ref>[http://www.rrenergy.nl RR Energy]</ref> a fait la promotion des qualités de cette euphorbiacée : « Cette plante, qui produit des graines oléagineuses, est une alternative intéressante aux palmiers à huile et au soja pour le sud. En premier lieu parce qu'elle n'est pas comestible et donc n'entre pas en concurrence avec le secteur alimentaire. Autre avantage, Jatropha curcas peut être cultivée sur des sols difficiles, impropres aux autres cultures et permet de lutter contre la désertification »<ref>[http://www.levif.be/articles/index.jsp?articleID=2629&sectionID=9&siteID=38 Des biocarburants pas si écologiques] {{Lien archive|url=http://www.levif.be/articles/index.jsp?articleID=2629&sectionID=9&siteID=38 |titre=Copie archivée |horodatage archive=20180806201423 }}, ''Le Vif - L'Express'', Belgique, 2007</ref>. Mais ces plantes sont des êtres vivants comme les autres et ne font pas de miracles : sans apports d'eau réguliers, les rendements sont extrêmement faibles, non rentables. Cette conclusion logique a été confirmée, par exemple, par des expériences, {{refnec|il y a plusieurs années, en zone aride, avec la variété mexicaine de Jatropha curcas, par des ingénieurs agronomes mexicains}}. Or l'eau est une ressource précieuse en zone aride…
* ''[[Pongamia pinnata]]'' (ou Karanj) est un arbre à croissance rapide, fixateur d'azote, très résistant à la sécheresse, qui pousse en plein soleil, sur des sols difficiles, même sur des sols salés, et producteur d'huile. L'Inde, qui souhaite mélanger 20 % de biocarburants dans les carburants traditionnels en 2017<ref>[http://www.visiondurable.com/article-249540-LInde-veut-20-de-biocarburants-en-2017.html L’Inde veut 20 % de biocarburants en 2017]</ref>, encourage actuellement fortement la plantation de cet arbre (ainsi que de l'arbuste ''Jatropha curcas'') dans les zones impropres aux cultures traditionnelles, ceci dans l'optique de produire de l'huile végétale. Les rendements moyens sont, d'après certains auteurs et dans les meilleures conditions, de {{nobrunité|5 |tonnes}} de graines/ha/an ({{nobrunité|1,.7 |tonne}} d'huile et {{nobrunité|5,.3 |tonnes}} de tourteaux) la dixième année.
* D'autres espèces oléifères cultivables en zone aride offrent également des perspectives intéressantes : ''[[Madhuca longifolia]]'' (Mahua) - ''[[Moringa oleifera]]'' (Saijan) - ''[[Cleome viscosa]]''{{etc}}
 
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=== Carburants de troisième génération (algocarburant) ===
[[Fichier:Diatoms through the microscope.jpg|vignette|Il existe environ {{nombre|100000|espèces}} de [[diatomées]] (microalgues) connues dans le monde — plus de {{nobrnombre|400 |nouveaux}} taxons sont décrits chaque année. Certaines espèces sont particulièrement riches en huile.]]
 
Ils sont produits à partir d'algues, par exemple dans un [[photobioréacteur]], d'où leur nom d'[[algocarburant]]s<ref>{{pdf}}{{Lien web |url=http://wwz.ifremer.fr/institut/content/download/30751/252906/file/Ifremer_synthese-etude-prospective-EnRM.pdf |titre=Les énergies renouvelables marines - page 10 |site=Ifremerifremer.fr |consulté le=29 juin 2010}}.</ref>.
 
C'est probablement à partir des cultures de [[microalgue]]s<ref>Programme de recherche français ''Shamash'', [http://www-sop.inria.fr/comore/shamash « ''Production de biocarburants lipidiques par des microalgues'' »]</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{pdf}}Chisti Yusuf, [http://www.massey.ac.nz/~ychisti/Biodiesel.pdf Biodiesel from microalgae], Biotechnology Advances (2007)</ref>{{,}}<ref>[http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=16697828 Un carburant à base d'huile d'algue] {{pdf}}, Biofutur, n°255, mai 2005.</ref>{{,}}<ref>[http://oleocene.org/index.php?page=que_faire&section=algues ''Biocarburant : les algues sont-elles la solution ?''], Association Oléocène</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{pdf}}[http://www1.eere.energy.gov/biomass/pdfs/biodiesel_from_algae.pdf ''« A Look Back at the U.S. Department of Energy’s Aquatic Species Program: Biodiesel from Algae »''] {{pdf}}, National Renewable Energy Laboratory, juillet 1998</ref> (dont [[cyanophycée]]s), d'un point de vue théorique {{unité|30 à {{nobr|100 fois plus}} plus efficaces que les oléagineux terrestres d'après certains auteurs ({{unité|10 à {{nobr|20 fois}} plus}} qu'avec le colza ou le tournesol selon le [[Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives|CEA]] qui au [[centre de Cadarache]] (« Héliobiotec<ref>[http://www-heliobiotec.cea.fr/ Plate-forme HélioBiotec], hébergée par le ''Laboratoire de bioénergétique et biotechnologie des bactéries et microalgues'' (LB3M, unité mixte de recherche CEA-CNRS-Université d'Aix-Marseille)</ref> » et sa « banque » de microalgues et de cyanobactéries) cherche depuis le début des années 2000 à sélectionner les organismes les plus prometteurs<ref>Frédéric Douard / Bioénergie promotion [http://www.bioenergie-promotion.fr/16984/biocarburants-de-3eme-generation-la-plate-forme-heliobiotec-au-cea-de-cadarache/ Biocarburants de {{3e|génération}}, la plate-forme HélioBiotec au CEA de Cadarache], 10 novembre 2011.</ref>), que des biocarburants pourront être produits avec les meilleurs rendements, rendant ainsi envisageable une production de masse (par exemple pour l'aviation), sans déforestation massive ni concurrence avec les cultures alimentaires. Pour obtenir un rendement optimal en huile, la croissance des microalgues doit s'effectuer avec une concentration en {{CO2}} d'environ 13 %. Ceci est possible à un coût très faible grâce à un couplage avec une source de {{CO2}}, par exemple une [[centrale électrique thermique]] ou une chaudière brûlant du charbon, du gaz naturel ou du biogaz, une unité de fermentation alcoolique, une cimenterie ou papeterie{{etc}} La culture de microalgues dans des bassins ouverts est aussi expérimentée dans des fermes d'algues au Nouveau-Mexique et dans le [[Néguev]]<ref name="Le Monde">Pierre Le Hir, [https://www.lemonde.fr/planete/article/2008/10/22/des-microalgues-pour-les-biocarburants-du-futur_1109725_3244.html Des microalgues pour les biocarburants du futur], ''[[Le Monde]]'' du 22 octobre 2008, consulté le 25 janvier 2019</ref>.
 
