« Science et ingénierie de Léonard de Vinci » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
→‎Formation : Modification(s).
Malik2Mars (discuter | contributions)
→‎Une absence de formation universitaire : proposition illustrations textuelles (voir par ex. Isaacson p.31; Vezzosi p.60-61, 136 ; & co.), Carnets, préambule et philo.
Ligne 92 :
Léonard de Vinci n'a pas de [[Université|formation universitaire]] car il appartient à une [[catégorie sociale]] intermédiaire : il ne peut fréquenter une de ces [[École latine|écoles latines]] dans lesquelles est dispensé l'enseignement des [[humanités classiques]]. De fait, il suit une scolarité basique dans une école destinée aux futurs [[Commerce de détail|commerçants]] et donc dispensant un savoir strictement utile à leur futur métier{{sfn|Arasse|2002|p=37}}. À l'âge de dix ans, il entre ainsi dans une {{lang|it|''scuola d’abaco''}}<ref group=N>Littéralement, une « école de l'[[abaque (calcul)|abaque]] », cet outil servant à effectuer des calculs arithmétiques complexes à cette époque. Pour plus de détails sur l'apprentissage des quatre opérations arithmétiques de base sur une abaque, qui pouvait durer des années, consulter {{ouvrage |auteur1=[[Georges Ifrah]] |date=1994 |éditeur= Robert Laffont |collection=Bouquins |ISBN=978-2-221-05779-7 |volume=II |passage=341-343 |titre=Histoire universelle des chiffres}}.</ref> où il apprend des rudiments de [[lecture]], d'[[écriture]] et surtout d'[[arithmétique]] avant d'être envoyé en apprentissage à l'âge de 12 ans dans l'atelier de [[Andrea del Verrocchio|Verrocchio]]{{sfn|Arasse|2002|p=36}}. Il n'étudie donc ni le [[grec]] ni le [[latin]] qui, en tant que supports exclusifs à la science, sont pourtant essentiels à l'acquisition des connaissances théoriques scientifiques et surtout sont supports d'un vocabulaire stable et spécifique : il n'apprendra que le latin {{Incise|et encore, imparfaitement}} en [[Autoformation|autodidacte]] et seulement à l'âge de {{nombre|40|ans}}{{sfn|Arasse|2002|p=36-41}}. Les chercheurs décrivent donc un modeste savoir académique : {{Citation|Il apprit à lire et à écrire, mais ses connaissances en arithmétique restèrent médiocres, et s'il tenta d'acquérir, à l'âge adulte, quelques rudiments de latin, jamais il ne posséda la langue employée de son temps par la plupart des écrivains scientifiques}}{{sfn|id=CPP|Clayton|Philo|Piot|2019|p=8}}.
 
Même s'il se définit comme un {{Citation|homme sans lettres}}, Léonard montre dans ses écrits colère et incompréhension devant le mépris dont il fait l'objet par les docteurs en raison de son absence de formation universitaire{{sfn|id=VL|Vezzosi|Liffran|2010|p=60}}. En réaction, Léonard devient [[Liberté de pensée|libre penseur]] et adversaire de la pensée traditionnelle ; cette éducation lacunaire restera pourtant sa vie durant un sujet sensible : face aux attaques du monde intellectuel, il se présente plutôt volontiers comme un disciple de l’[[expérience]] et de l’[[Méthode expérimentale|expérimentation]]{{sfn|Isaacson|De Clercq|Gerlier|2019|id=WISAAC|p=31}}. Ainsi, dans ses carnets, de nombreuses notes éclairent ces aspects de sa biographie{{note|groupe=N|texte= {{Note autre projet|wikiquote|Léonard de Vinci}} Alexandro Vezzosi souligne cependant que les écrits de Léonard montrent également qu’il admet que l’expérience, la pratique, n’est pas suffisante{{sfn|id=VL|Vezzosi|Liffran|2010|p=61}} : {{citation|La science est le capitaine, la pratique est le soldat}} (''Manuscrit I'', 130 (82) 2)<ref>{{Harvsp|id=Carnets|texte=''Carnets''|p=123|loc=I. Philosophie}}.</ref>. Une certaine ambiguïté peut même transparaître dans les écrits de Léonard; ainsi quelques-unes de ses notes {{incise|telle {{citation|Dans la nature point d’effet sans cause ; comprends la cause et tu n’auras que faire de l’expérience}} (''Codex Atlanticus'', 398 v.)<ref>{{Harvsp|id=Carnets|texte=''Carnets''|p=114|loc=I. Philosophie}}.</ref>}} peuvent même être contradictoires{{sfn|id=VL|Vezzosi|Liffran|2010|p=136}}.}} :
 
{{Citation bloc|Je me rends bien compte que, du fait que je ne suis pas un lettré, certains présomptueux croiront pouvoir me blâmer en alléguant que je suis un ignorant. Stupide engeance ! […] mes sujets, pour être exposés, requièrent l’expérience plus que les paroles d’autrui. Et l’expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse, et en tout cas, ferai appel à elle.|Léonard de vinci|[[Codex Atlanticus]], 327 v.<ref>{{Harvsp|id=Carnets|texte=''Carnets''|p=108|loc=Préambule}}.</ref>}}
 
Son absence de formation universitaire est paradoxalement ce qui le libère des connaissances et méthodes figées de son temps. C'est ainsi qu'il réalise une vraie synthèse entre le savoir théorique de son temps et les observations issues de la pratique de l'ingénieur{{sfn|id=AR2019|Arasse|2019|p=62}}. De fait, la science de Léonard est fondée sur sa puissance d'observation{{sfn|id=AR2019|Arasse|2019|p=86}}.