Par exemple, ''[[Ulva lactuca]]'', une laitue de mer ou [[ulve]], a fait l'objet d'essais au Danemark, réalisés par Michael Bo Rasmussen à l'[[université d'Aarhus]]. L'idée d'utiliser la côte paraît intéressante dans ce pays<ref>[http://svt.967.fr/?p=165 De la laitue de mer pour faire du bioéthanol ?], svt.967, France, 2007.</ref>.
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* certaines équipes qui travaillent sur le sujet utilisent des OGM{{Référence nécessaire}}, technique que certaines populations rejettent encore{{Référence souhaitée}}.
* aucune étude d'[[impact environnemental]] de ces cultures n'a été réalisée à ce jour ;
* le rendement de conversion de l'énergie solaire en biomasse par les microalgues est meilleur qu'avec les cultures terrestres mais reste très faible, de l'ordre de 1,5 %, soit dix{{nombre|10 fois moins}} que le rendement de conversion de l'énergie solaire en électricité via le solaire photovoltaïque ou thermodynamique (15 %). Comme souligné dans le rapport « Agrocarburants et Environnement » publié fin 2008 par le ministère de l'Écologie, « les agrocarburants se situent dans la zone des rendements les plus faibles. Ils sont de fait limités par le rendement de la photosynthèse, qui est très faible (<1 %). La troisième génération, utilisant des algues, restera largement moins efficace que les solutions « électriques » quelles qu'elles soient, notamment l'utilisation de l'énergie solaire »<ref>{{pdf}}{{Lien web |url=http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Agrocarburants_et_Environnement.pdf |titre=Site du ministère de l'écologie, de l'énergie et du développement durable et de la mer |site=ecologie.gouv.fr |consulté le=2 juillet 2010}}.</ref>. Pour rappel la combustion du carburant microalgal dans un moteur thermique (comme pour n'importe quel carburant) s'accompagne de pertes très importantes (80 % de pertes en cycle d'usage ordinaire).
 
Malgré ces défis, certaines entreprises continuent leurs recherches dans ce secteur. En France, la start-up Neomerys a pour objectif de faire baisser le prix du litre à {{euro|2}}<ref>{{Lien web|url= https://objectif-languedoc-roussillon.latribune.fr/economie/environnement/2019-04-19/quelles-sont-les-promesses-du-biocarburant-ecovertueux-invente-par-neomerys-814780.html|titre= Neomerys veut lever {{unité|15 M€}} en bourse pour son biocarburant écovertueux|périodique= [[La Tribune (France)|La Tribune]]|auteur= Cécile Chaigneau|date= 2019-4-19}}.</ref>. Au Japon, en 2015, la société [[Euglena (entreprise)]] a permis à des bus de rouler avec du carburant composé de 1 % d'[[euglena]], une [[microalgue]]. L'entreprise a pour objectif de produire du biocarburant composé partiellement d'euglena destiné à des avions lors des [[Jeux olympiques d'été de 2020]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.theinvestor.co.kr/view.php?ud=20190705000432|titre= Japanese startup Euglena aims to produce biofuel for Tokyo Olympics|date= 2019-11-15|périodique= [[The Korea Herald]]}}.</ref>.
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{| class="wikitable"
|+ Production d'agrocarburants en [[Pétajoule]]s<ref name="BP2020">{{en}}[https://www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/xlsx/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2020-all-data.xlsx Statistical Review of world energy 2020 - all data] {{xlsx}} (tab.61), [[BP (entreprise)|BP]], juin 2020 {{xlsx}}.</ref>
|- bgcolor="#FFDF80" align="center"
!| '''Pays'''
!| '''1990'''
!| '''2000'''
!| '''2010'''
!| '''2015'''
!| '''2016'''
!| '''2017'''
!| '''2018'''
!| '''2019'''
!| '''% 2017'''
!| '''var.2019/10'''
|- align="right"
|align="left"| {{États-Unis}} || 63,6 || 142,9 || {{formatnum:1174.1}} || {{formatnum:1417.2}} || {{formatnum:1506.7}} || {{formatnum:1554.6}} || {{formatnum:1600.4}} || {{formatnum:1557.1}} || 37,9 % || +32,6 %
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|}
 
En 2010, environ 43 % de la consommation mondiale de pétrole ont été consommés dans le secteur des transports routiers : essence et gazole, représentant un total d'environ {{unité|1.77|Gtep}} (milliards de tonnes équivalent pétrole). La filière biocarburants actuelle correspond à environ {{unité|57|Mtep}}{{abréviation (discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole)}}}}, soit 3,1 % de la consommation mondiale des transports routiers ; le bioéthanol en représente environ 75 % et le biodiesel 25 %<ref name="IFPpano">[http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/content/download/74131/1556000/version/2/file/10_Panorama-2014+-+Tour+d%5C%27horizon+des+fili%C3%A8res+biocarburants+dans+le+monde.pdf Panorama 2014 : Tour d'horizon des filières biocarburants dans le monde], site [[Institut français du pétrole|IFP]] consulté le 11 mai 2014.</ref>.
 
{| class="wikitable"
|+ Consommation d'éthanol carburant en {{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
!| '''Continent'''
!| '''2009'''
!| '''2010'''
!| '''2011'''
|- align="right"
|align="left"| Europe || 2,35 || 2,87 || 2,98
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|}
 
Le bioéthanol est majoritairement consommé en Amérique du Nord et en Amérique latine, notamment aux États-Unis ({{unité|24.6|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) et au Brésil ({{unité|10.5|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}). En Europe, l'Allemagne reste de loin le premier consommateur ({{unité|0.79|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}), suivie de la France et du Royaume-Uni. Ces consommations s'appuient sur des réglementations rendant obligatoire leur incorporation dans les carburants.
 
Les plus gros consommateurs en sont aussi les principaux producteurs, à savoir les États-Unis : près de {{unité|26.7|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}, et le Brésil : {{unité|11.1|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}} en 2011.
 
{| class="wikitable"
|+ Taux d'incorporation de l'éthanol carburant (%)<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
!| '''Continent'''
!| '''2009'''
!| '''2010'''
!| '''2011'''
|- align="right"
|align="left"| Europe || 2,4 || 3,0 || 3,3
Ligne 236 :
|}
 
L'Amérique latine, et principalement le Brésil, détient toujours de loin le taux d'incorporation le plus élevé via notamment une flotte importante de véhicules adaptés (''{{lang|en|FlexFuel vehicle}}Vehicle''). Pour la première fois depuis au moins 2005, le Brésil a vu en 2011 son taux d'incorporation d'éthanol reculer, du fait d'une mauvaise saison de récolte de la canne à sucre. En 2011, on peut également noter un ralentissement de la progression des taux d'incorporation en Europe (cette tendance est similaire en 2012) et en Amérique du Nord par rapport aux périodes précédentes.
 
{| class="wikitable"
|+ Consommation de biodiesel carburant EMHV en {{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
!| '''Continent'''
!| '''2009'''
!| '''2010'''
!| '''2011'''
|- align="right"
|align="left"| Europe || 9,36 || 10,72 || 10,84
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la production de biodiesel EMHV en Amérique latine (essentiellement à base de soja), elle est largement dominée par l'Argentine et le Brésil : 89 % de la production en 2010, et plus de 97 % en 2011. Son augmentation est liée à une augmentation conséquente de la production en Argentine : + 25 % entre 2010 et 2011 (contre + 11 % au Brésil) avec une orientation forte vers l'exportation.
 
En 2011, la consommation et la production d'HVO (huiles végétales hydrogénées ou ''{{lang|en|hydrotreatedHydrotreated vegetablesVegetables oils}}Oils'' - HVO) dans le monde sont encore faibles en comparaison de celles du biodiesel EMHV : moins de {{unité|1|Mtep}} (million de tonnes équivalent pétrole) consommées et produites par an. La production d'HVO ne concerne encore que peu de pays : les Pays-Bas, Singapour et la Finlande.
 
{| class="wikitable"
|+ Taux d'incorporation du biodiesel carburant (%)<ref name="IFPpano"/>
|- bgcolor="#90FF80" align="center"
!| '''Continent'''
!| '''2009'''
!| '''2010'''
!| '''2011'''
|- align="right"
|align="left"| Europe || 4,8 || 5,4 || 5,4
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|}
 
En Europe, 2011 est la première année pour laquelle le taux d'incorporation effectif du biodiesel EMHV n’a pas augmenté. Cela peut s'expliquer par des perspectives à la baisse décidée ou annoncée dans les objectifs nationaux et européens de taux d'incorporation d'énergies renouvelables dans les transports. En effet, le projet de la Commission européenne de plafonnement des biocarburants de {{1re|génération}} (G1) entre 5 et 7 % ne constitue pas un contexte très favorable au développement de la filière en Europe. À l'échelle européenne, le premier consommateur de biodiesel est devenu, en 2012, la France ({{unité|2.3|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) juste devant l'Allemagne ({{unité|2.2|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}), suivies de l'Espagne ({{unité|1.7|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}) et de l'Italie ({{unité|1.3|{{abréviation discrète|Mtep|millions de tonnes équivalent pétrole}}}}). La Pologne reste depuis 2011 devant le Royaume-Uni, respectivement {{5e}} et {{6e|consommateurs}} européens.
 
Les États-Unis sont, depuis 2010, exportateur net de bioéthanol. En 2011, les exportations d'éthanol américain ont d'ailleurs atteint des records, du fait de mauvaises récoltes de canne à sucre au Brésil. Ainsi, le Brésil a été destinataire d'un tiers des exportations d'éthanol américain et les États-Unis sont devenus {{1er|exportateur}} exportateur de bioéthanol en 2011. En 2012, le Brésil a instauré une taxe spécifique à l'importation d'éthanol des États-Unis, de façon à assurer le retour vers une valorisation prioritaire de la production locale d'éthanol. En 2012, les États-Unis et le Brésil sont quasiment au même niveau d'exportation, mais en 2013 la situation s'est rétablie et le Brésil domine à nouveau le marché de l'exportation de bioéthanol.
 
L'Europe importe majoritairement du biodiesel, malgré des capacités de production non exploitées ; ces importations proviennent notamment d'Argentine (plus de 50 %), d'Indonésie (39 %) et des États-Unis (moins de 5 %). Elles sont liées essentiellement aux prix cassés pratiqués par les pays exportateurs (principalement vers l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas), comme l'Argentine et l'Indonésie. En effet, ces deux pays ont mis en place un système de taxes différentielles à l'exportation sur le biodiesel, entre 2010 et 2012, de 10 à 15 % inférieures à celles sur les matières premières correspondantes à la production de ce biodiesel. Ces pratiques ont abouti à des contentieux internationaux et la Commission européenne a institué en mai 2013, pour une durée de six mois, un droit anti-dumping, confirmé mi-novembre 2013. Le Conseil européen a également imposé début 2013 une taxe anti-dumping (62,9 €/t) sur les importations d'éthanol en provenance des États-Unis (0,6 Mt en 2012).
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==== France ====
Le carburant « [[SP95-E10]] », contenant jusqu'à 10 % de bioéthanol produit à partir du sucre des betteraves ou de l'amidon des céréales, représente en 2019 la moitié des ventes d'essence dans les stations françaises, contre 25 % pour le SP95, 21 % pour le SP98 et 4 % pour le [[superéthanol]]. La France produit 12 millions d'hectolitres de bioéthanol par an, en consomme 10 millions d'hectolitres et exporte le reste<ref>[https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/lethanol-caracole-en-tete-des-ventes-de-carburants-en-france-1175255 L'essence à l'éthanol caracole dans les ventes de carburants en France], ''[[Les Échos]]'', 26 février 2020.</ref>.
 
=== Bilan économique et intérêt géostratégique des biocarburants ===
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{{Article détaillé|Dépendance au pétrole}}
 
''En théorie'', les biocarburants seraient techniquement capables de produire la totalité de l'énergie consommée par l'humanité. En effet, la consommation mondiale d'énergie (en 2007) est de l'ordre de {{nobrunité|400 exajoules}}, soit {{unité|e14 kWh}}<ref>[[Agence Internationale de l'Energie]], 2007.</ref>{{refinc|date=mai 2020}}. La productivité la plus élevée pour un biocarburant de première génération est celle du palmier à huile, qui atteint {{Unité|5000|L/ha/an}}, avec une densité d'énergie de {{unité|10 kWh/L}}. Il faudrait donc {{nobrnombre|20 millions}} de kilomètres carrés de palmier à huile pour assurer notre autonomie énergétique. C'est beaucoup (deux fois et demie le Brésil), mais en aucun cas impossible. D'autant plus que dans le futur des progrès très importants sont attendus de la recherche : conversion en carburant de la totalité de la plante (deuxième génération) ; production en réacteurs pour ne pas consommer de terres agricoles (troisième génération) ; augmentation du rendement de la photosynthèse par enrichissement de l'air en dioxyde de carbone… En fait, la limite est le rendement de conversion de l'énergie solaire en biomasse par la photosynthèse, qui est de l'ordre de 2 % sans enrichissement de l'air en dioxyde de carbone. Si on récupérait la totalité de cette énergie, il suffirait de moins d'un million de kilomètres carrés pour assurer l'autonomie énergétique de la planète, soit seulement deux fois la France.
 
Une grande partie de la production pétrolière a lieu dans des pays dont il serait imprudent de dépendre excessivement : [[Irak]], [[Nigeria]], [[Iran]]{{etc}} et les trois principales crises pétrolières sont le fruit d'une crise politique. En outre, on sait que le pétrole s'épuise. Les biocarburants permettent aux pays qui les produisent de devenir moins dépendants sur le plan énergétique<ref>{{en}}{{pdf}}[http://www.iea.org/textbase/nppdf/free/2004/biofuels2004.pdf Biofuels for Transport: An International Perspective], Agence Internationale de l'énergie, 2004.</ref>{{,}}<ref>[http://www.oilmarketreport.org/ Oil Market Report], Agence Internationale de l'Energie, 2007</ref>. À l'échelle locale, la production et l'autoconsommation d'agrocarburants ([[huile végétale carburant]] par exemple) permettent une autonomie énergétique des agriculteurs.
 
En 2003, le biologiste Jeffrey Dukes<ref>[http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes.html Jeffrey Dukes, University of Massachusetts]</ref> a calculé que les énergies fossiles brûlées en un an (1997) provenaient d’une masse de matière organique préhistorique qui représentait plus de {{nobrnombre|400 |fois}} l'énergie qui à l'inverse se fixe et s'accumule naturellement dans le même temps sur la planète<ref>{{en}}{{pdf}}[http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes_ClimChange1.pdf Dukes, J.S. 2003. ''Burning buried sunshine: human consumption of ancient solar energy.'' Climatic Change, 61(1-2): 31-44.]</ref>{{,}}<ref>[http://questionscritiques.free.fr/edito/Jeffrey_Dukes_011103.htm ''L'ensoleillement enseveli''], interview de [http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes.html Jeffrey Dukes].</ref>. L'interprétation de ce résultat est que la nature non gérée (forêt primaire) accumule le carbone avec une extrême lenteur, alors que la culture de plantes énergétiques fournit de grandes quantités de carbone renouvelable évitant de rejeter du carbone fossile.
 
Dans le même article, Dukes estime que le remplacement des carburants fossiles par une combustion de végétaux actuels correspondrait au moins à 22 % de la production végétale terrestre (y compris des végétaux marins), augmentant ainsi de 50 % l'appropriation de cette ressource par l'homme.
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Le carbone émis lors de la combustion de biocarburants (filière huile ou filière éthanol) provient de plantes (palme, colza, maïs, blé, bois{{etc}}) qui l'ont fixé via la [[photosynthèse]]. Le bilan carbone peut sembler neutre et le recours à cette énergie permet d'éviter des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre.
 
Mais la production de ces biocarburants requiert un travail humain, donc une consommation de carburant et éventuellement d'autres produits, dont l'usage produit aussi des GES. Ainsi, il faudrait environ une {{Unité|1|tonne}} d'équivalent pétrole pour arriver à produire trois {{Unité|3|tonnes}} d'équivalent diester<ref>Bruno Parmentier, ''[http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Nourrir_l_humanite-9782707157027.html Nourrir l'humanité: Les grands problèmes de l'agriculture mondiale au {{s-|XXI|e}}]'', éd. La Découverte, 2009, {{p.|99}}. {{ISBN|9782707157027}}</ref>. Pour mesurer le gain en termes d'émission de GES, il s'agit de faire le bilan énergétique de la production d'agrocarburants.
 
Une étude de la [[Commission européenne]] publiée en mars 2016 et reprise par l’ONG [[Transport et Environnement]] montre que la plupart des biocarburants, loin d’être vertueux pour le climat, émettent en fait plus de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles ; ceci concerne surtout le biodiesel : un {{unité|1|litre}} de biodiesel émet {{nobrnombre|1,.8 |fois}} plus de [[gaz à effet de serre]] en moyenne qu'un litre de gazole fossile ; plus en détail, le litre de biodiesel issu du colza représente {{nobrnombre|1,.2 |fois}} plus d’émissions que le litre de gazole, celui produit à base de soja deux fois plus, et celui à base d'[[huile de palme]] trois fois plus. Le bilan très négatif de l'huile de palme s'explique surtout par le changement d’affectation des sols : sa production est la cause principale de déforestation dans les forêts d'Asie du Sud-Est<ref name="LeMonde28-04-2016">{{Lien web|langue=|auteur= Angela Bolis|titre=Les biocarburants émettent plus de {{CO2}} que l’essence et le diesel|url= https://www.lemonde.fr/energies/article/2016/04/28/les-biocarburants-emettent-plus-de-co2-que-l-essence-et-le-diesel_4910371_1653054.html|périodique= [[Le Monde]]|date= 28/04/2016}}.</ref>.
 
Selon un sondage réalisé en 2007 par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature]] et la [[Banque mondiale]] auprès d’experts et de décideurs du secteur climatique, les biocarburants de première génération sont au {{18e|rang}} (avec 21 %) des technologies pouvant diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, alors que les biocarburants de seconde génération sont au {{7e|rang}} (avec 43 %)<ref>{{en}}{{pdf}} ''[http://www.iucn.org/en/news/archive/2007/12/10_climate_change_survey.pdf {{lang|en|Climate Décision Maker Survey}}]'' {{pdf}}, Conférence de Bali, 10 décembre 2007.</ref>.
 
Dans une étude publiée dans ''{{langue|en|Natural Resources Research}}''<ref>{{en}} {{pdf}}[http://petroleum.berkeley.edu/papers/Biofuels/NRRethanol.2005.pdf Ethanol Production Using Corn, Switchgrass, and Wood; Biodiesel Production Using Soybean and Sunflower] {{pdf}}, David Pimentel and Tad W. Patzek, Natural Resources Research, Vol. 14, No. 1, mars 2005</ref>, les chercheurs David Pimentel et Tad Patzek concluent « qu'il n'y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant », au terme d'un calcul tendant à montrer que l'énergie globale nécessaire à la production d'éthanol à partir de maïs, à la production du bois et à celle de biodiesel à partir de soja ou de tournesol est pour chacun de ces cas supérieure de {{unité|27 |à =118 |%}} à l'énergie produite. Il est donné pour cela des quantités d'énergie dépensées à la fabrication et lors du conditionnement, transport et épandage des pesticides et des [[engrais]], à la fabrication des outils agricoles, au drainage, à l'irrigation ainsi que l'énergie dépensée par les travailleurs eux-mêmes en dehors de leur travail. Cette étude a été néanmoins dénoncée par l'ADEME comme fortement biaisée par les hypothèses prises et l'interprétation des résultats. Les postes de dépenses énergétiques sont par exemple non vérifiables ou s'appuient sur des techniques obsolètes<ref>{{pdf}}[http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=98B8154585313DA4C521E9DE7BC1AE2C1169116996013.pdf ''Bilan énergétique et émissions de GES des carburants et biocarburants conventionnels - Convergences et divergences entre les principales études reconnues''], ADEME, juillet 2006, p. 18</ref>. D'autre part, il faut tenir compte dans le calcul des émissions de {{CO2}} par les carburants fossiles du bilan énergétique de leur extraction, de leur transport et de leur raffinage.
 
En [[France]], l'[[Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie]] (ADEME) et le [[Réseau Action Climat]] ont publié des études sur l'intérêt des agrocarburants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
 
L'ADEME a réalisé une synthèse des différentes études, en normalisant les résultats. La conclusion du rapport de synthèse de 2006 est :
:« Alors que les résultats publiés sont radicalement différents et donnent lieu à des conclusions opposées, les résultats normalisés permettent de tirer une conclusion commune aux trois études : l’éthanol et le biodiesel permettent tous deux de réduire la dépendance aux énergies non renouvelables par rapport aux carburants fossiles. En ce qui concerne les GES, les indicateurs publiés soulignent les mêmes bénéfices des agrocarburants par rapport aux carburants fossiles »<ref>{{pdf}}[http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=98B8154585313DA4C521E9DE7BC1AE2C1169116996013.pdf ''Bilan énergétique et émissions de GES des carburants et biocarburants conventionnels - Convergences et divergences entre les principales études reconnues''] {{pdf}}, ADEME, juillet 2006</ref>.
La valorisation effective des coproduits (par la filière éthanol cellulosique ou par méthanisation par exemple) permettra d'améliorer considérablement ce bilan. Les conclusions d'un rapport du ''Department for Transport'' britannique vont dans le même sens<ref>{{en}} [http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100209082637/http://www.dft.gov.uk/pgr/roads/environment/rtfo/secrtfoprogdocs/renewabletransportfuelobliga3849 Renewable Transport Fuel Obligation (RTFO) feasibility report], sur nationalarchives.gov.uk, consulté le 20 janvier 2018</ref>, tout en soulignant cependant l'impact environnemental non négligeable du développement des filières classiques en zone tropicale. Ces impacts peuvent, selon l'ONG Via Campesina, conduire à rendre les agrocarburants pires que le pétrole qu'ils remplacent<ref>[http://www.cpefarmers.org/w3/article.php3?id_article=124 Les agro carburants industriels ne contribuent à résoudre ni la crise agricole, ni la crise climatique], communiqué de Via Campesina sur les agrocarburants, 23 février 2007</ref>.
 
Cependant, une étude de 2007 de [[Paul Josef Crutzen]]<ref group="Note">et. al (Paul Josef Crutzen, spécialiste des oxydes d'azote et de la couche d'ozone, a reçu le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur ces sujets)</ref> avance que l'usage des agrocarburants issus des cultures de colza et de maïs pourrait en fait augmenter l'effet de serre<ref>voir l'article et sa discussion en ligne sur [http://www.atmos-chem-phys-discuss.net/7/11191/2007/acpd-7-11191-2007.html {{fchim|N|2|O}} release from agro-biofuel production negates global warming reduction by replacing fossil fuels] P. J. Crutzen ''et al.'', Atmos. Chem. Phys. Discuss., 2007, 7, 11191</ref>{{,}}<ref>{{en}}[http://www.rsc.org/chemistryworld/News/2007/September/21090701.asp Biofuels could boost global warming, finds study], chemistryworld, {{date-|9 2007}}</ref>. Selon ces auteurs, l'augmentation des émissions de [[protoxyde d'azote]], dus à l'usage d'engrais azotés pour la production d'agrocarburants à partir de ces cultures, pourrait avoir un effet plus défavorable sur l'effet de serre que la réduction de la production de {{CO2}} à cause de la persistance du protoxyde d'azote dans l'atmosphère<ref group="Note">Ce gaz possède, sur une durée de cent ans, un pouvoir réchauffant égal à 296 fois celui du {{CO2}}.</ref>. Selon Crutzen, les émissions de protoxyde d'azote auraient été sous-estimées jusqu'à présent. D'après les auteurs de cette étude, la production d'huile de palme ou d'éthanol cellulosique basé sur des plantes pérennes semblent ainsi plus adaptée à un objectif de réduction des gaz à effets de serre<ref>Les arguments pour et contre cette thèse sont disponibles dans les deux références précédentes{{lesquelles}}</ref>{{référence insuffisante}}.
 
Selon le [[Réseau Action Climat]], dans une étude publiée en mai 2006<ref>[http://www.rac-f.org/article.php3?id_article=1064 Note sur les biocarburants du RAC-F ], sur le site rac-f.org</ref>, les résultats de la filière éthanol présentent une économie énergétique limitée, très relative pour l'[[ETBE]], voire négative pour l'éthanol de blé, et permettent quelques économies de GES. Toujours selon la même étude, la filière oléagineuse est plus intéressante, surtout en ce qui concerne l'huile pure. Le bilan énergétique ainsi que le bilan carbone seraient bien meilleurs quand on adapte le moteur à l'huile végétale pure ([[moteur Elsbett]], par exemple) plutôt que d'adapter l'huile végétale (transformation chimique en biodiesel, processus lourd) à des moteurs conçus pour fonctionner avec des dérivés du pétrole, à plus forte raison si l'on préfère des plantes pérennes implantées dans des zones où elles n'entrent pas en concurrence avec d'autres. {{refsou|Des plantes pouvant se développer en zone aride ([[Jatropha curcas]], [[Pongamia pinnata]] ou [[Madhuca longifolia]]) pourraient présenter de bien meilleurs résultats.}}
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L'utilité des agrocarburants dépend ainsi de façon importante
* de la filière choisie (huile ou éthanol) et
* de la valorisation effective des coproduits, d'où l'importance de leur trouver des débouchés, notamment pour les tourteaux de colza et de tournesol<ref>{{pdf}}[http://www.espoir-rural.fr/images/stories/section/agrocarburants%20%20synthese%20eden%202006.pdf Biocarburants] {{pdf}}, rapport,Rapport EDEN 2006</ref>.
 
Selon le [[Ministère de l'Économie et des Finances (France)|ministère de l'Économie et des Finances français]]<ref name="industrie.gouv.fr">{{lien brisé|url=http://www.industrie.gouv.fr/energie/renou/biomasse/enjeuxbiocarburants.htm |titre=Les filières biocarburants engagées en France.}}</ref>, deux principaux agrocarburants sont utilisés à l'heure actuelle : l'ETBE (éthyle tertio butyle éther, à partir de l'éthanol) pour les véhicules essence (90 % de la consommation d'agrocarburants en France) et l'EMHV (biodiesel ou Diester) pour les véhicules diesel. Côté éthanol, l'ETBE reçoit la préférence du ministère par rapport à l'E85, plus riche (85 %) en éthanol : « Au plan technique, l'ETBE est la meilleure façon d'incorporer de l'éthanol au carburant, grâce à son indice d'octane élevé autant qu'à sa faible volatilité. Cette conclusion technique fait l'objet d'un consensus dans les milieux professionnels »<ref name="industrie.gouv.fr"/>. Ce qui amène le Réseau Action Climat à dire : « Le plan gouvernemental ambitieux et coûteux qui prévoit de remplacer 7 % des carburants pétroliers par des agrocarburants d’ici 2010 diminuerait les émissions de GES des transports routiers de moins de 7 % (alors que les transports routiers en France ont vu leurs émissions de GES augmenter de 23 % depuis 1990) »<ref>{{pdf}}[http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Note_RAC_agrocar0107.pdf Note RAC-F sur les biocarburants] {{pdf}}, janvier 2007</ref>.
 
Par souci de transparence, la commission européenne, a aussi proposé en octobre 2012, un affichage des valeurs de CAS indirects (conformément à deux directives européennes<ref>Directive 2009/28/CE (Énergies renouvelables) ; Directive 2009/30/CE (Qualité des carburants), toutes deux incluses dans « paquet Climat – Énergie » adopté par l'Union européenne en décembre 2008 ; précisant : {{Citation|« La Commission présente, le 31 décembre 2010 au plus tard, au Parlement européen et au Conseil, un rapport sur l’impact du changement indirect d’affectation des sols sur les émissions de gaz à effet de serre et sur les moyens de réduire cet impact au minimum. Ce rapport s’accompagne, le cas échéant, d’une proposition s’appuyant sur les meilleures preuves scientifiques disponibles, contenant une méthodologie concrète à appliquer aux émissions découlant des changements survenus dans les stocks de carbone en raison de changements indirects d’affectation des sols […] » (directive 2009/28/CE, article 19-6 ; directive 2009/30/CE, article 7, point 6)}}</ref>), et une limitation de la contribution des biocarburants de première génération à l'atteinte des objectifs d'incorporation d'énergies renouvelables dans les transports, tout en encourageant des biocarburants de seconde génération (à partir de biomasse non-alimentaires telles que déchets agroalimentaires dont les émissions totales restent bien inférieures à celles des [[Combustible fossile|combustibles fossiles]] et n'interfèrent pas ou peu avec la production alimentaire mondiale ; il existe un risque de priver les sols de matière organique naturelle<ref name=CGDD2013/>).
 
En France, le [[commissariat général au développement durable]] (CGDD) a publié en 2013<ref name="CGDD2013">Antonin Vergez (CGDD), Pascal Blanquet (DGEC) et Olivier de Guibert (DGEC), Xavier Bonnet (dir.2013), [http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED79.pdf ''Bilan carbone des biocarburants : Vers une prise en compte des changements indirects d'affectation des sols''] {{pdf}}, par Antonin Vergez (CGDD) ; Pascal Blanquet (DGEC) et Olivier de Guibert (DGEC) sous la direction de Xavier Bonnet ; mars 2013 ; CGDD, Service de l’économie, de l’évaluation et de l'intégration du développement durable, mars; 2013, collColl. « Etudes & documents », {{n°|79}} mars 2013, {{PDF}}, 18 pages.</ref> un nouveau document qui prend cette fois en compte les conséquences du développement des biocarburants sur l'[[occupation des sols]] et notamment sur ses changements, qui peuvent générer d'importantes émissions de GES ou détruire des puits de carbone importants et affecter la biodiversité, dans des proportions qui ont fait l'objet de débats scientifiques et politiques de 2009 à 2012. Cette étude confirme que les changements d'affectation des sols indirects sont encouragés par les mécanismes de marché et qu'ils ont une importance qui a été confirmée en France en 2012 par au moins deux études ([[Analyse du cycle de vie]] conséquentielles, [[Modèle (économie)|modèles économiques]]), confirmant les études<ref>Commission européenne (2011), [http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2011/october/tradoc_148289.pdf Étude IFPRI]</ref>{{,}}<ref>Commission européenne, [http://iet.jrc.ec.europa.eu/sites/default/files/Technical_Note_EU24817.pdf Étude JRC]. Étude</ref>{{,}}<ref>Commission européenne (2012), [http://www.ecofys.com/files/files/ecofys_2012_grandfathering%20iluc.pdf étude]</ref> et premières conclusions de la Commission européenne (CE) sur le ''mauvais'' bilan des agrocarburants, mais ils ne sont pas encore pris en compte par la méthodologie européenne de calcul des émissions de gaz à effet de serre des biocarburants<ref>Méthodologie définie à l’annexe V de la directive 2009/28/CE</ref>. Une étude de l'ONG européenne Transport & Environnement publiée le 25 avril 2016 et se fondant elle-même sur une étude commandée par l'Union européenne conclut également que les biocarburants émettent plus de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles en raison des changements d'affectation des sols<ref name="LeMonde28-04-2016"/>.
 
=== Impacts sur la forêt, la biodiversité, la ressource eau et les sols ===
[[Fichier:Lightmatter sad orangutan.jpg|thumb|upright|Le développement exponentiel des cultures de palmier à huile en Malaisie et en Indonésie et la destruction corrélative des forêts constituent une grave menace pour l'[[orang-outan]], une espèce au bord de l'extinction.]]
 
Une part majeure des agrocarburants sont cultivés sur des zones spécifiquement [[Déforestation|déforestées]] pour de nouvelles mises en culture, en particulier pour l'[[éthanol]] au Brésil ou la production de palmiers à huile en Asie du Sud-Est. Une étude récente (''A calculation of the EU bioenergy land footprint''<ref>{{en}}de Schutter L. Schutter& etGiljum S. Giljum,(2014) [http://www.foeeurope.org/sites/default/files/publications/foee_bioenergy_land_footprint_may2014.pdf ''A calculation of the EU Bioenergy land footprint Discussion paper on land use related to EU bioenergy targets for 2020 and an outlook for 2030''] {{Lien archive |url=http://www.foeeurope.org/sites/default/files/publications/foee_bioenergy_land_footprint_may2014.pdf |titre=Copie archivée |horodatage archive=20180806201456}} ; ] {{pdf}},; Institute for the Environment and Regional Development, universitéUniversité de Vienne, mars 2014, PDF, 39 pages.</ref>) de l'[[université de Vienne]], basée sur les données mondiales<ref>Alexandratos, N. and J. Bruinsma, 2012. World agriculture towards 2030/2050: the 2012 revision. 12. Rome : FAO</ref> et européennes<ref>[[Bioenergy Europe|AEBIOM]] (2013) ''European Bioenergy Outlook 2013. Statistical Report''. Brussels: AEBIOM</ref> disponibles, ainsi que sur des [[Prospective|modèles prospectifs]]<ref>Beurskens L. and M. Hekkenberg, 2011 [https://www.ecn.nl/docs/library/report/2010/e10069.pdf Renewable Energy Projections (2005-2020) as Published in the National Renewable Energy Action Plans of the European Member States]. ECN/EEA.</ref>, a confirmé en 2014 des travaux antérieurs de la DG Environnement<ref>{{en}} ex : VITO, CICERO, and IIASA (2013) ''The impact of EU consumption on deforestation: Comprehensive analysis of the impact of EU consumption on deforestation.'' 2013-063. Brussels: DG Environment</ref> montrant que les agrocarburants utilisés en Europe accélèrent : {{Citation|L'[[empreinte écologique|empreinte]] mondiale provoquée par la demande européenne en bioénergie équivalait en 2010 à la taille de la [[Suède]]}} ; et la déforestation croît dans le monde à cause de la demande européenne en agrocarburants, avec une situation qui empire. {{Citation|D'ici 2030, l'utilisation de biocarburants en Europe devrait entraîner la destruction de 70,2 millions d'hectares d'espaces naturels}}<ref name="ActuEnv2014">Actu Environnement, avec Euractiv (2014), [http://www.actu-environnement.com/ae/news/biocarburant-europe-deforestation-21863.php4 ''Les agrocarburants utilisés en Europe accélèrent bel et bien la déforestation''] ; Rubrique : ressources naturelles, mis en ligne : 06 juin 2014</ref>. Ces carburants importés en Europe proviennent principalement d'Amérique du sud et d'Asie, mais aussi en moindres quantités des États-Unis ({{Citation|les exportations de granulés de bois américains ont presque doublé (en 2013) pour atteindre près de 3 millions de tonnes ; 98 % de ces exportations ont été livrées en Europe}}<ref name=ActuEnv2014/>, Une enquête du Wall Street Journal ayant montré en 2013 qu'il existe aux États-Unis des États dépourvus de réglementation pour la production de pellets, où des [[Coupe rase|coupes rases]] illégales, dont en zone humide sont destinées à alimenter la filière biomasse/pellets en Europe <ref>Scheck J & Dugan IJ (2013) [http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424127887324082604578485491298208114 ''Europe's Green-Fuel Search Turns to America's Forests''], 27 mai 2013</ref>), de l'Inde et du Sud de l'Amérique du Sud. Si cette stratégie se poursuit, en 2030, elle causera la destruction de {{nobrunité|70,.2 millions}} d'hectares}} de forêts (« trois fois la taille du [[Royaume-Uni]] »)<ref name=ActuEnv2014/> ; selon l'Institut pour une politique européenne de l'environnement (IEEP), l'International Institute for Sustainability Analysis and Strategy, l'Institut européen des forêts et Joanneum Research, la demande prévue en biomasse ligneuse dépassera l'« approvisionnement [[Développement durable|durable]] » avant 2030. Pour l'Europe, l'IEEP a conclu que seuls {{nobrunité|1,.3 million}} d'hectares}} de terres en Europe peuvent être consacrés aux cultures énergétiques sans devoir déplacer la production alimentaire ou endommager des [[Habitat (écologie)|habitats]] patrimoniaux précieux.
 
La production d'agrocarburants demande en outre les moyens de la production agricole ou agrosylvicole intensive en termes d'[[engrais]] et de [[pesticide]]s. Dans une étude<ref>Dias de Oliveira M. E., Vaughan B. E. & Rykiel E. J. Bioscience, 55. 593 - 602 (2005)</ref> parue dans ''Bioscience'', les chercheurs Marcelo Dias de Oliveira ''et al.'' (université d'État de Washington) concluent que la filière éthanol à partir de [[canne à sucre]] réduit la biodiversité et augmente l'érosion du sol.
 
Dukes estime que le remplacement des carburants fossiles par une combustion de végétaux actuels correspondrait au moins à 22 % de la production végétale terrestre (y compris des végétaux marins), augmentant ainsi de 50 % l'appropriation de cette ressource par l'homme, et pourrait compromettre la survie des autres espèces qui en dépendent<ref>{{en}}{{pdf}}[http://globalecology.stanford.edu/DGE/Dukes/Dukes_ClimChange1.pdf Dukes, J.S. 2003. ''Burning buried sunshine: human consumption of ancient solar energy.''] {{pdf}}, Climatic Change, volume 61, numéro (1-2, p.): 31-44.</ref>.
 
Tyler Volk, professeur du ''{{lang|en|Earth Systems Group}}'' du département de biologie de l'université de New York, estime que « ''la production massive d'éthanol pourrait augmenter la pression sur les terres cultivables, faire monter les prix de la nourriture et accélérer la déforestation'' »<ref>Philippe Bolopion, [https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/979041.html?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=979041 Les producteurs de biocarburants jettent les bases d'un marché mondial], Philippe Bolopion, ''Le Monde'', 3 mars 2007.</ref>.
 
Le caractère durable de la production des agrocarburants peut être mis à mal si elle est réalisée de manière non durable : épuisement des sols, pollution des eaux et destruction de milieux naturels pour cette production<ref>''Ces forêts qu'on assassine'', [[Emmanuelle Grundmann]], préface de Jane Goodall, Paris, Ed. Calmann-Lévy, 2007 {{ISBN|978-2-7021-3769-7}}.</ref>. Selon les estimations de [[Les Amis de la Terre]], la plantation de palmiers à huile a été responsable de 87 % de la [[déforestation]] en [[Malaisie]] entre 1985 et 2000. 4 millions d’hectares de forêts ont ainsi été détruits à Sumatra et Bornéo. 6 millions d’hectares en Malaisie et 16,5 millions en Indonésie sont voués à disparaître. Selon certains écologistes, la menace est sérieuse.
 
D'après le Global Canopy Programme<ref>[http://www.globalcanopy.org/vivocarbon/ The GCP VivoCarbon Initiative]</ref>, regroupant les leaders scientifiques sur le sujet des forêts tropicales, la déforestation est l'un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre. Avec 25 % des émissions totales, elle n'est devancée que par l'énergie, mais se place bien au-dessus des transports (14 %).
 
Plusieurs articles récents<ref>{{en}}[http://news.independent.co.uk/environment/climate_change/article2539349.ece {{lang|en|''Deforestation: The hidden cause of global warming''}}], - ''The Independent'', 14 mai 2007.05.07]</ref>{{,}}<ref>[http://www.amisdelaterre.org/article.php3?id_article=2159 Les Amis de la terre : Biocarburants : pires que des énergies fossiles !], amisdelaterre.org, 2006</ref> dénoncent dans les agrocarburants un mirage qui ferait perdre de vue l'essentiel : stopper la déforestation et diminuer la consommation de carburant. Un danger est que la production d'agrocarburants ne fasse qu'accompagner une consommation croissante de carburant, les législations se bornant à en faciliter l'approvisionnement sans intégrer de critères de soutenabilité ({{Citation|Jasmin Battista, membre du cabinet du commissaire chargé de l'énergie, Günther Oettinger, a confirmé que la mise en place de critères pour évaluer le développement durable serait reportée à l'après-2020. Les États producteurs de biomasse, dont la Finlande et la Suède, sont réputés pour s'être farouchement opposés à des règles strictes pour comptabiliser l'émission de carbone}}.
 
Plus de dix{{nombre|10 ans}} après ces alertes, les pays entament des actions concrètes contre ces agrocarburants ayant des impacts directs ou indirects sur l'environnement et la biodiversité :
* En France, après quelques péripéties parlementaires, l'huile de palme sera exclue dès 2020 de la liste des biocarburants, fermant ainsi les aides fiscales à l'huile de palme dans les carburants<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Christophe Magdelaine / notr|titre= La bioraffinerie de Total importe au moins {{unité|300000 t}} d'huile de palme par an |url= https://www.notre-planete.info/actualites/1026-Total-huile-de-palme-blocage-raffineries-agriculteurs |date= 15 novembre 2019|site=notre-planete.info |consulté le=20/11/2019 }}.</ref>;
* L'UE a annoncé des objectifs plus contraignants pour l'énergie renouvelable, dont l'interdiction de l'huile de palme<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre= Énergie: nouvel objectif de 32% d’énergies renouvelables d’ici 2030 conclu par les députés et les ministres (Communiqué de presse)|url=https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20180614IPR05810/nouvel-objectif-de-32-d-energies-renouvelables-d-ici-2030|date=14-06-2018|site=europarl.europa.eu|consulté le=19/11/2019 }}.</ref>.
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=== Concurrence avec la production alimentaire ===
Certains, comme [[Jean Ziegler]], ancien rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, considèrent que toute production agricole ''doit'', par principe, être alimentaire, pour maintenir des prix les plus bas possible, au risque sinon de graves conséquences sociales<ref>[https://www.courrierinternational.com/hebdo/sommaire.asp?obj_id=561 Biocarburants - L’arnaque] ''Courrier international'', hebdo n° 864, 24 mai 2007.</ref>. En proposant à l’ONU un moratoire de cinq ans sur la production des biocarburants, il aavait affirmé que {{citation|consacrer des terres agricoles fertiles à la production de denrées alimentaires qui seront ensuite brûlées pour fabriquer du biocarburant constitue un crime contre l’humanité}}.
 
==== Utilisation de terre arable ====
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Les biocarburants ont pu jouer un rôle ; c'était d'ailleurs un des buts de cette politique que d'offrir un débouché agricole à des productions et, ainsi, maintenir les prix. Néanmoins l'enchaînement des causes est plus compliqué et fait jouer bien d'autres facteurs.
 
Par exemple, selon un rapport de la [[Banque mondiale]]<ref>{{en}}Donald Mitchell, {{pdf}}[http://www-wds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/IW3P/IB/2008/07/28/000020439_20080728103002/Rendered/PDF/WP4682.pdf A Note on Rising Food Prices], {{pdf}}Donald Mitchell, juillet 2008.{{pdf}}</ref> sur l'évolution des prix alimentaires entre 2002 et 2008, près de 75 % de leurs hausses serait imputable aux mouvements financiers spéculatifs utilisant les politiques de soutien aux agrocarburants dans l'Union Européenne et aux États-Unis. Ces opérations financières ont effrayé bon nombre de pays en développement qui ont alors interdit les exportations de produits alimentaires, entraînant par la suite une escalade des prix. Le reste de la hausse est principalement imputable à la hausse des prix du pétrole{{refnec}}.
 
Se fondant sur le fait que le programme de développement des agrocarburants au Brésil n'a pas entraîné de hausse des prix, ce rapport recommande la suppression des politiques d'aides aux agrocarburants ainsi que celle des barrières douanières empêchant l'importation d'agrocarburants d'Afrique et d'Amérique du Sud comme moyen de conjuguer culture des agrocarburants et stabilité des prix agricoles mondiaux.
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Le prix des aliments est un paramètre spécialement important dans les pays pauvres, et leurs dirigeants veulent que ces prix restent les plus bas possibles. « Les ministres de l'Économie et des Finances des pays africains, réunis à Addis-Abeba les 28, 29 et 30 mars, n'ont pu que constater que « l'augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires présente une menace significative pour la croissance, la paix et la sécurité en Afrique », précise ainsi ''[[Courrier international]]''.
 
Une des conséquences de la hausse des prix mondiaux de l'alimentaire est prévisible : une instabilité sociale et politique croissante dans les pays aux populations pauvres (l'alimentaire formant déjà et de loin le premier poste du budget de ces ménages). Des émeutes de la faim ont déjà éclaté en [[Haïti]]<ref>Jean-Michel Caroit, [https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/04/09/haiti-les-emeutes-de-la-faim-gagnent-les-rues-de-port-au-prince_1032621_3222.html#ens_id=628857 Haïti : les « émeutes de la faim » gagnent les rues de Port-au-Prince], article de Jean-Michel Caroit, paru dans ''[[Le Monde]]'', le 9 avril 2004.</ref> et dans plusieurs pays d'Afrique ([[Sénégal]], [[Égypte]], [[Côte d'Ivoire]], [[Cameroun]], [[Burkina Faso]]…).
 
Ces émeutes de la faim, annoncées dès 2006, sont amenées à se multiplier, faisant porter sur le développement des agrocarburants un prix géostratégique certain<ref>{{Lien web|url= https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2008/04/07/les-emeutes-contre-la-vie-chere-se-multiplient|titre= Afrique. Les émeutes contre la vie chère se multiplient|auteur= Anne Collet|site= [[Courrier international]]|date= 2008-4-7}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.ledevoir.com/2008/04/09/184226.html Quand le prix du riz peut semer la zizanie], ''[[Le Devoir]]'' publié le 9 avril 2008</ref>.
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* Pierre Jacquet, Rajendra K. Pachauri & Laurence Tubiana, ''Regards sur la Terre 2009, l'annuel du développement durable - La gouvernance du développement durable'', Presses de Sciences Po, février 2009
* Fondation Nicolas Hulot et Réseau Action Climat-France, ''Agrocarburants : cartographie des enjeux'', septembre 2008
* Fabrice Nicolino, ''La faim, la bagnole, le blé et nous : une dénonciation des biocarburants'', [[Fayard (édition)|Fayard]], {{date-|1er}} octobre 2007}}. 178 p. {{ISBN|978-2213634623}}
 
=== Articles connexes ===
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